Tableau IV Le Dix septième siècle : Corneille (Le cid), Molière

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Tableau IV Le Dix septième siècle : Corneille (Le cid), Molière
Voyage en théâtrie :
Tableau IV
Le Dix septième siècle : Corneille (Le cid), Molière (Les
Précieuses ridicules)
Arrivée du cortège, espace scénique vide, plongé dans la pénombre, sur le côté les
deux précieuses ridicules installées dans des fauteuils. Arlequin, Colombine et
l’Antique intiment le silence au public et installent les spectateurs en arc de cercle.
Un homme (le Conte traverse l’espace, il est apostrophé par Rodrigue).
L'Antique : Nous sommes en 1637. Le CID, tragédie écrite par Corneille, connaît un succès
retentissant. En voici un extrait.(le montrant) Rodrigue, surnommé Le Cid, est l'amant de la
belle Chimène, fille du Comte Gomès. Problème ! Le comte a insulté Don Diegue, le père de
Rodrigue. Celui-ci est donc dans l'obligation de laver cet affront. (montrant la maison) Mais je
vois le comte sortir de sa maison !
Rodrigue : A moi Comte deux mots !
Le Conte : Parle.
Rodrigue : Ote moi d’un doute,
Connais-tu bien Don Diègue ?
Le Conte : Oui.
Rodrigue : Parlons bas ; Ecoute.
Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu,
La vaillance et l’honneur de son temps ? Le sais-tu ?
Le Conte : Peut-être !
Rodrigue : Cette ardeur que dans les yeux je porte,
Sais-tu que c’est son sang ? Le sais-tu ?
Le Conte : Que m’importe ?
Rodrigue : A quatre pas d’ici je te le fais savoir.
Le Conte : Jeune présomptueux !
Rodrigue : Parle sans t’émouvoir.
Je suis jeune il est vrai, mais aux âmes bien nées
La valeur n’attend point le nombre des années.
Le Conte : Te mesurer à moi ! Qui t’a rendu si vain,
Toi qu’on n’a jamais vu les armes à la main !
Rodrigue : Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître.
Le Conte : Sais-tu bien qui je suis ?
Rodrigue : Oui ; et tout autre que moi
Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d’effroi.
Les palmes dont je vois ta tête si couverte
Semblent porter écrit le destin de ma perte.
J’attaque en téméraire un bras toujours vainqueur,
Mais j’aurai trop de force, ayant assez de cœur.
A qui venge son père il n’est rien d’impossible.
Ton bras est invaincu mais non pas invincible.
Le Conte : Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens.
Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ;
Et croyant voir en toi l’honneur de la Castille,
Mon âme avec plaisir te destinait ma fille
Je sais ta passion, et suis ravi de voir
Que tous ses mouvements cèdent à ton devoir ;
Qu’ils n’ont point affaibli cette ardeur magnanime ;
Que ta haute vertu répond à mon estime,
Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait,
Je ne me trompais point au choix que j’avais fait.
Mais je sens que pour toi ma pitié s’intéresse ;
J’admire ton courage, et je plains ta jeunesse.
Ne cherche point à faire un coup d’essai fatal ;
Dispense ma valeur d’un combat inégal ;
Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire ;
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
On te croirait toujours abattu sans effort ;
Et j’aurai seulement le regret de ta mort.
Rodrigue : D’une indigne pitié ton audace est suivie :
Qui m’ose ôter l’honneur craint de m’ôter la vie !
Le Conte : Retire-toi d’ici.
Rodrigue : Marchons sans discourir.
Le Conte : Es-tu si las de vivre ?
Rodrigue : As-tu peur de mourir ?
Le Conte : Viens, fais ton devoir, et le fils dégénère
Qui survit un moment à l’honneur de son père.
(Sortie des protagonistes, bruits de duel conclu par un « ah ! Je meurs » du Conte.
L'Antique : Le lendemain, au même endroit ...
Arrivée de Chimène et Colombine sur l’espace, Rodrigue surgit l’épée à la main).
