Quelques Principes Fondamentaux de la Morale Catholique

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Quelques Principes Fondamentaux de la Morale Catholique
SERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUE
LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE
LA SÈRIE LUKE E. HART
Enseignement catholique véritable. Ne se contente pas des simples opinions.
« En faveur des nouvelles générations, les fidèles laïcs ont à apporter
une contribution précieuse, plus nécessaire que jamais, par un effort
systématique de catéchèse. Les Pères du Synode ont manifesté leur
gratitude pour le travail des catéchistes, reconnaissant qu'ils ont «une
tâche de grande valeur dans l'animation des communautés
ecclésiales». Il va de soi que les parents chrétiens sont les premiers
catéchistes, irremplaçables, de leurs enfants (…). Mais nous devons tous,
en même temps, être convaincus du «droit» qui est celui de tout baptisé
d'être instruit, éduqué, accompagné dans la foi et dans la vie
chrétienne. »
Jean-Paul II, Christifideles Laici, 34
Exhortation apostolique sur la vocation et la mission
des fidèles laïcs dans l’Église et dans le monde.
Comment les catholiques vivent
À propos des Chevaliers de Colomb
Les Chevaliers de Colomb, organisme de bienfaisance fraternel fondé en
1882, à New Haven, au Connecticut, par le vénérable serviteur de Dieu
l’abbé Michael J. McGivney, constituent l’organisme laïc catholique le
plus important du monde entier, puisqu’ils comptent plus de 1,8 million
de membres répartis dans les Amériques, l’Europe et l’Asie. Les
Chevaliers s’entraident et soutiennent leurs communautés, en
contribuant chaque année des millions d’heures de bénévolat à des
causes de bienfaisance. Les Chevaliers ont été les premiers à soutenir
financièrement les familles dont des membres parmi les corps de
policiers et de pompiers ont péri par suite des attentats terroristes du 11
septembre 2001, et à collaborer de près avec les évêques catholiques
pour protéger la vie humaine innocente et défendre le mariage
traditionnel. Pour en apprendre davantage sur les Chevaliers de Colomb,
visiter le site www.kofc.org.
Que vous ayez une question spécifique ou que vous désiriez obtenir des
connaissances plus étendues ou plus profondes sur la foi catholique.
Communiquez avec nous en ayant recours à l’un des moyens suivants:
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Proclamer la Foi
au cours du troisième millénaire
123-F 10/09
Section 3:
Quelques Principes Fondamentaux
de la Morale Catholique
« La foi est un don de Dieu nous permettant de le connaître et de
l’aimer. La foi, tout autant que la raison, constitue un moyen
d’arriver à la connaissance. Toutefois, il n’est pas possible de vivre
dans la foi, à moins de passer aux actes. Grâce à l’aide de l’Esprit
Saint, nous arrivons à décider de répondre à la révélation divine et
de lui donner suite en vivant notre réponse. »
(Édition américaine du Catéchisme catholique, 38. Notre traduction)
Le Service d’information catholique
Depuis leur fondation, les Chevaliers de Colomb se sont occupés
d’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont inauguré le Service
d’information catholique (SIC) afin de mettre des publications
catholiques à bon marché à la disposition du grand public, d’une
part, mais aussi des paroisses, des écoles, des maisons de retraite,
des installations militaires et des maisons de détention, des
parlements, de la profession médicale et autres personnes qui en
font la demande. Depuis plus de 60 ans, le SIC a publié et distribué
des millions de brochures et des milliers d’autres individus se sont
inscrits à des sessions de formation de catéchèse.
Le SIC offre les services suivants afin de vous aider à mieux
connaître le Seigneur.
Brochures
Communiquer avec le SIC afin d’obtenir la liste des brochures et de
commander celles qui vous intéressent.
Programme d’étude individuelle
Par la poste, le SIC offre un programme gradué d’étude individuelle.
Grâce à dix leçons méthodiques, vous aurez fait le tour de
l’enseignement catholique.
C’est avec affection et reconnaissance que les Chevaliers de
Colomb dédient cette série à Luke E. Hart, évangélisateur
modèle et Chevalier Suprême de 1953 à 1964.
Programmes en ligne
Le SIC offre deux programmes en ligne. Pour s’y inscrire, visiter le
site www.kofc.org/ciscourses.
