C`t 71.tif

Transcription

C`t 71.tif
Suzanne Roy a une entrevue Avec :Mme. Margaret Beaulieu
à l'Hospice Marcotte
le 6 juillet, 1977
C6't6 41
-Pou~ commencer, oft ~tes-vous venue au monde, ~{me. Beaulieu?
À
St. Anne
, Grand Falls, New Brunswick
...
-Quel age avez-vous?
Quatre-vingt-treize ans.
'-
('
1
-Puis a quel age ~te~-vous venue aux Etats?
Ah, j'avais a pres trente ans.
-Trente ans?
Oui.
-Puis ~tes-vous venue ici ~ Lewiston ou est-ce que vous 3tes allée ••• ?
Non, j'ai commencJ ma vie, moi, ~ travailler, bien ~eune. J'ai
travaillf1, j'ai commencé ma vie
travailler sur le c~te am~r\cain,
j'~tais canadi,nne, vous savez.
Et puis j'ai commencé ma vie a travailler
sur le c8t~ americain, avait pris à l~ge de treize ans.
a
-Ah oui, da:as quelle ville ou village?
Fort Fairfield, Maine.
Où ya? Dans quelle ville ou village?
,
-A Fort Fairfield? Puis qu'est-ce que vous faisiez, vous travailliez dans le
moulin?
Non, il n'y a pas de moulin par l~. Je -travaillais aux maisons.
-Aux maisons?
Oui.
\
,
-A faire le menage, etc.?
Oui.
1
-Puis comment .ra se fait que vous :tes venue vivre aux Etats?
Bien, vous savez, aux maisons, on faisait pas de grosses gages, de
grosses gages, vous savez; et puis on chercait de l'argent un petit peu
plus. fa fait ~ue je suis venue tr~vaÂlle~ dans le moulin puis avoir une
job steady et puis ~tre chez-nous a mene temps.
-Oui, ça fait que vous ~tes venue ici
Je suis venue ici à Lewiston.
à
Lewiston?
-Puis vous avez demeuré ici depuis ce temps-l~?
Oui.
-Qu'est-ce que vos parents faisaient, eux-autres, au Canada?
C"tait des canadiens qui travaillaient sur la terre.
-Sur la terre, oui.
~Jon.
Puis est-ce qu'ils sont venus avec vous?
,
,
-Non? Ils sont restes la?
/
Mon p~re~ est mort~ j'avais rien que dix ans. Et puis on est reste
avec notre mere, on etait sept(cinq) enfaQts. Puis
~ sur une terre,
vous savez t une femme a pas grand chance a travailler. yuis,bien,
elle
faisa.ltJeune
l'ouyrage
}?OUr les autres .. elle "i-rou"., Et puis, là
,on
a commenc~
a traVa11
er pour nou~ an~res meme~.
-2a./
-Est-ce que votre mere est restee sur sa terre, elle?
Non, elle travaillait, elle aussi, elle travaillait.
~
-Puis est-ce qu'elle est venue aux Etats?
Non.
-Non? Elle est morte au Canada?
Elle est morte au Canada, oui.
-Est-ce que vous ~tiez la plus vieille ou la plus jeune des enfants?
Non, j'{tais la deuxi~me.
-~st-ce que vous ~tes allie à l'Jcole au Canada?
Oui, pas beaucoup d'~cole.
-Sst-ce que c'ltait dans une petite 6cole ou est-ce que c,était
maison~
a la
C'etait une petite 'cole.
-Puis, combien d'années 3tes-vous allée fa?
Ah, "mon dou", j'allais pas c'est bien, d'abord qu'on avait pas, on
avai t de l'ouvrage on travaillait. On allait pas a l ' ecole.
-Puis quand vous ~tes al(ee travailler à Fort Fairfield, est-ce que c'était
pour des gens qui parlaient anglais ou fran9ais?
Anglais, anglais, mostly anglais.
-Est-ce que vous parliez anglais, vous?
Moi? Oui.
-Ah oui? Vous aviez appris au Canada?
Non. No~ non, je parlais pas anglais quand j'ai commencé' Mais
j'ai appris a travailler puis a apprendre l'anglais dans le m~me temps,
vous savez. Ils me demandaient une chose, j'allais chercher d'autres
choses. J'allais chercher d'autres choses.
