Marcher - Le Bon Accueil

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Marcher - Le Bon Accueil
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
74 Canal Saint-Martin
35700 Rennes
Dossier Pédagogique
MARCHER
Hervé Beurel - Samuel Boche - Didier Courbot - Nicolas Durand
eDS collectif - Hamish Fulton - Vincent Victor Jouffe - Gabriel Orozco
Régis Perray - Laurent Tixador et Abraham Poincheval - Mathieu Tremblin
Du 13 mai au 27 juin 2010
Série Natalia, Lisbonne. Extrait
Nikolas Fouré, commissaire de l’exposition.
En collaboration avec le Frac Bretagne et le Frac Pays de Loire
Samuel Boche, 2009
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
SOMMAIRE
Communiqué de presse
Liste des oeuvres
02
03-12
Les pistes de travail
13 à 15
Autour de l’exposition
16 et 17
Informations pratiques
18 et 19
Communiqué de presse
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Marcher
Des dérives situationnistes aux marches de Richard Long en passant par les
déambulations de Francis Alÿs, mettre un pied devant l’autre pour sortir de l’atelier,
de la galerie, quitter les yeux de l’écran et mettre son corps en mouvement.
Se fondre dans la réalité sans pour autant dissoudre la fiction qui se tisse à chaque pas,
à chaque coin de rue, au détour d’un sentier, irrémédiablement.
Les signes et objets émergeant du réel croisent le flâneur, des intrusions transformant
la réalité du monde en fiction, pouvant dessiner les traces d’un parcours onirique.
L’engagement dans une réalité, bien que prosaïque, motive l’imaginaire.
Le moindre pas peut faire vaciller l’esprit, comme le corps lorsqu’il est en
mouvement.
Jacques Rancière l’évoque très bien dans le chapitre « les paradoxes de l’art politique
« dans son éssai « Le spectateur émancipé » : « La fiction n’est pas la création d’un
monde imaginaire opposé au monde réel. Elle est le travail qui opère des dissensus, qui
change les modes de présentation sensible et les formes d’énonciation en changeant
les cadres, les échelles ou les rythmes, en construisant des rapports nouveaux entre
l’apparence et la réalité, le singulier et le commun, le visible et sa signification.»
Le fait de marcher est une constituante de notre humanité : pléonasme.
On pourrait même s’avancer à dire que la marche serait un concept formulé par notre
cerveau reptilien !
En tous les cas le fonctionnement numérique est basé sur une dialectique simple et
ontologique 0-1, -binaire- et analogiquement la marche repose sur le même mécanisme
: équilibre / déséquilibre.
Elle engage la répétition du même geste.
Marcher, ce n’est donc pas faire grand chose, tout en faisant tout de même. C’est
avant tout se déplacer, aller d’un endroit à un autre par ses propres moyens mais c’est
aussi être dans cette occupation minimum qui permet le détachement, le regard, la
pause et la reprise : la promenade citoyenne.
La marche implique le corps, dans son rapport aux éléments (au contexte, naturel
ou pas)autant que dans sa mécanique physique primaire. Marcher c’est aller hors
des sentiers battus, c’est découvrir, c’est se confronter à la nature, la jauger autant
qu’elle nous juge. Historiquement, être sur les pas de Gaspard D. Friedrich ou Gustave
Courbet, dans une filiation romantique et solitaire.
Le désir d’aller vers, de trouver sans chercher, par détour, au cours de déambulation,
d’immersion dans un quartier, une ville, une arrière cour. Une marche à dimension
humaine, sur le qui-vive, dans un souci du signe, d’un archivage du présent.
Marcher, c’est fouler le sol, reposer sur, s’ériger, défier l’attraction terrestre : un
acte sculptural. Construire, non plus dédoubler le réel par l’image mais expérimenter,
vivre un fragment du réel. Cristalliser : donner du relief.
L’ensemble des œuvres et des artistes réunis au sein de ce projet d’exposition ont
une seule et même ambition : interroger notre Monde, s’y confronter, le caresser
ou l’analyser. La marche non comme une simple trajectoire mais bien comme un
processus, une façon de ne pas être dissocié de ce qui nous construit : un accès au
réel.
