Jorge MACCHI

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Jorge MACCHI
Les Cahiers 2015 - n°1
Jorge MACCHI
SPECTRUM
Le 19, Crac Montbéliard
14 MARS > 10 MAI 2015
VISITES AU 19
Driss AROUSSI
EN CHANTIER
10,5 x 14,8 CM - 40 PAGES
5 EUROS
LES ACTIVITÉS DU SERVICE DES PUBLICS
TEXTE : P. CYROULNIK
ÉDITION : LE 19, CRAC
OVALE
10,5 x 14,8 CM - 60 PAGES
5 EUROS
TEXTE : K. MÖLLERS
ÉDITION : LE 19, CRAC
A PARAÎTRE :
TROIS FOIS RIEN
17 x 24 CM - 104 PAGES
15 EUROS
TEXTE : P. CYROULNIK
ET E. SUCHÈRE
ÉDITION : LE 19, CRAC
PUBLICATIONS
KARL MÖLLERS
• VISITES COMMENTÉES DE L’EXPOSITION, au 19, durée : 1h, gratuit.
À FEU ET À SANG
La guerre revisitée
BUENOS AIRES
> LES DIMANCHES À 16H : 22 mars, 19 avril et 10 mai
> LES VENDREDIS À 18H30 : 10 et 24 avril
> LES MARDIS À 12H30 : 24 mars, 14 avril et 5 mai
• LES APRÈS-MIDIS JEUNES PUBLICS
Visites/ateliers pour les enfants 4-12 ans
Au 19, les mercredis de 14h à 16h.
> LES MERCREDIS : 25 mars, 8 et 29 avril, 6 mai
Ces visites et ateliers sont proposés à tous les enfants qui souhaitent
exercer leur regard et s’initier à une pratique artistique. Gratuit.
Sur réservation, un minimum de 2 personnes inscrites est nécessaire.
• LES VISITES DE GROUPES SCOLAIRES ET PÉRISCOLAIRES
Visites ZEN àNEZ et ateliers MAIN-À-LA-PATE
Des rencontres découvertes au plus proche des œuvres d’art.
Gratuit. Sur réservation.
• LES VISITES DE GROUPES ADULTES
Visites commentées sur réservation. Gratuit.
Pour toute demande de renseignements, réservations ou pour
préparer une visite, n’hésitez pas à contacter l’équipe de
médiation au 03 81 94 13 47 ou [email protected]
AUTOUR DES EXPOSITIONS
• LE RDV DES PROFS ET DES ANIMATEURS
parfois écrite, parfois improvisée, qui croise le free jazz, la musique spectrale, la noise et
Rendez-vous spécial enseignants, animateurs et responsables associatifs. L’équipe du la pop. A l’invitation du festival Impetus et de la Fraternelle de Saint Claude, le duo Bribes
service des publics est disponible dans l’exposition pendant une heure, en début de bénéficie d’une résidence artistique en Franche-Comté depuis le début de l’année 2015.
Pour ce rendez-vous au centre d’art contemporain Le 19, Geoffroy Gesser et Romain Clercsoirée. N’hésitez pas à venir préparer vos visites !
Renaud présenteront pour la toute première fois le projet « Bribes IV », qui associe la mag> Mardi 17 mars entre 18h et 19h, entrée libre.
nifique chanteuse suédoise Isabel Sörling et le batteur Yann Joussein, après une semaine de
travail au Conservatoire du Pays de Montbéliard. Un double duo qui plonge l’auditeur dans
• CLUB SANDWICH VIDÉOS
Une séléction de vidéos d’artistes à l’heure du déjeuner, le dernier mardi du mois. Pensez une horde de sons souples et électrisés, qui oscillent entre éclats intenses et immobilité.
à réserver vos sandwichs par mail jusqu’à 11h le jour J ([email protected] ou par En première partie de soirée, ce sont près de 15 musiciens du Conservatoire du Pays de
Montbéliard qui présenteront la création « Bribes Orchestra », préparée depuis quelques
téléphone : 03 81 94 43 58). Sandwichs : 2 euros.
mois avec le concours de Geoffroy Gesser et Romain Clerc-Renaud.
> Mardi 31 mars de 12h30 à 13h30, entrée libre.
