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LIVRES Essais Le Paris Asie 150 ans de présence de la Chine, de l’Indochine, du Japon… dans la capitale (1854-2004) Pascal Blanchard, Éric Deroo La Découverte/Achac, 2004, 223 pages, 49,90 euros Dans le prolongement du livre Le Paris noir (Achac-Hazan, 20012002) et du livre Le Paris arabe (Achac-La Découverte-Génériques, 2003), Le Paris Asie raconte l’histoire d’un regard sur deux siècles (1854-2004), en images, de présence et d’immigration des populations venues d’Asie dans Paris. Les populations que rassemble Le Paris Asie sont originaires d’une aire géographique vaste, regroupant l’ex-Indochine française (Laos, Cambodge et Viêtnam), la Chine, le Japon, les deux Corée, la Birmanie, la Thaïlande (anciennement Siam), la Malaisie, Hong Kong, Singapour, Macao et l’Indonésie. Autant de populations perçues depuis deux siècles par les Parisiens et les Français dans ce concept restrictif et identitaire d’“Asiatiques”, longtemps qualifiés de “jaunes” dans les imaginaires. Un phénomène migratoire important existe dans la plupart des grandes métropoles européennes où l’on constate l’apparition d’espaces urbains fortement marqués par la présence étrangère. Paris n’échappe pas à la règle, et c’est grâce à une abondante iconographie que nous pouvons retracer l’histoire d’un Paris Asie sur un temps long. Si l’immigration “visible” de la communauté asiatique n’a véritablement émergé qu’au début du XXe siècle, l’histoire de la présence “asiatique”, dans les imaginaires et dans la presse française et parisienne et par le biais d’une abondante littérature et des collections royales, remonte au Grand Siècle. Plus de 500 documents inédits ou méconnus seront utilisés pour ce projet d’édition, sur une base iconographique de 8 000 à 9 000 documents répertoriés, listés et légendés. Cela se double d’un travail de recherche historique menée par des spécialistes de la question (1 600 références bibliographiques), en liaison avec deux équipes de recherche, Achac et Génériques, qui coordonnent les personnes ressources identifiées (une soixantaine de chercheurs et de spécialistes), ainsi que 90 fonds iconographiques institutionnels et privés. Les auteurs Pascal Blanchard, historien, chercheur au CNRS, est président de l’Achac, (Association connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine). Il est auteur (et coauteur) de nombreux ouvrages, dont Zoos humains, La Découverte, 2002. Éric Deroo, auteur-réalisateur, chercheur au CNRS, est auteur (et coauteur) de nombreux documentaires télévisés et ouvrages, dont Zoos humains, La Découverte, 2002. Boire et manger en Méditerranée Paul Balta Sindbad, 2004, 143 pages, 28 euros Notre ami Paul Balta nous propose aux éditions Sindbad un livre sur la cuisine méditerranéenne : Livres Boire et manger en Méditerranée. Il nous guide, dans son ouvrage, avec la chaleur d’un homme de 143 l’Égypte et d’Alexandrie, cette cité lucide, partageuse et ironique, qui contemple l’agitation de notre monde de si loin dans l’histoire que rien n’y paraît vraiment sérieux. Dans le subtil pastel des illustrations de Fabien Seignobos, sur des pages couleur de l’huile éternelle avec laquelle les hommes se nourrirent, s’enduisirent, se parèrent, se guérirent, celle de l’olive miraculeuse, le lecteur vagabonde avec un sage qui ne manque pas de le rassasier aux étapes de recettes inattendues ou classiques, des plages aux déserts, de la datte à la figue, du hammam au patio, de Rome à Istanbul ainsi que de Gibraltar à Beyrouth. À lire et à garder dans sa cuisine pour exécuter les recettes d’un vrai voyageur, double d’un gourmand subtil et avisé. Rochdy Alili Checkpoint Azmi Bishara traduit de l’arabe (Palestine) par Rachid Akel Actes Sud, 2004, 342 pages, 22,80 euros Azmi Bishara est un Palestinien de l’intérieur, un Arabe israélien. Professeur de philosophie à l’université Bir Zeit de Ramallah, il siège depuis 1996 à la Knesset comme représentant du Rassemblement national démocratique, un parti laïque né d’une scission au sein du parti communiste. Nouveau venu en littérature, ce bientôt quinquagénaire est l’auteur de plusieurs essais et articles de presse écrits en arabe et en hébreu. Cette première œuvre littéraire révèle un homme doué d’une forte puissance d’observation et de sensibilité, un ton, aussi, fait de distance critique, d’humour et de gravité contenue. Les checkpoints, ce sont littéralement ces points de contrôle, ces 144 barrages mis en place par l’armée israélienne pour contrôler les déplacements des Palestiniens. Ils divisent l’espace, absorbent le temps et barrent “aux gens les chemins de la vie”. Il y en aurait plus de sept cents installés à Gaza, en Cisjordanie et du côté de Jérusalem Est. C’est ici que se déroulent les cinquante-neuf variations sur le checkpoint, prétextes à décrire le quotidien palestinien sous occupation mais aussi à croquer un tableau de la société israélienne. Ces variations pourraient paraître poétiques, fantastiques même, pourtant elles ne sont que le reflet minutieux d’un réel “qui dépasse en créativité et en sincérité” la poésie, la création, l’art même. Les checkpoints se sont tout appropriés : espace, temps, hommes, représentations, mentalités, langues… Ils sont devenus un mode de vie, une culture, la quintessence même de la vie des Palestiniens. Les pays euxmêmes se déclinent ici en “État” ou “Maîtres des checkpoints”, dotés d’une “armée de défense checkpointesque” et en “Pays des checkpoints”. Espace de domination et de despotisme pour les uns, il est désespoir et humiliation pour les autres. Le checkpoint transforme tout. À cause de lui, les routes se sont multipliées : il y a celles pour les Israéliens et les autres pour les Palestiniens qui eux-mêmes s’ingénient, usant leurs véhicules et leur santé, à trouver des voies de contournement (des checkpoints, bien sûr) forçant alors l’occupant à mettre en œuvre “des dispositifs de contournement et de contournement du contournement”. Plus que de longs discours, Azmi Bishara montre les impasses d’une politique qui doit sans cesse monter d’un cran dans l’ubuesque sophistication et l’absurdité pour prétendre à la paix. Signe que cela ne tourne pas rond, que cela ne tourne pas du tout. Avec les checkpoints, les cafés et les restaurants ont disparu, les taxis jaune façon new-yorkais ont cédé la place à des Ford blanches conduites par des jeunes soucieux d’amadouer l’omnipotente soldatesque. Les heures d’attente sous un soleil de plomb ou sous une pluie battante, les bousculades, les rebuffades, les empoignades, les refus péremptoires de passage, etc. font grim- N° 1254 - Mars-avril 2005