PUNCH ET JUDY EN AFGHANISTAN Adultes, ados

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PUNCH ET JUDY EN AFGHANISTAN Adultes, ados
Théâtre des Marionnettes de Genève
Dossier presse – saison 2011 - 2012
PUNCH ET JUDY EN AFGHANISTAN
Un spectacle du Stuffed Puppet Theatre (NL)
DU 30 MAI AU 3 JUIN 2012
Conception, texte
et interprétation : Neville Tranter
Assistance à la
mise en scène : Tim Velraeds
Spectacle en anglais surtitré en français
60 minutes
Adultes, ados
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Le spectacle
1. L’histoire
Au pays de Kate Middleton et
du Prince William, un chômeur
au long cours, Emil, semble ne
pas
se
souvenir
d’avoir
réellement travaillé un jour. Il
participe à un jeu télévisé
intitulé
« Une
seconde
chance ».
En
guise
de
nouveau départ, il y gagne un
aller simple et un périple en
Afghanistan. Il y rejoint un
marionnettiste pratiquant le
Punch et Judy en Afghanistan
théâtre aux armées : une
manière de distraire les
troupes coalisées grâce à un
show de marionnettes. Devenu assistant du maître de marionnettes, Emil tient à réaliser la
traditionnelle virée d’excursion à dos de chameau. Sauf qu’effrayé par un flash, l’animal détale en
direction de Tora Bora, là où habite un mystérieux Punch Bin Laden. Lorgnant sur l’actualité, la
création immerge le couple meurtrier le plus célèbre du théâtre anglais, Punch et Judy, dans un
grand bain féerique et cruel, drôle et diablement révélateur de la guerre.
Le marionnettiste Nigel part à la recherche d’Emil et croise un casting impressionnant inspiré
de l’univers des époux meurtriers, Punch et Judy. Comme c’était à espérer et à prévoir, toute
ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existés n’est pas purement fortuite.
Sur la piste du disparu, on croise ainsi le policeman sous les traits d’un casque bleu français,
Jean-Claude, désorienté et perturbé par un milieu hostile et incompréhensible. Mais aussi un
vendeur de chameau retors qui a l’aspect d’un Roi du pétrole. Ou la Mort, elle même,
métamorphosée en bébé yeti amoureux de ses proies. Au bout du chemin, le mari tueur en
série s’appelle désormais Punch Bin Laden et son hospitalité culinaire a quelque chose de
définitif. Son épouse, elle, souhaite améliorer son anglais. Quoi de mieux que ses visiteurs
occidentaux, otages de son rapport amoureux à la langue de Shakespeare ? Buvard théâtral
de l’actuel conflit en Afghanistan, cette création intrigue et fascine en décalant des images
vues sur le net. A la jonction entre imaginaire fantastique et réalité brute, le comédien et
marionnettiste Neville Tranter a déjà proposé avec bonheur notamment "Cuniculus" et
"Vampyr" au TMG. Il utilise ici le plaisir et le langage coloré des spectacles traditionnels de
"Punch et Judy" pour confronter naïveté et cynisme.
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2. Face à la marionnette
Entretien avec Neville Tranter, metteur en scène, acteur et manipulateur.
Vous imaginez un marionnettiste, qui
se
rend
en
Afghanistan
afin
d’entretenir le moral des troupes
alliées.
Neville Tranter : Il a fallu concevoir une
situation à la fois imaginaire et ancrée
historiquement
où
déployer
les
personnages archétypaux de la version et
déclinaison anglaises de Guignol qu’est
Punch & Judy. Avec ces autres figures
emblématiques et incontournables : le
policeman, le bébé. Mais aussi le
crocodile devenu ici un homme d’affaires
Punch et Judy en Afghanistan
vendant des sacs à cadavres (« Body
Bags »), car chaque guerre a ses affaires
fructueuses. La mort est un personnage que le public a de la peine à oublier. Il a l’air innocent,
candide, enfantin, tout ne l’étant au fond pas du tout.