Chimène : Elvire où sommes-nous ? Et qu’est-ce que je vois ?
Rodrigue en ma maison ! Rodrigue devant moi !
Rodrigue : N’épargnez point mon sang, goûtez sans résistance
La douceur de ma perte et votre vengeance.
Chimène : Hélas !
Rodrigue : Ecoute-moi.
Chimène : Je me meurs.
Rodrigue : Un moment.
Chimène : Va, laisse moi mourir.
Rodrigue : Quatre mots seulement,
Après ne me répond qu’avec cette épée.
Chimène : Quoi ? Du sang de mon père encore toute trempée !
Rodrigue : Ma Chimène…
Chimène : Ote-moi cet objet odieux
Qui reproche ton crime et ta vie à mes yeux.
Rodrigue : Regarde-le plutôt pour exciter ta haine,
Pour croître ta colère, et pour hâter ma peine.
Chimène : Il est teint de mon sang.
Rodrigue : Plonge-le dans le mien,
Et fait lui perdre ainsi la teinture du tient.
Chimène : Ha quelle cruauté, qui tout en un jour tue
Le père par le fer, la fille par la vue !
Ote moi cet objet, je ne le puis souffrir,
Tu veux que je t’écoute et tu me fais mourir.
Rodrigue : Je fais ce que tu veux, mais sans quitter l’envie
De finir par tes mains ma déplorable vie ;
Car enfin n’attends pas de mon affection
Un lâche repentir d’une bonne action :
De la main de ton père un coup irréparable
Déshonorait du mien la vieillesse honorable
Tu sais comme un soufflet touche un homme de cœur ;
J’avais part à l’affront, j’en ai cherché l’auteur,
Je l’ai vu, j’ai vengé mon honneur et mon père ;
Je le ferais encore, si j’avais à le faire.
Ce n’est pas qu’en effet contre mon père et moi
Ma flamme assez longtemps n’ai combattu pour toi :
Juge de son pouvoir, dans une telle offense
J’ai pu douter encore si j’en prendrai vengeance
Réduit à te déplaire, ou souffrir un affront ;
J’ai retenu ma main, j’ai cru mon bras trop prompt,
Je me suis accusé de trop de violence :
Et ta beauté sans doute emportait la balance,
Si je n’eusse opposé contre tous tes appas
Qu’un homme sans honneur ne te méritait pas,
Qu’après m’avoir chéri quand je vivais sans blâme
Qui m’aima généreux, me haïrait infâme,
Qu’écouter ton amour, obéir à sa voix,
C’était m’en rendre indigne et diffamer ton choix.
Je sais qu’un père mort t’arme contre mon crime,
Je ne t’ai pas voulu dérober ta victime,
Immole avec courage au sang qu’il a perdu
Celui qui met sa gloire à l’avoir répandu.
Chimène : Ah ! Rodrigue ! Il est vrai quoique ton ennemie,
Je ne puis te blâmer d’avoir fui l’infamie,
Et de quelque façon qu’éclatent mes douleurs,
Je ne t’accuse point, je pleure mes malheurs.
Je sais ce que l’honneur après un tel outrage
Demandait à l’ardeur d’un généreux courage.
Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien,
Mais aussi le faisant tu m’as appris le mien.
Ta funeste valeur m’instruit par ta victoire ;
Elle a vengé ton père et soutenu ta gloire,
Même soin me regarde, et j’ai, pour m’affliger,
Ma gloire à soutenir et mon père à venger.
Mais il me faut te perdre après l’avoir perdu ;
Et pour mieux tourmenter mon esprit éperdu,
Avec tant de rigueur mon astre me domine,
Qu’il me faut travailler moi-même à ta ruine ;
Car enfin n’attends pas de mon affection
De lâches sentiments pour ta punition :
De quoi qu’en ta faveur notre amour m’entretienne
Ma générosité doit répondre à la tienne.
Tu t’es en m’offensant montré digne de moi
Je me dois par ta mort montrer digne de toi.
