Quelques Principes Fondamentaux de la Morale Catholique
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Quelques Principes Fondamentaux de la Morale Catholique
SERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUE LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART Enseignement catholique véritable. Ne se contente pas des simples opinions. « En faveur des nouvelles générations, les fidèles laïcs ont à apporter une contribution précieuse, plus nécessaire que jamais, par un effort systématique de catéchèse. Les Pères du Synode ont manifesté leur gratitude pour le travail des catéchistes, reconnaissant qu'ils ont «une tâche de grande valeur dans l'animation des communautés ecclésiales». Il va de soi que les parents chrétiens sont les premiers catéchistes, irremplaçables, de leurs enfants (…). Mais nous devons tous, en même temps, être convaincus du «droit» qui est celui de tout baptisé d'être instruit, éduqué, accompagné dans la foi et dans la vie chrétienne. » Jean-Paul II, Christifideles Laici, 34 Exhortation apostolique sur la vocation et la mission des fidèles laïcs dans l’Église et dans le monde. Comment les catholiques vivent À propos des Chevaliers de Colomb Les Chevaliers de Colomb, organisme de bienfaisance fraternel fondé en 1882, à New Haven, au Connecticut, par le vénérable serviteur de Dieu l’abbé Michael J. McGivney, constituent l’organisme laïc catholique le plus important du monde entier, puisqu’ils comptent plus de 1,8 million de membres répartis dans les Amériques, l’Europe et l’Asie. Les Chevaliers s’entraident et soutiennent leurs communautés, en contribuant chaque année des millions d’heures de bénévolat à des causes de bienfaisance. Les Chevaliers ont été les premiers à soutenir financièrement les familles dont des membres parmi les corps de policiers et de pompiers ont péri par suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001, et à collaborer de près avec les évêques catholiques pour protéger la vie humaine innocente et défendre le mariage traditionnel. Pour en apprendre davantage sur les Chevaliers de Colomb, visiter le site www.kofc.org. Que vous ayez une question spécifique ou que vous désiriez obtenir des connaissances plus étendues ou plus profondes sur la foi catholique. Communiquez avec nous en ayant recours à l’un des moyens suivants: Knights of Columbus, Catholic Information Service PO Box 1971, New Haven, CT 06521-1971 USA Téléphone : 203-752-4267 Télécopieur : 203-752-4018 [email protected] www.kofc.org/informationcatholique Proclamer la Foi au cours du troisième millénaire 123-F 10/09 Section 3: Quelques Principes Fondamentaux de la Morale Catholique « La foi est un don de Dieu nous permettant de le connaître et de l’aimer. La foi, tout autant que la raison, constitue un moyen d’arriver à la connaissance. Toutefois, il n’est pas possible de vivre dans la foi, à moins de passer aux actes. Grâce à l’aide de l’Esprit Saint, nous arrivons à décider de répondre à la révélation divine et de lui donner suite en vivant notre réponse. » (Édition américaine du Catéchisme catholique, 38. Notre traduction) Le Service d’information catholique Depuis leur fondation, les Chevaliers de Colomb se sont occupés d’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont inauguré le Service d’information catholique (SIC) afin de mettre des publications catholiques à bon marché à la disposition du grand public, d’une part, mais aussi des paroisses, des écoles, des maisons de retraite, des installations militaires et des maisons de détention, des parlements, de la profession médicale et autres personnes qui en font la demande. Depuis plus de 60 ans, le SIC a publié et distribué des millions de brochures et des milliers d’autres individus se sont inscrits à des sessions de formation de catéchèse. Le SIC offre les services suivants afin de vous aider à mieux connaître le Seigneur. Brochures Communiquer avec le SIC afin d’obtenir la liste des brochures et de commander celles qui vous intéressent. Programme d’étude individuelle Par la poste, le SIC offre un programme gradué d’étude individuelle. Grâce à dix leçons méthodiques, vous aurez fait le tour de l’enseignement catholique. C’est avec affection et reconnaissance que les Chevaliers de Colomb dédient cette série à Luke E. Hart, évangélisateur modèle et Chevalier Suprême de 1953 à 