Livret d`accompagnement

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Livret d`accompagnement
S’INVENTER AUTREMENT
SYLVIE BLOCHER
du 23 octobre 2015 au 31 janvier 2016
S’INVENTER AUTREMENT
SYLVIE BLOCHER
Du 23 octobre 2015 au 31 janvier 2016
« […] il y a quelque chose en chacun de nous qui peut faire
résistance pour s'inventer autrement. Une parole, un geste.
Une pensée. »1 Sylvie Blocher
Au fil d'une quinzaine d'installations vidéographiques
récentes, d'une série de dessins et d'un projet participatif,
l'exposition S'inventer autrement consacrée à l'artiste Sylvie
Blocher déploie un ensemble de portraits qui procèdent
d'un aller-retour constant entre soi, les autres et le monde.
Les images vidéo et les dessins articulent l'intime et le
politique, l'histoire individuelle et collective, le local et
l'universel.
Sylvie Blocher prend pour matière première l’humain. Elle
s’intéresse à l’invisibilité des corps, au travers des visages,
des voix, des mots. Elle « travaille » l'altérité et en prend le
risque jusque dans ses modes de production, de vie, de
déplacement. Le monde est son atelier. Les projets naissent
au gré des invitations qu’elle reçoit et des possibilités qui
s'offrent à elle dans un contexte donné. À Sète, elle réalise
le projet in situ Qu'offrez-vous? en invitant les habitants de Sète
et des environs à venir la rencontrer munis d'un cadeau
symbolique qui les engage.
1
Sylvie Blocher Le double touché-e, Maud Benayoun, Archibooks + Sautereau Éditeur, Paris, 2014, p.80.
Les entretiens avec les participants à ses oeuvres sont une
étape primordiale du processus de création de l'artiste. À
l'autoritarisme moderniste de l'artiste sur le modèle, elle
substitue une économie esthétique basée sur l'échange et le
partage des responsabilités. Ainsi, la participation des
personnes n'est pas rémunérée. En échange, elles reçoivent
un original de leur passage en vidéo ou une phrase écrite,
signés par l'artiste. Au cours de l'entretien, Sylvie Blocher
cherche à provoquer un lâcher-prise, qui libère les affects et
crée de l'imaginaire : l'art comme potentiel d'émancipation.
« L'altérité permet une autre conscience du monde.
L'altérité, c'est l'acceptation d'un corps morcelé, d'un corps
multiple qui perturbe la linéarité de l'autorité, la questionne
et peut produire un désordre intérieur. […] L'imaginaire,
c'est une vacance du contrôle, de l'autorité, qui permet aux
pensées désirantes de se dérouler, d'extraire des émotions
chassées ou interdites. C'est ce relâchement de l'autorité,
même l'espace d'un court instant, qui permet d'activer et de
performer un autre mode de soi à soi, de soi aux autres. Je
lui donne le nom de double touché-e. » 2 Sylvie Blocher
2
op. cit. p.62
3
DREAMS HAVE A LANGUAGE
2015, dispositif vidéo
PART 1 / OFF THE GROUND
Quadruple projection sur structures en contreplaqué
Vidéos tournées avec 100 personnes du Luxembourg et du
Grand Est.
Production Mudam et Tarantula Luxembourg
Avec la participation de Fantasmagorie.
Courtesy de l’artiste
« Du 5 nov. au 1 déc. 2014 j’ai transformé le grand hall
d’entrée du Mudam, Musée du Grand Duc Jean au
Luxembourg, en un espace d’expérimentation et de
tournage.
Suite à une annonce postée sur internet et dans la presse,
100 personnes se sont présentées avec 1 idée pour changer
le monde. Je les ai reçues chacune pendant une heure. Nos
échanges ont eu lieu dans une serre nous protégeant des
bruits du musée. Puis chacune d’elles a pu se détacher du
sol jusqu’à une hauteur de 12m, grâce à une machine de vol.
Tous les participants ont reçu une photographie de leur état
de suspension.
Chaque soir j’ai monté les extraits vidéos, et les ai ajoutés
au fur et à mesure sur les quatre écrans de l’installation OFF
THE GROUND située juste en dessous du grand hall, dans
mon exposition S’INVENTER AUTREMENT. Puis j’ai
écrit un scénario avec les propos recueillis dans la serre et
j’ai réalisé avec Donato Rotuno et Tarantula film, une fiction
DREAMS HAVE A LANGUAGE, part 2, dans laquelle
certains participants sont venus jouer et témoigner. » SB
5
LIBÉRATION
2013-2014, série de dessins sur les “unes” du journal
Libération
Peinture ardoise et craie sur papier
Courtesy de l’artiste
« Pendant de nombreuses années, mon rapport à
l’information est passé par les journaux, notamment par le
journal Libération. Ma relation à ce journal est complexe.
