discours sur l`etat de la nation prononce par son excellence

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discours sur l`etat de la nation prononce par son excellence
DISCOURS SUR L’ETAT DE LA NATION PRONONCE PAR SON EXCELLENCE
MONSIEUR THABO MBEKI, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE D’AFRIQUE DU SUD,
DEVANT LE PARLEMENT, LE 3 FEVRIER 2006
Tout d’abord, permettez-moi de saisir cette occasion pour saluer quelques personnalités assises dans la
galerie de cette chambre sacrée. Je veux parler de Graca Machel dont le premier mari, l’héroïque
Samora Machel, mourut dans un mystérieux accident d’avion à Mbuzini, au Mpumalanga, il y a vingt
ans cette année.
Je veux aussi parler des Révérends Mgojo et Xundu qui ont servi au sein de la Commission Vérité et
Réconciliation, à divers titres, ainsi que de ceux qui se sont adressés à la commission pour promouvoir
la noble cause de la paix, de la vérité et de la réconciliation dans notre pays.
Je veux également parler d’Ella Gandhi, la petite-fille de l’irremplaçable Mahatma Gandhi qui, il y a
cent ans, ici même en Afrique du Sud, a lancé Satyagraha, l’unique lutte non violente qui a conduit à la
libération de l’Inde et inspiré des millions de combattants pour la liberté partout dans le monde.
Je voudrais ici avoir une pensée pour tous ceux qui sont morts en martyrs, brutalement assassinés à
Matola, et pour le chef de notre peuple Joe Gqabi.
Parmi nous aujourd’hui sont aussi présents Inkosi Zondi et Oscar Zondi, des patriotes du Kwazoulou
Natal qui œuvrent pour que la nation honore, de la manière qui convient, la rébellion Bambata qui s’est
produite il y a un siècle.
Nous avons aussi l’honneur d’avoir la présence de Sophie de Bruyn et de celles qui, comme elle, ont
fait partie de ces femmes héroïques qui ont manifesté devant Union Buildings, à Pretoria, le 9 août
1956, plaçant ainsi les femmes de notre pays à la tête de notre lutte pour la libération nationale.
Les représentants de la jeunesse qui s’est révoltée il y a trente ans, lors du soulèvement de Soweto, sont
partout au sein de cette assemblée, y compris au sein du parti dirigeant. Ils n’ont par conséquent aucun
besoin d’avoir maintenant des représentants spéciaux dans la galerie de cette chambre.
J’ai l’honneur de saluer aussi la présence dans cette galerie d’un personne exceptionnelle et d’un grand
ami de notre peuple et de notre pays, je veux parler du grand acteur indien de « Bollywood », Anil
Kapoor.
Nous sommes tous très émus de voir qu’Anil Kapoor, un citoyen du cher pays de Mahatma Gandhi, ait
accepté d’être un de nos Ambassadeurs pour le monde entier chargés de mobiliser les peuples de la
terre pour qu’ils soutiennent nos efforts visant à faire de notre libération un succès.
Au nom de notre gouvernement et de tout notre peuple, je souhaite donc la plus chaleureuse bienvenue
à tous nos distingués hôtes et les remercie d’avoir bien voulu honorer notre nation aujourd’hui de leur
présence pour cette importante occasion nationale.
Lors de la toute première ouverture régulière annuelle de notre Parlement, le 24 mai 1994,
pratiquement un mois après les élections historiques du 27 avril, au cours desquelles, pour la première
fois, le peuple de notre pays a pu librement choisir ses gouvernants, l’Honorable Nelson Mandela a
lancé le défi historique suivant :
« C’est à la fois poussés par notre fardeau historique et indépendamment de ce dernier que nous
saisissons l’occasion qui nous est maintenant donnée de définir par nous-mêmes ce que nous voulons
faire de notre destinée commune. »
Il se peut que ce que la nation a fait et n’a pas fait au cours des années de démocratie qui se sont
écoulées depuis que Nelson Mandela a prononcé le premier discours sur l’état de la nation, ce 24 mai
1994, nous redonne aujourd’hui, presque douze ans après, l’opportunité de réitérer l’appel qu’il avait
lancé ce jour-là à tous les Sud-Africains, à savoir celui de « définir par nous-mêmes ce que nous
voulons faire de notre destinée commune ».
