Livret d`accompagnement
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S’INVENTER AUTREMENT SYLVIE BLOCHER du 23 octobre 2015 au 31 janvier 2016 S’INVENTER AUTREMENT SYLVIE BLOCHER Du 23 octobre 2015 au 31 janvier 2016 « […] il y a quelque chose en chacun de nous qui peut faire résistance pour s'inventer autrement. Une parole, un geste. Une pensée. »1 Sylvie Blocher Au fil d'une quinzaine d'installations vidéographiques récentes, d'une série de dessins et d'un projet participatif, l'exposition S'inventer autrement consacrée à l'artiste Sylvie Blocher déploie un ensemble de portraits qui procèdent d'un aller-retour constant entre soi, les autres et le monde. Les images vidéo et les dessins articulent l'intime et le politique, l'histoire individuelle et collective, le local et l'universel. Sylvie Blocher prend pour matière première l’humain. Elle s’intéresse à l’invisibilité des corps, au travers des visages, des voix, des mots. Elle « travaille » l'altérité et en prend le risque jusque dans ses modes de production, de vie, de déplacement. Le monde est son atelier. Les projets naissent au gré des invitations qu’elle reçoit et des possibilités qui s'offrent à elle dans un contexte donné. À Sète, elle réalise le projet in situ Qu'offrez-vous? en invitant les habitants de Sète et des environs à venir la rencontrer munis d'un cadeau symbolique qui les engage. 1 Sylvie Blocher Le double touché-e, Maud Benayoun, Archibooks + Sautereau Éditeur, Paris, 2014, p.80. Les entretiens avec les participants à ses oeuvres sont une étape primordiale du processus de création de l'artiste. À l'autoritarisme moderniste de l'artiste sur le modèle, elle substitue une économie esthétique basée sur l'échange et le partage des responsabilités. Ainsi, la participation des personnes n'est pas rémunérée. En échange, elles reçoivent un original de leur passage en vidéo ou une phrase écrite, signés par l'artiste. Au cours de l'entretien, Sylvie Blocher cherche à provoquer un lâcher-prise, qui libère les affects et crée de l'imaginaire : l'art comme potentiel d'émancipation. « L'altérité permet une autre conscience du monde. L'altérité, c'est l'acceptation d'un corps morcelé, d'un corps multiple qui perturbe la linéarité de l'autorité, la questionne et peut produire un désordre intérieur. […] L'imaginaire, c'est une vacance du contrôle, de l'autorité, qui permet aux pensées désirantes de se dérouler, d'extraire des émotions chassées ou interdites. C'est ce relâchement de l'autorité, même l'espace d'un court instant, qui permet d'activer et de performer un autre mode de soi à soi, de soi aux autres. Je lui donne le nom de double touché-e. » 2 Sylvie Blocher 2 op. cit. p.62 3 DREAMS HAVE A LANGUAGE 2015, dispositif vidéo PART 1 / OFF THE GROUND Quadruple projection sur structures en contreplaqué Vidéos tournées avec 100 personnes du Luxembourg et du Grand Est. Production Mudam et Tarantula Luxembourg Avec la participation de Fantasmagorie. Courtesy de l’artiste « Du 5 nov. au 1 déc. 2014 j’ai transformé le grand hall d’entrée du Mudam, Musée du Grand Duc Jean au Luxembourg, en un espace d’expérimentation et de tournage. Suite à une annonce postée sur internet et dans la presse, 100 personnes se sont présentées avec 1 idée pour changer le monde. Je les ai reçues chacune pendant une heure. Nos échanges ont eu lieu dans une serre nous protégeant des bruits du musée. Puis chacune d’elles a pu se détacher du sol jusqu’à une hauteur de 12m, grâce à une machine de vol. Tous les participants ont reçu une photographie de leur état de suspension. Chaque soir j’ai monté les extraits vidéos, et les ai ajoutés au fur et à mesure sur les quatre écrans de l’installation OFF THE GROUND située juste en dessous du grand hall, dans mon exposition S’INVENTER AUTREMENT. Puis j’ai écrit un scénario avec les propos recueillis dans la serre et j’ai réalisé avec Donato Rotuno et Tarantula film, une fiction DREAMS HAVE A LANGUAGE, part 2, dans laquelle certains participants sont venus jouer et témoigner. » SB 5 LIBÉRATION 2013-2014, série de dessins sur les “unes” du journal Libération Peinture ardoise et craie sur papier Courtesy de l’artiste « Pendant de nombreuses années, mon rapport à l’information est passé par les journaux, notamment par le journal Libération. Ma relation à ce journal est complexe. Elle est faite d’amour et de désamour, comme dans un couple. Quand j’étais