Jorge MACCHI
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Jorge MACCHI
Les Cahiers 2015 - n°1 Jorge MACCHI SPECTRUM Le 19, Crac Montbéliard 14 MARS > 10 MAI 2015 VISITES AU 19 Driss AROUSSI EN CHANTIER 10,5 x 14,8 CM - 40 PAGES 5 EUROS LES ACTIVITÉS DU SERVICE DES PUBLICS TEXTE : P. CYROULNIK ÉDITION : LE 19, CRAC OVALE 10,5 x 14,8 CM - 60 PAGES 5 EUROS TEXTE : K. MÖLLERS ÉDITION : LE 19, CRAC A PARAÎTRE : TROIS FOIS RIEN 17 x 24 CM - 104 PAGES 15 EUROS TEXTE : P. CYROULNIK ET E. SUCHÈRE ÉDITION : LE 19, CRAC PUBLICATIONS KARL MÖLLERS • VISITES COMMENTÉES DE L’EXPOSITION, au 19, durée : 1h, gratuit. À FEU ET À SANG La guerre revisitée BUENOS AIRES > LES DIMANCHES À 16H : 22 mars, 19 avril et 10 mai > LES VENDREDIS À 18H30 : 10 et 24 avril > LES MARDIS À 12H30 : 24 mars, 14 avril et 5 mai • LES APRÈS-MIDIS JEUNES PUBLICS Visites/ateliers pour les enfants 4-12 ans Au 19, les mercredis de 14h à 16h. > LES MERCREDIS : 25 mars, 8 et 29 avril, 6 mai Ces visites et ateliers sont proposés à tous les enfants qui souhaitent exercer leur regard et s’initier à une pratique artistique. Gratuit. Sur réservation, un minimum de 2 personnes inscrites est nécessaire. • LES VISITES DE GROUPES SCOLAIRES ET PÉRISCOLAIRES Visites ZEN àNEZ et ateliers MAIN-À-LA-PATE Des rencontres découvertes au plus proche des œuvres d’art. Gratuit. Sur réservation. • LES VISITES DE GROUPES ADULTES Visites commentées sur réservation. Gratuit. Pour toute demande de renseignements, réservations ou pour préparer une visite, n’hésitez pas à contacter l’équipe de médiation au 03 81 94 13 47 ou [email protected] AUTOUR DES EXPOSITIONS • LE RDV DES PROFS ET DES ANIMATEURS parfois écrite, parfois improvisée, qui croise le free jazz, la musique spectrale, la noise et Rendez-vous spécial enseignants, animateurs et responsables associatifs. L’équipe du la pop. A l’invitation du festival Impetus et de la Fraternelle de Saint Claude, le duo Bribes service des publics est disponible dans l’exposition pendant une heure, en début de bénéficie d’une résidence artistique en Franche-Comté depuis le début de l’année 2015. Pour ce rendez-vous au centre d’art contemporain Le 19, Geoffroy Gesser et Romain Clercsoirée. N’hésitez pas à venir préparer vos visites ! Renaud présenteront pour la toute première fois le projet « Bribes IV », qui associe la mag> Mardi 17 mars entre 18h et 19h, entrée libre. nifique chanteuse suédoise Isabel Sörling et le batteur Yann Joussein, après une semaine de travail au Conservatoire du Pays de Montbéliard. Un double duo qui plonge l’auditeur dans • CLUB SANDWICH VIDÉOS Une séléction de vidéos d’artistes à l’heure du déjeuner, le dernier mardi du mois. Pensez une horde de sons souples et électrisés, qui oscillent entre éclats intenses et immobilité. à réserver vos sandwichs par mail jusqu’à 11h le jour J ([email protected] ou par En première partie de soirée, ce sont près de 15 musiciens du Conservatoire du Pays de Montbéliard qui présenteront la création « Bribes Orchestra », préparée depuis quelques téléphone : 03 81 94 43 58). Sandwichs : 2 euros. mois avec le concours de Geoffroy Gesser et Romain Clerc-Renaud. > Mardi 31 mars de 12h30 à 13h30, entrée libre. En coproduction avec le Conservatoire du Pays de Montbéliard et l’association Le Ton Vertical, avec le soutien du Conseil Général du Doubs et le concours du 19 et de la Fraternelle de Saint Claude. Bribes est un ensemble musical soutenu par la DRAC Franche-Comté. • CONCERT : Jazz et divergence avec BRIBES IV + BRIBES ORCHESTRA (création) Une proposition Impetus festival & le Conservatoire du Pays de Montbéliard Réservations fortement conseillée (jauge limitée) : 03 81 30 78 30, [email protected] Pour la première fois, le festival Impetus plonge dans la grande constellation du jazz de création. Membre du très