Les Chevaliers de Colomb présentent
La série Luke E. Hart
Éléments de base de la Foi Catholique
Q UELQUES P RINCIPES
F UNDAMENTAUX D E L A
M ORALE C ATHOLIQUE
PA R T I E T R O I S • S E C T I O N T R O I S D E L A
C H R É T I E N T É C AT H O L I Q U E
Quelles sont les croyances d’un Catholique?
Comment un Catholique prie-t-il?
Comment un Catholique vit-il?
Selon le
Catéchisme de l’Église Catholique
par
Peter Kreeft
Collection dirigée par
la père Juan-Diego Brunetta, O.P.
Directeur du Service d’information catholique
Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb
Nihil obstat:
Reverend Alfred McBride, O.Praem.
Imprimatur:
Le Cardinal Bernard Law
19 décembre 2000
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SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (New
York : Alba House, 1993) Utilisation autorisée.
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Imprimé aux États-Unis d’Amérique
UN MOT SUR CETTE SÉRIE
Ce livret en est un d’une série de 30 livrets qui offrent une
expression familière des principaux éléments du Catéchisme de
l’Église Catholique. Le pape Jean-Paul II, sous l’autorité duquel le
Catéchisme fut d’abord publié en 1992, exprima le désir que de
telles versions soient publiées afin que chaque peuple et chaque
culture puissent s’approprier son contenu comme le leur.
Ces livrets ne remplacent pas le Catéchisme, mais sont
offerts seulement dans l’esprit de rendre son contenu plus
accessible. La série est à certains moments poétique, familière,
enjouée et imaginative; en tout temps, elle s’efforce d’être fidèle
à la foi.
Le Service d’information catholique recommande de lire
chaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir une
compréhension plus profonde, plus mature de la Foi.
-iii-
T R O I S I È M E PA R T I E : C O M M E N T L E S
C AT H O L I Q U E S V I V E N T ( M O R A L I T É )
S ECTION 3: Q UELQUES
PRINCIPES FONDAMENTAUX
DE LA MORALE CATHOLIQUE
(Le présent livret, qui constitue la section 3 de la partie III de notre
cours sur le christianisme catholique, ainsi que le livret suivant, Les
vertus et les vices (partie III, section 4), expliquent quelques principes
fondamentaux de la morale « de loi naturelle » définie dans le livret
La nature humaine, fondement de la morale (partie III, section 2). Les
sections 5 à 10 de la partie III traiteront de la loi divine, c'est-àdire les Dix Commandements.)
1. Raison d’être des principes
1) Les principes sont certains.
S’il y a une chose dont la mentalité séculière moderne
prétend être certaine au sujet de la morale, c’est que personne
ne peut vraiment être certain en matière morale. S’il y a un
caractère de ceux qui ont des croyances religieuses qui est
totalement incompréhensible pour la plupart des médias, le
système d’éducation publique et les journalistes
d’aujourd’hui, c’est le fait que les croyants soutiennent qu’il
peuvent savoir ce qui est réellement, véritablement bon ou
mauvais : autrement dit, leurs principes moraux. Les
modernes typiques disent toujours que la morale est « une
question complexe ». G.K. Chesterton a expliqué pourquoi :
-5-
« La morale est toujours terriblement compliquée… pour
l’homme qui a perdu tous ses principes. »
2) Les principes sont universels.
Ils sont comme des lois ou des formules scientifiques, comme
F = ma ou E = mc 2, des énoncés qui sont vrais en tout temps,
en tout lieu et en toute situation. Tout comme la matière
obéit aux lois de la physique, tous les hommes devraient
obéir aux lois de la morale. Dans n’importe quel domaine, les
principes universels mettent de l’ordre dans le chaos.
3) Les principes sont objectifs.
Des principes moraux tels que la Règle d’Or (« tout ce que
vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour
eux ») sont fondés sur des faits objectifs (en l’occurrence, le
fait que tous les humains ont une valeur morale égale et des
droits égaux). Les principes moraux ne sont pas arbitraires et
subjectifs, mais réalistes et objectifs, comme les principes
scientifiques. La manière de les découvrir, évidemment, n’est
pas la « méthode scientifique », car le bien et le mal n’ont
pas de qualités perceptibles aux sens comme la couleur et la
forme et ne peuvent pas être mesurés mathématiquement.
