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Ob action
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N° 322 • Juillet-août-septembre 2014 • 1,75 € • Trimestriel • ISSN: 0154-8530
ALCOOLISME
La fin du dogme
de l’abstinence
CABINES
DE BRONZAGE
Tolérance zéro
pour les UV artificiels ?
MALADIES
CARDIOVASCULAIRES
Les femmes premières victimes
PRODUITS ALLÉGÉS
Démêlez le vrai du faux
LIGUE CONTRE
LE CANCER
Une école de formation
pour les bénévoles
Voyager
quand
on est
MUC
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malade
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ICourrier des lecteurs
Hyperactivité
Lunettes solaires
« A la lecture de votre
article sur la Ritaline
(n° 321, NDLR), je me
demande si mon petit
garçon, qui ne tient pas
en place et s’agite en
permanence, ne souffrirait
pas d’un TDAH.
Quels sont les symptômes
de ce trouble ? »
(Sophia, par courriel.)
 Si vous suspectez
un trouble de déficit
de l’attention associé
à l’hyperactivité (TDAH),
la meilleure chose à faire
est tout d’abord
de consulter le médecin
généraliste ou le pédiatre.
Si vos craintes sont
confirmées, vous serez
alors dirigée vers un
pédopsychiatre ou un
neuropsychiatre, qui sont
les spécialistes les plus
aptes à poser un tel
diagnostic. Dans le TDAH,
il y a plusieurs axes
symptomatiques.
L’hyperactivité est
observable : l’enfant bouge
trop par rapport à la norme
et à sa classe d’âge, il est
incapable, physiquement,
de tenir en place. Autre
point très important, la
dimension neurocognitive,
en d’autres termes le déficit
de l’attention : l’enfant
a beaucoup de mal à se
concentrer. Ces deux axes
peuvent être présents
simultanément ou non.
La plupart du temps, c’est
le déficit de l’attention qui
pose le plus de problèmes.
« Dans votre article (« Santé des yeux… », n° 321, NDLR), vous donnez des conseils concernant les lunettes de soleil,
mais sans parler de l’indication “UV 400” que l’on peut voir sur certaines paires. A quoi correspond-elle ?
Je me demandais aussi s’il y avait une différence entre les “verres solaires” et les “verres teintés”. » (Mme A., Paris.)
 Comme précisé dans notre article, le filtrage « UV 100 » filtre 100 % des ultraviolets (UVA, UVB et UVC). La mention
« UV 400 » indique quant à elle une performance de filtre encore supérieure. Et contrairement aux verres solaires,
les verres teintés ne protègent pas du soleil, dans la mesure où ils n’ont pas été traités pour filtrer les rayons :
la teinte ne fait qu’atténuer l’éblouissement et n’a rien à voir avec le degré de protection. Porter ce type de lunettes
est encore plus dangereux que de ne rien mettre du tout : derrière les verres, comme le niveau de la luminosité baisse
sous l’effet de la teinte, la pupille se dilate, laissant ainsi pénétrer une plus grande quantité d’UV dans l’œil.
La forme des montures des lunettes solaires est aussi très importante : 60 % de la lumière qui pénètre dans l’œil
n’y entre pas de face, mais latéralement. Préférez les modèles galbés qui enveloppent bien les yeux.
Contraception définitive
« J’ai été étonnée par le très faible nombre de vasectomies pratiquées en France
(n° 321, NDLR). Les femmes choisissant la contraception définitive sont
elles aussi peu nombreuses : pourquoi une telle situation ? » (Mme P., Bordeaux.)
 Effectivement, la contraception définitive féminine reste peu connue
en France : moins de 2 % des femmes y ont recours, alors qu’elle est remboursée,
y compris (depuis novembre 2012) chez les moins de 40 ans. Aussi fiable
que la vasectomie masculine, elle peut même être réalisée par voie vaginale
(donc non invasive) grâce au procédé Essure (pose d’implants tubaires).
Le principal frein au développement de ces techniques reste… le milieu médical,
qui, mal informé ou insuffisamment impliqué, les propose trop peu, voire les
refuse aux patient(e)s qui en font la demande, sous des motifs parfois douteux.
Nous avions abordé le sujet il y a quelque temps dans nos pages (n° 312) :
la contraception définitive – légale en France depuis juillet 2001 – est encore
mal perçue, comme le déplore le Planning familial, qui rappelle que
ces techniques sont extrêmement répandues dans quantité d’autres pays,
y compris européens, et souligne par ailleurs qu’une IVG sur cinq concerne
une femme de plus de 40 ans.
Ondes
électromagnétiques
« Antennes télé ou radio, antennesrelais pour téléphones mobiles,
téléphones fixes sans fil, wifi : nous
sommes cernés ! Y a-t-il un moyen
de connaître le niveau d’exposition
aux ondes électromagnétiques
de son immeuble ? » (M. D., Créteil.)
 Il suffit de remplir le formulaire
Cerfa 15003*01 (téléchargeable sur
le site Formulaires.modernisation.
gouv.fr) et d’y indiquer le lieu
de la mesure souhaitée (habitation,
lieu public…). La demande doit être
signée par un organisme habilité
(la mairie, par exemple), puis
adressée à l’Agence nationale
des fréquences (Anfr.fr, rubrique
« Nous contacter », puis « Messages
CMU ou CMUC ?
électroniques »), qui instruira le
« Vous annoncez l’extension de la CMUC aux étudiants isolés et en situation
dossier et dépêchera un laboratoire
précaire (sur Mutualistes.com, rubrique « Système de soins » ; lire également
accrédité indépendant pour
en page 7 de ce numéro, NDLR). Quelle est la différence entre CMU et CMUC ? »
effectuer la mesure. A noter :
(M. F., par courriel.)
c’est cette agence qui rémunère
 La couverture maladie universelle (CMU) peut être demandée par toute
les laboratoires. Vous trouverez
personne résidant en France et ne relevant d’aucun des régimes obligatoires
également l’emplacement
d’assurance maladie. Elle ne dispense pas de l’avance de frais et permet un
des stations radioélectriques ou
remboursement au même taux que les autres assurés. La couverture maladie
les résultats des mesures du champ
universelle complémentaire (CMUC), dont la fonction est similaire à celle d’une
électromagnétique déjà effectuées
complémentaire santé, est gratuite et s’adresse aux personnes à faibles ressources. à proximité de votre domicile
Les bénéficiaires sont couverts à 100 % pour la majorité de leurs dépenses
sur Cartoradio.fr, un site édité
de santé, sans avance de frais. Pour plus d’infos, consultez le site Ameli.fr.
par l’ANFR.
Mutualistes, Courrier des lecteurs, 67, rue Blomet, 75015 Paris. E-mail : [email protected].
Commission paritaire :
0718 M 06546.
Dépôt légal : juillet 2014.
© Mutualistes,
Objectif et Action, 2014.
Reproduction interdite
sans autorisation.
Réalisé avec un papier
porteur du Label écologique
européen, n° d’enregistrement
FI/11/1, fourni par UPM.
Prix du numéro : 1,75 €.
Abonnement annuel : 7 €
(4 numéros par an)
à souscrire auprès de la Ciem,
67, rue Blomet, 75015 Paris.
« Mutualistes », n° 322, juillet, août, septembre 2014. Trimestriel d’informations mutualistes et sociales édité par Ciem, Coopérative d’information et d’édition
mutualiste, pour Utema (organisme régi par le Code de la mutualité). 67, rue Blomet, 75015 Paris. Tél. 01 44 49 61 00. Fax 01 44 49 61 04. Internet www.ciem.fr.
Directeur de la publication : Gérard Quittard, président de la Ciem • Directeur délégué aux publications : Philippe Marchal, administrateur • Directrice
des rédactions : Laurence Tavernier-Hamon, directrice générale de la Ciem • Rédactrice en chef : Sylvie Irissou (redaction@ mutualistes.com) • Secrétaire
de rédaction : Jérémie Echard • Rédacteurs : Delphine Delarue, Aude Malaret, Vanessa Pageot-Françoise • Réalisation graphique : Claire Gaspel, Gabrielle
Claisse, Anne-Marie Halbardier, Christine Trembley • Chef de fabrication : Cyril Dehay • Régie publicitaire : Mistral Média, 365, rue de Vaugirard,
75015 Paris. Tél. 01 40 02 99 00. Fax 01 40 02 99 01 • Impression : Maury Imprimeur • Couverture © Garo – Phanie.
Ce numéro 322 de « Mutualistes, Objectif et Action » de 32 pages comprend : une couverture et une page spéciale (3) pour la Mucs ; une couverture
et quatre pages spéciales (3, 4, 5 et 6) pour la Memf, la Mutcaf et l’Union mutualiste de prévoyance ; une couverture et quatre pages spéciales
(3, 4, 5 et 22) pour la Mutuelle saint-aubannaise ; une couverture et cinq pages spéciales (3, 4, 5, 6 et 22) pour la MCA ; une couverture et cinq pages
spéciales pour la Mutuelle des pays de Vilaine (3, 4, 5, 28 et 32) ; une couverture et six pages spéciales (pages 3, 4, 5, 6, 21 et 22) pour MIP ;
une couverture et six pages spéciales (3, 4, 5, 6, 28 et 32) pour Avenir Mutuelle ; une couverture et sept pages spéciales (pages 3, 4,
5, 6, 21, 22 et 28) pour Sud-Ouest Mutualité.
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IEditorial
n° 322 • juillet-août-septembre 2014
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N° 322 • Juillet-août-septembre 2014 • 1,75 € • Trimestriel • ISSN: 0154-8530
ALCOOLISME
La fin du dogme
de l’abstinence
CABINES
DE BRONZAGE
Tolérance zéro
pour les UV artificiels ?
MALADIES
CARDIOVASCULAIRES
Les femmes premières victimes
PRODUITS ALLÉGÉS
Démêlez le vrai du faux
LIGUE CONTRE
LE CANCER
Une école de formation
pour les bénévoles
Voyager
quand
on est
malade
MUC
2 Courrier des lecteurs
15
Appendicite : de moins
en moins d’opérations
4 Mutualité
et économie sociale
6 Europe
Croatie : un système de santé
en transition
7 Economie de la santé
8 Entretien
© Thinkstock
3 Editorial
16 En bref
17 Dossier
Voyager
quand on est malade
Questions à Henri-Jean Aubin,
addictologue.
Alcoolisme : la fin du dogme
de l’abstinence
10 Forme et bien-être
© May – BSIP
Produits allégés :
démêlez le vrai du faux
21 Kiosque
22 Web
11
Question de parent :
mon ado est amoureux,
comment réagir ?
12 Prévention
© Burger – Phanie
13
Cabines de bronzage :
tolérance zéro
pour les UV artificiels ?
Maladies cardiovasculaires :
les femmes premières victimes
14 Médecine
La flore intestinale :
un « organe » aux propriétés
inattendues
Sites santé pour les enfants :
des contenus interactifs
qui rassurent
23 Vie pratique
24
Action de groupe : unis
pour mieux se défendre
Mobile-home : acheter
sans se tromper
© Thinkstock
© Thinkstock
26 Initiatives
30
Coopali : une alternative
solidaire à la grande
distribution
Ligue contre le cancer :
une école de formation
pour les bénévoles
EN FRANCE, SEULES 8 % DES PERSONNES
ALCOOLODÉPENDANTES BÉNÉFICIENT D’UNE PRISE
EN CHARGE MÉDICALE. Il faut dire qu’en érigeant
l’abstinence comme unique objectif,
l’offre de soins a longtemps été en décalage
avec ce que les malades se sentaient prêts
à accepter. Les choses sont heureusement
en train de changer : comme l’explique
le professeur Henri-Jean Aubin, addictologue,
des thérapeutiques centrées sur les
motivations du patient se révèlent efficaces
pour abaisser la consommation d’alcool
à un niveau acceptable et permettre
le retour à une vie normale (pages 8 et 9).
Les idées reçues sur les cabines de bronzage
ont la vie dure. Non, les UV artificiels
ne « préparent » pas la peau au soleil ; non,
ils n’aident pas à lutter contre l’ostéoporose
ou la dépression saisonnière. Ils accélèrent
au contraire le vieillissement cutané
et augmentent sérieusement
le risque de développer un mélanome,
fatal dans un tiers des cas (page 12).
On le sait peu, mais les femmes meurent
plus souvent que les hommes de maladies
cardiovasculaires comme l’infarctus ou l’AVC.
En cause : des risques sous-estimés,
des symptômes atypiques, un retard
de diagnostic et donc d’accès aux soins...
Il est urgent de développer des stratégies
préventives et thérapeutiques adaptées (page 13).
Qu’ils soient atteints de diabète,
d’une insuffisance rénale ou d’un cancer,
ils l’affirment et en témoignent : même
malade, on peut voyager, à condition
de s’organiser suffisamment à l’avance,
d’être prudent une fois sur place
et de le rester dans les jours qui suivent
le retour (pages 17 à 20).
Depuis plus de dix ans, l’école de la Ligue
contre le cancer forme ceux qui souhaitent
offrir un peu de leur temps aux patients
hospitalisés. L’occasion pour les futurs
bénévoles, dont la plupart ont une histoire
douloureuse avec le cancer, d’appréhender
au mieux leur mission d’écoute auprès
des malades et de donner ainsi un sens
à leur propre expérience (page 30). ◆
La rédaction Mucs
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IMutualité et économie sociale
Frais de gestion
Qui sont les épargnants
solidaires ?
Les mutuelles veulent
mieux informer leurs adhérents
Les épargnants solidaires sont entre
800 000 et 1 million en France. Finansol,
une association dont l’objectif est de
promouvoir la solidarité dans l’épargne
et la finance, a réalisé la première étude
détaillant leur profil. Age, région,
sexe ou montant des sommes moyennes
épargnées, les données recueillies auprès
de 565 000 personnes, soit environ
deux tiers des épargnants solidaires,
permettent d’en dresser le portrait type :
il s’agit d’un homme (55 %), âgé d’environ
46 ans, vivant en Ile-de-France (31 %)
et investissant en moyenne 4 306 euros.
Trois catégories ont été prises en compte
dans l’étude : les épargnants salariés
solidaires, autrement dit ceux
qui souscrivent dans le cadre de l’épargne
salariale, dont le nombre a explosé
ces dernières années (55 % des encours,
81 % des souscriptions) ; les épargnants
via une entreprise solidaire (8 % des
encours, 9 % des souscriptions),
par exemple ceux qui ont directement
souscrit des parts de capital d’entreprise ;
enfin, les épargnants bancaires solidaires
(37 % des encours, 10 % des souscriptions).
C’est dans ces deux dernières catégories
que l’on trouve les épargnants aux
convictions les plus marquées, attachés
aux valeurs d’entraide et de respect.
Depuis le 1er janvier 2014, les complémentaires santé ont l’obligation
de publier leurs frais de gestion. En plus des efforts réalisés en matière de
transparence, la Mutualité française a entrepris un travail de pédagogie
auprès de ses mutuelles adhérentes pour expliquer comment sont utilisées
ces sommes dont les montants sont régulièrement pointés du doigt.
17 % des cotisations perçues
Le montant des frais de gestion des
mutuelles annoncé par la Mutualité française est de 3 milliards d’euros, soit en
moyenne 17 % des 17,4 milliards de cotisations perçues. En pratique, sur 100 euros
de cotisations santé versées, les adhérents
reçoivent 81 euros en prestations et les
mutuelles mettent en réserve 2 euros
pour faire face aux aléas ; il reste donc
17 euros, qui sont consacrés aux frais de
gestion. Mais à quoi servent ces derniers ?
« Définis du point de vue des mutuelles, les
frais de gestion, c’est la différence entre
les cotisations et les prestations, explique
Jean-Martin Cohen Solal, délégué général
à la Mutualité française. Dans l’esprit du
public, ils servent uniquement à gérer le
fonctionnement de l’organisme, mais en
réalité ils sont utilisés pour bien d’autres
choses. Par exemple, entrent dans le
vocable “frais de gestion” les actions de
prévention, les dépenses d’action sociale,
celles qui accompagnent le tiers payant,
les conventionnements… »
Des organismes contrôlés
Si la Mutualité française reconnaît que
ses frais de gestion sont bien supérieurs
à ceux de l’assurance maladie obligatoire
(4 %), elle estime que la comparaison n’est
pas pertinente. Leurs dépenses respectives
ne sont en effet pas de même nature : « Les
caisses primaires n’ont pas à leur charge la
perception des cotisations », rappelle-t-elle,
l’Assurance maladie n’est pas soumise
à la concurrence et elle n’est pas « taxée à
hauteur de 13,27 %, dont 6,2 % consacrés
à financer la CMU* complémentaire ».
