AGRESSIVITE, CULPABILITE ET REPARATION, Donald W

Transcription

AGRESSIVITE, CULPABILITE ET REPARATION, Donald W
AGRESSIVITE, CULPABILITE ET REPARATION, Donald W. WINNICOTT (différentes
fiches de lecture de différents auteurs)
Petite bibliothèque Payot
AGRESSIVITE, CULPABILITE ET REPARATION
2004
Donald W. WINNICOTT
Chez un enfant, le besoin de satisfaire ses pulsions est irrésistible. Aucun enfant
ne naît méchant, mais aucun ne naît non plus civilisé. Tous les enfants ont au
début de leur vie un fonctionnement psychique qui demande à s’humaniser, à
se socialiser. Et ceci d’autant plus que comme le dit S.Freud l’enfant est sous
l’emprise du principe de plaisir. L’éducation transmise par les parents est une
nécessité pour que l’enfant intègre un certain nombre de lois qui feront de lui
un être humain. Ce devoir parental est complété par la nécessité de donner à
l’enfant la possibilité de satisfaire ses désirs sur un mode acceptable par la loi
sociale.
Le recueil d’articles écrit par Donald W.Winnicott traite des différentes facettes
du concept de tendance anti-sociale. La destructivité dans le comportement
délinquant est présentée à travers les racines de l’agressivité. Nous découvrons
l’agressivité comme une tendance innée qui cœxiste avec l’amour à l’origine
de la vie. Mélanie Klein considérait que dans le monde interne de l’enfant la
pulsion destructrice se transforme en désir de réparer, de construire et d’être
responsable.
Winnicott donne une approche plus originale de l’agressivité et la présente
comme synonyme de motricité et correspond à la différenciation entre ce qui
est le self et ce qui n’est pas le self.
Pour lui le jeu et l’utilisation des symboles permettent à l’enfant de contenir
cette destructivité interne faisant ainsi référence à l’espace transitionnel
constitutif de la psyché humaine (les délinquants n’ont pas d’espace
transitionnel).
Ces articles décrivent, à travers une analyse minutieuse des faits, que la
délinquance n’est pas du à une agressivité primaire mais que c’est un
phénomène complexe qui trouve son origine dans les fantasmes inconscients.
Au même titre qu’il nous a montré qu’une mère suffisamment bonne était
nécessaire à la constitution d’un contenant psychique efficace, il nous montre
que l’éducation des parents est une nécessité pour permettre à l’enfant de se
socialiser et d’humaniser sa conception du monde.
La capacité de sollicitude signifie que l’individu se sent responsable de sa
propre destructivité. Il permet à celui-ci de vivre la culpabilité et la garder en
suspens dans l’attente d’une occasion de réparation. Dans les stades initiaux
du développement une figure maternelle est nécessaire pour recevoir la juste
réparation. Sans cela la culpabilité devient insupportable et la sollicitude ne
peut être éprouvée, cette capacité se perd et est remplacée par des formes
primitives de culpabilité et d’angoisse.
La tendance anti-sociale se rattache aux difficultés inhérentes au
développement affectif.
A ne pas confondre avec la délinquance. La tendance anti-sociale peut se
trouver chez un être normal comme un névrosé ou un psychotique. Un enfant
devient dé privé quand il est privé de certains caractères essentiels à sa vie
familiale. (Complexe de dé privation).
Il y a dans la tendance anti-sociale un élément spécifique qui rend
l’environnement important et le patient oblige quelqu’un par des pulsions
inconscientes à le prendre en main. Dans la tendance anti-sociale l’espoir est
sous-tendu, l’acte anti-social exprime un espoir.
John Bowlby a mis en exergue la relation entre la tendance anti-sociale chez
les individus et la dé privation affective à la fin de la première année et au
cours de la deuxième. Cette véritable déprivation correspond à la perte de
quelque chose de bon dans l’expérience de l’enfant, qui lui a été positif et qui
lui a ensuite été retiré. D’une certaine façon l’enfant cherche quelque chose
quelque part et ne le trouvant pas il le cherche ailleurs lorsqu’il y a de l’espoir.
Cette tendance anti-sociale qui est le cœur de cet ouvrage, est décrite à
travers les deux aspects de ce comportement qui la caractérise à savoir le vol
et le mensonge et d’autre part par les actes destructeurs. Il fait remonter leur
origine à la vie du nourrisson et des jeunes enfants.
Les racines primitives de la tendance anti-sociale auraient à voir avec la
recherche de l’objet et la destruction. Un enfant qui vole un objet ne cherche
pas l’objet volé mais cherche la mère sur qui il a des droits. A l’époque de la
déprivation primitive, il existe une certaine union des racines agressives (ou de
la motricité) aux racines libidinales. L’enfant réclame sa mère par ce mélange
de vols, de heurts, et d’incontinence. Lorsque la fusion est moindre, la quête
de l’objet et l’agression sont plus distinctes l’une de l’autre.
Une bonne expérience primitive perdue par l’enfant serait à l’origine de la
tendance anti-sociale. Ce qui caractérise cette tendance c’est que l’enfant
est devenu capable de percevoir que la cause du malheur réside dans la
faillite de l’environnement. La prise de conscience de cette défection externe
entraîne la distorsion de la personnalité et le besoin de rechercher un remède
dans les dispositions nouvelles de l’environnement.
Que s’est-il passé ?
Si une relative frustration par la mère est nécessaire, il ne faut pas négliger les
besoins du moi de l’enfant. Il faut que la mère ne réussisse pas à satisfaire les
exigences instinctuelles, mais elle peut réussir totalement à ne pas laisser