2. Les principes moraux sont nécessaires au salut
Si on croit qu’aucun principe moral n’est objectivement vrai
et contraignant, on ne croira probablement pas au péché non
plus, car le péché désigne une désobéissance à des lois morales
fondées sur la réalité. (Le mot « péché » a un sens plus large
rupture avec Dieu mais non moins large.) Si on croit qu’il n’y a
pas de péché, on ne peut pas se repentir du péché, et si on ne se
repent pas du péché, il n’y a pas de salut.
Cela n’est pas seulement l’enseignement personnel de
quelque écrivain, ou celui du Catéchisme, ou celui de l’Église; c’est
-6-
l’enseignement sérieux et maintes fois répété de tous les
prophètes, et spécialement du Christ Lui-même.
Cela ne veut pas dire que ceux dont l’esprit est si confus
qu’ils ne comprennent pas clairement le péché et le repentir ne
peuvent pas être sauvés. Si on est perdu dans la forêt, il est
possible de s’en sortir même avec une carte estompée, ou même
sans aucune carte, mais on a de bien meilleures chances avec une
carte claire et exacte, et c’est bien plus sûr.
Il est très important d’avoir des principes moraux, et d’y
croire, mais il est encore plus important de les suivre. « Car ce n’est
pas en ayant écouté la Loi qu’on sera juste devant Dieu; c’est en
ayant pratiqué la Loi qu’on sera justifié. » (Romains 2, 13)
Cela non plus ne veut pas dire que les pécheurs ne sont pas
sauvés; cela veut dire que seuls les saints le sont. Il n’y a pas d’autres
sortes de gens que les pécheurs; les saints sont les premiers à nous
le dire. La différence entre les sauvés et les damnés n’est pas la
différence entre les saints et les pécheurs, mais la différence entre
les pécheurs repentants et les pécheurs non repentants.
3. Les trois déterminants moraux : qu’est-ce qui rend un acte bon ou mauvais?
« La moralité des actes humains dépend :
— de l’objet choisi;
— de la fin visée ou de l’intention;
— des circonstances de l’action. » (CÉC 1750)*
Ce sont les trois « sources » essentielles de la moralité des
actes humains.
1) L’objet désigne l’objet choisi par la volonté, un acte que la
volonté choisit d’accomplir; c’est « un bien vers lequel se
porte délibérément la volonté » (CÉC 1751).
*CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique
-7-
La bonté ou la malice d’un acte de la volonté dépend
de l’objet choisi par la volonté. La raison peut
reconnaître la nature essentielle des divers objets que
peut choisir la volonté et juger si un objet est bon ou
mauvais, selon qu’il est « conforme ou non au bien
véritable » (CÉC 1751).
2) L’intention avec laquelle on accomplit un acte est
distincte de l’objet choisi par la volonté. Le même acte
peut être accompli avec une bonne ou une mauvaise
intention. Une mauvaise intention peut rendre mauvais
un acte qui est bon en soi, comme si on fait l’aumône aux
pauvres pour se glorifier devant les autres. Toutefois, une
bonne intention ne peut jamais rendre bon un acte qui
est intrinsèquement mauvais. Comme nous l’avons déjà
dit, c’est la nature de l’objet choisi par la volonté qui
détermine si un acte est bon ou mauvais en lui-même.
Une bonne intention ne peut pas changer la nature
mauvaise de l’objet choisi pour la rendre bonne. La fin
(une bonne intention) ne justifie pas les moyens (une
mauvaise action). Il n’est jamais juste de « [faire] le mal
pour qu’en sorte le bien » (Romains 3, 8).
3) Les circonstances d’un acte n’en changent pas la nature
mauvaise pour le rendre bon ni inversement, mais elles
peuvent « contribue[r] à aggraver ou à diminuer la bonté
ou la malice morale des actes humains » (CÉC 1754). Il
est pire de voler de l’argent à un homme s’il est très
pauvre et a déjà à peine de quoi manger. Les
circonstances peuvent aussi diminuer ou augmenter la
responsabilité de quelqu'un pour l’acte qu’il pose.
Quand on ne se sent pas bien ou qu’on ressent de la
douleur, on n’est pas aussi responsable de ses sautes
d’humeur et de ses paroles aigres que quand on se sent
bien et qu’on est en santé. Si un acte est mauvais,
-8-
toutefois, il le demeure quelles que soient les
circonstances; celles-ci « ne peuvent rendre ni bonne, ni
juste une action en elle-même mauvaise » (CÉC 1754).
