Parking Zone
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Parking Zone
Dossier pédagogique Genèse du projet Photo Elisa Larvego En clôture de saison 2005, le Théâtre du Loup a présenté des extraits de Chroniques des jours entiers, des nuits entières de Xavier Durringer devant un public invité et nombreux. Ces représentations ont suscité un vif intérêt de la part des jeunes spectateurs: c'est une parole qui leur est proche, un regard sur notre monde à la fois lucide et poétique, sans jugement sur la difficulté de vivre, mais avec une grande compréhension de tous les états d'âme par lesquels il faut passer pour grandir. Ce qui avait été conçu comme une présentation de fin d'études s'est révélé un spectacle convaincant servi par de jeunes comédiens impressionnants de maîtrise et d'engagement. Ce succès nous a encouragés à développer ce travail original afin de le mettre à l'affiche de la saison 2006-2007 sous le titre de Parking Zone. Pourquoi et comment ce travail Depuis de nombreuses années, nous offrons au Théâtre du Loup une formation pour les enfants et les jeunes qui aboutit, après un parcours de plusieurs années, à un véritable spectacle avec une série de représentations publiques. L’équipe de professionnels du Théâtre du Loup accompagne ces groupes jusqu’au spectacle. C'est ainsi que se sont créés Le Bourgeois Gentilhomme, Emois, émois, émois..., Building et tout récemment la première version de Parking Zone. Les très jeunes acteurs (15-18 ans) de ce spectacle ont tous suivi un parcours de plusieurs années de formation dans nos ateliers, et pour ce travail, un collectif de 4 personnes s’est constitué et les a dirigés, mélangeant les pratiques : travail corporel, travail théâtral d'improvisation et d'interprétation. Avant d’aborder les textes mêmes de Xavier Durringer, nous avons sélectionné des thèmes et mené dans un premier temps, un travail d'improvisation verbale et corporelle. Par la suite nous avons développé un travail d'écriture partant de phrases-clés de l'auteur, et à la lecture de ces textes nous avons été touchés par la sincérité et par la violence aussi qui s'en dégageaient. Grâce à ces travaux préliminaires, nous avons pu sonder les pensées de ces jeunes, établir un lien de confiance avec eux et réaliser à quel point la parole de Durringer leur est proche. 1 Le texte Avec ces élèves, nous avons choisi de travailler sur Chroniques… pour explorer des thèmes qui tiennent une place importante dans la vie de jeunes adolescents : le rapport au monde, le lien à l'autre, le rapport à l'argent, à l'amour, la jalousie, les peurs, les frustrations, les désirs… La parole de cet auteur leur convient : ils peuvent se l'approprier et la jouer en étant au plus près de leurs propres pensées. L’auteur parle de situations simples qui pourraient se passer sous nos yeux en attendant un bus, en sortant d'un parking, dans la cour d'une école ou dans un parc. C'est une réalité d'aujourd'hui, une parole d'aujourd'hui. Il y a dans ces Chroniques... un regard sensible sur notre monde, sur la difficulté qu'il y a à vivre parfois, à rencontrer l'autre, à s'accepter. L'auteur n’émet pas de jugement sur cette fragilité. Il livre sa parole, directe, sans détour. Elle jaillit, construite dans l'instant, à l'intersection de la pensée et de l'émotion, faisant penser par moment dans sa rythmique à du slam. Elle n'est pas si simple à dire, rapide, heurtée, comme essoufflée… Photo Elisa Larvego Parmi tous les textes de Chroniques…, nous avons fait un choix en rapport avec l'âge de nos interprètes et aussi de manière à en tirer un fil narratif. Il nous paraissait en effet important, dans cet univers de petites séquences, de dégager un moment de l'histoire suivie dans la vie de nos personnages. C'est d'ailleurs ce qu'il en est ressorti, un sentiment d'unité ainsi qu'une véritable appropriation par les jeunes de cette langue tantôt simple et directe, tantôt tortueuse et hachée. Portrait Né à Paris en 