tomber l’enfant, à pourvoir à ses besoins du moi, jusqu’au moment où l’enfant
aura été capable d’introjecter une mère qui soutient le moi, où il sera assez
âgé pour maintenir cette introjection malgré les carences de cet ordre dans le
milieu présent.
César LLORT
AGRESSIVITE – CULPABILITE - REPARATION
Editions Payot et Rivages
1994
Donald W. Winnicott
Thierry Saboul
AGRESSIVITE – CULPABILITE - REPARATION
Editions Payot et Rivages
1994
Donald W. Winnicott
Véronique Lever
AGRESSIVITE – CULPABILITE - REPARATION
Donald W. Winnicott
Simone Raymond
Petite Bibliothèque Payot
1984
AGRESSIVITE – CULPABILITE - REPARATION
Petite Bibliothèque Payot
1984
Donald W. Winnicott
Audrey RAFFARD
AGRESSIVITE – CULPABILITE - REPARATION
Petite Bibliothèque Payot
1984
Donald W. Winnicott
Marie-Laure Brouillard
AGRESSIVITE , CULPABILITE ET REPARATION
Petite Bibliothèque Payot
1984
Donald W. Winnicott
L’auteur propose d’abord deux articles sur les racines de l’agressivité
présentée comme quelque chose d’inné qui coexiste avec l’amour.
Le premier montre comment, dans le monde interne de l’enfant, la pulsion
destructrice se transforme en désir de réparer (protéger ce qu’il aime de sa
propre destructivité). L’essentiel de la destruction se produit dans ses
fantasmes.
Dans le second, l’agressivité y est présentée à la fois comme une réaction
directe ou indirecte à la frustration et aussi comme source d’énergie pour
l’individu. Elle est aussi synonyme de motricité. Le nourrisson découvre le
monde qui n’est pas son self, ce qui marque le début de sa relation aux objets
externes. Il y a toujours un lien entre l’agressivité et le moment où l’enfant
distingue son self de ce qui n’est pas son self. Winnicott met l’accent sur le jeu
et l’utilisation des symboles pour contenir la destructivité interne. Dès que
l’enfant peut utiliser une chose pour en représenter une autre, la violence des
conflits liés à une réalité pénible s’apaise.
L’auteur fait ensuite une description de l’élaboration de la capacité de
sollicitude. Celle-ci est liée à la responsabilité de l’individu, particulièrement en
ce qui concerne les relations investies par les pulsions instinctuelles. Il souligne
l’importance de l’environnement humain « suffisamment bon » ; la déprivation
et la perte ayant des conséquences désastreuses au moment où s’élabore la
capacité de sollicitude (entre 10 mois et 2 ans) ; cela risque de compromettre
le processus de socialisation qui commence à se mettre en place à partir des
tendances innées de l’enfant.
L’article suivant « Absence du sentiment de culpabilité » établit une relation
entre le blocage de la capacité de sollicitude et la tendance antisociale.
Winnicott rappelle à cette occasion que le sens moral est un compromis entre
2 écoles de pensées opposées voire inconciliables : l’une prétend que le code
moral doit être planté dans un sol vierge avant que l’enfant ne soit trop âgé
pour résister, l’autre que le sens moral provient de l’individu lui-même et que
l’enfant acquiert son propre sens du bien et du mal par des processus naturels.
Pour l’auteur le sens moral le plus précoce et le plus féroce est de ne pas trahir
son self.
Le sentiment de culpabilité permet à l’enfant d’être « méchant » (pulsion à
l’origine de son désir d’être constructif). Si le sentiment de culpabilité est
absent, l’enfant empêche cette pulsion de se manifester. La peur prend sa
place et tous les sentiments qui accompagnent naturellement la pulsion sont
inhibés.
Selon l’auteur, le sentiment de culpabilité est si fondamental chez les êtres
humains que certains bébés en meurent, ou, à défaut, mettent en place un
faux self, ou un self soumis qui, parce que sa réussite apparente correspond à
des critères établis par autrui, trahit le vrai self.
La séquence agressivité (destruction de l’objet ), culpabilité (apparition du
sentiment), et réparation (activité constructrice) implique que l’individu ait
atteint un certain niveau affectif.
Les deux articles suivants portent sur les aspects psychologiques de la
délinquance juvénile et la tendance antisociale. Winnicott y décrit les 2
principaux aspects du comportement antisocial, à savoir le vol et le
mensonge, ainsi que les actes destructeurs dont il fait remonter l’origine à la
toute petite enfance.
Pour Winnicott la délinquance est un signe d’espoir en ce sens que derrière
le coté destructeur se cache la recherche d’un environnement sûr où
impulsion et spontanéité seront en sécurité.
Le traitement de la tendance antisociale proposé par l’auteur consiste à
permettre à l’enfant de redécouvrir des soins infantiles qu’il pourra mettre à
l’épreuve et au sein desquels il pourra revivre les pulsions instinctuelles. C’est
l’environnement qui redonnera à la relation au moi une nouvelle occasion
pour restaurer la carence de soutien au moi dans l’expérience à l’origine de la
tendance antisociale.
Dans le chapitre consacré à la psychologie de la séparation, Winnicott
explique que le travail de deuil dépend de l’aptitude à tolérer la haine
ressentie à l’égard d’une personne qu’on a aimée et perdue.
Les 2 derniers articles consacrés à l’adolescence illustrent bien ce
comportement antisocial. D’après l’auteur il s’agit d’un défi lancé à la société
dont les éléments matures sont chargés de contenir ces comportements
antisociaux avec fermeté.
L’intérêt de ce livre est de montrer que le sentiment de culpabilité se situe
au point où la destructivité se transforme en constructivité, en lien avec les
« soins » donnés par les parents et l’environnement.
Marie-Pierre FAVEREAUX

Documents pareils