N’importe lequel de ces trois éléments suffit pour rendre
un acte mauvais, mais un seul ne suffit pas pour le rendre
bon, car, pour que toute œuvre humaine soit bonne,
chacune de ses « sources » essentielles doit être bonne.
Par exemple, un bon bâtiment peut être vicié par de
mauvaises fondations, de mauvais murs ou un mauvais
câblage électrique. Dans une œuvre de fiction, un bon
élément (par exemple une bonne intrigue) ne suffit pas
pour faire une bonne histoire si les caractères ne sont pas
bien campés ou si le thème est mauvais. Il en va de
même pour un acte humain : l’objet, l’intention et les
circonstances doivent tous être justes. Il faut : 1) faire
une bonne chose, 2) pour une bonne raison, 3) de la
bonne manière.
Trois conceptions morales courantes mais simplistes
exagèrent chacune l’un des trois facteurs et minimisent
les deux autres. Le légalisme insiste sur l’acte objectif
lui-même; le subjectivisme s’intéresse à l’intention
subjective; la « morale de situation », ou le relativisme
moral, se concentre sur les situations ou circonstances
changeantes.
4. Les trois relations
La vie est en grande partie une série de relations. Toute
personne au monde a des liens, bons ou mauvais, 1) avec les
autres, 2) avec soi-même, et 3) avec Dieu. La morale compte donc
trois parties : 1) la morale sociale (les relations avec autrui); 2) la
morale individuelle (les relations avec soi-même : les vertus et les
vices, le caractère); 3) le sens et le but ultimes de la vie humaine
(la relation avec Dieu).
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Comme le dit C.S. Lewis, l’humanité est comme une flotte,
et la morale est comme les ordres de navigation donnés aux
navires. Ceux-ci leur prescrivent trois choses : 1) comment les
navires devraient coopérer entre eux et ne pas se faire obstacle
mutuellement; 2) comment chaque navire devrait demeurer bien
tenu et à flot; 3) par-dessus tout, la mission de la flotte et sa
raison de prendre la mer pour commencer.
Ces trois parties sont liées entre elles par une relation de
dépendance hiérarchique : la morale sociale dépend de la morale
individuelle, et les deux dépendent du but de la vie humaine. Les
navires ne peuvent pas coopérer socialement si chacun coule
individuellement, et il leur est totalement inutile d’être à flot,
individuellement ou collectivement, s’ils n’ont aucune raison de
l’être, s’ils n’ont pas de destination. La morale séculière moderne
évite généralement cette dernière question, car le but ultime de la
vie humaine est vraiment la raison d’être de la religion, mais c’est
nettement la question la plus importante de toutes. Comme l’a
dit Thomas Merton : « Nous ne sommes pas en paix avec les
autres parce que nous ne sommes pas en paix avec nous-mêmes.
Nous ne sommes pas en paix avec nous-mêmes parce que nous ne
sommes pas en paix avec Dieu. » Tous les problèmes de la vie
humaine se résument dans ces phrases.
5. Les trois niveaux de l’amour
L’amour est le motif le plus fondamental de l’être humain,
l’énergie humaine la plus forte et la relation humaine la plus
importante. « C’est l’amour qui mène le monde », et c’est donc
la valeur morale la plus fondamentale. Saint Augustin définit la
morale comme l’ordo amoris, l’amour bien ordonné, et
l’immoralité comme l’amour désordonné.
Nous sommes capables d’aimer à trois différents niveaux :
nous pouvons aimer ce qui est plus grand que nous (Dieu), nous
pouvons nous aimer nous-mêmes et aimer ce qui nous est égal
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(les autres humains), et nous pouvons aimer ce qui nous est
inférieur (les choses du monde).
La règle morale essentielle de l’amour juste est d’aimer selon
la réalité : adorer Dieu, aimer les personnes, utiliser les choses.
