Histoires à frissonner

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Histoires à frissonner
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Séquence
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Histoires à frissonner
De la 6e à la 5e : réviser la narration
Cette première séquence narrative offre, en début d’année, l’occasion de réviser des
notions (personnage, narrateur…) à travers des extraits de romans ou des nouvelles
appartenant à différents genres (SF, fantastique…). Les textes sont pour moitié empruntés à la littérature classique et à la littérature jeunesse.
Le dernier texte, Peur d’Anthony Horowitz, est une nouvelle intégrale. Il permet de travailler sur les hypothèses de lecture dans un texte plus long et sur l’intérêt d’une chronologie bouleversée pour entretenir le suspense.
Le parcours d’écrit, associé au vocabulaire, peut constituer la production finale. Ce travail permettra également de réinvestir les procédés d’écriture repérés au cours des lectures. C’est pourquoi, pour chacun des textes, vous trouverez, dans le livre du professeur,
une rubrique « Écrire la peur ».
Image d’ouverture
p. 11
1. Le rôle d’un début de récit
◗ Deux personnages de pâte à modeler, qui pour-
raient sortir d’un film d’animation, se frayent un
chemin dans un dédale de livres. L’expression des
visages, l’attitude corporelle suggèrent l’inquiétude, voire la peur : que vont découvrir les personnages dans le tunnel sombre du livre ?
Les histoires à faire peur constituent actuellement
une manne éditoriale à travers les histoires fantastiques, l’Héroic fantasy, les aventures d’espions,
les romans policiers… Même si elles peuvent lasser, elles offrent à bien des jeunes lecteurs une
entrée dans le monde de la lecture plaisir.
◗ Cet échange oral peut offrir l’occasion de préciser
les genres, de découvrir les goûts des élèves et de
lancer entre eux des premiers échanges de livres.
Découvrir le héros et son univers
p. 12-13
LECTURE
Pour commencer
1. Le héros – ou personnage principal – est souvent le personnage dont on parle en premier, celui
qui est individualisé par un nom, celui sur lequel on
possède le plus de renseignements et, bien sûr,
celui dont on suit les aventures. En général, les élèves de sixième sont familiarisés avec cette notion
mais certains confondent encore le héros héroïque,
qui affronte ses peurs, triomphe des dangers, et le
personnage au centre du récit.
Le cadre de l’action
2. L’histoire se déroule dans le futur, dans la capitale (l. 9) du monde, Centropolis. On sait que la planète n’a qu’un gouvernement, présidé par Kier Gray
(l. 25), et que les Slans, qui sont en partie différents des humains par leur apparence et leurs pouvoirs télépathiques, sont pourchassés. Le cadre,
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bien qu’il s’agisse de SF, reste familier : des gratteciel, des banlieues, des voitures, des passants qui
marchent et des armes.
Personnages et héros
3. a. et b. Dès la première ligne, deux personnages
sont présentés : un garçon (nommé par la suite) et
sa mère. Le garçon s’appelle Jommy, il a neuf ans
et est aussi intelligent qu’un humain de quinze ans.
L’enfant et sa mère appartiennent au peuple pourchassé des Slans. Sur la mère, on ne connaît que
sa peur et l’extrait peut laisser supposer qu’elle va
disparaître bientôt. Tous les deux sont terrifiés.
4. a. et b. Les deux personnages principaux ne
sont pas des humains (« aussi intelligent qu’un
humain », l. 13-14), ce sont des Slans. Ils communiquent par télépathie et sont capables de percevoir à distance les pensées des passants (l. 4-5).
Ils ressemblent beaucoup aux humains (« leurs
organes internes sont différents », l. 39) et offrent
une particularité (« ils ont sur la tête… », l. 40). Le
texte indique qu’ils ont dominé le monde plusieurs
siècles auparavant (l. 27) et qu’un secret, enfoui
par le père de Jommy dans les catacombes (l. 10),
doit leur permettre de se sauver, voire de reconquérir le pouvoir sur la planète.
« Des nôtres » (l. 39), pronom possessif, peut être
remplacé par « nos organes internes » par opposition à « leurs organes internes » (l. 39).
Des exercices sur les pronoms figurent page 279
(nos 6 et 10) et à la leçon 22 sur les reprises nominales et pronominales (p. 342-345).
EXPRESSION
9. Oral Le secret peut être scientifique, dans la
mesure où les Slans disposent de pouvoirs particuliers, historique (l’origine des Slans), politique
(un moyen de remettre en cause le pouvoir du dictateur).
Écrire la peur : dans le texte, les héros éprouvent
un sentiment de peur qui se traduit physiquement :
« il sentit la main glacée de sa mère lui étreindre le
poignet » (l. 1) et « ses petites jambes tremblaient
un peu sous lui » (l. 49).
Construire les personnages
p. 14-15
LECTURE
La construction de l’intrigue
Pour commencer
5. Le but de cette dangereuse visite à Centropolis
1. Certains lecteurs regardent la couverture, d’autres lisent la présentation ou le résumé au dos du
livre. D’autres encore entament la lecture de la première page pour savoir si l’histoire les embarque,
pour apprécier l’agrément de l’écriture, pour imaginer à l’avance le roman. Les premières lignes,
l’incipit, donnent souvent la tonalité du livre, permettant de repérer, dans les genres codifiés, le
héros, l’univers.
est de révéler à Jommy l’entrée des catacombes où
un secret, inconnu, a été enfoui par son père,
vraisemblablement mort. Ce secret, quelle que soit
sa forme, constitue visiblement la clé de la survie
des Slans et peut-être du monde dominé par le «
maître absolu de la planète » (l. 25-26).
6. Les Slans, s’ils sont reconnus, peuvent être abattus sans sommation (l. 33). Le gouvernement se
défie donc de leur puissance servie par la télépathie
qui indique un degré de développement supérieur.
Un tableau déroutant
2. Le personnage principal, le narrateur, cherche un
Pour conclure
7. On subodore que la mère va être tuée, que Jommy
va chercher seul le secret dans les catacombes et
que sa jeune intelligence sera nécessaire. Il est évident également qu’il va se chercher des alliés, Slans
ou humains : le dialogue intercepté (l. 32-40) laisse
penser que tous les humains ne sont pas forcément
d’accord avec le traitement réservé aux Slans.