-Mais v0!:lS appreniez un peu? Est-ce que vous
pour apprendre l'anglais?
Non. Pas gros d'~cole, madame.
l"l-e~es
./"./
jamais allee a l'ecole
-Mais vous avez appris assez d'anglais pour pouvoir parler avec les gens
que vous travailliez pour?
Oui, ah oui.
-Est-ce qu'ilS ont appris du francais de vous?
Non.
-Est-ce qu'ilS vous ont donné de la di~ficult: parce que vous ~arliez
pas l'anglais? Est-ce que vous avez dejà senti que les gens etaient, bien
je ne sais pas ••• qu'ils n'étaient pas fins pour vous parce que vous ne
par11èz pas l'anglais?
Non, on Jtait trait~ bien.
"
-Ah oui? Puis vous n'aviez pas de difficulte?
Non.
-3a-
-Puis quand vous ~tes venue à Lewiston, vous avez travaillé où?
Au Bates •
..
-A faire quoi?
Passer en lames.
-Est-ce que vous vous souvenez de la maison au Canada? Votre maison, est-ce
que vous vous souvenez de la maison au Canada?
Oui, c'était une vieille maison.
-Est-ce que vous pourriez la d~crire pour moi?
Ah ••• c'~tait une maison en pibces, qu'ils appelent, lh, vous savez;
et puis il y avait rien qu'une chambre en bas, puis une couple de chambres
en haut.
-La chambre en bas, c'~tait une cuisine?
La cuisine, puis tout le •••
-Puis tout le reste?
C"tait pas mal grand mais c'btait "aIl right", vous savez.
-Puis les chambres à coucher en haut?
Eh?
-Il Y avait des cha~bres~a coucher en haut?
Oui, c'~tait séparb en deux, puis les gatpons couchaient dans
tine chambre, puis nous autres, on couchait dans l'autre.
-Puis vos parents, ~u est-ce qU'ils couchaient, eux-autre?
Ils couchaient dans la chambre, eux aussi.
-En haut aussi?
Oui.
-Qu'est-ce que vous faisiez dans votre temps libre au Canada, quand vous
viviez sur la terre?
On jouait.
-Le soir qu'est-ce que vous faisiez?
On faisait,
puis on jouait. J'ai pas resté au Canada longtemps,
vous savez. J'etais jeune, j'ltais ••• pr~s de treize ans quand je suis
partie du Canada.
-Puis vous restiez tout le temps avec les gens ~ Fort Fairfield? Vous
demeuriez dans leur maison tout le temps?
Oui.
-Ah oui? Puis est-~e que vous avez trouvé pa difficile de vous adapter
aux moeurs des americains plut8t que des canadiens?
Non, je pense pas; je pense que j'avais toujours •• j'avais le monde
que je travaillais pour.
-Est-ce que vous vous souvenez des différences qu'il y avait entre votre
vie au Canada puis votre vie à Fort Fairfield?
1~11 oui, dans ce eSte-là de la ville c' étai t mieux que de rester au
Canada, vous savez.
-4a-Ah oui? Commept •• que c' Jtai t mieux?
Bien, c'etait plus •• plus riche qu'on va dire. C'~tait plus ••• c'était
quoi qu'on voulait.
-Vous aviez de l'argent, on vous payait? Est-ce que vous gardiez votre
argent?
Oui.
-Oui? Vous la donniez pas a vos parents?
Non.
-Vous gardiez l'argent que vous faisiez?
On en faisait pas gros.
-Bst-ce que le manger était diff~rent?
Oui, il était meilleur.
-Puis qu'est-ce que vous mangiez chez-vous au Canada? Est-ce qu'il y
avait des mets sp~cials qu'on mange plus aujourd'hui?
Ah oui, la il y avait •• on mangeait des patates, et puis des plogues
de buckwheat, ave~-vous déj~ mangé pa, vous ••• C'était ça, avant de partir,
des plogues de buckwheat qu'on faisait puis des patates puis du lard, avant
de partir, des grillades de lard.
,
-De grillades de lard sale?
Oui.
-Est-ce que vous aimiez ça?
Oui.
-Mais quand vous ~tes allée vivre à Fort Fairfield c'était différent?
