Sommaire

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Sommaire
Bois et Forêts
en
Pays de la Loire
Sommaire
n Ensemble, mobilisons
la forêt, pour l'avenir
p. 1
n Mobiliser davantage
p. 2
le bois de nos forêts
n Sylviculture : passer à l'action
n Chênes : semer ou
planter ?
n Pin maritime :
place aux jeunes !
n Protection des forêts
contre l'incendie
p. 3
p. 4-5
p. 6
p. 7
C. Weben - CRPF PDL
n Projet de restauration p. 8
de parcs
Formations Fogefor 2014
Les prochaines journées
d'information du CRPF
N° 110 - Septembre 2013
Un engagement collectif des professionnels de la
filière forêt-bois, pour gérer durablement, mobiliser
et renouveler la forêt en Pays de la Loire, se profile.
Cela concerne d'abord les propriétaires forestiers,
premiers maillons de la chaîne. Mais allez-vous rétorquer : tout cela, nous le faisons déjà !
C'est vrai, en partie...
Pour ceux qui commercialisent une coupe réalisée en
application de leur plan simple de gestion, en ayant
fait certifier la gestion durable de leur forêt et qui
mettent les moyens nécessaires au renouvellement
de leurs peuplements, c'est vrai.
Pour les autres ? Difficile à dire. Ils représentent environ la moitié des surfaces boisées régionales, et sont
tellement nombreux, plus de 100 000, qu'une description exacte de la situation est impossible. Nous ne
pouvons que dégager des tendances.
Pour les feuillus, qui constituent les 3/4 des surfaces Place à une nouvelle génération.
forestières régionales, le cas du chêne fait actuellement l'objet d'une réflexion stratégique du CRPF. En effet, cette forêt vieillit, elle se densifie, les marchés évoluent, pas toujours dans le bon sens, la mécanisation progresse ... Le
besoin d'une approche nouvelle de cette filière de production se fait d'autant plus ressentir
que le changement climatique commence déjà à brouiller les cartes.
Pour les résineux, les problèmes sont globalement les mêmes, mais les solutions semblent
plutôt plus abordables du fait de la demande industrielle plus directe et plus marquée pour
ces produits.
Troisième poids lourd de notre production forestière régionale, le peuplier, qui, avec seulement 8 % de la surface forestière régionale, représente 30 % de la production. Source
d'une importante filière de transformation locale, les peupleraies connaissent aujourd'hui
des difficultés de renouvellement qui justifient de les associer pleinement à cette nouvelle
démarche d'engagement de la forêt privée dans la gestion durable.
Celle-ci devrait aboutir à la mise en synergie des moyens, sur le plan humain en particulier,
des acteurs locaux de cette filière pour en améliorer les performances et les retombées
en termes de développement local. Côté "amont" de la filière, tous les professionnels, sylviculteurs, gestionnaires forestiers, coopératives forestières, experts forestiers, et naturellement, pour ce qui le concerne, le CRPF, seront appelés à contribuer à cet élan partagé,
côté "aval", par les exploitants forestiers et leurs équipes.
Les priorités du CRPF n'en sont que renforcées, en direction de documents de gestion
(et spécialement des Plans Simples de Gestion) plus nombreux et mieux suivis. De ce
point de vue, nos efforts déployés pour susciter de nouveaux plans simples de gestion
volontaires, pour les propriétés de 10 à 25 ha, ont été efficaces (120 PSG nouveaux en
perspective) et vont nous encourager à poursuivre l'action.
Nous sommes appelés à exprimer, en votre nom, les autres besoins que nous ressentons
pour la forêt, notamment en matière de desserte et d'infrastructure, d'aide au reboisement,
d'animation, ....