ÉTUDE DE LA LANGUE
8. Grammaire Les Slans sont représentés par les
pronoms personnels « eux » (l. 33, 38), « les »
(l. 38, 39), « ils » (l. 40).
abri pour la nuit avec un compagnon qui lui sert de
guide. C’est à travers le regard du personnage-narrateur que l’on découvre la maisonnée :
– un vieil homme aux « cheveux blancs, à l’œil fou,
le fusil chargé dans la main » (l. 8-9) et effrayé
(demanda d’une « voix étranglée », l. 5).
– « deux grands gaillards, armés de haches » (l. 10)
qui gardent la porte, les « fils » (l. 34) de la maison
– « deux femmes à genoux » (l. 11), qui poussent
des « cris aigus » (l. 4) de terreur
– enfin « un vieux chien presque aveugle et moustachu » (l. 22) qui dort à l’arrivée du narrateur et se
réveille brusquement pour hurler à la mort.
Tous ces personnages paraissent fous de terreur.
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3. Les personnages, armés jusqu’aux dents, attendent un revenant, le fantôme de l’homme assassiné par le patriarche deux ans plus tôt. Leur terreur
se manifeste par leur méfiance, les voix étranglées,
les cris de peur, leurs sursauts au moindre bruit. Le
chien qui dormait bien tranquillement est la cause
d’un sursaut de terreur : « immobile, dressé sur
ses pattes comme hanté d’une vision » (l. 39), le
poil hérissé, poussant de « lugubres hurlements »
(l. 37), il communique la peur à toute la maisonnée,
y compris au narrateur, qui ne paraît plus si distancié à la fin du texte.
4. « S’expliqua » (l. 12) indique que les arrivants
ont entamé la conversation avec le vieux. Seules
les paroles du vieil homme sont rapportées directement pour les restituer telles que le narrateur les
a entendues. Sur le moment, le narrateur en sourit.
Ensuite, il raconte des histoires pour détendre
l’atmosphère.
Un personnage à part
5. La scène est racontée par le voyageur que le
vieil homme appelle « Monsieur » (l. 15), c’est un
narrateur-personnage représenté par le pronom
« je ». L’action est vue à travers ses yeux (« ce fut
un inoubliable tableau », l. 6-7) et interprétée en
fonction de ses certitudes.
6. Le narrateur juge cette histoire de revenant
comme une « terreur superstitieuse » (l. 20). L’aveu
du vieillard qui confesse sa terreur le fait sourire.
Cependant, quand le chien se met à hurler, le narrateur renonce à les calmer de nouveau, lui aussi
vient de se laisser gagner par la peur.
d’esprit en latin comporte au départ le même préfixe négatif : in-bacullus = sans bâton.
D’autres exercices sur les préfixes de sens négatif
sont proposés : p. 368 (Former des antonymes),
nos 7 et 8.
EXPRESSION
10. Écriture On sait de Vittorio qu’il est italien,
musicien. Il est en train de répéter et pense au fait
que cet ensemble de notes peut-être capable de
faire surgir le diable ou de provoquer une catastrophe. Aux élèves d’imaginer ses caractéristiques physiques et de décider si Vittorio croit ou
non à cette légende, va essayer ou non de faire surgir cette trille.
Écrire la peur : le texte présente :
– une utilisation intéressante du cadre : « ténèbres » (l. 1), « tempête » (l. 25), « éclairs » (l. 27)
– des comportements altérés par la peur : « cris
aigus » (l. 4), « voix étranglée » (l. 5), « femmes à
genoux ; le visage caché » (l. 11), « en bégayant
d’une voix égarée » (l. 32)
– une habileté à choisir les traits caractéristiques
des portraits : « un vieil homme à cheveux blancs,
à l’œil fou, le fusil chargé dans la main » (l. 8-9) et
à rapporter directement les paroles les plus inquiétantes.
2. Le choix du narrateur
7. Cette scène a lieu une nuit de tempête et le narrateur insiste sur ces circonstances particulières :
« Les ténèbres étaient profondes, je ne voyais rien
[…] une rumeur incessante » (l. 1-3), « Au-dehors, la
tempête acharnée battait la petite maison, […] je
voyais soudain tout un fouillis d’arbres bousculés
par le vent à la lueur de grands éclairs. » (l. 25-27).
Le narrateur-personnage
p. 16-17
LECTURE
Pour commencer
1. Écrire la peur : Une première lecture fait ressen-
Pour conclure
8. Les personnages sont construits par leur physique, leur attitude, leurs paroles.
ÉTUDE DE LA LANGUE
9. Vocabulaire Les adjectifs suivants comportent
le préfixe de sens négatif « qui n’est pas » : « incessante » (l. 3), « inoubliable » (l. 6), « immobile »
(l. 39), « invisible » (l. 40), « inconnu » (l.40).
« imbéciles » (l. 30) : si l’on remonte à l’étymologie
latine, ce terme qui signifie faible de corps et
tir la panique du personnage. Le retour au texte permet d’observer que les phrases sont très courtes,
souvent simples, quelquefois nominales, que les
subordonnées sont rares. Le passé composé et la
première personne participent aussi de cette proximité avec la peur du personnage. Ces procédés
pourront être réutilisés dans le parcours d’écriture.
Un personnage en mauvaise posture
2. Le héros de ce récit est un enfant qui se trouve
dans une mauvaise passe, persuadé qu’il est d’être
poursuivi. Le texte nous apprend qu’il a toute une
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panoplie de saints auxquels il a recours pour se rassurer : « je me suis souvenu de ce que saint Pierre
m’avait dit » (l. 6-7), « j’ai sorti la barbe de saint
Joseph de ma poche » (l. 31-32). En fait, dans le
roman, il s’avère que l’enfant qui s’est réfugié dans
son ancienne maison est retrouvé par son père.
3. Le personnage est représenté par le pronom
« je », c’est le personnage qui raconte son histoire
4. C’est par l’ouïe que l’enfant caché suit l’avancée
des poursuivants : « j’ai entendu du bruit vers la
porte » (l. 2-3), « je l’ai entendue tourner dans la serrure » (l. 11-12), « j’ai entendu des pas dans l’escalier » (l. 16-17), « à présent, je les entendais
marcher juste en dessous de moi » (l. 19-20), « la
citerne a tremblé dans un grondement de tonnerre »
(l. 22), « j’ai écouté de toutes mes forces. Les bruits
des pas s’étaient arrêtés » (l. 27-28), « J’ai entendu
des voix et encore des pas » (l. 30). À partir de ce
qu’il perçoit, l’enfant reconnaît le trajet, ils ouvrent
la porte, entrent dans la maison, grimpent l’escalier,
vont aux toilettes, guettent, gravissent l’échelle.