Ah oui, c'6tait different; le sel puis du boeuf puis de quoi de m~me,
vous savez, et puis c'était meilleur.
-Vous en mangiez pas de boeuf chez-vous?
Chez-nous, non,
on en mangeait pas de boeuf. C'était une partie pauvre.
C'était une partie •• tout le monde ètait pauvre, quasiment tout pareil.
-Est-ce que vous vous rappelez des habits qu'on portait? Est-ce que vous
pourriez me d~crire, par exemple, comment votre mère regardait puis ce
qu'elle portait?
Ah bien, elle portait en partie un "coat" puis une jupe, un tablier.
-Puis c'était des jupes longues qui allaient jusqu'A terre?
Oui, des grandes jupes longues, jusqu'à terre mais pas mal longues.
-Puis avant que votre père est mort, est-ce que votre mbre travaillait sur
la terre?
Oui, elle aidait sur la terre.
-Elle faisait ••• seulement dans la maison ou est-ce qu'elle aidait ~ cultivier?
Elle aidait sur la terre, oui ••• Des fois elle emportait son petit
puis elle le couchait sur une brioche de foin l~ puis elle travaillait.
-Est-ce que vos fr~res puis vos soeurs sont venus aux États, eux-autres aussi?
Non.
,
"-
-Non? Ils sont restes la?
-'
A
t'
, Bien, j'ai un frère, un frere qui travaillait ici au Etats, ftu cote
amcricain, oui; et puis c'est tout ceux qui ont venu sur le c6te américain.
-5a-
-Les autres sont rest~s au Canada?
Les autres sont rest~s au Canada, oui.
-Est-ce que vous avez jamais regretté d'~tre venue aux ~tats?
Non.
-Non? Vous a1m1ez ça?
J'aime pa, oui.
-Votre fr~re aussi?
Oui.
-Puis est-ce que vous alliez faire des visites au Canada après f,a?
Ah oui, oui, on allait voir nos parents "de temps en temps'?
-Quel ••• est-ce que c' {tai t diffdrent, leur vie, eux-autres, à comparer
à la vOtre?
Ah bien, c'~tait différent, bien sar, oui.
-Est-ce que vous vous pensiez plus riche, ou plus ••• ?
Ah non, non, non, non. Pas rien comme ça.
-Mais vous aimiez votre vie?
Oui.
-Vous ~tes venue à Lewiston puis vous avez travaill' au Bates?
Oui.
-Quand vous 3tes arrivrfe il Lewiston, est-ce que quelqu'un vous a rencontr~e
puis vous a aidé a trouver un place~ demeurer, ou quoi?
Non. On a regard6 pour une chambre.
-Qui est-ce qui est venu avec vous?
Mon mari.
1
,
...
1
\.
-Ah, vous etiez deja mariee quand vous é'tes venue a Lewiston?
Oui.
~
......
l'avez marie ou?
A Fort Fairfield.
-Vou~
,
1
-A Fort Fairfield? Puis vous avez trouve un loyer, puis lui aussi travaillait
au moulin?
1
1 Oui, on a trouve, pour commencer, on a eu une chambre, pour ~ntrer, on
s'etait
pour une chambre. Puis on a eq une chambre, et on etait dans
une maison de pension pour manger. On a été au Bates; on était arrivgune
journée puis le lendemain on était au Bates puis on avait une job.
-Tout de suite?
Oui.
,
-Puis vous restiez ou, sur quelle rue?
Sur la Ash.
A
-Sur la Ash. Puis est-ce que vous etes venus de Fort Fairfield en train?
Dans le train.
-6a-
-Puis vous étiez membres de quelle paroisse? •• Est-ce que vous ~tiez membres
de la paroisse Saint-Pierre?
Oui.
-Puis ••• est,ce que vous vous rappelez des journaux que vous lisiez dans
ce temps-la?
Ah, je le sais pas. On lisait pas beaucoup on savait pas beaucoup
lire et puis on lisait pas beaucoup; pa fait qu'on ••• des fois on avait
des livres qu'on achetait, on lisait un petit peu. Je m'en souviens pas
de quoi.
-Est-ce que vous vous souvene~ des magasins sur la rue Lisbon?