Autre différence importante entre les
deux organismes : les mutuelles ont l’obligation d’être en équilibre fi nancier et
sont d’ailleurs régulées par l’Autorité
de contrôle prudentiel et de résolution
(ACPR). Cette dernière vérifie le respect
effectif des garanties souscrites par les
adhérents et des bonnes pratiques commerciales, notamment. Chaque année, les
mutuelles publient leurs comptes lors de
l’assemblée générale, à laquelle tous les
adhérents peuvent participer. ◆
Aude Malaret
* CMU : couverture maladie universelle, NDLR.
Carole Delga,
nouvelle secrétaire d’Etat
chargée de l’ESS
© Ph. Grollier
C
ritiquée pour l’opacité des frais
qu’engendrent la gestion et l’activité
d’acquisition des contrats, la Mutualité française répond aux idées reçues et se
lance dans une opération de transparence.
Objectif : indiquer aux adhérents la part
de leur cotisation utilisée pour couvrir ces
frais (salaires, administration, marketing,
communication, recherche et développement, liquidation des prestations, gestion
du tiers payant, prévention, éducation à la
santé). Une démarche qui vient s’ajouter à
l’obligation pour les mutuelles de publier
leurs frais de gestion, imposée par la loi
depuis le 1er janvier 2014. En 2011 déjà,
le législateur avait exigé d’elles, mais
aussi des assurances et des institutions
de prévoyance qu’elles informent leurs
adhérents ou clients « de manière lisible,
claire et intelligible ».
Carole Delga a été nommée
secrétaire d’Etat chargée
du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation
et de l’Economie sociale
et solidaire (ESS) en remplacement de Valérie
Fourneyron, qui a présenté sa démission pour des raisons
de santé. Agée de 42 ans, Carole Delga
était depuis 2012 députée de HauteGaronne. Fonctionnaire territoriale de
formation, elle a travaillé dans l’Administration, avant d’être élue conseillère
régionale en Midi-Pyrénées et désignée
vice-présidente de la région chargée de la
ruralité, des services au public en milieu
rural et des technologies de l’information
et de la communication. Membre du Parti
socialiste, Carole Delga s’y occupe des
questions de justice sociale et de cohésion territoriale en tant que secrétaire
nationale.
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IMutualité et économie sociale
délégué général de la Mutualité française
© Mergui – FNMF
Adopté au Sénat en novembre 2013 et à l’Assemblée nationale
le 20 mai dernier, le projet de loi relatif à l’économie sociale
et solidaire (ESS) définit le secteur et vise à lui donner les
outils pour se développer. Plusieurs dispositions concernent
particulièrement les mutuelles : possibilités de coassurance,
certificats mutualistes ou encore création d’une nouvelle forme
d’union mutualiste. Le point avec Jean-Martin Cohen Solal,
délégué général de la Mutualité française.
> En quoi la loi relative à l’économie sociale et solidaire (ESS) constitue-t-elle une nouvelle
reconnaissance pour le secteur ?
Elle « grave dans le marbre » la place et le rôle de l’ESS dans l’économie française.
Le texte lui reconnaît une gouvernance spécifique et consacre ses pratiques innovantes,
sources de développement. Il ne faut pas oublier que le secteur représente 10 % de l’emploi
français, et les mutuelles comptent tout de même 85 000 salariés. Dans le domaine de la santé,
l’apport sanitaire et social de leurs prestations est très important. Cette loi leur donne
des éléments pour préserver leurs fondements, se renforcer et se développer, ce qui
globalement correspondait à leurs attentes en termes de reconnaissance et de nouveaux outils.
> Quelles sont les évolutions apportées par le texte ?
Les évolutions concernent principalement les contrats collectifs. La loi renforce
le cadre juridique de la coassurance, déjà répandue entre les mutuelles et d’autres acteurs
comme les institutions de prévoyance. Les mutuelles peuvent s’associer entre elles
ou avec d’autres partenaires pour couvrir un certain nombre de risques, soit au niveau
d’un territoire, soit selon la nature des risques. Ensemble, elles pourront répondre
aux appels d’offres des entreprises, notamment dans le cadre de l’accord national
interprofessionnel*.
> Et en matière de financement ?
Ce texte va aussi permettre aux mutuelles d’assurer leur développement économique
sans sortir du modèle mutualiste ni devoir adopter le modèle de société anonyme.
La création de certificats mutualistes leur permet de trouver des financements
et d’accroître leurs fonds propres sans augmenter les cotisations et tout en conservant
leur identité. Une nouvelle forme d’union mutualiste est également prévue par la loi :
les mutuelles relevant du livre II pourront s’associer avec celles relevant du livre III**,
renforçant ainsi leur modèle économique. ◆
Propos recueillis par Aude Malaret
* L’accord national interprofessionnel (ANI) prévoit que l’ensemble des salariés doit avoir accès
à une complémentaire santé collective avant le 1er janvier 2016.
** Les différents livres du Code de la mutualité réglementent les activités que peuvent exercer
les mutuelles. Celles dites du livre II pratiquent des activités d’assurance. Les mutuelles dites du livre III
gèrent des services sanitaires, sociaux ou médicosociaux (centres d’optique, centres dentaires,
services pour personnes âgées, services de petite enfance, établissements pour personnes handicapées,
cliniques, pharmacies). Cette séparation est due au droit européen, qui impose aux assureurs de ne faire
que de l’assurance.
Des démarches administratives plus simples pour les associations
Dans le cadre du label Grande Cause nationale
2014, attribué à l’engagement associatif,
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits
des femmes, de la Ville, de la Jeunesse
et des Sports, a présenté les mesures
du gouvernement destinées
à simplifier la vie des associations.
Si le dynamisme du secteur – avec
16 millions de bénévoles engagés
et plus de 1 million d’associations –
ne s’est jamais démenti, nombre de structures
connaissent des difficultés croissantes.
Un portail Internet unique leur permettra de
réaliser toutes les démarches administratives
en déposant en ligne et en une seule fois
l’ensemble des pièces demandées.
Les associations devraient bénéficier
d’un numéro unique au lieu des deux actuels
– celui du Répertoire national des associations
et le numéro Siret nécessaire lors des demandes
de subventions. Des évolutions qui viennent
s’ajouter aux dispositions prévues par la loi
relative à l’économie sociale et solidaire.
Pour assurer plus de stabilité aux associations,
ce texte prévoit la mise en place de conventions
pluriannuelles, c’est-à-dire des subventions
accordées pour plusieurs années, afin qu’elles
puissent innover et développer leurs projets.
Des bénévoles plus heureux
Plus des deux tiers des bénévoles (68 %)
déclarent tirer une plus grande satisfaction
de leurs activités qu’il y a deux ou trois ans,
montre l’association Recherches et Solidarités
dans la onzième édition de son baromètre
d’opinion, réalisé du 25 mars au 23 avril
auprès de 3 464 bénévoles de 18 ans et plus
et publié en mai dernier. Au total,
67 % des personnes interrogées disent
se sentir plus utiles depuis la crise
et dans un contexte de plus en plus difficile.
L’intérêt porté au projet associatif (55 %)
et aux missions confiées (51 %) ainsi que
la convivialité (47 %) sont les principales
sources de satisfaction affichées.
Ce sont aussi les premières motivations
des bénévoles, preuve que leurs objectifs
sont le plus souvent atteints.
Mutualité française : des ateliers
pour prévenir les chutes
chez les personnes âgées
© Thinkstock
> 3 questions à Jean-Martin Cohen Solal,
Avec l’âge, le risque de chute augmente
chez les personnes âgées, entraînant un
nombre important d’hospitalisations. Les
conséquences physiques et psychologiques
ne sont pas négligeables : diminution
de la mobilité, limitation des activités
quotidiennes, perte de confiance en soi,
mise en péril du maintien à domicile…
Les chutes constituent en outre la principale
cause de décès par traumatisme chez les
plus de 65 ans. Pour prévenir les accidents,
la Mutualité française propose un atelier
équilibre qui, grâce à des exercices
stimulant le système d’équilibrage
et les réflexes parachutes, permet
aux participants d’apprendre à limiter les
risques en reprenant une activité physique
régulière adaptée à leur âge. Ce programme
comporte douze séances, à raison d’une
par semaine durant trois mois.
La Mutualité française organise actuellement
des ateliers de prévention des chutes
dans quinze régions sur vingt-quatre : Alsace,
Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Bretagne,
Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté,
Ile-de-France, Limousin, Nord-Pas-de-Calais,
Normandie, Poitou-Charentes, Guadeloupe
et Guyane. Pour plus d’infos, consultez les
différents sites de la Mutualité en région depuis
la carte de France proposée sur Mutualite.fr.
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IEurope
Croatie
Un système de santé
en transition
Entrée il y a un an dans l’Union européenne (UE), la Croatie a,
pendant le processus d’adhésion, réformé son système de
santé publique et intégré la législation, les orientations et les
bonnes pratiques de l’UE en la matière. Le déficit budgétaire
chronique du pays et la stagnation de son économie rendent
toutefois nécessaire la poursuite des réformes pour améliorer
le système de soins et assurer sa viabilité à long terme.
E
uropéenne depuis le 1er juillet 2013,
la Croatie a réformé son système
de santé au fi l des négociations
avec l’Union entamées en 2005, deux
ans après sa demande d’adhésion. Ancien
Etat de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, elle a proclamé son
indépendance en 1991, mais c’est au
tournant des années 2000 que ce petit
pays des Balkans (4,4 millions d’habitants) s’est démocratisé et développé.
Il a alors conduit des réformes fiscales
et structurelles du système de retraite et
des aides de l’Etat. Certes, l’espérance de
vie ne cesse d’augmenter, la mortalité
infantile baisse, les indicateurs sanitaires
sont assez proches – bien qu’inférieurs –
de ceux du reste de l’Europe, mais la
Croatie est aujourd’hui l’un des pays les
plus pauvres de l’UE et les inégalités
sociales sont criantes. Dans ce pays où
l’économie stagne et où les déficits se
creusent, la Sécurité sociale connaît un
déficit budgétaire chronique, dû aux frais
élevés de protection de santé et au prix
des médicaments.
L’accent mis sur la prévention
C’est l’Institut national croate de santé
publique (HZJZ) qui supervise et coordonne les services de santé publique.
Il propose des mesures nationales de
lutte contre les épidémies, participe à la
recherche sur les programmes de prévention et de promotion de la santé et
est consulté par le ministre de la Santé
sur les priorités et la politique à mener
dans le secteur. Le ministère a, lui, un
rôle de gestionnaire du système, se chargeant notamment de la législation, du
budget, du contrôle de l’état de santé
de la population et de la formation
du personnel. Il assure aussi le suivi
du « Plan et programme de mesures en
soins de santé », lancé en 2002 et dont
les cibles principales sont les femmes,
les nourrissons et les enfants. Quant aux
problèmes visés par ce programme, il
s’agit des maladies cardiovasculaires, des
cancers, de la santé mentale et des maladies infectieuses comme la tuberculose et
le sida. L’accent est mis sur la prévention,
et surtout sur la réduction des facteurs
de risque au niveau individuel (alcool,
tabac…). Pour la période 2012-2020, une
« Stratégie nationale du développement
du système de santé » a été décidée.
Une assurance maladie obligatoire
Proche du modèle français, le système
croate de protection sociale est basé sur
une assurance maladie obligatoire qui
couvre tous les assurés, salariés ou non
(apprentis, jeunes effectuant leur service
national, agriculteurs, chômeurs inscrits,
pensionnés, mineurs, étudiants, invalides de guerre, handicapés ou ayants
droit des personnes assurées). Celle-ci
peut être complétée par une assurance
facultative qui permet de couvrir le ticket
modérateur, autrement dit la différence
entre le montant pris en charge et les
frais médicaux réels. Il existe aussi une
assurance maladie privée, offrant un
niveau de confort plus élevé et un accès
plus rapide aux soins.
Pour une consultation chez son médecin
traitant, le patient doit verser une participation forfaitaire de 15 kunas (environ
2 euros), soit 0,53 % du salaire minimum croate, fixé à 2 844 kunas (environ
370 euros). Pour tous les autres soins,
le taux de
couverture est
de 80 % ; le ticket
o ck
k st
modérateur peut
hin
T
©
être pris en charge
par la complémentaire
à condition de ne pas excéder 3 000 kunas
(un peu moins de 400 euros). En cas d’hospitalisation pour des soins qui ne sont
pas totalement couverts par l’assurance
maladie obligatoire, le ticket modérateur
est de 100 kunas (environ 13 euros) par
jour d’hospitalisation. Quant aux médicaments, ils sont classés en trois catégories
selon leur taux de prise en charge (25,
50 ou 75 %). Au final, si les réformes sont
toujours en cours, le standard croate
des services médicaux est conforme aux
standards européens. ◆
Aude Malaret
Sources : « Le régime croate de sécurité sociale »,
Centre des liaisons européennes et internationales
de sécurité sociale, Cleiss.fr ; « Le système de santé
croate », Institut croate d’assurance maladie, Hzzo.
hr/fr/francais-le-systeme-de-sante-croate ; « La protection sociale », Institut de lexicographie Miroslav
Krleza, Croatia.eu.
I
6 mutualistes n° 322
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IEconomie de la santé
SOS Médecins ouvre des cabinets fixes en ville
© Thinkstock
Pour pallier le manque de généralistes, SOS Médecins a récemment inauguré
une consultation fixe à Paris, dans le XIXe arrondissement. Ce centre, ouvert
sept jours sur sept de 8 à 20 heures, s’ajoute à une première structure parisienne,
installée dans le XIIIe arrondissement, et à d’autres situées à Lyon, à Marseille,
à Nantes, à Amiens ou à Bastia. Pour l’association, il s’agit de répondre à un
besoin de prise en charge des petites urgences (varicelle, bronchiolite, otite…)
pour les patients qui n’ont pas trouvé de solution ailleurs faute de praticien
disponible. Les médecins précisent qu’ils ne sont pas traitants et n’assurent
pas le suivi des malades.
Pour plus d’infos : Sosmedecins-France.fr.
■ Système de santé
Des tarifs très inégaux
selon les hôpitaux
Bien qu’ils demeurent attachés à leur système de santé, les
Français estiment néanmoins que les patients ne sont pas tous
logés à la même enseigne : selon un récent sondage Ipsos,
74 % d’entre eux pensent que les innovations et les meilleurs
traitements ne sont proposés qu’à certains patients et
92 % considèrent que l’accès au système de santé est plus aisé
quand on a de l’argent. Un sentiment général que l’on peut vérifier dans les faits, puisque 48 % des sondés disent avoir renoncé
à des soins ou à des examens en raison de leur coût. Pour 88 % des
Français, c’est justement l’augmentation du reste à charge qui
menace le modèle universel de notre système de santé. Enfin,
91 % des personnes interrogées déplorent la mauvaise répartition des médecins
sur le territoire, avec
pour conséquences, là
aussi, des renoncements aux soins et
des délais importants
pour obten ir des
rendez-vous de spécialistes (ophtalmologistes, notamment).
© Thinkstock
Une médecine à deux vitesses
© Auremar - Fotoia
CMUC : le nombre
de nouveaux
bénéficiaires
double en 2014
Selon la ministre de la
Santé, Marisol Touraine,
le nombre de nouveaux
bénéficiaires
de la couverture maladie
universelle
complémentaire (CMUC)
devrait doubler
cette année, passant
de 102 000 personnes
en 2013 à environ
204 000 d’ici à la fin
de l’année 2014.
Une augmentation
considérable, due
à la revalorisation
du plafond d’accès,
en juillet 2013, décidée
dans le cadre du Plan
de lutte contre la
pauvreté. Dès l’an dernier,
cette mesure avait permis
à 64 000 personnes
supplémentaires
d’accéder à l’aide à la
complémentaire santé
(ACS). Fin 2014, celle-ci
devrait concerner
180 000 nouveaux
bénéficiaires.
Dernière minute :
à l’heure où nous
rédigeons ces lignes,
un arrêté ministériel
vient d’étendre le bénéfice
de la CMUC aux étudiants
isolés en situation
précaire. Une mesure
qui devrait concerner
2 600 jeunes.
Les pharmaciens bientôt rétribués à la boîte
© Thinkstock
Accord historique dans
le secteur pharmaceutique :
l’Assurance maladie
et les syndicats sont récemment
parvenus à s’entendre
sur un nouveau calcul de la
rémunération des pharmaciens.
Leur rétribution devrait
bientôt porter sur le nombre
de médicaments vendus plutôt
que sur leur prix. A partir
du 1er janvier 2015,
les pharmaciens percevront
ainsi un « honoraire
de dispensation » de 80 centimes
d’euro sur chaque boîte vendue,
contre 53 centimes actuellement,
et ce montant passera
à 1 euro le 1er janvier 2016.