N'hésitez pas à nous faire part de vos idées et de vos suggestions. Nous sommes à votre
écoute,
Antoine de PONTON d'AMÉCOURT
Président du CRPF des Pays de la Loire
C. Weben - CRPF PDL
Ensemble, mobilisons la forêt, pour l'avenir
Mobiliser davantage le bois de nos forêts___________
Deux Plans de Développement de Massif (PDM) en Pays de la Loire, dans les parties ligériennes des Parcs Naturels Régionaux Normandie-Maine et Loire-Anjou-Touraine (secteur du massif de Milly) ont été mis en place à la fin de l’année
dernière. Ces deux plans ont pour but d'augmenter la mobilisation de bois tout en prenant mieux en compte la biodiversité. Dans chacun de ces secteurs, un technicien forestier est chargé de la mise en œuvre du programme d'animation
développé par le CRPF, en partenariat avec les deux PNR, avec le soutien financier de l’Europe, de l’Etat et de la Région.
Des territoires boisés et morcelés
Sur le territoire des PDM ligériens les
taux de boisement sont environ deux
fois plus élevés que la moyenne régionale qui est de 10 %. Avec 2315 propriétaires qui se partagent 6530 hectares
de forêts sur le PDM Normandie Maine
et 7145 ha de forêts divisés entre 5061
propriétaires sur le secteur du PDM de
Milly, le morcellement reste assez semblable à la moyenne. Un peu moins de
la moitié de cette surface (47 %) relève
de l’obligation du plan simple de gestion
(PSG). Il reste donc 53 % des forêts (et
plus de 7300 propriétaires) sur lesquels
il est possible de mobiliser plus et mieux,
sachant qu’au-delà de 25 ha, le travail de
mobilisation par le biais des PSG relève
des missions de base du CRPF.
Deux techniciens supplémentaires
Sur ces territoires plus boisés que la
moyenne, les enjeux liés à la forêt sont
importants. Cependant, d’un point de
vue individuel, ces enjeux ne sont pas
toujours faciles à percevoir. Un travail
d’information et de formation permettra
de montrer à chacun le potentiel de son
bois et les moyens de le mettre en valeur.
Un technicien forestier supplémentaire a
été recruté dans chacun des secteurs
concernés par ces plans et des priorités
ont été définies en ciblant davantage sur
les bois de plus de 4 ha, soit plus de 450
propriétaires.
Face au nombre, définir des priorités
Disposer du programme de coupes et
travaux est un élément très favorable à
l’accroissement de la mobilisation. Préalable à la définition du programme de
coupe, la description des peuplements,
complétée avec l’indice de biodiversité
potentielle, permet une meilleure prise
en compte de la biodiversité dans la gestion.
La première priorité a été définie en direction des PSG volontaires (les forêts
entre 10 et 25 ha soit 1720 ha et 113 propriétaires).
2
Septembre 2013
Localisation des Plans de Développement de Massifs
La seconde priorité concerne les forêts
de 4 à 10 ha (2100 ha et 350 propriétaires). Pour ces forêts, le document de
gestion durable possible est le code des
bonnes pratiques sylvicoles (CBPS).
Ce document ne comporte pas de programme de coupes et travaux. Le rôle
du technicien de PDM est alors d’aider le
propriétaire ayant adhéré au CBPS dans
la mise au point d’un programme d’action
à long terme (10 ans) de sa forêt. Pour
cela, il l’accompagne dans la réalisation
du diagnostic technique de sa forêt et du
bilan de ses richesses naturelles. Pour
autant, cela n’exclut pas les parcelles de
moins de 4 ha dont leur propriétaire souhaiterait bénéficier de l’appui du technicien pour s’inscrire dans cette démarche
d’amélioration. Il suffit alors simplement
de le contacter.
Pour mieux valoriser la forêt régionale,
les techniciens des PDM ont pour mission de rencontrer les propriétaires de
leur secteur. Faites leur bon accueil et
profitez de leur présence pour mieux
connaître la forêt, son fonctionnement et
son potentiel.
Christian WEBEN
Contacts :
• Secteur du PNR Normandie Maine
Maxime Brugier CRPF Antenne de
la Sarthe - Tél. 06 38 46 92 14.
• Secteur du PNR Loire Anjou Touraine, zone du massif de Milly
Julien Lecornué CRPF Antenne du
Maine et Loire - Tél. 06 43 44 34 83.
