Elaboration d`un outil d`aide à l`éducation du patient par la
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Elaboration d`un outil d`aide à l`éducation du patient par la
UNIVERSITE JOSEPH FOURIER FACULTE DE MEDECINE DE GRENOBLE Année 2007 Nº Elaboration d’un outil d’aide à l’éducation du patient par la réalisation de 125 fiches d’information et de conseil concernant les motifs de consultations les plus fréquents en médecine générale. THESE PRESENTEE POUR LE DIPLOME DE DOCTEUR EN MEDECINE DIPLOME D’ETAT Mélanie SUSTERSIC Aurélia MENEAU Née le 17 juin 1977 Née le 17 décembre 1978 THESE SOUTENUE PUBLIQUEMENT A LA FACULTÉ DE MEDECINE DE GRENOBLE* Le 9 juillet 2007 DEVANT LE JURY COMPOSE DE : Président du jury: M. le Professeur Jean-Luc DEBRU Membres : M. le Docteur Roger DREMONT, directeur de thèse M. le Professeur Pierre Yves BENHAMOU M. le Professeur Jean-Luc BOSSON M. le Professeur Robert JUVIN M. le Professeur Christophe PISON * La Faculté de Médecine de Grenoble n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses ; ces opinions sont considérées comme propres à leurs auteurs. 1 2 3 REMERCIEMENTS Monsieur le Professeur DEBRU Nous savons quel a été votre engagement pour la médecine générale au sein de la Faculté de médecine de Grenoble. Soyez-en chaleureusement remercié. Vous nous faites l’honneur de présider cette thèse et nous vous en témoignons notre respectueuse gratitude. Monsieur le Professeur BENHAMOU Nous connaissons qu’elle est votre implication dans l’éducation du patient et sommes très honorées de votre présence à ce jury de thèse. Monsieur le Professeur BOSSON Vous nous avez apporté votre patience, rigueur, pertinence dans des domaines aussi variés que possible. De la médecine à la recherche, de l’édition aux statistiques, du laboratoire pharmaceutique au cabinet du généraliste, tout en passant par les réseaux spécialisés… Nous espérons vous revoir très prochainement pour poursuivre cette grande aventure… Monsieur le Professeur JUVIN Vous avez été l’un de nos premiers guides auprès du patient et cela a été précieux dans notre formation. Merci pour votre écoute, votre amour de la littérature et des mots justes, votre côté « rassurant » auprès des patients. Vous nous faites l’honneur de participer à ce jury de thèse et nous vous renouvelons notre reconnaissance et profond respect. Monsieur le Professeur PISON Soyez remercié de votre investissement pour la médecine, qu’il s’agisse de médecine générale ou spécialisée et de votre disponibilité. Votre tourbillon d’enthousiasme est contagieux et nous a revigorées au moment opportun. Vos encouragements n’ont pas été sans impact. Soyez-en chaleureusement remercié. Monsieur le Docteur DREMONT Vous avez accepté d’être notre guide alors que notre travail de thèse commençait à stagner dans une brume matinale. Vous nous avez apporté votre confiance, soyez-en chaleureusement remercié. Merci pour votre disponibilité à toute épreuve. Qu’il pleuve, qu’il vente, que vous soyez en vacances ou au travail, chez vous ou au cabinet médical, à la faculté ou à l’hôpital. Votre écoute et votre rigueur, à faire pâlir les recommandations de l’HAS, resteront un modèle d’exercice pour nous. Un grand merci également à votre épouse. 4 A nos fameux relecteurs, qui ont été les garants d’un travail de qualité. Votre disponibilité nous a aidées à braver les tempêtes, soignez-en chacun remercié : Messieurs les Professeurs : I.Bachelot, O.Chabre, P.Francois, P.Gaudin, P.Pollak, J-P.Stahl. Mesdames et messieurs les Docteurs : S.Alégret, O.Barjhoux, O.Bertelet, S.Bijaoui, A-C.BingLecointe, E. Boulat, A.Buffin, D.Caperan, E.Coquilhat, F.Dalmon, A.Grand, E.Giraud, E.Klein, C.Lecomte, S.Marcel, O.Marchand, S.Marlière, C.Paget , S.Rias…en espérant n’avoir oublié personne. A nos aides statistiques : A. Paris, L. Laborde Nous souhaitons également remercier de tout cœur les personnes qui nous ont accordées avec beaucoup de générosité du temps. A Vincent Baguian, pour ta disponibilité et tes conseils précieux. A nos compagnons de vie, Vincent et Oliv, Oliv et Vincent et à votre soutien dans ce travail de « bricothésardes » et à nos balades futures en moto. A nos familles, à Laure pour ton aide éclairée ; à Alex et Vicky qui êtes trop loin ; à Yvan et ton potager ; à Marie-Josée et tes charlottes aux fraises ; à Auré des Bois et Denis et vos musiques champêtres ; à Arnaud et à ta bague en poil de phacochère ; aux grands-parents ici et là-haut. A Olivier Roux pour ta patience à toute épreuve, tes dessins tendres qui égaillent les fiches et tes cheveux à la « Manu Larcenet ». A Olivier Marchand et Dania Chermand, pour leur relecture utile, leur investissement dans la médecine générale et leur précieuse amitié. A Vincent pour ton soutien, pour ta présence à mes côtés, et le nid que tu nous construis. A nos parents que nous aimons, sans leur avoir jamais beaucoup dit, pour leur soutien, leur confiance. Aux amis de longue date et à nos pérégrinations : Laure, Sophie et Géraldine ; POD le mousquetaire … ; Carine, Amonda, Anne, Sophie Aux amis « tout court » : aux Freds ; Claire et Clairette ; Farah ; G.et Alex ; Ata ; Christophe ; Maud ; Vincents ; Célia et Pascal… Clara et Nico, Gaëlle et Bruno, Caro et Jean et vos merveilles passées et futures… A nos guides : Y.Bachelot; A-L.Benabid… A nos compagnons d’études : à Perrine, Mathieu, Sophie, Raphaëlle, Lydie, Bruno, Sandrine, Clotilde, Cécile, Sev… A l’ISNAR-IMG et à ses membres nouveaux et anciens : merci pour votre investissement pour la médecine générale, pour vos personnalités et riches et variées. A Mansur. A tous ceux qui nous ont apporté amour et amitié… 5 Table des matières I. INTRODUCTION .......................................................................................................... 9 II. ETAT DES LIEUX....................................................................................................... 10 1. PREVENTION, INFORMATION ET EDUCATION DU PATIENT: L’EVOLUTION DES CONCEPTS ......................................................................................................................... 10 A. La prévention en médecine générale ................................................................................... 11 a) b) c) d) B. C. L’approche biomédicale traditionnelle.......................................................................................................11 Depuis quelques années, émerge une approche plus globale de la prévention .............................................12 Le rôle du médecin généraliste..................................................................................................................12 Les obstacles à la prévention en médecine générale ...................................................................................12 L’information du patient ..................................................................................................... 12 L’éducation thérapeutique et l’éducation pour la santé........................................................ 13 a) b) L’éducation thérapeutique.........................................................................................................................13 L’éducation pour la santé ..........................................................................................................................14 2. INTERETS ET LIMITES DES FICHES D’INFORMATION POUR LES PATIENTS (les FIP) PAR UNE REVUE DE LA LITTERATURE ..................................................................... 15 A. Intérêt des fiches d’Information Patient (FIP) ..................................................................... 15 a) b) c) d) e) f) g) h) i) j) B. Les limites des fiches d’information ................................................................................... 18 a) b) c) 3. A. Le document donné doit être ciblé et adapté au besoin de chaque patient ...................................................18 Un constat: les documents patients sont sous-utilisés .................................................................................19 Rompre avec la croyance de certains médecins : non, l’information n’est pas nocive! ................................19 L’INFORMATION ECRITE DISPONIBLE POUR LES PATIENTS : CRITIQUE ....... 20 L’information écrite donnée par le médecin : ...................................................................... 20 a) b) c) d) e) f) B. Les logiciels professionnels.......................................................................................................................20 Les brochures de laboratoires pharmaceutiques .........................................................................................20 Les documents institutionnels ...................................................................................................................20 Les fiches réalisées par les sociétés savantes..............................................................................................21 Les fiches réalisées par la FNCLCC ..........................................................................................................22 Les fiches réalisées par la SFTG................................................................................................................22 L’information en « libre-service » pour les patients ............................................................ 22 a) b) 4. L’information écrite complémentaire : un souhait des patients. ..................................................................15 Les FIP améliorent la compréhension et la connaissance des patients.........................................................15 Les FIP stimulent la discussion et améliorent la relation médecin-patient...................................................16 Pour une meilleure compliance thérapeutique et une meilleure observance médicamenteuse ......................16 Un bénéfice pour le patient et son devenir .................................................................................................17 Une meilleure autonomie et éducation.......................................................................................................17 Une aide pour les patients à leur prise de décision ?...................................................................................17 Des FIP comme alternative à des prescriptions inutiles ? ...........................................................................17 Une aide pour les jeunes médecins à faire leurs premiers pas .....................................................................18 Des fiches faites dans un but juridique comme preuve de l’information donnée..........................................18 Les présentoirs..........................................................................................................................................22 Internet.....................................................................................................................................................23 conclusion : ........................................................................................................................... 26 III. 1. LES FICHES CONSEILS :...................................................................................... 27 APPROCHE METHODOLOGIQUE ................................................................................. 27 2. A. Proposition d’un cahier des charges pour l’élaboration de fiches conseils ........................ 28 Le contenu doit être de qualité et doit correspondre aux attentes des patients ...................... 28 a) Choix des pathologies ...............................................................................................................................28 6 b) c) B. C. D. E. F. G. Les fiches doivent être lisibles et compréhensibles............................................................. 29 Les fiches doivent être de forme attrayante et aidant à la mémorisation............................... 30 Les fiches doivent suivre un circuit de validation................................................................ 31 Certaines informations sont indispensables ......................................................................... 31 Les documents doivent être évalués par les patients ............................................................ 31 Le contenu des fiches doit être mis à jour régulièrement ..................................................... 31 A. B. LE CIRCUIT DE VALIDATION........................................................................................ 32 La validation scientifique :.................................................................................................. 32 L’évaluation de la lisibilité : ............................................................................................... 32 3. a) b) C. D. 4. Choix du type d’information donnée .........................................................................................................28 Sources et références utilisées ...................................................................................................................29 Relecture par un usager.............................................................................................................................32 Utilisation du test de lisibilité de R. Flesch ................................................................................................32 La validation de la mise en page : relecture par un professionnel de la communication ....... 34 Evaluation des fiches auprès des patients par une enquête................................................... 34 MODALITES PRATIQUES DE MISE A DISPOSITION DE L’OUTIL ......................... 35 A. Le document daté du jour de la consultation doit être remis au patient directement par le médecin...................................................................................................................................... 35 B. Il faudrait des fiches disponibles sur support informatique et imprimable au format A4. ..... 35 IV. 1. A. B. RESULTATS :......................................................................................................... 36 LES FICHES ET LEUR REFERENCES............................................................................ 36 Liste des 125 fiches réalisées .............................................................................................. 36 Présentation des fiches........................................................................................................ 38 a) b) C. Le fond.....................................................................................................................................................38 La forme...................................................................................................................................................38 L’apport des professionnels de la communication ............................................................... 39 2. LE RESULTAT DES TESTS DE LISIBILITE .................................................................. 40 V. DISCUSSION.............................................................................................................. 43 1. L’ intérêt du travail et des fiches ......................................................................................... 