Par ailleurs, en 2015,
un honoraire supplémentaire
de 50 centimes sera versé
pour les ordonnances
complexes de plus de
cinq médicaments. En échange
de ces avancées, la marge
des officines, liée au prix
fixé par le fabricant, est revue
à la baisse. Les missions
d’accompagnement des
pharmaciens – par exemple
le suivi des asthmatiques
ou des diabétiques – sont
confortées et seront précisées
dans un autre avenant.
De 500 à 2 230 euros la journée, c’est l’écart surprenant
des tarifs hospitaliers pratiqués pour des soins identiques, d’après une récente
étude de l’Observatoire des
restes à charge en santé. Bien
qu’encadrés par les agences
régionales de santé (ARS), les
tarifs journaliers de prestations (TJP) sont fixés par les
directeurs d’établissement
selon « une estimation de
[leurs] charges et de [leur]
activité prévisionnelle », précise l’étude. En clair, « le tarif
journalier s’apparente à une
variable d’ajustement budgétaire ». Pour les patients, le
reste à charge, équivalent
à 80 % du TJP, varie donc
fortement d’un établissement à l’autre. La facture à
régler dépendra au final de
la souscription ou non à une
complémentaire santé et des
garanties assurées.
Page réalisée
par Mathilde Leroy
n° 322 mutualistes
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I7
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IEntretien
Henri-Jean Aubin, addictologue
Questions à
DR
Alcoolisme : la fin
du dogme de l’abstinence
Depuis quelques années, le traitement de l’alcoolodépendance ne se résume plus
au seul objectif de l’abstinence. D’autres thérapeutiques, plus ciblées et personnalisées,
permettent de réduire la consommation jusqu’à un seuil acceptable et maîtrisé.
Un véritable bouleversement des pratiques, qui ouvre aux malades l’accès à une prise
en charge davantage centrée sur le patient et ses motivations. Le professeur Henri-Jean Aubin,
addictologue à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif (Val-de-Marne) et président
de la Société française d’alcoologie, nous explique d’où vient cette nouvelle approche.
Mutualistes. – En France, très peu de
personnes ayant un problème avec
l’alcool sont médicalement prises en
charge : on parle de 8 % seulement.
Comment en arrive-t-on à une telle
situation ?
▶ Henri-Jean Aubin. – Ce chiffre est
exact et c’est abominable. Je précise qu’il
s’agit ici de personnes qui ont eu au moins
une consultation pour abus ou dépendance.
C’est donc tout juste de la prise en charge.
Il y a plusieurs raisons à ce phénomène.
Je pense d’abord que l’offre de soins était,
jusqu’à il y a peu de temps, en décalage
avec ce que les malades étaient prêts
© Thinkstock
Le défaut de prise
à accepter. Aujourd’hui De peur qu’on ne leur dise
encore, de peur qu’on
en charge s’explique
que l’abstinence totale
ne leur dise que l’abstiaussi par le fait que
nence totale est la seule est la seule solution,
cer ta i ns ma lades
solution, de nombreuses de nombreuses personnes,
pensent que les médipersonnes, qui ne sont qui ne sont pas prêtes
caments proposés ne
pas prêtes à arrêter à arrêter totalement de boire, sont pas efficaces.
totalement de boire, ne ne vont pas consulter.
D’autres estiment
vont pas consulter. Et
en outre qu’ils ont
ça, c’est un problème
juste un problème de
terrible, qui est de notre fait à nous, les
conduite d’excès et qu’ils peuvent s’en
médecins. Nous sommes en train de revoir
sortir seuls en se prenant en main. Dercette approche de fond en comble : le trainière explication : ceux qui boivent trop
tement de l’alcoolisme avec un objectif
fréquentent souvent des personnes dans
d’abstinence n’est plus systématique.
le même cas et, de façon assez objective,
ils se disent que, finalement, ils ne boivent
pas tellement plus que les autres. On
Ceux qui boivent trop fréquentent souvent des personnes dans le même cas.
n’évalue pas sa consommation de la même
Alors, de façon assez objective, ils se disent que, finalement, ils ne boivent pas
façon selon que l’on est un gros ou un
tellement plus que les autres.
petit buveur.
L’abstinence totale ne représente plus
l’unique offre de soins dans la prise
en charge de l’alcoolisme. D’où vient
ce changement ?
▶ L’idée selon laquelle l’abstinence n’est
pas la seule forme de traitement possible
date des années 60-70 et vient des
Etats-Unis. A l’époque, des chercheurs
ont montré qu’il y avait, y compris chez
les alcooliques sévères, une possibilité
de stabiliser durablement la consommation à un niveau acceptable. OutreAtlantique, le débat a été extrêmement
violent, notamment sous l’influence des
Alcooliques anonymes, pour lesquels
l’abstinence demeure la seule solution.
Ces chercheurs ont ensuite émigré
I
8 mutualistes n° 322
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IEntretien
Quelle est la place des médicaments
dans cette nouvelle approche ?
▶ Elle n’est pas systématique. On vise
l’abstinence ou la réduction de la consommation avec ou sans médicaments. Certains, comme l’Espéral, dont le principe
est de rendre malade lorsque l’on boit,
ou l’Aotal, qui a un autre mécanisme
d’action, aident à maintenir l’abstinence.
Ces traitements déjà anciens ont été développés à une époque où il allait de soi
que produire un médicament pour lutter
contre l’alcoolisme, c’était forcément pour
maintenir l’abstinence. Depuis, d’autres
Qu’est-ce qu’une consommation excessive ?
BSIP
onnet –
Selon les experts, une consommation est dite à risque dès qu’elle augmente
la probabilité de développer une maladie de l’alcool (cancer, cirrhose…)
ou de tomber dans la dépendance. Le seuil maximum est fixé par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) à vingt et un verres par semaine pour un homme
et à quatorze verres pour une femme, sachant qu’un verre correspond à 10 cl de vin,
à 25 cl de bière ou à une dose d’alcool fort. Les spécialistes estiment aussi
que si dans une seule soirée on dépasse quatre verres pour une femme et six verres
pour un homme et que cela arrive plus d’une fois par mois il y a matière à s’inquiéter
et éventuellement à consulter.
© Boiss
au Canada, où les choses se sont mieux
passées. A ce moment-là, le débat n’a
pas eu d’impact en France, mais ces
données, cette littérature, ce corpus de
connaissances scientifiques existait.
Et le livre L’entretien motivationnel de
William R. Miller et Stephen Rollnick* est
sorti, d’abord en anglais, en 1991, puis
en français, en 2005. Cet ouvrage a eu
un impact considérable et a profondément modifié la façon de comprendre la
prise en charge des personnes
dépendantes. Pour augmenter
la motivation du malade au
changement, l’idée développée
était d’inverser le type de relation entretenue jusque-là
par les thérapeutes avec
leurs patients : plutôt
que de se positionner en
tant qu’experts, c’est-àdire ceux qui détiennent le
savoir et dictent la meilleure
façon de s’y prendre, ce livre invitait les médecins à être davantage
centrés sur le patient et à toujours partir
de ses propres représentations. Dans cette
optique, il s’agit de proposer plusieurs
alternatives dans les différentes étapes du
traitement, y compris en ce qui concerne
les objectifs. Ce n’est plus au médecin
de choisir pour le malade : l’approche
relationnelle s’est modifiée et il n’est
plus question d’imposer l’abstinence.
Progressivement, des équipes ont été
sensibilisées à cette approche et, désormais, la prise en charge est davantage
personnalisée, elle se fait au cas par cas
et ne vise plus l’abstinence à tout prix.
Elle intègre aussi des thérapies comportementales, avec une approche très pragmatique, orientée vers la réduction de la
consommation ou vers l’abstinence. Tout
dépend des objectifs du patient.
temporaire d’utilisation délivrée par
l’ANSM (Agence nationale de sécurité du
médicament et des produits de santé, NDLR).
Désormais, le baclofène peut être prescrit
soit pour aider au maintien de l’abstinence
après un sevrage, soit pour contribuer à
une réduction de la consommation.
S’agit-il vraiment d’un médicament
miracle comme on a pu l’entendre ?
▶ Non, il y a malheureusement des échecs
avec le baclofène, et l’on manque encore
de recul vis-à-vis de ce produit. Les effets
molécules sont apparues. On peut citer par
indésirables peuvent être importants au
exemple le Selincro, qui devrait arriver en
niveau du système nerveux central, avec
France dans le courant de l’année et qui
des risques de somnolence, d’insomnie et
a été conçu spécifiquement pour accomdes douleurs très variables d’un individu
pagner la réduction de la consommation.
à l’autre. Mais il faut bien comprendre que
l’on est face à des patients prêts à compoPermettre la réduction de la consomser avec ces inconvénients, du moins
mation à un seuil tolérable sans viser
jusqu’à un certain point. Ce qu’ils sousystématiquement l’abstinence, c’est
haitent avant tout, leur motivation, c’est
aussi l’intérêt du baclorésoudre un problème
fène, dont on a beaucoup Ce n’est plus au médecin d’alcoolodépendance qui
parlé récemment.
leur pourrit l’existence.
▶ Ce médicament est une de choisir pour le patient. Au-delà des risques sanivéritable révolution, mais L’approche relationnelle taires tels que la cirrhose,
c’est un peu différent. Le s’est modifiée.
le cancer, les maladies
baclofène n’a pas été dévecardiovasculaires, voire
loppé pour traiter la dépendance à l’alcool.
la mort, l’alcoolisme touche aussi l’entouC’est le livre du docteur Ameisen**, sorti
rage du patient. Cette maladie peut déveen 2008, qui a révélé au grand public
lopper de la violence et une forme de
son efficacité contre l’alcoolisme, à un
souffrance destructrice du réseau relamoment où des changements avaient
tionnel, à commencer par le couple et la
déjà commencé à s’opérer dans la prise
famille. Grâce à des médicaments comme
en charge. Après cette parution, il y a eu
le baclofène, un plus grand nombre
une immense vague d’espoir de la part
de patients parviennent à reprendre
des malades, qui ont exercé une véritable
une vie normale, sociale et professionpression sur les médecins pour se faire
nelle, sans recours fréquent à l’alcool. Ce
prescrire le produit. Cela prouve bien la
sont autant de réussites dont on ne peut
difficulté de certains à accepter l’idée de
que se réjouir. ◆
vivre sans alcool dans une société où il
Propos recueillis par Delphine Delarue
demeure très présent, à tous les niveaux
* L’entretien motivationnel, aider la personne à engade la vie sociale. C’est donc l’augmenger le changement, de William R. Miller et Stephen
tation considérable des prescriptions
Rollnick. Inter Editions (448 pages, 32 euros).
qui a permis d’aboutir, il y a quelques
** Le dernier verre, du docteur Olivier Ameisen.
Denoël (298 pages, 19,25 euros).
semaines, à une recommandation
Le baclofène peut être prescrit
au patient pour l’aider soit à réduire
sa consommation, soit à maintenir
l’abstinence après le sevrage.
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IForme et bien-être
Produits allégés
Démêlez le vrai du faux
Les Français sont de gros
consommateurs de produits allégés
Vrai. Plus d’un tiers des Français consomment des produits allégés en sucres au
moins une fois par semaine et 25 %
achètent régulièrement des produits dits
light. Même si le marché semble s’essouffler depuis quelques années (30 % de
la population estime aujourd’hui que
les allégés sont à éviter ou à exclure), il
représentait encore 1,5 milliard d’euros
en 2011. Les femmes entre 35 et 65 ans
sont les premières consommatrices, avec
un objectif principal : perdre du poids.
« allégée en sucres » sera parfois plus
sucrée et plus calorique qu’une compote
« sans sucres ajoutés ».
Ils sont beaucoup moins naturels
Ils apportent moins de calories
Vrai et faux. Ils sont moins riches en
graisses ou en sucres, mais cela ne fait
pas toujours une grosse différence en
termes de calories. Il n’y a ainsi que 10 à
15 calories d’écart entre un yaourt à 0 %
de matières grasses (MG) et son équivalent nature classique. La différence est
plus importante pour les sodas light,
qui parviennent à n’apporter quasiment
aucune calorie. A contrario, une compote
©
Fo
t ol
ia
© Fotolia
Ils font maigrir
Faux. Leur efficacité sur l’amincissement
n’est démontrée ni en France ni aux EtatsUnis. Au contraire, une récente étude
américaine a prouvé que la consommation
de boissons light pousse les personnes
en surpoids à manger plus d’aliments
solides et caloriques (y compris lors de
grignotages). Maigrir devient alors mission impossible.
Les nutritionnistes
les recommandent
Plutôt faux. Les médecins
nous reprochent d’en abuser
sous prétexte de « légèreté ».
Faussement déculpabilisé,
©T
hin
ck
Les boissons light
limitent le risque de diabète
Vrai. Alléger un aliment nécessite
diverses techniques industrielles : on
peut ajouter de l’eau, des édulcorants,
des émulsifiants, des épaississants, des
fibres, de l’air… Du coup, les produits sont
plus « trafiqués ». Par exemple, le yaourt
à 0 % MG contient parfois de la gélatine
de porc ! Et cela peut tourner à l’aberration : le chocolat allégé en sucres est
plus gras (pour compenser) et aussi calorique (mais moins goûteux) que le classique, le camembert allégé est plus salé
(pour le goût)... Quant aux produits laitiers
à 0 % MG, ils contiennent moins de gras,
mais plus de sucres, qui font grimper
l’insuline et augmentent le stockage.
to
on ne se surveille pas et l’on en consomme
souvent plus qu’on ne l’aurait fait avec un
produit classique, d’où un bilan énergétique identique, voire supérieur.
Les produits allégés contiennent
moins de graisses
Vrai, mais pas seulement. Est dit allégé
un aliment moins calorique que son équivalent de référence « traditionnel » (chips,
mousse au chocolat, boisson, laitage…).
L’allégement peut porter sur les graisses
ou les sucres. Il doit se révéler significatif
(au moins 25 %) et être mentionné sur
l’emballage.
ks
Depuis la fin des années 60, les produits allégés envahissent
les rayons des supermarchés, nous promettant minceur et bonne santé.
Sont-ils réellement utiles et, surtout, sans danger ?
Faux. Une étude française publiée
fin 2013 par des chercheurs de
l’Inserm* et portant sur 70 000
femmes suivies durant quatorze
ans montre que les boissons
light (généralement sucrées à
l’aspartame) augmenteraient le
risque de diabète dit de type 2
(qui touche près de 3 millions de
©
personnes dans notre pays). En boire Thin
k st o
ck
plus de 1,5 litre par semaine ferait
même grimper ce risque de 59 % ! Explication : l’aspartame, par son goût, augmente
l’appétence pour le sucre et, surtout, fait
grimper la glycémie, enclenchant le système de réponse insulinique, qui luimême induit stockage (donc surpoids) et
diabète (lire également l’encadré). ◆
Isabelle Delaleu
* Institut national de la santé et de la recherche
médicale.
L’aspartame sur la sellette
Bien que comptant de plus en plus
de détracteurs, l’aspartame a été
officiellement déclaré « sans risque »
par l’Autorité européenne de sécurité
des aliments (EFSA) en décembre 2013.
Un avis rassurant, très attendu par
les industriels – à la suite de quelques
études scientifiques inquiétantes,
concernant notamment les risques
de naissance prématurée ou de cancer –,
mais qui fait déjà débat, y compris chez
les nutritionnistes. Et si l’aspartame
« ne fait pas de mal », fait-il pour autant
« du bien » ? Cela semble difficile
à prouver, y compris pour ses principales
« indications », le surpoids et l’obésité.
Le feuilleton ne fait que commencer.
I
10 mutualistes n° 322
-- OAM322_010.indd 10
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IForme et bien-être
Question de parent
Mon ado est amoureux, comment réagir ?
Il arbore un sourire nigaud, compulse frénétiquement son portable, a le rose aux joues et l’œil dans le
vague : les signes ne trompent pas, votre ado est « in love ». Que dire, que faire et comment l’accompagner
dans son « vertige de l’amour » ?