1963, Xavier Durringer dirige la compagnie de théâtre La Lézarde, pour laquelle il met en scène ses propres textes (Une rose sous la peau, Bal-trap, Une envie de tuer sur le bout de la langue, Quand le père du père de mon père, Polaroïd, Quoi dire de plus du coq, Histoires d'hommes, Les déplacés...). Beaucoup de ceux-ci ont été repris dans d'autres mises en scène en France et à l'étranger, son théâtre étant aujourd'hui traduit en une dizaine de langues. Deux de ses créations ont été programmées au festival d'Avignon: Surfeurs (1998) et La promise (2001). Xavier Durringer a également mis en scène Jane Birkin dans Oh! pardon, tu dormais (1999) et réalisé deux longs métrages, La nage indienne (1993) et J'irai au paradis car l'enfer est ici (1997). Sur Chroniques des jours entiers, des nuits entières <<Ce sont des bouts de texte, de petits monologues, des pensées, de petits dialogues, des saynètes, des débuts de choses, des fragments d'histoires. De petits événements, croqués à chaud, comme des instantanés, de petits Polaroïds. Ce n'est pas un montage, dans un ordre d'histoire, chaque texte peut être pris à part, sorti du contexte, chacun peut trouver son propre chemin, ce n'est pas une pièce. C'est un matériau à jouer, des confrontations pour les acteurs, à se dire, à balancer contre le mur, sans fleurs, ni fards, des histoires d'amour, de thunes, trucs classiques quoi, de la vie de tous les jours, qui sont ici concentrés. Chaque texte apporte sa propre fin. On pourrait tous les mélanger comme un grand jeu de cartes. Ce sont des bribes, de petites coupures, des voix qui éclatent doucement, les voix de tout le monde et de personne, du sourire caché à la violence de jours entiers, de nuits entières.>> Xavier Durringer Dix ans de tiroirs En fin de dossier, vous trouverez quelques textes extraits de Chroniques... 3 Pistes pédagogiques Afin de créer un rapport riche entre les jeunes spectateurs et les comédiens de Parking Zone nous vous proposons quelques pistes de travail autour de Durringer et des thèmes qui traversent ses textes. Zoner En guise d’introduction à cet univers, nous suggérons une discussion libre sur le thème de la zone. Que veut dire “zoner”? Que fait-on quand on zone? Quels sont les termes équivalents? Ceux que chacun des élèves utilise? Est-ce négatif ou positif? Quels sont les lieux où l’on zone et ceux qui ne sont pas propices? Peut-on zoner seul? A deux? En groupe? Avec sa petite amie ou son petit ami? Les lieux de l’enfance et de l’adolescence L'action du spectacle se passe dans un de ces lieux de plus en plus nombreux autour des villes, dans les zones où se concentrent divers hypermarchés, de préférence dans la boucle non pas d'un fleuve, mais d'une autoroute de contournement. Un concentré de places de parking, de charriots métalliques, de containers divers. Ou alors au bas des immeubles de certains quartiers, à la périphérie des centres urbains. Ce genre de lieu n'est pas attachant, mais il a l'avantage d'être lisible par tous au premier coup d'œil et de faire ressortir cette humanité fragile dont parle si bien l'auteur. L'espace conçu par le scénographe propose un espace de ce type, ouvert, avec un condensé de signes : - le banc public, vert, celui où se retrouvent les amoureux, ou la bande de copines, le seul élément qui porte en lui un souvenir de nature, du parc de l'enfance. - les containers métalliques, tambours gigantesques de notre petit Bronx, ou podium minable pour tous les rêves de stars de fin de soirée. - la voiture, symbole de liberté, de fuite, cabane des villes de laquelle sort le flot de musique libérateur de tensions. A travers cet espace et ces objets, l'histoire se faufile, laissant émerger des scènes de couples, de solitaires ou de bandes. En écho aux divers lieux évoqués dans le spectacle, nous proposons de réfléchir sur les lieux de l’enfance et sur ceux de l’adolescence. Quels sont les lieux publics dans lesquels vous avez des souvenirs d'enfance ? Quels sont les lieux où vous vous retrouvez en tant qu'adolescents ? Certains lieux sont-ils restés les mêmes ? Lesquels ? Comment sont investis ces lieux? Qu’y fait-on? Avec qui? Dans un même lieu, par exemple le préau de l'école, que faisiez-vous étant enfant, quels étaient vos compagnons ? Et maintenant, qui sont vos compagnons, que faites-vous ensemble, qu'est-ce qui a fondamentalement changé entre une période et l'autre? 