1) Comment devons-nous aimer Dieu? Le Christ dit : « de
tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de
toute ta force » (Marc 12, 30). Dieu mérite un amour
total, l’amour du culte et de l’adoration, étant donné qui
Il est et ce qu’Il est : infiniment bon, créateur de notre
être même. Si on adore les choses, ou même les personnes
humaines, c’est de l’idolâtrie, et de la folie. Dieu seul est
Dieu. Si on traite comme Dieu ce qui n’est pas Dieu, on
vit dans l’irréel. Même les autres personnes, quoique leur
valeur ne puisse être mesurée par les choses, l’argent ou
les chiffres, ne sont pas Dieu; elles ne sont pas infinies,
elles ne sont pas parfaites, et il ne faut pas les adorer. De
grands maux s’ensuivront si nous imposons des fardeaux
divins à des épaules humaines.
2) Nous devons aimer notre prochain « comme nousmêmes », c'est-à-dire du même genre d’amour que nous
avons pour nous-mêmes. Quelle que soit notre sentiment
sur nous-mêmes en ce moment, nous voulons toujours
notre propre bien, notre propre intérêt, notre vrai
bonheur, et nous devrions en faire autant pour les autres.
Nous avons le pouvoir d’aimer ainsi, car cet amour est un
libre choix, non un sentiment. Il ne nous est pas
commandé de trouver tout le monde aimable, car cette
forme d’amour n’est pas en notre pouvoir; c’est un
sentiment, pas un choix volontaire. Si le Christ nous
avait commandé de trouver tout le monde à notre goût,
Il aurait été un psychologue très stupide.
-11-
Il nous est commandé d’aimer notre prochain pour la
même raison qu’il nous est commandé d’aimer Dieu :
pour nous conformer à la réalité, pour voir les faits tels
qu’ils sont. En l'occurrence, le fait à considérer est que
les autres sont le même genre d’êtres que nous : ni des
dieux à adorer, ni des choses à utiliser, mais des
personnes créées à l’image de Dieu, à aimer comme des
égaux, des enfants du même Père divin.
On manque à l’amour du prochain soit en l’aimant trop
(de façon idolâtre, comme Dieu), soit en l’aimant trop
peu (en l’utilisant comme une chose).
3) Les choses du monde doivent être aimées en proportion
de ce qu’elles sont; par exemple, nous devrions respecter
les animaux supérieurs, qui ont des sentiments, plus que
les animaux inférieurs comme les insectes, qui n’en ont
pas; nous devrions respecter les animaux plus que les
plantes (nous tuons les plantes pour nourrir les animaux,
mais nous ne tuons pas les animaux pour nourrir les
plantes), et nous devrions respecter les êtres vivants plus
que les êtres inanimés.
Dieu a créé les choses pour être utilisées par les gens. Quand
des choses comme l’argent sont traitées comme des fins, les
gens sont généralement traités comme des moyens; cela
inverse l’ordre de la réalité.
Les choses peuvent être aimées trop peu (mésestimées) ou
trop (traitées comme des fins); les personnes peuvent être
aimées trop peu (utilisées comme moyens) ou trop (adorées
comme des dieux); mais Dieu ne peut pas être trop aimé,
seulement trop peu.
6. Trois règles morales universelles
S’il existe trois règles morales qui sont évidentes pour toute
personne et toute culture moralement saine, ce sont
-12-
probablement les trois qui sont présentées dans le Catéchisme
(CÉC 1789) comme « [q]uelques règles [qui] s’appliquent dans
tous les cas » :
1) « Il n’est jamais permis de faire le mal pour qu’il en
résulte le bien. » [« La fin ne justifie pas les moyens »,
c'est-à-dire qu’une fin bonne ne justifie pas des moyens
mauvais.]
2) « La “règle d’or” : “Tout ce que vous désirez que les
autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux”
(Matthieu 7, 12). »2
3) « La charité passe toujours par le respect du prochain et
de sa conscience ».
Ces trois règles ne constituent pas une morale suffisante,
mais elles sont un minimum nécessaire.
7. Trois genres d’actes
Les actes humains se divisent en actes a) moralement
indifférents (permis), b) moralement mauvais (interdits) et
c) moralement bons (prescrits).