Une relation à « cadrer »
C’est à vous, en tant que parent, de fixer
– dans le dialogue et la négociation – les
règles à respecter : participation active à
la vie familiale, travail scolaire (surtout
s’il est au lycée et que des examens importants approchent), activités sportives ou
culturelles habituelles… Votre ado doit
comprendre que la vie ne peut pas se
limiter à sa relation amoureuse. Quant
aux horaires de visite et aux possibilités
pour l’élu(e) de son cœur de dormir à la
maison, cela devra se discuter ensemble,
car tout dépend du modèle d’éducation,
plus ou moins libéral, adopté dans votre
famille. De toute façon, les premières
relations sexuelles se feront, avec ou
sans autorisation parentale « officielle »
© Fotolia
H
ier encore c’était votre bébé, et
le voilà amoureux ! Qu’il vous
semble encore « trop jeune » ou
pas, souvenez-vous de vos premières
amours, de la tornade émotionnelle qui
les a accompagnées, et laissez votre ado
vivre les siennes paisiblement : à cet
âge, on est souvent très romantique, et
le premier amoureux ne s’oublie jamais.
Faites donc preuve de précaution : pas de
question trop intrusive, pas d’interdiction,
pas d’avis définitif et brutal sur le ou la
« chéri(e) » (même si son style ne vous
comble pas de bonheur). Cela reste son
choix et son histoire : respectez l’intimité
de votre enfant, tout en lui rappelant,
bien sûr, qu’il peut discuter avec vous
et que vous restez prêt à l’écouter ou à
répondre à ses questions. Il est important
qu’il sache pouvoir vous faire confiance
en cas de doute ou de difficultés, quelles
qu’elles soient.
(lire l’encadré ci-dessous). Cela dit, en tant
que parent, on n’a pas forcément envie
d’héberger un « petit couple établi » tous
les week-ends et l’on est en droit, également, d’exiger un minimum de discrétion
pour ne pas être gêné par le bruit de leurs
ébats ou ne pas assister à leurs câlins
« non-stop » sur le canapé du salon.
A l’inverse, on ne doit pas chercher à
tout savoir : le jeune a besoin, comme
chacun, de conserver son jardin secret
et son intimité, il n’a pas à tout raconter
de son histoire d’amour. Il doit juste être
assez en confiance pour pouvoir en parler
librement, si besoin, avec l’un ou l’autre
de ses parents.
Et si ça « casse » ?
Quand viendra le temps de la rupture,
quels qu’en soient les motifs, ne culpabilisez pas votre ado, qui s’en remettra peutêtre très vite : « Les amours adolescentes
Les ados et l’amour, en chiffres
• Premier baiser : 13-14 ans (contre 16-17 ans pour la génération des grands-parents).
• Premier rapport sexuel : 17 ans et 3 mois pour les filles, 17 ans et 6 mois pour
les garçons, dans 70 % des cas au domicile des parents.
• La moitié des jeunes de 15 à 18 ans ont déjà fait l’amour, mais 25 % des filles
et 21 % des garçons sont encore vierges à 18-19 ans.
sont vouées à être éphémères, expliquent
Rica Etienne et Sylvain Mimoun (lire
« Pour en savoir plus »). C’est ainsi que les
jeunes apprennent l’amour, en s’aimant,
puis en se quittant. Quitte à souffrir un peu.
Ça aussi, c’est la règle du jeu. »
S’il vit un vrai chagrin d’amour, ne minimisez surtout pas sa peine (par des
phrases du type « Une de perdue, dix
de retrouvées »…), mais soutenez-le et
proposez-lui des distractions (les copains,
eux, sont là pour le consoler). Expliquezlui enfin que le temps atténue toujours le
chagrin et qu’une autre rencontre, un jour
prochain, fera de nouveau s’emballer son
cœur. ◆
Isabelle Delaleu
Pour en savoir plus
> Pour l’adolescent comme pour
ses parents, une bible qui explique,
rassure, déculpabilise… : Ados, amour
et sexualité, du docteur Sylvain
Mimoun et de Rica Etienne, Albin
Michel (304 pages, 16,50 euros).
> Pour les parents, un livre qui,
entre autres thèmes, aborde l’amour
et le sexe : Aider son ado à bien grandir,
d’Odile Brandt, Leduc.S éditions
(160 pages, 10 euros).
n° 322 mutualistes
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Cabines de bronzage
Tolérance zéro pour les UV artificiels ?
© Lemoine – BSIP
IPrévention
A l’approche d’un séjour en bord de mer et de l’« épreuve » du maillot de bain, nombreux sont ceux qui s’interrogent
encore sur l’éventualité de passer par la case bronzage artificiel. Bien que les ultraviolets (UV) émis par les
cabines aient été reconnus comme cancérogènes par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les idées
reçues sur la sécurité et les bénéfices de cette pratique ont la peau dure.
L
e Brésil a interdit les cabines de bronzage, et ce n’est pas pour rien. D’ailleurs, d’autres pays s’interrogent,
souligne le professeur Jean-Luc Schmutz,
chef du service de dermato-vénérologie
aux hôpitaux de Barbois à Vandœuvre-lèsNancy (Meurthe-et-Moselle). Ces machines
produisent des UVA (ultraviolets A, NDLR)
à haute dose et, si l’on a longtemps cru en
leur innocuité, ce n’est plus du tout le cas
aujourd’hui. On sait que ces ultraviolets
pénètrent profondément dans l’épiderme
et le derme et qu’ils peuvent provoquer
des cancers de la peau. » Et le risque n’est
pas négligeable : selon la Ligue contre le
cancer, le fait d’avoir été exposé au moins
une fois dans sa vie à un appareil émettant
Accro aux UV
Selon une étude citée dans un numéro
spécial du Bulletin épidémiologique
hebdomadaire (BEH, n° 18-19, 20 mai
2012, INVS), le recours fréquent
aux ultraviolets (UV) artificiels favoriserait
le risque de développer une dépendance
psychologique. Les résultats montrent
en effet que, sur 229 étudiants ayant
régulièrement recours au bronzage
artificiel, 31 à 39 % présentent des critères
d’addiction. En d’autres termes, ils sont
« soumis à un incontrôlable besoin
de s’exposer aux UV, besoin pouvant
aller jusqu’à nécessiter une prise
en charge psychiatrique spécifique »,
expliquent les docteurs Civatte et Bazex
dans l’éditorial du BEH.
des UV artificiels accroît de 15 % le risque
de développer un mélanome cutané, un
cancer grave, mortel dans un tiers des
cas. Cette augmentation serait même
de 75 % quand la pratique débute avant
l’âge de 35 ans. En France, d’après une
synthèse d’études publiées par l’Institut de
veille sanitaire (INVS) en 2012, 4,6 % des
cas de mélanomes seraient attribuables
aux cabines de bronzage.
Capital solaire à préserver
« Nous avons tous un capital solaire en
fonction de notre type de peau et de notre
couleur, explique le professeur Schmutz.
Plus vous accumulez du rayonnement UV
au cours de votre vie, plus vous grignotez ce
capital et plus vous risquez de développer
un cancer de la peau. » Associer l’exposition solaire annuelle à la fréquentation
régulière des cabines et aux bains de
soleil estivaux est ainsi loin d’être anodin.
L’usage régulier des UV artificiels provoque aussi une accélération du vieillissement de la peau et accroît les risques
d’érythème, d’inflammation de la cornée,
voire de lésions cutanées et oculaires
en cas de prise de médicaments photosensibilisants, comme les somnifères ou
les antidépresseurs.
Malgré tous ces risques, le recours au
bronzage artificiel poursuit son développement en France. Pour ses adeptes,
outre le fait que cette pratique donne
bonne mine, elle permettrait de préparer la peau au soleil. C’est également
ce qu’affirment les professionnels du
bronzage pour convaincre leurs clients.
Or, « la pigmentation acquise par les
séances d’UV artificiels ne représente pas
une protection efficace », martèle la Ligue
contre le cancer sur son site Internet. « Le
problème, ajoute le professeur Schmutz,
c’est que ces personnes, parce qu’elles sont
déjà hâlées, vont se sentir protégées. En
vacances au bord de la mer, elles vont donc
avoir tendance à s’exposer beaucoup trop
longtemps dès le premier jour et risquer de
véritables brûlures. »
Aucun effet sur l’ostéoporose
et la dépression saisonnière
Autre idée reçue : les cabines de bronzage
transformeraient la vitamine D inactive
en forme active, aidant ainsi à lutter
contre l’ostéoporose. « C’est faux, affirme
le professeur, tout simplement parce que
dans les cabines à UV, théoriquement,
il n’y a pas d’UVB, et ce sont justement
eux qui permettent la synthèse de la vitamine D. » Les cabines de bronzage ne sont
donc pas efficaces contre l’ostéoporose,
pas plus qu’elles ne le sont contre la
dépression saisonnière. Dans ce dernier
cas, seule la luminothérapie sous contrôle
médical peut donner des résultats. « Finalement, conclut le professeur Schmutz, il
n’y a pas de seuil minimum tolérable avec
les UV artifi ciels. La publicité devrait
être interdite, comme c’est le cas pour les
cigarettes. Ces deux produits sont classés
comme cancérogènes par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) et devraient
donc avoir le même traitement. » On ne
peut pas être plus clair. ◆
Delphine Delarue
I
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IPrévention
Maladies cardiovasculaires
Les femmes premières victimes
De plus en plus touchées par les maladies cardiovasculaires, les femmes sont hélas moins bien diagnostiquées
que les hommes, au risque d’un retard de prise en charge et d’une perte de chances de survie.
A
des artères, ainsi que les thromboses.
Sans compter que les artères des femmes,
plus petites que celles des hommes, sont
d’emblée plus vulnérables... »
u contraire d’une idée reçue, la
première cause de mortalité chez
les femmes, ce n’est pas le cancer
du sein, mais les maladies cardiovasculaires : elles en meurent huit fois plus.
Et elles n’en sont pas moins victimes
que les hommes : sur 147 000 personnes
décédant chaque année, en France, de
maladies cardio et cérébro-vasculaires,
54 % sont des femmes. Les infarctus sont
les plus fréquents, suivis par les accidents
vasculaires cérébraux (AVC) et les maladies artérielles périphériques (obstruction
d’une artère).
De plus en plus jeunes
Par ailleurs, les femmes sont touchées
de plus en plus jeunes : parmi celles
ayant eu un infarctus, les moins de
50 ans représentent aujourd’hui plus
de 11 %, alors qu’elles n’étaient que 4 %
il y a vingt ans. « On a longtemps affirmé
que les femmes étaient protégées par leurs
hormones jusqu’à la ménopause, observe
le professeur Claire Mounier-Vehier, chef
du service de médecine vasculaire et
d’hypertension artérielle au CHRU de
Lille et vice-présidente de la Fédération
française de cardiologie. Ce n’est plus vrai
depuis qu’elles ont adopté les mêmes modes
de vie et les mêmes comportements à risque
que les hommes : tabac, consommation
© Burger – Phanie
Des symptômes particuliers
Aujourd’hui, 11 % des femmes victimes
d’un infarctus ont moins de 50 ans.
d’alcool, stress au travail. » Un stress
amplifié par la charge d’une double journée, professionnelle et familiale.
Chez les plus jeunes, l’effet protecteur
des œstrogènes naturels pourrait encore
être diminué du fait de la progression de
l’obésité, du diabète et de la sédentarité.
« Après 35 ans, l’association tabac et
contraception œstroprogestative majore
aussi le risque d’accident thrombotique,
ajoute le professeur Mounier-Vehier.
A partir de la ménopause, la chute hormonale favorise l’apparition du syndrome
métabolique (la “bouée” autour de la
taille), le durcissement et l’épaississement
Quelle prévention ?
Pour prévenir les maladies cardiovasculaires, les femmes doivent être attentives à trois phases
clés de leur vie hormonale.
• Lors de la prescription d’un contraceptif, signaler au médecin les antécédents familiaux en
cas de phlébite, d’embolie pulmonaire, etc. Après 35 ans, il est conseillé de choisir un moyen
de contraception autre que la pilule œstroprogestative (le stérilet, par exemple), car les
œstrogènes de synthèse, surtout lorsqu’ils sont associés au tabac, renforcent le risque
d’obstruction des artères.
• Durant la grossesse, dépister l’hypertension, qui peut révéler ou aggraver un problème
cardiaque.
• A la ménopause, hypertension, prise de poids, excès de cholestérol et diabète étant fréquents,
renforcer les mesures préventives : bouger trente minutes par jour ou au moins trois fois par
semaine ; manger mieux (limiter le sel et l’alcool, consommer davantage de fruits et légumes
et de poissons gras) ; dormir suf f isamment (au moins six heures par nuit) ; gérer le stress par
tout moyen (le yoga, le tai-chi…, mais aussi le rire, qui dilate les artères).
Autre particularité, les signes avantcoureurs d’un infarctus sont souvent différents de ceux des hommes : au lieu d’une
douleur dans la poitrine, au bras gauche
ou à la mâchoire, les femmes peuvent ressentir des troubles digestifs, des sueurs,
des nausées, un essoufflement ou une
grosse fatigue. Autant de symptômes qui
ne les alertent pas et qu’elles mettent sur
le compte du stress. A l’imagerie, on ne
voit souvent pas d’obstruction des artères
coronaires principales – contrairement
aux hommes –, mais une altération des
petites artères du cœur, avec atteinte de
la microcirculation.
Un diagnostic souvent retardé
« Le problème est que le corps médical
a lui aussi tendance à se tromper sur
ces symptômes », constate le professeur
Mounier-Vehier. C’est vrai sur toute la
ligne de soins : du généraliste au cardiologue, en passant par les urgences. Une
enquête réalisée dans le Nord-Pas-deCalais montre que, pour un infarctus, les
femmes arrivent aux urgences une heure
plus tard que les hommes. « C’est un retard
de diagnostic dommageable », regrette le
professeur Mounier-Vehier. Il est urgent
que les stratégies thérapeutiques soient
adaptées aux femmes. ◆
Suzanne Kestenberg
Pour en savoir plus
• Fedecardio.org : le site de la Fédération
française de cardiologie (FFC).
Consulter en particulier la brochure
Cœur, artères et femmes et faire le test
« J’aime mon cœur ».
• Le cœur des femmes, par Danièle
Hermann. Robert Laffont-Versilio
(288 pages, 20 euros).
n° 322 mutualistes
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IMédecine
La flore intestinale
Un « organe »
aux propriétés inattendues
Depuis une dizaine d’années, des chercheurs étudient la flore
de notre intestin. Celle-ci joue en effet un rôle allant bien au-delà
de la digestion : on fait désormais le lien entre un déficit
en bactéries intestinales et l’obésité, le diabète ou encore
les maladies cardiovasculaires.
L
© Burger - Phanie
a flore intestinale, rebaptisée
microbiote intestinal par les
scientifiques, est aujourd’hui
considérée comme un organe à part
entière. Formée chez le fœtus durant
l’accouchement et pesant jusqu’à
2 kilos chez l’adulte, elle est
peuplée de 100 000 milliards
de bactéries, soit dix fois plus
que dans le reste de notre corps.
Comme pour les empreintes
digitales, chacun de nous
possède un microbiote particulier, mais, comme pour
les groupes sanguins, la
population se répartit en
trois groupes de composition
bactérienne homogène, dits entérotypes,
quelle que soit l’origine géographique
des individus.
Notre microbiote assure des fonctions
essentielles : la transformation des
aliments en nutriments et en énergie,
ainsi que la synthèse des vitamines
et des oligo-éléments. Il joue aussi un
rôle important dans la maturation de
notre système immunitaire global, et
pas seulement intestinal. Des recherches
récentes lui ont encore découvert
d’autres fonctions. L’une des dernières
études réalisées sur sa richesse microbienne, coordonnée par le professeur
Dusko Ehrlich, de l’Institut national de
recherches agronomiques (Inra), montre
De récentes recherches ont montré que lorsque les bactéries intestinales sont
nombreuses et variées, la santé est meilleure.
Infections nosocomiales : guérir grâce à la greffe fécale ?
© B u r g er - P h a n i
e
La transplantation de flore intestinale est en train de devenir
une méthode de soin pour certaines infections nosocomiales.
A l’origine d’infections nosocomiales parmi les plus sévères,
la bactérie Clostridium difficile est responsable à elle seule
de plus d’un millier de morts par an. « C’est
après plusieurs rechutes suivant l’arrêt
du traitement par antibiotique destiné
à combattre cette bactérie que l’on
procédera à une transplantation
florale », précise le professeur Laurent
Beaugerie, gastroentérologue à l’hôpital
Saint-Antoine à Paris. Le cas se présente
quand le malade, souvent âgé,
a un système immunitaire trop faible
ou quand l’antibiotique a déstructuré sa flore
intestinale. « Le résultat est une dysbiose aiguë
(déséquilibre de la flore intestinale, NDLR) dès le deuxième jour
de traitement, poursuit le professeur. La greffe fécale pratiquée
à ce moment précis aura une efficacité supérieure à 90 %. »
L’intervention est réalisée par coloscopie ou par simple
lavement une fois les matières fécales saines diluées dans du
sérum physiologique et après évacuation d’une partie
de la flore contenant la bactérie pathogène. Comme pour le don
de sang, les donneurs d’échantillons fécaux subissent un
interrogatoire sélectif destiné à écarter tout agent infectieux
dans les selles.