Oui, ils ont la •• Simard, on achetait le man,;er pour telle maison,lri.
-Oui,
où ça?
Chez M. Simard.
-Est-ce que c'~tait sur la Lisbon, pa?
Non ••• je ne sais pas "où c'est" qu'il 6tait, lui~
-C"tait un "magasin de groceries"?
Oui.
-Puis "o~ c'est" que vous achetez votre "linge", quel magasin? •• les vê'tements?
~
~ aucun magasin, vous savez, qu'on s'adonnait a aller, on en achetait.
-Puis est-ce que vous t)ouvez que la plupart des gens ici parlaient francais?
On trouvait pa, c'etait le franc a i's, bien, moi, j'ai rentrl au Bates,
moi; les filles qui travaillaient là, il Y en avait pas qui parlaient anglais,
des femmes. Ceux qui voulaient parler au "bosse", ils me demandaient pour
aller parler pour eux-autres.
-Puis est-ce que vous aimiez votre travail?
Oui.
-Est-ce que vous pensez que la plupart des gens aimaient leur travail ou
est-ce qu'ils trouvaient p'a trop dure?
Bien pas beaucoup; c'était pas si dure dans ce temps-l~, je pense.
Non, bien, on travaillait des longues heures, par exemple; on travaillait
de six a six.
1
-Mais c'etait pas de l'ouvrage dure?
C'~tait pas ••• bien, c'était pas vite conwe c'est'a cet heure, vous savez.
-Qu'est-ce que vous faisiez après l'ouvrage? •• ou le samedi?
Apr'ès qu'on tenait maison, là, on s'en allait chez nous puis on
travaillait, on faisait notre ménage, vous savez.
-Puis pour plaisir, est-ce que vous alliez au cinéma?
Ah "show", on allait voir .•••
-Au th~ttrE}1oo.. est-ce que vous alliez au théa\re?
Ah theatre.
-7a-
,
\
-Est-ce que vous alliez voir les pieces qu'on montait dans ce temps-la?
Oui.
-Est-ce que vous vous souvenez des pi~ces aue vous avez vues? les noms?
Je m'en souviens d'une, puis
,"Gone with the Wind: vous en
souvenez-vous de ça?
-Ah oui, je l'ai vue; pa c'~tait une vue, une vue animée?
Oui.
-Vous avez aimé ça?
Oui.
-Puis est-ce que vous vous rappelez des pi~ces qu'on jouait au thé~re? ~iue
les gens d'ici montaient?
Non.
,
'-
'-
-Non, vous n'aviez jamais? •• Est-ce que vous avez deja appartenu a aucun
club? Comme le Cercle, le Musical Litteraire ••••
Non.
-Votre mari, est-ce qu'il appa~enai;, lui?
\
, Non, mon mari puis moi, on a ête un peu malade pas longtemps apres qu'on
a eté marié, puis on allait pas beaucoup ~ aucune place comme ça.
-Ca fait que vous restiez chez vous?
On restait chez nous puis
•
-Qu'est-ce que vous faisiez? Il y avait pas de t~l~vision dans ce temps-la,
est-ce que vous vous rencontriez avec des amis?
Oui, on jouait aUX cartes.
-Est-ce qU'il y avait des soir6es comme au Canada, des soirees o~ le monde
chantait puis dansait?
Oui.
-Est-ce que 'pa arrivait souvent, j!a?
Bien, pas trop souvent, non. Le bon vieux temps, qu'ils appelaient 9a.
r
-Est-ce que vous etiez ici avant que la nouvelle église St. Pierre fut b~tie?
Oui.
-Est-ce que vous aviez ~té dans la vieille église St. Pierre?
Je m'en souviens pas de la vieille église.
-ya fait que vous n'6tiez pas ici, p~ut-~tre, pendant que ••• ~ 1
Je pense que, je ~ense qu'on y etait. Je pense qu'on a ete dans le
soubassement la premiere chose, l'église était là.
-Puis ensuite il ~ avait un~ b~tisse en bois, qu'ils appelaient la shed?
Bien oui, c'etait ••• c'etait pas fini.
-Est-ce que vous trouvez que les Dominicains étaient bien aime~ parmi le
monde, parmi les gens?
Les am~ricains?