43 2. Les limites de notre travail................................................................................................... 44 A. Les limites de la méthode : ................................................................................................. 44 B. Les limites des FIP : ........................................................................................................... 45 3. Les eaux troubles… .............................................................................................................. 48 4. Chemin qu’il reste à parcourir ............................................................................................ 49 VI. BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................... 53 ANNEXES 1 à 4 ANNEXES 5 : LES 125 FICHES 57 68 7 ABREVIATIONS ADESS ANDEM AFSSAPS AFSSA ALFEDIAM Association Départementale d’Education Sanitaire et Sociale Agence Nationale pour le Développement de l'Evaluation Médicale Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments Association de Langue Française pour l'Etude du Diabète et des Maladies Métaboliques ANAES Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé BEH Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire CFES Comité Français d’Education pour la Santé CMIT Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales CNGE Collège National des Généralistes Enseignants CNGOF Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français CNOM Conseil National de l’Ordre des Médecins CODES Comité Départemental d’Education pour la Santé CREDES Centre de Recherche, d'Etude et de Documentation en Economie de la Santé DGS Direction Générale de la Santé ENSP European Network for Smoking Prevention ENSP Ecole Nationale de la Santé Publique ESC European Society of Cardiology FNCLCC Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer GINA The Global Initiative for Asthma HAS Haute Autorité de Santé INPES Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé INRS Institut National de Recherche et de Sécurité INSERM Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale InVS Institut de veille sanitaire OMGE Organisation Mondiale de Gastro-entérologie OMS Organisme Mondiale de la Santé PNNS Programme National Nutrition Santé SFC Société Française de Cardiologie SFMG Société Française de Médecine Générale SFTG Société de formation thérapeutique du médecin généraliste SSMG Société Scientifique de Médecine Générale SNFGE Société Nationale Française de Gastroentérologie SOFCOT Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique SOGC Society of Obstetricians and Gynaecologists of Canada, SPILF Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française URCAM Unions Régionales des Caisses d'Assurance Maladie URML Union Régionale des Médecins Libéraux WGO World Gastroenterology Organisation WONCA WORLD World Organization of National Colleges, Academies and Academic Associations of General Practitioners/Family Physicians 8 I. INTRODUCTION A l’heure du multimédia, le patient a accès à une quantité considérable d’informations médicales, qu’il s’agisse de brochures gratuites, de journaux, de campagnes télévisées, de documents disponibles sur Internet. Ces informations n’ont pas toujours un contenu validé par les données de la science ou par des conférences de consensus établies par des sociétés savantes. Elles ne sont pas toujours lisibles, attrayantes ou mises à jour régulièrement. Les sources et les dates de rédaction sont souvent absentes. Face à ces informations multiples, l’usager peut facilement manquer de discernement et se sentir encore plus désorienté. Ainsi, quelle que soit la qualité du document d’information à l’usage du patient, le document ne peut se suffire à lui-même. Celui-ci doit s’inscrire dans le temps de la consultation de médecine générale afin de la compléter ou de la prolonger. Par ailleurs, le médecin généraliste a désormais pour obligation légale d’informer et d’éduquer le patient, ainsi que de l’aider à comprendre sa pathologie. Il doit prendre en compte à la fois le contexte économique, culturel et social du patient sans oublier sa personnalité, les éléments de l’interrogatoire et de l’examen clinique afin d’établir un diagnostic et de choisir le moment opportun pour lui délivrer une information, qu’elle soit orale et/ ou écrite. Les patients expriment-ils un réel besoin d’information écrite en complément de l’information orale donnée par le médecin ? Existe-il un (des) outil(s) d’information et d’éducation des patients utilisable(s) par le médecin généraliste pendant le temps de la consultation ? Répondent-ils aux critères qualité définis par la Haute Autorité de Santé (HAS), par l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES) et par les professionnels de la communication, tant sur le plan du contenu que de la forme ? Dans le cas contraire, n’y aurait-il pas un intérêt à élaborer un tel outil en respectant un cahier des charges préétabli ? 9 L’objectif de ce travail est de : Ø redéfinir l’importance de l’information écrite en complément de l’information orale donnée aux patients dans la pratique médicale actuelle ; Ø définir un cahier des charges de fiches idéales (choix du contenu, de la forme) permettant d’informer sur les pathologies de médecine générale ; Ø réaliser les fiches ; Ø définir une méthodologie et un circuit de validation afin de les adapter aux objectifs ; Ø effectuer les modifications nécessaires après passage par un circuit de validation ; Ø élaborer une stratégie de diffusion et de mise à disposition du document. II. ETAT DES LIEUX 1. PREVENTION, INFORMATION ET EDUCATION DU PATIENT: L’EVOLUTION DES CONCEPTS Même si les concepts de « prévention » et d’« éducation à la santé » apparaissent dès 1948, la mise en application d’une médecine les intégrant dans sa pratique quotidienne est récente en France. En effet, dès 1948, la santé est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé ( OMS) comme « un état complet de bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’invalidité »[1]. En 1978, la conférence d’Alma Ata [2] souligne la responsabilité des différents gouvernements dans la santé de leur population en régissant les facteurs socioéconomiques du pays et l’accès à l’alimentation, l’éducation et le logement. La Charte d’Ottawa (1986) définit différentes stratégies fondamentales pour une promotion de la santé qui vise l’égalité en matière de santé [3]. Cette charte met en exergue l’importance de donner à chaque individu les informations nécessaires à son jugement afin de prendre les décisions adéquates sur sa propre santé. Enfin, la conférence de Jakarta [4] confirme l’efficacité des mesures prises. La promotion de la santé est définie par l’OMS [1] comme « le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celleci ». Le concept de santé s’envisage désormais en incluant dans la démarche médicale les dimensions de “prévention” et d’“éducation à la santé” et en prenant en compte le contexte politique, économique et social du pays [1-5]. 10 En France, l’orientation s’est faite vers une médecine essentiellement curative, au détriment de la prévention et ce, par comparaison à d’autres pays européens tel que la Suède [6]. Bien que l’on note depuis quelques années un intérêt politique nouveau pour la prévention avec notamment l’inscription d’un chapitre « politique de prévention » dans le code de la santé publique par la loi du 4 mars 2002 [7], la prévention en France n’en est qu’à ses balbutiements. On note encore de fortes inégalités socio-économiques vis-à-vis de la prévention [8]. A. La prévention en médecine générale a) L’approche biomédicale traditionnelle Traditionnellement, la prévention se fait au travers d’une approche biomédicale. Celle-ci s’attache à prévenir les risques liés à la maladie. D’après l’OMS, « la prévention comprend des mesures qui visent non seulement à empêcher l’apparition de la maladie, telle que la lutte contre les facteurs de risque, mais également à en arrêter les progrès et à en réduire les conséquences » [1]. Cette prévention s’établit sur trois niveaux : La prévention primaire comprend tous les actes destinés à diminuer l’incidence d’une maladie dans une population, donc à réduire le risque d’apparition de cas nouveaux. Elle fait appel à des mesures de prévention individuelle (hygiène corporelle, alimentation, activité physique et sportive, vaccinations…) et collective (distribution d’eau potable, élimination des déchets, salubrité de l’alimentation, vaccination, hygiène de l’habitat et du milieu de travail…). La prévention secondaire comprend « tous les actes destinés à diminuer la prévalence d’une maladie dans une population, donc à réduire la durée de l’évolution de la maladie ». Elle prend en compte le dépistage précoce et le traitement des premières atteintes [1] [5] [9]. Enfin, la prévention tertiaire comprend tous les actes destinés à diminuer la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives dans une population, donc à réduire au maximum les invalidités fonctionnelles consécutives à la maladie. Cette conception étend la prévention au domaine de la réadaptation : elle cherche à favoriser la réinsertion professionnelle et sociale [10]. 11 b) Depuis quelques années, émerge une approche plus globale de la prévention La prévention envisage l’influence de divers facteurs sur l’état de santé des individus, notamment des facteurs sociaux et économiques. Cette approche est plus conforme à la définition de la santé retenue par l’OMS, qui avait affirmé dès 1948 que « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et non point seulement l’absence de maladie ou d’infirmité » [6]. c) Le rôle du médecin généraliste En tant que spécialiste des soins primaires, le médecin généraliste a un rôle fondamental dans la mise en place d’une prévention individuelle prenant en compte à la fois l’histoire mais aussi les conditions socio-économiques de chaque patient [9]. d) Les obstacles à la prévention en médecine générale Selon Gosselain, il existe cependant des obstacles à la prévention en médecine générale. Pour lui, « les premiers obstacles sont inhérents au système de santé : prépondérance du modèle biomédical, clivage du préventif et du curatif, formation inadéquate des praticiens ne leur ayant pas permis de développer une culture de la prévention, mode de paiement à l’acte. Les institutions préventives spécialisées déresponsabilisent souvent de fait les médecins généralistes qui se sentent mis à l’écart de leurs responsabilités, empêchés de suivre ces patients à long terme. Un autre volet d’obstacles est lié à la relation entre les praticiens et les patients. « Le motif de la consultation ne permet pas de proposer tel acte préventif » disent les médecins qui sous estiment leur grande influence sur le comportement des patients et la demande implicite des patients pour plus de prévention » [11]. En 2006, une enquête de l’URML PACA auprès de médecins généralistes de la région donnait comme obstacles à la prévention avancés par les médecins : le manque de temps (pour 66,4 % d’entre eux), l’absence de rémunération spécifique pour cette activité (34,9 %), la résistance des patients (33,8 %), le manque de formation (27,5 %) et un sentiment d’inefficacité (17,7 %) [12]. B. L’information du patient Il est révolu, le temps de la médecine à « monarchie absolue » où le médecin prenait seul les décisions concernant son patient. Désormais, l’évolution des mentalités puis des textes de loi a dessiné les contours d’une médecine où l’information du patient est peu à peu devenue « une 12 obligation pour le praticien, un droit pour le patient et une garantie pour la qualité des soins » [13]. C’est ensemble que patients et médecins doivent décider des orientations thérapeutiques à prendre. Depuis les années 1950 s’est amorcé un réel questionnement sur les droits du patient. Ce mouvement s’accentue jusqu’à la fin du XX ème siècle plutôt dans les pays anglo-saxons et en Europe du Nord. L’information du patient est estimée comme importante pour diminuer l’anxiété et l’insatisfaction. Elle est considérée comme un droit dans certains pays (Suisse et Royaume-Uni en 1992). En France, se succèdent un certain nombre de textes de loi pour aboutir à celui du 4 mars 2002 [7]. L’article L1111-2 y précise que « toute personne a le droit d’être informée de son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui lui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents et graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences possibles en cas de refus ». De nombreux textes appuient ces mêmes principes: L’arrêt Hédreul du 25 février 1997 [14] où il incombe au médecin de prouver qu’il a exécuté l’obligation d’information [15]. Le code de déontologie médicale [16] avec dans l’Article 35 : « Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhension. ». La chartre du patient hospitalisé [17] qui évoque une information « simple, accessible, intelligible et loyale à tous les patients ». Le manuel d’accréditation de l’ANAES de 2004 [18]. Les recommandations de l’ANAES de mars 2000 où l’information entre dans la démarche qualité des soins. [19]. C. L’éducation thérapeutique et l’éducation pour la santé a) L’éducation thérapeutique Il s’agit d’un concept en plein essor qui vise à optimiser la prise en charge de la pathologie et de son traitement en impliquant le patient dans la gestion de ses soins. La mission de l’éducation thérapeutique est de faire comprendre au patient les enjeux d’un traitement bien suivi et de favoriser l’observance, la régularité des consultations et la surveillance, de le sensibiliser à reconnaître une 13 recrudescence des symptômes et d’éviter les rechutes et récidives en faisant appel de façon adéquate aux différents intervenants. « Elle est censée responsabiliser et autonomiser le patient » [13]. Elle impose en premier lieu une éducation à la maladie [20]. Le diagnostic éducatif est la première étape de la démarche éducative. Il s’élabore progressivement et il est évolutif. Il permet de définir les compétences que le patient est amené à acquérir par l’éducation thérapeutique. Il repose sur une approche pluridimensionnelle du patient (biomédicale, socioprofessionnelle, cognitive…) et intègre le projet du patient [21]. b) L’éducation pour la santé Selon l’OMS, « L’éducation pour la santé comprend la création délibérée de possibilités d’apprendre grâce à une forme de communication visant à améliorer les compétences en matière de santé, ce qui comprend l’amélioration des connaissances et la transmission d’aptitudes utiles dans la vie, qui favorisent la santé des individus et des communautés » [1]. Au-delà de la soumission à la norme, l’éducation à la santé a pour but de favoriser, chez l’individu, un engagement libre et choisi en matière de santé [6]. Ainsi, la consultation en médecine générale devient le point de rencontre entre les compétences professionnelles du médecin et les aptitudes du patient. Elle a pour objectif de mettre à la portée de tous l’information nécessaire à des choix adaptés à la santé présente et future. L’éducation va donc se faire à deux niveaux : une éducation à la maladie et une éducation thérapeutique. Elle vise à permettre à chacun de : - Modifier ses comportements de manière à les rendre plus conformes à ses besoins de santé. - Connaître les possibilités du dépistage systématique. - Etre attentif à d’éventuels symptômes avant-coureurs permettant un diagnostic précoce. Alors que l’éducation de masse se fait lors de vastes campagnes de communication sur la prévention, l’éducation individuelle doit être ciblée et se fait de manière progressive, au cours d’une consultation médicale, moment de dialogue privilégié. L’OMS a rédigé en 1998 un manuel qui propose des recommandations sur les programmes de formation continue des professionnels de soins dans le domaine de la prévention des maladies chroniques. Au niveau national, l’HAS considère l’éducation du patient comme une partie intégrante de la gestion de certaines affections chroniques ( diabète, la migraine…). 