Altamira

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Altamira
Altamira
La grotte espagnole d’Altamira, située à Santillana del Mar, près de Santander (Cantabrie), renferme l'un
des ensembles picturaux les plus importants de la Préhistoire. Il date de la fin du Paléolithique supérieur,
du Magdalénien. Son style artistique relève de ce que l’on appelle l'art préhistorique franco-cantabrique,
caractérisé notamment par le réalisme des représentations et par ses thèmes animaliers.
Historique de la découverte et de la reconnaissance d'Altamira
Les peintures d'Altamira ont été découvertes en 1879, lors de fouilles conduites par Marcelino Sanz de Sautuola. La grotte était
connue depuis 1868 et Sanz de Sautuola y effectuait des visites depuis 1876. Il avait observé la présence de dessins
géométriques sur les parois sans y accorder d'importance mais c'est sa fillette Maria, alors âgée de huit ans, qui remarqua la
première la présence de « bœufs » dessinés au plafond. Sanz de Sautuola publia dès 1880 «Brèves notes sur quelques objets
préhistoriques de la province de Santander».
Historiquement, Altamira est donc le premier ensemble pictural préhistorique important qui ait été découvert et publié. Une
découverte de cet ordre explique la polémique qu’elle a fait naître puisqu’elle remettait en question certaines idées scientifiques
de l’époque. En effet, dès le début, le réalisme des scènes représentées a fait douter de son authenticité. Sa reconnaissance,
comme une œuvre artistique effectuée par des hommes du Paléolithique, s'est faite à l’issue d’un long processus qui a permis de
mieux définir la vision de la Préhistoire.
Le premier à défendre ces peintures a été celui qui les avait découvertes et publiées, M. Sanz de Sautuola. Leur authenticité ne
devait être admise qu'après sa mort, une fois confirmée par l’abondance d’autres œuvres artistiques semblables trouvées dans de
nombreuses grottes européennes. À la fin du XIXème siècle, surtout en France, on a découvert des peintures pariétales associées
de façon indéniable à des statuettes, des sculptures murales et des os sculptés qui appartenaient à des niveaux archéologiques
paléolithiques, le tout accompagnant des restes d'animaux disparus, au moins de la région (mammouth, renne, bison, etc.).
Émile Cartailhac avait été un des plus grands adversaires de l'authenticité d'Altamira. À partir de 1895, la découverte de
gravures et de peintures dans les grottes françaises de la Mouthe, des Combarelles et de Font-de-Gaume, lui firent reconsidérer
sa position. Après avoir visité les grottes, il écrivit dans la revue L'Anthropologie (1902) un article intitulé « La grotte
d'Altamira, Mea culpa d'un sceptique». Après cet article, le caractère paléolithique des peintures d'Altamira fut universellement
reconnu.
Dans cette reconnaissance, il faut souligner également le rôle de l’abbé Breuil. Ses travaux sur l'art pariétal, présentés une
première fois en 1902 au Congrès de l'Association Française pour l'Avancement des Sciences, ont bouleversé la façon de voir
des chercheurs de l'époque.
Une fois l'authenticité des peintures établie, le débat se déplaça sur leur signification et leurs implications. Les divergences entre
chercheurs tournaient autour de la datation chronologique exacte, du but mystérieux qui était le leur et de leur valeur artistique et
archéologique. Ces questions ont concerné non seulement la grotte d'Altamira, mais l'art préhistorique tout entier.
premier relevé du plafond aux polychromes d'Altamira, publié par M. Sanz de Sautuola en 1880
Fouilles archéologiques
Les premières fouilles entreprises par Sanz de Sautuola furent suivies de celles de H. Alcalde del Rio en 1906 et de celles de H.
Obermaier en 1924-25. Même s'il s'agit de travaux anciens, il semble établi que la séquence stratigraphique d'Altamira comporte
du Moustérien à sa base, suivi de Solutréen supérieur à pointes à cran et enfin de Magdalénien inférieur cantabrique, à bâtons
perçés. Ce dernier niveau date de 15 000 BP.