-Les Dominicains. Est-ce qu'on les aimait, les pr~tres Dominicains?
Ah oui.
-8a-
-Es~-ce
;'
que vous etiez ••• est-ce que vous avez appartenu dans des clubs 'a.
l'eglise"comme les Dames de Charit~ ou les Dames de Ste. Anne?
J'ai et~ Dame de Ste. Anne mais j'avais pas le temps d'y aller beaucoup, ça fait que j'ai abandonn4.
-Qu'est-ce qu'elles faisaient, eux-autres, les Dames de Ste. Anne?
Elles faisaient toutes sortes d'affaire, je crois bien.
-Des bazars puis tout pa?
Des bazars puis ••• il y avait des tables entre les autres, qu'on m'a
dit.
A
-Etes-vous devenue citoyenne am6ricaine? Est-ce que vous vous ~tes faite
naturaliser?
Oui.
-Puis votre mari aussi?
Mon mari etait amlricain, lui.
-Ah oui? il'ta~ t né ~ Fort Fairfield?
Il etait, ne à ••• à Van Buren, en quelque part, une petite place ~
Van Buren, la.
-Puis est-ce que vous avez eu des enfants?
Non.
-Est-ce que vous vous souvenez des histoires qu'on aurait pu vous raconter
quand vous &tiez jeune? •• des contes ou des superstitions?
Chez nous, souvent par exemple, il ~ avait un M. Ouellette qui venait
chez nous qui contait des histoires. Ct~tait un faiseux d'histOires, mais
je m'en souviens pas d'aucune.
-Non? Aucune? Pas de superstitions ou de choses ••• d'anecdotes ou des incidents
dans votre vie, des ~v~nements dans votre vie que vous vous rappelez qui
sont intéressants ou draIes?
Non, je m'en souviens pas de pa. Je suis trop faible. 1a fait longtemps
de 9a, madame.
-Vous vous rappelez pas des chansons, peut-~tre, une chanson que vous avez
apprise quand vous ~tiez jeune?
Non.
, ,
-Est-ce que ••• quand vous etes arrivee a Lewiston, il n'y avait pas de
(riction entre les franco-américains puis les non-francos?.Est-ce que
Ie's gens s'adonnaient bien ensemble, les francos puis les non-francos?
fa devait s'adonner bien, oui. Moi, je me suis toujours bien adonn~e
avec les francais puis les am~ricains, -ici à Lewiston, partout, "ou c'est
que" je travaillais.
~
-Puis le fait que vous veniez du nord pa pas fait de ••• les gens ont pas
fait de remarques ni rien, que vous veniez du nord? Vous savez, des fois
on nous dit, bien, l~s gens du pud ra s'adonne pas avec les gens du nord.
Bien, le parler etait different, vous savez.
-Mais r'a pas causé de difficulté?
Les gens d'ici parlaient bien mieux que nous autres. Nous autres on
parlait pas bien. On parle pas bien encore.
-9a-
-C'est dr"le parce que les gens d'ici disent qu'ils ne parlent pas trop
trop bien non plus. Bien, c'est des différents dialectes puis on parle
tout. • •
..
De notre maniere.
-Bien ,oui, exac tement. Mais ia ne vous a pas cause' de difficul te~ les gens
ont et~ fins pour vous?
Non.
-Est-ce qu'il y a quelque chose dans votre vie qui est arrivée qui a ~t~
remarquable, un év~nement qui vous a frappée ou qui est arrivEf••• bien, je
ne sais pas comment m'expliquer, mais quelque chose qui vous est arrivé'e
que vous avez jamais oubli~e, qui serait inte'ressant?
Non, il y a rien d'int~ressant qui a arrivé dans ma vie, je pense.
C'est toujours du m~me puis du pareil.
-Oui, du m~e puis du pareil?
Oui.
-Est-ce que vous avez jamais ••• vous m'aviez dit que vous V1V1ez dans une
chambre quand vous 8tes arrivée à Lewiston, est-ce que vous vous @tes
acheté une maison ou est-ce que vous avez déménag~ dans un appartement
ou quoi?
Dans un appartement, on était •• , une maison, on va due.