Ensuite la vue prend le relais : « Un cube de lumière
a surgi dans le grenier » (l. 37), « les yeux rivés sur
le haut de l’échelle qui tremblotait sous le poids »
(l. 42), « Une main s’est avancée à tâtons. J’ai
aperçu une nuque d’homme. » (l. 46-47).
5. Les intrus sont représentés par des pronoms :
« ils » (l. 4, 29) « les » (l. 19), « quelqu’un » (l. 24,
40, 41, 43) « ceux du dessous » (l. 28). L’indéfini
« quelqu’un » revient plusieurs fois. L’enfant ignore
leur identité, il ne peut les nommer, et cette désignation vague met en évidence l’inconnu et contribue à créer la peur.
La montée de la peur
trappe bloquée » (l. 17), « À présent » (l. 19), « Tout
à coup » (l. 22), « Après mon premier hoquet »
(l. 27), « et maintenant » (l. 29), « à nouveau »
(l. 31), « à ce moment-là » (l. 33), « avant même
que j’aie le temps de l’éteindre » (l. 35-36), « Puis »
(l. 38), « Ensuite » (l. 39), « Et puis » (l. 41),
« Encore » (l. 44), « Puis » (l. 44), « coup sur coup »
(l. 45), « encore » (l. 46), « Alors » (l. 47). Les indications sont nombreuses et donnent au lecteur
l’impression de vivre les événements en direct. Le
temps semble se dilater à partir de « et maintenant » (l. 29). Les phrases brèves et les phrases
nominales particulièrement nombreuses à partir de
la ligne 43 (« Un barreau de plus. Un autre tremblotement. Pas un mot. Encore un hoquet. Puis
deux barreaux escaladés très rapidement, coup sur
coup. ») amplifient cette attente. Les événements
paraissent s’étirer, se ralentir, mais s’enchaînent
(« puis », « encore », « et puis ») inexorablement
vers le dénouement fatal : l’enfant est rejoint par
ses poursuivants mystérieux.
9. En dehors des verbes de perception (ex. : « j’ai
entendu », l. 2), la plupart des verbes sont des verbes de mouvement comme « regrimpé » (l. 12),
« repliée » (l. 14), « s’est écoulée » (l.23), « je me
suis vite éloigné » (l. 24), « a surgi » (l. 37)…
Pour conclure
10. La scène est racontée au passé composé, par
le narrateur-personnage. On sait ce qu’il entend, ce
qu’il déduit. On suit minute par minute la progression de la menace inconnue. Les phrases sont brèves et parfois nominales.
ÉTUDE DE LA LANGUE
6. « la trappe du grenier s’est ouverte » (l. 36),
« L’échelle télescopique s’est mise à tanguer »
(l. 37-38), « Puis elle s’est dépliée » (l. 38-39) : l’utilisation de la tournure pronominale donne l’impression que les objets bougent d’eux-mêmes et
met en évidence que le narrateur ignore qui les
actionne.
7. Le narrateur s’est réfugié dans un endroit sans
issue, il est coincé dans le noir, dans le grenier,
mais il se trahit en laissant la clé sur la serrure, en
laissant son portable et son manteau, et enfin il
est pris d’un irrépressible hoquet de peur. Pour se
rassurer, il a recours à l’évocation de saints protecteurs.
8. Les indications de temps sont les suivantes :
« juste au moment où je m’apprêtais à repousser
l’échelle » (l. 1-2), « Au moment où je me penchais
pour refermer la trappe » (l. 14-16), « Une fois la
11. Vocabulaire Pour éviter les dérapages, toujours possibles, on peut suggérer quelques ambiances : un match, une poursuite dans un film policier,
une émission de divertissement. La gageure
consiste à reconstituer la scène par les sons
comme dans le texte. Après la recherche, on peut
compléter le travail en montrant aux élèves un
synopsis de film qui donne dans une colonne les
bruits, les musiques et les dialogues.
EXPRESSION
12. Oral Le texte, vu sa longueur, peut être partagé entre plusieurs lecteurs. Le plus difficile à maîtriser est la pause. Pour aider les élèves, on peut
les faire compter mentalement quelques secondes
et leur demander de regarder l’auditoire à chaque
pause.
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Le narrateur omniscient
p. 18-19
LECTURE
Pour commencer
1. La narration à la première personne permet de
faire vivre la scène du point de vue d’un personnage : on connaît ses sensations, ses sentiments,
notre compréhension est bornée à la sienne. La
narration à la troisième personne offre la capacité
d’être dans plusieurs endroits simultanément, de
connaître les pensées de plusieurs personnages,
d’anticiper sur la suite des événements.
La présentation du héros
2. C’est une famille qui se tient dans un jardin. Elle
se compose d’un « homme vêtu d’une veste de
chasse […] dans leurs moments de loisir » (l. 7-12)
et « deux femmes » (l. 13), « en proie à une terreur »
(l. 14), respectivement la « belle-mère et la femme
de cet homme » (l. 16-17). L’homme s’appelle
Michu et son portrait est développé de la ligne 37
à la ligne 45. Il est au centre de l’attention dans cet
extrait. La femme de Michu, Madame Michu, est
une belle jeune femme, « une belle blonde aux yeux
bleus, faite comme une statue antique » « paraissait dévorée par un chagrin noir et amer »
(l. 32-34).
3. Le personnage inspire de l’inquiétude, voire « une
terreur mal déguisée » (l. 14) aux deux femmes.
Quant à son portrait, il indique que Michu cause
une « impression glaciale » « au premier abord »
(l. 45). Son visage est injecté de sang, ses cheveux
crépus et rouges donnent à sa figure « une expression sinistre » (l. 40), ses yeux jaunâtres et clairs
sont comparés à ceux d’un tigre. Ils sont fixes et
froids. La comparaison avec le singe (« brusque et
leste comme un singe », l. 37) – a priori pas dévalorisante – le devient car elle montre que, contrairement aux apparences, Michu n’est pas un
homme placide mais un homme très inquiétant et
potentiellement dangereux.
Le choix d’un narrateur omniscient
4. Le personnage principal, Michu, est habillé
d’une veste de chasse et de guêtres, il nettoie son
fusil, il a à ses pieds un chien de chasse, « un
magnifique épagneul » (l. 28), mais il n’a ni carnier,
ni gibier. Il n’est pas équipé pour chasser le gibier,
il ne revient pas de la chasse. C’est le narrateur qui
souligne cette contradiction : « Évidemment, un
chasseur ne prend pas de semblables précautions
pour tuer le gibier et n’emploie pas, dans le
département de l’Aube, une lourde carabine rayée »
(l. 17-19). Cependant, Michu annonce qu’il veut
« chasser un monstre […] un loup-cervier »…
(l. 27-28).