14 2. INTERETS ET LIMITES DES FICHES D’INFORMATION POUR LES PATIENTS (LES FIP) PAR UNE REVUE DE LA LITTERATURE Il arrive que l’information orale soit mise en défaut et c’est pourquoi de nombreux auteurs recommandent d’y associer une information écrite [22]. Cependant, quels sont concrètement les bénéfices apportés par l’écrit ? Quelles en sont les limites ? Pour répondre à ces questions, nous nous sommes appuyées sur une revue de la littérature exhaustive intitulée « A pil for every ill » [23] datant de 1990 ainsi que par l’analyse d’articles plus récents cités plus loin. A. Intérêt des fiches d’Information Patient (FIP) a) L’information écrite complémentaire : un souhait des patients. Les patients sont de plus en plus demandeurs d’informations concernant leur propre santé [24] (pathologies, traitements et effets indésirables) [25] [26]. Ce phénomène concerne également les personnes atteintes de maladies graves. Ainsi, 87 % des patients en cours de traitement pour un cancer préfèrent avoir une information aussi complète que possible sur leur maladie [27]. De la même manière, au Kansas en 2001, sur 2500 patients qui sont venus consulter dans plusieurs cliniques générales, 73,4% estimaient que les médecins ne devaient retenir aucun type d’information [25]. En 1998, les 2000 patients ayant répondu à une enquête réalisée par le Ministère de la Santé en France ont mis clairement en évidence leur insatisfaction en matière d’information de façon générale [5]. La plupart des patients sont demandeurs d’informations écrites à consulter chez eux [25]. Weinman confirme le besoin, l’utilisation et la valeur ajoutée des brochures pour les patients [28]. Ses études révèlent que 75 % des patients souhaitent une information écrite accompagnant le traitement et que 80 % d’entre eux la lisent. Une étude américaine montre que 90 % des patients veulent une information écrite accompagnant la consultation [29]. En Grande-Bretagne, Little montre que fournir une fiche d’information écrite lors de la consultation améliore sensiblement la satisfaction des patients et ce, surtout lors des consultations brèves [30]. b) Les FIP améliorent la compréhension et la connaissance des patients. Il est bien connu que les patients oublient ou se méprennent sur ce qui est dit lors de la consultation. Cet aspect est un enjeu important de la relation médecin-patient. Une étude montre qu’en moyenne, les patients ont oublié la moitié de ce qui s’est dit cinq minutes après avoir quitté la consultation 15 [31]. En général, les patients retiennent 20 % de ce qu’ils ont entendu mais ceci augmente jusqu’à 50 % si on y associe un complément d’information visuel ou écrit [31]. De plus, il existe une discordance entre l’information fournie déclarée par le médecin et celle perçue ou comprise par le patient [31]. L’information écrite permet de renforcer ce qui a été dit durant la consultation [32]. Le patient peut s’y référer dans un second temps sans le stress de la consultation et « se rafraîchir la mémoire » sur ce qui a été dit [33]. Les informations écrites permettent d’améliorer les connaissances des patients. Ainsi, des femmes ayant une contraception oestroprogestative connaissent mieux les facteurs d’échec de la contraception après avoir eu une information écrite [34]. Les FIP peuvent également avoir un effet sur les habitudes de vie [35]. c) Les FIP stimulent la discussion et améliorent la relation médecin-patient Sur un sondage de 400 médecins, 94% pensent que les brochures d’information facilitent le dialogue, 86% qu’elles permettent d’aborder plus facilement certains sujets délicats, 81 % qu’elles favorisent le dépistage [24]. Donner des FIP au cours de la consultation peut permettre d’ouvrir à la discussion lors d’une prochaine consultation sur ce que le patient aura pu lire, ou sur les interrogations que la fiche aura pu lui susciter. De plus, encourager les patients à poser des questions au médecin augmente la sensation d’une bonne communication pendant la consultation, ainsi que la satisfaction générale et cela sans augmenter significativement le temps de la consultation [36]. Une meilleure communication via l’information écrite augmente la satisfaction des patients. Elle est source de confiance réciproque entre le médecin et son patient [37]. Fournir au patient de la littérature peut être vu comme un signe de respect et d’attention, même si le patient ne la lit pas [38]. Le simple fait de donner une information écrite encourage en soi la relation de confiance médecinpatient. d) Pour une meilleure compliance thérapeutique et une meilleure observance médicamenteuse Les informations écrites permettent au patient de se remémorer les conseils [39] [40] ce qui améliore la compliance thérapeutique et l’observance médicamenteuse [28] [37]. Pour cela, ces informations doivent être délivrées au rythme de consultations répétées [37] [41]. 16 e) Un bénéfice pour le patient et son devenir La logique suggère un meilleur devenir du patient et de sa pathologie [42]. Une évaluation de brochures concernant les rhumatismes articulaires et les arthrites révèle qu’une information plus complète des patients diminue la douleur et la dépression associée. En effet, plus les patients sont éduqués, plus ils sont aptes à participer à leur propre prise en charge et à en devenir acteurs. De même, un livret d’information sur la douleur donnée à des patients en oncologie a permis une amélioration des connaissances qui s'accompagnait d'une amélioration du contrôle de la douleur [43]. f) Une meilleure autonomie et éducation Améliorer l’éducation des patients peut augmenter leur autonomie et réduire les consultations répétées pour un problème récurrent. Ceci a été prouvé par une étude concernant les consultations pour les maladies infantiles. De même, concernant les lombalgies en médecine générale, une bonne éducation permet de diminuer le nombre de consultations itératives [39]. Impliquer les patients dans leur prise en charge permet donc de réduire les consultations répétées et la sur-prescription. Par ailleurs, dans les pathologies au long cours [37], il est même retrouvé jusqu’à 75 % d’inobservance, ce risque augmentant avec la durée du traitement et l’ancienneté de la rémission. Les conséquences cliniques et économiques sont manifestes (réhospitalisation, rechutes et réintroduction médicamenteuse qui représentent un enjeu en terme de santé publique) . g) Une aide pour les patients à leur prise de décision ? Dans trois études Degner and Sloan (1992), Degner et al (1997) and Davison et al (1995) : 12 à 22 % des patients souhaitent prendre seuls les décisions concernant leur traitement ; 23 à 44 % souhaitent une décision partagée avec leur médecin ; 34 à 59 % préfèrent laisser l’entière décision à leur médecin [45]. Les patients recherchent activement de l’information pour satisfaire leur besoin d’autonomie, mais cela n’induit pas forcément une participation dans la prise de décision [46]. h) Des FIP comme alternative à des prescriptions inutiles ? Un médecin devrait prescrire par nécessité médicale. Or 22 % des médecins généralistes [47] font des prescriptions sans que cela ne soit indispensable [48]. 17 Souvent, ils le font, pensant que le patient souhaite une prescription [49]. Mais, cette pression ressentie ne correspond pas toujours aux véritables souhaits des patients [30]. Parfois, la prescription est une stratégie pour mettre un terme à une consultation [50]. Par ailleurs, il est montré que les brochures d’informations permettent de limiter la sur-prescription d’antibiotiques dans les bronchites aiguës de l’enfant [51] et de diminuer significativement la prise d’antibiotiques dans les bronchites aiguës de l’adulte [52]. Les FIP aident au changement des habitudes de prescriptions des médecins [51]. Une fiche d’information peut donc être une aide et une alternative utile à des prescriptions inadaptées. i) Une aide pour les jeunes médecins à faire leurs premiers pas Les FIP peuvent aider les jeunes médecins, en leur apportant des conseils pratiques utiles aux patients. Idéalement, il faudrait que le contenu des fiches corresponde à ce qui s’est dit lors de la consultation. En pratique, certains points ont pu être oubliés et il est rassurant, surtout lorsque l’on débute sa carrière, de disposer d’un document ayant été pensé préalablement par d’autres professionnels de la santé. j) Des fiches faites dans un but juridique comme preuve de l’information donnée Suite à l’arrêt Hédreul du 25 février 1997 [7], où il incombe au médecin de prouver qu’il a exécuté l’obligation d’information [15], le Conseil National de l'Ordre des Médecins a recommandé aux sociétés savantes de proposer à leurs membres des fiches d'informations standardisées correspondant aux principaux actes médicaux et chirurgicaux [53]. Parmi les sociétés savantes qui ont répondu, il n’y en avait aucune de médecine générale [19]. Presque le tiers des fiches d’information produites (6/21) avaient pour but d’être « avant tout une modalité de preuve pour les médecins ». B. Les limites des fiches d’information a) Le document donné doit être ciblé et adapté au besoin de chaque patient MEREDITH écrit : « Nous savons que le public ignore la plupart de la littérature relative à la santé. Malgré la quantité de documents, très peu sont utilisés car probablement, incompris ». 18 D’après EBUDD et MAC CRON , la littérature d’information générale sur la santé est peu lue mais les items spécifiques le sont davantage par les personnes concernées par la pathologie. L’important est de donner une information à la personne concernée. Une bonne information écrite peut de plus, procurer le goût d’être mieux informé. b) Un constat: les documents patients sont sous-utilisés Une étude à grande échelle au Québec montre le peu d’utilisation par les médecins des fiches d’information sur les vaccins fournies dans l’étude [54]. Une étude danoise [55] montre que 97 % des médecins généralistes utilisent du matériel éducatif mais que seulement 34 % l’utilisent de façon quotidienne et que 20 % l’utilisent moins d’une fois par mois. Environ 10 items seulement sont concernés par cette information écrite. La raison invoquée par les médecins est que les patients ne l’auraient pas lue ou qu’elle n’était pas nécessaire. Une autre est le rejet d’utiliser des documents produits par des laboratoires pharmaceutiques. Il existe un conflit entre le désir des patients d’obtenir plus d’informations écrites [92] et le souhait des médecins d’une distribution plus contrôlée de l’information [25]. c) Rompre avec la croyance de certains médecins : non, l’information n’est pas nocive! Certains praticiens ont une certaine réticence à informer leurs patients et ce, de peur de les effrayer inutilement et de diminuer l’observance. En effet, 75% des 543 généralistes ou internistes Belges s’attendent à ce que les patients ressentent des effets secondaires s’ils lisent la notice [56].Mais ce n’est pas le cas. Une bonne information réduit le stress et n’augmente pas les effets secondaires des traitements [57] [28]. Il n’y a pas, à notre connaissance, d’études montrant que l’accroissement des connaissances diminuerait l’observance au traitement. Pourtant, il a bien été montré qu’une information exhaustive incluant les effets secondaires n’augmentait pas de façon significative les ruptures de traitements [58]. De même, l 'information écrite (notamment sur les complications) ne fait pas augmenter l' anxiété et augmente la connaissance et la satisfaction des patients [59] [60]. 19 3. L’INFORMATION ECRITE DISPONIBLE POUR LES PATIENTS : CRITIQUE Comme nous l’avons vu précédemment, les patients sont demandeurs d’information écrite en complément de l’information orale dispensée par leur médecin. Mais de quel matériel disposent les médecins afin de répondre à cette demande ? Et quelles sont par ailleurs les informations écrites directement accessibles au patient ? A. L’information écrite donnée par le médecin : a) Les logiciels professionnels De nombreux logiciels médicaux proposent des fiches d’information toutes faites et/ou offrent la possibilité pour le médecin d’en rédiger. Les avantages Les fiches sont personnalisables, évolutives et flexibles. Leur utilisation est très facile puisque les fiches sont intégrées au logiciel de gestion du dossier-patient et donc directement accessible au médecin lors de la consultation. Les limites Bien souvent, les fiches ne contiennent pas la date de rédaction, le nom de l’auteur, ni les sources utilisées. Elles n’ont pas répondu à un score de lisibilité et leur contenu n’a pas été validé par un comité scientifique. La présentation est peu soignée rendant la fiche peu attractive. Enfin, ces fiches n’ont pas été testées auprès des patients. b) Les brochures de laboratoires pharmaceutiques Les avantages Les documents sont réalisés par des équipes pluridisciplinaires faisant intervenir des médecins, des pharmaciens, des informaticiens, des infographistes et des professionnels de la communication. Les fiches sont en général attractives, en couleurs, illustrées. Les limites Patients et médecins ont une confiance limitée envers les brochures élaborées par les laboratoires pharmaceutiques [24]. Et ce, de part leur intérêt financier à promouvoir tel traitement plutôt que tel autre. De plus, les sources ne sont pas toujours précisées. Enfin, les formats variés rendent le stockage et l’utilisation difficile en pratique courante. c) Les documents institutionnels Prenons comme exemple les documents éducatifs réalisés par l’INPES concernant l’alcool, le tabac, le mal de dos, le cannabis. 20 Les avantages Les documents sont réalisés en respectant une méthodologie rigoureuse. Il existe des documents adaptés au public visé (exemple des brochures spécifiquement destinées aux jeunes). Les documents existent sous plusieurs formes : flyers, brochures d’information exhaustives, véritables outils d’aide à l’arrêt du tabac ou de l’alcool. Ainsi, le message éducatif peut être délivré de différentes manières selon les besoins du patient. Les limites Les documents ne concernent que certaines thématiques, découlant directement des programmes nationaux de prévention. Leur utilisation n’est pas optimale en pratique courante. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : les médecins sont peu informés du matériel mis à leur disposition (en 2003, un médecin sur deux ne se considérait pas bien informé à ce sujet) [24] ;ces guides nécessitent une forte implication des médecins afin de pouvoir les utiliser ;la plupart des médecins jugent que l’information émanant des pouvoirs publics est de moyenne qualité [24]. Nous nous sommes d’ailleurs rendues à Chambéry à une annexe de l’ADESS Savoie (Association Départementale d’Education Sanitaire et Sociale), où nous avons rencontré différents intervenants (médecins et non-médecins) impliqués dans la prévention. Ces derniers ont créé localement leurs propres flyers et brochures d’informations car d’après leurs retours des patients, celles fournies par l’INPES ne leur paraissaient pas toucher suffisamment la population ciblée. d) Les fiches réalisées par les sociétés savantes En 2000, sur 59 sociétés savantes ayant répondu à l’ANAES, 70 % avait fait ou envisageait de faire des fiches d’informations pour les patients [61]. Les avantages Les informations données sont validées par les professionnels concernés. Les limites Le langage reste souvent trop savant et ne se met pas à la portée de tout le monde. Les documents produits sont rarement évalués auprès des patients. Il s’agit en général de fiches très spécialisées et ne concernant pas les problèmes rencontrés en médecine générale (ex. fiches d’information expliquant certaines interventions chirurgicales…). Plusieurs études anglo-saxonnes montrent que les fiches d’information ne sont pas comprises par un grand nombre de patients. D’après leurs résultats aux tests de lisibilité, 64 % d’un panel de 1000 fiches de soins palliatifs ne seraient comprises que par 40% de la population britannique estimée [62]. 21 e) Les fiches réalisées par la FNCLCC La Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC) élabore depuis 1998 des documents d’information à l’intention des patients atteints de cancer et de leurs proches. Les documents sont disponibles dans les centres de lutte contre le cancer. Les avantages Les documents sont élaborés avec la collaboration des patients et répondent donc à leurs besoins d’information. Les données sont validées par des professionnels de la santé et compréhensibles par les patients. Les documents sont datés, réactualisés régulièrement. Les limites Les documents existent surtout sous forme de brochures au minimum d’une dizaine de pages et concernent une population déjà atteinte de la pathologie cancéreuse. Ces documents sont peu propices à la consultation de médecine générale où l’enjeu est avant tout la prévention primaire. f) Les fiches réalisées par la SFTG A notre connaissance, la société de formation thérapeutique du médecin généraliste est la seule société savante française de médecine générale à avoir élaboré un panel de documents-patients. Les avantages Les pathologies abordées sont celles rencontrées en médecine générale. Les sources et la date de rédaction sont précisées. Les limites Les dernières mises à jour remontent à 2004 et il semblerait qu’il n’y en ait pas d’autres de prévues. Les fiches sont visuellement peu attractives et ne tiennent généralement pas sur un format A4. B. L’information en « libre-service » pour les patients a) Les présentoirs Certains, sont fournis gratuitement aux médecins, pharmaciens qui le désirent. Ils comportent des brochures d’origines diverses : associations de patients, associations savantes, institutions, assureurs mais également industrie pharmaceutique et agro-alimentaire. Les avantages Ils sont source de satisfaction de la part des médecins et des patients. Ils stimulent la discussion entre le médecin généraliste et son patient [24]. Les limites Certaines brochures sont à but commercial. Leur contenu peut donc être discutable. Les informations ne sont généralement ni validées, ni datées. 22 b) Internet (i) Une source d’information en plein essor. En France, sur 1000 personnes interrogées en 2001, 5 % utilisaient Internet comme moyen d’information sur la santé. Ce taux était de 10 % chez les moins de 35 ans [63]. En 2003, il atteignait 25 % de 620 interrogés [24]. Bien qu’en augmentation, cette source d’information reste encore d’usage limité en France, comparé à d’autres pays comme les Etats-Unis ou les pays nordiques, où l’équipement informatique Internet des ménages y est plus élevé (40 % des ménages contre 12 % en France en 2000) [64]. (ii) Les sites santé Il en existe un grand nombre. D’après la DGS, en 1999, sur 30 000 sites médicaux référencés, il y en avait 3000 francophones [67]. En 2005, 10 000 sites et documents santé francophones étaient référencés [65]. Les informations délivrées sont très hétérogènes : site commercial, gouvernemental, universitaire, sites d’associations, pages personnelles de médecins… La qualité des informations y est très variable et nécessiterait d’être améliorée y compris pour les sites universitaires [18][28][65]. De plus, il n’y a pas de corrélation entre la qualité du contenu et la qualité du site [37][38][65]. Il est donc difficile pour tout utilisateur de déterminer ce qui est utilisable et de contenu validé. Les avantages L’accessibilité à l’information au moment souhaité, la possibilité de trouver davantage d’informations que sur d’autres supports, tout en restant anonyme et sans avoir à communiquer avec quiconque [66]. Les limites Un des problèmes majeur est celui de la fiabilité scientifique, du charlatanisme, d’informations trop nombreuses et mal hiérarchisées [67]. Les sources et les dates de mises à jour sont rarement indiquées (une étude de l’US Department of Health and Human Services a montré que seulement 4% des sites santé visités effectuent régulièrement des mises à jour) [66]. Les internautes peuvent se sentir frustrés par la quantité d’information proposée sans y trouver l’information cherchée [68]. La grande majorité des internautes se dit préoccupée par le fait de consommer de l’information provenant d’une source non fiable [66]. Cependant, seuls 15 % des internautes qui cherchent des informations de santé aux Etats-Unis vérifient à chaque fois les sources et dates des informations. Les trois quarts ne le font quasi-jamais. L’absence de contrôle institutionnel possible des informations sur Internet, nécessiterait que chacun ait des capacités de discernement. 23 Exemples d’une recherche sur google : Equation de recherche: « bronchite aiguë » le 02/06/2007. Nombre de réponses obtenues :174 000. 1ère réponse : site canadien « passeportsante » http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=bronchite_aigue_pm Le nom des auteurs, la date de mise à jour ainsi que les sources sont précisés. Cependant, on peut émettre une réserve quant à la validité scientifique des sources puisqu’elles concernent également la phytothérapie, ou d'autres thérapies alternatives qui n’ont pas été évaluées par des études cliniques de bonne qualité. 2ème réponse : http://www.splf.org/gp/dossier-documents/bronch-aigues.html La page se trouve sur le site de la société de pneumologie de langue française. Le nom des auteurs, la date de mise à jour ainsi que les sources ne sont pas précisés. 3ème réponse : Université catholique de Louvain http://www.md.ucl.ac.be/infect/antiinfectieux/PTS/infections-respiratoires/bronchite/PTS-respibronchite-aigue.html On ne sait pas quel est le public visé, les termes sont trop médicaux pour être compris des patients. Les sources, la date de dernière mise à jour et les auteurs sont indiqués. 4ème réponse : http://www.lasante.be/maladies/bronchite_aigue.htm La date de mise à jour est indiquée mais pas le nom de l’auteur. Les sources ne sont pas notées alors que d’après le guide de conduite du site, « La source des données diffusées sur le site est explicitement citée ». La première réponse valide sur le plan scientifique, comprenant la date de rédaction, les auteurs était située à la 7ème position mais il ne s’agissait pas de documents destinés aux patients. Il s’agissait d’un document du Conseil Scientifique du Luxembourg pour les médecins. Evoquons également, doctissimo (http://www.doctissimo.fr), le site santé le plus visité en France. (1 million de visiteurs par mois en 2003 [97] et 4,8 millions de visiteurs par mois en 2007 [98]). Sur une recherche « hypertension artérielle » effectuée sur google le 02/06/2007, le 2ème lien indiqué est sur doctissimo. On y trouve sept pages d’informations assez exhaustives sur l’hypertension, mais non hiérarchisées. Les auteurs sont indiqués. Il n’y a ni date de rédaction, ni références. La présence de nombreuses publicités nous confirme qu’il s’agit bien d’un site à caractère commercial. 24 (iii) L’évaluation de la qualité des informations sur Internet L’inconvénient majeur d’Internet est l’impossibilité de pouvoir exercer un contrôle sur l’information qui y circule. Une alternative serait d’envisager une labellisation des sites. En attendant que les instances politiques la mettent en place, plusieurs initiatives internationales cherchent depuis une dizaine d’années à définir des critères d’évaluation de la qualité des informations sur Internet. Ils restent peu connus du grand public. • Netscoring® [65], par exemple, définit 49 critères de qualité tels que la crédibilité, le contenu, les hyperliens, le design, l’interactivité, les aspects quantitatifs, la déontologie et l’accessibilité. • Discern [96], un questionnaire simple, permet à l’usager d’évaluer la qualité des informations concernant les choix thérapeutiques. • La HON code, initiative internationale basée à Genève, est la plus ancienne et plus connue des initiatives. Elle consiste en une charte de qualité de 8 critères qui définissent un ensemble de règles conçues pour s’assurer que le lecteur connaisse toujours la source et la finalité des informations qu’il consulte. Il ne s’agit pas d’une certification ni d’une évaluation de la qualité de l’information mais uniquement d’un code de bonne conduite. Le site www.hon.ch, propose une base de donnée et un moteur de recherche de sites de santé qui adhèrent à la charte. Les utilisateurs des sites labellisés HON peuvent être assurés que le site a été développé en accord avec la charte [69]. Les internautes qui connaissent l’existence de HON sont une minorité. Si l’on regarde les statistiques figurant sur le site HON, moins de 500 000 utilisateurs ont visité le site en novembre 2005 [70] [71] . 25 4. CONCLUSION : Une bonne pratique devrait inclure, aussi souvent que possible, un matériel éducatif écrit même si l’explication verbale est primordiale. Il y a un impact des FIP sur la prise en charge des patients. Les patients sont demandeurs de FIP et les utilisent [23]. Celles-ci ont un impact plus important si elles sont délivrées par le médecin [24], d’autant plus que les conseils du médecin sont plus souvent l’élément déclencheur d’un changement concernant les habitudes de santé que d’autres sources d’information [24]. Pourtant, les FIP sont sous-utilisées par les médecins et ceci pour plusieurs raisons: • il existe une croyance empirique d’une potentielle nocivité de ces dernières ; • de nombreux documents sont produits par des laboratoires pharmaceutiques ; • l’hétérogénéité des supports rend leur stockage difficile ; • la nécessité de surveiller les “dates de péremption” des documents ; • l’absence de documents à la fois facile à utiliser et répondant à des critères qualité. Bien qu’Internet et les médias soient une source d’informations non négligeable pour les patients, le médecin reste l’interlocuteur privilégié, celui en qui ils ont le plus confiance (97% des interrogés font confiance à l’information donnée par leur médecin) [24]. Devant cette carence de document-patients utilisables par le médecin généraliste, à la fois validés scientifiquement, précisant les références utilisées, lisibles et attractifs, nous allons tenter de réaliser des FIP répondant à l’ensemble de ces critères. 26 III. LES FICHES CONSEILS : 1. APPROCHE METHODOLOGIQUE Pour la conception d’un document à l’usage des patients ou des usagers, nous avons établi un cahier des charges inspiré du guide méthodologique de l’HAS de 2005, [72] d’un questionnaire d’évaluation des documents patients élaboré par l’INPES [73] et d’articles pertinents sur le sujet [45-72-89-90-92]. Ces articles ont été trouvés en faisant une recherche sur MEDLINE, sur les revues systématiques COCHRANE, sur des journaux s’intéressant à l’éducation des patients comme Patient Education and Counseling, ainsi que sur la base de donnée du Centre Régional de Documentation Pédagogique. Les termes utilisés pour la recherche étaient « leaflet», « patient information leaflet », « pamphlets », « lisibility », « health literacy », « literacy », « patient education handout », « lisibilité rédactionnelle », « lisibilité », « fiches d’information ». Nous avons également recherché site par site avec les mêmes mots clés, les articles en références d’articles ou de thèses pertinentes sur le sujet. Le but de ces fiches est d’informer, prévenir, éduquer, améliorer l’observance au traitement et participer à l’éducation thérapeutique. Plus concrètement et selon l’intitulé de la fiche, l’objectif est : - d’améliorer le niveau de connaissances du patient ; - de comprendre le but, les bénéfices des traitements envisagés ; - de prévenir un risque, une maladie, des complications, des rechutes; - de rappeler les conseils du professionnel de santé; - d’aider dans le choix de participer à un dépistage, d’accepter une investigation, un traitement, un soin. 27 2. PROPOSITION D’UN CAHIER DES CHARGES POUR L’ELABORATION DE FICHES CONSEILS A. Le contenu doit être de qualité et doit correspondre aux attentes des patients a) Choix des pathologies Après une réflexion sur la pertinence du choix des pathologies, c'est tout d’abord l'argument de "fréquence" qui a été retenu, basé sur la liste des résultats de consultation établie par la SFMG (annexe 1). Les résultats de consultation sont des termes qui décrivent les situations cliniques les plus fréquentes en médecine générale [25]. Ils sont l’expression de la synthèse faite par le médecin généraliste, lors d’une consultation, avant de prendre ses décisions [74]. Dans un second temps : Ø nous avons procédé au regroupement de certains motifs de consultation voisins (tels que « varices » et « jambes lourdes») ; Ø nous avons éliminé des items trop flous et ne correspondant pas à un tableau clinique rigoureusement défini (« rhinopharyngite-rhume ») ; Ø nous avons enrichi la liste d’items qui nous semblaient importants en médecine générale et qui ne se trouvaient pas en tant que tel dans le dictionnaire des résultats de consultation (par exemple « suivi de grossesse », « bronchiolite »…). Certains items, tels que le dépistage du cancer du col, étaient englobés sous le résultat de consultation : « Examen systématique et prévention ». D’autres comme la « grippe » ne pouvaient pas trouver leur place en tant que résultat de consultation puisque le résultat de consultation doit être un diagnostic confirmé. Ce n’est ni un motif de consultation, ni une hypothèse diagnostique [74]. Le guide « Recommandations et Pratique » [75] nous a également aidées à proposer des fiches correspondant à des tableaux cliniques clairement établis. b) Choix du type d’information donnée D’après Coulter [76], les informations souhaitées par les patients sont les suivantes : - la description de la maladie et des symptômes habituels ; - la prévalence, les causes et conséquences de la maladie ; - l’étendue des traitements possibles y compris les thérapies complémentaires même si l’efficacité n’est pas connue [77] ; 28 - des conseils (comment éviter le risque, ce qu’ils peuvent faire), suffisamment décrits pour être utilisables au quotidien . Bref, un matériel concis mais complet [78]. L’ANAES [19] recommande de limiter le nombre de messages : un message essentiel en 3 à 5 points. Nous avons cependant souhaité fournir les informations qui correspondent au maximum aux souhaits des patients. Le médecin pourra cibler durant la consultation sur les messages qui lui paraissent les plus essentiels. Volontairement, nous n’avons pas détaillé les options thérapeutiques. Nous les avons simplement évoquées afin de respecter les propositions du médecin généraliste et de ne pas risquer de rendre notre outil trop rapidement obsolète par l’évolution des thérapeutiques. c) Sources et références utilisées L’information donnée doit être fiable et indépendante de tout intérêt commercial [31]. Elle doit être conforme aux données de la science afin d’assurer la crédibilité et la plus grande justesse de l’information [72] [61] [79]. Une recherche des consensus et des recommandations pour la pratique clinique a été effectuée tout d’abord auprès d’organismes officiels gouvernementaux, tels que l’ANAES, l’HAS et l’AFSSAPS puis auprès des sociétés savantes afin d’apporter des informations validées. Lorsque les consensus n’existaient pas ou étaient obsolètes, nous nous sommes aidées des références utilisées dans le guide « Recommandations et pratique » [75], des documents référencés par le CHU de Rouen ainsi que des revues systématiques Cochrane. Nous avons également consulté le site Internet de la faculté de médecine de Grenoble, qui met à disposition des documents de qualité, où les sources, les auteurs, les dates de rédaction sont citées. Nous avons essayé au maximum de trouver un compromis entre les données de la science présentées de façon lisible et des remarques d’encouragement ou attitude de bon sens communément admise qui peuvent permettre d’absorber un contenu plus scientifique [23]. B. Les fiches doivent être lisibles et compréhensibles Augmenter la lisibilité des FIP est un point fondamental et incontournable. La compréhension d’un document correspond à un équilibre entre l’intelligibilité d’un texte et l’aptitude subjective du lecteur à intégrer l’information [80]. 