Dans la troisième catégorie, certains actes moralement bons
sont prescrits, ou exigés en tant qu’obligations morales. D’autres
actes moraux ne sont pas prescrits, mais conseillés (ou recommandés)
comme dépassant l’appel du devoir, comme le martyre, le sacrifice
héroïque et le fait de « tendre l’autre joue ». Ce sont les « conseils
évangéliques », résumés dans les Béatitudes du Christ (Matthieu
5). Ils vont au-delà des Dix Commandements. On ne pèche pas
contre les Commandements si on n’atteint pas une sainteté
héroïque en suivant ces « conseils » ou idéaux plus élevés. Nous
ne devrions pas nous sentir coupables si nous ne sommes pas des
héros en tout temps, mais si nous ne visons jamais plus haut que
le minimum, il est très probable que nous n’atteindrons même
pas le minimum. Par-dessus tout, nous ne connaîtrons pas la joie,
l’enthousiasme et la beauté de la vie morale : la béatitude.
-13-
8. Signification de la conscience
La conscience est notre détecteur de valeur morale.
« “Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence
d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est
tenu d’obéir. [… Cette loi] le press[e] d’aimer et d’accomplir le
bien et d’éviter le mal” » (CÉC 1776). Au fond, nous savons tous
que nous sommes réellement (objectivement) obligés de faire le
bien et d’éviter le mal, que nous le voulions (subjectivement)
ou non.
Puisque nous sommes liés par cette obligation même quand
nous ne voulons pas l’être, celle-ci n’a pas pu venir de notre
volonté et de nos désirs humains. Elle vient à nous et non de
nous, et elle est une forte preuve de l’existence de Dieu. Même
l’athée traite la conscience comme une autorité morale absolue,
car, comme n’importe qui d’autre, il admet qu’il est toujours
juste d’obéir à sa conscience et mauvais d’y désobéir. Mais qu’estce qui donnerait à la conscience une autorité si absolue, sinon
Dieu? La seule explication de ce donné est que « “[c]’est une loi
inscrite par Dieu au cœur de l’homme. La conscience est le centre
le plus intime et le plus secret de l’homme, […] où il est seul
avec Dieu et où sa voix se fait entendre.” »1 (CÉC 1776) « Quand
il écoute la conscience morale, l’homme […] peut entendre Dieu
qui parle. » (CÉC 1777) « “La conscience est le premier de tous
les vicaires du Christ.” »1 (CÉC 1778)
9. Les trois fonctions de la conscience
La conscience nous donne trois choses :
1) une perception du bien et du mal;
2) le désir du bien et l’aversion du mal;
3) un sentiment de joie, de paix et de rectitude après avoir
fait le bien, ou de malaise et de culpabilité après avoir
fait le mal.
-14-
Ces trois fonctions de la conscience agissent sur les trois
parties de l’âme : 1) l’esprit, l’intelligence ou la raison; 2) la
volonté; 3) les émotions ou les sentiments.
1) « La conscience morale est un jugement de la raison [une
compréhension] par lequel la personne humaine
reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va
poser, est en train d’exécuter ou a accompli. » (CÉC
1778)
2) « La conscience morale2 lui enjoint, au moment
opportun, d’accomplir le bien et d’éviter le mal. » (CÉC
1777)
3) La conscience est également un sentiment intuitif
« approuvant ceux qui sont bons, dénonçant ceux qui
sont mauvais »3 (CÉC 1777).
10. Quelques erreurs courantes concernant la conscience
1) La conscience n’est pas seulement un sentiment. Elle est
en premier lieu une connaissance, une perception de la
vérité au sujet du bien et du mal.
2) La conscience n’est pas infaillible. Elle peut se tromper,
comme n’importe quelle partie de nous. Elle peut croire
mauvais ce qui est bon, ou bon ce qui est mauvais. C’est
pourquoi l’une des premières choses que la conscience
nous oblige à faire est de l’instruire et de l’informer.
Cette « éducation de la conscience est une tâche de toute
la vie » (CÉC 1784), comme l’éducation de l’esprit ou les
exercices du corps.
3) « L’être humain doit toujours obéir au jugement certain
de sa conscience. S’il agissait délibérément contre ce
dernier, il se condamnerait lui-même. » (CÉC 1790)
Nous sommes toujours obligés d’obéir à notre
conscience, même si elle n’est pas infaillible. Si votre
conscience vous amène à croire honnêtement qu’un
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certain acte est moralement obligatoire, il est
moralement mauvais pour vous d’éviter l’acte que votre
conscience prescrit. Si votre conscience vous dit qu’une
chose est moralement interdite, il est mauvais pour vous
de faire la chose que votre conscience interdit, même si
votre conscience est erronée, parce que (étant admis que
vous êtes honnête) vous ne savez pas que votre conscience
est erronée, vous croyez qu’elle est droite, et elle a
l’autorité d’un prophète de Dieu dans votre âme (cf. CÉC
1777-1778).