Nikolas Fouré, commissaire de l’exposition
Oeuvres présentées
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Hervé Beurel
Vit et travaille à Rennes
Prinzenstrasse/Canal Saint-Martin
Impression numérique sur papier affiche. 2010
8m sur 2m56
A travers le médium photographique, Hervé Beurel travaille par principe de renvoi
en miroir, de réitération, de reconduction et réalise avec un vocabulaire visuel
minimum des emblèmes à la fois énigmatiques et familiers de notre environnement
et de notre culture.
Depuis 2002, lors de déambulations dans diverses villes, il inventorie par
prélèvement photographique, les réalisations à caractères artistiques qui
accompagnent fréquemment les programmes architecturaux des années 60-70,
contemporaines de cette période de transformation du territoire et de prospérité
économique que l’on nomme communément les trente glorieuses. Leur relative
discrétion voir leur quasi-absorption dans l’environnement urbain incite peu à
interroger leurs qualités plastiques, encore moins à vérifier leur statut ne relevant
souvent ni de la commande publique, ni du 1% artistique.
Ce travail photographique consiste à retrouver la part d’utopie qui subsiste dans
l’aménagement urbain, les références d’une esthétique moderniste, les restes
d’une abstraction géométrique et paradoxalement, de repérer dans la banalité et
la standardisation de l’environnement, les valeurs d’exceptions et d’originalités
provenant de l’histoire de l’art.
L’œuvre présentée dans le cadre de l’exposition Marcher se matérialise par le
collage d’une de ces images agrandies à l’échelle d’un des murs du lieu et imprimées
numériquement sur papier affiche. Elle existe cette fois, non pas comme un tableau
extrait d’une série, mais comme un mur recouvert d’une surface de papier peint,
dont le motif excède et déborde l’espace d’exposition.
www.ddab.org
Samuel Boche
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Vit et travaille à Nantes
Report Anything Suspicious
Photographies couleur. 2008
40x60 cm chacune
Extrait de la série
«C’est à la suite du visionnage du film d’André Arnold Red Road que j’ai décidé
d’aller voir à Glasgow ce qui se passait sous l’œil des caméras de surveillance de
la ville. Dans le métro de Glasgow une phrase tourne en boucle pour alerter la
population : REPORT ANYTHING SUSPICIOUS.»
Glasgow est statistiquement la ville la plus dangereuse d’Europe. Un de ses
quartiers, Red Road, où s’élèvent les immeubles à loyer modéré les plus hauts
d’Europe est aussi un quartier le plus vidéo-surveillé d’Ecosse: une caméra pour
55 habitants. C’est là que le photographe Samuel Boche trouve ses sujets et ses
personnages.
Cette phrase est devenue le titre de la série photographique. Comment un geste,
un comportement, une scène de rue, un bâtiment, une porte, un déchet peuvent
ils devenir suspicieux ?
Un travail qui lui permet d’aborder la notion d’insécurité dans le milieu urbain,
de véracité des images et le flicage par l’image. «Suis-je moi même en activité
suspicieuse quand je pratique la photographie dans la rue?»
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Didier Courbot
Vit et travaille à Paris
Needs (Rome)
Photographie couleur. 1999
94x120 cm. Collection nationale du fond d’art contemporain
Bohémian Shoes
chaussures modifiées. 2008
27x11x7 cm
L’intérêt que porte Didier Courbot aux lieux publics dépasse la seule question
spatiale. Sa réflexion prend en compte les espaces partagés dans leur dimension
temporelle constitués des relations complexes entre les individus. L’artiste est
particulièrement attentif aux “petites” mémoires qui contribuent à nos espaces
collectifs. Dans la série des Needs par exemple (à partir de 1999), l’artiste s’occupe
anonymement et modestement de la ville : il répare des bancs, arrose des plantes,
peint des passages piétons,… Didier Courbot redoute les gestes spectaculaires et
vains dans nos espaces communs. Après une observation consciencieuse de l’espace
à travailler, sa position en retrait l’amène à agir, à la limite de la visibilité, dans
une réflexion profonde sur notre relation à la ville et au paysage, aux liens qui les
unissent.