En ce jour de mai 1994, l’Honorable Nelson Mandela a évoqué le souvenir inoubliable de cet
extraordinaire Sud-Africaine qu’était Ingrid Jonker, qui s’est suicidée il y a un peu plus de quarante ans
dans ces mêmes eaux qui isolaient son ancien lieu de résidence forcé, la prison de Robben Island, de
notre continent, comme elles isolaient Ingrid Jonker de ses parents et amis. D’elle il a dit :
« Au plus profond du désespoir, elle célébrait l’espoir. Confrontée à la mort, elle rassurait sur la beauté
de la vie. Dans les heures sombres, quand il semblait ne plus y avoir d’espoir pour notre pays, quand
tous refusaient d’entendre son message, elle a mis fin à ses jours.
« C’est en vertu de la dette que nous avons contractée envers elle et tous ceux comme elle que nous
devons lutter pour la vie elle-même, pour les pauvres, les opprimés, les malheureux et les laissés-pourcompte.»
Nelson Mandela a dit qu’après le massacre qui suivit les manifestations contre les laissez-passer qui se
produisirent à Sharpeville, Langa et Nyanga, elle écrivit ceci :
« L’enfant n’est pas mort
L’enfant lève le poing contre sa mère
Et crie le mot Afrique !…
Cet enfant qui voulait seulement jouer au soleil de Nyanga
Est partout
L’enfant devenu un homme s’aventure partout en Afrique
L’enfant devenu un géant s’aventure partout dans le monde
Sans laissez-passer ! »
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Nelson Mandela a ajouté :
« Dans cette glorieuse vision, Ingrid Jonker nous montre la voie à suivre vers la libération de la femme,
l’émancipation de l’homme et la liberté de l’enfant. Ce sont-là les objectifs que nous devons atteindre
pour que notre présence dans cette chambre et nos fonctions au sein du gouvernement revêtent un sens.
« C’est pourquoi, à la fois poussés par notre fardeau historique et indépendamment de ce dernier, nous
devons saisir l’occasion qui nous est maintenant donnée de définir par nous-mêmes ce que nous
voulons faire de notre destinée commune. »
Face à ce défi historique, je crois que nul dans notre pays ne peut, comme Macbeth, regretter que,
depuis ce premier discours prononcé par l’Honorable Nelson Mandela, ce grand fils de notre nation,
tout ce que nous puissions honnêtement dire, avec Macbeth, sur la destinée de notre pays soit ceci :
« Demain, encore demain, et encore demain,
avance à petite allure de jour en jour
jusqu’à la dernière minute du temps,
et tous nos « hiers » ont éclairé le chemin des sots vers la poussière de la mort…. »
Je crois vraiment que pour beaucoup d’entre nous, l’éloignement de notre pays vis-à-vis de l’apartheid
semble s’être produit à une allure telle que même les moments les plus fondamentaux qui ont marqué
l’avènement de notre démocratie, il y a moins de vingt ans de cela, ne paraissent plus être dans notre
subconscient que de simples chapitres dans l’histoire d’un passé distant.
Rien de ce qui s’est produit dans cette période de démocratie ne saurait justifier une conclusion
semblable à celle à laquelle Macbeth était arrivé, à savoir que chaque « hier » n’a fait que rapprocher
les sots d’une catastrophe inévitable.
Au contraire, cette période de démocratie s’est donnée une légitimité morale en s’assurant qu’Ingrid
Jonker reste une héroïne aux yeux de tout notre peuple. L’enfant dont elle parlait n’est pas mort, en
dépit de la balle que l’apartheid lui avait logée dans la tête. Il est maintenant devenu un géant qui
s’aventure en Afrique et dans le monde entier sans laissez-passer !
