Aosoth, troisième du nom Avec son nouvel album

Aosoth, troisième du nom
Avec son nouvel album III, récemment sorti chez les Polonais
d’Agonia Records, Aosoth a atteint un niveau de noirceur qu’il
n’avait jusque là qu’effleuré. Tout sur III renvoie au Malin ; du
chant spectral de Mkm au grain de guitare s’apparentant à un jet
de vitriol, chaque élément a été limpidement mis en place pour
atteindre les abysses. Nous nous devions donc de poser quelques
questions au géniteur de III, alias BST.
Entretien avec BST (guitares, basse, boîte à rythmes)
Interview et édition par Corvus
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Corvus (Rock'N'Balls) : Bonjour BST ! Tout d’abord, sincères félicitations pour
ce fantastique album qu’est III. Quelques mois après la sortie de ce disque, quel
bilan musical tires-tu de III ? En es-tu entièrement satisfait ?
BST : Hailz. Il y a toujours des détails que l’on laisse passer sur le coup et qui
reviennent nous hanter par la suite... Mais globalement je suis personnellement très
satisfait par cet album, à vrai dire je crois que de tout ce que j’ai pu faire entre mes
différents projets, celui ci est probablement celui dont je suis le plus fier. J’ai le
sentiment que nous avons franchi un palier important et que nous avons enfin un son
qui nous est propre, qui s’éloigne du black metal classique tout en restant cru et
agressif.
C : J’ai lu dans une interview que tu disais t’être ouvert à de nouvelles influences,
comme Amen Ra. J’ai perçu ces influences à certains passages, et elles apportent
une sacré dose d’intensité et de noirceur au son Aosoth. Les frontières entre les
styles musicaux semblent disparaître peu à peu, et semblent ouvrir de nouveaux
horizons à l’Art Noir. Jusqu’où penses-tu qu’Aosoth puisse aller en termes de
nouvelles influences ?
BST : En réalité c’est surtout notre chanteur, MKM, qui est très porté sur la scène dont
AMENRA fait partie, et leur univers. Il me les a fait découvrir, et j’ai été intrigué par
leurs atmosphères pesantes, et quand il a suggéré d’inclure ce genre d’influences dans
notre musique j’ai trouvé l’idée originale, donc intéressante. En ce qui me concerne, je
ne vois pas pourquoi AOSOTH devrait avoir la moindre limite artistique, dans la
mesure où cela reste une musique oppressante et sombre.
C : Le son, parlons-en. III bénéficie d’un son « total(itaire) ». On a l’impression
d’avoir affaire à un flux et non à une surexposition, couche par couche,
d’instruments. Ce son, est-ce le Graal derrière lequel tu courrais en tant
qu’ingénieur du son ou, au contraire, penses-tu qu’il est possible d’aller encore
plus loin ?
BST : Je suis très content du rendu global, et du rendu en particulier au niveau du grain
des guitares. En revanche je ne dirai pas qu’il s’agit d’une formule parfaite qui sera
nécessairement utilisée pour chaque sortie future du groupe. Nous avons pensé que
c’était le son le plus approprié pour cet album. Je pense que nous pourrons développer
plus en avant une identité à partir de ce qui a été fait sur “III”, en approfondissant
certains aspects... Peut-être donner plus de clarté à l’ensemble, et avoir un son de
batterie qui ressorte mieux peut-être.
C : Il y n’y a pas très longtemps, tu avais annoncé (ou Mkm), sans doute dégoûté
par une tournée merdique, qu’ Aosoth ne se produirait plus en live. Finalement,
les choses semblent être rentrées dans l’ordre et Aosoth a tourné avec Watain et
Shining. Quelle est ta relation avec le live ? Mis à part des offres de tournées
irrefusables, penses-tu qu’il soit encore opportun, en 2011, pour des groupes de
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black Metal, de partir sur les routes pour jouer dans des conditions très aléatoires
devant un public restreint ?
BST : MKM et moi ne partageons pas toujours les mêmes opinions sur ce sujet. Je
dois néanmoins admettre que pendant longtemps le live a été quelque chose que nous
percevions comme une formalité à la limite de la corvée... Le groupe n’était pas
exactement structuré au niveau des membres sessions pour le live etc... Nous sommes
désormais trois, plus deux musiciens session (un guitariste et un batteur) avec qui il y a
une cohésion nouvelle. Je pense que le rendu en live de notre musique va énormément
changer à cause de cela. Pour la première fois, à vrai dire, je suis très enthousiaste à
l’idée de concerts d’AOSOTH, et je pense que les autres membres partageront sans
doute mon opinion, cette fois ci.