29 Pour cela nous avons procédé en deux étapes : Ø La première étape a consisté à rédiger les fiches en suivant au maximum les recommandations données par l’ANAES [72] et d’autres travaux qui se sont penchés sur la lisibilité [85, 87, 89, 91]. Nous avons fait une synthèse des recommandations disponibles, sur lesquelles nous nous sommes basées afin d’élaborer les fiches. Cette synthèse est accessible sous forme de tableaux exposés en annexe 2. Ø La deuxième étape a consisté à appliquer un score objectif de lisibilité utilisant une formule standard, l’index Flesch [81] [82]. En effet, l’HAS ainsi que certains auteurs [28] soulignent le fait qu’« une évaluation scientifique des documents patients doive inclure le critère de lisibilité et compréhension autant que les effets produits à long terme de ce type de matériel ». D’après A. PARIS, l’index Flesch améliore considérablement la lisibilité des documents et se suffit à lui-même [80]. Une étude multicentrique en simple aveugle randomisée effectuée sur 200 patients a évalué l’amélioration de la lisibilité de textes médicaux en utilisant : soit la formule de Flesch, soit un groupe de travail performant constitué de linguistes, psychologues, soit les deux associés. Les résultats ont montré une amélioration significative et quasi superposable de la compréhension objective du document après utilisation de l’outil Flesch, ou du groupe de travail. Il n’a pas été montré de bénéfice à associer les deux méthodes alors même que leurs effets divergent sur l’aspect lexico-syntaxique. C. Les fiches doivent être de forme attrayante et aidant à la mémorisation Les illustrations sont appréciées des patients [83] et permettent d’augmenter la compréhension des patients et leur compliance dans beaucoup d’études (mais pas toutes) [84]. Une étude américaine notamment a montré que des fiches contenant la même information sont mieux comprises et mieux notées sur le plan de la présentation si un effort de mise en page est fait [85]. • Le format : nous avons retenu comme format, une page recto A4 papier, avec des couleurs utilisées avec modération et compatibles avec une impression en noir et blanc. Ce format permet une impression suffisamment rapide et de surcoût acceptable. • La charte graphique et iconographique : Afin d’améliorer la présentation visuelle des fiches, nous avons suivi les recommandations de la littérature et réalisé une synthèse (annexe 2). Nous avons multiplié les niveaux de lecture et les types 30 de langages avec pour objectif d’augmenter l’impact du document (encadrés comprenant les messages les plus essentiels écrits en gros caractères). • Le choix de l’outil définitif et de la présentation générale L’outil définitif sera sous format électronique. Ce format facilite le stockage, les mises à jour régulières, l’impression du document sur commande et permet de personnaliser le document. Il s’agira d’un CDrom, avec une recherche des fiches par mots-clés variés. D. Les fiches doivent suivre un circuit de validation Ce paragraphe est développé au chapitre 2 p.29. E. Certaines informations sont indispensables Le nom du rédacteur, le nom des relecteurs de la fiche, les sources utilisées, la date de rédaction, et une adresse e-mail afin de pouvoir contacter les rédacteurs sont essentiels [73]. L’INPES recommande également d’indiquer une rubrique « Pour en savoir plus ». Nous y avons renoncé car il est impossible de vérifier la fiabilité de chaque site et leur évolution dans le temps reste aléatoire. F. Les documents doivent être évalués par les patients Les documents doivent être testés auprès de patients, à la fois sur le contenu et l’aspect du document, ce qui n’est pas assez le cas. Certains auteurs insistent sur l’importance des essais randomisés contrôlés d’évaluation de l’efficacité des fiches avant leur utilisation [28]. Il faut prévoir des phases de corrections une fois le document testé auprès d’un panel de patients. Des essais cliniques doivent en mesurer l’efficacité à court et à long terme. G. Le contenu des fiches doit être mis à jour régulièrement D’après WALSH, ne pas le faire correspond à donner de fausses informations. D’après SHEKELLE [86], la mise à jour devrait se faire tous les 3 ans en règle générale. Cette durée est à adapter en fonction du sujet traité et de son potentiel évolutif. 31 3. LE CIRCUIT DE VALIDATION A. La validation scientifique : Après avoir élaboré les fiches à l’aide de sources fiables (voir précédemment), nous avons sollicité plusieurs médecins afin d’effectuer une relecture des fiches : - médecins experts hospitaliers dans leur domaine de compétence distants géographiquement ; - médecins spécialistes exerçant en libéral ; - médecins généralistes. Le but de ces relectures a été de : - s’assurer de la validité scientifique du contenu des fiches. Certains articles scientifiques référencés et valides sont parfois très difficiles d’accès. L’expert du domaine concerné a souvent un accès privilégié à ces informations (codes d’accès nécessaires à certains sites; abonnement à des revues de recherche spécialisées…). Une autre difficulté est qu’il n’existe pas toujours de recommandations pour une pathologie donnée. L’avis de l’expert peut alors nous orienter vers les accords professionnels. - discuter et choisir de manière concertée les termes accessibles à la compréhension du patient et les messages les plus essentiels ; - croiser des domaines de compétences et les modes d’exercice différents afin d’en dégager les aspects les plus fondamentaux. B. L’évaluation de la lisibilité : a) Relecture par un usager Nous avons sollicité une personne qui n’était pas dans le milieu médical, paramédical, ou sanitaire. Cela nous a permis de mettre en évidence les termes difficilement compréhensibles pour les usagers et de réécrire les fiches en fonction. b) Utilisation du test de lisibilité de R. Flesch (i) le test et son interprétation Pour mettre en évidence le degré de complexité de nos fiches, nous avons utilisé le test de lisibilité de Flesch, accessible depuis le logiciel Microsft-Word®. 32 Le degré de lisibilité d’après Rudolf Flesch est calculé automatiquement de la manière suivante: 206,835 – (1,015 – NMM) – (84,6 – NMS) où NMM est le nombre moyen de mots par phrase (les phrases longues ou de structure complexe sont souvent difficiles à comprendre) et NMS est le nombre moyen de syllabes par tranche de 100 mots consécutifs (les mots longs, souvent des mots rares, peuvent ne pas être compris par tous les lecteurs). Plus le nombre obtenu est élevé, plus le texte est facile à lire. Pour son interprétation, nous avons utilisé l’adaptation française de G de Landsheere [87]. En effet, les mots français étant habituellement plus longs que les mots anglais, l’interprétation du score de Flesch n’est pas superposable d’une langue à l’autre. Interprétation des résultats du test de lisibilité Flesch Flesch Adaptation française de G. de Landsheere 90 - 100 très facile 80 - 90 facile + 80- livre de lecture- 2ème année de primaire 70 - 80 assez facile 60 - 70 standard* + 60- bandes dessinées : tintin-spirou 50 - 60 assez difficile + 50- livre de lecture de 5ème et 6ème primaire + 40- documents historiques 1ère année d’enseignement secondaire 30 - 50 difficile + 30- leçons d’histoire 1ère année de l’enseignement secondaire 00 – 30 très difficile + 15- journaux écrits ( Le Monde) - 10 - texte difficile de Proust Nous n’avons pas trouvé dans la littérature française le score à atteindre pour des fiches d’informations destinées aux patients. Dans les pays anglophones, il est recommandé de viser un âge de lecture de 11-12 ans, ou du 6ème 7ème grade (ce qui correspond à une classe de 6ème –5ème en France). Nous pouvons supposer qu’en atteignant un score de 40-50 (correspondant d’après G de Landsheere à un niveau de lecture de 6ème), cela permettrait d’être accessible à la plupart des lecteurs. 33 (ii) L’analyse des données Les variables quantitatives sont exprimées par leur moyenne et l’écart-type. Les variables qualitatives sont exprimées par leur effectif ainsi que leur fréquence. L’analyse des données a été faite sur les 125 fiches réalisées. Afin d’évaluer la lisibilité globale des fiches, le score de Flesch, le pourcentage de mots longs dans le texte, la complexité de vocabulaire et la complexité de phrase ont été obtenus. A partir des valeurs du score de Flesch de l’ensemble des fiches, nous avons sélectionné les fiches ayant le score de Flesch le plus faible. Nous les avons retravaillées afin d’améliorer leur lisibilité globale. La comparaison entre les versions avant modifications et après modifications pour ces 30 fiches a été réalisée par un test t de Student pour séries appariées. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel STATVIEW 5.0 (SAS Institute Inc.) C. La validation de la mise en page : relecture par un professionnel de la communication La relecture par un professionnel des techniques de rédaction (journaliste, chargé de communication ou d’édition, linguiste), voire même psychosociologue, est utile. Cependant, il est fondamental de veiller dans ce cas à ce que le message ne soit pas altéré. Nous avons sollicité un illustrateur/infographiste qui est aussi infirmier, Olivier Roux, ainsi qu’un professionnel de la communication, Vincent Baguian, directeur de l’Agence de communication Opéra à Paris. Olivier Roux nous a aidé à simplifier notre maquette initiale et à rendre les messages importants plus « voyants ». Il a réalisé un certain nombre de dessins adaptés au contenu de la fiche afin de la rendre plus attractive. Vincent Baguian nous a apporté également son regard technique et pratique de professionnel de la communication (limiter le nombre de couleurs du fait du coût de l’impression ; utiliser les cadres pour dégager les points importants…). Il est prêt à intervenir à nouveau plus tard pour nous apporter ses conseils lors de l’étape finale d’édition des fiches. D. Evaluation des fiches auprès des patients par une enquête Quel que soit le score obtenu aux tests de lisibilité, cela n’est pas suffisant pour garantir l’intelligibilité d’un texte [72]. D’autres facteurs interviennent dans le processus de compréhension. Celle-ci est influencée par le lecteur lui-même ( âge, maturité, connaissances, motivation, etc.), le contexte , mais aussi par d’autres facteurs rédactionnels (l’emplacement des mots principaux, les 34 structures syntaxiques facilitant l’anticipation du texte à venir, le degré de visualisation du texte, la proximité du texte par rapport au vécu du lecteur) [87]. Ce n’est donc qu’auprès du destinataire qu’il est possible de véritablement évaluer l’accessibilité d’un texte. Pour cela, nous avons réfléchi à un protocole d’étude qui sera mis en place dans un second temps. Une amorce de ce protocole d’étude est visible en annexe 3. 4. MODALITES PRATIQUES DE MISE A DISPOSITION DE L’OUTIL A. Le document daté du jour de la consultation doit être remis au patient directement par le médecin. Le document doit être remarqué [44] et être attrayant, coloré. Cependant, il est montré que le document le plus remarqué est celui remis en main propre par le médecin [24]. C’est celui qui sera le plus lu et apportera le plus de bénéfices quel que soit l’âge du patient. Il s’agit d’un don fait par le médecin avec une recommandation autoritaire ayant un impact fort, surtout si le médecin a souligné les points importants du document. Il ne suffit pas de laisser le document posé sur une table en espérant que la personne concernée le remarque. Le document remis doit faire partie d’un véritable programme de prise en charge. B. Il faudrait des fiches disponibles sur support informatique et imprimable au format A4. Les problèmes liés à l’utilisation de fiches d’information par les médecins sont : la surabondance de documents de formats très différents ; les possibilités limitées de stockage ; l’absence de références ou sources ayant servi à la conception du document ; l’absence de date de rédaction et de mises à jours. Pour encourager les médecins à utiliser des fiches d’information, il faut que celles-ci soient simples et rapides d’accès. En effet, le médecin aura besoin des fiches en temps réel pendant la consultation. L’outil informatique est le seul à répondre à toutes ces exigences. De plus, l’utilisation des ordinateurs et des documents-patients a montré une amélioration de la prise en charge du patient [81] [82]. L’idéal serait d’obtenir un document compatible avec les logiciels de gestion des dossiers patients actuellement disponibles sur le marché. Le médecin pourrait alors y accéder directement depuis la page de consultation en cours. Ainsi, le document pourrait être personnalisé directement (nom, prénom du patient) sans qu’aucune manipulation informatique supplémentaire ne soit nécessaire. 