étudiante je le vendais avec un ami dans les restaurants universitaires de Strasbourg. C’était “notre” journal avec ses articles de philosophes et de penseurs que nous aimions. Puis dans les années 1990, “tout horizon d’attente” a semblé quitter Libération. Ne sont plus restées que les images. Je ne l’ai plus acheté que par intermittence. L’année dernière, j’ai décidé de recouvrir les unes quotidiennes du journal de peinture de tableau d’école, d’y retenir certains mots, d’y redessiner à la craie certaines images. Quelques semaines plus tard, j’apprenais que le journal risquait de disparaître, alors je ne l’ai pas quitté. » SB 7 ALAMO 2014, vidéo 16’ 9”, éd 1/3. Projection sur contreplaqué Avec : Rick Frederick, Julia Barbosa Landois, Kitty A. Williams, Ramon Vasquez y Sanchez. Courtesy de l’artiste « David Rubin, conservateur au San Antonio Museum of Art (SAMA), Texas, m’invite à rencontrer la communauté hispanique de la ville pour un projet d’exposition et je visite Fort Alamo, symbole de la révolution texane. Ramon Vasquez y Sanchez, dernier chef des indiens Auteca Paguame, qui m’a amenée là, n’arrête pas de marmonner dans mon dos pendant le récit de la bataille, par l’un des gardiens, des “ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai !”. À la sortie je lui demande de m’expliquer les raisons de son agacement. Il me répond “ça c’est la version anglo ! Moi j’ai une toute autre version, je suis un indien”. Je vais alors à la librairie du musée pour regarder s’il existe d’autres récits de cet événement historique, mythe fondateur du Texas, mais aussi des États-Unis. Je n’en trouve aucun. Cela me donne l’idée de tourner quatre versions différentes, la version du guide du musée, une version latino, une version black, et une version « native american ». Les mythes qui nous construisent sont toujours plus complexes que ce que l’on nous apprend ! » SB 9 CHANGE THE SCENARIO (conversation with Bruce Nauman) 2013, vidéo 6’ 15”, éd 1/3. Double projection sur contreplaqué Avec Shaun Ross FNAC PH15-1 (015), Centre national des arts plastiques, Paris « CHANGE THE SCENARIO est une autre version de Art Make-Up, réalisé en 1967-68 par l’artiste américain Bruce Nauman sur la peinture comme performance: l’autoportrait d’un jeune homme, blanc, américain, parlant d’identité et de race. Shaun Ross est un jeune top-modèle afro-américain, albinos, qui vit à New York. Il a vingt ans. Travailler avec lui m’a fait comprendre à quel point sa particularité génétique perturbait son quotidien. Les effets de rejet ou d’attirance que provoque sa peau – rejet qui dans certaines parties d’Afrique est ritualisé jusqu’au meurtre – font de lui un corps en rupture. Shaun revendique une identité gay. Son corps est un mixte de plusieurs identités, un corps transformé, un corps fragmenté.» SB 11 COLOR 2014, vidéo 6’ 59“, éd 1/ 3. Projection Avec Candace Frazor Courtesy de l’artiste « Dans la campagne de San Antonio, je visite le ranch de Becky Crouch Patterson, descendante d’une communauté d’intellectuels et de philosophes utopistes venue d’Allemagne au Texas au XIXe siècle après la répression de la révolution libérale de 1848. Ils étaient venus pour créer des communautés libres et égalitaires entre hommes et femmes. Ces communautés ont presque toutes été éliminées par le Ku Klux Klan. J’y retourne six mois plus tard avec une très petite jeune femme, Candace Frazor. Je choisis une arme mythique, celle utilisée par Robert de Niro dans un de mes films préférés, The deer hunter de Michael Cimino. Je cadre Candace derrière le ranch devant l’immensité du paysage. J’accroche à un arbre une feuille de papier blanc et lui demande de tirer. Sur le papier j’ai écrit le mot “color”. Un simple mot, abstrait, qui ne définit aucune couleur, aucun genre. Tout à coup, le vent se lève et le papier se met à trembler, puis à claquer frénétiquement comme s’il voulait s’enfuir. Un grand silence s’install entre nous tous. Le papier est devenu vivant.» SB LIVING 13 LIVING PICTURES / LES TÉMOINS 2010, vidéo 29’ 19”, éd 2/3 Projection sur contreplaqué, murs peints Vidéo tournée avec des adolescents des favelas de Cidade Tiradentes - 21ème district de la ville de São Paulo, Brésil. FNAC 2012- 240, Centre national des arts plastiques, Paris « En 2010 le gouvernement brésilien décide de construire un centre d’art, un cinéma et un complexe sportif à Cidade Tiradentes, district d’un demi