Elle est faite d’amour et de désamour, comme dans un
couple. Quand j’étais étudiante je le vendais avec un ami
dans les restaurants universitaires de Strasbourg. C’était
“notre” journal avec ses articles de philosophes et de
penseurs que nous aimions. Puis dans les années 1990, “tout
horizon d’attente” a semblé quitter Libération. Ne sont plus
restées que les images. Je ne l’ai plus acheté que par
intermittence. L’année dernière, j’ai décidé de recouvrir les
unes quotidiennes du journal de peinture de tableau d’école,
d’y retenir certains mots, d’y redessiner à la craie certaines
images. Quelques semaines plus tard, j’apprenais que le
journal risquait de disparaître, alors je ne l’ai pas quitté. » SB
7
ALAMO
2014, vidéo 16’ 9”, éd 1/3. Projection sur contreplaqué
Avec : Rick Frederick, Julia Barbosa Landois,
Kitty A. Williams, Ramon Vasquez y Sanchez.
Courtesy de l’artiste
« David Rubin, conservateur au San Antonio Museum of
Art (SAMA), Texas, m’invite à rencontrer la communauté
hispanique de la ville pour un projet d’exposition et je visite
Fort Alamo, symbole de la révolution texane. Ramon
Vasquez y Sanchez, dernier chef des indiens Auteca
Paguame, qui m’a amenée là, n’arrête pas de marmonner
dans mon dos pendant le récit de la bataille, par l’un des
gardiens, des “ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai !”. À la
sortie je lui demande de m’expliquer les raisons de son
agacement. Il me répond “ça c’est la version anglo ! Moi j’ai
une toute autre version, je suis un indien”. Je vais alors à la
librairie du musée pour regarder s’il existe d’autres récits de
cet événement historique, mythe fondateur du Texas, mais
aussi des États-Unis. Je n’en trouve aucun. Cela me donne
l’idée de tourner quatre versions différentes, la version du
guide du musée, une version latino, une version black, et
une version « native american ». Les mythes qui nous
construisent sont toujours plus complexes que ce que l’on
nous apprend ! » SB
9
CHANGE THE SCENARIO
(conversation with Bruce Nauman)
2013, vidéo 6’ 15”, éd 1/3. Double projection sur
contreplaqué
Avec Shaun Ross
FNAC PH15-1 (015), Centre national des arts plastiques,
Paris
« CHANGE THE SCENARIO est une autre version de
Art Make-Up, réalisé en 1967-68 par l’artiste américain
Bruce Nauman sur la peinture comme performance:
l’autoportrait d’un jeune homme, blanc, américain, parlant
d’identité et de race.
Shaun Ross est un jeune top-modèle afro-américain,
albinos, qui vit à New York. Il a vingt ans. Travailler avec
lui m’a fait comprendre à quel point sa particularité
génétique perturbait son quotidien. Les effets de rejet ou
d’attirance que provoque sa peau – rejet qui dans certaines
parties d’Afrique est ritualisé jusqu’au meurtre – font de lui
un corps en rupture. Shaun revendique une identité gay. Son
corps est un mixte de plusieurs identités, un corps
transformé, un corps fragmenté.» SB
11
COLOR
2014, vidéo 6’ 59“, éd 1/ 3. Projection
Avec Candace Frazor
Courtesy de l’artiste
« Dans la campagne de San Antonio, je visite le ranch de
Becky Crouch Patterson, descendante d’une communauté
d’intellectuels et de philosophes utopistes venue
d’Allemagne au Texas au XIXe siècle après la répression de
la révolution libérale de 1848. Ils étaient venus pour créer
des communautés libres et égalitaires entre hommes et
femmes. Ces communautés ont presque toutes été éliminées
par le Ku Klux Klan.
J’y retourne six mois plus tard avec une très petite jeune
femme, Candace Frazor. Je choisis une arme mythique, celle
utilisée par Robert de Niro dans un de mes films préférés,
The deer hunter de Michael Cimino. Je cadre Candace derrière
le ranch devant l’immensité du paysage. J’accroche à un
arbre une feuille de papier blanc et lui demande de tirer. Sur
le papier j’ai écrit le mot “color”. Un simple mot, abstrait,
qui ne définit aucune couleur, aucun genre. Tout à coup, le
vent se lève et le papier se met à trembler, puis à claquer
frénétiquement comme s’il voulait s’enfuir. Un grand silence
s’install entre nous tous. Le papier est devenu vivant.» SB
LIVING
13
LIVING PICTURES / LES TÉMOINS
2010, vidéo 29’ 19”, éd 2/3
Projection sur contreplaqué, murs peints
Vidéo tournée avec des adolescents des favelas de Cidade
Tiradentes - 21ème district de la ville de São Paulo, Brésil.