A l’heure où nous écrivons cet article, un premier essai
de transplantation fécale dans le cadre de la maladie de Crohn
est prévu à l’hôpital Saint-Antoine. Des applications
sont par ailleurs à l’étude, en partenariat avec l’Institut national
de recherches agronomiques (Inra), sur l’inflammation
du foie d’origine non alcoolique, qui impacte gravement
la flore intestinale, et sur les maladies neurologiques,
dont la dépression. Parmi les autres pistes de recherche,
selon le professeur Beaugerie, « on pense à inclure
des bactéries issues de matières fécales prétraitées dans
des gélules et, pourquoi pas, à concevoir une flore artificielle ».
I
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ainsi que plus les bactéries intestinales
sont nombreuses et diversifiées, meilleure
est notre santé.
Pauvre en bactéries, riche en kilos
« L’étude révèle que près d’un quart des
personnes dont nous avons analysé les
bactéries intestinales ont perdu 40 % de leur
richesse microbienne, souligne le professeur
Ehrlich. Or, le groupe déficitaire en bactéries
compte 80 % d’obèses. En comparant les
personnes pauvres en bactéries et les autres,
nous avons découvert que les premières
risquaient davantage de développer des
complications liées à l’obésité – diabète,
problèmes lipidiques (triglycérides, cholestérol) –, elles-mêmes à l’origine d’un risque
accru de maladies cardiovasculaires et
peut-être de certains cancers. »
Une deuxième étude, réalisée sur des personnes obèses ou en surpoids et également
coordonnée par l’Inra, donne d’autres résultats intéressants : « En analysant seulement
six espèces bactériennes manquantes, révèle
le professeur, il est possible d’identifier les
personnes à risque de complication, et cela
avec une précision de 95 %. »
Prévenir le diabète ?
Une question se pose alors : sera-t-il un
jour possible de détecter les signes avantcoureurs de maladies liées à une insuffisance bactérienne de la flore intestinale
et de se donner ainsi des moyens de prévention efficaces ? Un tel projet est déjà
en cours : le professeur Ehrlich travaille
sur un test diagnostique conçu à partir
de gènes bactériens de la flore intestinale
qui sera capable de détecter les personnes
risquant de développer un diabète de
type 2 ou une maladie cardiovasculaire.
Ce test sera sans doute opérationnel d’ici
à la fin de l’année.
Autre question : la flore déficitaire en
bactéries est-elle la cause ou la conséquence de pathologies telles que l’obésité
ou le diabète ? « On ne peut pas encore
trancher, répond le professeur Ehrlich,
mais jusqu’à présent les résultats d’essais
de transplantations fécales font plutôt
penser à un rôle causal. » Lorsque l’on
greffe à des souris diabétiques une
partie du microbiote d’un animal sain,
en effet, le diabète régresse. Il en est de
même des résultats de greffes fécales
appelées à se développer en milieu hospitalier en cas d’infection nosocomiale
par la bactérie Clostridium difficile
(lire l’encadré). ◆
Suzanne Kestenberg
Appendicite
De moins en moins
d’opérations
L’appendicite fait l’objet de trois
fois moins d’interventions qu’il y a
vingt ans, et la tendance est encore
à la baisse. Dans certains cas, les
antibiotiques prennent le relais
de la chirurgie.
U
ne douleur au ventre, en bas à droite,
est vite soupçonnée de traduire une
appendicite… au risque bien souvent
de se tromper. Pendant longtemps, par
précaution, on a procédé à l’ablation pure
et simple de ce petit bout d’intestin dont on
ne connaît pas encore vraiment l’utilité.
Or, selon la Drees*, ce n’est plus le cas :
de 300 000 par an en 1980, le nombre
d’interventions a chuté à 83 400 en 2012.
La raison principale est que l’on y voit
désormais plus clair, grâce aux progrès
de l’imagerie médicale : dans la plupart
des cas, les chirurgiens font passer une
échographie ou, mieux, un scanner pour
affiner leur diagnostic. C’est ainsi que pratique le docteur Jérôme Loriau, chirurgien
à l’hôpital Saint-Joseph à Paris. « N’opérer
qu’en cas de besoin est notre objectif n° 1,
affirme ce dernier, car ouvrir l’abdomen
d’un individu n’est jamais anodin », même
si l’on procède généralement par cœliochirurgie – ce qui consiste à opérer à
travers une toute petite incision.
Deux formes à distinguer
La Drees relève cependant une évolution
différente selon la nature de l’appendicite.
On en compte en effet deux sortes : les
formes simples et les formes compliquées.
Les premières, plus répandues chez les
enfants et les adolescents, sont celles
pour lesquelles les interventions sont en
recul. Pour les formes graves, incluant
la péritonite et concernant plus souvent
les âges extrêmes de la vie, le nombre
d’interventions reste stable.
Une autre raison pourrait expliquer la
baisse des opérations des appendicites
simples : certains gastroentérologues les
traitent par antibiotiques. Pour le docteur
Corinne Vons, chirurgienne digestive
© Voisin – Phanie
s
IMédecine
C’est pour les appendicites simples, plus
répandues chez l’enfant et l’adolescent,
que le nombre d’interventions recule.
à l’hôpital de Bondy (Seine-Saint-Denis),
ce traitement se révèle efficace : « La douleur s’estompe et le problème est résolu
en quatre à cinq heures », dit-elle. Cette
spécialiste a réalisé une étude auprès
de 240 patients. Après un an de suivi, il
apparaît que les antibiotiques ont suffi
et ont évité l’opération dans 63 % des cas.
Cela dit, la période de mise sous antibiothérapie est encore à déterminer.
Pour le moment, le débat reste vif, entre
spécialistes, sur les moyens de réduire
les interventions dites inutiles et, surtout, sur la façon de traiter au mieux
les appendicites simples. En fait, l’antibiothérapie est encore expérimentale
et n’est d’ailleurs pas retenue comme
une option de traitement par la Haute
Autorité de santé (HAS). Quant aux formes
compliquées d’appendicite, que l’on se
rassure : aucun risque n’est pris, elles
font consensus parmi les spécialistes en
étant toujours vouées à une intervention
immédiate. ◆
Laure Masson
* Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), « La longue
diminution des appendicectomies en France »,
Etudes et Résultats, n° 868, février 2014.
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I15
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IEn bref
■ Cancer du sein
Une enquête
pour mieux cerner
la fibromyalgie
* Pour répondre à l’enquête
(jusqu’au 15 septembre 2014) :
Fibromyalgiesos.fr.
Selon une analyse d’études
de la Haute Autorité de
santé (HAS), et contrairement aux idées reçues,
la consommation de café,
de pamplemousse ou de
t hé, le tabagisme ou
encore les prothèses en
silicone n’induiraient pas
de risque supplémentaire
de développer un cancer
du sein. Pas de preuve scientifique « robuste » non plus pour la
taille des seins, leur densité élevée après la ménopause, le port de
soutien-gorge ou l’utilisation de déodorant. Et si la consommation
d’alcool, de viande grasse, la grossesse tardive ou non menée à
terme, la contraception hormonale et le diabète de type 2 sont
bien associés à une augmentation du risque, celle-ci reste tout
de même très « modérée » et ne nécessite pas de surveillance
spécifique en dehors du programme national de dépistage
organisé (50-74 ans). Ce n’est pas le cas, en revanche, pour les
femmes ayant déjà souffert d’un cancer du sein, celles ayant un
antécédent d’irradiation thoracique consécutif au traitement de la
maladie de Hodgkin, celles dont un membre de la famille proche
a été atteint ou celles portant certaines lésions bien spécifiques :
pour elles, la HAS recommande la mise en place d’un dépistage
précoce systématique avant l’âge de 50 ans.
En raison de l’évolution des conditions météorologiques et de la mondialisation des voyages et
du commerce, des maladies comme la dengue, le
paludisme ou le chikungunya concernent désormais les régions tempérées de l’Europe. Le 17 avril
dernier, l’édition 2014 de la Journée mondiale de la
santé, consacrée à ces pathologies, a été l’occasion
pour l’OMS de rappeler les principes de prévention
élémentaires, en particulier en direction des pays
européens. Pour se protéger des vecteurs comme le
moustique de type Aedes, que l’on trouve aujourd’hui
dans le sud de la France, il est conseillé d’appliquer
DR
Maladies vectorielles : en Europe aussi
un produit répulsif sur la
peau dès la tombée de la
nuit, de porter des chemises à manches longues
et des pantalons de couleur claire. Dans l’idéal,
les fenêtres doivent être
équipées d’une moustiquaire. Par ailleurs, les voyageurs qui se rendent dans les zones de paludisme
(renseignez-vous sur Pasteur.fr) doivent suivre un
traitement préventif et, pour les zones à risque de
fièvre jaune, le vaccin est fortement recommandé.
© Thinkstock
© Thinkstock
Mieux cerner
la fibromyalgie
et en optimiser la prise
en charge, c’est l’objectif
de la grande enquête
lancée le 12 mai,
pour quatre mois*,
par l’association
Fibromyalgie SOS
sur son site Internet
(Fibromyalgiesos.fr).
Encore mal connue,
cette maladie difficile
à diagnostiquer, qui
se traduit par des douleurs
intenses, des courbatures
et une très grande fatigue,
concernerait un million
de personnes en France.
L’étude, dont les résultats
seront communiqués
en avril 2015, permettra
d’en savoir plus sur le vécu,
les besoins et les attentes
des patients.
Les véritables facteurs de risque
Les Français
toujours accros
aux psychotropes
Selon une étude
Celtipharm relayée
par Le ParisienAujourd’hui en France,
la consommation
d’anxiolytiques
et d’hypnotiques
poursuit sa progression
dans notre pays.
Désormais, près
d’un Français sur trois
en consomme
régulièrement.
Utilisés contre l’angoisse,
les insomnies, la douleur
ou la dépendance
aux drogues et à l’alcool,
le mésusage de
ces médicaments met
chaque mois en danger
230 000 personnes
dont 92 000 ont plus
de 70 ans. Pris à mauvais
escient ou sur de trop
longues périodes
(plus de douze semaines
pour les anxiolytiques
et quatre pour
les hypnotiques),
les psychotropes
induisent un risque
de dépendance, de perte
de mémoire, de chute
et d’accident de la route.
Comme les adultes, les enfants consomment trop de sel
© Thinkstock
D’après une étude britannique
parue récemment dans la revue
Hypertension et menée
sur 340 jeunes Londoniens âgés
de 5 à 17 ans, 70 % des enfants
dépasseraient les doses de sel
recommandées. Les 5-6 ans
consomment par exemple
une moyenne de 3,75 grammes
par jour, alors que la dose
maximale conseillée est fixée
à 3 grammes, et les 8-9 ans
atteindraient 4,72 grammes,
contre 4 grammes recommandés.
Une tendance que l’on trouve
également en France,
selon plusieurs travaux.
Or d’après les auteurs
de l’étude britannique,
cette surconsommation
entraînerait des risques
de pression artérielle accrue
à l’âge adulte.
Les principales sources de sel
dans l’alimentation des enfants
sont les produits céréaliers,
les produits à base de viande,
le lait et les produits laitiers.
Page réalisée par Mathilde Leroy
I
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Dossier réalisé par Vanessa Pageot-Françoise
Voyager
quand on est malade
V
o-ya-gez ! La maladie n’est pas un
obstacle, s’exclame le docteur
Véronique Naneix-Laroche, du
centre de vaccination international et de conseils aux
voyageurs du CHU de Purpan, à
Toulouse. J’ai même rencontré une femme souffrant
de polyarthrite qui était
partie faire le tour du
monde avec son mari
en vélo tandem. La question n’est pas de savoir
si l’on peut voyager,
mais comment bien s’y
préparer. » Certains rêvent
de pays tropicaux, d’autres
espèrent juste revoir la famille
ou des amis en France, comme une
parenthèse dans leur combat contre
la maladie. « Ces vacances, c’était un
cadeau, je ne les espérais pas, témoigne
Catherine Thoraval, atteinte d’un cancer.
C’est l’Institut Curie, où je suis suivie, qui
m’a parlé de la possibilité de faire un
“break”. J’ai choisi de partir quinze jours
en Bretagne avec mon compagnon. J’ai pu
vivre des moments de bonheur et oublier
pour un temps la maladie. » Depuis
mai 2011, l’Institut Curie (Paris) a mis en
place des consultations « vacances » pour
les patients sous traitement médical, excepté ceux qui sont en
attente d’une intervention
chirurgicale ou en cours
de radiothérapie. « Dans
certains cas, nous transférons le dossier, après
accord médical, à un
centre habilité à soigner
les malades atteints d’un
cancer, explique le docteur Laure Copel, de l’insP titut. Pour d’autres situations
SI
–B
ay plus simples, des soins à domicile
M
©
peuvent être organisés avec des soignants
libéraux, à qui les informations médicales
sont également transmises. Par ailleurs,
nous sommes en train de développer des
partenariats avec certaines fondations ou
organisations pour permettre aux patients
d’accéder à des lieux de vacances dédiés,
en toute sécurité et selon leurs ressources,
avec possibilité d’aides financières. »
© May – BSIP
Passer quelques jours
avec ses proches en France,
découvrir le patrimoine
européen ou faire le tour
du monde : chacun rêve d’une
parenthèse dans la maladie.
Diabétiques, cardiaques,
dialysés, insuffisants rénaux
ou atteints d’un cancer,
ils ont voyagé, découvert,
partagé. La clé : bien s’organiser
plusieurs mois avant et rester
prudent une fois sur place.
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I17
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La Bretagne a aussi attiré Régis Volle,
insuffisant rénal, dialysé depuis 1967 :
« La dialyse, c’est un vrai fil à la patte,
mais je voulais continuer à vivre normalement. A l’époque, quasiment
personne ne partait. Je me suis
acheté une remorque pour embarquer les 300 à 400 kilos de matériel
de dialyse et je suis parti en vacances.
Là, j’ai découvert la voile et je me suis
pris au jeu, en naviguant ensuite en Corse
ou en Turquie. » Dans les années 70, il
équipe deux caravanes de dialyse, puis,
vingt ans après, il monte IDO*, une association qui organise des séjours pour les
insuffisants rénaux, dialysés ou greffés. Si
les croisières ne représentent encore que
10 % de l’offre, elles sont plébiscitées : les
dialysés, suivis par une équipe médicale,
peuvent continuer leur traitement à bord
en toute sécurité.
La pharmacie de voyage
Outre vos traitements habituels, votre bagage doit contenir,
selon votre destination, un certain nombre d’articles.
• Instruments : thermomètre, petits ciseaux.
• Blessures : désinfectant, matériel
de pansement (gaze stérile, pansements
rapides, bandes adhésives ou élastiques).
• Fièvre et douleurs : antidouleur,
anti-inflammatoire.
• Système digestif : médicaments
contre les diarrhées liquides sans fièvre
et la diarrhée du voyageur, les nausées
©T
ek i
et les vomissements, le mal des transports.
mag
e/SP
L–
• Protection cutanée : crème solaire avec indice
Pha
nie
de protection élevé (supérieur à 20), selon votre type de peau,
l’intensité des rayons, la durée d’exposition et l’activité prévue ; spray ou crème
contre les démangeaisons et les piqûres d’insectes.
• Conjonctivite : gouttes oculaires.
• Refroidissement : gouttes nasales, spray nasal décongestionnant avant le vol.
• Désinfection de l’eau : tablettes désinfectantes.
• Prévention contre le paludisme : médicaments antimalariques (selon la destination),
lotion anti-moustiques pour la peau et insecticide pour les textiles et la chambre.
Le dossier médical sur une clé USB
• Infections sexuellement transmissibles : préservatifs masculins ou féminins.
« Quand on est malade, il
Pour plus d’infos, consultez votre pharmacien habituel.
De façon générale, il faut être à jour de ses
vaccinations et de ses rappels. Quant aux
traitements antipaludéens, qui ne sont
délivrés que sur ordonnance, ils présentent
un risque iatrogène (interaction) avec
les anticoagulants, par exemple : pensez
à bien spécifier au médecin tous les médicaments que vous prenez par ailleurs.
Faites-lui rédiger votre ordonnance en
dénomination commune internationale
(DCI), qui indique le nom de la molécule
du médicament, comprise par tous les
praticiens du monde. Dans un pays non
francophone, une version de l’ordonnance
en anglais sera utile. Contactez votre
médecin spécialiste ou hospitalier : il y
a en général, dans tous les hôpitaux, un
professionnel de santé anglophone qui
traduira la prescription. Enfin, enregistrez
votre dossier médical sur une clé USB, il
pourra ainsi vous accompagner dans tous
vos déplacements.