1964. Programmes en ligne Le SIC offre deux programmes en ligne. Pour s’y inscrire, visiter le site www.kofc.org/ciscourses. Les Chevaliers de Colomb présentent La série Luke E. Hart Éléments de base de la Foi Catholique Q UELQUES P RINCIPES F UNDAMENTAUX D E L A M ORALE C ATHOLIQUE PA R T I E T R O I S • S E C T I O N T R O I S D E L A C H R É T I E N T É C AT H O L I Q U E Quelles sont les croyances d’un Catholique? Comment un Catholique prie-t-il? Comment un Catholique vit-il? Selon le Catéchisme de l’Église Catholique par Peter Kreeft Collection dirigée par la père Juan-Diego Brunetta, O.P. Directeur du Service d’information catholique Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb Nihil obstat: Reverend Alfred McBride, O.Praem. Imprimatur: Le Cardinal Bernard Law 19 décembre 2000 Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations officielles qu’un livre ou un dépliant est libre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnes qui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou les déclarations exprimés. Copyright © 2009 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés. Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, Libreria Editrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © Concacan Inc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction officielle de la liturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris 1980 - Tous droits réservés. Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accord de l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C. Des citations tirées de documents officiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques, SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (New York : Alba House, 1993) Utilisation autorisée. Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du Vatican Council II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin Flannery OP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. Ces extraits, en tout ou en partie, ne sauraient être reproduits, ni stockés dans un système de gestion d'information, ni retransmis sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l'autorisation explicite de la Costello Publishing Company. Couverture : Compass 1999 Artville, LLC.; Christ 1997 Wood River Gallery Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. Communiquer par écrit avec : Knights of Columbus Supreme Council Catholic Information Service PO Box 1971 New Haven, CT 06521-1971 USA www.kofc.org/informationcatholique [email protected] Téléphone : 203-752-4267 Télécopieur : 203-752-4018 Imprimé aux États-Unis d’Amérique UN MOT SUR CETTE SÉRIE Ce livret en est un d’une série de 30 livrets qui offrent une expression familière des principaux éléments du Catéchisme de l’Église Catholique. Le pape Jean-Paul II, sous l’autorité duquel le Catéchisme fut d’abord publié en 1992, exprima le désir que de telles versions soient publiées afin que chaque peuple et chaque culture puissent s’approprier son contenu comme le leur. Ces livrets ne remplacent pas le Catéchisme, mais sont offerts seulement dans l’esprit de rendre son contenu plus accessible. La série est à certains moments poétique, familière, enjouée et imaginative; en tout temps, elle s’efforce d’être fidèle à la foi. Le Service d’information catholique recommande de lire chaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir une compréhension plus profonde, plus mature de la Foi. -iii- T R O I S I È M E PA R T I E : C O M M E N T L E S C AT H O L I Q U E S V I V E N T ( M O R A L I T É ) S ECTION 3: Q UELQUES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA MORALE CATHOLIQUE (Le présent livret, qui constitue la section 3 de la partie III de notre cours sur le christianisme catholique, ainsi que le livret suivant, Les vertus et les vices (partie III, section 4), expliquent quelques principes fondamentaux de la morale « de loi naturelle » définie dans le livret La nature humaine, fondement de la morale (partie III, section 2). Les sections 5 à 10 de la partie III traiteront de la loi divine, c'est-àdire les Dix Commandements.) 