5. Celui qui raconte la scène voit tout le décor, l’allée, le rond-point, le jardin, tous les personnages. Il
indique que Madame Michu joue la comédie de la
bonne humeur, il laisse entendre que Michu va se
livrer à une chasse particulière, il sait quelle
impression le physique particulier de Michu produit
ordinairement.
Pour conclure
6. Quand le lecteur met bout à bout les indices du
texte, la frayeur des femmes, les préparatifs de
chasse (mais pas pour tuer du gibier), la réflexion
de Michu sur le monstre et le pays qui fourmille
d’espions, il devine que Michu va se livrer à une
chasse à l’espion, qu’il va s’attaquer à un homme.
L’expression « loup-cervier » est un autre terme
pour désigner un espion.
7. Le narrateur nous présente les personnages en
relation avec le personnage principal dont le portrait est plus détaillé. Il précise le moment, le lieu
de l’action, les sentiments des personnages, enfin,
il oriente notre compréhension de l’action et dirige
le choix des mots (« sinistre », l. 40, « glaciale », l.
45 …) et des comparaisons (« comme ceux des tigres », l. 41) notre jugement sur le personnage de
Michu. A contrario, les indications sur Madame
Michu, très belle mais rongée par le chagrin, nous
la rendent pitoyable, elle apparaît comme une victime de son mari qui ne tient pas compte de ses
inquiétudes.
EXPRESSION
8. Écriture Les mots en gras sont les mots modifiés.
Petit et gros, vif et leste comme un singe quoique
d’un caractère calme et bonhomme, Michu avait
une large face rehaussée de pommettes rouges à
laquelle des cheveux roux et crépus donnaient une
expression joviale et innocente. Ses yeux bruns et
chaleureux offraient, comme ceux d’un chien amical, un réconfort au regard de l’examinateur qui s’y
perdait volontiers. Pétillants, doux et veloutés
comme du caramel, ces yeux finissaient par
réconforter. L’opposition constante entre la vivacité des yeux et la rondeur de son corps ajoutait
encore à l’impression chaleureuse que Michu causait au premier abord.
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3. Créer une atmosphère de peur
La description et le rythme
de l’action
p. 20-21
LECTURE
Pour commencer
1. Le héros-narrateur de cette histoire est un
enfant qui fréquente encore l’école primaire (« ce
n’est certainement pas quelqu’un de l’école,
comme le directeur le pensait hier », l. 17). Il se
peut qu’il soit en classe de neige. Enfin, on sait
qu’il est perdu dans la montagne.
Une atmosphère angoissante
2. La scène se déroule le matin mais « on ne se
croirait pas le matin, tellement il fait sombre » (l. 2425). Le paysage est celui d’une montagne enneigée : « je n’ai pas vu le ravin » (l. 1-2), « je dévale
[…] dans un nuage poudreux » (l. 2-3), « J’ai de la
neige dans la bouche » (l. 4), « Mes vêtements sont
tout blancs. On dirait que je suis tombé dans un
tonneau de sucre » (l. 5-6). Le personnage est
perdu dans une forêt inconnue : « Je ne connais
pas cet endroit. Je n’y suis jamais venu avant »
(l. 7-8). Le cadre qu’il découvre présente des particularités inquiétantes : « les arbres sont nus et ressemblent à des doigts de vieille femme » (l. 8-9),
« Plus bas encore, il y un ruisseau glacé » (l. 9), «
tous les bébés sapins ont été arrachés ou piétinés,
[…] les autres sont écartés comme après le passage d’un gros animal » (l. 13-15). Le personnage
semble penser qu’un monstre ou une sorcière a pu
causer de tels dégâts.
femme […] elle n’aime pas les enfants non plus »
(l. 19-22). L’enfant pense que la femme est une
sorcière ou une ogresse qui règne sur ce lieu. À ce
moment, son corps commence à exprimer la peur :
« Je me mets à trembler » (l. 24). Tous les événements qui se produisent à partir de ce moment renforcent sa peur : « j’entends un cri » (l. 26), « Mon
cœur bat plus vite » (l. 28). « Je sens que je vais
pleurer pour de bon » (l. 29). « Je suis sûr qu’il y a
quelqu’un […] il m’a semblé qu’une grande ombre
se déplaçait. » (l. 31-34). Des lignes 25 à 35, on
trouve aussi des points de suspension et l’exclamative « Maman ! » (l. 35).
6. À partir du moment où l’enfant imagine qu’il y a
quelqu’un, qu’il mélange imagination et réalité, il
cède à la panique : « Je remonte la pente à quatre
pattes, à toute allure » (l. 38-39), « j’entends un
souffle » […], « la frousse me donne des ailes »
(l. 40-41), « moitié pleurant, moitié suppliant »
(l. 42). La scène s’achève sur un paroxysme :
devant le « grand œil jaune » (l. 43), l’enfant tombe,
à la merci du monstre. En réalité, il s’avère que ce
grand œil jaune n’est que le faisceau d’une lampe
torche. À partir de la ligne 36, quasiment toutes les
phrases sont des phrases simples. La course de
l’enfant est éperdue et les verbes de mouvement
nombreux : « remonte » (l. 38), « poursuivre » (l. 40),
« atteins » (l. 41), « cours » (l. 42), « surgit » (l. 43).
Pour conclure
7. Les passages les plus palpitants sont d’une
part les moments où le mystère naît – le paysage
ravagé – et, d’autre part, la fuite éperdue du personnage.
8. Les procédés d’écriture utilisés sont les compa-
3. Les comparaisons sont « ressemblent à des
raisons, les séries de phrases simples, le présent
de l’indicatif, les points de suspension, les verbes
de mouvement.
doigts de vieille femme » (l. 8-9) et « comme après
le passage d’un gros animal » (l. 15). Voir ci-dessus
pour les explications.
ÉTUDE DE LA LANGUE
9. Grammaire Dans la première phrase, les com-
Une action haletante
4. Le récit est rédigé au présent de l’indicatif, le
lecteur est collé aux talons du personnage-narrateur et lit les événements en simultané.
pléments circonstanciels rejetés en tête de phrase
entraînent l’inversion du sujet, instaurant une
attente. La deuxième phrase donne plus d’ampleur
au surgissement.