dynamique collectif COAX, le duo Bribes rassemble Geoffroy Gesser (saxophone) et Romain Clerc-Renaud (piano). Ces deux musiciens jouent une musique > Jeudi 16 avril à 18h30, entrée libre. Jorge MACCHI SPECTRUM Personnalité majeure de la scène internationale de l’art contemporain Jorge MACCHI développe depuis plus de 25 ans une œuvre ouverte à la fois rigoureuse et poétique. Elle associe des éléments à caractère formel avec des logiques propres à des haïkus visuels. Elle se situe à la croisée de problématiques associant des images relevant de la condensation ou du précipité du réel, des jeux d’ombres et de lumières, des dynamiques séquentielles et des effets de répétition qui viennent suspendre ou inverser les effets perceptifs ou signifiants. Elle joue d’émergence et de dissolution du récit dans des situations en-deçà ou au-delà du narratif. Il y a chez lui un art d’inverser les perceptions qui vient troubler la vision convenue que l’on a du réel. Ces modifications de l’espace le font entrer dans le domaine de la fiction tant dans sa dimension illusionniste que dans ce qu’il implique d’un entre-deux entre rêve et réalité. Jorge Macchi corrode notre présent par l’intrusion dans le présent d’éléments du passé ou d’un futur fictif qui vont jusqu’à nous faire perdre les critères liés à la linéarité chronologique à laquelle nous sommes habitués. Les œuvres de Macchi ont souvent pour effet de produire un suspens qui déstabilise l’identité des choses, rend l’image incertaine et inquiétante. Il fait du monde un théâtre du doute et de la mélancolie. Le crime n’est pas loin des scènes qu’il donne à voir mais l’histoire s’est absentée. On est avant ou après le récit. C’est ce qui explique aussi l’usage qu’il fait de fragments d’images ou de films avec lesquels il pratique des collages visuels ou encore qu’il transforme par altération, séparation ou déconnexion entre le texte et les images, le son et les dialogues. Les images, le réel, l’environnement urbain, les signes de la société de consommation ou l’histoire de l’art sont comme des matériaux qu’il agence, associe ou confronte dans des effets de collision ou de déplacement qui jettent un doute sur l’identité des êtres, des situations et des objets. Son œuvre touche autant au dessin, à la peinture et à la sculpture qu’à l’installation, au son ou à la vidéo. Le 19, Crac qui l’avait exposé une première fois en 2001 lui consacre ici la première exposition d’importance en France. Son œuvre se caractérise par un art de rendre énigmatiques et paradoxaux les choses, les images et les mots les plus banals ou anonymes. Memoria externa 07, 2013-2014, huile et acrylique sur toile, 150 x 198 cm, courtesy galerie Ruth Benzacar Spectrum renvoie à la nature de l’exposition qui couvre un ensemble de production de l’artiste depuis plus de vingt ans. Mais il évoque aussi une constante dans l’œuvre de Jorge Macchi : la tendance qu’a le réel à s’y défaire, au caractère à la fois indiciel et fictif des signes qui la peuplent et au fait que chez lui l’ombre est comme le spectre de la forme, le signe de sa dissolution. Comme les spectres peuvent évoquer une réalité et des êtres disparus, son travail joue constamment sur une logique de la perte de consistance des choses, d’inversion de leurs qualités. Ses œuvres tendent à rendre équivoques leurs existences et leurs caractéristiques : entre le tangible et le diaphane, la pesanteur et l’immatériel, le réel et le fictif. Spectrum est la première exposition à caractère rétrospectif de Jorge Macchi produite en France. Elle propose au public français un ensemble d’œuvres majeures de l’artiste (vidéos, peintures, installations, sculptures, œuvres sur papier). Ce choix couvre près de vingt années de travail puisqu’il va des œuvres conçues en 1992 (La flecha del Zenon) jusqu’aux peintures