Côté vaccins, mieux vaut bien s’informer
avant de choisir sa destination : certains
malades se voient contraints d’annuler
leur voyage faute de pouvoir être vaccinés.
Douanes :
gardez la prescription sur vous
© Garo – Phanie
est primordial de bien
anticiper son voyage,
ne serait- ce que
pour avoir le temps
de prendre tous les
©
rendez-vous médicaux
Ga
ro
–P
préalables », souligne le
ha
ni
docteur Naneix-Laroche. Il
e
est conseillé de consulter son médecin
généraliste ou spécialiste trois à six mois
avant le départ, selon la pathologie. En
cas de maladie cardiovasculaire, les examens sont nombreux : bilan complet et
évaluation cardiologique, comprenant une
échographie, un électrocardiogramme,
voire une épreuve d’effort. Pour les dialysés, il faut compter quatre mois avant
que le dossier médical ne soit complété et
transmis au centre de référence du lieu
de villégiature ou à l’équipe médicale
du bateau de croisière, après accord du
médecin référent. Le délai est le même
pour une consultation « vacances » de
l’Institut Curie.
Côté vaccins, là aussi, mieux vaut être
prévoyant. Le vaccin contre la fièvre jaune,
obligatoire pour certaines destinations
tropicales comme le Sénégal, le Kenya
ou le Brésil, est contre-indiqué pour les
personnes immunodéficientes ou celles
qui sont transplantées, greffées ou séropositives. « Nous avons rencontré des
patients qui ont dû annuler leur voyage
parce qu’ils ne pouvaient pas être vaccinés »,
se souvient Véronique Naneix-Laroche.
Diabétique depuis ses 8 ans, Lucette
Bicard n’avait jamais pris l’avion, préférant les voyages en voiture ou en car pour
découvrir la France et l’Europe. « C’est
mon diabétologue qui m’a convaincue,
raconte-t-elle. Une fois mon diabète stabilisé, j’ai sauté le pas avec un voyage
en Grèce, puis en Croatie. J’ai toujours
adoré l’histoire et le patrimoine, alors je
me suis régalée. » Côté médicaments, elle
emporte tout en double, à la fois dans son
bagage à main et dans celui en soute, en
comptant « large » : « Je prends toujours
mes médicaments pour deux ou trois jours
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de plus que la durée du voyage, car on ne
sait jamais, on peut être bloqué à l’aéroport
au retour », explique-t-elle. Depuis 2006,
elle est passée sous pompe à insuline.
A l’aéroport, lors des contrôles, il faut
faire un choix : « Pour éviter de devoir
se déshabiller afin de montrer la pompe,
on doit soit l’enlever, la mettre dans une
petite pochette, la déposer dans la bannette de contrôle, puis la remettre après
les contrôles, soit la conserver branchée
sur soi et accepter une palpation de sûreté,
témoigne Lucette Bicard. Personnellement,
j’ai testé les deux et, finalement, je pratique
la première solution. »
Les porteurs d’un pacemaker, eux, peuvent
normalement passer sans danger les portiques de sécurité des aéroports de la plupart des pays. Par mesure de précaution, et
ce même en France, les aéroports préfèrent
toutefois l’éviter, les ondes électromagnétiques des portiques pouvant dérégler
l’appareil. Signalez-le et gardez précieusement votre carte de porteur
d’un stimulateur cardiaque.
Mais attention : si vous
échappez à ce passage,
vous ne pourrez pas
déroger à la palpation
de sécurité.
Pour les médicaments
liquides stockés dans
votre bagage à main,
prenez avec vous la
prescription : vous devrez
la présenter lors des contrôles
© Thinkstock
à l’aéroport, à l’aller comme au retour.
Idem pour les seringues, les ampoules ou
les stylos à injection (diabète). Quant aux
Demandez à votre médecin quelle méthodologie adopter pour adapter votre traitement
au décalage horaire.
voyageurs sous traitement médical à base
de certains médicaments stupéfiants ou
contenant des substances psychotropes,
ils devront se munir d’une autorisation de
transport délivrée par l’agence régionale
de santé (ARS) où est enregistré et exerce
le médecin prescripteur (formulaire
téléchargeable sur Ars.sante.fr).
Ce document sera réclamé lors
de toute réquisition des autorités françaises douanières,
policières ou de gendarmerie
au départ ou au retour, ainsi
que par les autorités compétentes du pays visité. Cela ne
concerne que les pays de l’espace
Schengen, comme l’Italie, la Grèce
ou la République tchèque (voir la carte
de l’espace Schengen sur Mutualistes.
com). Pour les autres destinations, il
est impératif de se renseigner auprès
Comme tout voyageur…
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• Buvez de l’eau en bouteille et évitez systématiquement les glaçons et l’eau du robinet.
• Brossez-vous les dents avec de l’eau embouteillée ou bouillie.
• Assurez-vous que les produits laitiers comme le lait, le fromage ou le yaourt sont
pasteurisés et réfrigérés. Dans le doute, évitez-les.
• Ne mangez pas de légumes crus ou de salade, ni de fruits qui ne peuvent être pelés.
• Ne mangez pas de viande, de poisson ou de crustacés crus ou pas assez cuits.
• Protégez-vous du soleil en portant des vêtements
couvrants, un chapeau et des lunettes solaires
et en appliquant régulièrement une crème
solaire adaptée à votre peau.
• Portez des chaussures fermées pour
prévenir les coupures, les blessures, les piqûres
d’insectes ou les morsures de serpent.
• Ne nagez pas dans les eaux, ruisseaux,
canaux ou lacs tropicaux, qui peuvent être
infestés de parasites.
de l’ambassade ou du consulat du pays
afin de connaître les règles en vigueur et
de se rapprocher de l’Agence nationale de
sécurité du médicament et des produits
de santé (ANSM ; lire « Pour en savoir
plus », en page 20) dix jours minimum
avant la date de départ prévue.
« Please, get me a doctor »
Passé le contrôle, et une fois rhabillé, vous
embarquez. Pour les vols long-courriers,
marchez toutes les heures ou dès que possible, afin d’éviter les risques de thrombose
veineuse, aussi appelée phlébite (formation d’un caillot dans une veine). Environ
un voyageur sur 6 000 en souffre. Selon
l’OMS, le risque est multiplié par deux
après quatre heures de voyage et plus,
les facteurs aggravants étant l’obésité, la
taille (plus de 1,90 m ou moins de 1,60 m),
les contraceptifs oraux et les troubles
sanguins héréditaires.
Juste avant d’arriver à destination, vous
mettez votre montre à l’heure locale,
mais comment adapter votre traitement
au décalage horaire ? Anticipez cette question avec votre médecin spécialiste, qui
saura convenir avec vous d’une méthodologie en fonction de votre maladie et de
votre destination. Pour les diabétiques,
l’adaptation se fait au-delà de trois heures
de décalage horaire, à la fois pour la prise
de médicaments ou les injections et pour
le régime alimentaire.
Ça y est, vous êtes arrivé, dépaysement
total ! Le guide touristique à la main,
les médicaments dans une pochette isotherme pour les protéger de la chaleur,
vous êtes paré. Gardez aussi, partout
où vous allez, les coordonnées de la
représentation diplomatique française.
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L’ambassade ou le consulat pourront
vous communiquer, en cas de besoin,
une liste de médecins parlant français
ou spécialisés ou encore vous mettre en
relation avec un professionnel de santé
agréé par leurs services. Profitez aussi
de votre voyage pour apprendre quelques
mots d’anglais. L’Association des diabétiques de France (lire l’encadré « Pour en
savoir plus ») a mis en ligne un glossaire
français-anglais dans lequel tous les
internautes peuvent trouver des traductions utiles : « Je ne me sens pas bien »,
« I don’t feel well » ; « Appelez un docteur »,
« Get me a doctor » ; pharmacie, drugstore
(chemist en Angleterre) ; services des
urgences, emergency ward…
Enfin, si vous avez prévu des randonnées
en montagne, ne surestimez pas vos capacités, la raréfaction de l’oxygène pouvant
entraîner des difficultés respiratoires et
une augmentation du rythme cardiaque.
Si vous recevez des soins hors de l’Union européenne, conservez bien toutes les factures
pour en demander le remboursement à votre retour.
Si vous avez oublié votre carte européenne ou si vous voyagez ailleurs dans
le monde, conservez toutes les factures
et tous les justificatifs de paiement dans
Etre remboursé de ses soins
un établissement de santé ou en médecine
à l’étranger
de ville, pour demander un rembourLe voyageur qui reçoit des soins à l’étransement à votre retour. Contactez, si
ger doit régler ses frais médicaux sur
possible rapidement, votre caisse
place, et peu importe qu’il s’agisse
primaire depuis l’étranger
de soins hospitaliers ou non,
pour l’informer des soins
dans le secteur public ou privé.
d’urgence, particulièrePour les voyages dans les
ment en cas de maladie
pays de l’Union européenne,
chronique, d’accident ou
demandez à votre caisse prid’hospitalisation.
maire une carte européenne
Dans certains pays, les
d’assurance maladie (CEAM).
soins, notamment hospiCelle-ci est gratuite, valable un an
taliers, coûtent très cher. Il
et permet de bénéficier de la prise en © Garo – Phanie est donc prudent d’être couvert
charge des soins médicaux aux conditions
par un contrat d’assurance ou d’assisde l’assurance maladie en vigueur dans le
tance. Renseignez-vous précisément
pays de séjour. Elle vous évite d’avancer
sur votre assurance actuelle, en vériles frais de traitement sur place (à part
fiant les garanties, les modalités d’assisune éventuelle franchise ou participation
tance, la prise en charge des maladies
aux coûts, selon les conditions dans le
dites préexistantes ou encore la couverpays). La facture sera ensuite directement
ture des membres de la famille. Exigez
adressée à votre caisse, en France.
de préférence des documents écrits.
Au retour, ne négligez pas votre santé
> En cas de maladie chronique, il est conseillé de voir son médecin généraliste
ou spécialiste au retour de vacances. Si vous avez consulté ou avez été hospitalisé
durant le voyage, notez avec précision les symptômes présentés, les mesures prises,
les médicaments administrés. Rapportez si possible le dossier médical
ou d’hospitalisation, les coordonnées du praticien et les emballages des médicaments.
> De façon générale, consultez le plus tôt possible un médecin si, à votre retour,
vous ressentez les symptômes suivants : fièvre (plus de 38 °C), frissons ; maux de tête
ou douleurs à la nuque ; diarrhées (persistant plus de deux ou trois jours, fébriles
ou sanglantes) ; problèmes de peau (rougeurs, boutons, saignements, jaunisse) ;
toux, douleurs thoraciques ; symptômes génito-urinaires (brûlures ou sang
dans les urines, pertes vaginales) ; risque d’infection sexuellement transmissible (IST).
En général, ces assurances sont incomplètes et ne couvrent pas les dépenses
d’hospitalisation, de sauvetage et de rapatriement de l’étranger dont les coûts sont
très élevés. Il peut donc être utile de souscrire une assurance maladie- accident
complémentaire couvrant l’Europe ou
le monde entier ou une assurance de
voyage.
Enfin, n’hésitez pas à contacter des associations de malades, qui vous conseilleront
à partir de l’expérience d’anciens voyageurs, autant pour la question assurantielle que pour tous les autres points… et
profitez de vos vacances ! ◆
* Pour plus d’infos : Idotourisme.com.
Pour en savoir plus
• Association des diabétiques
de France : Afd.asso.fr, rubrique
« Dossiers », puis « Voyages ».
• Autorisation pour le transport
de médicaments stupéfiants
ou contenant des substances
psychotropes : Ars.sante.fr
ou Ansm.sante.fr.
• Contre-indications du vaccin
contre la fièvre jaune : Medecinevoyages.fr/publications/
ficheinfovaccinStamaril.pdf
(Société de médecine des voyages).
• Informations réactualisées sur
les conditions sanitaires de la plupart
des pays du monde : Cimed.org
(Comité d’informations médicales).
• Liste des ambassades et consulats
français : Diplomatie.gouv.fr.
> Pour encore plus d’infos, consultez
Mutualistes.com.
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IKiosque
■ Jeunesse
L’allergie alimentaire expliquée
aux enfants
Pour une reconnaissance
des « victimes
collatérales » du cancer
Alors qu’eux aussi vivent
l’expérience intime
de la maladie, les proches
des patients atteints
de cancer sont rarement
reconnus comme
des victimes à part
entière. Avec ce livre,
la Ligue contre le cancer
propose un recueil
de réflexions
et d’expériences
destiné à sensibiliser
les professionnels
de santé, les pouvoirs
publics et l’ensemble
de la population.
Détresse émotionnelle,
dépression, état
physique diminué,
troubles du sommeil,
culpabilité, difficultés
professionnelles
et isolement sont autant
de caractéristiques
que l’on retrouve chez
la plupart de ces
personnes, dont certaines
accompagneront
le malade jusqu’à l’agonie
et à la mort. Reconnaître
cette spécificité et les
droits auxquels aspirent
les proches est un premier
pas vers une amélioration
de leur situation
et de celle des malades.
Un bel ouvrage,
dur mais nécessaire,
qui a le mérite
de traiter d’un sujet
très peu évoqué.
Les proches, ces autres victimes
du cancer, par La Ligue
contre le cancer. Autrement
(208 pages, 17 euros).
Arthur est un petit garçon
comme les autres : il aime
aller en classe, jouer avec ses
copains pendant la récré, faire
de la peinture… Seulement
voilà, Arthur est allergique.
A la cantine, pas question de
prendre des risques : pour être sûr de ne manger que des aliments
tolérés, il vient chaque jour avec son panier-repas. Cet album, qui
retrace la journée d’école d’un enfant allergique, est l’occasion
de rappeler en image et de façon ludique les règles de prudence
à respecter pour manger en toute sécurité. Joliment illustré, il
peut être utilisé aussi bien par les parents que par le personnel
éducatif pour dédramatiser l’allergie alimentaire auprès de ceux
qui en sont atteints comme auprès de leurs camarades. Après
l’histoire, les auteurs proposent de découvrir deux recettes « sans ».
Arthur est allergique, et alors ? de Marie-Constance Mallard et Camille Piantanida.
Libre Label, « Petit label » (32 pages, 12 euros).
Cultiver le bonheur en méditant
Avec cet ouvrage, les éditions Quotidien malin s’attaquent
à ce qui, chez nous, est en passe de devenir un véritable
phénomène de mode : la méditation. Pratiquée depuis des
millénaires en Asie, elle séduit désormais les Occidentaux,
parce qu’elle propose une discipline de vie différente et
accessible, qui conduit à porter davantage attention au
moment présent, à développer un regard plus serein sur les
événements et à faire confiance aux ressources qui existent
en chacun de nous. Une façon particulière de cultiver le bonheur, présentée
ici avec une approche laïque, simple et pratique, adaptée aux hommes et aux
femmes d’aujourd’hui. L’auteure, mère de trois enfants, chef d’entreprise et
pratiquante assidue, nous explique les bases de la discipline, axées sur la posture, la respiration et l’attention. Elle donne aussi des astuces pour surmonter
les obstacles de la méditation et pour en appliquer chaque jour les bienfaits.
Tout savoir
sur les antioxydants
Non seulement
les antioxydants
préservent l’organisme
des agressions de la vie
moderne (stress,
pollution), mais ils luttent
contre le vieillissement
et la détérioration des
cellules qui s’accompagne
de l’apparition de
maladies comme
le cancer. Ce guide vous
propose de découvrir
leurs vertus et
d’apprendre à les utiliser,
que ce soit dans votre
assiette ou sous forme
de compléments
alimentaires. Grâce
aux explications – parfois
assez techniques –,
vous saurez aussi
comment mesurer
votre stress oxydant
et quels gestes adopter
pour mieux le réduire.
Guide des compléments
antioxydants, de Daniel
Sincholle et Claude Bonnie.
Thierry Souccar éditions,
« Nature et vitamines »
(224 pages, 12 euros).
La méditation, c’est malin, de Marie-Laurence Cattoire. Quotidien malin éditions (192 pages, 6 euros).