Nicolas Durand
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Vit et travaille à Lille
Motion sculpture
Plâtre. 2009
70x35 cm
Ce travail tend vers une sculpture-évènement qui inclurait la quatrième
dimension à ce médium. Cette sculpture est composée d’un cylindre en
plâtre sur sa tranche évoquant dans ses dimensions une roue de camion. La
forme présente un potentiel de déplacement tandis que sa masse semble
immuable. « La forme de la roue présente un potentiel de déplacement mais
n’en porte aucune marque. Je pense retravailler cette pièce prochainement
en faisant un long trajet urbain en la poussant. Les marques d’usures, les
chocs aléatoires m’intéressent, mais aussi la différence entre les côtés qui
seront gardés très lisses et le tour de la roue désagrégé. Le trajet en lui
même ne sera pas documenté comme le travail de F Alÿs et la roue moins
marquée que la boule de plasticine de G.Orozco, quand je dis trajet urbain
ça oriente la pièce dans un sens, je préfèrais autant une piste de décollage
ou une route désaffectée car le sol est dans ce projet un outil abrasif.Le
rapport entre le volume et le corps m’interésse. L’effort, le déplacement,
la motion. »
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Hamish Fulton
Hill Stream track Shelter Rock Camp
Photographie noir et blanc, texte, verre et bois.1981
90x251 cm. Collection Frac Bretagne
Hamish Fulton (1946) affirme que «marcher transforme». Depuis le début des
années 1970, il parcourt le monde à pied. Il a réalisé plusieurs centaines de
marches dans 24 pays qui représentent des milliers de kilomètres parcourus, et
les impose comme fait artistique. Il ne rapporte rien de ses voyages, ni des pierres,
ni d’autres éléments qu’il utiliserait comme traces, sculptures.
La démarche de Fulton s’apparente au récit, un récit visuel qui trouve un support
dans l’exposition ou le livre. Les traces principales, les seules formes matérialisées
de ces voyages et de leur évocation artistique sont les livres qu’Hamish Fulton
publie en grand nombre et des photographies ou des estampes scarifiées par les
textes qui rappellent le cheminement suivi. Il utilise aussi sa réputation pour
défendre un point de vue, ainsi le catalogue de sa dernière exposition à la Tate
Britain à Londres comprend un texte sur le réchauffement de la planète et le récit
d’une expédition dans l’Himalaya par un guide, qui viennent compléter un texte
présentant son activité.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Vincent Victor Jouffe
Vit et travaille à Saint Méloir-des-Bois et Rennes
Notre Dame du Charme, Saint Bonnot Nièvre
10 tirages argentiques d’aprés émulsions Polaroid format image.
Chaque élément 36x31x2,5 cm. 1996-2009. collection Ville es Bret
Elément 6,1996
« C ‘est une qualité de suspension temporelle qui m’a d’abord littéralement
étourdi quand j’ai découvert cette chapelle expiatoire édifiée après la seconde
guerre mondiale dans une région où la Résistance a perdu nombre de maquisards.
(.../...°) L’absence de style architectural de ce sanctuaire construit en toute
hâte au centre de la parcelle contribue à cette impersonnalité que révèlent ces
dix images précaires. Ces photographies ne se focalisent pas sur les nombreux
édicules – puits dédiés à Saint Yves ou Jeanne d’Arc, bancs de pierre, grotte,
autels – qui minent la parcelle et sont les traces des processions aujourd’hui
disparues. Ces fragments de vestiges sont rejetés pour la plupart à la lisière du
cadre, laissant voir d’autant plus le vide central des sols de cette clairière. Ces dix
éléments combinatoires n’obéissent à aucune des règles qui caractérisent le style
documentaire. La lisibilité se trouve brouillée notamment par la faible profondeur
de champ, propre à la focale du Polaroid, la recherche de clarté est vite contredite
par des trous d’ombre, la frontalité par un cadrage diffracté. Ce sont des images
déceptives qui enregistrent les moments d’une marche circulaire autour de ce
sanctuaire sans style. Le marcheur achoppe sur ces restes qui attestent de la vanité
de la commémoration mais ce constat d’impossible anamnèse n’interdit pas non
plus une expérience du lieu, celle-là partielle où la communion trouve son point
de limite mais où la séparation d’avec l’Histoire – la part irreprésentable de la mort
en temps de guerre- n’est peut-être pas définitive.»