En coproduction avec le Conservatoire du Pays de Montbéliard et l’association Le Ton Vertical, avec le
soutien du Conseil Général du Doubs et le concours du 19 et de la Fraternelle de Saint Claude. Bribes
est un ensemble musical soutenu par la DRAC Franche-Comté.
• CONCERT : Jazz et divergence avec BRIBES IV + BRIBES ORCHESTRA (création)
Une proposition Impetus festival & le Conservatoire du Pays de Montbéliard
Réservations fortement conseillée (jauge limitée) : 03 81 30 78 30, [email protected]
Pour la première fois, le festival Impetus plonge dans la grande constellation du jazz de création. Membre du très dynamique collectif COAX, le duo Bribes rassemble Geoffroy Gesser
(saxophone) et Romain Clerc-Renaud (piano). Ces deux musiciens jouent une musique
> Jeudi 16 avril à 18h30, entrée libre.
Jorge MACCHI
SPECTRUM
Personnalité majeure de la scène internationale de l’art contemporain Jorge
MACCHI développe depuis plus de 25 ans une œuvre ouverte à la fois rigoureuse
et poétique.
Elle associe des éléments à caractère formel avec des logiques propres à des haïkus visuels. Elle se situe à la croisée de problématiques associant des images relevant de la condensation ou du précipité du réel, des jeux d’ombres et de lumières,
des dynamiques séquentielles et des effets de répétition qui viennent suspendre
ou inverser les effets perceptifs ou signifiants. Elle joue d’émergence et de dissolution du récit dans des situations en-deçà ou au-delà du narratif.
Il y a chez lui un art d’inverser les perceptions qui vient troubler la vision convenue
que l’on a du réel. Ces modifications de l’espace le font entrer dans le domaine
de la fiction tant dans sa dimension illusionniste que dans ce qu’il implique d’un
entre-deux entre rêve et réalité. Jorge Macchi corrode notre présent par l’intrusion dans le présent d’éléments du passé ou d’un futur fictif qui vont jusqu’à nous
faire perdre les critères liés à la linéarité chronologique à laquelle nous sommes
habitués. Les œuvres de Macchi ont souvent pour effet de produire un suspens qui
déstabilise l’identité des choses, rend l’image incertaine et inquiétante. Il fait du
monde un théâtre du doute et de la mélancolie. Le crime n’est pas loin des scènes
qu’il donne à voir mais l’histoire s’est absentée. On est avant ou après le récit.
C’est ce qui explique aussi l’usage qu’il fait de fragments d’images ou de films avec
lesquels il pratique des collages visuels ou encore qu’il transforme par altération,
séparation ou déconnexion entre le texte et les images, le son et les dialogues. Les
images, le réel, l’environnement urbain, les signes de la société de consommation
ou l’histoire de l’art sont comme des matériaux qu’il agence, associe ou confronte
dans des effets de collision ou de déplacement qui jettent un doute sur l’identité
des êtres, des situations et des objets.
Son œuvre touche autant au dessin, à la peinture et à la sculpture qu’à l’installation, au son ou à la vidéo. Le 19, Crac qui l’avait exposé une première fois en 2001 lui
consacre ici la première exposition d’importance en France. Son œuvre se caractérise par un art de rendre énigmatiques et paradoxaux les choses, les images et les
mots les plus banals ou anonymes.
Memoria externa 07, 2013-2014, huile et acrylique sur toile, 150 x 198 cm, courtesy galerie Ruth Benzacar
Spectrum renvoie à la nature de l’exposition qui couvre un ensemble de production de l’artiste depuis plus de vingt ans. Mais il évoque aussi une constante dans
l’œuvre de Jorge Macchi : la tendance qu’a le réel à s’y défaire, au caractère à la
fois indiciel et fictif des signes qui la peuplent et au fait que chez lui l’ombre est
comme le spectre de la forme, le signe de sa dissolution. Comme les spectres
peuvent évoquer une réalité et des êtres disparus, son travail joue constamment
sur une logique de la perte de consistance des choses, d’inversion de leurs qualités. Ses œuvres tendent à rendre équivoques leurs existences et leurs caractéristiques : entre le tangible et le diaphane, la pesanteur et l’immatériel, le réel et le
fictif.
Spectrum est la première exposition à caractère rétrospectif de Jorge Macchi
produite en France. Elle propose au public français un ensemble d’œuvres majeures de l’artiste (vidéos, peintures, installations, sculptures, œuvres sur papier).