million d’habitants principalement composé de favelas dans la banlieue de São Paulo. Invitée, je propose de filmer une centaine d’adolescents de ces favelas dont les images seront projetées dans l’entrée du futur centre d’art, pendant un an, affirmant ainsi le fait que ce lieu est pour eux. À mon arrivée, les services de la ville de São Paulo me proposent de tourner plutôt avec des adolescents des lycées du centre ville ! Je vais donc seule à Cidade Tiradentes, un dimanche après-midi, amenée là par un chauffeur de taxi très anxieux. Je tombe par hasard sur un défilé de mode dans un bâtiment scolaire surpeuplé. De très jeunes filles défilent, de gros numéros épinglés à même leurs robes moulantes. Une foule en délire les acclame ou les hue. La gagnante est désignée à l’applaudimètre. Je m’infiltre partout durant un mois, dans les centres sociaux, les écoles, les constructions précaires. C’est finalement dans l’amphithéâtre de l’école « Agua Azul », que je peux tourner cette vidéo. Quatre-vingt-cinq adolescents se présentent. L’oeuvre n’est pas exposée : le directeur de la culture de la ville de São Paulo les trouve trop fiers, irréductibles. » SB 15 LIVING PICTURES / SKINTONE 2014, vidéo 49’ 35”, éd 1/3, projection sur contreplaqué Filmée avec la communauté latino-américaine de San Antonio au Texas Courtesy de l’artiste « Les personnes de la communauté hispanique, issues de milieux sociaux très divers, que j’ai rencontrées à San Antonio, parlent toutes de leurs difficultés à intégrer la société américaine blanche. Elles parlent surtout de leur couleur de peau, toujours prétexte à stigmatisation. Quelques mois plus tard, je lance un appel à participation avec le SAMA, Musée d’art moderne et contemporain. L’appel précise de venir dans son plus bel habit avec un seul accessoire : “sa fierté “. J’ai quelques difficultés à imposer la juxtaposition des mots “accessoire” et “fierté” à la direction du musée. Je réalise un large “Pantone” couleur peau comme fond de tournage et demande à chaque participant de choisir “sa” place devant l’une des couleurs. La question du choix se révèle un moment difficile, parfois douloureux. Veulent-ils se fondre dans leur propre couleur ou au contraire affirmer une différence? Je demande à chacun d’eux de me laisser une histoire de couleur de peau. Tous en ont une qui les a déterminés. Quelques semaines après le tournage David Rubin, le conservateur qui m’a invité, est démis de ses fonctions par la direction du musée. C’est à sa demande que j’avais filmé la communauté latino-américaine. Finalement mon exposition COLOR OF CONFUSION est déprogrammée en septembre 2015 par la directrice Katie Luber. » SB 17 SPEECHES 2009 – 2012, dispositifs vidéo - projections sur contreplaqué Production Biennale d’art contemporain de Lyon 2009 et Biennale de Liverpool 2012 Collection Mudam, Luxembourg « Quand j’entends le discours A more perfect union de Barack Obama, prononcé le 18 mars 2008, je sais que je vais reprendre ses mots dans une vidéo. À ce moment-là, Barack Obama est acculé par la presse, suite aux déclarations du révérend Jeremiah Wright — son pasteur — qui accuse les américains de racisme. On attend sa réponse. Les médias le trouvent trop blanc ou trop noir, trop musulman ou trop immature, sans expérience et pas assez viril. Barack Obama choisit Philadelphie, ville mythique de Martin Luther King, pour répondre. Il ponctue son discours de « not this time ! », un discours engagé, racial, de gauche, allant du personnel à l’universel. Un magnifique discours dont nous savons très bien qu’il ne pourra jamais se réaliser ! Je commence alors une série de discours qui ont promis le bonheur sans jamais y parvenir, faisant rêver ou faisant tuer des millions de personnes.» A MORE PERFECT DAY 2009, 8 min, éd. 2/3 Chanté par David Bichindaritz. Extrait du discours « A more perfect union » de Barack Obama à Philadelphie le 18 mars 2008 A MORE PERFECT REVOLUTION. 2012, 3 min 50 sec, éd. 2/3 Slamé par Katia Bouchoueva, extrait du manifeste du parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels, 1848 A MORE PERFECT SOCIETY 2012, 3 min 27 sec, éd. 2/3 Chanté par Mandel Turner. Musique de Stéphane le Bellec, discours d’Angela Davis à Occupy Wall Street le 30 octobre 2011 A MORE PERFECT WORLD 2012, 3 min 37 sec éd. 2/3 Chanté par Véronique Nosbaum Extrait de la « Convention relative au statut des réfugiés » du HautCommissariat des Nations Unis aux droits de l’homme, 28 juillet 1951. A MORE PERFECT COUNTRY 2012, 3 min éd. 2/3 Dansé par Shaun Ross Extrait de la plage noire dans Poétique de la relation, Édouard Glissant, 1990 19 LIVING PICTURES / WHAT IS MISSING ? 