de la série Memoria externa (2013-2014) jamais montrées en France et en Europe. D’importantes œuvres vidéos récentes comme From here to eternity ou Second côtoient d’autres plus anciennes comme Victima Serial ou Diaro Intimo, Streamline, Super 8 ou La flecha del Zenon. Seront présentées quatre sculptures/installations de référence de l’artiste, Refracciòn, Iluminación, Pendulum et Bed and breakfast ; ainsi que deux œuvres relevant de l’installation murale, Hotel et Horizon. Des dessins et collages comme Liliput, Shy, Te amo, un relief de 2001, Publicidades ainsi qu’un ensemble d’aquarelles des années 1990-2000 complètent l’exposition. Spectrum fait suite, avec un parti pris autre, aux récentes rétrospectives de l’artiste en Europe, Music stand still au SMAK de Gand (2011) et Container au Kunstmuseum de Lucerne (2013). Exposition organisée avec le concours des galeries Peter Kilchmann (Zurich), Continua (San Gimignano/Beijing/Les Moulins), Ruth Benzacar (Buenos Aires) et Alexander and Bonin (New York). Refracción, 2012, fer et acrylique sur mur, vue de l’installation au Kunstmuseum, Lucerne, courtesy galerie Peter Kilchmann L’œuvre de Macchi, à la fois poétique et mélancolique, contient tous les médiums : avec des vidéos, musiques, dessins, objets faits de métal ou de papier, l’artiste crée des ambiances ambivalentes qui peuvent être attractives et perturbantes. Il est particulièrement intéressé par le phénomène de perception, il enquête sur le temps et l’évanescence, à travers l’arrêt, l’équilibre et l’éternité. L’installation Refracción (voir page précédente) consiste en 25 poutres et tubes de métal qui reposent appuyés sur les parois d’une salle. Toutes à la même hauteur (170 cm depuis le sol) les poutres paraissent brisées comme l’effet optique de la réfraction d’un crayon dans un verre d’eau. Cet effet persiste comme un fantôme dans la salle, avec la couleur grise des murs (à la hauteur de 170 cm) qui se transforme en reste possible d’une inondation. La pièce From here to eternity de 2013 a été réalisé en collaboration avec le musicien Edgardo Rudnitzky avec lequel Macchi travaille depuis 10 ans. Cette œuvre est la plus récente collaboration entre l’artiste et le musicien. Deux boucles vidéos sont extraites du film classique hollywoodien « From here to eternity » : le premier avec la séquence d’ouverture du film et la seconde avec les mots « THE END » du même film qui apparaissent sur l’écran. Comme ces deux boucles sont d’une durée différente elles se superposent toujours d’une manière différente, et leurs bandes sons correspondantes créent un mélange sonore chaotique. Avec l’aide d’un logiciel informatique le musicien Edgardo Rudnitzky crée en temps réel un troisième canal sonore ; à chaque instant le logiciel choisit des notes dans un menu de voix féminines pour créer une coexistence harmonieuse avec les autres boucles sonores. Iluminación est une œuvre emblématique dans la production de Jorge Macchi. Elle fait appel à de nombreux matériaux usuels de la pratique de l’artiste et à une symbolique récurrente, celle de la lumière. De haut en bas : From here to eternity, 2013, vidéo projection, « 10:51 », 2009, vidéo-projection loop, Second, 2013, vidéo projection, Horizon, 2002, 2 lampes et clous, installation, SMAK, Gand. A droite : Iluminación III, 2012, torches électriques, ciment, 285 x 285 x 285 cm (œuvre produite avec le concours de la galerie Peter Kilchmann et du 19,Crac). Ici les faisceaux lumineux de sept lampes électriques, immatérielles et invisibles par essence, sont symbolisés par sept faisceaux en ciment convergeant vers un noyau central. Ces sept faisceaux dans un matériau lourd et solide contrastent fortement avec la nature incorporelle de la lumière. La lumière prend alors une forme étoilée monumentale et imposante. Dans