4) L’ignorance qui cause des erreurs de conscience peut être
une ignorance vincible ou une ignorance invincible.
L’ignorance vincible, parfois causée par notre
irresponsabilité personnelle quand nous ne faisons guère
d’effort pour découvrir ce qui est vrai et bon ou quand
notre conscience est aveuglée par le péché habituel, est
une ignorance qui peut et doit être surmontée. Nous
sommes responsables de cette ignorance de notre
conscience. Un étudiant en médecine qui aurait négligé
d’apprendre l’anatomie élémentaire ou les causes
connues de certaines maladies serait coupable
d’ignorance vincible. L’excuse : « je ne savais pas ce que
je faisais », après une intervention médicale désastreuse,
est peut-être vraie, mais ce serait une mauvaise excuse
parce qu’il aurait dû savoir.
L’ignorance invincible est une ignorance qu’on ne peut pas
surmonter et dont on n’est pas responsable. Il se peut
qu’on ne soupçonne même pas son ignorance dans une
situation donnée, ou il peut être carrément impossible de
surmonter l’ignorance au moment où l’action est
accomplie. Tant que la conscience des enfants n’est pas
formée au sens moral, leur ignorance est invincible. Si
quelqu’un loue une automobile d’un concessionnaire de
-16-
bonne réputation et est impliqué dans un accident à
cause de défauts mécaniques graves du véhicule, il a une
ignorance invincible de ces défauts.
5) La conscience n’est pas seulement négative, mais aussi
positive. Comme les prophètes de l’Écriture, elle offre
toujours un message d’espoir. Même si elle nous
condamne pour avoir fait le mal, elle offre l’espoir du
repentir et du pardon, comme une carte qui nous
indique le droit chemin aussi bien que les mauvaises
routes. « Si l’homme commet le mal, le juste jugement
de la conscience peut demeurer en lui le témoin de la
vérité universelle du bien, en même temps que de la
malice de son choix singulier. Le verdict du jugement de
conscience demeure un gage d’espérance et de
miséricorde. » (CÉC 1781) La conscience, comme Dieu,
condamne les péchés, mais non les pécheurs.
6) La conscience n’est pas un « donné » passif, mais elle peut être
entraînée, comme un muscle. Elle peut aussi s’atrophier,
comme un muscle inutilisé.
« L’éducation de la conscience est une tâche de toute la
vie. [… Elle] garantit la liberté et engendre la paix du
cœur. » (CÉC 1784)
« Dans la formation de la conscience, la Parole de Dieu
est la lumière sur notre route; il nous faut l’assimiler
dans la foi et la prière, et la mettre en pratique. Il nous
faut encore examiner notre conscience au regard de la
Croix du Seigneur. Nous sommes assistés des dons de
l’Esprit Saint, aidés par le témoignage ou les conseils
d’autrui et guidés par l’enseignement autorisé de
l’Église. »1 (CÉC 1785)
Un effort indispensable est celui d’écouter honnêtement.
« Il importe à chacun d’être assez présent à lui-même
-17-
pour entendre et suivre la voix de sa conscience. » (CÉC
1779)
En effet, la voix de la conscience parle doucement. Elle
respecte notre liberté; un effort de notre volonté libre est
nécessaire pour l’entendre. Dieu parle habituellement
ainsi, dans « le murmure d’une brise légère (voir 1 Rois
19, 12). Nous devons nous entraîner à l’entendre.
Les deux clés les plus importantes pour l’entendre sont
les suivantes :
a) Nous devons honnêtement et passionnément vouloir
l’entendre, vouloir connaître la vérité.
b) Nous devons être seuls avec nous-mêmes et avec Dieu
pour entendre cette voix douce, qui peut facilement
être étouffée par les bruits extérieurs. « Cette requête
d’intériorité [de vie intérieure] est d’autant plus
nécessaire que la vie nous expose souvent à nous
soustraire à toute réflexion, examen ou retour sur soi »
(CÉC 1779), particulièrement dans notre société
moderne complexe.
________________________
Notes dans les citations du catéchisme
2
Cf. Lc 6, 31; Tb 4, 15.