2010, vidéo 35’ - projection. Tournée avec des habitants de la ville de Penrith, Western Sydney, Australie. Courtesy de l’artiste. « En 2005 je suis invitée par le Musée d’art contemporain de Sydney (MCA) pour un projet expérimental C3 WEST, faisant collaborer des entreprises et des artistes. Je choisis l’équipe nationale de rugby, les Panthers, à Penrith dans le Western Sydney. L’histoire des Panthers me passionne. Créée au lendemain de la première guerre mondiale par des survivants australiens des tranchés, l’équipe fonctionne comme un programme politique. Chaque année depuis 1919, les Panthers reversent une part de leurs bénéfices à la santé, à l’éducation, à l’art. Dans les années 1930 ils vendent de la bière détaxée, dans les années 1960 ils ouvrent des salles de jeu. Fort de quelques 100 000 membres, ils emploient 2 800 personnes. Suite à notre rencontre je propose de travailler autour de leur utopie de partage, très attaquée par des tentatives successives de privatisation. Je vais retourner à Penrith à de nombreuses reprises durant les 5 années qui vont suivre, établissant un dialogue entre les Panthers, les habitants, la ville et le collectif Campement Urbain. En 2010 je réalise une vidéo sur “le manque”, what is missing? Penrith est une ville dortoir de la petite classe moyenne installée aux pieds des Montagnes Bleues, au bord de la Nepean river, lieu historique pour les aborigènes. Chaque semaine l’ennui des adolescents est tel qu’ils se battent entre le centre commercial, le centre culturel et l’hôtel de ville avec une violence extrême. L’intégration à marche forcée des émigrants australiens dans une sous-culture américaine laisse affleurer les manques que l’on retrouve dans de 23 nombreuses banlieues du monde. » SB QU’OFFREZ-VOUS ? 2015, peinture pour tableau d’école Dessin à la craie Réalisé avec les paroles et les mots des participants, habitants de la ville de Sète et de la région LanguedocRoussillon « Suite à l’annonce “Qu’offrez vous ? “ passée dans la presse locale, sur internet, diffusée sur le territoire par flyers et sur les ondes de RTS pour inviter les habitants de Sète et de ses environs à la réalisation d’une oeuvre participative, j’ai reçu au CRAC, du 21 au 27 septembre 2015, toutes les personnes ayant répondu à cet appel. Les participants se sont présentés avec des cadeaux de paroles et de mots. Chaque entretien a duré 15 minutes nous mettant chacun en état d’urgence. Ce cadeau devait les engager, c’est-à-dire représenter quelque chose d’important pour eux et qu’ils aimeraient voir inscrire dans un lieu d’art. Chaque participant a reçu en retour une phrase dédiée, écrite à la craie inspirée par notre rencontre. » SB 25 Sylvie BLOCHER sylvieblocher.net dreams.lu EXPOSITIONS PERSONNELLES (Sélection récente) 2015 2014 2011 2010 2009 2007 S’inventer autrement, CRAC-LR, Sète S’inventer autrement, Mudam, Luxembourg Ce qui manque? Galerie Michel Journiac, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris Color of Confusion, San Antonio Museum of Art, SAMA, États-Unis / postponed S’inventer autrement, Mudam, Luxembourg Les Coupables, Centre d’art, St Restitut What is Missing? Museum of Contemporary Art, Sydney, Australie Campement Urbain Penrith Art Gallery, Penrith, Australie Urban Stories / South China Nosbaum & Reding – Art Contemporain, Luxembourg Sylvie Blocher : News works, SF MOMA, San Francisco, États-Unis Wo/Men in Uniform, Dunlop Art Gallery, Regina Public Library, Regina, Canada EXPOSITIONS COLLECTIVES (Sélection récente) 2015 2014 2013 2012 Demonstrating minds, Muséeum of Contemporary Art, Kiasma Helsinki, Finlande Play Back, Selected Works from the Pierre Huber Films ans Videos Collection, Ocat, Shanghai, Chine Retour sur L’abîme, CRAC Montbelliard, Montbelliard Crossover, Palais de Tokyo, Paris Biennale de Salvador de Bahia, Brésil Made by ... Feito Por Brasileiros, La Cidade Matarazzo, Sao Paolo, Brésil Les Désastres de la guerre 1800-2014, Louvre Lens Momentum? Maybe the time has come to live our corporality rather than speak our sexuality, Curated by Petunia, the Art and Entertainment magazine. PSM Gallery, Berlin, Allemagne Sullivan gallery, Sydney, Australie