35 IV. RESULTATS : 1. LES FICHES ET LEUR REFERENCES A. Liste des 125 fiches réalisées Nous avons réalisé 125 fiches (annexe 5) concernant les motifs fréquents de consultation en médecine générale. Elles sont classées appareil par appareil et par ordre alphabétique. Les sources, le nom des relecteurs et les objectifs à atteindre pour chacune des fiches (les messages importants) ont été regroupés par « spécialité ». Ø Cardiologie • Angor et insuffisance coronarienne • Artériopathie des membres inférieurs • Anticoagulants • Dyslipidémie • Endocardite infectieuse et sa prévention • Fibrillation auriculaire • Hypertension artérielle • HTA : principes diététiques • Hypotension orthostatique • Insuffisance cardiaque • Thrombose veineuse profonde • Thrombose veineuse superficielle • Ø Varices et jambes lourdes Dermatologie • Acné juvénile • Eczéma • Mélanome • Morsure d’animaux • Naevus et grain de beauté • Piqûres d’hyménoptères • Psoriasis • Soleil et ses risques • Urticaire Ø Endocrinologie • Corticoïdes • Diabète type 2 • Diabète type 1 • Hyperthyroïdie • Hypothyroïdie • Obésité et surpoids de l’adulte Ø Gastrologie • Alcoolisme • Cancer du colon • Colopathie fonctionnelle • Constipation • Gastroentérite aiguë de l’adulte • Hémorroïdes • • • Lithiase vésiculaire RGO, pyrosis Ulcères digestifs Ø Gynécologie - Obstétrique • Contraception : les différentes méthodes • Contraception oestroprogestative • Dysménorrhée • Début de grossesse • Grossesse 2ème trimestre • Grossesse 3ème trimestre • Grossesse : listériose • Grossesse : toxoplasmose • Grossesse qui se fait attendre • Grossesse et alimentation • Herpes génital et orofacial • Ménopause • Prévention du cancer du col de l’utérus • Prévention du cancer du sein • Traitement hormonal substitutif • Vulvovaginite de la femme Ø Infectiologie • Conseils aux voyageurs • La grippe • Vaccin contre l’hépatite B • Vaccin contre la méningite à méningocoque • Vaccin contre le pneumocoque • Vaccin anti-grippal • Vaccin et cancer du col de l’utérus • Vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole • Zona Ø Neurologie • Anxiété • Accident vasculaire cérébral • Dépression • Insomnie • Jambes sans repos • Maladie d’Alzheimer 36 • • • Maladie de Parkinson Migraines avec et sans aura Traumatisme crânien Ø ORL • Angine bactérienne de l’adulte • Angine virale de l’adulte • Otite externe & coton tige • Rhinosinusite de l’adulte • Sinusite • Vertiges Ø Pédiatrie • Alimentation du nourrisson • Allaitement • Angine bactérienne de l’enfant • Angine virale de l’enfant • Asthme : nourrisson et prévention • Asthme de l’enfant • Bronchiolite • Bronchite aiguë de l’enfant • Conjonctivite • Constipation de l’enfant • Convulsions fébriles • Cystite de l’enfant • Encoprésie • Enurésie • Fièvre • Gastro-entérite aiguë du nourrisson • Obésité de l’enfant • Otite moyenne aiguë • Oxyures • Les poux • Rhinite allergique • Rhinopharyngite de l’enfant • • Varicelle Vulvovaginite de la petite fille Ø Pneumologie • Maladie asthmatique • Crise d’asthme • Bronchite aiguë • Bronchopneumopathie Chronique Obstructive • Exacerbation de BPCO • Pneumonie • Sevrage tabagique Ø Rhumatologie/traumatologie • Arthrose • Cervicalgie • Contusion • Entorse cheville • Épaule douloureuse : syndrome de la coiffe des rotateurs • La goutte • Goutte et régime • Lombalgie aiguë • Ostéoporose • Syndrome du canal carpien Ø Urologie • Cancer de prostate • Colique néphrétique • Cystite de la femme • Hypertrophie bénigne de prostate • Incontinence urinaire • Pyélonéphrite Ø Divers • Soins palliatifs 37 B. Présentation des fiches a) Le fond Pour chacune des fiches, nous avons développé différentes rubriques : - l’une explique ce qu’est la pathologie présentée par le patient ; - une seconde rubrique décrit les « symptômes » ; - viennent ensuite « les causes », « les risques », « l’évolution de la maladie », « les complications », « le diagnostic », « le traitement », « les mesures préventives », « les signes d’alerte ». - Enfin , la dernière rubrique correspondant à un encadré contenant : le nom de l’auteur, la date de rédaction, le nom des relecteurs, les sources principales, un contact, le nom de l’illustrateur. Chaque fiche (sauf rares exceptions) a bénéficié d’une relecture par au moins deux médecins. Certaines fiches ont été relues par des médecins de spécialité différente (par exemple un urologue et un infectiologue pour « pyélonéphrite », un pédiatre, un ORL et un infectiologue pour « angine bactérienne de l’enfant »). Elles ont également été relues par une personne qui n’est pas du milieu médical. b) La forme La sémantique : Nous avons simplifié les phrases en utilisant des mots courants et en évitant la voix passive. Les termes médicaux compliqués sont en général expliqués. Nous avons essayé d’impliquer le lecteur en utilisant la forme personnelle. La syntaxe : Les phrases courtes ont été privilégiées afin de respecter les recommandations de l’HAS, INPES… La structure du texte et la mise en page : Choix d’une maquette reproductible et comprenant les mêmes rubriques. Pour chaque fiche nous avons organisé l’information en deux colonnes avec des titres et des soustitres en gros caractères. Nous avons également utilisé des pastilles et des listes pointées pour hiérarchiser le texte. 38 La charte graphique et visuelle Pour la police de caractère, nous avons respecté les recommandations de lisibilité: une police avec empattement « Times New Roman » pour le texte et une police sans empattement, « Arial », pour les sous-titres., avec une taille de caractère fixée à 10 (ce qui correspond au minimum recommandé) Nous avons également utilisé ponctuellement caractères gras et italiques afin de rendre le texte plus vivant ; un ou deux encadrés maximum réservés aux messages essentiels ; et inséré une illustration afin de rendre le document plus agréable à lire. Les tableaux et les illustrations Pour rendre les fiches plus attractives et faciles à lire (et toujours dans le respect du cahier des charges élaboré), nous avons utilisé : Des codes graphiques (logos) très repérables : - une clé pour les points clés ; - une croix rouge pour le traitement, la prise en charge ; - un parapluie vert pour les mesures préventives ; - un téléphone bleu pour la partie : « Quand consulter » ; - une ampoule allumée pour indiquer les sources, les rédacteurs et la date de rédaction. Une illustration lorsque l’espace disponible le permettait. C. L’apport des professionnels de la communication La fiche sur les « poux » (Annexe 4) permet de mieux comprendre l’intérêt du travail de professionnels de la communication. En comparant deux fiches, l’une réalisée par nos soins et l’autre par un infographiste : on s’aperçoit que la même fiche revue par un infographiste paraît beaucoup plus simple et pertinente en terme de communication. L’illustration est attractive ; un seul encadré met en évidence l’essentiel à retenir (nous avions eu tendance à multiplier les encadrés et à étouffer le contenu de la fiche) ; le jeux des polices fait ressortir davantage les titres et les messages forts de la fiche ; l’utilisation d’une seule couleur suffit à apporter le contraste nécessaire sans surcharger l’aspect global ni perdre en clarté (annexe 4). Cela nous a permis de nous rendre compte de la trop grande complexité graphique de nos premières fiches. Nous les avons donc simplifiées en conséquence. 39 2. LE RESULTAT DES TESTS DE LISIBILITE Sur les 125 fiches évaluées, 79 (63 %) ont obtenu un score de lisibilité supérieur ou égal à 40 (score conforme à notre objectif initial) et 46 (37 %) ont obtenu un score inférieur. La répartition des scores obtenus est représentée à l’aide du graphique 1. Graphique 1: Histogramme de répartition des 125 fiches au score de Flesch avant modification 40 35 Nombre de fiches 30 25 20 15 10 5 0 20 25 30 35 40 45 Score de flesch 50 55 60 65 D’après le tableau 1 ci-dessous, la moyenne obtenue pour les fiches avant modification était de 41,75 et la déviation standard de 7. Après modification, la moyenne obtenue pour les fiches était de 43,53 et la déviation standard de 5,3. La complexité des phrases était peu importante avec une moyenne de 18 % (complexité maximale : 100%). Par contre, la complexité du vocabulaire restait importante avec une moyenne de 56 % (complexité maximale : 100%). Tableau 1 : analyse descriptive simple des 125 fiches Moy Dév Std Résultats des 125 fiches avant modification Score de Flesch obtenu Complexité de la phrase Complexité du vocabulaire % de mots long 41,752 17,96 56,09 0, 23 7,076 2,95 9,83 0,03 Résultats des 125 fiches après modification Score de Flesch obtenu Complexité de la phrase Complexité du vocabulaire % de mots long 43,536 17,78 17,96 53,9 0, 22 5,295 2,85 2,95 9,32 0,27 40 La moyenne du pourcentage de mots longs obtenue (de 3 syllabes ou plus) est de 23 %. D’après le graphique 2, si l’on a 25 % de mots longs, on ne peut pas espérer obtenir un score de lisibilité supérieur à 40. Si l’on a 20 % de mots long, le score dépasse le seuil de 40 : il est d’environ 45. Graphique 2: score de Flesch obtenu en fonction du pourcentage de mots longs avant modification 60 score de Flesch 50 40 30 20 10 16 ,5 18 % ,8 19 % ,3 19 % ,6 20 % ,0 20 % ,9 21 % ,4 21 % ,8 22 % ,3 22 % ,8 23 % ,7 24 % ,3 24 % ,9 25 % ,4 25 % ,8 27 % ,0 27 % ,4 28 % ,9 % 0 pourcentage de mots longs Dans un second temps, nous avons comparé le score des 30 fiches à faibles scores avant et après modification. D’après les graphiques 2 et 3 ainsi que le tableau 2 (ci-dessous), on voit une nette amélioration des scores après modification puisque la moyenne des scores obtenue pour ces 30 fiches passe de 32, 37 à 39,27. 41 Graphique 3 et 4: répartition des 30 fiches au score de Flesch avant et après modification Répartition des scores de Flech des 30 fiches après modification Nombre de fiches Répartition des scores de Flesch des 30 fiches avant modification 9 8 No 7 mb6 re 5 de 4 fic 3 he s 2 1 0 16 14 12 10 8 6 4 2 0 20 25 30 35 40 45 Score de Flesch obtenu 50 20 55 25 30 35 40 Score de Flesch obtenu 45 50 55 Tableau 2: analyse descriptive simple des 30 fiches modifiées Score de Flesch avant modification Score de Flesch après modification Moy Dév Std Score minimal Score maximal 32,37 39,27 3,81 4,52 21 30 36 48 Tableau 3: comparaison de moyennes par le test de Student pour séries appariées Moyenne des scores avant/après Ecart moyen p 95% Inf. 95 % Sup. 6,9 <,0001 8,217 5,583 La comparaison des moyennes avant/après des 30 fiches modifiées donne un écart moyen de 6,9 ( p <0,05 ). Cette différence est significative. 42 V. DISCUSSION Ce travail de thèse nous a permis : - d’une part, d’élaborer une méthode spécifique à la réalisation de FIP selon des critères qualité préalablement définis ; - d’autre part, de réaliser 125 fiches d’information et d’aide à l’éducation des patients en médecine générale en portant une attention aussi bien au fond qu’à la forme. 1. L’ INTERET DU TRAVAIL ET DES FICHES Ø Education, prévention, amélioration de la qualité des soins Le support écrit « permet de relire et de pallier aux difficultés de concentration » [23]. En effet, quelle que soit l'explication dispensée par le médecin, il y a toujours une perte d'information non négligeable. Elle est liée à l'impossibilité de prévoir et de contrôler le degré d'attention du patient, sa capacité d'assimilation... Ces fiches ont pour vocation d’enrichir la consultation d'informations que le médecin n’a pas pu développer. Elles peuvent prolonger la consultation par un temps de lecture et de réflexion puis dans un second temps, ouvrir à la discussion lors des consultations suivantes. Ø Un accueil positif des médecins Même s’il nous est arrivé d’être confrontées à un certain scepticisme lors de la présentation du projet devant la difficulté du travail à effectuer, il a vite laissé place à un enthousiasme. En effet, il semble qu’il y ait un vrai manque dans le domaine de l’information à transmettre aux patients et la plupart des médecins rencontrés nous ont encouragées dans cette démarche. Ø Un outil rassurant pour les jeunes médecins: Il y a plusieurs éléments qui semblent pouvoir apporter une aide précieuse aux praticiens et surtout aux jeunes médecins. o Tout d’abord, les conseils pratiques utiles aux patients. La médecine générale est peu enseignée avant le 3ème cycle des études médicales. Même si cela change, la formation reste essentiellement hospitalière. Les conseils pratiques utiles aux patients sont souvent délaissés par l’enseignement universitaire. Les jeunes médecins se trouvent parfois démunis face aux questions des patients. Ces fiches ont pour vocation de les aider en fournissant aux patients des conseils très pratiques. 43 o Un langage adapté au patient, lisible et compréhensible. Il n’est pas toujours évident de trouver les mots justes, compréhensibles et surtout en début de carrière. L’imprégnation du "jargon médical" est encore forte et elle peut être source de malentendus entre le médecin qui pense avoir été clair et le patient qui n'ose pas exprimer son incompréhension. De même, « psychologie » et « éducation » sont des domaines peu abordés dans le programme des études médicales en France. Les premières années d’exercice sont souvent les plus « maladroites » en terme de communication. Ces fiches devraient aider le médecin à mieux informer et en toute sérénité. o Une sécurité dans l’obligation d’informer le patient. L’apparition d’une pression « médico-légale » dans la pratique de la médecine générale a créé un stress nouveau chez les praticiens. Il ne suffit plus d’assurer des soins consciencieux , il faut pouvoir montrer que l’on a informé son patient. L’écrit n’est pas une obligation en matière d’information bien que de nombreuses recommandations le conseillent en pratique. En effet, « la preuve de l’information peut être faite par tout moyen », « sans obligation de l’écrit systématique comme preuve ». Il est conseillé de conserver dans le dossier une trace écrite confirmant que l’information a été transmise [15] [16]. Ainsi, l’information apportée par les fiches peut être rassurante pour le praticien. Elle a été validée par plusieurs médecins et a répondu à des critères. Elle n’est cependant, pas suffisante en soi. Elle doit s’accompagner d’une information orale dispensée par le médecin dans le temps de consultation. 2. LES LIMITES DE NOTRE TRAVAIL A. Les limites de la méthode : Ø En amont du travail Nous n’avons pas pu impliquer les patients dès le départ dans l’élaboration de ces fiches. Nous aurions pu, par exemple, travailler de concert avec des associations de patient. Cela aurait été envisageable si nous avions élaboré un nombre restreint de fiches. Cependant, nous souhaitions traiter un nombre suffisant de pathologies pour obtenir un outil utile dans la pratique quotidienne de la médecine générale. Nous avons donc du y renoncer. Ø Les limites de la relecture Nous aurions pu imposer d’emblée aux relecteurs de nous fournir « références » et « sources » lors des corrections effectuées. Certains seulement l’ont fait spontanément. Nous aurions sans doute dû l’exiger dès le départ car il s’agit là d’un enjeu important en terme de qualité de l’information. 