Rodrigue : Ne diffère donc plus ce que l’honneur t’ordonne
Il demande ma tête et je te l’abandonne,
Fais-en un sacrifice à ce noble intérêt,
Le coup m’en sera doux aussi bien que l’arrêt.
Chimène : Va, je suis ta partie, et non pas ton bourreau.
Si tu m’offre ta tête est-ce à moi de la prendre ?
Je la dois attaquer mais tu dois la défendre.
C’est d’un autre que toi qu’il me faut l’obtenir
Et je dois te poursuivre et non pas te punir.
Rodrigue : De quoi qu’en ma faveur notre amour t’entretienne,
Ta générosité doit répondre à la mienne.
Et pour venger un père emprunter d’autres bras,
Ma Chimène, crois moi, c’est n’y répondre pas ;
Ma main seule du mien a su venger l’offense,
Ta main seule du tien doit prendre la vengeance.
Chimène : Cruel, à quel propos sur ce point t’obstiner ?
Tu t’es vengé sans aide et tu veux m’en donner !
Je suivrai ton exemple et j’ai trop de courage
Pour souffrir qu’avec toi ma gloire se partage ;
Mon père et mon honneur ne veulent rien devoir
Aux traits de ton amour, ni de ton désespoir.
Rodrigue : Rigoureux point d’honneur ! Hélas ! Quoi que je fasse
Ne pourrai-je à la fin obtenir cette grâce ?
Au nom d’un père mort ou de notre amitié,
Punis-moi par vengeance ou du moins par pitié.
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
A mourir par ta main, qu’à vivre avec ta haine.
Chimène : Va, je ne te hais point.
Rodrigue et Arlequin : Tu le dois.
Chimène & Colombine : Je ne puis.
Cathos et Magdelon se lèvent, applaudissent et gloussent des « bravos, bravos ».
Cathos : Excellent !
Magdelon : Excellentissime !
Cathos : Sublime !
Magdelon : Sublimissime !
Cathos : Divin !
Magdelon : Divinissime !
Cathos : A ce pâmer !
Magdelon : A ce damner !
Mascarille : (Qui a observé la scène) au public : Ah, voici sans doute ici Cathos et
Magdelon, les deux précieuses notoires dont Molière a parlé.
Confondons ces pédantes,
Voyons si leur bêtise
Atteint les hautes cimes.
(Après avoir salué) : Mesdames, vous serez surprises, sans doute, de mon audace ; mais votre
réputation vous attire cette méchante affaire, et le mérite a pour moi des charmes si puissant,
que je cours partout après lui.
Magdelon : Si vous poursuivez le mérite, ce n’est pas sur nos terres que vous devez le chasser.
Cathos : Pour voir chez nous le mérite il a fallu que vous l’y ayez amené.
Mascarille : Ah ! Je m’inscris en faux contre vos paroles. La renommée accuse juste en
contant ce que vous valez ; et vous allez faire pic, repic et capot tout ce qu’il y a de galant dans
Paris.
Magdelon : Votre complaisance pousse un peu trop avant la libéralité de ses louanges ; et
nous n’avons garde, ma cousine et moi, de donner de notre sérieux dans le doux de votre
flatterie.
Cathos : Ma chère, il faudrait faire donner des sièges.
Magdelon : Holà, Almanzor !
Arlequin : Madame
Magdelon : Vite, voiturez-nous ici les commodités de la conversation.
Colombine (reprenant en la parodiant la réplique de Magdelon) : Vite voiturez-nous les
commodités de la conversation.
Arlequin (même ton et en allant chercher les fauteuils) : Je voiture, je voiture madame.
Mascarille : Mais au moins y-a-t-il sûreté, ici pour moi ?
Cathos : Que craignez-vous ?
Mascarille : Quelque vol de mon cœur, quelque assassinat de ma franchise. Je vois ici des
yeux qui ont mines d’être de fort mauvais garçons.
Magdelon : Ne craignez rien : Nos yeux n’ont point de mauvais desseins et votre cœur peut
dormir en assurance sur leur prud’hommie.