Singularités partagées, le 116, Centre d’art contemporain, Montreuil Moving Images, Londres, Angleterre A more perfect day : collection of Mudam Luxembourg, Artsonje Center, Seoul, Corée 7th Biennale de Liverpool, Liverpool, Angleterre BIP 2012, Only You Only Me, Biennale de Liège, Belgique Glissements de terrain, Musée lanchelevici, Belgique Immagini per la cittadinanza, Fotografia Europea, Reggio Emilia, Italie Drawing Now 6, Nosbaum & Reding Carroussel du Louvre, Paris, France Nouveaux horizons, Musée de la ville de Strasbourg, Strasbourg, France 27 « There is something in each of us that resists imagining ourselves differently. A word, a gesture or a thought.»1 Sylvie Blocher Throughout fifteen or so recent video installations, a series of drawings and a participatory project, the exhibition S'inventer autrement devoted to the artist Sylvie Blocher deploys a set of portraits which arise from a constant back and forth between oneself, others and the world. The video images and drawings link the personal and the political dimension, individual and collective history, the local and the universal. Sylvie Blocher uses human beings as her raw material. She is fascinated by the invisibility of bodies, through faces, voices and words. She ‘works’ otherness and takes risks down to her ways of production, life and travel. The world is her studio. Projects arise following invitations that she receives and options available to her in a given context. In Sète, she produces the project in situ Qu'offrez-vous ? (What do you give?), inviting the inhabitants of Sète and its surroundings to come and meet her armed with a symbolic gift that engages them. 1 Sylvie Blocher Le double touché-e, Maud Benayoun, Archibooks + Sautereau Éditeur, Paris, 2014, p.80. Interviews with participants in her works are an important step in the artist’s creative process. She substitutes the artist’s modernist authoritarianism over the model with an aesthetic economy based on the exchange and sharing of responsibilities. Thus, the participation of the people is not paid. In exchange, they receive an original of their visit on video or a written phrase, signed by the artist. During the interview, Sylvie Blocher seeks to encourage letting go, freeing affects and creating imagination: art as potential for emancipation. « Otherness enables another awareness of the world. Otherness is accepting a divided body, a multiple body that disrupts the linearity of authority, questioning it and possibly causing internal disorder. […] Imagination is a break from control, from authority, that leaves room for wishful thinking to uncoil, to remove dismissed or forbidden emotions. It is this loosening of authority, even space for a brief moment that enables another aspect of oneself to oneself, of oneself to others to be activated and performed. I call it the double touché.»2 Sylvie Blocher 1 op. cit. p.62 29 DREAMS HAVE A LANGUAGE PART 1 / OFF THE GROUND 2015, Videos filmed with 100 people from luxembourg and eastern france Production by mudam and tarantula with the participation of fantasmagorie Courtesy of the artist « From 5th Nov. to 1st Dec. 2014 I transformed the large entrance hall of the Museum of Modern Art in Luxembourg (mudam), into a space to experiment and film. Following an advert and registration, 100 people appeared, one admitted per hour, with 1 idea to change the world. following a discussion in greenhouse protecting us from any noise from the museum, each individual was raised from the ground up to a height of 12m, thanks to a flying machine comprising 4 ropes. Lastly, each participant left with a photograph of themselves suspended in the air. Each evening i edited the video extracts, then i gradually added them to the OFF THE GROUND installation located just below the great hall, at the entrance to my monograph S’INVENTER AUTREMENT. The interviews noted in the greenhouse later enabled me to produce a fiction film DREAMS HAVE A LANGUAGE, PART 2 in which some of the participants have returned to perform and testify.» SB LIBÉRATION 2013-2014, Series of drawings on front pages of the Libération newspaper Slate paint and chalk on paper Courtesy of the artist « My connection with information was for many years through newspapers, particularly the libération. My relationship with this newspaper is complicated, like a couple falling in and out of love. When i