1. Raison d’être des principes 1) Les principes sont certains. S’il y a une chose dont la mentalité séculière moderne prétend être certaine au sujet de la morale, c’est que personne ne peut vraiment être certain en matière morale. S’il y a un caractère de ceux qui ont des croyances religieuses qui est totalement incompréhensible pour la plupart des médias, le système d’éducation publique et les journalistes d’aujourd’hui, c’est le fait que les croyants soutiennent qu’il peuvent savoir ce qui est réellement, véritablement bon ou mauvais : autrement dit, leurs principes moraux. Les modernes typiques disent toujours que la morale est « une question complexe ». G.K. Chesterton a expliqué pourquoi : -5- « La morale est toujours terriblement compliquée… pour l’homme qui a perdu tous ses principes. » 2) Les principes sont universels. Ils sont comme des lois ou des formules scientifiques, comme F = ma ou E = mc 2, des énoncés qui sont vrais en tout temps, en tout lieu et en toute situation. Tout comme la matière obéit aux lois de la physique, tous les hommes devraient obéir aux lois de la morale. Dans n’importe quel domaine, les principes universels mettent de l’ordre dans le chaos. 3) Les principes sont objectifs. Des principes moraux tels que la Règle d’Or (« tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux ») sont fondés sur des faits objectifs (en l’occurrence, le fait que tous les humains ont une valeur morale égale et des droits égaux). Les principes moraux ne sont pas arbitraires et subjectifs, mais réalistes et objectifs, comme les principes scientifiques. La manière de les découvrir, évidemment, n’est pas la « méthode scientifique », car le bien et le mal n’ont pas de qualités perceptibles aux sens comme la couleur et la forme et ne peuvent pas être mesurés mathématiquement. 2. Les principes moraux sont nécessaires au salut Si on croit qu’aucun principe moral n’est objectivement vrai et contraignant, on ne croira probablement pas au péché non plus, car le péché désigne une désobéissance à des lois morales fondées sur la réalité. (Le mot « péché » a un sens plus large rupture avec Dieu mais non moins large.) Si on croit qu’il n’y a pas de péché, on ne peut pas se repentir du péché, et si on ne se repent pas du péché, il n’y a pas de salut. Cela n’est pas seulement l’enseignement personnel de quelque écrivain, ou celui du Catéchisme, ou celui de l’Église; c’est -6- l’enseignement sérieux et maintes fois répété de tous les prophètes, et spécialement du Christ Lui-même. Cela ne veut pas dire que ceux dont l’esprit est si confus qu’ils ne comprennent pas clairement le péché et le repentir ne peuvent pas être sauvés. Si on est perdu dans la forêt, il est possible de s’en sortir même avec une carte estompée, ou même sans aucune carte, mais on a de bien meilleures chances avec une carte claire et exacte, et c’est bien plus sûr. Il est très important d’avoir des principes moraux, et d’y croire, mais il est encore plus important de les suivre. « Car ce n’est pas en ayant écouté la Loi qu’on sera juste devant Dieu; c’est en ayant pratiqué la Loi qu’on sera justifié. » (Romains 2, 13) Cela non plus ne veut pas dire que les pécheurs ne sont pas sauvés; cela veut dire que seuls les saints le sont. Il n’y a pas d’autres sortes de gens que les pécheurs; les saints sont les premiers à nous le dire. La différence entre les sauvés et les damnés n’est pas la différence entre les saints et les pécheurs, mais la différence entre les pécheurs repentants et les pécheurs non repentants. 3. Les trois déterminants moraux : qu’est-ce qui rend un acte bon ou mauvais? « La moralité des actes humains dépend : — de l’objet choisi; — de la fin visée ou de l’intention; — des circonstances de l’action. » (CÉC 1750)* Ce sont les trois « sources » essentielles de la moralité des actes humains. 1) L’objet désigne l’objet choisi par la volonté, un acte que la volonté choisit d’accomplir; c’est « un bien vers lequel se porte délibérément la volonté » (CÉC 1751). *CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique -7- La bonté ou la malice d’un acte de la volonté dépend de l’objet choisi par la volonté. La raison peut reconnaître la nature essentielle des divers objets que peut choisir la volonté et juger si un objet est bon ou mauvais, selon qu’il est « conforme ou non au bien véritable » (CÉC 1751). 