Pendulum, une poutre de fer en double T est appuyée sur deux tabourets de plastique. Il semble que la poutre plie sous son propre poids. Cependant ce sont deux fragiles tabourets qui supportent le poids de la poutre. La pièce se nomme « Pendule » et ainsi la poutre se transforme en la trace d’un mouvement perpétuel. Pendulum, 2013, acier, plastique, 74 x 505 x 55 cm, courtesy Alexander and Bonin Hotel est une installation dans laquelle une lampe accrochée à un mur illumine une partie de ce mur ; cependant la lumière de cette lampe est éteinte et de la lumière il ne reste seulement qu’un souvenir : l’effacement du dessin qui décore le mur à mesure qu’il s’éloigne de la source lumineuse. Jorge MACCHI est né en 1963 à Buenos Aires où il vit et travaille. C’est dans cette ville à la galerie Alberto Elia qu’il eut sa première exposition personnelle en 1989. Parmi les très importantes manifestations internationales auxquelles il a été invité, on peut noter les biennales de Sydney (2012), Liverpool (2012), Lyon (2011), Istanbul (2011 et 2003), Venise (2005), Prague (2005), Mercosur (2003), La Havane (2000) et Cuenca (1991). Il a eu des expositions personnelles dans le cadre des Biennales du Mercosur (2007) et de Venise (2005). Il a eu de nombreuses expositions personnelles organisées par les musées de Buenos aires, Mexico, Santiago du Chili, Austin aux USA et en Europe ceux de Gand, d’Anvers, de Lucerne et de Brème et les galerie Ruth Benzacar (2014-2007), Continua (2014-2009), Peter Kilchmann (2012-2006), Luisa Strina (2007). Il a participé à des expositions collectives remarquées dans des Musées d’art contemporain et des Centres d’arts importants, en particulier au MAC de Lima, au Musée d’art moderne de Sao Paulo, au Musée d’Art Moderne, au Musée National des Beaux Arts et au MALBA à Buenos Aires, au Drawing Center à New York, au Centre d’art de Ténérife aux Canaries, au Drawing Room de Londres, au Musée d’art latino américain de Californie, au Hammer Museum de Los Angeles, au Walker Art Center à Minneapolis et au Dallas Museum aux Usa, à la Fondation Beyeler de Bâle, au Morsbroich Museum de Leverkusen en Allemagne, à la Kunsthalle de Vienne, au Palazzo de Arti à Naples, au Musée d’art de Victoria en Espagne et à l’Irish Museum of Modern Art de Dublin. En France, sa première participation à une exposition fut celle de «L’atelier de Buenos Aires» au Crédac à Ivry-sur-Seine en 1991. Il a eu des expositions personnelles au 19, Crac à Montbéliard (2001) et à l’Enad à Aubusson (2002). Il a participé à des expositions collectives au 19, Crac à Montbéliard (2007), à la Kunsthalle de Mulhouse (2010), au Centre Culturel Suisse (2011), à la Fondation Cartier (2013) et à la galerie Xippas (2014-10) à Paris. Jorge Macchi est représenté par la galerie Ruth Benzacar à Buenos Aires, la galerie Continua à San Gimignano, Bejiin et Les Moulins, la galerie Peter Kilchmann à Zurich et la galerie Luisa Strina à Sao Paulo. Les œuvres de Jorge Macchi sont dans de nombreuses collections privées internationales et d’importantes collections publiques en particulier au Mnba, au Malba et au MAM à Buenos Aires, au Moma et au Muséo del Barrio à New York, à la Daros fondation à Zurich, à La Tate Modern à Londres, au Muhka à Anvers au SMAK à Gand en Belgique, au Musac à Leon en Espagne et Musée national d’art Moderne - Centre Georges Pompidou à Paris. Shy, 2008, papiers & dessin mural, dimensions variables Hotel, 2007, acrylique sur mur, lampe, environ 300 x 400 x 15 cm HORS LES MURS•ECOLE D’ART DE BELFORT Roberto H. ELIA Associations Roberto H. ELIA est un des artistes majeurs de l’art argentin. Travaillant avec le texte, les objets et les signes, il construit un univers protéïforme où les objets se métamorphosent en figures, en signes et en formes. De même à partir d’éléments empruntés