was a student, i helped a friend to sell it in university restaurants in strasbourg. it was ‘our’ newspaper. I was impatient to read articles by certain columnists. Then in the 1990s my ‘expectations’ regarding the libération were shattered. All I had were the images. I didn’t buy it anymore. Then last year, I decided to cover the daily front pages with chalkboard paint, selecting certain words, redrawing certain images with chalk. Several weeks later, I heard that the newspaper was in trouble. So I continued to work.» SB ALAMO 2014, 16 min. 9 sec. Ed. 1/3. Projection on plywood With: Rick Frederick, Julia Barbosa Landois, Kitty A. Williams, Ramon Vasquez y Sanchez. Courtesy of the artist « David Rubin, the curator at the San Antonio Museum of Art (SAMA), Texas, invited me to meet the city’s Hispanic community for an exhibition project and i visited fort alamo, a symbol of the Texan revolution. 31 Ramon Vasquez y Sanchez, the last leader of the Auteca Pagame indians, who took me there, kept mumbling, ‘That’s not true. That’s not true!’ behind my back as one of the attendants told us about the battle. At the exit i asked him to explain the reasons for his annoyance. He responded: ‘That’s the English version! I have another version, I am an indian.’ Then I went to the museum bookshop to see if there were other accounts of this historic event, the founding myth of Texas but also of the United States. I didn’t find a single one. It gave me the idea to film four different versions: the museum guide version, a Latin American version, a black version, and a native american version. The myths that make us who we are are always more complicated than what we are taught at school!» SB CHANGE THE SCENARIO (Conversation with Bruce Nauman) 2013, 6 min. 15 sec, Ed. 1/3. Projection on plywood With Shaun Ross Centre National des Arts Plastiques Collection, Paris « CHANGE THE SCENARIO is another version of Art Make-Up, produced in 1967-68 by Bruce Nauman about Painting as performance: the self-portrait of a young, white and american man, discussing identity and race. Shaun Ross is a young afro-american, albino top-model living in new York. He is twenty years old. Working with him made me understand to what extent his genetic traits affected his everyday life. The effects of rejection or attraction caused by his skin– a rejection that in certain parts of africa is ritualised as far as murder –make him a body at odds. Shaun’s identity is gay. His body is a mix of several identities, a transformed body and a fragmented body. His skin unsettles our codes of perception, blurs our gender and race reflexes.» SB COLOR 2014, 6 min. 59 sec. ed. 1/ 3 With Candace Frazor Courtesy of the artist « In the San Antonio countryside I visited the ranch of Becky Crouch Patterson, a descendant of a community of intellectuals and utopian philosophers who came from Germany to Texas in the 19th century after the suppression of the liberal revolution of 1848, to form communities that were free and equal between men and women. These communities were nearly all eliminated by the Ku-KluxKlan. I went back six months later with a very petite young woman, Candace Frazor. I chose a mythical weapon, one used by robert de niro in one of my favourite films, The deer hunter by Michael Cimino. I framed Candace behind the ranch with the vast landscape as the backdrop. I hung a sheet of white paper on a tree and asked her to pull. I wrote the word ‘colour’ on a piece of paper. A simple, abstract word, that doesn’t define a colour or gender. All of a sudden, the wind rose and the paper began to waver, then frantically flap as if it wanted to escape. Silence reigned. The paper had come alive.» SB 33 LIVING PICTURES / LES TÉMOINS 2010, 29 min 19 sec, Ed. 2/3 Video filmed with adolescents from the Cidade Tiradentes favelas, 21st district of the city of Sao Paulo in Brazil Centre National des Arts Plastiques Collection, Paris « In 2010 the Brazilian government decided to build an art centre, a cinema and a sports complex in Cidade Tiradentes, a district of half a million inhabitants mainly comprised of favelas in the outskirts of são paulo. Invited, I offered to film a hundred or so adolescents from these favelas and their images would be projected in the entrance of the future art centre for a year, thus confirming the fact that this place was for them. Upon my arrival, city officials from