« En ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi Aosoth devrait
avoir la moindre limite artistique, dans la mesure où cela reste
une musique oppressante et sombre. » (BST)
C : Spirituellement, as-tu grandi lors de la composition de III ? On a ici
l’impression d’avoir, déjà rien qu’avec la musique, affaire à un pamphlet
satanique très personnel. Lorsque tu composes, dans quel état d’esprit es-tu ?
BST : Je ne m’exprimerai pas sur le contenu lyrique de cet album qui est très
personnel à notre chanteur. En ce qui concerne le contenu musical... J’étais dans un
état d’esprit extrêmement négatif lors de l’écriture de ces morceaux, et de leur
enregistrement, et je pense que cela s’entend. Il n’y a de spirituel qu’une espèce
d’abandon au chaos et à la déchéance... Une acceptation d’une fin amère et inéluctable.
Grandi, je ne pense pas... Il s’agit plutôt d’une chute.
C : Aosoth a toujours véhiculé une image underground forte. MKM a son label,
tu as ton studio avec un son très personnel, l’image a toujours été sombre et
simple. A quel point êtes-vous attachés à ce milieu dans Aosoth ?
BST : J’ai toujours été fasciné par ce milieu fermé, bien avant d’en faire partie.
L’élitisme m’attire je suppose... J’aime le côté sincère, authentique, et passionné des
gens qui sont investis dans le black metal français depuis des années. Bien entendu je
ne parle pas des masses de poseurs et autres groupies (mâles pour la majorité) .MKM
quand à lui a depuis bien des années beaucoup donné pour notre scène, son
attachement y est donc inévitable.
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C : Toujours par rapport à l’image, Aosoth a une image bien plus sobre que la
plupart des groupes de Black Metal. Est-ce une façon de mettre la musique en
avant ou un refus d’être associé à une scène dans laquelle vous ne vous retrouvez
pas ?
BST : Cela correspond à nos goûts tout bêtement. Et il me semble que ce côté “art”
plus que “produit” colle bien à notre identité musicale... Par produit je parle du fait
d’utiliser des éléments racoleurs et flashy pour se donner une image dure et violente,
alors que la musique est en fin de compte assez plate et standardisée... J’aime à croire
que nous avons la démarche inverse.
C : Si on ne va pas utiliser le terme « scène », il semble que la France soit devenue
une des locomotives dans le domaine du Black Metal. Il y a des entités confirmées
et reconnues internationalement comme Deathspell Omega, Blut Aus Nord etc.
mais il semble aussi y avoir un regain de qualité dans l’underground
(Anthennath, Epheles…). Quel regard portes-tu sur le Black Metal de ton pays ?
BST : J’adore DSO depuis leur mythique “Si monumentum requires, circumspice” et
j’ai toujours apprécié BAN... Il y a aussi bien sur HELL MILITIA, VORKREIST,
BLACKLODGE, TEMPLE OF BAAL, et bien d’autres... Je pense que nous avons un
grand nombre de groupes intéressants, mais c’est probablement le cas pour presque
tous les pays d’Europe du Nord. Il y a sans doute un petit phénomène de mode sur la
France pour l’instant, je suppose... Nous avons un paquet de très mauvais groupes
également.
C : Agonia Records n’a pas toujours eu la réputation de faire une bonne promo,
mais j’ai l’impression que les choses ont changé ces dernières années. Comment
se passe la collaboration Agonia/Aosoth ?
BST : Tout s’est très bien passé, et je peux t’annoncer que nous venons de signer un
nouveau contrat avec eux, pour deux albums de plus. Nous sommes très satisfaits de
leur travail, et du fait qu’ils nous traitent comme une priorité.
« J’étais dans un état d’esprit extrêmement négatif lors de
l’écriture de ces morceaux, et de leur enregistrement, et je pense
que cela s’entend. Il n’y a de spirituel qu’une espèce d’abandon au
chaos et à la déchéance... Une acceptation d’une fin amère et
inéluctable. » (BST)
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C : Tu joues également dans d’autres groupes. Quels sont tes projets dans les
mois à venir ?
BST : THE ORDER OF APOLLYON est en train de préparer l’enregistrement de leur
deuxième album, et GENITAL GRINDER sortira un split LP avec COMO
MUERTOS à la fin de l’année.
C : Question habituelle de fin d’interview à Rocknballs : quel est ton top 5
album ?
Metallica : ...And justice for all
Carcass : Symphonies of sickness
Slayer : Reign in blood
Morbid Angel : Covenant
Deathspell Omega : Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum
Il y en a pleins d’autres, c’est un peu difficile de s’arrêter à cinq albums... Mais en gros
ce serait ça.
C : Merci à toi pour ces réponses, et bonne continuation avec ton entité. Les
dernières lignes sont pour toi.
BST : Merci pour l’interview. 616
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