Ce choix couvre près de vingt années de travail puisqu’il va des œuvres conçues
en 1992 (La flecha del Zenon) jusqu’aux peintures de la série Memoria externa
(2013-2014) jamais montrées en France et en Europe.
D’importantes œuvres vidéos récentes comme From here to eternity ou Second
côtoient d’autres plus anciennes comme Victima Serial ou Diaro Intimo, Streamline,
Super 8 ou La flecha del Zenon.
Seront présentées quatre sculptures/installations de référence de l’artiste,
Refracciòn, Iluminación, Pendulum et Bed and breakfast ; ainsi que deux œuvres
relevant de l’installation murale, Hotel et Horizon. Des dessins et collages
comme Liliput, Shy, Te amo, un relief de 2001, Publicidades ainsi qu’un ensemble
d’aquarelles des années 1990-2000 complètent l’exposition.
Spectrum fait suite, avec un parti pris autre, aux récentes rétrospectives de l’artiste
en Europe, Music stand still au SMAK de Gand (2011) et Container au Kunstmuseum
de Lucerne (2013).
Exposition organisée avec le concours des galeries Peter Kilchmann (Zurich), Continua (San Gimignano/Beijing/Les Moulins), Ruth Benzacar (Buenos Aires) et Alexander and Bonin (New York).
Refracción, 2012, fer et acrylique sur mur, vue de l’installation au Kunstmuseum, Lucerne, courtesy galerie Peter Kilchmann
L’œuvre de Macchi, à la fois poétique et mélancolique, contient
tous les médiums : avec des vidéos, musiques, dessins, objets faits
de métal ou de papier, l’artiste crée des ambiances ambivalentes qui
peuvent être attractives et perturbantes.
Il est particulièrement intéressé par le phénomène de perception, il
enquête sur le temps et l’évanescence, à travers l’arrêt, l’équilibre et
l’éternité.
L’installation Refracción (voir page précédente) consiste en 25
poutres et tubes de métal qui reposent appuyés sur les parois d’une
salle. Toutes à la même hauteur (170 cm depuis le sol) les poutres
paraissent brisées comme l’effet optique de la réfraction d’un crayon
dans un verre d’eau. Cet effet persiste comme un fantôme dans la
salle, avec la couleur grise des murs (à la hauteur de 170 cm) qui se
transforme en reste possible d’une inondation.
La pièce From here to eternity de 2013 a été réalisé en collaboration avec le musicien Edgardo Rudnitzky avec lequel Macchi travaille
depuis 10 ans. Cette œuvre est la plus récente collaboration entre
l’artiste et le musicien. Deux boucles vidéos sont extraites du film
classique hollywoodien « From here to eternity » : le premier avec la
séquence d’ouverture du film et la seconde avec les mots « THE END »
du même film qui apparaissent sur l’écran. Comme ces deux boucles
sont d’une durée différente elles se superposent toujours d’une
manière différente, et leurs bandes sons correspondantes créent un
mélange sonore chaotique. Avec l’aide d’un logiciel informatique le
musicien Edgardo Rudnitzky crée en temps réel un troisième canal
sonore ; à chaque instant le logiciel choisit des notes dans un menu
de voix féminines pour créer une coexistence harmonieuse avec les
autres boucles sonores.
Iluminación est une œuvre emblématique dans la production de
Jorge Macchi. Elle fait appel à de nombreux matériaux usuels de
la pratique de l’artiste et à une symbolique récurrente, celle de la
lumière.
De haut en bas : From here to eternity, 2013, vidéo projection, « 10:51 », 2009, vidéo-projection loop,
Second, 2013, vidéo projection, Horizon, 2002, 2 lampes et clous, installation, SMAK, Gand.
A droite : Iluminación III, 2012, torches électriques, ciment, 285 x 285 x 285 cm (œuvre produite avec le
concours de la galerie Peter Kilchmann et du 19,Crac).
Ici les faisceaux lumineux de sept
lampes électriques, immatérielles
et invisibles par essence, sont
symbolisés par sept faisceaux en
ciment convergeant vers un noyau
central. Ces sept faisceaux dans un
matériau lourd et solide contrastent
fortement avec la nature incorporelle
de la lumière. La lumière prend alors
une forme étoilée monumentale et
imposante.