2) L’intention avec laquelle on accomplit un acte est distincte de l’objet choisi par la volonté. Le même acte peut être accompli avec une bonne ou une mauvaise intention. Une mauvaise intention peut rendre mauvais un acte qui est bon en soi, comme si on fait l’aumône aux pauvres pour se glorifier devant les autres. Toutefois, une bonne intention ne peut jamais rendre bon un acte qui est intrinsèquement mauvais. Comme nous l’avons déjà dit, c’est la nature de l’objet choisi par la volonté qui détermine si un acte est bon ou mauvais en lui-même. Une bonne intention ne peut pas changer la nature mauvaise de l’objet choisi pour la rendre bonne. La fin (une bonne intention) ne justifie pas les moyens (une mauvaise action). Il n’est jamais juste de « [faire] le mal pour qu’en sorte le bien » (Romains 3, 8). 3) Les circonstances d’un acte n’en changent pas la nature mauvaise pour le rendre bon ni inversement, mais elles peuvent « contribue[r] à aggraver ou à diminuer la bonté ou la malice morale des actes humains » (CÉC 1754). Il est pire de voler de l’argent à un homme s’il est très pauvre et a déjà à peine de quoi manger. Les circonstances peuvent aussi diminuer ou augmenter la responsabilité de quelqu'un pour l’acte qu’il pose. Quand on ne se sent pas bien ou qu’on ressent de la douleur, on n’est pas aussi responsable de ses sautes d’humeur et de ses paroles aigres que quand on se sent bien et qu’on est en santé. Si un acte est mauvais, -8- toutefois, il le demeure quelles que soient les circonstances; celles-ci « ne peuvent rendre ni bonne, ni juste une action en elle-même mauvaise » (CÉC 1754). N’importe lequel de ces trois éléments suffit pour rendre un acte mauvais, mais un seul ne suffit pas pour le rendre bon, car, pour que toute œuvre humaine soit bonne, chacune de ses « sources » essentielles doit être bonne. Par exemple, un bon bâtiment peut être vicié par de mauvaises fondations, de mauvais murs ou un mauvais câblage électrique. Dans une œuvre de fiction, un bon élément (par exemple une bonne intrigue) ne suffit pas pour faire une bonne histoire si les caractères ne sont pas bien campés ou si le thème est mauvais. Il en va de même pour un acte humain : l’objet, l’intention et les circonstances doivent tous être justes. Il faut : 1) faire une bonne chose, 2) pour une bonne raison, 3) de la bonne manière. Trois conceptions morales courantes mais simplistes exagèrent chacune l’un des trois facteurs et minimisent les deux autres. Le légalisme insiste sur l’acte objectif lui-même; le subjectivisme s’intéresse à l’intention subjective; la « morale de situation », ou le relativisme moral, se concentre sur les situations ou circonstances changeantes. 4. Les trois relations La vie est en grande partie une série de relations. Toute personne au monde a des liens, bons ou mauvais, 1) avec les autres, 2) avec soi-même, et 3) avec Dieu. La morale compte donc trois parties : 1) la morale sociale (les relations avec autrui); 2) la morale individuelle (les relations avec soi-même : les vertus et les vices, le caractère); 3) le sens et le but ultimes de la vie humaine (la relation avec Dieu). -9- Comme le dit C.S. Lewis, l’humanité est comme une flotte, et la morale est comme les ordres de navigation donnés aux navires. Ceux-ci leur prescrivent trois choses : 1) comment les navires devraient coopérer entre eux et ne pas se faire obstacle mutuellement; 2) comment chaque navire devrait demeurer bien tenu et à flot; 3) par-dessus tout, la mission de la flotte et sa raison de prendre la mer pour commencer. Ces trois parties sont liées entre elles par une relation de dépendance hiérarchique : la morale sociale dépend de la morale individuelle, et les deux dépendent du but de la vie humaine. Les navires ne peuvent pas coopérer socialement si chacun coule individuellement, et il leur est totalement inutile d’être à flot, individuellement ou collectivement, s’ils n’ont aucune raison de l’être, s’ils n’ont pas de destination. La morale séculière moderne évite généralement cette dernière question, car le but ultime de la vie humaine est vraiment la raison d’être de la religion, mais c’est nettement la question la plus importante de toutes. Comme l’a dit Thomas Merton : « Nous ne sommes pas en paix avec les autres parce que nous ne sommes pas en paix avec nous-mêmes. Nous ne sommes pas en paix avec nous-mêmes parce que nous ne sommes pas en paix avec Dieu. » Tous les problèmes de la vie humaine se résument dans ces phrases. 