são paulo suggest that i film adolescents from the secondary schools in the town centre instead! So I went on my own to Cidade Tiradentes, one Sunday afternoon. A very anxious taxi driver took me there. By chance I came across a fashion show in an overcrowded school building. Very young girls were modelling. They had large numbers pinned to tight dresses. A rapturous crowd clapped or booed them. The winner was designated by the clapometer. I became immersed in the social centres, the schools and precarious constructions for a month. In the end I filmed this video in the ‘agua azul’ school auditorium. Eighty-five adolescents turned up. They had to walk on an imaginary five metre long line — as slowly as possible — looking through the lens imagining someone they love or hate on the other side of the camera. They were incredibly proud. Their clothes were ironed. The work wasn’t shown in Sao Paolo: the director of culture for the city of São Paulo thought they were too proud and resolute.» SB LIVING PICTURES / SKINTONE 2014, 49 min. 35 sec, Ed. 1/3 Filmed with the latin American community of San Antonio in Texas Courtesy of the artist « In san antonio the people that I was able to meet with very different social backgrounds from the hispanic community discussed how hard it was integrating white American society and how the colour of their skin was always a pretext for stigma. Several months later, I appealed for participation with the museum. The appeal requested to come in their finest clothes with ‘a single accessory: their pride.’ I had difficulty insisting upon the juxtaposition of the words ‘accessory’ and ‘pride’ with the museum management. I produced a wide range of skin colours as a backdrop for the shoot and I asked each participant to choose ‘their’ place in front of one of the colours. The choice was a difficult, sometimes painful moment. Did they want to blend into their own colour or on the contrary assert a difference? I asked each of them if they had a story about skin colour to tell me. They all had onenthat had determined who they were. 35 David Rubin was relieved of his duties by the museum management eeveral weeks after filming. He requested that i filmed the latin american community. I liked the idea of penetrating this white community museum with them. In the end my exhibition called COLOR OF CONFUSION was cancelled in september 2015 by the director Katie Luber.» SB SPEECHES 2009- 2012, Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2009 and Liverpool Biennial 2012 production Mudam Collection, Luxembourg « When I heard the speech A more perfect union by Barack Obama, given on 18th March 2008, I knew that i would use his words in a video. At the time, Barack Obama was being pushed by the press following declarations by his pastor, the reverend Jeremiah Wright, who accused Americans of racism. We waited for his answer. The media found him too white or too black, too Muslim or too immature, inexperienced and not virile enough. Barack Obama chose Philadelphia, Martin Luther King’s mythical city, to respond. He punctuated his speech with ‘not this time!’ It was an engaged, racial and leftist speech, spanning from personal to universal. A magnificent speech that we knew could never come true! I therefore began a series of speeches that promised happiness, making millions of people dream (or killing them) but never managing to succeed.» SB A MORE PERFECT DAY 2009, 8 min, Ed. 2/3 With David Bichindaritz extract of the speech ‘a more perfect union’ by Barack Obama in philadelphia 18th March 2008 A MORE PERFECT REVOLUTION 2012, 3 min 50 sec, Ed. 2/3 with katia bouchoueva extract from the Communist Party Manifesto by karl marx and friedrich engels, 1848 A MORE PERFECT SOCIETY 2012, 3 min 27 sec, Ed. 2/3 with mandel turner. music by stéphane le bellec speech by angela davis to occupy wall street 30th October 2011 A MORE PERFECT WORLD 2012, 3 min 37 sec Ed. 2/3 with véronique nosbaum extract from the ‘united nations convention relating to the status of refugees’ by the united nations high commissioner for human rights, 28 July1951 37 LIVING PICTURES / WHAT IS MISSING ? 