44 Il n’a pas non plus été possible d’obtenir un échantillon significatif de relecteurs n’appartenant pas au milieu médical. Chaque relecture signifie « modifications potentielles de la fiche en aval » pour chacune des 125 pathologies. Nous n’aurions pas pu assumer l’ampleur d’un tel travail. B. Les limites des FIP : Ø Toutes les pathologies rencontrées en médecine générale n’ont pas forcément de recommandations ni de consensus. Un des problèmes majeur en France est l’absence de développement et d’encouragement à la recherche en médecine générale. Celle-ci s’effectue le plus souvent par la bonne volonté de certains médecins généralistes au détriment de leur temps de consultation. En France, il n’existe pas de filière universitaire en médecine générale, pas ou peu d’enseignement de la médecine générale au cours des premier et second cycles des études médicales. La recherche en médecine générale est fragilisée par l’absence de reconnaissance et de budget qui lui soit allouée. Il en résulte l’absence de consensus sur la prise en charge d’un grand nombre de pathologies rencontrées et la difficulté de produire des FIP. Citons le cas de la gastro-entérite aiguë pour laquelle les nombreux conseils hygiéno-diététiques dispensés n’ont jamais fait l’objet d’une étude scientifique. Ø Certaines recommandations ne sont pas réactualisées depuis des années. Ainsi, les informations peuvent être discordantes entre les recommandations de l’HAS et les accords professionnels proposés par les sociétés savantes. Parfois, il n’est pas possible de se procurer des articles scientifiques ou des recommandations récentes. Ce n’est que par une collaboration avec différents médecins que nous avons pu accéder à des articles scientifiques plus récents émanant de congrès, d’abonnement à des revues spécialisées, ou de sites spécialisés qui requièrent des codes d’accès. Ø Certaines pathologies sont source de polémiques et font l’objet de recommandations contradictoires. Un exemple très parlant est celui du dosage ou non du PSA (antigène de prostate) chez tous les hommes de plus de 50 ans : l’ANAES et la Société Française d’Urologie n’ont pas le même avis concernant l’attitude à adopter . Contrairement à la Société Française d’Urologie, l’ANAES ne recommande pas la réalisation du TR et le dosage du PSA de façon systématique après 50 ans, Quel contenu choisir lors de la rédaction de FIP ? Faut-il évoquer les différentes attitudes en France ? Faut-il évoquer également les attitudes dans les autres pays ? Nous avons choisi d’être exhaustive quant à l’information donnée. 45 Ø Quand la politique s’en mêle… Il existe des décalages entre l’élaboration d’un accord professionnel et la sortie au Journal Officiel du décret d’application correspondant. Un exemple actuel est celui de la vaccination par le BCG. Même si les professionnels de la santé recommandent de ne le réserver désormais qu’aux populations à risque , le décret d’application n’est toujours pas apparu au journal officiel. Quelle attitude adopter ? Que dire ? Une manière de contourner le problème peut être de préciser sur la fiche concernée l’existence de ce décalage. Ø Le choix de l’information donnée Les désirs des patients ne sont pas toujours faciles à satisfaire… En effet, ces derniers sont demandeurs d’information concernant les traitements et les médecines alternatives. Devant l’absence d’études scientifiques, nous nous sommes abstenues d’en parler. Notre priorité a été de donner des informations validées par les données de la science. Ø Les patients sont également demandeurs de conseils pratiques On se trouve ainsi devant une autre difficulté. Doit-on donner uniquement des données « prouvées » par la science, ou peut-on donner des conseils de bon sens communément admis et n’ayant jamais été prouvés ? Nous avons fait le choix de rester exhaustif dans l’information proposée afin de respecter au maximum le souhait des patients. De fait, les messages essentiels risquent d’être moins percutants. Le médecin pourra toujours barrer les informations qui lui paraissent superflues et se focaliser sur le message éducatif essentiel. Ø Le choix du langage Nous avons tenté de limiter au maximum le jargon médical. Quelques termes nous ont posé problème. Un exemple est le mot « antalgique». Nous n’avons pas réussi à savoir si ce terme est compréhensible ou non pour le grand public. Les avis des relecteurs étaient très partagés sur la question. Notre choix a été d’utiliser les mots les plus simples possibles. Une liste des termes médicaux compris par le grand public nous aurait aidées. Il pourrait être utile de concevoir une telle liste. Ø Les résultats aux tests de lisibilité: Le score de Flesch nous a permis de mettre en évidence les fiches ayant une « lisibilité » insuffisante et de les modifier en conséquence. Les scores obtenus ont été significativement améliorés mais l’interprétation de cette amélioration doit être nuancée par les quelques remarques exposées ci46 dessous. En s’astreignant à suivre au maximum les recommandations de rédaction, les fiches ont obtenu un score moyen proche de notre objectif initial. Nous supposons que cet objectif de « lisibilité » est nécessaire à une bonne compréhension par les patients mais qu’il n’est pas suffisant. En effet, le score de Flesch n’inclut pas les aspects de logique et d’adéquation entre le contenu du texte et sa cible en terme de type de public. Seule une évaluation auprès des patients nous permettra d’objectiver leur réelle compréhension de ces fiches. La fréquence des mots longs dans les documents à caractère médical est importante. Ce constat interroge sur l’adéquation de l’utilisation du score de Flesch pour ce type de documents. Ne peut-on pas considérer qu’un mot long expliqué dans une fiche puisse être déduit lors du calcul de la lisibilité pour corriger ce biais ? Par ailleurs, certains termes médicaux longs semblent indispensables à la pertinence de l’information donnée ce qui soulève la question des limites de la vulgarisation. Nous nous sommes aperçues que le score de Flesch peut être augmenté « artificiellement » malgré la présence de mots longs en utilisant pour le reste du document les mots les plus courts possibles (adverbes, mots non « médicaux »). Dans ce cas de figure, il est pourtant très improbable qu’ un meilleur score obtenu au test de lisibilité soit strictement proportionnel à une meilleure compréhension du texte. Une vigilance paraît être nécessaire au maniement de l’outil Flesch. Enfin, le score de Flesch ne tient compte que de la lisibilité lexico-syntaxique. La lisibilité graphique (mise en page) permet également d’améliorer la lisibilité d’un document, comme nous l’avons souligné précédemment. Il n’existe pourtant pas à l’heure actuelle d’outil adapté à son évaluation. Ø Autre limite des FIP Elles ne prennent en compte que l’un des aspects de l’Evidence Based Medicine. Ce n’est qu’en accompagnant les fiches d’explications orales que le médecin pourra moduler l’information donnée, afin de prendre en compte son expérience et l’intérêt du patient, les deux autres éléments de l’Evidence Based medicine. 47 3. LES EAUX TROUBLES… Malgré l’élaboration d’un cahier des charges et d’une méthode rigoureuse, un certain nombre de précautions restent à prendre dans le maniement des fiches comme outil d’aide à l’éducation. Ø Tout d’abord, leur utilisation ne s’envisage que dans le cadre de la consultation de médecine générale. Le moment choisi par le médecin pour délivrer l’information devra s’inscrire dans un climat relationnel alliant écoute et prise en compte des attentes du patient. En aucun cas, ces documents ne seront proposés de façon systématique aux patients. Ø Le cas des pathologies chroniques Les fiches d’information conviennent peu aux maladies chroniques (diabète, asthme). Seuls les programmes élaborés d’éducation semblent montrer une efficacité. Selon Gibson [88], donner à des patients asthmatiques de simples brochures d’information ne permet de réduire ni les hospitalisations, ni les consultations. Par contre, elles pourraient améliorer la perception de leurs symptômes et les rendre plus aptes à ressentir la gravité de leurs crises. Nos fiches n’ont en aucun cas vocation à se substituer aux programmes d’éducation réalisés lors d’une prise en charge spécialisée. Elles ont pour unique objectif d’amorcer une information. Ø Le choix des messages A un moment donné, la question se pose de savoir si l’exactitude scientifique stricte des propos tenus (en intégrant donc les doutes ou litiges) est nécessaire et souhaitable, ou si c’est plutôt le message essentiel qui prime. Il s’agit parfois d’un véritable choix politique en prenant partie pour une attitude thérapeutique globale : Ex. Prevenar®, Meningvact®, qui ne sont pas des vaccins obligatoires. Quoi qu’il en soit, il faut que le médecin agisse dans le discernement et accepte la responsabilité d’avoir ou non informé le patient concernant une pathologie donnée. Ø Le problème des mises à jour Il s’agit d’un travail relativement important et fastidieux qui nécessite à la fois une recherche bibliographique spécifique pour chaque item mais aussi une discussion directe avec les spécialistes et universitaires de chaque discipline. En effet, malgré une recherche bibliographique rigoureuse, il n’est pas toujours possible d’accéder aux articles les plus récents (codes d’accès à d’autres bibliothèques, abonnement à des revues spécialisées). De plus, 50 % des recommandations de bonne pratique sont obsolètes à 6 ans. Il est donc recommandé d’effectuer les mises à jour tous les 3 ans [86]. Ceci nécessite un travail non 48 négligeable. Pour que le projet soit pérenne, seul un travail collectif peut permettre de vérifier les données de la science et effectuer les mises à jour régulières… Ø Le problème des délais La réalisation des 125 fiches nous a pris plus de deux ans. Il nous reste à mettre en place un protocole d’évaluation des fiches auprès des patients. Cependant, si l’on considère que chacune des fiches doit être testée sur un nombre significatif de patient, on s’aperçoit très vite que le temps nécessaire à la réalisation de l’étude n’est pas négligeable. Ce laps de temps risque de rendre le travail effectué obsolète avant même que le produit final n’ait vu le jour. Mais nous ne sommes pas les seules : il y a en moyenne 2 ans de décalage entre le début d’une bibliographie systématique et la date de rédaction des recommandations [86]. Il s’agit là d’un problème de moyen humain et l’on comprend aisément pourquoi ce type de travail n’a jamais été réalisé pour la médecine générale en respectant l’intégralité des recommandations de l’HAS. Ø La diffusion L’idéal serait d’intégrer les fiches dans des logiciels médicaux afin de les rendre accessibles en temps réel lors de la consultation. Il n’existe pas de possibilité de créer un CD ROM directement compatible avec l’ensemble des logiciels de gestion du dossier patient. Cependant, certains logiciels médicaux sont en « open source » et sont susceptibles d’accueillir les données d’un tel CDRom. En ce qui concerne les autres logiciels médicaux ( non « open source »), ils sont très nombreux et appartiennent à des entreprises privées. Il faudrait donc démarcher auprès de chacun d’entre eux afin d’élargir la diffusion des fiches médicales, travail de commercial et non de médecin. Une autre alternative à long terme pourrait être d’intégrer ces fiches dans le Dossier Médical Personnel mais il faudrait pour cela que les fiches soient validées par les instances supérieures telles que l’HAS, l’INPES. 4. CHEMIN QU’IL RESTE A PARCOURIR Ø A grande échelle et du ressort des politiques : • Mettre en place la filière universitaire de médecine générale tant attendue. Cet aspect est fondamental car les attitudes hospitalières ne sont pas strictement superposables à celles pratiquées en médecine de ville… • Développer la recherche en science de l’éducation et de la prévention afin d’intégrer ces dimensions dans l’enseignement de la médecine générale. • Débloquer des fonds pour développer la recherche en médecine générale et permettre ainsi d’homogénéiser les connaissances et les pratiques. 49 • Débloquer des fonds pour permettre la réalisation de FIP destinées à la médecine générale, les mises à jour. Il pourrait s’agir d’une organisation gouvernementale au sein de l’HAS, via les sociétés savantes ou en créant une nouvelle institution spécifique et totalement indépendante des lobbies pharmaceutiques. • Prévoir une aide financière destinée au médecin afin qu’il puisse imprimer rapidement des documents de qualité suffisante (diagrammes, photos, couleurs). Car, même si l’argument n’est pas facilement avouable, le surcoût lié à l’impression de tels documents pourrait être un frein. Faudrait-il envisager dans le prix de la consultation le surcoût lié à l’impression de tels documents ? Faudrait-il réinstaurer un forfait prévention ? Ø A moyenne échelle, du ressort des institutions, du gouvernement (HAS, INPES…), des Sociétés Savantes ou d’une éventuelle fédération de médecins : Créer un groupe de travail réunissant à la fois des médecins généralistes aptes à définir dans chaque discipline l’information nécessaire à leur pratique quotidienne; des réseaux de médecins spécialistes apportant les dernières informations concernant leur discipline lorsque les articles sont difficiles d’accès ; un illustrateur, un informaticien et un professionnel de la communication afin de mettre à jour les fiches patients tous les trois ans. Une version informatique paraît indispensable et serait selon l’HAS, un excellent outil de diffusion des recommandations médicales. Ø A l’échelle locale, en collaboration avec l’Université Joseph Fourier (ou la faculté de Médecine de Grenoble.) Concernant la pérennité du projet, il existe des perspectives intéressantes : • Poursuivre le travail avec le Centre d’Investigations Cliniques de Grenoble : § Pour l’évaluation auprès des patients des fiches réalisées. § Pour les mises à jour futures des fiches par d’autres thésards ou par nousmêmes. • Intégrer les fiches dans le logiciel Médiwin ou tout autre logiciel intéressé. • Créer un CD-Rom. • Intégrer les fiches sur le site Internet de la faculté, site qui bénéficie déjà d’une popularité certaine. • Ecrire un article afin de sensibiliser les médecins à l’utilisation des FIP et au désir des patients d’avoir une information écrite. En effet, il faudrait que chaque médecin soit convaincu du bénéfice qu’elles apportent. • Elargir la diffusion auprès des internes en médecine générale et des jeunes médecins ainsi qu’au sein des URML… 50 THESE SOUTENUE PAR : Mélanie SUSTERSIC et Aurélia MENEAU TITRE : « Elaboration d’un outil d’aide à l’éducation du patient par la réalisation de 125 fiches d’information et de conseil concernant les motifs de consultation les plus fréquents en médecine générale. » CONCLUSION L’information à la santé est plus qu’un souhait fort des patients, il s’agit désormais d’un droit. Elle est pour le médecin généraliste non seulement un devoir, une obligation légale mais aussi une étape incontournable à toute démarche préventive et éducative. De nombreux auteurs s’accordent à dire que l’information écrite est un complément utile voire indispensable à l’information orale. Une revue de la littérature nous a permis de dégager les intérêts multiples des fiches d’information : elles appuient les propos du médecin, améliorent la compréhension, la connaissance, l’adhésion à la prise en charge et également la satisfaction des patients; elles stimulent la discussion et favorisent la relation patient-médecin ; elles permettent une meilleure autonomie des patients concernant leur santé. Et ce, sans majorer l’anxiété des destinataires. En un mot, elles améliorent la qualité des soins. Il existe depuis quelques années un foisonnement de documents à caractère