Sylviculture : passer à l'action_____________________
Le plan simple de gestion (PSG) est un document dans lequel le propriétaire définit ses orientations et son programme
prévisionnel pour une durée de 10 à 20 ans. Cet exercice n’est pas toujours facile à réaliser et peut sembler parfois très
éloigné du quotidien d’un monde où l’immédiateté est une exigence fréquente. Conscient de ces difficultés, le CRPF
innove en proposant d'accompagner la mise en oeuvre des PSG dans le cadre de groupes de sylviculture appliquée.
Partager son expérience
Néanmoins, le propriétaire reste toujours le responsable de sa gestion et
des résultats obtenus. Faire face à ces
responsabilités ne nécessite pas d’avoir
les compétences d’un professionnel
mais demande au moins de disposer
des points de repère qui permettent
d’évaluer les implications de telle ou telle
technique. Pour cela, le CRPF, en com-
plément de ses actions d’information,
de vulgarisation et de formation met en
place des Groupes de Sylviculture Appliquée (GSA). Ces groupes sont destinés
à permettre la rencontre sur le terrain de
propriétaires ayant la même opération
de gestion à réaliser. Le groupe, 5 à 10
personnes, se réunit sur les parcelles
de chacun pour préparer, faire réaliser
et suivre le déroulement des chantiers.
L’objectif est de favoriser la réalisation
d’une même opération (renouvellement,
éclaircie…) prévue dans la forêt des participants en suivant sa mise en œuvre
concrète chez les uns et les autres.
2013, deux Groupes de Sylviculture
Appliquée sont programmés
A partir d’octobre, deux groupes sont prévus, l’un en Sarthe sur le renouvellement
du pin maritime, l’autre en Mayenne sur
les éclaircies du douglas.
Dans les deux cas, le groupe suivra dans
les forêts des participants la pratique
des opérations prévues, les différentes
étapes, les réussites et les difficultés.
L’objectif est de faire bénéficier les participants de l’expérience acquise par
chacun pour faire que le plan (simple)
de gestion devienne (simple) réalité de
gestion.
Vous êtes propriétaire forestier dans l’un
ou l’autre de ces départements et votre
PSG programme un renouvellement de
pin maritime (72) ou des éclaircies de
douglas (53) à réaliser très prochainement, ces groupes sont faits pour vous.
2014, cinq groupes sont en projet
Les thèmes envisagés sont le renouvellement des chênaies et la première
éclaircie des plantations.
Si d'autres sujets vous préoccupent,
n'hésitez pas à nous en faire part.
Contacts :
• GSA pin maritime (72) - Cédric Belliot
Tél. 06 17 32 40 96.
• GSA douglas (53) - Bruno Longa
Tél. 06 71 50 85 71.
• GSA projets 2014 - France Averty
Tél. 02 40 76 84 35.
Christian WEBEN
Ingénieur CRPF
responsable formation
B. Longa - CRPF PDL
De la programmation à la réalisation
La rédaction de son PSG est un moment
de réflexion important où se décident
les actions nécessaires à la bonne gestion de la forêt, en fonction de son développement prévisible. Mais, après
cet indispensable temps de réflexion,
vient le temps de l’action. Il faut mettre
en route la phase opérationnelle. Alors,
comme pour la rédaction du PSG, beaucoup de propriétaires se sentent à nouveau confrontés à des situations qu’ils
maîtrisent mal. La gestion forestière a
ses règles techniques qui ne s’improvisent pas. Pour les aider à agir, éviter
les erreurs et les appuyer à chacune
des étapes de leur gestion forestière, de
nombreux professionnels sont là pour les
accompagner : coopératives forestières,
les experts forestiers, les gestionnaires
forestiers professionnels principalement.
Un groupe de sylviculture appliquée en Mayenne pour mener les
éclaircies de douglas.
Septembre 2013
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Chênes : semer ou planter ?______________________
Christian Weben (CW) : Bertrand Le Nail
(BLN), avant de parler du bilan, un bref
rappel de ce qui vous a conduit à vous
intéresser au semis de chêne, alors que
la technique de plantation était bien rodée ?
