Robert Baud, vrai premier candidat à l`élection présidentielle de 2012

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Robert Baud, vrai premier candidat à l`élection présidentielle de 2012
Ecole de journalisme de Sciences Po
Robert Baud, vrai premier candidat à l'élection présidentielle de 2012
Soumis par BAÏETTO Thomas
Le 11 octobre, le site Bibliobs annonçait que l'écrivain Renaud Camus, allait se déclarer candidat à l'élection
présidentielle française de 2012. Le lendemain, Rue89 reprenait l'information sous le titre "Renaud Camus, premier
candidat à la présidentielle de 2012". Un titre qui a peut-être vexé Robert Baud, dont la candidature est officielle
depuis... le 5 septembre. Il a conduit les bus de la RATP, soigné les hippopotames nains du zoo de Vincennes et joué
l'homme de main dans la célèbre série télévisée américaine Dallas. Après une vie professionnelle bien remplie,
Robert Baud, 62 ans, s'est lancé à la conquête du seul métier qui manque à son CV : président de la République
française. Portrait de ce "Marcel Barbu" moderne.
Crédit photo: Thomas Baïetto
Edité par Amandine Briand
S'ilparvient à réunir les signatures nécessaires, Robert Baud sera probablement le seul candidat à la prochaine élection
présidentielle dont le CV mentionne une apparition dans la série Dallas. C'était dans les années 1990 et à l'époque,
Robert ne portait pas la moustache. Quelques épisodes de la célèbre série télévisée américaine sont tournés à Paris.
Robert se rend à un casting, place de la République. "Ils cherchaient untype grand, sportif, et capable de parler un peu
anglais". 160 personnes sont là, mais c'est Robert qui est choisi. Il n'est pas particulièrement intéressé par la série. C'est
peut-être pour cela qu'ilest en retard le jour-J. "Je suis arrivé pile poil, mon remplaçant était déjà prêt", s'amuse-t-il. Ce
jour-là, près du pont de Bir Hakeim, il tue Jordan Lee, l'ami du père de JR Ewing, dans une cabine téléphonique. Robert
Baud en route pour 2012
Longtempsfigurant pour le cinéma et la télévision, Robert Baud, retraité toulousain, s'est maintenant engagé en
politique. Déjà sur les rangs en 2007, il remet ça pour 2012, avec la ferme intention de réunir cette fois-ci les précieuses
500 signatures nécessaires pour être candidat. Pour ce faire,il a créé un parti politique, "Aux gens de bonne volonté",
qui regroupent selon ses calculs une centaine de personnes. Robert est également présent sur le réseau
socialFacebook. De manière volontaire avec un profil personnel qu'il met régulièrement à jour mais également à son insu,
avec un groupe ironiquement nommé "Robert BAUD est le mec" qui regroupe aujourd'hui 29 moqueurs. Il a également
un site internet personnel, robertbaud.fr, dontla page la plus remplie s'intitule "mon parcours" et énumère une multitude
de petits boulots en tout genre: déménageur, conducteur de busà la RATP, soigneur au Zoo de Vincennes, ouvrier
spécialisé dans la fabrication de sacs d'aspirateur chez Aspisac, forain à la foire du Trône, garçon de restaurant à Enghien et
... journaliste pigiste pour différents quotidiens. Son programme
Lapage "mon programme" est nettement moins fournie: 303 mots contre 1109 pour la précédente. Son programme,
résolument de gauche, tient pour l'instant en dix points, plutôt vagues, où la gestion de l'eau est dit-illa préoccupation
principale. "On a de l'eau potable et on s'en sert pour évacuer notre merde alors que des gens meurent de soif"
dénonce-t-il. Il propose de récupérer l'eau des toits pour les chasses d'eau par un procédé dont il garde le secret. "Je
ne vais pas tout dévoiler mais je peux créer 2000 à 5000 emplois tout de suite avec ce projet" explique-t-il. Il n'en dira
donc pas plus, pour ne pas se faire prendre ses idées et "donner la pâté aux chiens".
Robert à Woodstock Ledéséquilibre constaté sur Internet se retrouve au cours de l'entretien.Peu bavard sur son
programme politique, Robert est en revanche intarissable lorsqu'il s'agit d'évoquer son histoire personnelle. A tel point
que le doute s'installe rapidement. En 1969, Robert est sous les drapeaux mais se blesse au ménisque. Dans les
journaux, il entend parlerd'un festival de musique, Woodstock, quelque part aux États-Unis. Profitant de sa
convalescence, il prend pour la première fois l'avion etse rend sur place. Malgré son mauvais anglais, Robert
s'approche des caravanes métalliques qui tiennent lieu de loges. "Maintenant on ne peut plus passer comme ça. Il faut
montrer quatre fois pattes blanches alors qu'on a qu'une main". Devant une caravane, Jimi Hendrix. "J'ai parlé trois
minutes avec lui, je lui ai demandé ce qui l'inspirait, il m'a répondu Dieu, le ciel, le soleil et la terre". Hendrix donc, mais
aussi Carlos Santana, Joe Cocker et Tina Turner, que Robert assure avoir croisée alors qu'elle n'était pas présente à
Woodstock...
Lamusique et les activités culturelles, un univers dans lequel Robert a gravité bien après 1969. Eric Bos, l'un de ses
proches amis, fait sa connaissance en 1981. Il a alors 14 ans et colle des affiches pour ACALMIA, l'Association
Culturelle d'Action pour la Libération de la Musique et des Idées Artistiques, que Robert a fondée. "Je le suivais dans
les pubs, aux concerts. J'ai rencontré des gens, Higelin, les Rita Mitsouko, Lavilliers". Robert, "c'est un martien, il est
passé à travers des choses fabuleuses". Robert au Pakistan
Dufabuleux, de l'incroyable, Robert en a à revendre. Après Woodstock, ce périple de l'été 1974. D'abord, Paris-Istanbul
puis, direction l'Inde, ralliée avec les moyens du bord en une quinzaine de jours. Sur le chemin, la frontière entre l'Iran et
le Pakistan. Robert la franchit en compagniede deux contrebandiers, juchés sur la moto de l'un d'entre eux. Au poste
frontière, alors que le pilote de Robert s'arrête, le second tentede passer en force. Les douaniers se lancent à ses
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trousses. Sur le sable, les chameaux des douaniers le rattrapent. C'est menotté entre deux agents que Robert le
retrouve dans le bus qu'il vient d'attraper de l'autre côté de la frontière. Leurs regards se croisent. "Il m'avait montré deux
entailles sur son couteau, c'était un tueur" se rappelle Robert.
"Il a eu zéro signature de parrainage en 2007" Aujourd'hui,le quotidien de Robert est plus tranquille. Il partage son temps
entre son petit appartement HLM du quartier Soupetard à Toulouse et le domicile de son fils, à Clamart. Il se lève tôt pour
rédiger son programme, passe des coups de fils aux médias pour attirer l'attention sur sa candidature et organiser ses
soutiens. Il ne manque aucune manifestation contre la réforme des retraites, même si cet invalide qui ne se sépare pas
de sa canne en sort avec "les jambes broyées".
Pasde financement, peu de couverture médiatique, la campagne de Robert estmal engagée. Lui assure que l'on
entendra parler de lui. Gilbert Laval,correspondant de Libération à Toulouse, est le seul journaliste présent à laconférence
de presse où Robert a officialisé sa candidature. Il est sceptique: "il a eu zéro signature de parrainage en 2007, il va au
moins doubler la mise ce coup-ci."
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