Acheter en seconde main, un véritable échange social

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Acheter en seconde main, un véritable échange social
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La page trois
La Gruyère / Samedi 21 mars 2015 / www.lagruyere.ch
Acheter en seconde main,
un véritable échange social
////// De plus en plus de personnes font
leurs emplettes sur le marché de l’occasion.
////// Il s’avère avantageux financièrement,
mais aussi écologique et social.
////// Enquête à l’heure où Espace Gruyère accueille
le plus grand vide-dressing du canton.
TEXTE ET PHOTOS RÉGINE GAPANY
CONSOMMATION. Ils sont toujours plus nombreux à courir
les boutiques de seconde main.
Particulièrement dans les villes.
Un phénomène que l’on rencontre aussi à Bulle. Pour preuve,
la boutique Zig-Zag de la CroixRouge fribourgeoise (CRF) et
le supermarché de l’occasion
Coup d’Pouce se sont agrandis
ces dernières années. Ce dernier s’est déplacé en 2012 du
numéro 31 de la rue de Vevey
au 208. Plus grand et plus lumineux. Zig-Zag, lui, a déménagé
en 2009 de la place du Marché
au chemin des Crêts 6. On projette de l’agrandir encore, annonce Charles Dewarrat, directeur de la CRF.
Cette hausse de la demande
s’explique en partie par l’augmentation de la population.
Mais pas seulement. «La clientèle s’est diversifiée ces cinq
dernières années. Le marché
s’est vraiment ouvert», explique
Félix Grossrieder, directeur de
la fondation Emploi Solidarité
qui gère les magasins Coup
d’Pouce. Ce week-end d’ailleurs, Espace Gruyère se change en immense vide-dressing
(lire encadré).
Rôle social
«On y croise des gens qu’on
ne voit jamais ailleurs. Ni dans
les boutiques de la ville ni dans
les grandes surfaces comme
Coop ou Migros», souligne Lucas Dupasquier. Il a travaillé
trois mois à la boutique Zig-Zag
en 2013. Pour autant, le directeur Charles Dewarrat l’assure:
«La moitié de la clientèle n’est
pas limitée dans ses moyens. Et
il y a de plus en plus de jeunes.»
Pour servir cette clientèle
diversifiée, les boutiques de
seconde main misent sur le
sens de l’accueil. Zig-Zag et
Coup d’Pouce emploient des
personnes en réinsertion professionnelle: elles doivent faire
leurs preuves comme dans
n’importe quel autre magasin.
Mais le sel dans le marché de
l’occasion, c’est avant tout l’interaction sociale. «Dans nos
magasins, les gens se parlent»,
explique Félix Grossrieder.
C’est justement ce que privilégie Emilia dans sa Caverne
d’Alibaba. Contrairement aux
deux enseignes à vocation
sociale, elle a choisi aujourd’hui
de louer un espace plus petit.
Après plus de trente ans passés
dans différents locaux du cheflieu gruérien, elle est actuellement retirée dans une petite
cour en face de l’église. Ses
clients savent toujours où la
trouver. Ils cherchent le contact
avec elle, plus qu’un objet en
particulier.
Le plaisir d’échanger se
retrouve aussi dans les videdressings et ventes à domicile.
Dans les boutiques de seconde main, les stocks sont continuellement renouvelés. Les habitués le savent.
Laura Gavillet en a organisé plusieurs à Fribourg ces dernières
années. La sélection se veut un
peu plus pointue que dans les
magasins de la place, sans être
pour autant vintage. Pour la
majorité de ces événements, un
vêtement n’a pas besoin d’avoir
trente ans. On retrouve les
mêmes critères qu’ailleurs: qualité, prix et échange humain.
Présentation moderne
L’augmentation de la population explique une hausse de la demande.
Dans tous les cas, les stocks
sont continuellement renouvelés. Les habitués le savent: «Je
visite la boutique Zig-Zag au
minimum une fois par semaine», confie Carlos Teixeira,
client fidèle depuis 2005. Dans
tous les magasins, on accorde
beaucoup d’importance à la
présentation des articles. Un
jeans a beau coûter 9 fr. 90 et
un T-shirt 2 fr. 90, ils sont mis en
valeur de la même façon que
dans un magasin traditionnel.
Les boutiques Zig-Zag sont
les seules à proposer un lot
d’habits neufs. Ceux-ci représentent 20% de la marchandise.
«Il s’agit de compléter la seconde main. Un client qui cherche
un pantalon et des chaussettes
est déçu s’il ne trouve pas les
chaussettes», explique Charles
Dewarrat.
Les clichés s’envolent
Les mentalités ont changé: on
ne rase plus les murs en sortant
du magasin de seconde main. Il
faut dire que les enseignes ont su
redorer leur blason. Et puis, la
notion de recyclage est désormais omniprésente. Si une certaine gêne persiste cependant,
on la rencontre avant tout chez
la population âgée.