BLN : en effet tout était parfaitement
rodé : labour profond et passage d’un
outil type herse rotative, plantation à la
main ou à la machine de 2 200 tiges hectare de plants de 2 ans en racines nues
(1S1*), d’origine contrôlée, suivie d’un
(ou deux) désherbage chimique. Et, dès
le début des années 90, la nécessité de
protections contre les dégâts de gibier.
Le prix de revient était assez élevé,
l’équivalent de 2 à 3 000 € l’hectare aujourd’hui. Avec 60 % environ des aides
octroyées l’année suivant la plantation et
le reste 4 ans après, la charge financière
initiale était importante. Comme l’aide
était forfaitaire, j’ai donc cherché à baisser ces coûts. Le semis a semblé être
une solution possible.
CW : entre la plantation dont la technique
et les coûts étaient à peu près maîtrisés
et l’inconnu du semis, le choix ne semblait-il pas risqué ?
BLN : je me souviens de la réflexion du
chef du SERFOB, me disant : « Pourquoi remettre en cause une méthode qui
marche et qui a fait ses preuves (il parlait
des plantations), vous allez brouiller tous
les repères ! ». A l’époque, le semis était
considéré comme un retour en arrière.
Avec Arnaud de CHITRAY, entrepreneur
de travaux forestiers en Mayenne, qui
réalisait mes chantiers, nous avons essayé de retrouver la technique des semis. Les questions étaient nombreuses :
• Où se procurer les semences, comment les conserver, les préparer ?
• Quand les mettre en terre, à l’automne,
au printemps ?
• A quelle profondeur les semer ?
• Après quelle préparation du sol, avec
quel matériel, et quelles précautions ?
• Comment gérer le désherbage et
l’éducation de la plantule jusqu’à ce
qu’elle soit tirée d’affaire ?
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Septembre 2013
CW : beaucoup de
questions, effectivement. Mettre
au point une technique fiable n’a
pas été trop long ?
BLN : en fait non.
La méthode s’est
affinée
rapidement car les semis de glands
s’apparentent à
tous les semis
agricoles. Le semis est un travail
de pépiniériste, de
« naisseur », qui
demande des précautions particulières. La plantule Semer nécessite de préparer le sol soigneusement et de maîtriser
est fragile et peut la végétation herbacée.
être détruite par une couverture végétale compactage et un travail superficiel du
excessive. Les graminées, notamment, sol sont préférables à un labour profond,
exercent une concurrence qui peut être
•se procurer des glands d’origine
mortelle.
certifiée, soigneusement récoltés et
conservés. Ne pas les laisser dans des
Quelques grands principes :
sacs et les semer dès leur livraison. Les
•désherber soigneusement les sols. attaques de moisissures sur les glands
Ils doivent être propres. L’idéal est que sortis du frigo et en sac sont rapides et
le semis soit précédé par des cultures dévastatrices. Le semis se réalise à la
agricoles qui, en éliminant le plus gros machine, à une profondeur de 3 à 5 cm.
des graines ou racines des principales La densité souhaitable me semble être
espèces adventices, « nettoient » le sol,
de 100 kg à l’hectare, soit 120 litres ou
•préparer très finement son sol. encore 15 000 glands. (un gland tous les
Sous-soler plutôt que labourer, et effec- 15 cm sur des lignes espacées de 3 m).
tuer un bon travail de surface. Un dé- La levée est d'environ 10 000 plants à
B. Longa - CRPF PDL
Confronté dans les années 1990 à la libération de terres agricoles, Bertrand Le Nail, aujourd’hui président du Centre
d’Etudes Techniques et Economiques Forestières de la Mayenne (CETEF 53), a décidé de se lancer dans leur boisement.
De formation agronomique, agriculteur et sylviculteur, il a profité de cette opportunité pour regarder, comprendre et
tester le semis de chêne, alors qu’à l’époque seule la plantation était préconisée. Aujourd’hui, il nous fait part de son
expérience de 20 ans.
CW : et pour le contrôle de la végétation
concurrente ?