FNAC 2012- 240, Centre national des arts plastiques, Paris
« En 2010 le gouvernement brésilien décide de construire
un centre d’art, un cinéma et un complexe sportif à Cidade
Tiradentes, district d’un demi million d’habitants
principalement composé de favelas dans la banlieue de São
Paulo. Invitée, je propose de filmer une centaine
d’adolescents de ces favelas dont les images seront projetées
dans l’entrée du futur centre d’art, pendant un an, affirmant
ainsi le fait que ce lieu est pour eux.
À mon arrivée, les services de la ville de São Paulo me
proposent de tourner plutôt avec des adolescents des lycées
du centre ville ! Je vais donc seule à Cidade Tiradentes, un
dimanche après-midi, amenée là par un chauffeur de taxi
très anxieux. Je tombe par hasard sur un défilé de mode
dans un bâtiment scolaire surpeuplé. De très jeunes filles
défilent, de gros numéros épinglés à même leurs robes
moulantes. Une foule en délire les acclame ou les hue. La
gagnante est désignée à l’applaudimètre.
Je m’infiltre partout durant un mois, dans les centres
sociaux, les écoles, les constructions précaires. C’est
finalement dans l’amphithéâtre de l’école « Agua Azul », que
je peux tourner cette vidéo. Quatre-vingt-cinq adolescents
se présentent. L’oeuvre n’est pas exposée : le directeur de
la culture de la ville de São Paulo les trouve trop fiers,
irréductibles. » SB
15
LIVING PICTURES / SKINTONE
2014, vidéo 49’ 35”, éd 1/3, projection sur contreplaqué
Filmée avec la communauté latino-américaine de San
Antonio au Texas
Courtesy de l’artiste
« Les personnes de la communauté hispanique, issues de
milieux sociaux très divers, que j’ai rencontrées à San
Antonio, parlent toutes de leurs difficultés à intégrer la
société américaine blanche. Elles parlent surtout de leur
couleur de peau, toujours prétexte à stigmatisation.
Quelques mois plus tard, je lance un appel à participation
avec le SAMA, Musée d’art moderne et contemporain.
L’appel précise de venir dans son plus bel habit avec un seul
accessoire : “sa fierté “. J’ai quelques difficultés à imposer
la juxtaposition des mots “accessoire” et “fierté” à la
direction du musée. Je réalise un large “Pantone” couleur
peau comme fond de tournage et demande à chaque
participant de choisir “sa” place devant l’une des couleurs.
La question du choix se révèle un moment difficile, parfois
douloureux. Veulent-ils se fondre dans leur propre couleur
ou au contraire affirmer une différence? Je demande à
chacun d’eux de me laisser une histoire de couleur de peau.
Tous en ont une qui les a déterminés.
Quelques semaines après le tournage David Rubin, le
conservateur qui m’a invité, est démis de ses fonctions par
la direction du musée. C’est à sa demande que j’avais filmé
la communauté latino-américaine. Finalement mon
exposition COLOR OF CONFUSION est déprogrammée
en septembre 2015 par la directrice Katie Luber. » SB 17
SPEECHES
2009 – 2012, dispositifs vidéo - projections sur contreplaqué
Production Biennale d’art contemporain de Lyon 2009 et
Biennale de Liverpool 2012
Collection Mudam, Luxembourg
« Quand j’entends le discours A more perfect union de Barack
Obama, prononcé le 18 mars 2008, je sais que je vais
reprendre ses mots dans une vidéo. À ce moment-là, Barack
Obama est acculé par la presse, suite aux déclarations du
révérend Jeremiah Wright — son pasteur — qui accuse les
américains de racisme. On attend sa réponse. Les médias le
trouvent trop blanc ou trop noir, trop musulman ou trop
immature, sans expérience et pas assez viril. Barack Obama
choisit Philadelphie, ville mythique de Martin Luther King,
pour répondre. Il ponctue son discours de « not this time !
», un discours engagé, racial, de gauche, allant du personnel
à l’universel. Un magnifique discours dont nous savons très
bien qu’il ne pourra jamais se réaliser ! Je commence alors
une série de discours qui ont promis le bonheur sans jamais
y parvenir, faisant rêver ou faisant tuer des millions de
personnes.»