Accompagné de son assistant en Afghanistan, le marionnettiste commet une erreur le premier jour de
son périple. Les deux compères se rendent en dehors du camp afin de réaliser quelques excursions
touristiques, ce qui leur était formellement défendu. Il en résulte une recherche désespérée de cet
assistant qui, prenant une photo sur un chameau, fait paniquer l’animal. Ce dernier l’entraîne loin à
l’intérieur du désert.
J’interprète le manipulateur. Partant à la recherche de cet assistant, je rencontre sur ma route les
caractères que l’on retrouve de manière permanente dans les déclinaisons de Punch et Judy, donc
fidèle à une tradition théâtrale. Le marionnettiste croise ainsi Punch alias Oussama Ben Laden
réfugié alors dans la zone tribale. Et plus particulièrement à Tora Bora : un réseau de cavernes
situées dans les montagnes de Safed Koh dans l'Est de l'Afghanistan.
Qu’est-ce qui vous a intéressé en revisitant cette pièce célèbre du répertoire anglais de la
marionnette à gaine ?
À mon sens, ce qui est intéressant est de se rendre compte de l’incroyable force d’archétypes
traditionnels lorsqu’on les convoque. L’action se déroule notamment à Tora Bora, qui vit en 2001
s’affronter des Talibans avec notamment les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, troupes
coalisées tentant de capturer Ben Laden. Tora Bora (« poussière noire » en pachtoune) fut l’une des
places fortes des Talibans et de leurs alliés avant sa chute, en décembre 2011.
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Le spectacle se fixe dans les traits caractéristiques que
l’on retrouve au 18e siècle : une forme de méchanceté
absolue se déroulant dans un contexte de non-sens,
d’absurde débridé. Aux prises avec les pouvoirs, Punch
choisit la fuite en avant et commet crime sur crime.
L’ensemble brosse la peinture ironique et vitriolée d’une
révolte contre toute forme d’autorité.
Quel est le ton de cette création ?
Il ne s’agit en aucun cas d’une pièce moralisatrice pointant
tel ou tel acteur d’un conflit en cours. S’il existe un
message, il est relatif à la naïveté et peut-être à
l’arrogance avec lesquelles l’Occident aborde certains
problèmes en Afghanistan. Tout cela est passé de manière
éminemment suggestive. Les spectateurs qui ont
découvert cette création me disent qu’ils se sont rarement
sentis aussi proches de certaines réalités de ce conflit qui
est pourtant souvent présent dans les médias.
Punch et Judy en Afghanistan
Je joue une dizaine de personnages. Leur présentation est ainsi fort compacte, épurée et
minimaliste, tout en préservant un grand impact sur le public, en stimulant son imagination sur un
sujet aussi sensible que l’Afghanistan. Il y a un « effet de distanciation », au sens brechtien du
terme. On prend une situation historique dans laquelle sont introduits des protagonistes
marionnettiques appartenant à une tradition spécifique fort éloignée du théâtre des opérations et
pourtant révélatrice de ce dernier.
L’atmosphère est teintée d’un humour noir pressé à froid, excessif et qui dépasse parfois les
bornes. Un « humour de pendu », selon l’expression consacrée. L’effet est qu’une situation peut
être à la fois très drôle et puissamment émouvante.
Quels sont les principaux éléments qui diffèrent du Punch et Judy traditionnel ?
Les Muppets, dont la bouche mobile peut s’articuler pour parler et s’exprimer, sont fort éloignées
dans leur réalisation des formes originelles et canoniques des représentations du répertoire de
Punch et Judy. Si je convoque les personnages traditionnels, les archétypes de ce fleuron du
théâtre de rue, il s’agit d’une version singulière de ce show marionnettique.
Contrairement à certaines déclinaisons de Punch et Judy, il y a ici peu de chansons, hors celle
entonnée par la figure de la mort. Dans la tradition, la dimension violente est donnée par la
présence de bâtons comme dans Guignol en France. Je ne frappe néanmoins pas à l’aide de
bâtons au fil de Punch et Judy en Afghanistan. La violence est ici dans les mots et c’est ainsi que
l’on peut la ressentir. Le spectacle compte donc des jeux de mots en anglais où plusieurs sens sont
à l’œuvre. Mais même en Allemagne où j’ai joué le spectacle, ces tours ironiques de la langue sont
perceptibles par le plus grand nombre.