BLN : le contrôle des adventices est important et d’autant plus délicat que la réglementation en matière d’herbicides en
forêt devient draconienne. Sur sol propre,
un passage annuel d’un outil pendant
trois à cinq ans est indispensable. Des
disques font très bien l’affaire et sont
préférables au rotovator qui bat le sol, ou
au cultivateur, qui, au-delà des années
N + 2 ou N + 3, risque de sectionner les
racines traçantes. Par ailleurs, ce dernier n’élimine pas les dicotylédones à
pivot (chardons, rumex …). En principe,
après 3 ans les jeunes arbres peuvent
atteindre 1 m. et leur croissance rattrape
celle des plants.
CW : la densité élevée
entraine
rapidement
une concurrence forte
qui pénalise la croissance et la stabilité.
Comment avez-vous
traité la question ?
BLN : dès que les
arbres dominants atteignent la hauteur de
3m, il est indispensable
ramener la densité à
2200 tiges hectare (3m
par 1,50 m) par un dépressage. La sélection
s’opère en gardant la
meilleure tige tous les
1 à 2 m environ. Ce
travail, effectué à la
tronçonneuse légère, Dépressage des semis : un coût à prendre en compte.
va demander trois journées d’homme à l’hectare. Les arbres • la gestion des semis est plus complisont coupés à 1 m du sol, pour ne pas
quée et nécessite plus de soins. Rése baisser et limiter la hauteur et le poids
aliser un semis de chêne demande
des tiges à ranger une ligne sur deux.
une solide compétence technique et
Lorsque les arbres dominants atteignent
impose souvent de passer par un prola hauteur de 5 m, leur densité est abaisfessionnel averti.
sée aux alentours de 1 000 à 1 200 tiges
par hectare, soit un espacement d'envi- Comme souvent en forêt dans le choix
ron 3 m par 2,50 m.
d’une option, l’approche économique doit
intégrer les spécificités du terrain et de
CW : alors, au bout de 20 ans, quelles l’environnement technique (contraintes,
conclusions ?
savoir faire, entreprises…).
BLN : les chantiers étudiés portent sur
plusieurs centaines d’hectares de se- Propos de Bertrand LE NAIL recueillis
mis et de plantation, effectués dans la par Christian WEBEN, ingénieur CRPF.
même région avec les mêmes soins, les
mêmes origines, des sols et des pluviométries comparables.
Au bout de 20 ans, les enseignements
sont les suivants :
• financièrement, si le semis est moins
cher à l’installation, le coût des dépressages efface en grande partie cette différence,
• le grand nombre d’arbres à l‘hectare
obtenu par semis (5 à 7 fois plus qu’en
plantation) est un atout incontestable.
Il augmente les chances d’avoir un
peuplement de très bonne qualité
grâce :
à l’accroissement des possibilités de
sélection,
à l’amélioration de la forme générale
des arbres avec beaucoup moins d’interventions en tailles de formation et
élagage,
à l’augmentation de la capacité à supporter les dégâts de gibier.
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B. Longa - CRPF PDL
l’hectare. L’excédent est préférable à la
pénurie, d’autant que le principal intérêt des semis est de disposer d’un très
grand nombre d’arbres pour bénéficier
d’une plus grande possibilité de sélection. Nous avons fait des essais à 60 kg
hectare, que nous avons regrettés. Entre
les attaques des prédateurs et la mortalité naturelle, la densité obtenue n’était
pas suffisante,
•semer au bon moment. En Mayenne,
il faut préférer les semis de printemps
à ceux d’automne. En effet, si le semis
d’automne, plus proche de la nature,
permet le développement du pivot pendant l’hiver, la vulnérabilité du gland à
l’humidité (avec les moisissures qui en
résultent), et aux prédateurs (corvidés,
sangliers, mulots …) rend la réussite de
sa levée aléatoire. Par contre, pour les
secteurs où le climat printanier et estival est plus sec, le risque d’échec est
plus fort pour les semis de printemps. (le
CRPF a travaillé la question au milieu
des années 90 et le choix de la période
de semis s’est révélé très dépendant des
caractéristiques du climat local).