A MORE PERFECT DAY
2009, 8 min, éd. 2/3
Chanté par David Bichindaritz. Extrait du discours « A more
perfect union » de Barack Obama à Philadelphie le 18 mars 2008
A MORE PERFECT REVOLUTION.
2012, 3 min 50 sec, éd. 2/3
Slamé par Katia Bouchoueva, extrait du manifeste du parti
communiste de Karl Marx et Friedrich Engels, 1848
A MORE PERFECT SOCIETY
2012, 3 min 27 sec, éd. 2/3
Chanté par Mandel Turner. Musique de Stéphane le Bellec,
discours d’Angela Davis à Occupy Wall Street le 30 octobre 2011
A MORE PERFECT WORLD
2012, 3 min 37 sec éd. 2/3
Chanté par Véronique Nosbaum
Extrait de la « Convention relative au statut des réfugiés » du HautCommissariat des Nations Unis aux droits de l’homme,
28 juillet 1951.
A MORE PERFECT COUNTRY
2012, 3 min éd. 2/3
Dansé par Shaun Ross Extrait de la plage noire dans Poétique de
la relation, Édouard Glissant, 1990
19
LIVING PICTURES / WHAT IS MISSING ?
2010, vidéo 35’ - projection. Tournée avec des habitants de
la ville de Penrith, Western Sydney, Australie. Courtesy de l’artiste.
« En 2005 je suis invitée par le Musée d’art contemporain
de Sydney (MCA) pour un projet expérimental C3 WEST,
faisant collaborer des entreprises et des artistes. Je choisis
l’équipe nationale de rugby, les Panthers, à Penrith dans le
Western Sydney. L’histoire des Panthers me passionne.
Créée au lendemain de la première guerre mondiale par des
survivants australiens des tranchés, l’équipe fonctionne
comme un programme politique. Chaque année depuis
1919, les Panthers reversent une part de leurs bénéfices à la
santé, à l’éducation, à l’art. Dans les années 1930 ils vendent
de la bière détaxée, dans les années 1960 ils ouvrent des
salles de jeu. Fort de quelques 100 000 membres, ils
emploient 2 800 personnes. Suite à notre rencontre je
propose de travailler autour de leur utopie de partage, très
attaquée par des tentatives successives de privatisation. Je
vais retourner à Penrith à de nombreuses reprises durant les
5 années qui vont suivre, établissant un dialogue entre les
Panthers, les habitants, la ville et le collectif Campement
Urbain.
En 2010 je réalise une vidéo sur “le manque”, what is missing?
Penrith est une ville dortoir de la petite classe moyenne
installée aux pieds des Montagnes Bleues, au bord de la
Nepean river, lieu historique pour les aborigènes. Chaque
semaine l’ennui des adolescents est tel qu’ils se battent entre
le centre commercial, le centre culturel et l’hôtel de ville
avec une violence extrême. L’intégration à marche forcée
des émigrants australiens dans une sous-culture américaine
laisse affleurer les manques que l’on retrouve dans de
23
nombreuses banlieues du monde. » SB
QU’OFFREZ-VOUS ?
2015, peinture pour tableau d’école
Dessin à la craie
Réalisé avec les paroles et les mots des participants,
habitants de la ville de Sète et de la région LanguedocRoussillon
« Suite à l’annonce “Qu’offrez vous ? “ passée dans la presse
locale, sur internet, diffusée sur le territoire par flyers et sur
les ondes de RTS pour inviter les habitants de Sète et de ses
environs à la réalisation d’une oeuvre participative, j’ai reçu
au CRAC, du 21 au 27 septembre 2015, toutes les personnes
ayant répondu à cet appel.
Les participants se sont présentés avec des cadeaux de
paroles et de mots. Chaque entretien a duré 15 minutes nous
mettant chacun en état d’urgence.