Dans Pendulum, une poutre de fer
en double T est appuyée sur deux
tabourets de plastique. Il semble que
la poutre plie sous son propre poids.
Cependant ce sont deux fragiles tabourets qui supportent le poids de
la poutre. La pièce se nomme « Pendule » et ainsi la poutre se transforme
en la trace d’un mouvement perpétuel.
Pendulum, 2013, acier, plastique, 74 x 505 x 55 cm, courtesy Alexander and Bonin
Hotel est une installation dans laquelle une lampe accrochée à un
mur illumine une partie de ce mur ;
cependant la lumière de cette lampe
est éteinte et de la lumière il ne reste
seulement qu’un souvenir : l’effacement du dessin qui décore le mur à
mesure qu’il s’éloigne de la source
lumineuse.
Jorge MACCHI est né en 1963 à Buenos Aires où il vit et travaille. C’est dans cette
ville à la galerie Alberto Elia qu’il eut sa première exposition personnelle en 1989.
Parmi les très importantes manifestations internationales auxquelles il a été invité, on
peut noter les biennales de Sydney (2012), Liverpool (2012), Lyon (2011), Istanbul (2011 et
2003), Venise (2005), Prague (2005), Mercosur (2003), La Havane (2000) et Cuenca (1991).
Il a eu des expositions personnelles dans le cadre des Biennales du Mercosur (2007) et
de Venise (2005).
Il a eu de nombreuses expositions personnelles organisées par les musées de Buenos
aires, Mexico, Santiago du Chili, Austin aux USA et en Europe ceux de Gand, d’Anvers,
de Lucerne et de Brème et les galerie Ruth Benzacar (2014-2007), Continua (2014-2009),
Peter Kilchmann (2012-2006), Luisa Strina (2007).
Il a participé à des expositions collectives remarquées dans des Musées d’art contemporain et des Centres d’arts importants, en particulier au MAC de Lima, au Musée
d’art moderne de Sao Paulo, au Musée d’Art Moderne, au Musée National des Beaux
Arts et au MALBA à Buenos Aires, au Drawing Center à New York, au Centre d’art de
Ténérife aux Canaries, au Drawing Room de Londres, au Musée d’art latino américain
de Californie, au Hammer Museum de Los Angeles, au Walker Art Center à Minneapolis
et au Dallas Museum aux Usa, à la Fondation Beyeler de Bâle, au Morsbroich Museum
de Leverkusen en Allemagne, à la Kunsthalle de Vienne, au Palazzo de Arti à Naples,
au Musée d’art de Victoria en Espagne et à l’Irish Museum of Modern Art de Dublin.
En France, sa première participation à une exposition fut celle de «L’atelier de Buenos
Aires» au Crédac à Ivry-sur-Seine en 1991. Il a eu des expositions personnelles au 19, Crac à Montbéliard (2001) et à l’Enad à Aubusson (2002).
Il a participé à des expositions collectives au 19, Crac à
Montbéliard (2007), à la Kunsthalle de Mulhouse (2010), au
Centre Culturel Suisse (2011), à la Fondation Cartier (2013) et
à la galerie Xippas (2014-10) à Paris.
Jorge Macchi est représenté par la galerie Ruth Benzacar à
Buenos Aires, la galerie Continua à San Gimignano, Bejiin et
Les Moulins, la galerie Peter Kilchmann à Zurich et la galerie
Luisa Strina à Sao Paulo.
Les œuvres de Jorge Macchi sont dans de nombreuses
collections privées internationales et d’importantes collections publiques en particulier au Mnba, au Malba et au
MAM à Buenos Aires, au Moma et au Muséo del Barrio à
New York, à la Daros fondation à Zurich, à La Tate Modern
à Londres, au Muhka à Anvers au SMAK à Gand en Belgique,
au Musac à Leon en Espagne et Musée national d’art Moderne - Centre Georges Pompidou à Paris.
Shy, 2008, papiers & dessin mural, dimensions variables
Hotel, 2007, acrylique sur mur, lampe, environ 300 x 400 x 15 cm
HORS LES MURS•ECOLE D’ART DE BELFORT
Roberto H. ELIA
Associations
Roberto H. ELIA est un des artistes
majeurs de l’art argentin. Travaillant
avec le texte, les objets et les signes, il
construit un univers protéïforme où les
objets se métamorphosent en figures,
en signes et en formes. De même à partir
d’éléments empruntés tant au registre de
l’écrit, de l’image et de l’objet, il opère un
processus de transformation du réel en
hiéroglyphes qui en modifient la nature.