tant au registre de l’écrit, de l’image et de l’objet, il opère un processus de transformation du réel en hiéroglyphes qui en modifient la nature. Il y a dans son œuvre une appétence particulière à stimuler la potentialité signifiante des formes et les dynamiques symboliques des objets. Mais il les maintient à la lisière de ce qui pourrait le constituer en métaphore ou en élément représentatif. Il y a au contraire chez lui un désir de nous faire entrer dans une herméneutique poétique du monde. À partir de certains objets récurrents (pince à linge) il constitue un alphabet formel avec lequel se font et se défont des identités (masculin/féminin), des significations (signifié/signifiant), et des écritures (signes/lettres). L’œuvre de Roberto Elia doit beaucoup à la tradition herméneutique que l’on retrouve dans la poésie argentine avec des auteurs comme Borges et Maréchal. Elle tisse aussi une relation à l’objet et au signe que l’art argentin affectionne et qui le place dans une situation où sa proximité au quotidien induit une inquiétante étrangeté. Elle s’est aussi nourrie de l’expérience de l’art conceptuel et de figures comme celle de Joseph Beuys. Mais il revendique un choix de matériaux pauvres, précaires et élémentaires issus de son environnement « portègne » (Les porteños sont les Vue de travail en cours, atelier, Buenos Aires habitants de Buenos Aires) et avec lesquels il construit une cosmogonie où se côtoient l’évidence et l’énigmatique, l’épure et le complexe. Roberto Elia passe souvent de l’objet à la sculpture du fait de la place qu’a chez lui le principe d’association. Il peut produire, le temps d’un « essai », une structure unitaire qui se déploie en trois dimensions. Sa sculpture convoque objets récupérés, matériaux et signes. Elle relève à la fois de l’assemblage et du collage. L’expérience de la mise en relation d’éléments hétérogènes où se conjuguent relances et chutes l’intéresse plus que le résultat figé d’une mise en forme achevée. Un jeu et des enjeux, des mots d’esprit avec le matériau, une dialectique entre le reste et le morceau, entre le signe et le matériau, tel est le mode d’exercice de la sculpture pour Roberto Elia. On y retrouve l’esprit des Combine-painting de Rauschenberg, de la selle de bicyclette de Picasso, on y rencontre le terrain d’expérience d’un Beuys, ou la fragile subtilité qu’affectionnait Robert Filliou. Il aime à citer ce propos d’Anish Kapoor : « la forme est, il n’y a pas de hiérarchie. Les choses ont seulement besoin d’incarner une condition de vérité. Mon projet est de la rencontrer. Je n’exprime pas, je travaille pour rencontrer cette condition.» Philippe CYROULNIK Roberto Elia (né en 1949, vit et travaille à Buenos Aires) a exposé dans d’importantes institutions argentines : le Musée d’Art Moderne, le Musée des Beaux Arts, la Sala Cronopios à La Recoleta et Le Centro Borges à Buenos Aires. Il a été exposé par les galeries Ruth Benzacar, Jorge Mara et Van Riel en Argentine. Il a participé à la Biennale de la Havane à Cuba (1991), et à des expositions au Musée d’art Hispanique à New York (1986), à l’institut Domec à Mexico (1989), au Crédac à Paris (1991), au Centre Georges Pompidou (1992), au Musée d’art contemporain de Caracas (1997), au Tamarin Institute à New Mexico (Usa) et au 19, Crac en 1999 et 2005. En 2014 il a eu une expostion personnelle à la galerie Van Riel à Buenos Aires. 