5. Toutes les actions phares qui marquent le franchissement d’un palier de la peur sont introduites
par « Tout d’un coup » (l. 1 et 19), « D’un coup »
(l. 36), « Soudain » (l. 43). Le narrateur commence
réellement à avoir peur quand il trouve une explication au décor ravagé : « je me rappelle cette vieille
EXPRESSION
10. Écriture Les élèves reprendront pour ce court
travail d’écriture les procédés repérés dans le texte
et synthétisés dans le « Pour conclure ».
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LIRE L’IMAGE
Des premières de couvertures p. 22-23
Les premières de couvertures choisies pour cette
séquence créent, chacune à leur manière, une
atmosphère de peur ou au moins d’angoisse. Elles
indiquent très clairement à quel type de récit le lecteur doit s’attendre. En faire une lecture attentive
et analytique signifie en relever les composants,
les informations signifiantes ainsi que les fonctions
principales.
Pour commencer
1. L’atmosphère de chaque document relève du
danger imminent, générateur d’angoisse et de peur.
Dans le cas du livre d’Horowitz, la mort rôde avec
la présence, ignorée par le plongeur, du requin montant des profondeurs de l’océan. Dans le cas de
celui de Pullman, il s’agit plutôt d’une menace sourde, mal définie, tapie dans l’ombre, différée.
La composition d’une première
de couverture
pages de garde. Pourtant, les informations qu’ils
apportent sont importantes :
– l’auteur peut être connu et apprécié : des lecteurs achètent un livre uniquement sur le nom de
l’auteur, considéré alors comme une garantie de
qualité
– le titre en dit parfois long sur le contenu du récit :
« dangers », « vengeance »
– le nom d’une série permet de situer un livre dans
un ensemble : on peut alors vouloir compléter sa
collection, suivre les aventures de tel héros ou
héroïne ou, au contraire, ne pas avoir envie de lire
un épisode particulier ni de s’attacher à un personnage récurrent
– le nom de l’éditeur peut être aussi le garant d’un
travail éditorial de qualité qui ne décevra pas et
auquel on est particulièrement sensible.
3. Dans les deux cas, il s’agit d’illustrations en
couleurs. Ce type d’image présente l’intérêt d’épouser au plus près le récit et résulte, la plupart du
temps, d’une commande de l’auteur et de l’éditeur.
Scène représentée, couleurs choisies seront définies de manière, précisément, à « illustrer ».
Les signes d’une première de couverture
2. Les éléments textuels d’une première de couverture sont :
– le nom de l’auteur,
– le titre du livre,
– le nom de la série (Sally Lockhart),
– la collection (Folio junior)
– le nom de l’éditeur.
On fera remarquer que tous ces éléments ne se
retrouvent pas systématiquement sur toutes les
couvertures. Parfois, certains d’entre eux apparaissent sur la tranche du livre ou seulement dans les
4. Skeleton Key, l’Île de tous les dangers : le récit
se déroule sur une île, les dangers seront nombreux et le terme anglais de Skeleton rappelle le
mot français de squelette avec toutes les connotations qui l’accompagnent. Sally Lockhart. La vengeance du tigre : le héros est une femme, un acte
commis suscite la vengeance d’un tigre (homme ou
animal ?).
5. Cette question reste ouverte mais les réponses
nécessitent une justification.
6.
Document 1
Document 2
Où se déroule l’histoire ?
Elle se déroule sur une île
et dans l’océan
Elle se déroule dans une ville
industrielle (cheminées d’usine au loin)
Quelle est l’action du personnage
principal ?
Le personnage principal fait
de la plongée sous-marine
Le personnage principal tient et protège
un enfant dans ses bras
Par quoi ou par qui est-il menacé ?
Il est menacé par un requin
Il est menacé par un personnage tapi
dans l’ombre
À quel élément de l’image
associez-vous le titre ?
Le titre peut être associé
au requin
Le titre peut être associé
au personnage dans l’ombre
Qu’évoquent les couleurs utilisées ?
Le bleu évoque l’océan,
le rouge la violence, le sang
Les couleurs évoquent le crépuscule,
l’arrivée de la nuit menaçante, un ciel
tourmenté, l’inconnu
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7. Ces premières de couvertures sont les deux à la
fois. D’une part, elles représentent probablement
une scène de chaque histoire (l’attaque d’un
requin, la menace d’un inconnu un soir), d’autre
part elles suggèrent une atmosphère de danger (le
requin, l’ombre d’un inconnu). Si la première montre très clairement le danger encouru (être attaqué
et tué par un requin), la seconde reste plus énigmatique quant à la menace que fait peser l’inconnu sur la jeune femme et l’enfant.
8. La première informe peu sur le personnage principal : il fait de la plongée mais, à part ça, on ne
sait rien de lui, ni son nom, ni son rôle, ni ce qu’il
fait sur cette île. La seconde semble désigner la
jeune femme comme étant Sally Lockhart mais rien
n’est moins sûr. Peut-être s’agit-il d’une victime
défendue ou sauvée par Sally Lockhart.
9. Les destinataires sont des jeunes : graphisme,
couleurs, scènes représentées, mention « junior »
pour la seconde couverture vont dans ce sens. Mais
il ne s’agit probablement pas de destinataires exclusifs car il n’y a aucune connotation typiquement
« adolescente » sur ces couvertures. Nous ne sommes pas en face de la Bibliothèque rose ou verte...
Pour conclure
10. Les fonctions d’une première de couverture
sont, classiquement, d’informer le lecteur potentiel
sur le type de livre qu’il a entre les mains (policier,
aventure, historique, science-fiction...) et de susciter son intérêt par une illustration accrocheuse donnant envie d’en savoir plus en acquérant le livre.
4. Lire une nouvelle
Hypothèses de lecture, chronologie,
bouleversée, rythme du récit p. 24-31
Le questionnaire a été conçu pour que la nouvelle
soit lue par étapes. Les dernières questions reparcourent l’ensemble de la nouvelle. La nouvelle permet de réinvestir des révisions effectuées dans les
premiers textes de la séquence.
Pour commencer
1. La question a pour but de faire émerger les
représentations d’élèves et d’aboutir à une première définition provisoire qui sera amendée au
terme de la lecture. Si les autres textes de la
séquence ont été lus, on peut aussi demander aux
élèves lesquels de ces textes relèvent du genre
fantastique.
Première partie : découvrir le héros
2. Le personnage principal est Gary Wilson, son
nom apparaît dès la première ligne. C’est un adolescent londonien (« leur confortable maison de
Londres », l. 5-6), de « quinze ans » (l. 14), en vacances chez « sa grand-mère qui habitait la
campagne » (l. 4-5).