4 Débats 1) Débat sur les rapports de force et le pouvoir sur la base du texte Tu sais pourquoi je suis là (p.7) Lecture puis réactions de la classe. Quel est le thème de ce texte? Est-ce que tu comprends la position de chaque personnage? Développer les deux points de vue antagonistes. Est-ce que tu adhères à l’un ou l’autre des discours? Lequel de ces personnages voudrais-tu être? Comment résoudre le conflit? En prolongement de ce débat, on peut faire les 2 exercices suivants: a) Ecrire la suite du dialogue. b) Sur la base des 4 premières répliques, inventer un autre rapport de force. 2) Débat sur la consommation sur la base du texte Vous savez combien ça coûte (p.8) Lecture et réactions en classe. Qu’est-ce que tu achètes? Pourquoi? Pour combien d’argent? Quelle est l’utilité de ces achats? Est-ce qu’on peut s’en passer? “J’suis une nana à 6805 francs” et toi? Thématique des marques et de l’uniforme à l’école. 3) Débat sur la jalousie sur la base du texte Quand t’es pas là (p.9) Lecture et réactions en classe. Définir le sentiment de jalousie, quel effet a ce sentiment sur nous? Frustration, énervement, inquiétude, colère, dépit? Dans quel domaine s’applique-t-il en plus de l’amour? Etre jaloux, être envieux? Chercher d’autres textes qui traitent aussi de la jalousie. 5 Analyse Sur la base des textes Il pose ses yeux sur moi (p.10) et Y a rien dans ma vie (p.11) 1) Mettre en évidence quelques caractéristiques formelles de l’écriture de Xavier Durringer: la répétition l’accumulation la série et l’effet rythmique qui en découle 2) Mettre en évidence les différents niveaux de langage langage familier voire vulgaire emprunts à la langue orale Diction et jeu 1) Exercice écrit et oral sur des accumulations de phrases Sur la base du texte J’m’en fous de Durringer (que nous n’avons finalement pas inclus dans le spectacle) (p.12) et sur le modèle des textes des jeunes comédiens Demain et Y a qu’un truc qui compte (p.13). Exercice d’écriture puis de diction sur des accumulations de phrases ayant comme point de départ : “Demain je…”, “Je m'en fous...” et “Y a qu'un truc qui compte c'est…” Chaque élève choisit l'une ou l'autre de ces phrases de départ et écrit une liste personnelle d'au moins quinze éléments. Les lire à haute voix et insister sur l'articulation, le rythme. Partant de certains exemples de rap ou de slam, inciter les élèves à trouver une pulsion personnelle dans la lecture de leur texte, se permettre de répéter certains fragments, de les reprendre en chœur, d'accélérer le rythme, de permuter ou de supprimer les parties répétées pour mettre en évidence les rythmes différents formés, etc. 2) Improvisation Sur la base du texte Je veux te dire (p.14) Improviser une saynette à deux sur le principe suivant: Un élève énumère d’abord les diverses façons possibles pour entrer en contact avec celui qu’il aime: “Je vais lui demander l'heure, lui demander s'il s'appelle Paul, lui proposer de venir boire un café, lui proposer de l'aider pour porter son sac, lui sourire, lui tirer la langue, faire comme si je le connaissais depuis très longtemps, le suivre, lui sauter au cou, me tordre la cheville sous son nez”, etc. Le second élève (le ou la "princesse charmant ") entre à un moment donné, et le premier tente d’entrer en contact comme il l’avait prévu. Réactions du second et adaptation du premier. Les membres du collectif de mise en scène sont disposés à faire une intervention à l’école si le professeur le souhaite avant ou après la représentation à laquelle assiste la classe. 6