Ce cadeau devait les engager, c’est-à-dire représenter
quelque chose d’important pour eux et qu’ils aimeraient voir
inscrire dans un lieu d’art. Chaque participant a reçu en
retour une phrase dédiée, écrite à la craie inspirée par notre
rencontre. » SB
25
Sylvie BLOCHER
sylvieblocher.net
dreams.lu
EXPOSITIONS PERSONNELLES (Sélection récente)
2015
2014
2011
2010
2009
2007
S’inventer autrement, CRAC-LR, Sète
S’inventer autrement, Mudam, Luxembourg
Ce qui manque? Galerie Michel Journiac, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris
Color of Confusion, San Antonio Museum of Art, SAMA, États-Unis / postponed
S’inventer autrement, Mudam, Luxembourg
Les Coupables, Centre d’art, St Restitut
What is Missing? Museum of Contemporary Art, Sydney, Australie
Campement Urbain Penrith Art Gallery, Penrith, Australie
Urban Stories / South China Nosbaum & Reding – Art Contemporain, Luxembourg
Sylvie Blocher : News works, SF MOMA, San Francisco, États-Unis
Wo/Men in Uniform, Dunlop Art Gallery, Regina Public Library, Regina, Canada
EXPOSITIONS COLLECTIVES (Sélection récente)
2015
2014
2013
2012
Demonstrating minds, Muséeum of Contemporary Art, Kiasma Helsinki, Finlande
Play Back, Selected Works from the Pierre Huber Films ans Videos Collection, Ocat,
Shanghai, Chine
Retour sur L’abîme, CRAC Montbelliard, Montbelliard
Crossover, Palais de Tokyo, Paris
Biennale de Salvador de Bahia, Brésil
Made by ... Feito Por Brasileiros, La Cidade Matarazzo, Sao Paolo, Brésil
Les Désastres de la guerre 1800-2014, Louvre Lens
Momentum? Maybe the time has come to live our corporality rather than speak our sexuality,
Curated by Petunia, the Art and Entertainment magazine. PSM Gallery, Berlin,
Allemagne
Sullivan gallery, Sydney, Australie
Singularités partagées, le 116, Centre d’art contemporain, Montreuil
Moving Images, Londres, Angleterre
A more perfect day : collection of Mudam Luxembourg, Artsonje Center, Seoul, Corée
7th Biennale de Liverpool, Liverpool, Angleterre
BIP 2012, Only You Only Me, Biennale de Liège, Belgique
Glissements de terrain, Musée lanchelevici, Belgique
Immagini per la cittadinanza, Fotografia Europea, Reggio Emilia, Italie
Drawing Now 6, Nosbaum & Reding Carroussel du Louvre, Paris, France
Nouveaux horizons, Musée de la ville de Strasbourg, Strasbourg, France
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« There is something in each of us that resists imagining
ourselves differently. A word, a gesture or a thought.»1 Sylvie
Blocher
Throughout fifteen or so recent video installations, a series
of drawings and a participatory project, the exhibition
S'inventer autrement devoted to the artist Sylvie Blocher
deploys a set of portraits which arise from a constant back
and forth between oneself, others and the world. The video
images and drawings link the personal and the political
dimension, individual and collective history, the local and
the universal.
Sylvie Blocher uses human beings as her raw material. She
is fascinated by the invisibility of bodies, through faces,
voices and words. She ‘works’ otherness and takes risks
down to her ways of production, life and travel. The world
is her studio. Projects arise following invitations that she
receives and options available to her in a given context. In
Sète, she produces the project in situ Qu'offrez-vous ? (What
do you give?), inviting the inhabitants of Sète and its
surroundings to come and meet her armed with a symbolic
gift that engages them.
1
Sylvie Blocher Le double touché-e, Maud Benayoun, Archibooks + Sautereau Éditeur, Paris, 2014, p.80.
Interviews with participants in her works are an important
step in the artist’s creative process. She substitutes the artist’s
modernist authoritarianism over the model with an aesthetic
economy based on the exchange and sharing of
responsibilities. Thus, the participation of the people is not
paid. In exchange, they receive an original of their visit on
video or a written phrase, signed by the artist. During the
interview, Sylvie Blocher seeks to encourage letting go,
freeing affects and creating imagination: art as potential for
emancipation.
« Otherness enables another awareness of the world.
Otherness is accepting a divided body, a multiple body that
disrupts the linearity of authority, questioning it and
possibly causing internal disorder. […] Imagination is a
break from control, from authority, that leaves room for
wishful thinking to uncoil, to remove dismissed or
forbidden emotions. It is this loosening of authority, even
space for a brief moment that enables another aspect of
oneself to oneself, of oneself to others to be activated and
performed. I call it the double touché.»2 Sylvie Blocher
1
op. cit. p.62
29
DREAMS HAVE A LANGUAGE
PART 1 / OFF THE GROUND
2015, Videos filmed with 100 people
from luxembourg and eastern france
Production by mudam and tarantula with
the participation of fantasmagorie
Courtesy of the artist
« From 5th Nov. to 1st Dec. 2014 I transformed the large
entrance hall of the Museum of Modern Art in
Luxembourg (mudam), into a space to experiment and film.