«Les jeunes, qui possèdent
moins de ressources financières ou qui surfent sur la
vague de l’occasion, ont tendance à valoriser ce mode de
consommation», explique Natacha, responsable de la boutique Zig-Zag de Bulle. Parmi
les clients, on retrouve encore
les connaisseurs, pour lesquels la seconde main est la
possibilité de faire de bonnes
affaires.
Première édition de Vesti’bulle
Espace Gruyère accueille aujourd’hui «le plus grand vide-dressing du canton de Fribourg». Une cinquantaine d’exposants présenteront leurs habits
sur une surface de 600 m2. Parmi les invitées: Muriel Favre Perret (créatrice
de vêtements diplômée de l’Ecole de couture de Fribourg), Aurélie Deschenaux (fondatrice de Graine de shopping), les organisatrices du Salon des
femmes (à Espace Gruyère du 24 au 26 avril prochain) ainsi que l’Institut
Ô doigts de fée. La Croix-Rouge fribourgeoise a mis à disposition des
containers pour le stock d’invendus. Le projet vise à sensibiliser exposants
et visiteurs au recyclage d’habits. «Ou comment refaire sa garde-robe
à des prix abordables dans une ambiance détendue.» Les organisatrices
se sont penchées exclusivement sur la mode féminine pour cette première
édition. La gent masculine attendra les prochaines éditions… RG
Bulle, Espace Gruyère, samedi 21 mars, de 14 h à 18 h
C’est le cas d’Héloïse Monney qui tient la boutique d’objets et vêtements tendance Helo
boutique, dans le centre-ville
bullois. Elle chine volontiers les
meubles à Coup d’Pouce pour
son usage privé. «C’est moins
cher et on y trouve des objets à
la mode».
Les chasseurs de vintage se
mélangent alors au personnel
de l’ORS qui se rend à Coup
d’Pouce pour meubler les appartements des requérants d’asile.
Les clients sont aussi divers que
les besoins. Mais tous cherchent un bon rapport qualitéprix et du contact. Les magasins
de seconde main proposent
ainsi un véritable échange
social. Les objets et les vêtements ont de la patine. Ils ont
vécu. Souvent, à l’instar des
gens qui les vendent. ■
Trois commerçants mis à l’honneur
Un nouveau président
BULLE. L’Association des commerçants du canton de Fribourg
(ACCF) a tenu son assemblée générale mercredi soir au Cheval-Blanc,
à Bulle. La dernière pour Didier
Clément qui remet la présidence à
Cécile Thiémard. Le bijoutier bullois de 55 ans avait pris la tête de
l’association en 2011. Au cours de
la soirée, il a prononcé un discours
dans lequel il se projetait en 2019,
année du centenaire de l’ACCF.
«Le Conseil fédéral et les autorités
politiques auraient pris conscien-
IMPRESSUM. La section fribourgeoise
d’Impressum (l’association professionnelle suisse des journalistes) a un nouveau président. Mercredi à Fribourg, Jean
Godel a été élu à ce poste vacant depuis
le départ de Nicolas Maradan en 2014.
Agé de 47 ans, journaliste à La Gruyère
depuis 2010, Jean Godel «incarne un
exemple concret de défense efficace d’un
membre d’Impressum», indique le communiqué. L’association l’a en effet soutenu dans ses procédures pour licenciement abusif, après son éviction de Radio
Fribourg. L’affaire s’est terminée devant
ce du danger que représente la
concentration du commerce de détail en main de deux seuls géants
en Suisse. Le fameux duopole national serait reconnu comme un véritable Etat dans l’Etat», s’est plu à
évoquer le président sortant. Une
façon pour l’ACCF et ses près de
150 membres de rappeler sa position en faveur du commerce indépendant, du commerce de détail et
des PME.
L’assemblée aura également permis de décerner les désormais
traditionnels Prix des commerçants du canton de Fribourg. Un
honneur qui est revenu cette fois à
Didier Clément lui-même, pour son
travail à la bijouterie La Marquise
Clément à Bulle. A ses côtés, ont
également été distingués Guido
Kessler – pour son travail au sein
de l’Union suisse des arts et métiers et pour son activité en tant
que président de la Foire de Fribourg – ainsi que Michel Buchmann, de la pharmacie La Tête
noire à Romont. YG
le Tribunal fédéral, qui lui a donné raison
l’an dernier, confirmant les verdicts du
Tribunal des prud’hommes du district de
la Sarine et du Tribunal cantonal.
Cette nouvelle présidence arrive dans
un contexte difficile pour Impressum: la
section fribourgeoise a vu ses effectifs diminuer de 198 membres en 2013 à 188 actuellement. Selon son comité, elle a besoin d’être remotivée «après la déception
de ses membres à la suite de l’acceptation de la nouvelle CCT au niveau suisse
en décembre 2013». Impressum Fribourg
l’avait refusée à l’unanimité. EB

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