Le semis de printemps doit cependant
être précoce pour que les deux premières feuilles de la plantule puissent
durcir avant la première apparition de
l’oïdium et que le pivot ait le temps de
descendre pour assurer une bonne alimentation en eau pendant la sécheresse
estivale. Semer au mois d’avril est le
plus favorable. Dans de bonnes conditions, avec le matériel adéquat (tracteur
et semoir) semer est très rapide, entre
10 et 20 ha/jour. Ensuite, il faut être patient, car la levée peut, parfois, s’étaler
sur plusieurs mois.
Pin maritime : place aux jeunes ! __________________
Avec 21 % des surfaces forestières (second derrière les chênes qui occupent 50 % des surfaces) et 25 % du volume
commercialisé, le pin maritime est un composant essentielle de la forêt régionale. Pour évaluer l’adéquation entre les
enjeux et la sylviculture pratiquée, Julie Papin, stagiaire au CRPF en 2011-2012, a mené une étude en Sarthe à partir des
données contenues dans les plans simples de gestion, complétées par la rencontre de propriétaires et de gestionnaires.
Un échantillon important de la pinède
sarthoise sous plan simple de gestion
Avec 20 000 ha de pin maritime, la Sarthe détient pratiquement le ¼ de la pinède régionale et 8 000 ha relèvent du
plan simple de gestion (PSG), seule
source d’information disponible sur la
gestion pratiquée. Aujourd’hui, dans ce
département, 90 % des surfaces concernées par l'obligation de plan de gestion
disposent de ce document. Seules les
forêts ayant une surface de pins supérieure à 4 ha ont été retenues, soit 206
PSG pour 4 000 ha de pinèdes.
Des pins maritimes vieillissants
Le bois produit doit permettre un approvisionnement régulier des entreprises
de transformation. Pour cela, toutes les
classes d'âge doivent couvrir une surface équivalente dans une zone géographique choisie, ici la Sarthe. Pour le pin
maritime, les classes d'âges habituelles
sont au nombre de 4, 0-15 ; 16-30 ; 3145 et 46-60 ans. Une cinquième classe
d'âge a été ajoutée, les plus de 65 ans,
car ils représentent une surface importante en Sarthe.
Les données contenues dans les PSG
(voir tableau ci-dessous) montrent que
la situation est assez équilibrée pour les
tranches d’âge 15-30 ans et 46-65 ans.
Le pic des 31-45 ans correspond aux
années 1970-1980, période de forte activité du fonds forestier national qui a incité à la transformation des peuplements
médiocres. Par contre, la classe des
jeunes avec moins de 5 % des surfaces,
très nettement insuffisante, et la présence d’une proportion significative de
Ages
des pins maritimes 0 - 14 ans
15 - 30 ans
31 - 45 ans
46 - 65 ans + de 65 ans
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Septembre 2013
%
de surface
5%
24 %
34 %
28 %
9%
très vieux peuplements, illustrent l’arrêt
des renouvellements. La stagnation des
prix et la réduction des aides forestières
sont passées par là.
Une sylviculture molle qui s’améliore
Dans les PSG, la rotation moyenne des
éclaircies prévues est de 7 ans, avec
une première éclaircie vers 20 ans. L’âge
moyen du renouvellement est de 68 ans.
Ces éléments traduisent une sylviculture
peu dynamique, sachant que, conduit de
façon plus proche de ses capacités, le
pin maritime atteint des dimensions commercialisables (45 cm de diamètre) vers
45 ans avec un optimum situé vers 50
ans. Cette approche globale est tempérée par l’analyse des relevés des densités moyennes des peuplements.
Aujourd'hui, les densités moyennes sont
plus faibles sur les peuplements de la
classe d’âge 30-39 ans que sur les peuplements plus âgés. C'est l'indication que
la sylviculture devient plus dynamique
grâce à des éclaircies convenables.