5. Les trois niveaux de l’amour L’amour est le motif le plus fondamental de l’être humain, l’énergie humaine la plus forte et la relation humaine la plus importante. « C’est l’amour qui mène le monde », et c’est donc la valeur morale la plus fondamentale. Saint Augustin définit la morale comme l’ordo amoris, l’amour bien ordonné, et l’immoralité comme l’amour désordonné. Nous sommes capables d’aimer à trois différents niveaux : nous pouvons aimer ce qui est plus grand que nous (Dieu), nous pouvons nous aimer nous-mêmes et aimer ce qui nous est égal -10- (les autres humains), et nous pouvons aimer ce qui nous est inférieur (les choses du monde). La règle morale essentielle de l’amour juste est d’aimer selon la réalité : adorer Dieu, aimer les personnes, utiliser les choses. 1) Comment devons-nous aimer Dieu? Le Christ dit : « de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » (Marc 12, 30). Dieu mérite un amour total, l’amour du culte et de l’adoration, étant donné qui Il est et ce qu’Il est : infiniment bon, créateur de notre être même. Si on adore les choses, ou même les personnes humaines, c’est de l’idolâtrie, et de la folie. Dieu seul est Dieu. Si on traite comme Dieu ce qui n’est pas Dieu, on vit dans l’irréel. Même les autres personnes, quoique leur valeur ne puisse être mesurée par les choses, l’argent ou les chiffres, ne sont pas Dieu; elles ne sont pas infinies, elles ne sont pas parfaites, et il ne faut pas les adorer. De grands maux s’ensuivront si nous imposons des fardeaux divins à des épaules humaines. 2) Nous devons aimer notre prochain « comme nousmêmes », c'est-à-dire du même genre d’amour que nous avons pour nous-mêmes. Quelle que soit notre sentiment sur nous-mêmes en ce moment, nous voulons toujours notre propre bien, notre propre intérêt, notre vrai bonheur, et nous devrions en faire autant pour les autres. Nous avons le pouvoir d’aimer ainsi, car cet amour est un libre choix, non un sentiment. Il ne nous est pas commandé de trouver tout le monde aimable, car cette forme d’amour n’est pas en notre pouvoir; c’est un sentiment, pas un choix volontaire. Si le Christ nous avait commandé de trouver tout le monde à notre goût, Il aurait été un psychologue très stupide. -11- Il nous est commandé d’aimer notre prochain pour la même raison qu’il nous est commandé d’aimer Dieu : pour nous conformer à la réalité, pour voir les faits tels qu’ils sont. En l'occurrence, le fait à considérer est que les autres sont le même genre d’êtres que nous : ni des dieux à adorer, ni des choses à utiliser, mais des personnes créées à l’image de Dieu, à aimer comme des égaux, des enfants du même Père divin. On manque à l’amour du prochain soit en l’aimant trop (de façon idolâtre, comme Dieu), soit en l’aimant trop peu (en l’utilisant comme une chose). 3) Les choses du monde doivent être aimées en proportion de ce qu’elles sont; par exemple, nous devrions respecter les animaux supérieurs, qui ont des sentiments, plus que les animaux inférieurs comme les insectes, qui n’en ont pas; nous devrions respecter les animaux plus que les plantes (nous tuons les plantes pour nourrir les animaux, mais nous ne tuons pas les animaux pour nourrir les plantes), et nous devrions respecter les êtres vivants plus que les êtres inanimés. Dieu a créé les choses pour être utilisées par les gens. Quand des choses comme l’argent sont traitées comme des fins, les gens sont généralement traités comme des moyens; cela inverse l’ordre de la réalité. Les choses peuvent être aimées trop peu (mésestimées) ou trop (traitées comme des fins); les personnes peuvent être aimées trop peu (utilisées comme moyens) ou trop (adorées comme des dieux); mais Dieu ne peut pas être trop aimé, seulement trop peu. 6. Trois règles morales universelles S’il existe trois règles morales qui sont évidentes pour toute personne et toute culture moralement saine, ce sont -12- probablement les trois qui sont présentées dans le Catéchisme (CÉC 1789) comme « [q]uelques règles [qui] s’appliquent dans tous les cas » : 1) « Il n’est jamais permis de faire le mal pour qu’il en résulte le bien. » [« La fin ne justifie pas les moyens », c'est-à-dire qu’une fin bonne ne justifie pas des moyens mauvais.] 2) « La “règle d’or” : “Tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux” (Matthieu 7, 12). »2 3) « La charité passe toujours par le respect du prochain et de sa conscience ». Ces trois règles ne constituent pas une morale suffisante, mais elles sont un minimum nécessaire. 