La Hollande contourne l`officine
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La Hollande contourne l`officine
Dossier Officine La Hollande contourne l’officine La dérégulation est passée par l’officine hollandaise. Ouverture du capital, création de chaînes, monopole officinal restreint et même « direct to patient » sont désormais de mise chez nos voisins hollandais. L a Hollande n’impose pas de restriction à l’installation des oicines. Avec plus de 9 000 habitants par oicine, la densité y est la plus forte d’Europe. Le capital est ouvert depuis 1999 et, selon Eurostaf 1, en 2006, près du quart des pharmacies étaient ailiées à des chaînes contrôlées par trois grossistes-répartiteurs : OPG, Phoenix et Alliance Boots. La rémunération du pharmacien repose sur un forfait par ordonnance, auquel s’ajoute une somme équivalent à 33 % du diférentiel de prix avec le médicament princeps pour les génériques et les importations parallèles. La dérégulation touche aussi le champ du monopole oicinal : contrairement à la France, seuls les médicaments soumis à prescription médicale obligatoire – et les produits soumis à prescription facultative, mais relevant d’une dispensation médicale ou oicinale obligatoire – doivent être vendus en oicine ou via les médecins propharmaciens. Depuis 2002, les autres médicaments peuvent être commercialisés par des circuits aussi variés que les drogueries, la grande distribution ou encore les pharmacies électroniques. Selon Eurostaf, ce réseau parallèle représente environ 8 % des ventes totales en valeur. Mais dans les domaines de l’automédication et de la parapharmacie, les chifres sont diférents… et édiiants : la part de marché combinée des drogueries et des GMS y atteint respectivement 85 %... et 98 %. Le « cyber-circuit » concerne les médicaments de prescription obligatoire et facultative, sous réserve que la pharmacie (ou la droguerie) en ligne emploie un pharmacien diplômé et que l’ordonnance originale soit présentée pour les produits de prescription obligatoire. La cyberpharmacie la plus connue est DocMorris. Circuit parallèle Les Pays-Bas ont franchi une nouvelle étape avec l’apparition, il y a environ cinq ans, d’un circuit s’adressant directement au patient en Soins à domicile (SAD). Selon Georges Lafon, consultant, il existe quatre « Sociétés de soins pharmaceutiques » (SSP), la plus importante étant Apotheek Zorg, qui travaille avec 11 dépôts. Elles ont signé des contrats d’exclusivité avec des laboratoires garan- 40 PHARMACEUTIQUES - DÉCEMBRE 2007 DR Monopole officinal restreint tissant l’absence du circuit oicinal pour les médicaments concernés. Ces derniers sont des produits hospitaliers compliqués (anti-TNF, anticancéreux) qui concernent au plus 2 000 malades. Le prescripteur hospitalier envoie l’ordonnance à la SSP qui prend rendez-vous avec le malade et vériie l’adéquation de la prescription avec les critères de l’AMM. La SSP tient parallèlement le registre nominatif du patient traité. Apotheek Zorg se rémunère sur la base de la marge, à un niveau inférieur à celui qu’auraient perçu ensemble l’oicine et le grossiste. D’autres missions peuvent être coniées aux SSP si le contrat avec le laboratoire le prévoit : éducation thérapeutique (la SSP apprend au malade à utiliser le médicament), envoi d’une inirmière salariée ou prélèvements efectués à domicile. Ces prestations sont rémunérées en plus. Les oicines, pour contrer cette concurrence, cherchent à créer leur propre SSP. n Valérie Moulle (1) L’avenir du circuit officinal français face à la dérégulation européenne, 2007.