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Les œuvres d'Altamira
Avec une longueur de 270 mètres, la grotte d’Altamira est relativement petite. Elle présente une structure simple, formée d’une
galerie aux rares ramifications. Trois zones peuvent être distinguées :
- la première, formée par un vaste vestibule, éclairée par la lumière du jour a été un lieu d’habitat privilégié dès le début du
Paléolithique supérieur ;
- la deuxième est une grande salle fameuse pour ses peintures polychromes ;
- enfin le reste de la cavité comporte des salles et des couloirs comportant également des manifestations artistiques moins
spectaculaires.
L’aspect de la grande salle aux bisons a beaucoup évolué depuis que Maria Sautuola l’a vu pour la première fois. Elle mesure
toujours 18 mètres de long sur 9 mètres de large, mais sa hauteur originelle (entre 1,10 et 1,90 m) a été augmentée en abaissant
le sol pour faciliter l’examen des peintures.
L’animal le plus représenté est le bison. La composition en compte 16, variant par leurs dimensions, leurs postures et leurs
techniques de réalisation. Ils sont accompagnés de chevaux, de cervidés, de deux sangliers (animal rare dans l’art paléolithique)
ainsi que de différents signes dont des tectiformes. Les artistes d’Altamira trouvèrent des solutions aux différents problèmes
techniques posés par les représentations plastiques depuis leurs origines, dont le réalisme anatomique, le volume, le mouvement
et la polychromie.
La sensation de réalisme est obtenue en tirant profit des reliefs naturels du plafond de la grotte, qui créent une illusion de
volume, mais aussi grâce aux couleurs vives (rouge, noir, jaune, brun) qui couvrent les surfaces intérieures des animaux et grâce
aux techniques du dessin et de la gravure, qui délimitent les contours des sujets.
Le « bison recroquevillé » est l’une des peintures les plus expressives et les plus admirées de toute la composition. Elle a été
réalisée sur l’un des ressauts du plafond. L’artiste a su placer l’image du bison, en le recroquevillant, en pliant ses pattes et en
forçant la position de la tête vers le bas. Tout cela dénote des facultés d’observation naturaliste de l’artiste et de l’immense force
expressive de la composition.
La « grande biche », le plus grand de tous les sujets représentés, atteint 2,25 m de long. Elle témoigne d’une grande maîtrise
technique. La stylisation des extrémités des membres, la fermeté du trait gravé et le modelé chromatique lui confèrent un grand
réalisme. Toutefois, elle accuse une certaine déformation, par sa facture légèrement lourde. Celle-ci est sans doute liée à la trop
grande proximité de l’artiste par rapport à la paroi. Sous le cou de la biche se trouve un petit bison au trait noir.
Le « cheval ocre », situé à l’une des extrémités du plafond, a été interprété par H. Breuil comme l’un des sujets les plus anciens
de la composition. Ce type de cheval a du être relativement fréquent sur la corniche cantabrique ; il est également représenté
dans la grotte de Tito Bustillo (es), découverte en 1968 à Ribadesella. Par son style, il évoque celui représenté dans la grotte de
los Casares.
Âge des peintures
Une série de datations directes des œuvres d'Altamira exécutée au charbon de bois a été réalisée grâce à la méthode du carbone
14. Ces dates sont comprises entre 13 500 et 15 500 BP et correspondent au Magdalénien inférieur.
Visites de la grotte
Au cours des années 1960 et 1970, les nombreux visiteurs qui eurent accès à la grotte altérèrent son microclimat et mirent en
péril la conservation même des peintures. La fermeture de la grotte au public fit l’objet d’un débat et eu finalement lieu en 1977.
Elle ne rouvrit qu’en 1982, avec un nombre journalier de visiteurs strictement limité.
Le nombre important de personnes souhaitant voir la grotte et la longueur des délais d’attente (plus d’un an) rendit nécessaire la
réalisation d’une réplique. Depuis 2001, le Museo nacional y centro de investigación d’Altamira se dresse à proximité de la
grotte. Il abrite la reproduction la plus fidèle qui soit de l’original, tel qu’il était il y a 15 000 ans. Une autre reproduction des
peintures peut se visiter dans une grotte artificielle réalisée au sein du Museo Arqueológico Nacional d’España à Madrid.
En 1985, la grotte d’Altamira a été inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO.
Texte et photos extraits du site :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Altamira
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