Following an advert and registration, 100 people appeared,
one admitted per hour, with 1 idea to change the world.
following a discussion in greenhouse protecting us from any
noise from the museum, each individual was raised from
the ground up to a height of 12m, thanks to a flying
machine comprising 4 ropes. Lastly, each participant left
with a photograph of themselves suspended in the air.
Each evening i edited the video extracts, then i gradually
added them to the OFF THE GROUND installation
located just below the great hall, at the entrance to my
monograph S’INVENTER AUTREMENT.
The interviews noted in the greenhouse later enabled me
to produce a fiction film DREAMS HAVE A
LANGUAGE, PART 2 in which some of the participants
have returned to perform and testify.» SB
LIBÉRATION
2013-2014, Series of drawings on front pages of the
Libération newspaper
Slate paint and chalk on paper
Courtesy of the artist
« My connection with information was for many years
through newspapers, particularly the libération. My
relationship with this newspaper is complicated, like a
couple falling in and out of love. When i was a student, i
helped a friend to sell it in university restaurants in
strasbourg. it was ‘our’ newspaper. I was impatient to read
articles by certain columnists. Then in the 1990s my
‘expectations’ regarding the libération were shattered. All I
had were the images. I didn’t buy it anymore. Then last year,
I decided to cover the daily front pages with chalkboard
paint, selecting certain words, redrawing certain images with
chalk. Several weeks later, I heard that the newspaper was
in trouble. So I continued to work.» SB
ALAMO
2014, 16 min. 9 sec. Ed. 1/3. Projection on plywood
With: Rick Frederick, Julia Barbosa Landois,
Kitty A. Williams, Ramon Vasquez y Sanchez.
Courtesy of the artist
« David Rubin, the curator at the San Antonio Museum of
Art (SAMA), Texas, invited me to meet the city’s Hispanic
community for an exhibition project and i visited fort
alamo, a symbol of the Texan revolution.
31
Ramon Vasquez y Sanchez, the last leader of the Auteca
Pagame indians, who took me there, kept mumbling, ‘That’s
not true. That’s not true!’ behind my back as one of the
attendants told us about the battle. At the exit i asked him
to explain the reasons for his annoyance. He responded:
‘That’s the English version! I have another version, I am an
indian.’ Then I went to the museum bookshop to see if
there were other accounts of this historic event, the
founding myth of Texas but also of the United States. I
didn’t find a single one. It gave me the idea to film four
different versions: the museum guide version, a Latin
American version, a black version, and a native american
version. The myths that make us who we are are always
more complicated than what we are taught at school!» SB
CHANGE THE SCENARIO
(Conversation with Bruce Nauman)
2013, 6 min. 15 sec, Ed. 1/3. Projection on plywood
With Shaun Ross
Centre National des Arts Plastiques Collection, Paris
« CHANGE THE SCENARIO is another version of Art
Make-Up, produced in 1967-68 by Bruce Nauman about
Painting as performance: the self-portrait of a young, white
and american man, discussing identity and race.
Shaun Ross is a young afro-american, albino top-model
living in new York. He is twenty years old. Working with
him made me understand to what extent his genetic traits
affected his everyday life. The effects of rejection or
attraction caused by his skin– a rejection that in certain parts
of africa is ritualised as far as murder –make him a body at
odds. Shaun’s identity is gay. His body is a mix of several
identities, a transformed body and a fragmented body. His
skin unsettles our codes of perception, blurs our gender
and race reflexes.» SB
COLOR
2014, 6 min. 59 sec. ed. 1/ 3
With Candace Frazor
Courtesy of the artist
« In the San Antonio countryside I visited the ranch of
Becky Crouch Patterson, a descendant of a community of
intellectuals and utopian philosophers who came from
Germany to Texas in the 19th century after the suppression
of the liberal revolution of 1848, to form communities that
were free and equal between men and women. These
communities were nearly all eliminated by the Ku-KluxKlan.
I went back six months later with a very petite young
woman, Candace Frazor. I chose a mythical weapon, one
used by robert de niro in one of my favourite films, The deer
hunter by Michael Cimino. I framed Candace behind the
ranch with the vast landscape as the backdrop. I hung a
sheet of white paper on a tree and asked her to pull. I wrote
the word ‘colour’ on a piece of paper. A simple, abstract
word, that doesn’t define a colour or gender. All of a
sudden, the wind rose and the paper began to waver, then
frantically flap as if it wanted to escape. Silence reigned.