3. Le portrait présente Gary comme « grand » (l. 14)
mais « pas solidement bâti » (l. 16), ayant de « l’acné » (l. 23) et plutôt cancre (« toujours le dernier »,
l. 22). En conflit avec la terre entière, il se complait
à faire régner la terreur par des attitudes de petit
dur, par l’usage de ses poings. Il s’attaque aux
enfants, ne supporte aucune plaisanterie, pratique
le racket et l’intimidation (l. 25-28). Le texte précise que Gary ne vit qu’avec sa mère, Jane Wilson,
que la mort du père a affecté leur train de vie. Gary
qui se veut l’homme de la maison terrorise aussi
sa mère (l. 35-37).
4. Au moment où débute le récit, Gary est dans un
champ, perdu : il ne maîtrise plus la situation et
maudit la campagne, sa mère, sa grand-mère, les
rieurs hypothétiques qui pourraient le voir en difficulté, « trébuchant dans un champ désert au milieu
de nulle part » (l. 20).
5. Cette situation provoque chez Gary de la colère
contre les autres mais aussi du ressentiment
envers lui-même : « Comment s’était-il débrouillé
pour se perdre ? » (l. 8). À cette colère s’ajoute un
malaise physique, il a chaud, il est fatigué.
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6. Gary paraît bien antipathique mais il est orphelin,
en difficulté scolaire, en proie au malaise adolescent et il n’est pas exclu que certains se reconnaissent dans ce personnage, perdu au sens propre et au sens figuré. Il est probable que la situation
va empirer et que Gary va recevoir une bonne leçon.
Deuxième partie : Gary et sa famille
7. Avec sa mère, Gary se montre capricieux et
tyrannique mais sa mère parvient parfois à tenir
bon : même s’« il eut beau gémir et se plaindre »
(l. 50-51). Cependant, Gary lui fait payer cher ce
refus de vacances à l’étranger, pendant tout le trajet, il ne lui adresse pas la parole et écoute les CD
qu’elle lui a achetés en compensation. Gary trouve
sa grand-mère « ennuyeuse » (l. 91) et « sénile »
(l. 117).
Troisième partie : le traitement du temps
dans le récit
15. La promenade de Gary est narrée au passé
simple et à l’imparfait : « il poussa un cri » (l. 165),
« chaque pas devenait plus pénible » (l. 193). Les
événements antérieurs sont racontés au plus-queparfait : Gary « s’était laissé convaincre » (l. 123124), « Depuis, les choses avaient empiré »
(l. 151).
16. Au moment où Gary partait, sa grand-mère lui
a recommandé : « Et n’oublie pas le code de la
campagne » (l. 130). L’expression est reprise juste
après pendant la promenade de Gary.
17. Ces échos établissent un lien entre les actions
antérieures et le retour à la promenade de Gary.
8. Rongée par les soucis, notamment ceux qui lui
18. Les retours en arrière cessent à partir de la
donne son fils, la mère de Gary a l’air fatiguée et
amaigrie comme le lui fait remarquer sa mère (l. 93).
ligne 164 : « Et maintenant ».
9. Pye Hall, le hameau où vit la grand-mère, est présenté à partir de la ligne 55 comme un « endroit
magnifique » (l. 55), un paradis bucolique et plein
d’un charme désuet : « un petit cottage de guingois, peint d’un rose tendre […] au milieu d’un pré
parsemé de marguerites. » (l. 58-60).
10. Ce lieu est un refuge pour la mère de Gary qui
dit : « J’ai été tellement heureuse, ici, autrefois »
(l. 66-67), et un endroit magique pour la grand-mère
(l. 110-115). En revanche, pour Gary, la campagne
est un enfer où les journées s’étirent « interminablement » (l. 118).
11. Pour Gary, rien ne vaut une autoroute et le bitume : « Qu’y avait-il de si grandiose dans la campagne ? » (l. 105), « toutes ces idioties habituelles »
(l. 106-107), « elle était bien bonne, celle-là. »
(l. 119). Il songe « avec nostalgie aux rues bétonnées, aux arrêts de bus, aux feux rouges et aux
hamburgers » (l. 99-100).
12. Perdu dans un champ de cette campagne qu’il
exècre, Gary boitille car il s’est tordu la cheville
(voir l. 31, p. 24 et l. 72, p. 26). De plus, il est harcelé par une mouche (l. 77-79) et se pique aux
orties (l. 102-104).
13. Gary commence à douter de lui-même et à ressentir un sentiment de peur ou, en tout cas, les prémices de la peur (l. 74-77).
14. Gary est en opposition avec la campagne :
pour lui la nature est ennuyeuse et, il le découvre,
inconfortable et dangereuse. La « brave vieille Mère
Nature » (l. 119-120) est pour lui un mythe
dépassé.
19. Entre l’arrivée de Gary à Pye Hall et la promenade, « quelques jours » (l. 124) se sont écoulés.
Les événements ne sont pas évoqués, Gary a traîné.
20. Des indications de temps aident le lecteur à se
repérer : « Après quelques jours passés à traîner »
(l. 124), « En s’éloignant de Pye Hall » (l. 131-132),
« Et puis » (l. 139), « Et cela remontait à deux heures » (l. 150), « Depuis » (l. 151) « Un peu plus
tard » (l. 153), « Tout à coup « (l. 157-158), « Dix
minutes plus tard » (l. 162). Pendant ce temps,
Gary a quitté le chemin, enfreint toutes les interdictions du code de la campagne, il s’est perdu,
s’est écorché l’épaule, s’est entaillé les jambes
sur les ronces, a abîmé son blazer préféré, est
tombé à l’eau, a été piqué par la mouche qui était
une guêpe. Sa situation s’est considérablement
dégradée, Gary reçoit une bonne leçon. Son dernier
acte est d’essayer de traverser le champ ensemencé qui le sépare de Pye Hall, retrouvé par miracle. (l. 181 à 204).
21. Au moment où l’action s’interrompt, Gary s’apprête à traverser la moitié du champ qui le sépare
de la maison. L’anticipation est marquée par le
conditionnel (futur dans le passé) : « Ensuite il traverserait » (l. 203) On trouve d’autres exemples
d’anticipation aux lignes 172-174.
22. Les deux femmes avaient promulgué des
conseils : « Suis bien les sentiers » (l. 129) et
« n’oublie pas le code de la campagne » (l. 130).
23. Gary s’attache à bafouer intégralement le code
de la campagne : il cueille les fleurs sauvages, laisse les barrières ouvertes, jette des mégots et une
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cannette, casse une branche d’arbre et s’écarte du
sentier (l. 131-139).