V.VJ
www.ddab.org
Gabriel Orozco
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Vit et travaille à New York
Detergent Foam
Photographie couleur. 2009
55x69,5 cm. Collection Frac Bretagne
Artiste mexicain né en 1962 à Jalapa, Gabriel Orozco, vit aujourd’hiui à New
York. Il s’est imposé sur la scène artistique internationale notamment grâce à
ses sculptures et ses photographies. A partir d’objets industriels du monde
contemporain, l’artiste réalise des pièces qui perturbent la perception et convient
vers de nouvelles expériences suite aux manipulations et modifications dont ils
ont été l’objet.Ainsi, la sculpture D.S., 1993, est le résultat d’un procédé de
manipulation de l’emblématique voiture française des années 60. Le véhicule,
découpé dans le sens de la longueur et reconstitué avec des proportions faussées,
est ainsi réaménagé en monoplace.
Dans ses photographies, l’artiste enregistre des micro-événements et présente des
gestes ou des interventions discrètes : une empreinte du souffle sur la laque d’un
piano (Breath on Piano, 1993) ou les traces d’une roue de bicyclette qui vient de
traverser une flaque d’eau (Extension of Reflexion, 1992). Le regard de l’artiste se
pose sur des fragments de la vie urbaine : un sac en plastique, un parapluie vert,
une trace d’avion dans le ciel, de vues de ville, des détritus qui semblent être
placés selon un certain ordre, des chiens alignés sur le trottoir, un guidon de vélo.
Présentées comme la chronique d’un quotidien ordinaire, ces images provoquent
une redécouverte du familier, induisant un regard nouveau chez le spectateur.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Regis Perray
Vit et travaille à Nantes
Les plus beaux pavés du quai Saint-Felix
DVD, film couleur sonore, 10 mn30. Edition:1/3 .2002
Collection Frac Pays de la Loire
La cité de Malakoff, comme d’autres espaces périurbains, donne l’impression
d’un îlot fermé autosuffisant pour une part et coincé entre diverses voies
férrées, un nœud routier, une zone marécageuse et la Loire.
Comme à son habitude, l’artiste y a envisagé ses actions en suivant le
principe d’un point de vue rapproché: intervenant toujours sur quelques
mètres carrés, périmètre choisi livrant mille dépôts, libérant mille
poussières. Cette action durant laquelle il s’applique à humidifier en plein
soleil les pavés du quai à l’aide d’une éponge, s’inscrit dans cette volonté
de rendre visible ce qui a été oublié, ce que l’on ne voit pas parce que trop
familier ou ce qui n’apparaît que de façon éphémère.
http://www.regisperray.eu/
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Abraham Poincheval
et Laurent Tixador
L’Inconnu des grands horizons
Bouteille en verre, figurines en plastique, Terre de Verdun, bout de veste et lacets.2002
(édition 3/8)
20x51x15 cm. Collection Frac Pays de la Loire
Laurent Tixador et Abraham Poincheval, artistes français nés en 1965 et 1972,
travaillent en duo depuis septembre 2001. Dès leur première aventure (un
campement préhistorique sur l’île du Frioul près de Marseille) jusqu’à la plus
récente (vingt jours passés dans deux cachots à Nice), une question toujours
sous-tend leur pratique artistique: comment modifier sa pensée aujourd’hui? Ou
encore, comment abandonner les certitudes et la maîtrise des codes établis qui
déterminent notre rapport au monde?