4 AVRIL > 6 JUIN 2015 ÉCOLE D’ART G. JACOT, BELFORT 2 avenue de l’espérance, 90 000 Belfort tel. 03 84 36 62 10 www.ecole-art-belfort.fr Lundi-samedi : 9h-12h, 14h-18h fermeture pendant les vacances scolaires HORS LES MURS•ECOLE D’ART DE BELFORT Pierre TUAL L’Objet de la sculpture Pierre Tual fait partie de cette génération pour laquelle la sculpture consiste à inventer un monde de formes et d’espace et à faire en sorte que le métal, ce matériau moderne par excellence, se plie et s’ouvre aux « desseins » de la main, au jeu entre le plein et le vide. Il est dans son œuvre le médium d’une écriture qui réorganise et réinvente nos relations au visible et à l’espace. Sa sculpture se singularise par sa capacité à faire surgir un volume par le jeu des lignes et des plans et à nous l’offrir dans une altérité radicale à nos habitudes. Elle est portée par un imaginaire nourri de l’histoire des formes et d’une appétence à trouver dans le monde la matière de ses inventions. Les richesses formelles que l’art recèle dans son histoire lui permettent d’en abstraire des « conversations » entre la matière, la forme et l’espace. Sa sculpture récuse tout mimétisme mais se nourrit des possibilités formelles que lui offrent notre environnement et notre culture. À la différence de ceux qui sont du côté de l’expérimentation du matériau et qui en éprouvent la matérialité, Pierre Tual y cherche une disponibilité à la découpe, au pli et au déploiement. Il en mobilise les potentialités chromatiques jusque dans ses réactions à son environnement : l’oxydation de l’acier Corten par exemple est assumée; ce qui lui permet non pas de prendre une couleur mais d’en être une. Ainsi d’un geste, d’une découpe, il dessine les plis et replis du métal dans l’espace. Il va jouer de sa ductilité et de sa résistance pour à la fois déployer une forme et l’enrober. Il dessine ses figures métalliques au fil de la découpe et au gré de la soudure, il agence et assemble ses formes. Il entrecroise et associe les arêtes qui découpent l’espace avec des plans qui sont comme les voiles de ses sculptures. Elles sont portées et innervées par les vides solidaires de cette armature faite de courbes que la coupe et la torsion ont façonnées, et de lignes brisées par les angles multiples que la soudure a créés. Pierre Tual découpe dans la matière, la fait se soumettre aux plissements et retournements qu’il met en forme. Il donne la possibilité au matériau d’être à la fois le chemin qui mène à la forme et à son histoire : ainsi un angle est à la fois une figure et un acte, un pli est à la fois la torsion d’un matériau, la respiration d’une surface ou l’enveloppe d’un espace. C’est pourquoi à de rares exceptions près il affectionne les plaques, les tiges et barres bien plus que les blocs et masses. La sculpture chez lui sépare, découpe, dessine et respire. Il ne pratique pas la réduction aux paramètres élémentaires du matériau, comme sa densité ou sa pesanteur, sa dureté, sa mollesse ou sa plasticité. Il n’est pas non plus du côté de l’orthogonalité : la règle et l’angle droit ne conviennent pas à une sculpture qui pense à la fois la tension et le relâchement, le rigide et le souple, la fixité d’une présence et le rythme d’une respiration. Il recherche la complexité d’une forme qui se donne comme telle tout en recomposant l’espace où elle se déploie : une forme qui intègre cet espace dans le volume qu’elle circonscrit. A la différence des « géométriques » il affectionne l’arabesque et la torsion, la tension d’un angle d’attaque ou de fermeture. Il aime autant les arêtes vives qui dessinent la pensée d’une forme que le galbe ourlant une surface métal. Sa sculpture passe aussi par la réutilisation de fragments d’anciennes sculptures ou des chutes qu’il n’a pas utilisées. Il y a là, dans ces fragments, restes Haïku, 2008, fer rouillé, alu chauffé, terre cuite, 24 x 130 x 60 cm et autres chutes laissées de côté dans le pourtour de l’atelier quelque chose d’une jachère de la sculpture qu’il va pouvoir retravailler. Philippe CYROULNIK Pierre TUAL (né en 1941, vit et travaille à Boissy-Maugis) Principales expositions personnelles : L’apostrophe, Cergy-Pontoise (2015), Jardins et Rotonde de l’Hôtel-Dieu, Châteaudun (2013), Galerie du théâtre Magog, Québec, Canada (2012), Domaine de Kerguéhennec, Bignan (2011), Espace Julien Green, Andrésy (2010), Meccaniche della meraviglia V, Adro-Brescia, Italie (2007), Galerie du Village Royal, Paris (2004), Le 19, Crac, Montbéliard (1997), Galerie Jordan-Devarrieux, Paris (1996), Musée des Beaux Arts, Mulhouse (1993), Galerie Riverin Arlogos, Eastman, Québec, Canada (1990), C.A.C du Québec, Montréal, Canada (1989), CREDAC, Ivry-sur Seine (1988), MNAM, Centre Georges Pompidou, Paris (1982). PROCHAINEMEN LA TERRE NOUS EST ETROITE REGARDS CROISES SUR LA PALESTINE Enas I. AL-MUTHAFFAR, Tanya HABJOUQA, Rula HALAWANI, Valérie JOUVE Mahassen NASSER-ELDIN, Jacqueline REEM SALLOUM, Larissa SANSOUR Jean-Louis SCHOELLKOPF, Ahlam SHIBLI 6 JUIN > 23 AOÛT 2015 LA TERRE NOUS EST ÉTROITE* souhaite faire voir à travers des approches d’artistes contemporains ce que la Palestine recouvre comme réalités multiples et en quoi elle nourrit dans sa complexité et son histoire la matière à une création palestinienne et aussi internationale. Création qui inscrit l’œuvre dans une préoccupation tant documentaire que poétique ou narrative. Il s’agira de l’appréhender autant comme le lieu d’une culture et d’une réalité nationale et historique, comme l’espace d’un conflit, que comme un pays marqué par sa partition, ses occupations, et les dénis dont il a fait l’objet et le fait encore. L’exposition souhaite aussi rendre visible et tangible le quotidien d’une population qui vit sous l’occupation ; et malgré elle. Elle vise à inscrire à travers les œuvres des artistes ici rassemblés ce qu’il en est de ce peuple, des ses blessures et de ses deuils, de ses rêves et de ses espérances. L’exposition se propose d’esquisser ce qui pourrait être le tableau d’un pays marqué et déchiré par l’histoire. L’histoire d’un peuple qui en est passé par le désastre, le «déplacement» de population, l’exil et la négation de son identité. Mais elle montre aussi que cette histoire est celle d’une obstination à exister, à s’affirmer et résister au jour le jour. L’exposition proposera des portraits, des paysages et des fictions à l’image d’une histoire de l’adversité. Elle se veut être une traversée de cette réalité avec des gros plans et des panoramiques, une saisie des strates et sédimentations culturelles et politiques qui la charpentent. Mais avec ses contradictions et tensions propres, l’art ici se confronte à une histoire et croise des traditions artistiques et culturelles plurielles. C’est pourquoi les photographies présentées renvoient autant au paysage, à la scène de genre, au récit historique qu’à la tradition documentaire ou celle du portrait. Il en est de même pour les films ou vidéos qui mélangent fiction et réalité, approche documentaire et politique, ou allégorie et ironie. Les œuvres ici ont à la fois une dimension critique et poétique. * Titre d’un recueil de poèmes de Mahmoud Darwich © Larissa SANSOUR, Nation Estate (05) - Mediterranean (détail), 2012, c print, 60 x 120 cm, courtesy galerie Anne de Villepoix 19, avenue des Alliés 25200 Montbéliard tél. 03 81 94 43 58 [email protected] www.le19crac.com Direction Philippe Cyroulnik Administration Frédérique Daniel Action culturelle, programmation hors les murs, service des publics Alexandre Roccuzzo Administration, communication, graphisme Aurélie Goëtz Accueil, médiation, régie Céline Amrani Sophie Briswalter Régie, montage Joffrey Guillon Accueil, régie, montage Thomas Billon Assistante administratif Marylène Seingry Le 19, entrée libre ma-sa : 14h-18h, di : 15h-18h fermeture : 1er mai Le 19 est membre de DCA et TRAC. Dépôt légal, 1er trimestre 2015 Issn : 1957-0856 Crédits photographiques, DR Couverture : © Jorge MACCHI, Memoria externa 05, 2013-2014, huile & acrylique/toile, 195 x 389 cm, courtesy gal. R. Benzacar