Le prévisionnel du PSG plus ou moins
mis en application
Reste que l’approche documentaire ne
renseigne que sur des intentions, le PSG
étant une déclaration d’un prévisionnel
d’actions. Pour évaluer l’éventuelle différence entre le projet et la réalité, l’état
des réalisations a été fait sur 31 PSG, 7
ayant prévu des renouvellements et des
éclaircies, 10 uniquement des renou-
vellements et 14 seulement des éclaircies. L’état des réalisations fait ressortir
que 58 % des éclaircies et 28 % des
renouvellements sont en retard de mise
en oeuvre. Ce constat est cependant à
aborder avec prudence. L’échantillon est
faible et l’analyse ne prend en compte ni
la durée du retard, ni l’état d’avancement
du programme. Un ou deux ans de retard
sur un PSG agréé depuis peu n’a pas la
même signification qu’une coupe en retard de plus de 5 ans sur un PSG agréé
depuis plus de 10 ans.
Le manque de renouvellement n’est
pas (encore) une fatalité
Tout ce qui n’a pas été renouvelé ces
quinze dernières années va évidemment
manquer. Deux leviers peuvent être actionnés dès maintenant pour éviter que
ce trou de production ne se creuse et
conduise à un problème d’approvisionnement de nos entreprises.
Le premier concerne les peuplements de
plus de 60 ans, il convient de les renouveler sans tarder. Au delà de 55 ans, la
croissance du pin maritime dans notre
région, ralentit fortement pour devenir
pratiquement inférieure à celle du chêne
après 65 ans. Le second, une sylviculture plus dynamique sur les peuplements
de 15 à 45 ans se met déjà en place avec
des rythmes d’éclaircie plus fréquents et
des prélèvements plus importants visant
à maintenir la surface terrière autour de
25 m ² dans cette classe d'âge.
Protection des forêts contre les incendies __
Dans le précédent numéro de Bois et Forêts en Pays de la Loire, il était indiqué que
notre région n’était pas concernée par le débroussaillement obligatoire, notamment
autour des habitations. En Sarthe, un nouvel arrêté préfectoral (n°2013009-0009 du
23 janvier 2013) renforce les mesures de prévention des incendies de forêts. Des débroussaillements le long de certains axes principaux et autour des habitations ont été
rendus obligatoires dans les communes du département, classées à risques moyens
(22 communes concernées) et élevés (28 communes concernées).
D. Balay - CRPF PDL
Carte des communes avec zones a risques de feux de forêt en Sarthe
Il faut penser à renouveler les vieux pins.
Conduits plus rapidement, ces peuplements arriveront à maturité vite et seront renouvelés plus tôt. Par ce moyen,
abaisser l’âge du renouvellement moyen
actuel de 68 à 55 ans permettra d'éviter
un trou de production problématique tant
pour nos forêts que pour nos entreprises.
Il est probable que ces conclusions
soient valables pour l'ensemble des pinèdes sous PSG de la région. Le CRPF
développe donc actuellement ses actions autour de 3 axes principaux que
sont le suivi des PSG agréés (prévention
des retards et d’éventuelles absences
de reboisement) et l'amélioration de la
sylviculture par la mise à disposition d’un
itinéraire sylvicole plus dynamique (disponible sur le site du CRPF).
Christian WEBEN
Ingénieur CRPF
Septembre 2013
7
Projet de restauration parcs ____________
B. de Grandmaison - CETEF 44
En bref…
Seize propriétaires de parcs en Région des Pays de la Loire ont donc suivi une formation
destinée à leur enseigner une méthode pour mieux connaître leur parc boisé et en engager la
rénovation. L'objectif est de réaliser un très bon état des lieux, de diviser le parc en secteurs
pour adapter à chacun d'entre eux un plan de gestion prévisionnel précisant dans le temps et
dans l'espace les travaux à réaliser.
Une approche de la biodiversité, les aspects financiers et fiscaux ont également été abordés.