Allaitement, mode d’emploi
Bien qu’il soit recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pendant
au moins les six premiers mois de vie du nourrisson, l’allaitement ne concerne
que 50 % des mères françaises. Si Muriel Ighmouracène, infirmière puéricultrice,
puis directrice de crèche associative et consultante en lactation, a décidé d’écrire
cet ouvrage, c’est d’abord pour que les femmes puissent faire leur choix
en connaissance de cause, de façon déculpabilisée et totalement assumée. Combien
de temps allaite-t-on ? Est-ce que ça fait mal ? Quand doit-on sevrer le bébé ? Aurai-je
assez de lait ? Mes seins seront-ils abîmés ?… : toutes les questions trouvent leur réponse
et tous les thèmes sont abordés, qu’ils soient techniques – les positions idéales, par exemple –
ou psychologiques, comme le regard des autres, les relations avec le père, le lien avec l’enfant ou la crainte
de ne pas être une bonne mère. Un guide pratique bienvenu, qui dédramatise l’allaitement : il était temps.
J’allaite, j’allaite pas ? de Muriel Ighmouracène. Larousse Poche (176 pages, 5,99 euros).
Page réalisée par Delphine Delarue et Aude Malaret
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IWeb
Sites santé pour les enfants
Des contenus interactifs qui rassurent
Pour préparer les enfants à une hospitalisation, leur parler d’une maladie ou dédramatiser une piqûre, le Web
emprunte l’imaginaire des plus petits, avec des contenus colorés et pédagogiques.
Chu-rouen.fr/internet/animation/
animation_pediatrie.html
(à partir de 3 ans avec l’aide des parents)
Sur ce site coordonné par les services
pédiatriques du CHU de Rouen, l’enfant
découvre l’univers de l’hôpital à travers
un « avatar » : un personnage souriant
qui navigue de pièce en pièce, de la salle
de consultation à la chambre en passant
par le bloc opératoire. Les différents lieux
apparaissent sous forme de photographies,
afin de donner des repères « réels ». Les
intervenants, les soins pratiqués et le
matériel utilisé (perfusion, mesure de
la tension, pansement, etc.) sont présentés en détail. Le site anticipe aussi les
questions du petit patient : mes parents
resteront-ils près de moi ? pourrai-je
emporter mes jouets ou mon doudou ?
vais-je avoir mal ?...
Sparadrap.org
(à partir de 3 ans avec l’aide des parents)
Une grenouille virtuelle qui propose
à l’enfant de visiter un hôpital ou simplement de s’amuser pour dédramatiser l’univers médical, c’est le parti pris
de l’association Sparadrap, spécialisée
dans les livrets pédagogiques santé à
destination du jeune public. En cliquant
sur l’animal, en bas à gauche de la page
d’accueil « Enfants », l’internaute peut
partir à la recherche d’objets perdus par
les médecins, répondre à un quiz, jouer
au mémo ou encore colorier. La rubrique
« L’hôpital », largement illustrée, répond
à toutes les questions pratiques : que
faut-il emporter ? qui va s’occuper de moi ?
comment va être la chambre ?... Enfin,
Corpscite.be
(à partir de 7 ans et ados)
Pour les enfants qui désirent mieux
connaître leur corps, ce site belge décrypte
le fonctionnement de chaque organe, son
rôle, ses besoins et son interaction avec
les autres. Loin du cours classique d’anatomie, il met en parallèle le corps humain
et une cité imaginaire : le système sanguin
la rubrique dédiée aux piqûres (vaccin,
prise de sang, perfusion ou anesthésie)
est l’occasion pour les parents d’aborder
ce sujet sensible avec les plus petits.
Jielge.pagesperso-orange.fr/
lapinmuco.htm
(à partir de 3 ans avec l’aide des parents)
Ce blog perso consacré à la mucoviscidose
invite les 3-8 ans à découvrir le quotidien de Jeannot, un lapin qui tousse,
qui s’essouffle dès qu’il court avec ses
copains d’école et qui aimerait ne plus
l’avoir, cette maudite mucoviscidose. Le
dessin est très doux, et la navigation
simple pour que les enfants puissent
eux-mêmes suivre l’histoire. A noter : en
tête de chaque chapitre, un lien renvoie
vers une présentation de la maladie et
une liste des principales associations
luttant contre la mucoviscidose.
est un fleuve, le cerveau un réseau de
décision, les poumons sont un lieu boisé,
les reins des zones de filtrage… Grâce à
une navigation très accessible, le jeune
internaute peut à tout moment basculer
d’un endroit à un autre.
Soc-nephrologie.org
(à partir de 7 ans et ados)
Puisque le jeune public plébiscite la bande
dessinée, pourquoi ne pas lui parler santé
en utilisant cette forme d’expression ?
C’est ce que fait la Société de néphrologie pour expliquer le rôle du rein, la
dialyse et la greffe. Après avoir cliqué
sur la rubrique « Espace public », puis sur
« Enfants », l’internaute choisit sa BD en
ligne selon son âge : Le rein trognon, Le
rein gonflé ou Mes aventures de dialyse,
cette dernière étant destinée aux plus
grands, qui peuvent s’identifier à Marie,
en attente d’une transplantation, ou à
Tony, dialysé, dans une BD très réaliste. ◆
Vanessa Pageot-Françoise
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IVie pratique
Action de groupe
Unis pour mieux se défendre
Au lieu de faire un procès de façon individuelle, les personnes lésées par une entreprise commerciale, en raison
notamment de pratiques anticoncurrentielles, vont pouvoir obtenir réparation via une association
de consommateurs agréée qui agira en leur nom. Ce nouveau dispositif s’inspire des « class actions » américaines.
E
n France, l’action de groupe a été
créée par la loi du 17 mars 2014,
dite loi Hamon, qui renforce dans
de nombreux domaines la protection
des consommateurs (lire l’encadré
ci-contre). Elle permet d’obtenir facilement une indemnisation du préjudice
subi pour des litiges du quotidien, là où
il fallait jusqu’ici engager une procédure complexe dissuasive. Pour ce type
d’affaires, portant sur des montants
faibles, les personnes lésées renonçaient
d’ailleurs le plus souvent à toute action.
Cette nouvelle procédure nécessite cependant, pour entrer en vigueur, la parution
d’un décret attendu d’ici à la fin de l’été.
Pour quel type de litige ?
L’action de groupe peut être mise en
œuvre en cas de différend lié à la vente
de biens ou à la fourniture de services.
Il s’agira, par exemple, de facturations
abusives de la part d’un opérateur de téléphonie ou d’un fournisseur d’énergie. La
procédure s’applique aussi aux préjudices
nés de pratiques anticoncurrentielles,
comme une entente tarifaire entre différents opérateurs de téléphonie mobile.
Les domaines de la santé et de l’environnement en sont en revanche exclus.
Pas question, donc, de recourir à ce
mode d’action pour les prothèses PIP ou
le Mediator. Vous pourrez par ailleurs
obtenir réparation pour préjudices matériels, mais pas pour dommages corporels
ou moraux.
Quelle est la procédure ?
Le litige doit être signalé à l’une des
seize associations agréées par l’Etat. Si
l’association est saisie par au moins deux
personnes, elle peut décider d’engager
une action de groupe devant le tribunal
de grande instance. Le juge déterminera
alors si la responsabilité du professionnel
peut être engagée, auquel cas il établira le
montant du préjudice et le professionnel
sera condamné. Viendra ensuite l’étape
de l’indemnisation des consommateurs.
S’ils sont clairement identifiables (par
exemple les passagers d’un vol déterminé),
la procédure est dite simplifiée : ils seront
tous indemnisés, sans même avoir besoin
d’en faire la demande. Si leur identification
est plus difficile, ils devront eux-mêmes se
signaler auprès de l’entreprise condamnée.
Celle-ci aura néanmoins l’obligation d’en
informer sa clientèle, dans des conditions
qui restent à définir par décret. ◆
Catherine Doleux
Pour plus d’infos : Economie.gouv.fr.
Les autres mesures phares
de la loi Hamon
• A partir du 1er juillet 2015,
la tarification dans les parkings se fera
au quart d’heure, et non plus à l’heure
selon la règle « Toute heure commencée
est due ».
• La durée de garantie des appareils
électroménagers, téléviseurs,
ordinateurs, etc., va passer à deux ans.
Le fabricant devra en outre indiquer
la durée de fabrication et de
commercialisation des pièces détachées.
• Au-delà de la première année,
les contrats d’assurance pourront
être résiliés à tout moment, et plus
seulement à la date de l’échéance
annuelle.
• Pour faciliter l’achat de lunettes
sur Internet, les prescriptions
de l’ophtalmologiste devront indiquer
l’écart pupillaire.
• Vous pourrez revenir sur un achat
fait en ligne ou à la suite
d’un démarchage à domicile
dans un délai de quatorze jours
(au lieu de sept actuellement).
• Les professionnels du rachat de
métaux précieux (or, argent, platine…)
aux particuliers devront établir
un contrat précisant notamment
le poids de l’objet, ainsi que la date,
l’adresse et le lieu de conclusion
du contrat, et comportant
un bordereau détachable afin que
le consommateur puisse faire jouer
son droit de rétractation pendant
vingt-quatre heures.
• L’emprunteur disposera d’un délai
d’un an à compter de la signature
du prêt immobilier pour résilier
l’assurance décès-invalidité souscrite
simultanément et lui substituer un autre
contrat présentant des garanties
équivalentes. A défaut, la banque
pourra refuser la substitution.
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Mobile-home
Acheter sans se tromper
Acquérir une résidence secondaire à un prix abordable et s’assurer ainsi,
pour les vacances, le confort d’un « petit chez soi », voilà qui peut inciter
nombre de personnes à investir dans un mobile-home. Ce type de bien
est toutefois assorti de contraintes réglementaires et financières qu’il
faut bien mesurer avant de sauter le pas.
A
u regard des règles d’urbanisme,
le mobile-home est une « résidence
mobile de loisirs » et, à ce titre, son
installation n’est en principe possible que
sur un terrain de camping ou dans un parc
résidentiel de loisirs, ce qui implique un
loyer à verser pour l’emplacement et des
règles à respecter.
Un toit mobile pour les loisirs
© Thinkstock
Un mobile-home ne doit être occupé que
de façon temporaire ou saisonnière :
il ne peut en aucun cas constituer votre
résidence principale. Il doit en outre
conserver ses moyens de mobilité (roues
et timon). Sur le terrain où il sera installé,
pas question de l’intégrer dans un aménagement « en dur » (terrasse en béton,
véranda…), mais vous pourrez l’agrémenter d’une terrasse ou d’un auvent
démontables. Le fait qu’il soit raccordé
Charte de transparence
aux réseaux d’eau, d’électricité, d’évacuation des eaux usées, de téléphone…
ne lui retire pas son caractère mobile.
Enfin, vous ne serez pas redevable de la
taxe d’habitation, mais vous devrez, en
revanche, régler la taxe de séjour.
Côté budget
Si vous achetez un mobile-home neuf,
comptez entre 25 000 et 75 000 euros selon
sa surface et la qualité des prestations. A
cela s’ajouteront les frais de transport et
d’installation (calage, raccordement aux
différents réseaux…). Difficile de donner
une estimation, car les montants varient
en fonction du nombre de kilomètres à
parcourir et des contraintes liées à l’accessibilité du terrain (un grutage est parfois
nécessaire). Pour limiter le budget, il peut
être judicieux d’acheter un mobile-home
d’occasion déjà installé.
Ajoutez à l’investissement de départ la
location du terrain. Là encore, il est difficile de donner un ordre de prix, tant il
existe de différences entre le bord de mer
et les zones rurales. Une chose est sûre :
soyez vigilant sur les clauses du contrat de
location. Veillez en particulier au libellé
de la clause de revalorisation annuelle du
loyer. Et si vous comptez proposer votre
mobile-home à la location, analysez de
près les conditions : certains contrats
l’interdisent, d’autres limitent le nombre
de personnes. Dernier point à ne pas négliger : certains gérants d’emplacements
exigent, pour l’image du camping, que
les mobile-homes soient régulièrement
remplacés, par exemple tous les dix ans. ◆
Catherine Doleux
Face aux abus constatés dans les campings qui accueillent sur leur terrain
des mobile-homes appartenant à leurs clients, la Fédération française de camping
et de caravaning (FFCC) a élaboré une charte de transparence.
Vous trouverez la liste des campings signataires de celle-ci sur le site Ffcc.fr.
Le chiffre à retenir
3,8 millions de foyers sont concernés
par la suppression de l’exonération
d’impôt sur le revenu des majorations
de retraite ou de pension pour charges
de famille (source : compte rendu de
la Commission des finances de l’économie
générale et du contrôle budgétaire).
L’Administration
qui ne dit mot consent
Pour simplifier les relations avec
l’Administration, la loi du 12 novembre 2013
(parue au Journal officiel du 13 novembre)
pose un principe : lorsque l’on fait une
demande à l’Administration et que celle-ci
ne rend aucune réponse dans les deux mois,
son silence vaut accord (auparavant,
il valait rejet). On ne peut que se réjouir
de cette nouvelle règle… sauf que
le principe souffre, comme souvent
en droit français, de plusieurs exceptions.
Il ne s’appliquera pas, par exemple,
si la demande touche aux relations
entre l’Administration et ses agents,
si elle présente un caractère financier,
si elle ne concerne pas le seul demandeur…
Bref, une simplification en demi-teinte.
Solutions naturelles
pour une maison toute propre
Trop de produits d’entretien dans vos
placards ? Trop de désordre autour de
vous ? Ce livre devrait
vous simplifier la
vie, grâce à de nombreuses astuces pour
rendre votre maison
propre et rangée, le
tout de façon économique et écologique.
Dans cette compilation de cinq ouvrages,
consacrés au rangement, au ménage, aux
détachants naturels, au vinaigre et au
bicarbonate, vous apprendrez à chasser
les mauvaises odeurs ou à venir à bout
des taches les plus tenaces, mais aussi
à conserver les aliments dans le frigo
ou encore à gérer votre paperasse. Un
ouvrage malin et des conseils faciles à
mettre en pratique.
Une maison toute propre, c’est malin : les
meilleures astuces 100 % pratiques pour un
intérieur impeccable, de Julie Frédérique, Michel
Droulhiole et Camille Anseaume. Leduc.S,
« Quotidien malin » (552 pages, 17 euros).
I
24 mutualistes n° 322
-- OAM322_023025.indd 24
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DR
IVie pratique
IVie pratique
■ Droit des locataires
Report de délai
pour l’accessibilité
des lieux publics
© Boissonnet – BSIP
Au 1er janvier 2015, tous
les établissements
accueillant du public (hôtels,
restaurants, boutiques,
bureaux de poste,
monuments historiques…)
et les transports collectifs
devraient être accessibles
aux personnes handicapées.
Compte tenu de la difficulté
de mise en œuvre
de cette mesure,
des délais sont toutefois
accordés aux collectivités
territoriales et aux
entreprises, dans le cadre
de l’« Agenda d’accessibilité
programmée ». La majorité
des établissements (80 %)
se verront accorder jusqu’à
trois ans supplémentaires.
Pour les structures
de grande capacité et les
bâtiments du patrimoine,
ce délai pourra être
porté à six ou neuf ans.
Des titres-restaurant
numériques
Pour tout ce qui concerne le logement et en particulier le bail, renseignez-vous
auprès des agences départementales d’information sur le logement (Adil), via le
site Internet Anil.org (rubrique « Votre Adil ») ou par téléphone au 0 820 16 75 00.
DR
Le 23 septembre, un nouveau
billet de 10 euros sera mis
en circulation. Comme le billet
de 5 euros vert, il comportera
des signes de sécurité améliorés
afin d’aider les commerçants,
mais aussi les particuliers,
à mieux repérer les faux billets.
Lorsqu’un locataire désire mettre
fin à son bail, il doit en informer le
propriétaire trois mois à l’avance,
mais s’il a perdu son emploi, ce
délai est ramené à un mois, même
s’il en retrouve un entre-temps.
C’est ce que vient de rappeler la
Cour de cassation dans un arrêt du
5 février 2014. Le préavis réduit est
aussi accordé au locataire dont l’état
de santé constaté par un certificat
médical justifie un changement
de domicile, au bénéficiaire du
RSA ou de l’allocation pour adulte
handicapé, en cas de mutation professionnelle ou de premier
emploi. La loi du 24 mars 2014 autorise également ce préavis
pour les logements situés dans une zone « tendue », où la
demande de location est plus forte que l’offre. Un décret doit
définir précisément les zones concernées.
© Thinkstock
Un billet de 10 euros
plus sécurisé
Payer ses impôts en espèces : possible,
mais désormais limité
Si la note dépasse 300 euros, vous ne pouvez
plus régler en liquide votre tiers provisionnel
de l’impôt sur le revenu, vos impôts locaux,
une amende ou encore une facture hospitalière au guichet du centre de la Direction
générale des fi nances publiques. Le but de
cette mesure ? Améliorer la sécurité des
usagers et des agents en diminuant le volume
des espèces manipulées, lutter contre le blanchiment d’argent et
réduire le traitement manuel des encaissements par l’Administration.
