Un émouvant retour en enfance avec tableau noir de Yves Yersin

Transcription

Un émouvant retour en enfance avec tableau noir de Yves Yersin
Un émouvant retour en enfance avec tableau noir de Yves Yersin
Tableau noir de Yves Yersin est un film documentaire gorgé d'émotion. Le réalisateur des « petites fugues »
a passé une année dans la classe à degrés mélangés de Derrière-Pertuis qui est aujourd'hui fermée depuis
six ans. Ce film, authentique, retrace la dernière année de cette classe hors du commun. Les rires des
enfants ne sont pas calculés, tout comme leurs disputes. A croire que Yves Yersin est un homme invisible
immergé au milieu du quotidien de ces enfants.
A travers ce film, on peut s'apercevoir de la solidarité dans laquelle étudiaient ces enfants. Le grands aident
les petits, les petits écoutent les grands, et le professeur apprend aux élèves les choses utiles de la vie. Avec
du recul, cette classe perdue dans la montagne et éloignée de tout peut sembler utopique aux yeux du
public. La solidarité entre les enfants a l'air irréelle et les enfants sont obnubilés par l'esprit de réussite. Les
cours dispensés ne sont pas uniquement scolaires, mais aussi pratiques comme apprendre à faire de la
poterie, à ramener les vaches et à couper du bois. Tant d'éléments que les écoles jugent souvent inutiles
pour l'éducation alors qu'ils font partie de leur quotidien.
Yves Yersin a su nous transporter, nous touchant au plus profond de nous-mêmes. Comment être indifférent
face à ces enfants et à leurs perles si innocentes ? Le moment présent est capté avec un tel naturel qu'on a
l'impression d'être les murs de l'école. Au fil des saisons, nous apprenons à connaître les enfants, comme si
nous faisions partie de leur quotidien. Face à leurs maladresses, le rire se déclenche dans toute la salle alors
que le visage de l'enfant reste angélique. C'est la vraie force de ce film. Les enfants font totalement
abstraction de la caméra, n'ont pas de honte, ne réfléchissent pas à leurs actions. C'est de l'authenticité
pure.
Tout le monde se sent concerné par ce documentaire, car tous ont été enfants un jour. Devant ces images,
les souvenirs jaillissent, nous replongeant dans la nostalgie du passé. Ou alors nous repensons à ces heures
passées à écrire des dictées bourrées de fautes, à ne pas comprendre le fonctionnement des additions et à
pleurer de découragement. Les souvenirs, eux, sont sélectifs, tandis que ce documentaire nous fait revivre
les bons et les mauvais côtés de l'enfance, sans subjectivité.
Yves Yersin nous offre une réalité et des souvenirs dans un tableau de l'enfance non pas noir, mais coloré de
toute la vie dont ces enfants débordent. A la scène finale, les yeux de tous les spectateurs brillent de larmes
en entendant les enfants chanter « Adieu monsieur le professeur ». Pour tous, c'est la fin d'une belle
histoire. La fin d'une classe, la fin de l'enfance, et la fin d'un film très émouvant.
Pauline Jeanbourquin