Par le fait de déplacer une action banale (marcher, camper, naviguer…) dans le
champs de l’art, les artistes la détournent, l’inaugurent, l’inventent : créent le
mythe. Pour cette aventure, ils décident de rallier, à pied et à la boussole, Nantes
à Metz, en deux lignes droites, l’une de Nantes à Caen, l’autre de Caen à Metz. De
cette expédition, ils tireront un film et un livre, L’Inconnu des grands horizons.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Mathieu Tremblin
Vit et travaille à Rennes
Malabart Tatoo Collection
Installation et multiple
Chewing-gum, dimensions variables
Carte, 42 x 29,7 cm, 500 ex
Mathieu Tremblin met en oeuvre des dispositifs d’interventions graphiques et
s’inspire des pratiques et expressions anonymes autonomes et spontanées dans
l’espace urbain pour questionner les systèmes de legislation, de représentation
et de symbolisation de la ville. Ici, le Malabart est un outil de communication
urbaine qui utilise le chewing-gum comme matrice, créé par Mathieu Tremblin et
développé en partenariat avec David Renault.
La Malarbart Tatoo Collection est un ensemble de collages au chewing- gum
disséminés dans la ville; une séries de réinterprétations graphiques des motifs de
décalcomanies offertes avec les chewin-gums de marque Malabar. Dans le cadre de
l’exposition, il accompagne ces collages d’une carte qui recense l’ensemble des
collages édités et distribués.
Rusty Map « Fiat Punto »
Peinture murale
Peinture aérosol métallisée, 240 x 150 cm
La Rusty Map (carte rouillée) est une alternative à la carte topographique ; une
traduction de la mystique cartographique comme peut l’être la carte au trésor. Si
le pirate avide déchiffre le code secret pour trouver les coordonnées de son cap,
le marcheur aventureux quant à lui, interprète le chemin à suivre en fonction des
sinuosités de la rouille d’un capot de voiture.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Pistes de travail
Patrimoine et identité culturelle
L’ aventure comme récit artistique
Interventions et appropriations d’un territoire
Avec l’exposition collective Marcher, le Bon Accueil propose un voyage initiatique
et une approche contemplmative du monde. Ici les artistes choisissent d’abord
d’aller à la rencontre et de se confronter aux données sensibles du monde.
12 artistes et dix œuvres et autant de regards différents qui nous invitent à partager
leurs expériences à la manière d’un récit de voyage.
Il s’agira donc de fouler pour contempler, témoigner et aussi pour investir et
poser sa marque. Que ce soit dans un espace urbain maitrisé, traversé par des
transformations permanentes ou d’un espace naturel dans lequel les traces de
l’homme semblent à peine visibles, Marcher ne signifie plus alors seulement se
déplacer, marcher symbolise voyager, errer, découvrir.
Marcher c’est aussi méditer, porter un autre regard sur les choses et sur soi même.
Jean-Jacques Rousseau dans son roman «les Rêveries d’un promeneur solitaire»,
1782 met en lumière la notion de marcher qui symbolise pour l’auteur un retour
sur soi.
En effet, ces oeuvres manifestent la volonté d’un retour aux sources, aux origines
de l’âme humaine, à un regard simple mais primordial sur ce qui nous entoure.
L’artiste est donc un promeneur solitaire qui contemple à travers la marche, il
capture le réel et nous propose sa propre lecture du monde.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
LE PATRIMOINE
Chaque oeuvre est le témoignage , la trace, la mémoire d’un lieu.
L’exposition MARCHER crée un véritable dialogue entre le patrimoine et la création
contemporaine en proposant une réappropriation de ces richesses culturelles
accumulées par la société au fil des siècles.
Ces richesses patrimoniales, absorbées dans l’environnement urbain et ne suscitant
plus que l’attention de quelques historiens et conservateurs de musées, les artistes
de l’exposition MARCHER les interrogent par leur regard singulier.
Hervé Beurel traque des éléments de paysage urbain passés de mode et laissés à
l’abandon. Il s’attache à des projets architecturaux qui témoignent d’une esthétique
formaliste propre aux avants-gardes du début du XXème siècle : l’abstraction.