7. Trois genres d’actes Les actes humains se divisent en actes a) moralement indifférents (permis), b) moralement mauvais (interdits) et c) moralement bons (prescrits). Dans la troisième catégorie, certains actes moralement bons sont prescrits, ou exigés en tant qu’obligations morales. D’autres actes moraux ne sont pas prescrits, mais conseillés (ou recommandés) comme dépassant l’appel du devoir, comme le martyre, le sacrifice héroïque et le fait de « tendre l’autre joue ». Ce sont les « conseils évangéliques », résumés dans les Béatitudes du Christ (Matthieu 5). Ils vont au-delà des Dix Commandements. On ne pèche pas contre les Commandements si on n’atteint pas une sainteté héroïque en suivant ces « conseils » ou idéaux plus élevés. Nous ne devrions pas nous sentir coupables si nous ne sommes pas des héros en tout temps, mais si nous ne visons jamais plus haut que le minimum, il est très probable que nous n’atteindrons même pas le minimum. Par-dessus tout, nous ne connaîtrons pas la joie, l’enthousiasme et la beauté de la vie morale : la béatitude. -13- 8. Signification de la conscience La conscience est notre détecteur de valeur morale. « “Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. [… Cette loi] le press[e] d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal” » (CÉC 1776). Au fond, nous savons tous que nous sommes réellement (objectivement) obligés de faire le bien et d’éviter le mal, que nous le voulions (subjectivement) ou non. Puisque nous sommes liés par cette obligation même quand nous ne voulons pas l’être, celle-ci n’a pas pu venir de notre volonté et de nos désirs humains. Elle vient à nous et non de nous, et elle est une forte preuve de l’existence de Dieu. Même l’athée traite la conscience comme une autorité morale absolue, car, comme n’importe qui d’autre, il admet qu’il est toujours juste d’obéir à sa conscience et mauvais d’y désobéir. Mais qu’estce qui donnerait à la conscience une autorité si absolue, sinon Dieu? La seule explication de ce donné est que « “[c]’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme. La conscience est le centre le plus intime et le plus secret de l’homme, […] où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre.” »1 (CÉC 1776) « Quand il écoute la conscience morale, l’homme […] peut entendre Dieu qui parle. » (CÉC 1777) « “La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ.” »1 (CÉC 1778) 9. Les trois fonctions de la conscience La conscience nous donne trois choses : 1) une perception du bien et du mal; 2) le désir du bien et l’aversion du mal; 3) un sentiment de joie, de paix et de rectitude après avoir fait le bien, ou de malaise et de culpabilité après avoir fait le mal. -14- Ces trois fonctions de la conscience agissent sur les trois parties de l’âme : 1) l’esprit, l’intelligence ou la raison; 2) la volonté; 3) les émotions ou les sentiments. 1) « La conscience morale est un jugement de la raison [une compréhension] par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train d’exécuter ou a accompli. » (CÉC 1778) 2) « La conscience morale2 lui enjoint, au moment opportun, d’accomplir le bien et d’éviter le mal. » (CÉC 1777) 3) La conscience est également un sentiment intuitif « approuvant ceux qui sont bons, dénonçant ceux qui sont mauvais »3 (CÉC 1777). 10. Quelques erreurs courantes concernant la conscience 1) La conscience n’est pas seulement un sentiment. Elle est en premier lieu une connaissance, une perception de la vérité au sujet du bien et du mal. 2) La conscience n’est pas infaillible. Elle peut se tromper, comme n’importe quelle partie de nous. Elle peut croire mauvais ce qui est bon, ou bon ce qui est mauvais. C’est pourquoi l’une des premières choses que la conscience nous oblige à faire est de l’instruire et de l’informer. Cette « éducation de la conscience est une tâche de toute la vie » (CÉC 1784), comme l’éducation de l’esprit ou les exercices du corps. 