2010, Video filmed with the inhabitants of the city of Penrith, in Western Sydney, Australia Courtesy of the artist American sub-culture lets flaws surface that are present in many suburbs around the world.» SB « In 2005 I was invited by the Museum of Contemporary Art Australia (MCA) in Sydney for an experimental project (C3WEST), bringing companies and artists into partnership. I chose the national rugby team the ‘Panthers,’ in Penrith, Western Sydney. The story of the Panthers fasinates me. Created the day after the First World War by survivors of the trenches in 1914-18, the team functions like a political agenda. The Panthers have given a portion of their profits to health, education and art every year since 1919. In the 30s they sold tax-free beer, in the 1960s they opened games rooms. With some 10 thousand members on their books they employ 2,800 people. After meeting them I offer to work within their sharing utopia, under attack by successive attempts at privatisation. i returned to Penrith many times throughout the following five years, establishing connections between the Panthers, the inhabitants, the city and the Campement Urbain collective. In 2010 I produced a video on ‘what is missing?’ Penrith is a middle class white dormitory town, located at the foot of the blue mountains, on the banks of the Nepean River, a historical place for the Aborigines. Bored adolescents pose a problem as each week they fight extremely violently at the shopping centre, the cultural centre and the town hall. The forced march integration of australian emigrants into an 2015, With the participation of the inhabitants of Sete, the surrounding area or elsewhere WHAT CAN YOU OFFER? « I invite the inhabitants of Sète and its surroundings, as well as anyone else interested, to participate in a collective and unique work of art in my exhibition at the Centre Régional d'Art Contemporain in Sète. If you are filled with: a happy or sad thought, an invented or real description, a human or social change, a wish, a regret, a technical invention, vital information, a dangerous secret, a gift, unusual know-how, particular joy, a sacrifice, real or imaginary pain, an original political idea, a poem, an unknown recipe, something left unsaid, a language, an unforgettable souvenir, an important place, compensation, injustice, an excuse à posteriori, pleasure, ritual, a loved one, enlightened advice, etc… What can you offer? This gift should engage you, that is to say is represent something from you that you would like to see enshrined in an art venue. In return I would offer you a written phrase inspired by our meeting.» SB 39 Du 23 octobre 2015 au 31 janvier 2016 S’INVENTER AUTREMENT SYLVIE BLOCHER Ouvert tous les jours 12h30 19h Fermé le mardi Le week-end 14h 19h Entrée libre CENTRE REGIONAL D’ART CONTEMPORAIN LANGUEDOC-ROUSSILLON 26 quai Aspirant Herber France-34200 Sète Tél. : +33 (0)4 67 74 94 37 Fax : 33 (0)4 67 74 23 23 http://crac.languedocroussillon.fr - [email protected] Direction et commissariat des expositions Noëlle Tissier Administration Manuelle Comito Chargée des partenariats et des relations publiques Sylvie Caumet Communication Agence de presse Brunswick Arts Consulting Régie Cédric Noël Montage Mathieu Baëchel, Frédéric Brisset, Amandine Contat, Nicolas Durand, Maël Mignot, Damien Pasteur, Nathalie Paulhe, Karine Secrétant (Entreprise Artfrontline) Secrétariat gestion Martine Carpentier Web Patrice Bonjour Service des publics Vanessa Rossignol Responsable, Chantal Seriex & Cécile Viguier Enseignantes Service éducatif téléphone : 04 67 74 89 69 (groupes sur rendez-vous) email - [email protected] Service des publics & documentation Karine Redon Accueil et médiation Rahmouna Boutayeb, Caroline Chabrand, Fanny Berquière, Martyna Makiela, Marine TanguyGassama (Entreprise Un goût d’Illusion) Crédits photographiques Marc Domage Vidéo de l’exposition réalisation Aloïs Aurelle Réalisation du livret Service des publics - Conception maquette JF Imprimeur Atelier 6 Le CRAC et l’artiste remercient toutes les personnes qui ont participé à l’œuvre Qu’offrez-vous?. Cette exposition est réalisée en collaboration avec le Mudam Luxembourg et avec le soutien du CNAP, Paris Région Languedoc-Roussillon Ministère de la Culture et de la Communication avec le concours de la Préfecture de la Région Languedoc-Roussillon / Direction Régionale des Affaires Culturelles Le CRAC LR est géré par le Conseil Régional Languedoc-Roussillon Le CRAC LR est membre de DCA/Association française de développement des Centres d’Art Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon - Dépôt légal novembre 2015 - ISBN 2-913094-87-2