médical à destination des patients et ce, sur tout type de support. Cependant, peu sont destinés à la médecine générale. Nous n’avons eu connaissance d’aucune banque de fiches d’informations destinées aux médecins généralistes qui soient à la fois valides sur le plan scientifique, compréhensibles par les patients et efficaces en terme de communication. Ces critères sont pourtant indispensables pour obtenir un document-patient de qualité, d’après les recommandations de l’INPES et de l’HAS. Devant ce constat et après la recherche de nombreux documents pertinents sur le sujet, nous avons élaboré un cahier des charges et une méthodologie d’aide à la réalisation de documents-patients, dans le respect des critères de qualité définis par l’HAS, l’INPES, les professionnels de la santé et les professionnels de la communication. Nous avons ensuite réalisé 125 fiches d’information concernant les motifs de consultation les plus fréquents en médecine générale. Chaque fiche a bénéficié d’une relecture par plusieurs médecins, spécialistes et généralistes, afin d’en valider le contenu d’après les données actuelles de la science. Chacune a ensuite été évaluée par le test de lisibilité de R. Flesch afin d’avoir une idée de son intelligibilité. Le score moyen obtenu par les 125 fiches était de 42 sur une échelle de 100. Cela correspond d’après G de Landsheere à un niveau de lecture de classe de 6ème – 5ème. Ce score nous semble suffisant pour être compris par la grande majorité des gens. 46 fiches sur 125, soit 37 %, avaient un score de 51 lisibilité inférieur à 40 : nous les avons donc modifiées afin d’en améliorer la compréhension pour les patients. Ces fiches sont destinées à être remises par le médecin généraliste au cours d’une consultation afin de prolonger cette dernière. Elles ont pour vocation : - d’aider le médecin dans sa démarche préventive et éducative, et notamment les jeunes médecins, encore peu formés à cet exercice ; - d’améliorer la qualité des soins en éduquant le patient, en favorisant son adhésion au traitement et en augmentant sa satisfaction ; - de rassurer les médecins et notamment les plus jeunes quant à l’information dispensée aux patients et ce, d’autant que l’aspect médico-légal a pris une importance non négligeable dans la pratique médicale au quotidien. Elles ne peuvent se suffire à elles-mêmes et ne s’envisagent que dans la globalité d’une consultation en médecine générale, après avoir pris en compte l’interrogatoire, le contexte socio-économicoculturel du patient, l’examen clinique, l’établissement d’un diagnostic et d’une attitude thérapeutique et enfin, le caractère opportun ou non du moment pour délivrer une information. Elles ne sont ni parfaites ni définitives : elles sont évolutives. Elles devront être évaluées auprès des patients afin d’en connaître leurs effets à court terme et à long terme. Elles devront être mises à jour régulièrement, afin de suivre l’évolution de la science. Le début d’une grande aventure… Vu et permis d’imprimer Grenoble, le 52 VI. BIBLIOGRAPHIE [1] Site de l’OMS, “ Glossaire de la promotion de la santé ”. http://www.who.int/hpr/NPH/docs/ho_glossary_/r.pdf [consulté le 10 décembre 2006]. 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Radcliffe Medicla Press Ltd, ed. “DISCERN: an instrument for judging the quality of written consumer health information on treatment choices”J Epidemiol Community Health 1999;53:105–111 [97] Conseil National de l’Ordre des médecins, pour une information médicale de qualité: quelles modalités et quelles limites? Jeudi de l’ ordre, 18ème, 6 février 2003, cote 7238/W, http://www.conseil-national.medecin.fr [98] recherche sur www.medcost.fr le 23 05 2007 56 ANNEXE 1 : NOMBRE DE PATIENTS ET NOMBRE DE CONSULTATIONS PAR RESULTAT DE CONSULTATION (D’après Vionnet-Fuasset J.) [74] Résultat de consultation Accident vasculaire cérébral Acouphène Alcool Amaigrissement Angine Angor Anxiété Artérite des membres inférieurs Arthropathie Arthrose Asthénie Asthme Bronchite aiguë Bronchite chronique Canal carpien Cancer Cataracte Céphalée Cérumen Cervicalgie Cholécystite Colique (syndrome) Colique néphrétique Conjonctivite Constipation Contusion Crampe musculaire Cystite-cystalgie Démence Dépression Dermatose DHL 09-maladie de l’appareil circulatoire DHL 09-maladie du syst. Ostéoarticulaire, des muscles Diabète de type 1 Diabète de type 2 Diarrhée Diarrhée-Nausée-Vomissement Dorsalgie Douleur non caractéristique Dyspnée Rang en nombre de patients 51 62 148 89 181 8 25 36 6 4 33 46 21 53 120 22 98 84 85 49 196 42 220 92 10 59 53 35 76 43 40 85 103 110 9 48 110 65 12 53 Rang en nombre de consultations 38 50 155 93 199 4 21 24 7 3 45 33 43 41 136 22 84 92 117 52 195 34 235 129 10 82 59 44 69 31 60 71 82 95 5 49 151 74 19 62 57 Eczéma Entorse Enurésie Epaule douloureuse Epigastralgie Etat fébrile Etat morbide afébrile Examens systématiques et prévention Fibrillation auriculaire Fracture Goutte Hémorroïdes Hernie-Eventration Hernie hiatale Herpes HTA Humeur dépressive Hyperglycémie Hyperlipidémie Hyperthyroïdie Hyperuricémie Hypotension orthostatique Hypothyroïdie Incontinence urinaire Infarctus du myocarde Insomnie Insuffisance cardiaque Insuffisance rénale Insuffisance respiratoire intertrigo Jambes lourdes Lithiase biliaire Lithiase urinaire Lombalgie Malaise-lipothymie Mémoire (perte de) Ménopause Météorisme Migraine Morsure/griffure Naevus Nervosisme Névralgie Névrite Obésité Œdème des membres inférieurs Ongle (pathologie de) Ostéoporose Otite externe 50 128 245 38 28 27 38 5 18 95 73 76 92 56 137 1 31 60 3 181 45 154 23 57 143 7 44 33 67 99 26 206 220 13 73 51 69 75 116 221 196 76 58 62 41 87 15 154 54 149 256 35 27 48 65 8 12 114 63 87 98 39 171 1 23 54 2 147 29 155 16 46 106 6 28 42 42 119 20 227 211 17 110 47 51 78 84 211 175 61 64 57 37 84 13 185 58 Otite moyenne Paresthésie des membres Parkinsonien (syndrome) Pharyngite Piqûre d’animal Plaie Plainte abdominale Plaintes polymorphes Pneumopathie aiguë Pollakiurie Prostate (hypertrophie) Prurit généralisé Psoriasis Psychique (trouble Pyélonéphrite aiguë Réaction à situation éprouvante Reflux-Pyrosis-Oesophagite Rhinite Rhinopharyngite Rhume Sciatique Sexuelle (dysfonction) Sinusite Souffle cardiaque Sténose artérielle Suite opératoire Surcharge pondérale Surdité Tabagisme Ténosynovite Thrombophlébite Toux tremblement Trouble du rythme (autre) Tuméfaction Ulcère de jambe Ulcère duodénal Ulcère gastrique Urticaire vaccination Varices des membres inférieurs Vertige- Etat vertigineux Vulvite-Vaginite Zona 181 80 99 69 169 76 30 128 107 80 11 87 89 128 164 32 16 24 28 37 61 95 107 92 95 80 99 72 137 71 80 17 103 20 67 107 220 206 135 2 19 14 116 110 195 87 80 102 189 101 40 76 136 76 11 95 69 95 180 32 14 30 58 66 73 81 128 68 74 108 93 67 145 79 71 36 87 15 87 87 199 183 125 9 18 25 102 123 59 ANNEXE 2 : SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS POUR L’ELABORATION DE DOCUMENTS POUR LES PATIENTS La sémantique : le langage et le choix des termes - utiliser un langage courant, expliquer les termes techniques [76,79,89] - utiliser un ton personnel [61,79], rendre actif le destinataire, mais utiliser un ton impersonnel pour les informations difficiles [45] - limiter les synonymes - éviter les mots abstraits, préférer les mots visualisables ou à tonalité affective [87] - privilégier la voie active (style direct, incitatif) [76] à la voie passive (style plus lourd, impersonnel) - donner une information honnête, pratique, non condescendante [76] - utiliser un ton positif, rassurant, encourageant, optimiste, constructif [76] - exprimer les risques en proportion plutôt qu’en pourcentages [83, 89] La syntaxe - écrire des phrases courtes et simples [72] de moins de 15 mots [87] - éviter les mots trop long [72] - éviter les tournures de phrases négatives [72] - placer les mots importants dans la première moitié de la phrase (ils sont mieux retenus) [87] La structure du texte : système de hiérarchisation des informations • Organiser le texte : cela permet de guider le lecteur [72] - parties importantes mises en évidence [76] - organisation générale logique [61, 90] - texte de structure visible [76] - l’ordre respecte les priorités des patients[79] - structure visible [76] - éléments rhétorique permettant de conduire le lecteur [61] - identifier une invitation, un conseil, une préconisation ; clarté de qui fait l’action [61] • Utiliser titres et sous-titres - titres clairs [76], appropriés, pertinent pour les patients [61,79], qui ressortent visuellement du corps du texte [79] - titres de section courts, faciles à lire (utiliser des questions dans les titres les complexifient) [90] bien organisés [79] • Phrases/ Paragraphes - paragraphes ni trop court, ni trop long [87] - longueur de ligne <= 40 lettres [90] - paragraphes bien visibles [72] - utiliser des « pastilles » [90] 60 La charte graphique et visuelle : caractères et disposition du texte • Choix de la police de caractère : - la police de caractère semble peu influencer la lisibilité [72] hormis les polices fantaisistes [91] - utiliser une police différente pour différencier titres et sous-titres [92], mais ne pas utiliser plus de 2-3 polices différentes - préférer une police dépouillée [79] - utiliser un style serif (avec empattement) pour le texte [90] car plus facile à lire [45] - les polices sans serif peuvent tout de même être utilisé dans les textes courts ou dans les titres [45] • Taille des caractères : - taille de 10 au minimum [45,78,90] - taille de 14 au minimum pour les malvoyants • Dessin des caractères : - limiter l’usage de majuscules, [45,72], d’italiques [45,89] et de soulignement [89] - préférer le gras pour mettre en évidence mais sans en abuser [45] • Justification des lignes : (alignement du texte en vertical) - Pour l’HAS, la vitesse de lecture ne semble pas affectée par la justification [72] - pour d’autres auteurs, ne pas justifier les textes sur la droite facilite la lecture et la compréhension [45,89] • Prévoir suffisamment d’espace blanc pour aérer le texte : [89, 91] - interlignage de 1, 1 ½, 2 [72] - marges généreuses (d) marges >=0,5 inch sur les côtés et en bas >=0.25 en haut [90] - plus d’espace au dessus d’un titre qu’au dessous [89] • Les encadrés, la mise en relief des mots-clés : - à utiliser avec prudence pour ne pas faire concurrence aux titres et sous-titres [72] - utiles pour diriger le lecteur dans le texte [45] - cadres ouverts soulignent l’information, sans encourager les lecteurs à la sauter [90] - cadre, bolding, resume pour mettre en évidence les points importants MIDAS [90], en mettant blanc autour [89] • La couleur : elle permet de hiérarchiser l’information et rend une page attrayante. - elle doit être attractive mais non intrusive (pas d’excès de couleur) [78,79] - utiliser un contraste d’encre élevé [90] - le fond d’écran doit être inférieur à 65 % de la couleur du texte [89] • Illustrations : - simples et dépouillées [79] et pas trop colorées [93] - éviter les détails inutiles et les mots [89] - pertinentes [45,79,90], pas de dessins humoristiques dans la gravité - positionnées près du texte relatif [79] - « inclusive and acceptable » [79] 61 ANNEXE 3 : AMORCE DE PROTOCOLE D’EVALUATION DES FICHES AUPRES DES PATIENTS - L’objectif de l’enquête Il s’agira de déterminer l’intérêt des fiches à court terme auprès des patients. Ont-elles été lues ? Ont-elles permis une meilleure compréhension de la pathologie ? Ont-elle permis une meilleure adhésion au traitement ? Apportent-elles un plus au décours d’une consultation ? Le protocole: Pour ce faire, nous sélectionnerons 15 fiches passées par le circuit complet de validation décrit précédemment. Les items seront choisis surtout par argument de fréquence en pratique de médecine générale et ce, afin d’optimiser le rendement de l’étude et les réponses recueillies. Ces fiches seront mises à disposition dans 10 cabinets de médecine générale de différentes régions, en zones semirurales ou en ville sous forme d’un CD comprenant chacun des items ou envoyés directement par Internet aux médecins intéressés. Les items pourraient être: Cystite aiguë, Lombalgies aiguës, Rhinite allergique, Eczéma, HTA, Dyslipidémie, Vaccins, Anxiété, Insomnie, Diabète de type II, Constipation, RGO, Jambes lourdes, Mycose vaginale, Contraception orale, AVK, Fièvre de l’enfant La population cible: tout enfant, adolescent ou adulte consultant le cabinet de médecine générale et en âge de comprendre et de recevoir une information écrite. Le seul critère d’exclusion étant l’illettrisme ou un âge insuffisant à une bonne compréhension du langage écrit. L’échantillon nécessaire est d’environ 200 patients. Le délai d’étude: deux mois L’objectif: obtenir au minimum une centaine de réponses par fiche ce qui correspond à remettre au moins le double de fiches. Le mode de recueil des données: Les fiches seront remises en main propre au patient par le médecin généraliste au décours d’une consultation de médecine générale. Elles seront accompagnées d’un questionnaire anonyme d’évaluation, d’une explication courte de l’intérêt de l’étude et d’une enveloppe T de réponse. La saisie et analyse des données : Les questionnaires seront renvoyés par le biais d’une enveloppe T permettant de respecter le caractère anonyme de l’enquête et un délai nécessaire à la lecture du document par le patient. Méthode d’analyse: Descriptive ( /analytique). Les biais: pour limiter les biais liés à la personnalité et à la pratique du médecin généraliste, il faudrait multiplier les cabinets sollicités pour la participation à l’étude. De même, pour limiter les biais liés au type de patientèle, nous souhaitons multiplier le type d’activités des médecins ( médecine de ville, rurale, semi-rurale, de montagne) et diversifier les zones géographiques. Description du questionnaire: Il est nécessaire lorsqu’on évalue la compréhension d’un document de distinguer la compréhension subjective ( ce que l’on croit avoir compris) et la compréhension objective ( ce que l’on a vraiment compris). 62 Que tester ? Les éléments suivants seront appréciés : - l’opinion générale sur le document ; - la lisibilité et la compréhension : la facilité/difficulté à localiser, lire et comprendre l’information et à repérer le message principal et les points clés ; - la présentation et l’organisation : logique, hiérarchie ; liens entre les messages clés ; - la quantité d’information (trop ou pas assez) ; - l’utilité et l’aspect des illustrations ; - l’utilisation potentielle sur le terrain ; - les modalités de mise à disposition et les différentes utilisations possibles (qui remet, où et quand, comment). La première partie se cantonnera à caractériser la personne sur son âge, sexe et profession. La seconde partie interrogera le patient sur l’utilité du document remis, son impact subjectif et objectif ( via la mémorisation ou non des points forts), son caractère agréable ou non. L’équipe de Adeline Paris a mis en place un questionnaire d’évaluation de la compréhension objective et subjective des documents médicaux de consentement remis aux volontaires sains qui pourrait servir de base à l’élaboration de notre propre questionnaire. French adaptation and preliminary validation of a questionnaire to evaluate understanding of informed consent documents in phase I biomedical research ( Adeline Paris; Catherine Cornu…). 63