Il y a dans son œuvre une appétence
particulière à stimuler la potentialité
signifiante des formes et les dynamiques
symboliques des objets. Mais il les
maintient à la lisière de ce qui pourrait le
constituer en métaphore ou en élément
représentatif. Il y a au contraire chez lui
un désir de nous faire entrer dans une
herméneutique poétique du monde.
À partir de certains objets récurrents
(pince à linge) il constitue un alphabet
formel avec lequel se font et se défont
des identités (masculin/féminin), des
significations (signifié/signifiant), et des
écritures (signes/lettres).
L’œuvre de Roberto Elia doit beaucoup
à la tradition herméneutique que l’on
retrouve dans la poésie argentine
avec des auteurs comme Borges et
Maréchal. Elle tisse aussi une relation
à l’objet et au signe que l’art argentin
affectionne et qui le place dans une
situation où sa proximité au quotidien
induit une inquiétante étrangeté. Elle
s’est aussi nourrie de l’expérience de l’art
conceptuel et de figures comme celle
de Joseph Beuys. Mais il revendique un
choix de matériaux pauvres, précaires et
élémentaires issus de son environnement
« portègne » (Les porteños sont les
Vue de travail en cours, atelier, Buenos Aires
habitants de Buenos
Aires) et avec lesquels il
construit une cosmogonie
où se côtoient l’évidence
et l’énigmatique, l’épure
et le complexe. Roberto
Elia passe souvent de
l’objet à la sculpture
du fait de la place qu’a
chez lui le principe
d’association. Il peut
produire, le temps d’un
« essai », une structure
unitaire qui se déploie en
trois dimensions.
Sa sculpture convoque
objets récupérés, matériaux et signes.
Elle relève à la fois de l’assemblage et
du collage. L’expérience de la mise en
relation d’éléments hétérogènes où se
conjuguent relances et chutes l’intéresse
plus que le résultat figé d’une mise en
forme achevée.
Un jeu et des enjeux, des mots d’esprit
avec le matériau, une dialectique entre
le reste et le morceau, entre le signe et
le matériau, tel est le mode d’exercice
de la sculpture pour Roberto Elia. On y
retrouve l’esprit des Combine-painting
de Rauschenberg, de la selle de bicyclette
de Picasso, on y rencontre le terrain
d’expérience d’un Beuys, ou la fragile
subtilité qu’affectionnait Robert Filliou. Il
aime à citer ce propos d’Anish Kapoor :
« la forme est, il n’y a pas de hiérarchie. Les
choses ont seulement besoin d’incarner
une condition de vérité. Mon projet est de
la rencontrer. Je n’exprime pas, je travaille
pour rencontrer cette condition.»
Philippe CYROULNIK
Roberto Elia (né en 1949, vit et travaille à Buenos
Aires) a exposé dans d’importantes institutions
argentines : le Musée d’Art Moderne, le Musée
des Beaux Arts, la Sala Cronopios à La Recoleta et
Le Centro Borges à Buenos Aires. Il a été exposé
par les galeries Ruth Benzacar, Jorge Mara et Van
Riel en Argentine. Il a participé à la Biennale de
la Havane à Cuba (1991), et à des expositions au
Musée d’art Hispanique à New York (1986), à
l’institut Domec à Mexico (1989), au Crédac à
Paris (1991), au Centre Georges Pompidou (1992),
au Musée d’art contemporain de Caracas (1997),
au Tamarin Institute à New Mexico (Usa) et au 19,
Crac en 1999 et 2005. En 2014 il a eu une expostion
personnelle à la galerie Van Riel à Buenos Aires.
4 AVRIL > 6 JUIN 2015
ÉCOLE D’ART G. JACOT, BELFORT
2 avenue de l’espérance, 90 000 Belfort
tel. 03 84 36 62 10
www.ecole-art-belfort.fr
Lundi-samedi : 9h-12h, 14h-18h
fermeture pendant les vacances scolaires
HORS LES MURS•ECOLE D’ART DE BELFORT
Pierre TUAL
L’Objet de la sculpture
Pierre Tual fait partie de cette génération
pour laquelle la sculpture consiste à
inventer un monde de formes et d’espace
et à faire en sorte que le métal, ce matériau
moderne par excellence, se plie et s’ouvre
aux « desseins » de la main, au jeu entre
le plein et le vide. Il est dans son œuvre
le médium d’une écriture qui réorganise
et réinvente nos relations au visible et à
l’espace. Sa sculpture se singularise par sa
capacité à faire surgir un volume par le jeu
des lignes et des plans et à nous l’offrir
dans une altérité radicale à nos habitudes.