3) « L’être humain doit toujours obéir au jugement certain de sa conscience. S’il agissait délibérément contre ce dernier, il se condamnerait lui-même. » (CÉC 1790) Nous sommes toujours obligés d’obéir à notre conscience, même si elle n’est pas infaillible. Si votre conscience vous amène à croire honnêtement qu’un -15- certain acte est moralement obligatoire, il est moralement mauvais pour vous d’éviter l’acte que votre conscience prescrit. Si votre conscience vous dit qu’une chose est moralement interdite, il est mauvais pour vous de faire la chose que votre conscience interdit, même si votre conscience est erronée, parce que (étant admis que vous êtes honnête) vous ne savez pas que votre conscience est erronée, vous croyez qu’elle est droite, et elle a l’autorité d’un prophète de Dieu dans votre âme (cf. CÉC 1777-1778). 4) L’ignorance qui cause des erreurs de conscience peut être une ignorance vincible ou une ignorance invincible. L’ignorance vincible, parfois causée par notre irresponsabilité personnelle quand nous ne faisons guère d’effort pour découvrir ce qui est vrai et bon ou quand notre conscience est aveuglée par le péché habituel, est une ignorance qui peut et doit être surmontée. Nous sommes responsables de cette ignorance de notre conscience. Un étudiant en médecine qui aurait négligé d’apprendre l’anatomie élémentaire ou les causes connues de certaines maladies serait coupable d’ignorance vincible. L’excuse : « je ne savais pas ce que je faisais », après une intervention médicale désastreuse, est peut-être vraie, mais ce serait une mauvaise excuse parce qu’il aurait dû savoir. L’ignorance invincible est une ignorance qu’on ne peut pas surmonter et dont on n’est pas responsable. Il se peut qu’on ne soupçonne même pas son ignorance dans une situation donnée, ou il peut être carrément impossible de surmonter l’ignorance au moment où l’action est accomplie. Tant que la conscience des enfants n’est pas formée au sens moral, leur ignorance est invincible. Si quelqu’un loue une automobile d’un concessionnaire de -16- bonne réputation et est impliqué dans un accident à cause de défauts mécaniques graves du véhicule, il a une ignorance invincible de ces défauts. 5) La conscience n’est pas seulement négative, mais aussi positive. Comme les prophètes de l’Écriture, elle offre toujours un message d’espoir. Même si elle nous condamne pour avoir fait le mal, elle offre l’espoir du repentir et du pardon, comme une carte qui nous indique le droit chemin aussi bien que les mauvaises routes. « Si l’homme commet le mal, le juste jugement de la conscience peut demeurer en lui le témoin de la vérité universelle du bien, en même temps que de la malice de son choix singulier. Le verdict du jugement de conscience demeure un gage d’espérance et de miséricorde. » (CÉC 1781) La conscience, comme Dieu, condamne les péchés, mais non les pécheurs. 6) La conscience n’est pas un « donné » passif, mais elle peut être entraînée, comme un muscle. Elle peut aussi s’atrophier, comme un muscle inutilisé. « L’éducation de la conscience est une tâche de toute la vie. [… Elle] garantit la liberté et engendre la paix du cœur. » (CÉC 1784) « Dans la formation de la conscience, la Parole de Dieu est la lumière sur notre route; il nous faut l’assimiler dans la foi et la prière, et la mettre en pratique. Il nous faut encore examiner notre conscience au regard de la Croix du Seigneur. Nous sommes assistés des dons de l’Esprit Saint, aidés par le témoignage ou les conseils d’autrui et guidés par l’enseignement autorisé de l’Église. »1 (CÉC 1785) Un effort indispensable est celui d’écouter honnêtement. « Il importe à chacun d’être assez présent à lui-même -17- pour entendre et suivre la voix de sa conscience. » (CÉC 1779) En effet, la voix de la conscience parle doucement. Elle respecte notre liberté; un effort de notre volonté libre est nécessaire pour l’entendre. Dieu parle habituellement ainsi, dans « le murmure d’une brise légère (voir 1 Rois 19, 12). Nous devons nous entraîner à l’entendre. Les deux clés les plus importantes pour l’entendre sont les suivantes : a) Nous devons honnêtement et passionnément vouloir l’entendre, vouloir connaître la vérité. b) Nous devons être seuls avec nous-mêmes et avec Dieu pour entendre cette voix douce, qui peut facilement être étouffée par les bruits extérieurs. « Cette requête d’intériorité [de vie intérieure] est d’autant plus nécessaire que la vie nous expose souvent à nous soustraire à toute réflexion, examen ou retour sur soi » (CÉC 1779), particulièrement dans notre société moderne complexe. ________________________ Notes dans les citations du catéchisme 2 Cf. Lc 6, 31; Tb 4, 15. 1 GS 16. 1 Newman, lettre au duc de Norfolk, 5. 