VOCABULAIRE
24. La nature se rebiffe contre lui, il est blessé (« il
Les mots pour dire la peur
s’était écorché l’épaule et entaillé la jambe sur des
ronces », l. 152-153) comme il a blessé les plantes, les sentiers disparaissent (« le chemin qu’il
avait emprunté n’était plus là », l. 145) et il se
perd, les traces de son passage s’évanouissent
(« ses empreintes de pas étaient invisibles » l. 148)
en même temps que son assurance se dissipe. Il
tombe aussi « dans l’eau à la renverse » (l. 161)
après avoir roulé sur une bûche et est piqué par
une guêpe (l. 166).
25. Gary reste immobilisé au milieu du champ, on
peut supposer qu’il s’est évanoui, voire qu’il est
mort brutalement, qu’à bout de force il s’est enlisé
dans le champ, cramponné au piquet.
Quatrième partie : le dénouement
26. Gary voit sa mère sortir de la maison et de
l’endroit où il se trouve, il remarque qu’elle a l’air
moins fatiguée mais qu’elle pleure.
27. La mère ne voit pas Gary, elle voit « une silhouette dressée au milieu du champ » (p. 224) qui
fait fuir les oiseaux et porte une veste qui ressemble étrangement à celle de Gary (« L’espace d’un
instant, elle crut reconnaître la veste noir et blanc
et le tee-shirt », l. 225-226). Gary est devenu un
épouvantail.
Pour conclure
28. Gary, en lutte contre la nature, a été puni : Mère
nature l’a intégré à cet ordre qu’il méprisait. Selon
l’expression du gendarme, « C’est comme si la campagne l’avait avalé » (l. 214). Tout au long de la nouvelle, la nature s’est acharnée sur lui comme il s’acharnait sur elle et des événements étranges se
sont produits : le chemin emprunté n’était plus là,
« La branche cassée, la boîte de Coca, les fleurs
arrachées, tout avait disparu » (l. 147-148), « même
ses empreintes de pas étaient invisibles » (l. 148).
En fait, il ne reconnaissait rien, « c’était vraiment
étrange » (l. 149). La métamorphose elle-même est
en partie évoquée : « Ses jambes devenaient de
plus en plus lourdes » (l. 183-184), « Ses bras pendaient mollement » (l. 186-187), « Pye Hall ne se
rapprochait pas » (l. 189), « La maison était floue »
(l. 190), « Il avait l’impression que ses pieds
essayaient de s’enraciner dans le sol » (l. 193-194).
29. Écriture Gary achève sa métamorphose, et
pendant cinq jours voit la police le chercher alors
que, impuissant, il ne peut les avertir. Quelles sont
ses pensées ?
p. 32
1. Les noms en gras nomment la peur. Les passages soulignés constituent des manifestations physiques ou morales de la peur.
Et tout à coup, j’entendis devant moi, très loin,
un roulement. […] Il approchait toujours ; et
brusquement une crainte confuse, stupide, incompréhensible me saisit. […] Il était près, tout près.
Je me jetai dans un fossé par un mouvement de
peur instinctive, et je vis passer devant moi une
brouette qui courait… toute seule. Mon cœur se
mit à bondir si violemment que je m’affaissai sur
l’herbe et j’écoutais le roulement de la roue qui
s’éloignait, qui s’en allait vers la mer. Et je n’osais
plus me lever, ni marcher, ni faire un mouvement ;
car si elle était revenue, si elle m’avait poursuivi,
je serais mort de terreur.
Je fus longtemps à me remettre, bien longtemps.
Et je fis le reste du chemin avec une telle angoisse
dans l’âme que le moindre bruit me coupait l’haleine.
Guy de Maupassant, La Peur.
2. Mes cheveux se dressent / se hérissent sur ma
tête. Tout mon corps tremble / se tétanise / se
glace / se raidit. Une rigole de sueur me coule /
dégouline le long de la colonne vertébrale. Mon
visage se fige / pâlit, mes dents claquent / s’entrechoquent, mes yeux s’écarquillent, ma gorge se
serre. Mes genoux tremblent / s’entrechoquent /
grincent, mes jambes flageolent / se raidissent,
mes mains tremblent / se serrent convulsivement.
Mes muscles se tétanisent / se raidissent, je ne
peux plus bouger.
3. Par ordre croissant : 10. inquiétude – 2. appréhension – 3. anxiété – 11. crainte – 9. angoisse –
5. frayeur – 1. peur – 4. effroi (= grande frayeur) –
12. effarement – 7. horreur – 6. épouvante –
8. terreur.
Ce classement doit être nuancé, certains noms
expriment un sentiment vague sans objet connu.
4. 1. La vue du chien à trois têtes terrifie le jeune
sorcier. – 2. Une terrible épidémie de gastro-entérite sévit dans les classes de plus en plus vides. –
3. Ce groupe armé multiplie les attentats pour terroriser la population.
5. 1. Un peureux est craintif en général ; être
apeuré, c’est éprouver un sentiment passager de
peur en réaction à un événement. – 2. Farouche
signifie sauvage, timide ; effarouché : effrayé, alarmé, troublé. – 3. Effroyable veut dire remplit
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d’effroi, de terreur, d’épouvante ; effrayant : qui provoque la frayeur ; effrayé : qui éprouve une grande
peur. – 4. Le craintif éprouve ordinairement une
anxiété, une appréhension : le timoré est hésitant,
très prudent. – 5. Audacieux et pusillanime sont
des antonymes.
instant, et à peine ont-ils fui qu’une hilarité légère et mal contenue circule partout. Et la musique
s’enfle de nouveau, et les rêves revivent, et ils se
tordent çà et là plus joyeusement que jamais,
reflétant la couleur des fenêtres à travers lesquelles ruisselle le rayonnement des trépieds.
Edgar Allan Poe, La Mort rouge.
6. Peureux : familier : 1. poltron – 6. trouillard –
courant : – 3. lâche – 7. peureux – 8. craintif –
14. anxieux – soutenu : – 9. timoré – 10. couard –
11. pusillanime
Courageux : courant : 12. déterminé – 13. décidé
– 16. héroïque – 17. vaillant – 19. brave – soutenu : 2. téméraire – 15. hardi – 18. intrépide
ORTHOGRAPHE
6. De joyeux poissons aux nageoires argentées
naviguaient comme des songes entre les coraux
rouges et les gastéropodes alanguis sur le fond.