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Enfin, un castelet est utilisé pour figurer notamment une montagne ou un champ de pavots,
l’Afghanistan étant devenu le plus grand exportateur d’opium au monde. Mais les marionnettes sont
aussi manipulées à la main devant ce castelet. Je montre parfois la marionnette disparaissant
derrière le castelet, puis comme dans un numéro de magie, elle réapparaît au gré de sa
performance.
3. Conte cruel sur fond de conflit afghan
I
l existe une longue tradition de la marionnette de théâtre populaire, souvent jouée dans la rue. En
Allemagne, ils l'appellent Kasperl & Gretl, dans les Pays-Bas Jan Klaassen & Katrijn, en France et
en Angleterre, Guignol, Punch et Judy. Ne vous attendez pas à de la finesse et de la morale dans ce
genre de théâtre !
Je voulais faire une pièce de théâtre, différente par son thème et sa forme, de ce que j'avais réalisé
au préalable. Et j’avoue que cela a été très inspirant. Je voulais préserver le plaisir et l'immédiateté
du Punch et Judy dans l’écoute et la réception de leur fable, tout en explorant une thématique plus
profonde : qu'est-ce qui se passe lorsque la naïveté et le cynisme viennent à se rencontrer ?
Je raconte l'histoire de Nigel, un marionnettiste, qui est venu en Afghanistan afin de divertir les
troupes alliées. Son assistant, Emile, veut faire un voyage touristique à dos de chameau. La lampe
de poche de la caméra Nigel effraie le chameau, qui s'enfuit, pris de panique avec Emile toujours sur
son dos. Ils disparaissent dans la direction de Tora Bora.
Nigel essaie alors de retrouver son assistant. Cette quête l'amène à Tora Bora, où il tombe sur Punch
Bin Laden. Nigel se retrouve en danger extrême, mais survit et raconte ce qui s'est passé à Emile.
Outre Nigel, personnage d’une grande naïveté et candeur, nous rencontrons le journaliste de la
télévision sans cœur qui ne s'intéresse qu'aux scoops, et un soldat nerveux de l’ONU, qui semble en
porte-à-faux avec la réalité de ces régions difficiles.
Les Occidentaux sont présentés comme inadaptés à la rudesse de l'Afghanistan. Punch Bin Laden et
son épouse sanguinaire, Judy, semblent parfaitement maîtriser la situation. Ils s'amusent à jouer au
chat et à la souris avec Nigel. Mais auraient-ils pu imaginer que quelqu’un leur échapperait afin d’aller
raconter son histoire à Kaboul ?
Neville Tranter
4. La marionnette à gaine
Aussi appelées marionnettes à mains ou «Guignols», ces marionnettes sont surtout utilisées
pour un style de jeu rapide. Elles peuvent aussi prendre des objets avec assez d’aisance.
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Catégorie de marionnettes dont la manipulation se fait par le bas. Cette marionnette est constituée
d'une tête creuse montée sur un costume de tissu fixé à la base du cou. On la manipule en plaçant
la main à l'intérieur du costume ; on passe un ou deux doigts dans le cou et les autres doigts dans
chacun des bras, ce qui permet d'exercer un contrôle direct sur les mouvements. La tête et les
mains de la marionnette à gaine peuvent être fabriquées de matériaux solides (bois, futée, papier
mâché) ou flexibles (tissu, caoutchouc mousse, latex). La marionnette à gaine n'a habituellement
pas de jambes; lorsqu'elle en a, elles pendent sans être manipulées.
5. La tradition de Punch et Judy
Le Punch and Judy Show est un spectacle de
marionnettes très apprécié des enfants en
Grande-Bretagne. Les représentations ont le
plus souvent lieu dans un jardin public ou sur
une plage. On y retrouve les personnages de
Punch le Bossu, de sa femme Judy, avec qui
il se querelle constamment, et de leur chien
Toby.
Le spectacle est composé de courtes scènes
dans lesquelles Punch est présent avec un
autre personnage. Traditionnellement, le
spectacle
est
réalisé
par
un
seul
marionnettiste, appelé Professor, qui est donc
capable de contrôler deux marionnettes à la
fois.