L’artiste fait renaître la dimension artistique du motif architectural par l’accrochage
sur tout un pan de mur de l’exposition. L’image nous est familière tant elle nous
rappelle l’art abstrait, le motif acquiert ainsi une valeur esthétique.
Regis Perray adopte également cette démarche de conservation et de restauration
du patrimoine architectural avec son oeuvre «Les plus beaux pavés du quai St
Felix». Tandis que les pavés sont aujourd’hui absorbés dans le cadre architectural
de la ville moderne, Regis Perray tente dans un acte symbolique de préserver
et valoriser ces éléments chargés d’histoire. Il opère un geste quasi-mécanique
et répétitif qui contribue au nettoyage des pavés avec une éponge. La posture
adoptée par l’artiste évoque ainsi une sorte d’hommage rendu au patrimoine.
MARCHER propose une revalorisation et une réappropriation du patrimoine par des
artistes contemporains. L’exposition privilégie une approche singulière et sensible
du monde qui nous entoure, particulièrement de l’environnement urbain.
Vincent Victor Jouffe interroge la mémoire d’un territoire non familier. Notre
Dame du Charme est une chapelle datant du XVIII ème siècle à Saint Bonnot dans
la région de la Nièvre. Ancien champ de bataille, l’artiste a préféré le silence pour
évoquer ces lieux chargés d’ Histoire et témoigner des exécutions de résistants
pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le nom de la chapelle provient d’une
légende selon laquelle la statuette de la Vierge qui se trouvait là a été enlevée et
est revenue toute seule à sa place habituelle ! Depuis, de nombreuses personnes
font un pèlerinage tous les ans, le 8 septembre, jusqu’à Notre-Dame du Charme.
La démarche artistique d’Hamish Fulton, l’artiste historique del’exposition,
suggère un rapport différent à l’environnement, notamment avec le patrimoine
naturel. Ses photographies constituent des relevés topographiques réalisés lors de
ses nombreux voyages de par le monde. Il photographie le paysage sans intervention
ni artifice, il présente des vues souvent larges de paysages vierges, avec de rares
personnes rencontrées. Le respect et la préservation de l’environnement naturel
est primordial dans la démarche d’Hamish Fulton. De ses voyages, l’artiste ne
rapporte rien, horsmis des photographies et des publications : le paysage naturel
devient alors un bien rare et précieux, une véritable richesse patrimoniale.
Le travail de documentation est l’aboutissement de ses voyages et de ses
promenades solitaires dans la nature. L’artiste intègre alors au champ de l’art le
patrimoine naturel et lui confère la valeur d’un objet sacré.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
L’AVENTURE
Certains artistes présents dans cette exposition ont un point commun, le goût pour
l’aventure et l’exploration au monde. L’univers clos de l’atelier, très peu pour eux,
à eux les grands espaces et les longues traversées. Ces artistes un peu à la manière
des explorateurs d’un nouveau monde, ont le désir de découvrir et de vivre une
expérience. Leur objectif être en contact direct avec leur environnement, qu’il
soit urbain, rural ou naturel.
« Je marche sur la terre pour m’introduire dans la nature » Ici il y a un véritable
volonté de faire partie et de s’inscrire dans le monde. Hamish Fulton parcourt depuis
le début des années 1970, le monde à pied. 24 pays, des milliers de kilomètres,
plusieurs centaines de marches et ne il ne rapporte rien de ses voyages. « Un
objet ne peut rivaliser avec une expérience.»
Ce sont ses expositions, ses photographies, et ses publications qui imposent sa
démarche comme fait artistique. Pour lui, c’est la marche l’essentielle, la marche
éphémère est l’œuvre d’art. Elle offre une relation privilégiée à la nature. il avoue
facilement que « la marche transforme ».
Si il ne ramène rien de son voyage c’est bien pour signifier que tout est dans
l’aventure et que ramener un objet serait vain. Il ne nous montrera donc seulement
ces photographies de paysages comme autant de preuve de son aventure et comme
fascination pour cette nature extrême.