Survint un requin glouton, à la gueule largement
ouverte sur des rangées de dents parfaitement alignées. Il aspira, déglutit et nos goujons se retrouvèrent encagés dans son gosier noir comme une
grotte, profond comme un gouffre. Là, ils furent
digérés par le géant qui reprit sa route tout guilleret de ce goûter.
Un son, plusieurs orthographes p. 33
1. Tous les verbes dérivés de premere (presser)
appartiennent à la même série et le nom correspondant s’écrit -ssion : 1. expression – 2. compression – 3. dépression – 4. pression – 5. suppression –
6. répression – 7. impression.
2. Les mots appartiennent à deux séries :
– le radical ascensio : 1. descente – 2. ascenseur
– celui de science (latin scire = savoir) : 3. scientifique – 4. inconscient – 5 consciencieux
PARCOURS D’ORAL
Mettre en valeur les effets
dramatiques d’un texte
p. 34
Pour que ce travail réussisse, il importe de faire
comprendre aux élèves que les tâtonnements sont
nécessaires et ne pas hésiter à confronter des propositions et des essais successifs.
3. 1. je trace, nous traçons – 2. je nage, nous
nageons – 3. je nargue, nous narguons – 4. j’oblige, nous obligeons – 5. je navigue, nous naviguons
– 6. je menace, nous menaçons
Les verbes en -cer et en -ger recourent à la cédille
ou au -e pour maintenir le son.
4. 1. la patience (à rapprocher de compatir ; la plupart des finales en -ance, -ence, -once s’écrivent
avec un c mais pas danse ! souvent écrit à l’anglaise par les élèves) – 2. une séance (à rapprocher de s’asseoir) de cinéma – 3. la science
(scire = savoir) – 4. une mission (à rapprocher de
message) – 5. l’attention (série piège car une tension) – 6. la passion (même origine que patience, à
rapprocher de passif) – 7. une pension – 8. des finitions – 9. la finance (comme la série chance,
lance…) – 10. des vacances – 11. la confiance –
12. un dépassement – 13. un possesseur
PARCOURS D’ÉCRIT
Écrire le début d’une histoire
à partir d’une couverture
p. 35
Les étapes, balisées, constituent une reprise et un
réinvestissement de tout ce qui a été vu en lecture
et en vocabulaire. Il est donc utile que les élèves
relisent leurs notes de cours et que la synthèse de
séquence ait été faite auparavant.
La couverture, assez mystérieuse, montre un personnage à la tête invisible et au corps assez raide.
On ne sait s’il s’agit d’un enfant ou d’un robot, d’un
personnage en proie à un sortilège ou juste d’un
enfant effrayé. Le soleil étire les ombres, il se couche. Le Muche est-il le surnom du personnage ? Le
nom d’un sorcier ? d’un hypnotiseur ?
5. Et de temps en temps on entend sonner l’horloge d’ébène dans la salle de velours. Et alors,
pour un moment, tout s’arrête, tout se tait, excepté la voix de l’horloge. Les rêves sont glacés, paralysés dans leurs postures. Mais les échos de la
sonnerie s’évanouissent, ils n’ont duré qu’un
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Une action haletante
BILAN
QUESTIONS
8. Le héros semble poursuivi par des monstres qui
le talonnent mais sont moins rapides que lui.
Cependant, Didier est effrayé : « Didier sent cette
boule de peur naître dans son ventre […] glacées »
(l. 6-8), « Cette sensation d’angoisse glaciale !
cette boule de peur […] panique ». (l. 37-38).
Le cadre de l’histoire
9. Le texte est très syncopé, il comporte :
1. L’histoire se déroule la nuit (« Comme chaque
– de nombreuses phrases à l’infinitif par lesquelles
Didier s’exhorte à avancer
– de nombreuses phrases non verbales, fréquemment soulignées par des points d’exclamation
– des points de suspension qui donnent l’impression d’un propos continu gêné par la course.
D. Convard, Le Manoir d’Orleur
p. 36-37
nuit ! Comme toutes les nuits ! », l. 5) dans une
forêt (« Un craquement de branchages » (l. 1).
2. Le bois : « sombre » (l. 2), « la forêt tout autour
n’est qu’une masse noire et menaçante » (l. 15)
Le chemin : « caillouteux » (l. 9), « les ornières »
(l. 18)
La brume : « cette vapeur d’humidité qui charrie
ses odeurs de bois pourri, de mousse rance et de
boue sale » (l. 10-11) ; « ce brouillard trop dense,
trop blanc, ce brouillard de cinéma presque artificiel » (l. 33-34), « une masse cotonneuse…
Vivante ! » (l. 36)
C’est une impression de pourriture, de mort, de
cimetière qui domine. Cependant, certains élèves
habiles comprennent que le personnage cauchemarde et qu’il s’agit effectivement d’un décor de
cinéma comme le suggèrent les clichés et la réitération de « trop » (l. 33).
RÉÉCRITURE
10. Les modifications portent sur les éléments suivants :
– l.1-2 : Je sais déjà que ce sont eux
– l. 2-3 : Ils se dirigent vers moi, dans mon dos…
– l. 6-8 : Je sens cette boule de peur naître dans
mon ventre tel un petit animal qui me dévorera
bientôt tout le corps, me rongeant la chair.
ÉCRITURE
11. Didier tombe… va-t-il être rattrapé et dévoré ?
Va-t-il entendre un « coupez » qui met fin à la prise
de vue ? Va-t-il se réveiller d’un cauchemar récurrent ?
3. Ce cadre crée l’angoisse, la peur.
Narration et personnages
4. Le héros est Didier, qui est nommé.
5. Les autres personnages sont des loups-garous
désignés par des pronoms en italiques : « eux »
(l. 2), « les » (l. 12), « ils » (l. 13). Les italiques
signalent que ces monstres innommables sont
déjà connus. Les expressions « Les trois créatures » (l. 20), « des monstres vulgaires, grossiers et
non achevés » (l. 22) confirment à la fois l’étrangeté et la familiarité.
6. Ils ont de « longs bras » (l. 3), des « membres
difformes » (l. 21), ils sont « grossiers et non achevés » (l. 22). Leur cri est sinistre, ce ne sont pas
des hommes, ce ne sont pas non plus des animaux. Leur cri évoque « toute l’horreur et la peine
du monde » (l. 26), c’est une « plainte effroyable »
(l. 27) qui ressemble au « crissement d’un archet
maladroit » (l. 27).
7. Le narrateur est omniscient : les créatures sortent du bois dans le dos du personnage. On connaît
les pensées du personnage à de nombreux
moments : lignes 6-8, 29-30, 34-36.
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