Punch et Judy en Afghanistan
Scénario traditionnel
Pris de jalousie, Punch décide d'étrangler son bébé. Judy court pour le sauver, et frappe Punch avec
un gourdin jusqu'à ce que ce dernier, exaspéré, ramasse à son tour un gourdin et frappe sa femme
jusqu'à la tuer. Il jette ensuite les deux corps hors de la maison, ce qui attire l'attention d'un policier.
Punch se sauve mais est finalement arrêté par l'Inquisition qui le jette en prison. Il parvient cependant
à s'échapper grâce à une clé dorée. Le reste de l'histoire est une allégorie montrant comment Punch
parvient à triompher des maux de la chair : il triomphe ainsi de l'Ennui (incarné par un chien), de la
Maladie (déguisée en docteur), de la Mort et même du Diable.
Un certain Punch
Punch est un bossu habillé en bouffon, et son nez crochu touche presque son menton. Il porte un
bâton aussi grand que lui, qu'il utilise à son gré sur les autres personnages. Il possède une voix
rauque produite à l'aide d'un instrument appelé swazzle ou swatchel que le Professor met dans sa
bouche. Une réplique célèbre de Punch est : « That's the way to do it ! » (« C'est comme ça qu'il faut
faire ! »). Le spectacle de Punch and Judy tire ses origines de la commedia dell’arte italienne. Les
personnages de Punch et Judy dérivent de ceux de Pulcinello et de Joan. Le premier compte-rendu
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écrit sur ce fleuron du théâtre de rue anglais date du 9 mai 1662. De nos jours, la plupart des
représentations sont notamment réalisés le long des plages pendant les vacances d'été.
6. De bien étonnantes Muppets
Trois questions à Neville Tranter, comédien et metteur en scène
Comment débutez-vous le travail sur une
création ?
Neville Tranter : Tout démarre dans ma tête :
je commence par visualiser les personnages.
L'histoire vient seulement ensuite, à partir du
nombre fixe de personnages que j'ai imaginés.
En réalité, une image s'impose à moi, et la
marionnette en fait partie dès le début, qui
résumera toute la pièce et de laquelle tout va
découler. Je suis un acteur et ma démarche
avec les marionnettes est celle d'un acteur.
D'ailleurs il n'y a pas qu'elles qui bougent sur
scène : moi aussi je joue un personnage.
Punch et Judy en Afghanistan
Comment considérez-vous la marionnette ?
Après trente ans, je suis bien sûr toujours en recherche et je suis encore souvent surpris par les
possibilités qu'offrent les marionnettes. Le secret d'une bonne marionnette, c'est sa façon de bouger.
Les arts de la marionnette s'ouvrent aujourd'hui à d'autres disciplines, la vidéo par exemple. En ce
qui me concerne, c'est plutôt l'inverse qui se produit : je tends à revenir à plus de simplicité. Je pense
que plus un effet est simple, plus il est fort. Et les marionnettes sont suffisamment puissantes par
elles-mêmes. Bien que je ne sois pas danseur, je considère également qu'un spectacle de
marionnette se pense comme une chorégraphie. Chaque mouvement est étudié, pensé, précisé. La
seule façon de trouver un personnage est de trouver son rythme.
Et votre rapport au public ?
De toute façon, puisque sur le plateau je suis seul à manipuler plusieurs marionnettes, du début à la
fin du spectacle, je suis forcément très impliqué physiquement. C'est même un sacré sport ! Et puis il
y a le public. Un spectacle est un dialogue constant avec le public. Les marionnettes que j’utilise
interagissent directement avec le public. Les marionnettes sont des acteurs incomparables parce
que, pourvu qu'elles soient bien manipulées, le public ne doute jamais d'elles. Il accepte
instantanément qu'elles soient vivantes, qu'elles bougent.
