Interview avec Nelly Favez, employée de Magasin du Monde à
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Interview avec Nelly Favez, employée de Magasin du Monde à
22 septembre 2010 Steve Weisshaupt, Louis Jacob Une alternative au libéralisme COMMENT PUIS-JE AMELIORER LA VIE D’UN AGRICULTEUR DU TIERSMONDE DANS MON QUOTIDIEN EN TANT QUE SIMPLE CITOYEN SUISSE ? Le commerce équitable On entend beaucoup parler de producteurs de bananes ou d'oranges qui sont très mal traités et qui vivent dans de misérables conditions et sont mal payés. C'est en effet là, une des conséquences du capitalisme et de la société libérale, dans lesquels les entreprises font la course pour le prix le plus bas. C'est pourquoi, à partir des années septante, s'est développé un mouvement altermondialiste nommé: le commerce équitable. Il s'agit d'un commerce qui assure un revenu correct aux producteurs afin de pouvoir vivre dans de meilleures conditions de vie. Mais comment le commerce équitable a-t-il été créé? Quels sont les mécanismes de ce marché et que veut dire « équitable » ? Beaucoup de personnes se sont intéressées à ce problème notamment Valéry Bezençon, titulaire d'un doctorat sur le commerce équitable de l’Université de Neuchâtel. Si le commerce équitable existe de nos jours, c'est parce que beaucoup d'entreprises des pays du Nord se sont installées dans les pays en voie de développement pour y piquer les matières premières et les vendre à bas prix, profitant d'une main-d’œuvre bon marché, même très bon marché: il existe aujourd'hui encore des producteurs de bananes, par exemple, qui sont très mal nourris et logés dans de simples cabanes où ils vivent en promiscuité. C'est ainsi que depuis le début des années septante, le mouvement du commerce équitable a commencé (1974, Magasins du Monde), puis il s'est développé (WFTO,World Fair Trade Organization, 1989). Il commença, dès lors, à prendre de l'ampleur sur le commerce mondial. Selon M. Bezençon, le commerce équitable s'est amplifié jusqu'à 10% par année depuis le début du siècle, mais ces dernières années, il s'est un peu stabilisé, surtout en Suisse. Néanmoins, la gamme de produits équitables reste restreinte et se limite souvent aux produits finis. Car si, par exemple, on veut produire du chocolat équitable, il faut que le cacao, le lait, les noisettes et tous les autres ingrédients soient équitables, alors qu’une pomme, il suffit que celle-ci le soit pour qu'on puisse parler d'un produit équitable. « Sans les grands supermarchés comme Coop et Migros, le commerce équitable n'aurait pas l'importance qu'il a actuellement ». M. Bezençon explique qu'il y a deux sortes de commerce équitable: d'une part il y a justement les grandes distributions qui vendent de tout et notamment des produits loyaux. Elles pratiquent le même commerce, mais adapté et labellisé. D'autre part il y a les petits magasins qui ont des relations particulières avec les producteurs, mais où tous les produits ne sont pas forcément labellisés. Pour en savoir plus sur ces petits commerçants, nous avons interrogé Nelly Favez qui travaille depuis de nombreuses d'années au Magasin du Monde à Neuchâtel. Magasins du Monde: Alternative au commerce de grande distribution Au commencement, le magasin du monde de Neuchâtel n'était qu'un stand que l'on sortait durant les marchés. Depuis 1993, il se situe dans un petit local au centre-ville dans lequel règne une atmosphère chaleureuse et conviviale. Les magasins du monde (MdM) en Suisse ont une politique de solidarité vis-à-vis des producteurs et des consommateurs. Ils font en sorte que les producteurs obtiennent de justes prix pour leurs produits, car le libéralisme actuel ne leur permet pas de bénéficier d'une plus-value sur leurs 22 septembre 2010 Steve Weisshaupt, Louis Jacob produits. De plus, les ventes sont assurées par des bénévoles. Les MdM contactent de manière directe les producteurs qui leur fournissent leurs articles. Cependant, la plupart passent par l'intermédiaire de Claro ou d’autres magasins spécialisés dans le commerce équitable. Le 80% des articles disponibles proviennent de ses revendeurs agréés et les 20% restants proviennent des agriculteurs locaux. Les produits et la main-d'œuvre particulièrement, sont soumis à des normes qui doivent être respectées. Des associations comme la « World Fair Trade Organisation » s'assurent que les organisations équitables respectent ces conventions pour éviter les abus et l'exploitation des travailleurs. La clientèle, quant à elle, a confiance en les MdM et lui est très fidèle. Elle est sensible aux problèmes d'inégalités dans les pays en voie de développement et fait de son mieux pour contribuer à cette réconciliation entre l'économique et le social. C’est surtout pour cette raison qu’elle choisit d’acheter dans les MdM. Il y a eu des accords entre multinationales et États, notamment en France où Buffalo Grill a laissé des aires d'autoroutes aux paysans régionaux afin qu'ils puissent y vendre leurs fruits. Mais à long terme, cela n'aidera pas car Magasin du Monde de Neuchâtel : En plus de proposer des produits il n'y a pas de structure commerciale, le alimentaires, des objets décoratifs et des bijoux sont aussi proposés pour magasin du monde devient alors le contribuer aussi à l’expansion de l’artisanat et des arts. moyen le plus sûr pour les producteurs de garantir les revenus qu'ils leur sont dus. Dans un futur proche, on peut imaginer que les magasins du monde auront une place plus importante sur le marché mondial, compte tenu des délocalisations qui se font de plus en plus, on ne pourra bientôt plus trouver des produits régionaux car ils seront produits en Inde ou en Asie. Les agriculteurs n'ont d'autres solutions que de passer au commerce équitable afin de pouvoir continuer à vivre de manière correcte.