1
GS 16.
1
Newman, lettre au duc de Norfolk, 5.
2
Cf. Rm 2,14-16.
3
Cf. Rm 1, 32.
1
Cf. DH 14.
-18-
« La foi est un don de Dieu nous permettant de le connaître et de
l’aimer. La foi, tout autant que la raison, constitue un moyen
d’arriver à la connaissance. Toutefois, il n’est pas possible de vivre
dans la foi, à moins de passer aux actes. Grâce à l’aide de l’Esprit
Saint, nous arrivons à décider de répondre à la révélation divine et
de lui donner suite en vivant notre réponse. »
(Édition américaine du Catéchisme catholique, 38. Notre traduction)
Le Service d’information catholique
Depuis leur fondation, les Chevaliers de Colomb se sont occupés
d’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont inauguré le Service
d’information catholique (SIC) afin de mettre des publications
catholiques à bon marché à la disposition du grand public, d’une
part, mais aussi des paroisses, des écoles, des maisons de retraite,
des installations militaires et des maisons de détention, des
parlements, de la profession médicale et autres personnes qui en
font la demande. Depuis plus de 60 ans, le SIC a publié et distribué
des millions de brochures et des milliers d’autres individus se sont
inscrits à des sessions de formation de catéchèse.
Le SIC offre les services suivants afin de vous aider à mieux
connaître le Seigneur.
Brochures
Communiquer avec le SIC afin d’obtenir la liste des brochures et de
commander celles qui vous intéressent.
Programme d’étude individuelle
Par la poste, le SIC offre un programme gradué d’étude individuelle.
Grâce à dix leçons méthodiques, vous aurez fait le tour de
l’enseignement catholique.
C’est avec affection et reconnaissance que les Chevaliers de
Colomb dédient cette série à Luke E. Hart, évangélisateur
modèle et Chevalier Suprême de 1953 à 1964.
Programmes en ligne
Le SIC offre deux programmes en ligne. Pour s’y inscrire, visiter le
site www.kofc.org/ciscourses.
SERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUE
LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE
LA SÈRIE LUKE E. HART
Enseignement catholique véritable. Ne se contente pas des simples opinions.
« En faveur des nouvelles générations, les fidèles laïcs ont à apporter
une contribution précieuse, plus nécessaire que jamais, par un effort
systématique de catéchèse. Les Pères du Synode ont manifesté leur
gratitude pour le travail des catéchistes, reconnaissant qu'ils ont «une
tâche de grande valeur dans l'animation des communautés
ecclésiales». Il va de soi que les parents chrétiens sont les premiers
catéchistes, irremplaçables, de leurs enfants (…). Mais nous devons tous,
en même temps, être convaincus du «droit» qui est celui de tout baptisé
d'être instruit, éduqué, accompagné dans la foi et dans la vie
chrétienne. »
Jean-Paul II, Christifideles Laici, 34
Exhortation apostolique sur la vocation et la mission
des fidèles laïcs dans l’Église et dans le monde.
Comment les catholiques vivent
À propos des Chevaliers de Colomb
Les Chevaliers de Colomb, organisme de bienfaisance fraternel fondé en
1882, à New Haven, au Connecticut, par le vénérable serviteur de Dieu
l’abbé Michael J. McGivney, constituent l’organisme laïc catholique le
plus important du monde entier, puisqu’ils comptent plus de 1,8 million
de membres répartis dans les Amériques, l’Europe et l’Asie. Les
Chevaliers s’entraident et soutiennent leurs communautés, en
contribuant chaque année des millions d’heures de bénévolat à des
causes de bienfaisance. Les Chevaliers ont été les premiers à soutenir
financièrement les familles dont des membres parmi les corps de
policiers et de pompiers ont péri par suite des attentats terroristes du 11
septembre 2001, et à collaborer de près avec les évêques catholiques
pour protéger la vie humaine innocente et défendre le mariage
traditionnel. Pour en apprendre davantage sur les Chevaliers de Colomb,
visiter le site www.kofc.org.
Que vous ayez une question spécifique ou que vous désiriez obtenir des
connaissances plus étendues ou plus profondes sur la foi catholique.
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Proclamer la Foi
au cours du troisième millénaire
123-F 10/09
Section 3:
Quelques Principes Fondamentaux
de la Morale Catholique