Elle est portée par un imaginaire nourri de
l’histoire des formes et d’une appétence à
trouver dans le monde la matière de ses
inventions. Les richesses formelles que
l’art recèle dans son histoire lui permettent
d’en abstraire des « conversations » entre la
matière, la forme et l’espace. Sa sculpture
récuse tout mimétisme mais se nourrit des
possibilités formelles que lui offrent notre
environnement et notre culture.
À la différence de ceux qui sont du côté
de l’expérimentation du matériau et qui
en éprouvent la matérialité, Pierre Tual y
cherche une disponibilité à la découpe,
au pli et au déploiement. Il en mobilise les
potentialités chromatiques jusque dans ses
réactions à son environnement : l’oxydation
de l’acier Corten par exemple est assumée;
ce qui lui permet non pas de prendre une
couleur mais d’en être une. Ainsi d’un
geste, d’une découpe, il dessine les plis et
replis du métal dans l’espace. Il va jouer
de sa ductilité et de sa résistance pour à
la fois déployer une forme et l’enrober. Il
dessine ses figures métalliques au fil de la
découpe et au gré de la soudure, il agence
et assemble ses formes. Il entrecroise et
associe les arêtes qui découpent l’espace
avec des plans qui sont comme les voiles
de ses sculptures. Elles sont portées et
innervées par les vides solidaires de cette
armature faite de courbes que la coupe
et la torsion ont façonnées, et de lignes
brisées par les angles multiples que la
soudure a créés. Pierre Tual découpe
dans la matière, la fait se soumettre aux
plissements et retournements qu’il met en
forme. Il donne la possibilité au matériau
d’être à la fois le chemin qui mène à la
forme et à son histoire : ainsi un angle est
à la fois une figure et un acte, un pli est à la
fois la torsion d’un matériau, la respiration
d’une surface ou l’enveloppe d’un espace.
C’est pourquoi à de rares exceptions près
il affectionne les plaques, les tiges et
barres bien plus que les blocs et masses. La
sculpture chez lui sépare, découpe, dessine
et respire.
Il ne pratique pas la réduction aux
paramètres élémentaires du matériau,
comme sa densité ou sa pesanteur, sa
dureté, sa mollesse ou sa plasticité. Il n’est
pas non plus du côté de l’orthogonalité : la
règle et l’angle droit ne conviennent pas à
une sculpture qui pense à la fois la tension
et le relâchement, le rigide et le souple, la
fixité d’une présence et le rythme d’une
respiration. Il recherche la complexité d’une
forme qui se donne comme telle tout en
recomposant l’espace où elle se déploie :
une forme qui intègre cet espace dans le
volume qu’elle circonscrit. A la différence
des « géométriques » il affectionne
l’arabesque et la torsion, la tension d’un
angle d’attaque ou de fermeture. Il aime
autant les arêtes vives qui dessinent la
pensée d’une forme que le galbe ourlant
une surface métal. Sa sculpture passe aussi
par la réutilisation de fragments d’anciennes
sculptures ou des chutes qu’il n’a pas
utilisées. Il y a là, dans ces fragments, restes
Haïku, 2008, fer rouillé, alu chauffé, terre cuite, 24 x 130 x 60 cm
et autres chutes laissées de côté dans le
pourtour de l’atelier quelque chose d’une
jachère de la sculpture qu’il va pouvoir retravailler. Philippe CYROULNIK
Pierre TUAL (né en 1941, vit et travaille à Boissy-Maugis)
Principales expositions personnelles :
L’apostrophe, Cergy-Pontoise (2015), Jardins et
Rotonde de l’Hôtel-Dieu, Châteaudun (2013), Galerie
du théâtre Magog, Québec, Canada (2012), Domaine
de Kerguéhennec, Bignan (2011), Espace Julien Green,
Andrésy (2010), Meccaniche della meraviglia V,
Adro-Brescia, Italie (2007), Galerie du Village Royal,
Paris (2004), Le 19, Crac, Montbéliard (1997), Galerie
Jordan-Devarrieux, Paris (1996), Musée des Beaux Arts,
Mulhouse (1993), Galerie Riverin Arlogos, Eastman,
Québec, Canada (1990), C.A.C du Québec, Montréal,
Canada (1989), CREDAC, Ivry-sur Seine (1988), MNAM,
Centre Georges Pompidou, Paris (1982).