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Le spectateur éprouve d'abord un sentiment de surprise en voyant la marionnette bouger et ensuite, il
l'accepte comme personnage et, bien qu'il sache qu'il ne s'agit que de matière, il transcende ce
savoir. Et ceci renforce énormément l'illusion. Par exemple : mes créations comportent beaucoup de
texte, et c'est moi, sur scène avec les marionnettes, qui dit ce texte. Le public voit ma bouche bouger.
Chez un vrai ventriloque, vous ne voyez aucun mouvement de visage quand il parle. Mais alors le
public ne cesse de se demander "comment fait-il ?". Tandis qu'avec moi, ils n'ont pas à se poser
cette question. Je ne cache pas le fait que je fais les voix des autres personnages. Les spectateurs le
comprennent dès la première minute et ils l'acceptent. Et je pense que l'illusion n'en est que plus
forte.
7. Neville Tranter
Comédien et marionnettiste australien installé aux PaysBas avec sa compagnie le Stuffed Puppet Theater, Neville
Tranter tient en haleine les scènes du monde entier depuis
bientôt trente ans. Il a développé un univers dans lequel le
marionnettiste manipule à vue et prend part à l'action en
tant que personnage. Il a réalisé de nombreux spectacles
toujours d'une folle originalité, fabriquant ses marionnettes
(la plupart du temps à taille humaine), écrivant ses textes
et jouant en direct.
Neville Tranter est né en 1955 à Toowoomba (Australie)
où il termine ses études de dramaturgie en 1976. Il fonde
le Stuffed Puppet Theatre la même année. Après une
participation de la troupe au Festival of Fools à Amsterdam
en 1978, Neville Tranter s’établit aux Pays-Bas, où son jeu
Vampyr
acquiert sa maturité visuelle et émotionnelle. Sa manière
brutale, sans règles apparentes mais poétique, confronte
le public avec ses angoisses, ses peurs, ses rêves et ses désirs exprimés par les poupées de taille
humaine.
Seul sur scène, Neville Tranter combine souvent un décor minimal avec des techniques
sophistiquées pour le son et la lumière. Quant au texte, il est parfois un mélange de drames, de
préoccupations quotidiennes et de réflexions dénuées de toutes concessions. Un alliage qui suffit à
convertir ceux qui doutaient du pouvoir des marionnettes.
Toujours poétiques, impitoyables, brutales ou drôles, les thèmes abordés par Neville Tranter ne sont
pas pour le jeun e public. Il aime explorer les méandres de l’âme humaine.
Personnages historiques et fantastiques
Hitler, Molière, Frankenstein, Dracula : aucun démiurge ou monstre ne résiste à la patte poétique et
ironique de Tranter, qui prête une vie foisonnante à ses personnages.
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Pour la saison 2003-2004, Il a présenté au Théâtre des Marionnettes de Genève : « Schickelgrüber »
alias Adolf Hitler. Berlin, avril 1945. Les soldats russes sont aux portes de Berlin. Adolf Hitler, reclus
dans son bunker, vit ses derniers instants. Le plafond est prêt à s’effondrer. Neville Tranter propose
une descente dans le bunker d’Hitler. En uniforme et seul sur scène, il manipule les personnages
avec virtuosité, campe tous ses personnages et livre une vision à la fois fidèle et fantasque de ce
chapitre sombre de l’histoire.
Son Molière (saison 2004-2005) emprunte son cadre à la commedia dell'arte. Habile mélange des
genres, les marionnettes pratiquent allègrement l'impertinence aux dépends de celui qui les
manipule. Figure de valet, il est battu ou s'entretient avec ses maîtres. Pourtant, il continue à tirer les
ficelles : il mène ses personnages au conflit, confond les bureaucrates, fait mourir Molière en scène
puis décide de le rappeler à la vie.
Au détour de la saison 2005-2006, c’est Re : Frankenstein qui s'appuie sur le texte de Mary Shelley
Godwin tout en évitant les fioritures pour aller à l'essentiel : la perte de l'innocence, l'amour qui se
mue en haine, l'orgueil qui rend coupable mais aussi l'ambition démesurée qui masque la réalité.
