Le rythme des prises alimentaires prédictif de la prise de poids Rien

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Le rythme des prises alimentaires prédictif de la prise de poids Rien
Le rythme des prises alimentaires prédictif de la prise de poids
Rien de tel pour équilibrer son poids que de manger régulièrement. Un jeûne prolongé suivi d’une
prise alimentaire important, entraine des grandes variations de poids, avec au final davantage de
kilos pris. Si ce phénomène était déjà connu, des chercheurs viennent de réussir à le modéliser par
informatique en tenant compte de plusieurs variables, notamment d’hormones impliquées dans la
sensation de faim. Etape suivante : intégrer des données relatives aux tissus adipeux.
A quantité d’aliments égale, manger par intermittence conduit à une prise de poids plus importante que des
repas réguliers. Cette association bien connue est à l’origine du fameux effet « yoyo » de certains régimes
« minceur » à l’issue desquels on risque de se retrouver avec plus de kilos qu’au départ ! Pour en savoir plus sur
ce phénomène, une équipe Inserm a créé un modèle mathématique capable de le reproduire in silico. Dans ce
but, les chercheurs ont intégré de nombreuses variables relatives à la faim et à la quantité d’aliments
disponibles au cours du temps. « Notre modèle intègre plusieurs facteurs déjà pris en compte dans d’autres
modèles, comme le poids, la masse grasse et la masse maigre ou encore la dépense énergétique. Mais nous
avons aussi inclus un nouveau facteur : la faim. Pour cela, notre modèle tient compte de deux hormones
impliquées dans la régulation de la prise alimentaire: la ghréline et la leptine », explique Hédi Soula, co-auteur
des travaux.
Trois rythmes alimentaires
Grâce à ce modèle et en activant les différentes variables qu’il intègre, les chercheurs ont estimé les variations
du poids d’un rat sur huit semaines, selon trois schémas de prises alimentaires : une consommation régulière
de 20 grammes de croquettes par jour, une restriction à 10 grammes le premier mois compensée par 30
grammes le second mois, ou enfin une restriction en début de semaine et un excès en fin de semaine. Au bout
du compte, sur les 8 semaines, les trois schémas donnent accès à la même quantité de nourriture. D’après le
modèle mathématique, le premier schéma conduit à une prise de poids régulière. Le second entraîne un
amaigrissement au cours des 4 premières semaines, puis une reprise de poids beaucoup plus importante par la
suite. Avec le dernier schéma, le modèle prédit une prise de poids en dents de scie.
Les chercheurs ont ensuite validé leur modèle en menant les mêmes expériences avec des « vrais » rats : « Les
résultats obtenus sont conformes à ceux attendus. Les rats qui ont été en restriction alimentaire pendant les 4
premières semaines puis qui ont été suralimentés les 4 semaines suivantes étaient ceux qui avaient pris le plus
de poids », précise Hédi Soula.
Adaptation de l’organisme
Une des explications à cette prise de poids excessive serait l’adaptation de l’organisme à une pénurie
alimentaire via une réduction des dépenses énergétiques de base. Résultat, « quand la nourriture revient en
excès les rats se jettent dessus mais leur organisme continue à dépenser peu. Il stocke toutes les calories
ingurgitées pendant un certain temps, avant de se réadapter à cette abondance, explique Hédi Soula. Toutefois,
le délai de réadaptation n’entraine une variation de poids que si le jeûne a été prolongé : les variations de prise
alimentaire à l’échelle d’une semaine n’ont pas entrainé de prise de poids excessive. Notre modèle a pu tout
anticiper cela», rappelle la chercheuse.
Les scientifiques valident maintenant leur modèle sur une durée de régime de 16 semaines. Ils y intègrent en
outre de nouvelles données, comme la taille des cellules adipeuses. L’objectif, toujours chez le rat, est
d’évaluer les conséquences de variations de poids sur le tissu adipeux. « Il y a toute les raisons de croire que des
résultats similaires puissent être observés chez l'homme par la suite », conclut Hédi Soula.
Note :
*unité 1060 Inserm/ université Claude-Bernard Lyon 1 / Insa, Laboratoire de recherche en cardiovasculaire,
métabolisme, diabétologie et nutrition (CarMeN), Oullins
Source :
M. Jacquier et coll. A Predictive Model of the Dynamics of Body Weight and Food Intake in Rats Submitted to
Caloric Restrictions. PLoS ONE 9(6): e100073. doi:10.1371/journal.pone.0100073