2 Cf. Rm 2,14-16. 3 Cf. Rm 1, 32. 1 Cf. DH 14. -18- « La foi est un don de Dieu nous permettant de le connaître et de l’aimer. La foi, tout autant que la raison, constitue un moyen d’arriver à la connaissance. Toutefois, il n’est pas possible de vivre dans la foi, à moins de passer aux actes. Grâce à l’aide de l’Esprit Saint, nous arrivons à décider de répondre à la révélation divine et de lui donner suite en vivant notre réponse. » (Édition américaine du Catéchisme catholique, 38. Notre traduction) Le Service d’information catholique Depuis leur fondation, les Chevaliers de Colomb se sont occupés d’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont inauguré le Service d’information catholique (SIC) afin de mettre des publications catholiques à bon marché à la disposition du grand public, d’une part, mais aussi des paroisses, des écoles, des maisons de retraite, des installations militaires et des maisons de détention, des parlements, de la profession médicale et autres personnes qui en font la demande. Depuis plus de 60 ans, le SIC a publié et distribué des millions de brochures et des milliers d’autres individus se sont inscrits à des sessions de formation de catéchèse. Le SIC offre les services suivants afin de vous aider à mieux connaître le Seigneur. Brochures Communiquer avec le SIC afin d’obtenir la liste des brochures et de commander celles qui vous intéressent. Programme d’étude individuelle Par la poste, le SIC offre un programme gradué d’étude individuelle. Grâce à dix leçons méthodiques, vous aurez fait le tour de l’enseignement catholique. C’est avec affection et reconnaissance que les Chevaliers de Colomb dédient cette série à Luke E. Hart, évangélisateur modèle et Chevalier Suprême de 1953 à 1964. Programmes en ligne Le SIC offre deux programmes en ligne. Pour s’y inscrire, visiter le site www.kofc.org/ciscourses. SERVICE D’INFORMATION CATHOLIQUE LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART Enseignement catholique véritable. Ne se contente pas des simples opinions. « En faveur des nouvelles générations, les fidèles laïcs ont à apporter une contribution précieuse, plus nécessaire que jamais, par un effort systématique de catéchèse. Les Pères du Synode ont manifesté leur gratitude pour le travail des catéchistes, reconnaissant qu'ils ont «une tâche de grande valeur dans l'animation des communautés ecclésiales». Il va de soi que les parents chrétiens sont les premiers catéchistes, irremplaçables, de leurs enfants (…). Mais nous devons tous, en même temps, être convaincus du «droit» qui est celui de tout baptisé d'être instruit, éduqué, accompagné dans la foi et dans la vie chrétienne. » Jean-Paul II, Christifideles Laici, 34 Exhortation apostolique sur la vocation et la mission des fidèles laïcs dans l’Église et dans le monde. Comment les catholiques vivent À propos des Chevaliers de Colomb Les Chevaliers de Colomb, organisme de bienfaisance fraternel fondé en 1882, à New Haven, au Connecticut, par le vénérable serviteur de Dieu l’abbé Michael J. McGivney, constituent l’organisme laïc catholique le plus important du monde entier, puisqu’ils comptent plus de 1,8 million de membres répartis dans les Amériques, l’Europe et l’Asie. Les Chevaliers s’entraident et soutiennent leurs communautés, en contribuant chaque année des millions d’heures de bénévolat à des causes de bienfaisance. Les Chevaliers ont été les premiers à soutenir financièrement les familles dont des membres parmi les corps de policiers et de pompiers ont péri par suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001, et à collaborer de près avec les évêques catholiques pour protéger la vie humaine innocente et défendre le mariage traditionnel. Pour en apprendre davantage sur les Chevaliers de Colomb, visiter le site www.kofc.org. Que vous ayez une question spécifique ou que vous désiriez obtenir des connaissances plus étendues ou plus profondes sur la foi catholique. Communiquez avec nous en ayant recours à l’un des moyens suivants: Knights of Columbus, Catholic Information Service PO Box 1971, New Haven, CT 06521-1971 USA Téléphone : 203-752-4267 Télécopieur : 203-752-4018 [email protected] www.kofc.org/informationcatholique Proclamer la Foi au cours du troisième millénaire 123-F 10/09 Section 3: Quelques Principes Fondamentaux de la Morale Catholique