The paper had come alive.» SB
33
LIVING PICTURES / LES TÉMOINS
2010, 29 min 19 sec, Ed. 2/3
Video filmed with adolescents from the
Cidade Tiradentes favelas, 21st district of the city of Sao
Paulo in Brazil
Centre National des Arts Plastiques Collection, Paris
« In 2010 the Brazilian government decided to build an art
centre, a cinema and a sports complex in Cidade Tiradentes,
a district of half a million inhabitants mainly comprised of
favelas in the outskirts of são paulo. Invited, I offered to
film a hundred or so adolescents from these favelas and
their images would be projected in the entrance of the
future art centre for a year, thus confirming the fact that
this place was for them.
Upon my arrival, city officials from são paulo suggest that
i film adolescents from the secondary schools in the town
centre instead! So I went on my own to Cidade Tiradentes,
one Sunday afternoon. A very anxious taxi driver took me
there. By chance I came across a fashion show in an
overcrowded school building. Very young girls were
modelling. They had large numbers pinned to tight dresses.
A rapturous crowd clapped or booed them. The winner was
designated by the clapometer.
I became immersed in the social centres, the schools and
precarious constructions for a month. In the end I filmed
this video in the ‘agua azul’ school auditorium. Eighty-five
adolescents turned up. They had to walk on an imaginary
five metre long line — as slowly as possible — looking
through the lens imagining someone they love or hate on
the other side of the camera.
They were incredibly proud. Their clothes were ironed. The
work wasn’t shown in Sao Paolo: the director of culture for
the city of São Paulo thought they were too proud and
resolute.» SB
LIVING PICTURES / SKINTONE
2014, 49 min. 35 sec, Ed. 1/3
Filmed with the latin American community of San Antonio
in Texas
Courtesy of the artist
« In san antonio the people that I was able to meet with
very different social backgrounds from the hispanic
community discussed how hard it was integrating white
American society and how the colour of their skin was
always a pretext for stigma. Several months later, I appealed
for participation with the museum. The appeal requested
to come in their finest clothes with ‘a single accessory: their
pride.’ I had difficulty insisting upon the juxtaposition of
the words ‘accessory’ and ‘pride’ with the museum
management.
I produced a wide range of skin colours as a backdrop for
the shoot and I asked each participant to choose ‘their’ place
in front of one of the colours. The choice was a difficult,
sometimes painful moment. Did they want to blend into
their own colour or on the contrary assert a difference? I
asked each of them if they had a story about skin colour to
tell me. They all had onenthat had determined who they
were.
35
David Rubin was relieved of his duties by the museum
management eeveral weeks after filming. He requested that
i filmed the latin american community. I liked the idea of
penetrating this white community museum with them. In
the end my exhibition called COLOR OF
CONFUSION was cancelled in september 2015 by the
director Katie Luber.» SB
SPEECHES
2009- 2012, Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2009
and Liverpool Biennial 2012 production
Mudam Collection, Luxembourg
« When I heard the speech A more perfect union by Barack
Obama, given on 18th March 2008, I knew that i would use
his words in a video. At the time, Barack Obama was being
pushed by the press following declarations by his pastor,
the reverend Jeremiah Wright, who accused Americans of
racism. We waited for his answer. The media found him too
white or too black, too Muslim or too immature,
inexperienced and not virile enough. Barack Obama chose
Philadelphia, Martin Luther King’s mythical city, to respond.
He punctuated his speech with ‘not this time!’ It was an
engaged, racial and leftist speech, spanning from personal
to universal. A magnificent speech that we knew could
never come true! I therefore began a series of speeches
that promised happiness, making millions of people dream
(or killing them) but never managing to succeed.» SB
A MORE PERFECT DAY
2009, 8 min, Ed. 2/3
With David Bichindaritz
extract of the speech ‘a more perfect union’
by Barack Obama in philadelphia 18th March 2008
A MORE PERFECT REVOLUTION
2012, 3 min 50 sec, Ed. 2/3
with katia bouchoueva
extract from the Communist Party Manifesto
by karl marx and friedrich engels, 1848
A MORE PERFECT SOCIETY
2012, 3 min 27 sec, Ed. 2/3
with mandel turner. music by stéphane le bellec
speech by angela davis to occupy
wall street 30th October 2011
A MORE PERFECT WORLD
2012, 3 min 37 sec Ed. 2/3
with véronique nosbaum
extract from the ‘united nations convention relating to the status
of refugees’
by the united nations high commissioner for human rights, 28
July1951
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LIVING PICTURES / WHAT IS MISSING ?