Les artistes Abraham Poincheval et Laurent Pixador mettent l’accent sur la marche
comme performance et comme aventure. Marcher, oui mais avec un objectif
précis, une contrainte particulière, un défi. Dans l’œuvre L’Inconnu des grands
horizons, ils doivent marcher d’un bout à l’autre mais toujours tout droit malgré
les obstacles. La marche devient alors une véritable aventure semée d’embûches
et un exploit physique.
Pour l’artiste Samuel Boche, il s’agit de se plaçer dans des situations périlleuses
pour réaliser ses photographies. En effet pour ses prises de vues, il arpente des
territoires dangereux pour vivre une aventure véritable. Il choisit pour réaliser
sa série photographique ‘Report anything suspicious’ la cité Red Road à Glasgow
réputée comme la ville la plus dangereuse d’Europe. Pendant plusieurs semaines,
il va s’immerger dans cet univers et va vivre dans des conditions extrêmes pour se
placer au plus près de ces sujets et d’une réalité âpre. Chacun de ses projets est
une expérience unique qui prend en compte l’irruption du réel comme accident.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
UNE INTERVENTION SUR LE MONDE
Les démarches artistiques de Regis Perray, Nicolas Durand, Mathieu Tremblin ou
encore Didier Courbot consistent à investir l’espace public et à y déposer leurs
empreintes de manière éphémère et transitoire. Le monde contemporain est
marqué par des mutations urbaines qui ne cessent de modifier notre rapport à
l’environnement quotidien. Par la volonté de manifester son existence et le désir
d’exprimer une subjectivité dans un univers où règne la dilution de l’attention
aux choses et l’anonymat, ces artistes, dans l’exposition MARCHER tentent une
appropriation du monde.
Ces promeneurs solitaires prennent le temps de s’arrêter et de porter une attention
particulière sur le monde qui nous entoure en appliquant leur marque personnelle
ou imperssonnelle dans l’espace public Ces interventions vont prendre la forme
d’action spontanées et improvisées mais partent en fait d’une observation du
monde qui les entoure. A la manière de l’artiste Didier Courbot qui va en effet
débuter son travail par une analyse consciencieuse du paysage urbain et va
décider d‘intervenir grâce à de petites actions à la limite de la visibilité. Sur cette
photographie, il considère le contexte urbain envahi par l’automobile en recréant,
aussi bien au sens littéral que métaphotique, un passage. Il pointe l’attention
sur la notion d’espace public et les possiblités d’intervenir sur celui ci pour le
transformer, l’améliorer le réparer comme si il s’agisssait de sa propriété.
Dans la vidéo de l’artiste Regis Perray, on le voit agir directement dans la ville.
En nettoyant les pavés du quai Saint Felix consciencieusement avec une éponge
mouillée, il va dégager la poussière et en révéler l’éclat. L’attention, le geste
répétitif et humble permet la révélation d’une beauté simple. Comme pour nous
prévenir qu’il faut prendre soin de son patrimoine historique, qu’il nous appartient,
et que l’on se doit de l’entretenir.
Mathieu Tremblin dans cette exposition choisit d’intervenir aussi directement
dans la ville et même sur le bitume. En posant ses graffitis, ses décalcomanies
slogan sur le trottoir, il s’approprie un espace public pour faire passer un message.
Ici son message est lisible aux yeux de tous, son travail artistique se trouve dans la
rue pour s’approprier un espace, poser sa marque et passer un message, l’espace
public nous appartient.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Autour de l’exposition «Marcher»
Le Mercredi 12 mai à partir de 18h30
Vernissage avec une performance d’ eDS collectif.
