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FICHE SUPPORT
Leçon 6: Une Nation start-up
Séquence 5:
Les facteurs de réussite: "l'armée, l'immigration russe et ... la mère
juive"
Selon Yossi Vardi, qui est un peu le ‘pape’ de la high tech israélienne, le succès de ces
industries de pointe tient d’abord à des facteurs endogènes au système israélien, qu’il
décrit par trois données : «l’armée, l’immigration russe et … la mère juive». L’analyse
est intéressante, tant la high tech israélienne est le fleuron d’une politique industrielle
tournée vers l’excellence scientifique, l’encouragement à l’initiative et l’exportation.
•
L’Industrie d’armement:
Il semble étonnant de commencer l’analyse du secteur de la high tech avec le secteur de
l’armement. Mais peut être que tout commence par-là, et pas seulement pour les
entreprises du secteur qui font figure de pionnier. L’incroyable machine de guerre d’Israël
(voir Annexe 1) exporte annuellement 7,5 milliards de dollars (2012), soit un doublement
en 10 ans. Israël est le 5ème producteur mondial d’armement, avec 7 % de ce marché.
Israël consacre près de 6% de son PIB à la défense, soit plus de 16 milliards $ dont 3
donnés par les EU. Israël est devenu le leader mondial des drones (cf dernier né: Urban
Mule pour le transport), avec des modèles allant de 13 grammes à 5 tonnes. Autre
exemple: Elbit a fourni 11 000 casques pour les pilotes de chasseurs français, russes et
américains (85% du marché mondial). La stratégie de l’industrie d’armement est limpide:
devenir le leader mondial sur des marchés de niches où Israël n’est pas concurrent des
Etats-Unis (cf affaire du Lavi dans les années 80, affaire du satellite pour les Chinois à la
fin des années 90). Cette industrie est progressivement privatisée (cf. IAI).
Le succès de la high tech israélienne et de ses liens avec l’armée affaire n’est pas
seulement affaire de technique. L’armée a bien évidemment des effets quantitatifs, et
d’abord sur la R&D. Mais surtout, l’armée inculque un esprit d’entreprise incontestable
comme l’on bien mis en évidence Dan Senor et Saul Singer, dans leur ouvrage à succès,
La Nation start-up1. Des entrepreneurs combattants : dans ce chapitre de leur livre, les
deux auteurs mettent en avant des caractéristiques culturelles inculquées par l’armée à
une jeunesse qui consacre deux ou trois ans de sa vie à l’armée. Les victoires militaires,
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Paris, Maxima, 2001.
et d’abord celle de 1967, ont provoqué dans la population un « sentiment
d’invulnérabilité». Ensuite, l’organisation militaire encourage la délégation de
responsabilité. Le ratio officiers/soldats est de 1/5 dans l’armée américaine, de 1/9 dans
l’armée israélienne. Au grade de « commandant de compagnie », on trouve des jeunes de
23 ans qui ont sous leur responsabilité une vingtaine d’officiers et sous-officiers, une
centaine de soldats et trois véhicules. Le faible nombre d’habitants a conduit à bâtir une
armée de conscription, c'est-à-dire une armée populaire appuyée sur ses réservistes.
Cette dernière caractéristique – qui peut conduire un professeur à se retrouver sous les
ordres de l’un de ses étudiants, un patron sous les ordres de ses employés - bouleverse
les hiérarchies, et fait que dans l’armée, les soldats israéliens ne sont pas totalement
tributaires de leur grade, et voient leur compétence prise en compte. De ce fait, l’armée
inculque une culture de la responsabilité, mais aussi de la contestation, et par-dessus tout,
fonde le consensus national : contrairement à la légende, la société israélienne n’est pas
une société consensuelle, sauf dans l’adversité. Il y a aussi peut-être un facteur culturel
plus profond qui est celui de la religion. Amos Oz a écrit à ce sujet: le judaïsme entretient
«une culture du doute et de la dispute, un jeu ouvert d’interprétations et de contreinterprétations, de réinterprétations, d’interprétations contradictoires …» A ce propos on
notera que ces qualités sont précisément celles de l’informatique, où s’insèrent nombre
d’ultra-orthodoxes dotés d’une solide formation talmudique ...
•
L’immigration russe:
De 1989 à 1999, environ, soit en une dizaine d’années, une très forte immigration
(800 000 personnes) de l’ex-Union soviétique a amené en Israël des milliers d’ingénieurs
et de techniciens très bien formés, et prêts à travailler pour des niveaux d’emplois et de
salaires inférieurs à celles de leurs homologues européens, américains … En d’autres
termes, l’industrie high tech israélienne a bénéficié d’une main d’œuvre bien formée et bon
marché. Le président de l’industrie électronique, à cette époque, parlait de cette
immigration, comme d’une «bénédiction».
•
Quant à la mère juive …
Il n’y a pas que cela. Le pays est obsédé par l’exportation (Simy Epstein). La nécessité
d’exporter ne répond pas seulement à la nécessité de corriger le déséquilibre commercial
qui a toujours existé. Cela traduit également la volonté de briser le boycott, l’hostilité de la
plupart des pays voisins, le besoin de lutter contre ce sentiment d’isolement physique, de
claustrophobie. On ajoutera parmi les facteurs culturels favorables à l’exportation, la
diversité des origines de la population, la maîtrise de langues étrangères qui en résulte,
les liens familiaux et/ou amicaux avec le pays d’origine (cf. France, Russie …) qui peuvent
devenir autant de débouchés.
Illustrations Séquence 5
Illustration 1
Portrait de Yossi Vardi

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