Cathos : Mais de grâce monsieur, ne soyez pas inexorable à ce fauteuil qui vous tend les bras,
contentez un peu l’envie qu’il a de vous embrasser.
Colombine (à Arlequin) : Que dit-elle ?
Arlequin : Que,… que…
Mascarille : Que je peux poser mon cul sur le fauteuil.
Eh bien, mesdames, que dites-vous de Paris ?
Magdelon : Hélas ! Qu’en pourrions-nous dire ! Il faudrait être l’antipode de la raison pour ne
pas confesser que Paris est le grand bureau des merveilles, le centre du bon goût, du bel esprit
et de la galanterie.
Mascarille : Pour moi je tiens que hors de Paris il n’y a point de salut pour les honnêtes gens.
Cathos : C’est une vérité incontestable.
Mascarille : Il y fait un peu crotté mais nous avons la chaise.
Colombine : La chaise ?
Arlequin : Mais oui la chaise, la chaise à porteur !
Magdelon : Il est vrai que la chaise est un retranchement merveilleux contre les insultes de la
boue et du mauvais temps.
Mascarille : Vous recevez beaucoup de visites : Quel bel esprit est des vôtres ?
Magdelon : Hélas nous ne sommes pas encore connues ; mais nous sommes en passe de l’être.
Cathos : Et nous avons une amie particulière qui nous a promis de nous amener ici tout ces
messieurs du Recueil des pièces choisies.
Mascarille : C’est moi qui ferai votre affaire mieux que personne. Figurez-vous qu’ils me
rendent tous visite et que je ne me lève jamais sans une demi-douzaine de beaux esprits.
Magdelon : Mon dieu, nous vous serons très obligées de la dernière obligation si vous nous
faites cette amitié car enfin il faut avoir la connaissance de tous ces messieurs là si l’on veut
être du beau monde.
Cathos : Ce sont eux qui donnent le branle à la réputation dans Paris.
Colombine : Qui donne quoi ?
Arlequin : Le branle…
Colombine : Eh ben dis donc.
Magdelon : Et vous savez qu’il y en a tel dont il ne faut que la seule fréquentation pour vous
donner bruit de connaisseuse. Mais pour moi, ce que je considère particulièrement, c’est que,
par le moyen de ces visites spirituelles, on est instruite de cent choses qu’il faut savoir de
nécessité, et qui sont de l’essence d’un bel esprit.
Cathos : On apprend par là chaque jour les petites nouvelles galantes, les jolis commerces de
prose et de vers.
Magdelon : On sait à point nommé : qu’un tel a composé la plus jolie pièce du monde sur tel
sujet ; qu’une telle a fait des paroles sur tel air ; que celui-ci a fait un madrigal sur une
jouissance ; que celui-là a composé des stances sur l’infidélité.
Cathos : Qu’un autre en est à la troisième partie de son roman, que cet autre met ses
ouvrages sous la presse.
Magdelon : C’est cela qui vous fait valoir en compagnie et si l’on ignore ces choses je ne
donnerai pas un clou de tout l’esprit qu’on peut avoir.
Cathos : En effet, je trouve que c’est renchérir sur le ridicule, qu’une personne se pique
d’esprit et ne sache pas jusqu’au moindre petit quatrain qui se fait chaque jour.
Mascarille : Il est vrai qu’il est honteux de n’avoir pas des premiers tout ce qui se fait. Mais
ne vous mettez pas en peine, je veux établir chez vous une académie des beaux esprits, et je
vous promets qu’il ne se fera pas un bout de vers dans Paris que vous ne sachiez par cœur avant
tous les autres.
Pour moi, tel que vous me voyez je m’en escrime un peu quand je veux… A ce propos, il faut
que je vous dise un impromptu que je fis hier chez une duchesse de mes amis que je fus visité ;
car je suis diablement fort sur les impromptus.
Cathos : L’impromptu est justement la pierre de touche de l’esprit.
Mascarille : Ecoutez donc.
Magdelon : Nous y sommes de toutes nos oreilles.
