DROLE DE FELIX un film de Olivier Ducastel et

Transcription

DROLE DE FELIX un film de Olivier Ducastel et
DROLE DE FELIX un flm de Olivier Ducastel et Olivier Martineau
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Scène 1 :
Eh là, jeune homme !
Eh Oh mais pourquoi vous me frappez ?
Je vous frappe pas, je vous réveille.
Vous êtes gonflé et puis, je dormais pas !
Et bien tant mieux, parce que j'ai besoin de vous. Rendezvous utile, vous n'allez pas rester étalé sur votre banc à ne rien
faire. Aidez-moi à ramener mes courses chez moi... S'il vous
plait ! Je suis une vieille dame !
Vous m'avez l'air plutôt vaillante.
Oh ! Commencez pas avec les flatteries ! Mais qu'est-ce que
vous imaginez ! Allez, c'est par là ! Suivez-moi !
Eh mais, il est tout léger votre sac !
Eh ben, pour vous peut-être, mais pour moi, il m'a à moitié
démoli l'épaule, hein.
Vous êtes vachement culotté !
Faut vous dire que j'ai été très belle, ça aide !
Vous vous appelez comment ?
Félix.
Félix ! Heureux Félix ! Moi, je suis Madame Firmin, mais
vous pouvez m'appeler Mathilde.... C'est là, entrez !
Bon, ben, vous êtes arrivée, je vous laisse ça là ?
Ben non, vous voulez tout de même pas que je porte le sac
jusqu'à la cuisine ? Allez !
Scène 2 :
Bon ! Légume ! Frigo ?
Oui. Oui, mais pas là, à droite. C'est les fruits qui vont à
gauche.
Évidemment. Voilà ! Alors.
Non, le poulet, non, vous le laissez là, c'est pour midi.
Café ! Sucre !
Alors le café, il va dans le meuble là en haut à gauche,
mais pas le sucre. Le sucre, il va dans l'autre meuble, à côté.
Celui-ci ?
Très bien.
Des fraises, en cette saison ? On s'embête pas !
Oui.
Ça, je sais où ça va.
Non, non, pas dans le frigo. Des primeurs à ce prix-là !
on les laisse là, à côté du poulet.
Le fromage, je suppose que ça va pas au frigo .
Non, ça va dans le garde-manger qu'est là, sous vos yeux.
Voilà.
Voilà. You, il y a quelque chose encore ! Le p'tit savon.
Hum, dans la salle de bain, bien sûr, juste à côté de
l'escalier.
un type bien !
Mhum.
Je vais à Marseille pour voir, comme on dit au poker.
Moi, j'y crois pas à votre histoire.
Vous croyez pas que je vais retrouver mon père ?
Si, ça je le crois, puisque vous le dites. Mais je pense pas
que vous ayez vraiment envie de le voir. C'est juste un
prétexte. Vous n'en avez rien à faire de votre père ! A votre
âge, à quoi ça servirait un père, je vous le demande ? Non, non,
croyez-moi ; regardez dans le fond de vous-même, votre père,
il vous manque pas plus qu'à moi, mon mari.
Scène 4 :
Ah, ça va, ça va, ça passe, c'est bon !
Ca, ça passe, mais je vois pas très bien où vous voulez le
mettre.
Là, contre le mur. Voilà ! Il suffira de pousser un peu le
fauteuil et de mettre le bureau devant la fenêtre, et ce sera
parfait.
Bon, ben, si vous le dites !
C'est une chance de vous avoir rencontrer, hein. Il y a des
années que je demande à mon fils de déménager ce lit, il a
jamais le temps. Ou alors, quand il vient, il est fatigué. C'est la
maison de son père, il ne veut pas que je change quoi que ce
soit.... Sincèrement, Félix, quoi, mais c'est affreux, ce salon.
Le pire, c'est ma chambre. Je peux plus la voir.
J'ai épousé mon mari bêtement et banalement, après une
grave déception sentimentale. Oh, j'étais très jeune. Un
soir, au bal, à Fere champenoise - je suis champenoise. De
Port-A-binson. Vous connaissez ?
Port-A-binson ? Non.
Il n'y a d'ailleurs pas de raison que vous connaissiez. C'est
un petit village sur la Marne. Enfin, là, un soir, au bal, j'ai
rencontré un homme plus âgé que moi. Il était venu dans la
région pour travailler.
Oh que c'est laid, ça, oh que c'est laid ! C'est bien le goût
de ma belle-fille, ça.
Enfin, après le bal, on s'est beaucoup revu ; il m'a dit qu'il
m'aimait. Alors moi, j'ai cédé. Et quelques semaines plus
tard, il est reparti pour Paris, alors il m'a dit qu'il
m'écrirait, qu'il reviendrait bientôt, qu'il parlerait à mes
parents. Ouais, ben évidemment, il est jamais revenu.
Il est cassé ! Et cassé, hein !
On pourrait peut-être essayer de le recoller ?
Oh non, non, non, non, on jette, non.
Où j'en étais ? Ah ouais ! J'étais tellement malheureuse que
j'en suis tombé malade, mais pas enceinte, heureusement.
Alors, de dépit, on peut dire que c'était de dépit, j'ai
décidé d'épouser le premier qui me le demanderait. Ça a
été Gabriel Firmin. Oh, j'ai pas été très heureuse avec lui.
J'ai pas été très malheureuse non plus. C'était pas , c'était
pas un homme très tendre. Enfin, j'ai souvent pensé que
j'aurais pu tomber plus mal.
Vous auriez peut-être dû attendre un peu. Vous auriez
rencontré un homme que vous auriez aimé, vraiment.
C'est parfait, hein, c'est très bien ! Enfin, c'est bien mais
vous avez quand même oublié la table de nuit.
Scène 3 :
Avouez que vous êtes quand même mieux dans mon jardin
que sur votre banc !
Ouais, ouais, c'est vrai.
Pas l'air très convaincu.
C'est que je cherchais pas forcément de la compagnie.
Alors, dites que je vous pèse !
Non, pas du tout, Mathilde, je suis bien là. Je suis même
très bien. Mais je vais pas m'éterniser.
Vous voyagez ?
Scène 5 :
Je voyage, oui !
Viens so- leil, viens so-leil, viens so-leil ! Et voilà !
Et pour aller où, sans indiscrétion ?
Viens so- leil, viens so-leil, viens so-leil !
A Marseille.
Mais qu'est-ce que vous faites ?
Ah !
J'appelle le soleil. Je faisais ça quand j'étais petit en
Je vais retrouver mon père.
Normandie. Ça marchait tout le temps, je crois que j'ai un don.
Ah !
C'est la première fois que j'essaye au sud de la Loire.
Retrouver, c'est un bien grand mot. Je vais le trouver. Je le
Faites voir.
connais pas mais j'ai une adresse. Je voudrais savoir à quoi il
Viens so- leil, viens so-leil, viens so-leil !
ressemble.
Pas très convaincant !
Ah !
Attendez ! Viens so- leil, viens so-leil, viens so-leil !
Là, j'ai décidé d'aller faire sa connaissance. C'est peut-être
Vous restez ici, ce soir ! J'ai déjà préparé votre chambre.