PROCHAINEMEN
LA TERRE NOUS EST ETROITE
REGARDS CROISES SUR LA PALESTINE
Enas I. AL-MUTHAFFAR, Tanya HABJOUQA, Rula HALAWANI, Valérie JOUVE
Mahassen NASSER-ELDIN, Jacqueline REEM SALLOUM, Larissa SANSOUR
Jean-Louis SCHOELLKOPF, Ahlam SHIBLI
6 JUIN > 23 AOÛT 2015
LA TERRE NOUS EST ÉTROITE*
souhaite faire voir à travers des
approches d’artistes contemporains ce que la Palestine recouvre
comme réalités multiples et en
quoi elle nourrit dans sa complexité et son histoire la matière
à une création palestinienne et
aussi internationale. Création qui
inscrit l’œuvre dans une préoccupation tant documentaire que
poétique ou narrative. Il s’agira
de l’appréhender autant comme le lieu d’une culture et d’une réalité nationale et historique, comme l’espace d’un conflit, que comme
un pays marqué par sa partition, ses occupations, et les dénis dont
il a fait l’objet et le fait encore. L’exposition souhaite aussi rendre
visible et tangible le quotidien d’une population qui vit sous l’occupation ; et malgré elle. Elle vise à inscrire à travers les œuvres des
artistes ici rassemblés ce qu’il en est de ce peuple, des ses blessures
et de ses deuils, de ses rêves et de ses espérances.
L’exposition se propose d’esquisser ce qui pourrait être le tableau
d’un pays marqué et déchiré par l’histoire. L’histoire d’un peuple qui
en est passé par le désastre, le «déplacement» de population, l’exil
et la négation de son identité. Mais elle montre aussi que cette
histoire est celle d’une obstination à exister, à s’affirmer et résister
au jour le jour.
L’exposition proposera des portraits, des paysages et des fictions
à l’image d’une histoire de l’adversité. Elle se veut être une traversée de cette réalité avec des gros plans et des panoramiques, une
saisie des strates et sédimentations culturelles et politiques qui la
charpentent. Mais avec ses contradictions et tensions propres, l’art
ici se confronte à une histoire et croise des traditions artistiques et
culturelles plurielles. C’est pourquoi les photographies présentées
renvoient autant au paysage, à la scène de genre, au récit historique qu’à la tradition documentaire ou celle du portrait. Il en est
de même pour les films ou vidéos qui mélangent fiction et réalité, approche documentaire et politique, ou allégorie et ironie. Les
œuvres ici ont à la fois une dimension critique et poétique.
* Titre d’un recueil de poèmes de Mahmoud Darwich
© Larissa SANSOUR, Nation Estate (05) - Mediterranean (détail), 2012, c print, 60 x 120 cm,
courtesy galerie Anne de Villepoix
19, avenue des Alliés
25200 Montbéliard
tél. 03 81 94 43 58
[email protected]
www.le19crac.com
Direction
Philippe Cyroulnik
Administration
Frédérique Daniel
Action culturelle,
programmation hors les murs,
service des publics
Alexandre Roccuzzo
Administration, communication,
graphisme
Aurélie Goëtz
Accueil, médiation, régie
Céline Amrani
Sophie Briswalter
Régie, montage
Joffrey Guillon
Accueil, régie, montage
Thomas Billon
Assistante administratif
Marylène Seingry
Le 19, entrée libre
ma-sa : 14h-18h, di : 15h-18h
fermeture : 1er mai
Le 19 est membre de DCA et TRAC.
Dépôt légal, 1er trimestre 2015
Issn : 1957-0856
Crédits photographiques, DR
Couverture : © Jorge MACCHI,
Memoria externa 05, 2013-2014,
huile & acrylique/toile, 195 x 389 cm,
courtesy gal. R. Benzacar

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