Mascarille : (Chanté) Oh ! Oh ! Je n’y prenais pas garde.
Tandis que, sans songer à moi, je vous regarde,
Votre œil en tapinois me dérobe mon cœur.
Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur.
Cathos : Ah ! Mon dieu ! Voilà qui est poussé dans le dernier galant.
Mascarille : Tout ce que je fais a l’air cavalier ; cela ne sent point le pédant ?
Magdelon : il en est éloigné de plus de deux mille lieux.
Mascarille : Avez-vous remarqué ce commencement : « Oh ! o h ? » Voilà qui est
extraordinaire, « Oh ! oh ? » Comme un homme qui s’avise tout d’un coup, « oh ! oh ? » La
surprise : « Oh ! oh ? »
Magdelon : Oui, Je trouve ce « Oh ! Oh ? », admirable.
Mascarille : Et il semble que cela ne soit rien.
Cathos : Ah mon dieu que dites-vous ? Ce sont là de ces sortes de choses qui ne se peuvent
payer.
Magdelon : Sans doute et j’aimerais mieux avoir fait ce « Oh ! Oh ? », qu’un poème épique.
Mascarille : Tudieu ! Vous avez le goût bon !
Magdelon : Eh ! Je ne l’ai pas tout à fait mauvais.
Mascarille : Mais n’admirez-vous pas aussi : « Je n’y prenais pas garde ? », « je n’y prenais pas
garde », je ne m’apercevais pas de cela : façon de parler naturelle : « je n’y prenais pas
garde ».
« Tandis que sans songer à mal » Tandis qu’innocemment, sans malice comme un pauvre
mouton : « Je vous regarde » C’est-à dire je m’amuse à vous considérer, je vous observe, je vous
contemple.
« Votre œil en tapinois »… Que vous semble de ce mot : « tapinois ? ». N’est-il pas bien choisi ?
Cathos : Tout à fait bien.
Mascarille : « Tapinois », en cachette : Il semble que ce soit un chat qui vient de prendre une
souris : « Tapinois ».
Magdelon : Il ne se peut rien de mieux.
Mascarille : « Me dérobe mon cœur », Me l’emporte, me le ravit. « Au voleur, au voleur, au
voleur, au voleur », ne diriez-vous pas que c’est un homme qui crie et qui court après un voleur
pour le faire arrêter ?
« Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur ».
Magdelon : C’est le fin des choses, le grand fin, le fin du fin ! Tout est merveilleux, je vous
assure. Je suis enthousiasmée de l’air et des paroles.
Cathos : Je n’ai encore rien vu de cette force là.
Mascarille : Tout ce que je fais me vient naturellement, c’est sans étude.
Magdelon : La nature vous a traité en vraie mère passionnée et vous en êtes l’enfant gâté.
Mascarille : A quoi dons passez-vous le temps ?
Cathos : A rien du tout.
Magdelon : Nous avons été jusqu’ici dans un jeûne effroyable de divertissement.
Mascarille : Je m’offre à vous mener à la comédie ; On doit jouer une nouvelle pièce que je
serai bien aise que nous voyons ensemble.
Magdelon : Cela n’est pas de refus.
Mascarille : Mais je vous demande d’applaudir comme il faut car je me suis engagé de faire
valoir la pièce, et l’auteur m’en est venu prier encore ce matin et quand j’ai promis à quelque
poète je crie toujours : « Voilà qui est beau ! » avant même que la pièce ne commence (riant).
Cathos : C’est assez, puisque nous sommes instruites nous ferons notre devoir de nous écrier
comme il faut tout ce qu’on nous dira !... Mais au fait comment se nomme-t-elle ?
Mascarille : Qui donc ?
Magdelon : La pièce… Quel est son intitulé ?
Mascarille (très fort) : Les Précieuse Ridicules.
Cathos (riant bêtement) : Les Précieuse Ridicules ? Quel drôle de titre !
Magdelon (riant bêtement) : Les Précieuses Ridicules !... Cela peut-il exister ? (tout le
monde rit différemment, suivant les personnages.)

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