2010, Video filmed with the inhabitants of the city of
Penrith, in Western Sydney, Australia
Courtesy of the artist
American sub-culture lets flaws surface that are present in
many suburbs around the world.» SB
« In 2005 I was invited by the Museum of Contemporary
Art Australia (MCA) in Sydney for an experimental project
(C3WEST), bringing companies and artists into partnership.
I chose the national rugby team the ‘Panthers,’ in Penrith,
Western Sydney.
The story of the Panthers fasinates me. Created the day
after the First World War by survivors of the trenches in
1914-18, the team functions like a political agenda. The
Panthers have given a portion of their profits to health,
education and art every year since 1919. In the 30s they sold
tax-free beer, in the 1960s they opened games rooms. With
some 10 thousand members on their books they employ
2,800 people. After meeting them I offer to work within
their sharing utopia, under attack by successive attempts at
privatisation. i returned to Penrith many times throughout
the following five years, establishing connections between
the Panthers, the inhabitants, the city and the Campement
Urbain collective.
In 2010 I produced a video on ‘what is missing?’ Penrith is
a middle class white dormitory town, located at the foot of
the blue mountains, on the banks of the Nepean River, a
historical place for the Aborigines. Bored adolescents pose
a problem as each week they fight extremely violently at the
shopping centre, the cultural centre and the town hall. The
forced march integration of australian emigrants into an
2015, With the participation of the inhabitants of Sete,
the surrounding area or elsewhere
WHAT CAN YOU OFFER?
« I invite the inhabitants of Sète and its surroundings, as
well as anyone else interested, to participate in a collective
and unique work of art in my exhibition at the Centre
Régional d'Art Contemporain in Sète.
If you are filled with:
a happy or sad thought, an invented or real description, a
human or social change, a wish, a regret, a technical
invention, vital information, a dangerous secret, a gift,
unusual know-how, particular joy, a sacrifice, real or
imaginary pain, an original political idea, a poem, an
unknown recipe, something left unsaid, a language, an
unforgettable souvenir, an important place, compensation,
injustice, an excuse à posteriori, pleasure, ritual, a loved one,
enlightened advice, etc…
What can you offer? This gift should engage you, that is to
say is represent something from you that you would like to
see enshrined in an art venue. In return I would offer you a
written phrase inspired by our meeting.» SB
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Du 23 octobre 2015 au 31 janvier 2016
S’INVENTER AUTREMENT
SYLVIE BLOCHER
Ouvert tous les jours 12h30 19h
Fermé le mardi
Le week-end 14h 19h
Entrée libre
CENTRE REGIONAL D’ART CONTEMPORAIN LANGUEDOC-ROUSSILLON
26 quai Aspirant Herber France-34200 Sète
Tél. : +33 (0)4 67 74 94 37 Fax : 33 (0)4 67 74 23 23
http://crac.languedocroussillon.fr - [email protected]
Direction et commissariat des expositions Noëlle Tissier
Administration Manuelle Comito
Chargée des partenariats et des relations publiques Sylvie Caumet
Communication Agence de presse Brunswick Arts Consulting
Régie Cédric Noël
Montage Mathieu Baëchel, Frédéric Brisset, Amandine Contat, Nicolas Durand, Maël Mignot, Damien Pasteur,
Nathalie Paulhe, Karine Secrétant (Entreprise Artfrontline)
Secrétariat gestion Martine Carpentier
Web Patrice Bonjour
Service des publics Vanessa Rossignol Responsable, Chantal Seriex & Cécile Viguier Enseignantes Service
éducatif
téléphone : 04 67 74 89 69 (groupes sur rendez-vous)
email - [email protected]
Service des publics & documentation Karine Redon
Accueil et médiation Rahmouna Boutayeb, Caroline Chabrand, Fanny Berquière, Martyna Makiela, Marine TanguyGassama (Entreprise Un goût d’Illusion)
Crédits photographiques Marc Domage
Vidéo de l’exposition réalisation Aloïs Aurelle
Réalisation du livret Service des publics - Conception maquette JF
Imprimeur Atelier 6
Le CRAC et l’artiste remercient toutes les personnes qui ont participé à l’œuvre Qu’offrez-vous?.
Cette exposition est réalisée en collaboration avec le Mudam Luxembourg
et avec le soutien du CNAP, Paris
Région Languedoc-Roussillon
Ministère de la Culture et de la Communication avec le concours de la Préfecture de la Région Languedoc-Roussillon
/ Direction Régionale des Affaires Culturelles
Le CRAC LR est géré par le Conseil Régional Languedoc-Roussillon
Le CRAC LR est membre de DCA/Association française de développement des Centres d’Art
Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon
- Dépôt légal novembre 2015 - ISBN 2-913094-87-2