Montré lors de la saison 2007-2008, Vampyr est une histoire qui nous parle de nos rituels, de nos
craintes, de courage et de lâcheté, du romantisme et de la perte de l'innocence. Ce récit sur la fidélité
et la déloyauté fera peut-être même couler quelques gouttes de sang... Dans la lignée des portraits
grinçants de Molière, de Schickelgrüber et de
Frankenstein, Neville Tranter dresse un
tableau de famille bien inquiétant pour
évoquer ce conte aux parfums de
Scandinavie, épicé d'horreur et d'humour.
Opéra
En janvier 2007, il signe au TMG Acis et
Galatée, opéra de Georg Friedrich Händel.
Ces dernières années, le marionnettiste a
multiplié les collaborations avec orchestres et
Acis et Galatée
ensembles lyriques. Parallèlement, il met sur
pied des séminaires, qui offrent la possibilité
à des chanteurs d’opéra d’apprendre à manipuler et synchroniser leur voix avec des marionnettes.
Travail qui mène à un premier essai fort probant : la représentation de Oresteia, opéra de Yannis
Xenakis, produit par le Musiktheater Holland Diep en 2005. Pour la première fois, il fait évoluer
ses« puppets » dans le monde lyrique. Avec la création d’Acis et Galatée, Neville Tranter a fait ses
premiers pas en tant que metteur en scène. Pour ce, il s’appuie essentiellement sur la version
anglaise de l’opéra de Händel datant de 1718, d’après un livret de John Gay. Décrit comme un
aimable « masque » pastoral, cette œuvre, de part sa qualité manifeste, ne dépareille certainement
pas au milieu du reste de la production lyrique de Händel.
Histoire de survivants
En ouverture de la saison 2009-2010 du TMG, Tranter joue avec une communauté de lapins dans
Cuniculus. Ce huis clos rappelle ceux du théâtre de l’absurde et du théâtre de la catastrophe qui en
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Angleterre de Samuel Beckett à Sarah Kane en cheminant par Edward Bond arpente les blessures
de l’attente, le dénuement, les sévices fait aux humains et les corps réduits à leurs fonctions
biologiques primaires. Jusque dans la gestion des silences, de la désespérance ainsi que de
situations comico-tragiques, comme l’incontinence de l’un des lapins.
Comment ne pas songer aussi, dans une veine d’anticipation, à l’œuvre
d’un autre Australien, le cinéaste Georges Miller et son opus culte, Mad
Max (1979), sa communauté de résistants, son univers défini par les
règles de la seule survie ? Mais on peu aussi penser au film plus
suggestif de Neil Shyamalan, Le Village (2004). Le réalisateur choisit une
veine d’épouvante rurale, à l’ancienne, en prenant pour décor un hameau
perdu dans une étrange forêt. Ses personnages sont organisés en
communauté, avec ses rites et ses terreurs ancestrales.
Servi par une poésie vénéneuse et funèbre traversée d’une bande son
anxiogène, que viendra illuminer au final une chanson de Bob Dylan,
Cuniculus offre une vision apocalyptique, un humour ravageur et toujours
cette folie tonique si singulière de Neville Tranter. Cette création, comme
une comédie tragique hors normes, fascine, questionne, joue de tous les
plans et nous emporte dans un fantastique proche du réel. En effet,
comment ne pas reconnaître les états de sièges qui touchent des
populations civiles aux quatre coins de la planète devant survivre malgré
les bombardements et les conflits qui font rage ?
Cuniculus
Horaires des représentations
Représentations publiques
PUNCH ET JUDY EN AFGHANISTAN
Mer
30 --19h00
Mai
Jeu
31 --19h00
Ven
1 --19h00
Juin
Sam
2 --20h00
Di
3 --17h00
Réservations : 022 807 31 07 ou www.marionnettes.ch
Pour des informations complémentaires :
Bertrand Tappolet
Théâtre des Marionnettes de Genève
3, rue Rodo - cp 217 - 1205 genève 4
tél. +41 22 807 31 04
mobile +41 79 79 517 09 47
e-mail [email protected]
Davantage d’informations sur : www.marionnettes.ch
T
TT
Théâtre des Marionnettes de Genève - Rue Rodo 3, 1205 Genève / Tél. 022/807.31.00 fax 022/807 31 01
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