-Oh ~tait cet appartement?
t
r
\
Ah bien, on a tient differentp. appartements. On a pas toujours reste a
la mame place, vous savez. On a et~ une secousse sur la Cedar Street. Notre
premier appartement qU'on a eu sur la Cedar.
-Puis ••• avez vous connu ••• Jean-Baptiste Couture?
Jean-Baptiste Couture? Non.
-Avez-vous connu Thf.F .X. Marcotte?
Oui.
-Oui, vous l'avez connu?
Oui.
..~
-'il.
-Bien, ou seulement de nom?
Seulement de nom.
-Votre mari a travaill' au moulin toute sa vie lui aussi?
Non. Il était ••• il avait une maladie de coeur puis il pouvait pas
travailler toute sa vie. ~a fait qu'il travaillait une petite secousse
puis il abandonnait, il pouvait plus tiendre. ~a fait qu'il a abandonne
et puis il a commencE! une petite "business", vous savez, du "candy", puis
des cigares pqis des cigarettes, oui ••• un petit magasin
,pour p'asser
son temps. C'était un homme qui était actif et puis il s'ennuyait à rien
faire.
1
-Puis "ou c'est ll qu'il /tait son magasin, ~ quel endroit?
Pour 'IvCOilloencer sur la ••• en arriere de chez Peck, l~, qu'est-ce que
la rue, la.
"
_Sur la Chapel? Non? Sur la ••• en arriere
de chez Peck.
Oui.
-10a~
-Ah oui, je me rappelle plus du nom. ~lais c'est la qu'il a commence?
C'est là qu'il a commenc', oui, ••• un petit magasin, l~.
-Puis il a rest~ l~ tout le temps ou est-ce qu'il a dtmenag:?
Non, ensuite on a ~t' sur la Bates. On a trouv' une meilleure place
pour "business", puis il a 4t~ sur la Bates, l~, puis il a pris un magasin
sur la Bates. Sur la Bates, là, on a rest4 pas mal longtemps.
~luel ~>ait le nom de son magasin1 Est-ce c'~tait seulement Beaulieu?
C'etait chez Beaulieu, je pense.
-Beaulieu? C~étàit un magasin de confection?
Ah ••• c'etait un magasin de manger.
-De "groceries"?
De "groceries".
-Puis il a fait 2a toute sa vie?
N'ln" on a r~ste' la une secousse, pas mal longtemps, pu).s on a vendu.
On a et~acheter qne place sur la Lisbon,Road. On a achete une place, ~us
savez "ou ce" qu'~tait le pont croche, la?
-Ah oui.
On a acheté une place un petit peu plus loin que le pont croche.
-Une maison puis une terre?
Une maison puis une grosse grange. Et puis, on avait seulement 14 acres
de terre, par exemple; on avait pas gros de terre, juste 14 acres de terre.
~t puis il a parti une "filling station" là. Puis c'est ~a qu'on avait eu
le restant de notre vie.
-Alors il connaissait plusieurs gens?
Oui. Moi je travaillais, vous savez.
-Vous travailliez tout le temps?
Oui.
-Au moulin?
Oui.
-Est-ce que les conditions de ravail étaient bonnes au moulin?
Oui, j'aimais ça au moulin, j'aimais ma vie au moulin.
-Dans quelle partie du moulin travailliez-vou~?
Je travaillais ••• je passais en lames, J'étais sur le ••• la, comment
ce qu'ils appelaient ~ca? -.:..... ~A'
(~>I\.d- ... OI:I, .. ~
-La weave ro~?
1
Non, c'etait. la ••• la derni~e etage en haut, toujours.
1
-Puis c'etait au Bates, fa?
Oui.
,
-Est-ce que les "bosses" etaient francos ou non-francos?
Ils étaient ame'ricains. Mon "bosse" e'tai t am/ricain, M. Boot.
-Puis est-ce qu'il y avait plusieurs irla~dais qui travaillaient l~ aussi
ou est-ce que c'6tait plut~t des francos
j'ai commence', ça parlait quasiniept pas anglais dans ce tempsl~. On trouvait pa curieux, ma chÈire, on était accoutumé à parler anglais,
nous autres, vou~ savez.
-11a-
.
-A Fort Fairfield?
Oui, c'~tait tout anglais, oum. Ça parlait bien francais, pas mal
bien, bien mieux que les autres francais.