Cette performance débute par une marche au pas partant du stade commandant
Bougouin et se terminera au Bon Accueil. Les performers seront costumés et
masqués en référence à la fête de la jeunesse de Rennes. Une fois arrivés au Bon
Accueil, les performers poursuivent leur marche sur place au rythme d’un chant
militaire revisité. Le performer enfile une paire de chaussures sculpture
( ref Carl André) et marche au son de la cadence imposée par le chant du perfomer
( ref «oh ,la fille» chant de parachutiste).Le chant est dans un premier temps de
tonalité martiale, puis glisse peu à peu pour devenir un chant d’enfant.(ref: scène
du film «Tomorow belongs to me» du film Cabarêt de Bob Fosse.
http://edscollectif-blog1.over-blog.com/
Le Samedi 5 juin à 16h
Rencontre avec Nikolas Fouré, commissaire de l’exposition et les artistes.
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Médiation
Pendant la durée de l’exposition, des livrets jeux seront mis à disposition des enfants
pour acompanger leur rencontre avec les oeuvres et des dossiers pédagogiques
seront proposés aux enseignants.
Pour le premier degré :
Atelier ‘Bubble Gum’
Suite à une visite commentée de l’exposition, le Bon Accueil proposera des ateliers
Bubble Gum. En relation avec le travail de l’artiste Mathieu Tremblin, les enfants
pourront expérimenter avec une matière peu commune dans les arts plastiques,
le chewing gum.
Pour le second degré :
Parcours photographique et ateliers d’écriture
Suite à une visite commentée de l’exposition, des ateliers d’écriture et un parcours
photographique sur le territoire de l’île St Martin seront proposés aux classes de
collèges et lycées.
Pour les visiteurs:
Le Bon Accueil proposera un fond documentaire en lien avec l’exposition MARCHER:
articles, catalogues, livres d’artistes.
Contact/ Informations et Inscription
annabelle boissy, chargée de la médiation et de la communication
[email protected]
Tel: 09.71.23.19.97
Infos
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Le Bon Accueil est un lieu d’art contemporain situé sur les rives du canal Saint-Martin
qui offre 100 mètres carrés d’espace d’exposition répartis sur deux étages.
Fondé en 1997 par des artistes plasticiens rennais, le lieu est géré par l’association
SEPA, site expérimental de pratiques artistiques.
Le Bon accueil est dédié à la production, la diffusion artistique et l’accompagnement
de plasticiens. Il s’affirme à la fois comme laboratoire de création et espace de
professionnalisation à travers trois expositions et trois projets LAB par an. Les
Projets LAB, initiés en 2008, permettent à des artistes émergents d’expérimenter,
concevoir, travailler hors des murs de leur ateliers.
Depuis 2006, le Bon accueil développe notamment un axe de recherche privilégié
sur l’élargissement du champs des arts visuels à l’élément sonore: Sound art /
Klangkunst (installation sonore).
Ouvert du mardi au dimanche, ce lieu s’affirme comme un lieu d’échange et de
partage grâce à son espace bar et son bureau médiateur qui facilite le dialogue et
la rencontre avec la création contemporaine.
Le Bon Accueil reçoit le soutien de la Ville de Rennes, de la Région Bretagne, du
Conseil Général d’Ille et Vilaine, du ministère de la culture et de la communication
(DRAC Bretagne).
Le Bon Accueil est membre administrateur des réseaux FRAAP (Fédération
des Réseaux et associations d’artsites Plasticiens- www.fraap.org) et ACB (art
Contemporain en Bretagne- www.artcontemporainbretagne.org)
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Le Bon Accueil
Lieu d’art contemporain
Bon Accueil
74 Canal saint Martin
35700 Rennes
tel: +33 (0)9 71 23 19 97
www.bon-accueil.org
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h et le dimanche de 15h à 19h.
Contact Presse:
Chargée de la communication et de la médiation
Annabelle Boissy
tel: +33 (0)9 71 23 19 97
Email: [email protected]
Coordinateur de projets
Damien Simon
tel: +33 (0)9 71 23 19 97
Email : [email protected]
Bureau /
Président : Julien Paréja
Vice président : Vincent Victor Jouffe
Trésorier : Sébastien Desloges
Secrétaire : Mathieu Tremblin
Association loi de 1901, reconnue d’utilité publique, fondée en 1998
Code APE : 9003 A – Siret : 414 191 544 000 25
Association habilitée au Mécénat (articles 200-1-b et 238bis-1-a)

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