Cette formation a été complétée par des exercices pratiques sur le terrain chez des propriétaires de parcs que nous remercions tout particulièrement. Les membres du CETEF remercient
également les animateurs qui ont été fortement appréciés : Dominique Balay (CRPF), P. Bazin,
M.E. Héraud (architectes-paysager) et O. Rialland (consultant). Dès à présent, des projets de
restauration sont en phase de réalisation notamment à travers la rédaction de PSG volontaires.
Rappel : devant l'intérêt porté à ce projet, une deuxième session débutera fin 2013, début
2014. Les inscriptions seront limitées à 15 nouveaux candidats des Pays de la Loire.
Inscrivez-vous au plus vite en nous laissant un message sur [email protected]
Il est nécessaire d'être adhérent au Syndicat des Propriétaires Forestiers de votre département pour suivre cette formation labellisée "Fogefor".
CETEF de Loire-Atlantique
Le Fogefor Parc en 2013.
Les autres formations "label Fogefor" en 2014_
Journal d’information forestière
publié par le Centre Régional
de la Propriété Forestière des
Pays de la Loire, délégation
régionale du Centre National
de la Propriété Forestière
36 avenue de la Bouvardière
44800 Saint-Herblain
Tél.02 40 76 84 35 • Fax 02 40 40 34 84
Mel : [email protected]
Sites : www.foretpriveefrancaise.com
www.crpf-paysdelaloire.fr
Directeur de la publication :
F.-X. DUBOIS
Rédaction : C. WEBEN
Réalisation : F. AVERTY
Trimestriel : abonnement gratuit
Imprimerie GRAPHY PRIM’ • Nantes
3ème Trimestre 2013
n° ISSN 1253-2185
Document réalisé avec le concours
financier de la Région des Pays de
la Loire et du Ministère
de l’Agriculture, de l’AgroAlimentaire
et de la Forêt
8
Septembre 2013
Tous les renseignements nécessaires sont disponibles sur le site du CRPF ou sur simple demande : tél. 02 40 76 84 35 - mel : [email protected]
Les prochaines journées d'information du CRPF
27/09 Briosnes les Sables (72) Programmer et appliquer les bonnes pratiques sylvicoles
27/09 Auverse (49)
Préparer l'exploitation d'une coupe de bois
30/09 Chailland (53)
Préparer l'exploitation d'une coupe de bois
07/10 La Chevrolière (44)
Boisement de chêne sessile ; de la plantation à la 1ère éclaircie
18/10 Chenu (72)
Du taillis à la futaie : vingt ans de sylviculture du chêne
25/10 Averton (53)
Douglas : de la plantation à la récolte
04/11 Bouère (53)
Le suivi du plan simple de gestion : de la rédaction à l'application
15/11 Saffré (44)
Boisements de pins Laricio et maritime : de la plantation à la seconde éclaircie
29/11 La Chapelle d'Aligné (72)Préparer l'exploitation d'une coupe de bois
Pour tous renseignements sur ces réunions gratuites et ouvertes à tous,
et pour s'inscrire, consulter le site www.crpf.fr ou contacter le C.R.P.F. au 02.40.76.84.35
ou [email protected]
10-31-1280/certifié PEFC/pefc-france.org
Le Fogefor : des exercices pratiques
en forêt.
Le CRPF vous propose deux autres formations labellisées FOGEFOR en 2014 :
• un cycle de base ouvert à tous les propriétaires forestiers désireux de connaître l’essentiel
sur la forêt, sa gestion, sa fiscalité, son environnement, sans oublier le cubage et la commercialisation des bois. Sur 10 jours (un par mois de mars à décembre), elle ne nécessite
aucune connaissance forestière particulière et alterne la théorie en salle le matin et la pratique sur le terrain l’après midi. Le nombre de participants est limité à 25 pour faciliter les
échanges d’expérience et de points de vue.
• un cycle thématique « rédaction des plans simples de gestion (PSG) » destiné aux propriétaires forestiers souhaitant réaliser eux même leur PSG. Au cours de trois journées (une par
mois d’avril à juin) l’animateur du cycle vous fournira les éléments, en salle le matin et sur le
terrain l’après midi, qui vous permettront de rédiger votre document. Le nombre de participants est fixé à 15 personnes.

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