-Puis ~a vous a surpris quand vous ~tes arrivde ici pour voir sa, que
c'4ta1t francais comme ça?
~a nous a, ~a nous a fait curieux, oui, on trouvait ça curieux. On
pensait que c'~tait pour ~tre plus anglais. Mais c'e~ait plus francais
dans ce temps-l~ que c'est ~ cet heure.
-Est-ce que vous parliez francais tout le temps, alors, ou est-ce que
vous avez continué a parler l'anglais?
Ah, il fallait continuer le francais parce qu'il n'avait pas qui
parlait anglais.
Fo~t Fairfield, quand vous restiez là, puis vous dites que vous parliez
plutot l'anglais, est-ce que, avec votre mari, vous parliez francais
ou anglais?
Des fois anglais, puis des fois francais. On "mixait" fa vous savez.
-1
,
-Puis a l'ouvrage, aviez-~ous des bons gages?
_
Oui, dans ce temps-la, je faisait jusq,uta trente-hui t p~istres par
semaine, puis dans ce temps-l~ les gages etaient pas comme a cet heure,
yous savez. We faisais jusqut~ trente-huit piastres par semaine, on
etait "à job.
-Puis vous dites que vous travailliez de six heures du matin jusqu'à six heures
du soir?
Du soir. Oui.
-Puis combien de temps aviez-vous pour d!ner?
Une heure.
-Est-ce que vous rentriez à la maison ou est-ce que vous mangiez l~?
Des fois, on venait à la maison, d'abord que c'était pas trop loin
qu'on restait; des fois, on restait là, on emportait notre lunch.
-Puis vous travailliez toute la semaine, le lundi au vendredi?
Jusqu'au samedi midi.
-Puis les jours de f~e, les jours de fe~es d,église, est-ce que vous
travailliez ces jours-là aussi?
Oui. Il y avait pas tant de fe\es comme il y à cet heure, non plus.
-Est-ce que les femmes faisaient moins que les hommes dans ce temps-l~?
Ah bien, je sais pas, c'est selon les ••• quelles sortes d'ouvrage qu'ils
faisé}ient, vous savez. Une femme qui était sur une fljob" puis un homme
qui était sur une "job n , si la femme ~tait "Vif", elle faisait autant
comme l'homme. Ah oui. Dans notre "job", on avait tant du morceau puis •••
-Puis vous aimiez pa?
,
Oui. Nous autres on avait tant du warp, qu'ils appelaient fa, c'etait
des warps. On arrangeait les "\Varps" pour les "weavers"; on mettait fa sur
des lames, sur des moriles qu'on appelait ••• je m'en souviens pas comment
ce qu'ils appelaient ça 1&, c'était ••• on passait ya sur ••• ah, je sais pas,
moi.
-12a-
,
~
-Est-ce que vous avez travaille l~ toute votre vie?
Pas mal toute ma vie, jusqu'â temps que mon mari soit mort. J'ai
travail l', j'ai travaillEf )~, puis je suis ••• non, j'ai pas travaille'
ià tout le temps qu'il a et6 mort, parce que ••• ils ont ••• ils trouvaient
qu'on faisait trop d'argent pour l'ouvrage qu'on faisait puis ils ont mi~
pa sur, ils ont changé sa sur l'~lectricitJ, vous pavez. Et puis 2a a ~te
fait par l'électricité par,lui-méme ••• et puis on etait soixante f11les puis
ils nous ont toutes envoyees une fois, toute envoye~s; bien, ils en ont
garde seulement une pour passer les samples.
-Puis ils vous ont toutes faites envoyer chez vous?
Oui.
-Puis qu'est-ce qui est arriv~?
'Apr~s ~a~~oi j'ai resté chez-nous une secousse puis j'ai, apres ~a
j'ai comIn,el(ce c~ travailler encore. Mon mari est mort, j'ai travaill'. J'ai
travaille a Poland Spring.
-A faj.re quoi?
A faire, dans le restaurant.
\.
-A l 'h~hel:
Oui.
-Est-ce que vous rencontiez plusieurs gens qui parlaient francais là?
Pas beaucoup, non.