Payer au guichet reste possible, mais uniquement par chèque ou par
carte bancaire.
© Thinkstock
DR
Qui bénéficie du préavis réduit ?
Stationnement
dans une copropriété
Dans un immeuble en
copropriété, le propriétaire
d’un véhicule ne peut pas
se garer devant son garage
si ce dernier donne sur les
parties communes (arrêt de
la chambre civile de la Cour
de cassation, 17 décembre
2013). Les copropriétaires
peuvent faire placer des
poteaux anti-stationnement
entre les portes de garage,
afin de faciliter la circulation
des véhicules dans la partie
commune.
Précarité énergétique :
la procédure des impayés modifiée
En cas d’impayé de factures
de gaz, d’électricité ou d’eau,
le consommateur ne peut pas
se voir couper la fourniture
de ces services durant la « trêve
hivernale », qui l’hiver prochain
s’étendra du 1er novembre
au 31 mars. Ce dispositif est
d’application générale : il concerne
tous les consommateurs, quel que
soit le montant de leurs revenus.
Les fournisseurs d’électricité
peuvent toutefois réduire
la puissance fournie (excepté
aux consommateurs bénéficiant
de la tarification spéciale
« produit de première nécessité ») :
pour les abonnements d’au moins
6 kilovoltampères (kVA), elle sera
ramenée au minimum à 3 kVA,
et pour les abonnements
à 3 kVA, elle passera à 2 kVA.
Les titres-restaurant peuvent
aujourd’hui prendre la forme
d’une carte à puce rechargeable
ou d’une application
sur smartphone. Les salariés
sont alors débités de la somme
exacte à payer, dans la limite
de 19 euros par jour.
C’est un avantage par rapport
au ticket papier, sur lequel
le commerçant ne rend pas
la monnaie. En revanche,
et c’est là un inconvénient,
le dispositif est moins souple.
D’abord, la carte est nominative
et n’a qu’un seul utilisateur :
plus question de donner un
chèque-restaurant à un enfant.
Ensuite, de nombreux
commerçants acceptent
plusieurs tickets-restaurant
pour une valeur totale supérieure
à 19 euros. Avec la carte,
ce ne sera plus possible.
Pour plus d’infos : Ticketrestaurant.fr.
Le chiffre à retenir
15 ans, c’est la durée
de validité des cartes
d’identité délivrées depuis
le 1er janvier 2014 (au lieu
de dix ans auparavant).
Page réalisée
par Catherine Doleux
n° 322 mutualistes
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IInitiatives
Coopali
Une alternative solidaire
à la grande distribution
A Champigny-sur-Marne, en banlieue parisienne, l’épicerie autogérée
Coopali propose des produits de qualité à haute valeur environnementale
et sociale, dont la plupart proviennent de producteurs locaux, sans intermédiaire, et sont vendus à prix coûtant. L’idée : sortir des circuits classiques
de la grande distribution et favoriser une consommation responsable.
P
our les membres de l’épicerie
autogérée Coopali, les courses, c’est
un jeudi soir sur deux. Et en ce mois
de mars, ils sont plusieurs dizaines à
répondre à l’appel, bien décidés à remplir
leur panier de produits issus de l’agriculture paysanne, du commerce équitable
ou de la filière bio. L’ambiance chaleureuse
et conviviale qui règne dans le petit local
de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne)
traduit l’enthousiasme général pour cette
coopérative alimentaire, née en septembre
dernier. Ici, rien n’a été laissé au hasard.
Ce qui se joue, c’est l’expérimentation
concrète d’une consommation en dehors
des schémas traditionnels de la grande distribution. « Le principe de Coopali, explique
Mikhal Bak, cofondatrice de l’épicerie,
c’est de proposer des produits de qualité
qui répondent à des critères sociaux et
environnementaux exigeants, achetés en
circuit court et vendus à prix coûtant. »
Impact écologique limité
Sur les étals, la farine, les pâtes, les huiles
de colza et de tournesol viennent de Seineet-Marne, les tisanes de l’Yonne, la charcuterie provient des Deux-Sèvres, le jus de
pomme de Normandie. « La proximité fait
que l’impact écologique des transports est
limité et l’absence d’intermédiaire permet
aux producteurs de vivre correctement,
et ça aussi, c’est très important », ajoute
Michel Jouhanneau, l’autre cofondateur de
Coopali. Pour les produits plus lointains,
comme le café ou le chocolat, l’association
fait appel à Terra libra, un grossiste spécialisé dans le commerce équitable. Une
enseigne « de confiance », selon l’association, puisqu’elle effectue « un vrai travail
© Delarue
Un jeudi soir sur deux, les membres de Coopali font le plein de produits d’épicerie sèche.
de solidarité » avec les producteurs des
pays du Sud, « en les aidant notamment
à développer le marché local ». Le respect
d’une certaine éthique sociale, qui privilégie la prise en compte des conditions
de travail des « petites mains », fait aussi
partie intégrante de la démarche. « Pour
moi, explique Nicole, qui compte parmi
les quatre-vingts « adhérents copains »
de l’association, ce qu’il y a de bien chez
Coopali, c’est que l’on sait ce que l’on met
dans son assiette et dans quelles conditions
cela a été produit. Et puis, le fonctionnement
est totalement démocratique, nous avons
tous notre mot à dire, c’est très appréciable ! »
Structure collégiale
« Après nous être inspirés des structures
similaires, comme la célèbre coopérative
new-yorkaise Park Slope Food Coop, les
Gase (groupement d’achat solidaire et
éthique, NDLR) bretons ou encore L’Indépendante, une coopérative parisienne,
nous avons finalement fait le choix d’une
association loi 1901 », précise Mikhal.
« Sauf qu’ici, ajoute Michel, il n’y a pas de
bureau ni de président, mais des membres
collégiaux, désignés par tirage au sort, qui
partagent tous les mêmes responsabilités. »
Chacun participe à l’organisation et choisit les produits qui seront mis en vente.
Tous les débuts de mois, les membres
provisionnent leur compte Internet du
montant dont ils auront besoin pour faire
leurs courses et un jeudi sur deux, quand
le local ouvre ses portes, chacun note ce
qu’il a pris sur un formulaire, puis déduit
la somme correspondante de son compte.
Une cagnotte solidaire est également mise
en place pour aider ceux dont les revenus
sont les plus modestes. « Par nos achats,
conclut Mikhal, nous cautionnons une idée
de justice sociale, militante : que les producteurs puissent vivre de leur production sans
être écrasés par la grande distribution et
que les consommateurs achètent les produits à leur juste prix en sachant d’où ils
viennent. Cette base évidente devrait être
respectée partout, non ? » ◆
Delphine Delarue
Pour plus d’infos : Coopali.net.
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IInitiatives
■ Le Bus des curiosités
En route vers la culture
Le projet est né d’une frustration : celle de ne pas pouvoir
faire venir des spectacles dans les petites communes des
environs de Bordeaux, faute de moyens et d’équipements.
Et si la culture ne peut pas se déplacer jusqu’aux spectateurs, la solution la plus simple est de les y emmener.
Véronique Pommier, programmatrice en milieu rural,
a créé le Bus des curiosités, qui à la demande des municipalités transporte ses passagers vers une destination
inconnue, à la découverte d’un spectacle vivant. « Ne pas
dévoiler le lieu et le programme à l’avance permet d’éviter
les préjugés, souligne-t-elle. Les participants n’ont pas
le temps de se dire que ce n’est pas pour eux. Et quand ils sortent, ils ont les yeux qui brillent. »
Depuis la première saison (2011-2012), les 41 sorties organisées en Gironde ont réuni près de
1 600 curieux. Le projet, qui s’est étendu à la Champagne-Ardenne et à la Haute-Normandie,
devrait bientôt s’implanter dans d’autres régions.
Mobilité réduite :
un annuaire collaboratif
des lieux accessibles
L’isolement, voilà
sans doute le plus grand
risque auquel sont
exposées les personnes
à mobilité réduite.
Une situation à laquelle
tout le monde peut être
confronté, en raison
de son âge, de son état
de santé ou après
la naissance d’un enfant.
En fauteuil roulant depuis
une trentaine d’années,
Damien Birambeau
a fondé le site Internet
Jaccede.fr et sa version
mobile, qui recensent
les lieux selon leur degré
d’accessibilité. Le dispositif
fonctionne sur le mode
collaboratif. Pour chaque
endroit visité (cinéma,
restaurant, cabinet
médical…), le contributeur
remplit une fiche : marches,
rampes, accès réservé…,
tout est passé au crible.
Plus de 35 000 lieux ont déjà
été notés, mais cela
ne représente que 5 %
des 650 000 sites ouverts
au public. Damien Birambeau
prévoit donc de développer
le côté ludique de l’annuaire,
pour inciter les « citoyens
engagés » à y participer.
Pour plus d’infos : Busdescuriosites.fr.
Se meubler à petit prix avec Emmaüs Défi
Pour les personnes en situation de précarité qui accèdent au logement,
l’installation se révèle souvent source de difficultés : pas facile de se sentir
chez soi quand les contraintes financières prennent le dessus. Sur le principe
des banques alimentaires, Emmaüs Défi a créé en région parisienne la Banque
solidaire de l’équipement, qui aide des personnes orientées par les travailleurs
sociaux à s’équiper en biens neufs à petit prix. Dans l’appartement témoin
de l’association, les bénéficiaires choisissent les meubles et l’électroménager
en fonction de leurs besoins, mais surtout de leurs priorités et d’un budget
préalablement défini. La commande est prise en charge par l’entrepôt de l’association, où des salariés en insertion se forment aux métiers de la logistique.
Le partenariat avec
Carrefour – qui, grâce à
des dons d’équipement,
a rendu possible le lancement de cette Banque
solidaire – permet à
certains d’être ensuite
embauchés dans la
grande distribution.
Juniors et seniors sur la même longueur d’onde
DR
« Comment c’était à votre époque ? » Telle est la question posée par la station
montpelliéraine Radio Clapas (93,5 FM) dans « Mots croisés », une émission
pas comme les autres, puisqu’elle est réalisée par des enfants âgés
de 6 à 10 ans. Pendant les vacances scolaires, ils partent en groupe de dix
à la rencontre des résidants d’une maison de retraite de la région. Encadrés
par Laure Méravilles, journaliste, ils ont une semaine pour réaliser six
émissions d’une heure sur l’école, la transmission des savoirs, la gastronomie,
la musique et l’évolution des modèles familiaux. Au programme : préparation
des questions le matin et enregistrement l’après-midi. Les propos collectés
sont ensuite diffusés sous forme d’interviews.
Pour plus d’infos : Radioclapas.fr.
Un déjeuner
solidaire
et gastronomique
DR
Pour plus d’infos :
Emmaus-defi.org.
Pour plus d’infos : Jaccede.com.
Une fois par mois, Tous
à table invite des personnes
en situation de précarité
à déjeuner dans un
restaurant gastronomique.
Orientés par les services
sociaux ou des associations
partenaires, ces convives
paient seulement 10 % de
l’addition. Le restaurateur
leur réserve 20 % des tables,
tandis que les autres sont
occupées par des clients
solidaires, qui paient le tarif
normal. « Les personnes
qui ont été exclues
de la société doivent
y retrouver leur place,
explique Flavio Nervegna,
fondateur et président.
Pour cela, il faut leur redonner
confiance et estime de soi. »
Déjà 3 500 bénéficiaires
depuis 2011, et Flavio
Nervegna ne compte pas
s’arrêter là : le 30 août
prochain, à Paris, il organisera
sur le même principe
un grand festival
gastronomique et musical.
Pour plus d’infos :
Tousatable.org.
Page réalisée
par Aude Malaret
n° 322 mutualistes
-- OAM322_029.indd 29
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I29
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IInitiatives
Ligue contre le cancer
Une école de formation pour les bénévoles
Depuis plus de dix ans, l’école de la Ligue contre le cancer forme celles et ceux qui seront amenés à œuvrer
bénévolement sous ses couleurs. Le module « Relations entre bénévoles et malades » les prépare tout particulièrement aux missions d’accompagnement. Un rôle bien spécifique, centré sur l’écoute attentive et qui a
toute sa place dans le parcours de soins.
Recueillir la parole du patient
« Nous aidons aussi les bénévoles à
prendre du recul par rapport à ce qu’ils
ont vécu, ajoute Michel Vaillant, directeur de l’école. Ils ne doivent pas se sentir
investis d’une mission de sauvetage du
malade ou régler leurs comptes avec la
maladie. Le rôle essentiel à tenir, c’est celui
de l’écoute. » Ni membre de la famille,
© Delarue
D
evenir bénévole à la Ligue contre
le cancer, ça ne s’improvise pas. En
ce lundi du mois de mai, au siège
parisien de la fédération, une douzaine de
volontaires ont fait le déplacement pour
participer à l’un des modules proposés
par l’école de formation de l’association.
Intitulé « Relations entre bénévoles et
malades », « cet enseignement est destiné
à clarifier le rôle de ceux qui interviendront à l’hôpital pour accompagner les
patients, explique Fabienne, formatrice
pour la Ligue. La formation est conçue
pour les aider à développer leur aptitude
à communiquer dans un contexte particulier, celui du cancer. Pour les écoutants,
il s’agit d’établir une relation d’aide bien
spécifique, qui ne va pas de soi. »
Marc, Alice, Xavier ou Sophie*, tous les
stagiaires ont une histoire intime, douloureuse avec cette maladie. Endeuillé par la
perte d’un proche, ancien malade, accompagnant d’un parent, chacun souhaite
désormais offrir un peu de son temps
pour soutenir les patients et donner du
sens à son expérience.
Les modules de formation permettent aussi aux bénévoles de se rencontrer, de témoigner
et de partager leur expérience.
ni ami, collègue ou soignant, le bénévole
est là pour recueillir la parole du patient,
lui permettre de décharger ses peurs. « Le
malade peut ainsi se confier sans retenue,
ce qui n’est pas possible avec ses proches,
trop impliqués émotionnellement, précise
Fabienne. Cela lui permet aussi d’intégrer
l’expérience difficile qu’il est en train de
vivre. » Dans cette optique, tout au long
de la journée de formation, exercices pratiques et enseignements théoriques se
succèdent. Les participants sont initiés à
une technique d’écoute utilisée par tous
les bénévoles de la Ligue. « La meilleure
position à adopter, c’est l’attitude compréhensive et la reformulation, insiste la
formatrice. On écoute l’autre avec le moins
de filtrages possible afin d’entendre ce qui
est important pour lui. Avec la reformulation, le patient comprend qu’il a été
2 000 personnes formées chaque année
Créée en 2002 par le professeur Francis Lara, l’école de la Ligue contre le cancer forme
environ 2 000 personnes par an. Son rôle : transmettre son savoir-faire concernant
l’écoute des malades et la gestion d’une association, ainsi que son expérience du
monde médical. Une cinquantaine de modules sont proposés, répartis en quatre axes
verticaux : connaissance de la Ligue et de la maladie, approche médicosociale (visite des
malades, points d’accueil…), prévention (conférences, contact auprès des entreprises…)
et administration (comptabilité, gestion…).
Pour tout renseignement sur les formations, contacter Michel Vaillant, le directeur de l’école :
tél. 01 53 55 24 71 ; e-mail [email protected].
bien entendu, que ses émotions ont été
perçues correctement. Ça lui fait du bien. »
Règles et éthique
Cette méthode peut sembler un peu
contraignante pour le bénévole qui souhaite aller plus loin dans la relation. « Que
faire si un malade très isolé demande mon
numéro de téléphone ? », questionne une
stagiaire. « Attention, répond Fabienne, il
faut absolument protéger sa sphère privée.
Si vous avez une demande particulière, le
responsable de votre comité départemental
pourra vous aider. » Un fonctionnement
parfaitement huilé, qui répond aussi à un
autre objectif : « En entrant à la Ligue, les
bénévoles intègrent une institution, précise
Michel Vaillant. Il y a donc une éthique
et des règles qui fixent des limites à leur
intervention. C’est une façon à la fois de les
protéger et d’obtenir un discours homogène
de leur part, quel que soit l’endroit où ils
assurent leur mission. »
Enfin, les formations permettent aux bénévoles d’échanger : « Venir ici m’a permis
de partager mon expérience et de mieux
appréhender mes futures interventions,
conclut Sophie. Maintenant, je me sens
prête. J’ai hâte. » Mission accomplie pour
Fabienne et Michel. ◆ Delphine Delarue
* Les prénoms ont été modifiés.
Pour plus d’infos : Lig ue contre le cancer,
tél. 0 810 111 101, site Ligue-cancer.net.
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