-Est-ce que vous avez jamais pris part aux "strikes", vous savez, aux
gr~ves au moulin ••• quand vous travailliez au moulin? Est-ce qu'il y a
eu des gr~ves, des "strikes", que vous vous souvenez? Vous savez, quand
les gens refusent d'aller travailler parce qu'ils n'ont pas assez de bons
gages?
Non, on n'a jamais eu de ~a que je sais; non, pas que je sais. Je
m'en souviens pas, toujours, d'en avoir eu. Bien, oui, il en a eu une fois
et puis "les ceux" qui etaient dans l'union, la, ils ont refuse de travailler.
Moi j'etais pas dans l'union, non. Et puis, il y avait une "SQUP house",
qu'ils appelaient là, puis ils allaient manger l~.
-Puis pourquoi ~tiez-vous pas dans l'union, vous?
Je sais pas pourquoi. Je croyais pas là-dedans, je crois bien.
,
deja
~
-Avez-vous
Quoi?
COTE # 2
entendu parler d'une femme nommée ~.famie Bilodeau?
-Mamie Bilodeau?
Bilodeau?
-Oui, avez-vous connu une femme nomme'e Mamie Bilodeau?
J'ai connu des Bilodeau, pas, il me semble, pas 9a. C'est ••• je connais
pas cette Bilodeau-là.
-On m'a dit que c';tait une femme qui ét~it à la t~e des travailleurs qui
se sont mis en greve contre l'usine.
Ah oui? •.• Non, je pense pas que je la connais.
-13a-
l
,
~
-Alors ,vous avez travaille a Poland Spring puis ensuite vous vous e~es
retiree? Avez-vo~s travaillé ailleurs?
J'ai retourne au moulin travailler puis j'emplisais les batteries, qu'ils
appelaient.
-Les batteries?
Il y avait plus de passeuses de lames, ein, puis on emplisait les
batteries pour les "weavers". Des bobines, on mettait les bobines pour
les "weaver".
-Est-ce que c,ttait plus difficile ça, cet ouvrage-l~?
,,,Non. On était à la semaine l~aessus.,On faisait, je pense, a peu pres
une trentaine de piastres dans ce temps-la.
l
"-
-Bien, je vous remercie d'avoir repondu a mes questions.
FIN
(Ll/22/77 )
Section d'Archives
LelNiston, Maine
. .,.
F ranCO-t,merlcaln,
,'."
C'
r
L ~- r,enl,re d ,TJ'''
..
llerlG8.:;;:e.
ùec t'lon ct' HrC h'
.. l'Ve;:;,
es t en t r8 inde ras Se11'):1 1er et de pré server ces Y:1at~ria1Jx 0 u i
pourraient 8'J:-:rmenter notre cO'Tlnr~~ension et notre aDDr~ciation
de la vie et la culture Franco-A:néricaines dans la jl~uvelle
An~leterre. ~ ce but, je d6si~e rendre disponible et mettre ~
. usage .,_es maGerla'JX
>- /
•
• dt'
l.en
l1.1eS C1- d essous.
l eur
1\
.l..
P'
/
•
Ces ma té'ria'Jx sont le ré sul t8. t ct I,.me et autre s e ntre'lues
auxQuelles j'ai pris part volontairement. On doit se rappeler,
cependant, que la bande d'enr~gistrement, et non la transcription qui l'accompagne, est le document primaire.
Je comprends que le Centre d!H~ritage Franco-Am~ricain,
Section d'Archives, selon le jUiZement du conservateur (conservatrice) ou de son d61~gué,/perme{tra aux chercheurs et à tO;Jtes
autres personnes interessees d'ecouter les bandes et de lire la
transcription, et de faire usage de ces matériaux, ou d'aucune
section de cellx-ci, quand nécessaire afin ct 'au;:::·menter la connaissance du publique en ce qui concerne las Franc~-Am~ricains et
leur maniere de vivre. Je comnrends aussi qu'il sera défendu
de reproduire ces mat~riaux ou' d'en tirer aucune partie avec
but de ·publicatiori sans la permission par 6crit du conservateur
" ""
(cons~rvatrice) ou de son deleque.
.
i
Temoin:
Signature:
_~.L.L.L~~~~'"'--'
~kPJ-.Conser7atelJ.r:
'
/ . t re des ad d"ltions:
N
-umero
au reg1s