Cette année, nous aurons l’occasion de nous rappeler et de célébrer deux des moments fondamentaux
auxquels je me suis référé plus haut. L’un est le 15ème anniversaire de la tenue de la première réunion
de la Convention pour une Afrique du Sud Démocratique (CODESA) le 20 décembre 1991 et
l’adoption de la capitale Déclaration d’Intention le jour suivant. L’autre est le 10ème anniversaire de
l’adoption de notre constitution le 8 mai 1996.
La Déclaration d’Intention de la CODESA disait entre autres choses ceci :
« Nous déclarons notre engagement solennel à instaurer une Afrique du Sud unie, une seule nation
partageant la même citoyenneté, la même loyauté et le même patriotisme, avec pour objectifs, dans la
diversité qui est la nôtre, la liberté, l’égalité, la sécurité pour tous, indépendamment de la race, de la
couleur de la peau, du sexe ou de la croyance, ainsi qu’un pays libre de tout apartheid, de toute forme
de discrimination ou domination. »
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L’importance de ce moment particulier de notre histoire à la fois pour notre pays et pour les peuples du
monde fut soulignée par la présence, à la CODESA, d’observateurs internationaux venant de
l’Organisation des Nations Unies, de l’Organisation de l’Unité Africaine, du Mouvement des Non
Alignés et du Commonwealth.
Dans une déclaration commune, ces représentants d’organisations internationales importantes ont dit :
« La CODESA doit être l’événement annonciateur de l’aube d’une nouvelle ère de paix et de justice.
Les larges objectifs qui sont exprimés dans la Déclaration d’Intention en sont un début des plus
prometteurs et constructifs. Ils sont la promesse qu’une véritable démocratie pourra être instaurée en
Afrique du Sud… Nous espérons que tous les représentants du peuple sud-africain participeront à la
reconstruction de leur pays.»
Des périodes de dix ou quinze ans représentent peu dans la vie d’une nation. En ce qui nous concerne,
nous avons vécu toutes ces années conscients des efforts énormes que nous devions tous accomplir
pour libérer notre pays des chaînes qui l’attachaient à son passé.
Nous savions qu’il nous faudrait beaucoup de temps avant de pouvoir dire que nous avions éradiqué
l’héritage du passé. Nous nous attendions à ce que les circonstances qui nous avaient été léguées nous
condamnent à progresser très lentement vers notre objectif qui est celui d’offrir à chacun une vie
meilleure.
Et pourtant, aujourd’hui, au moment même où je m’adresse aux honorables membres de nos
législatures nationale, provinciale et locale, à une partie importante de la direction politique nationale, à
d’autres échelons de cette direction et à nos hôtes internationaux, je m’enhardis et m’approprie pour
notre peuple la promesse contenue dans le Livre du Prophète Isaïe, quand Dieu lui dit :
« Car tu iras dans la joie
et tu seras conduit dans la paix ;
Montagnes et collines se mettront à chanter devant toi,
Et tous les arbres du champ applaudiront.
A la place de l’épine poussera le cyprès,
Et à la place de la bruyère poussera la myrte… »
Ce qui a été réalisé depuis le premier discours sur l’état de la nation prononcé par Nelson Mandela et ce
que nous pouvons réaliser étant donné les grandes ressources générées depuis a certainement redonné
espoir à tout notre peuple, un espoir qui fait que tout le continent peut entendre montagnes et collines
chanter devant lui.
Le 18 février 1992, quand il s’est adressé à l’Assemblée Générale des Nations Unies, deux mois après
que notre nation ait créé la CODESA, le Président de la Commission Spéciale des Nations Unies contre
l’Apartheid a déclaré :
« Au cours des prochains mois, la Commission Spéciale surveillera de très près la situation afin
d’identifier tous les facteurs risquant de faire dérailler le processus en Afrique du Sud et de lancer en
conséquence des avertissements précoces. Nous apporterons une attention toute particulière aux causes
sous-jacentes de la violence car le niveau et la nature de cette violence sont très préoccupants. Plus de 2
600 personnes ont ainsi perdu la vie en 1991, en raison d’une violence de nature politique.»
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En lisant ceci aujourd’hui, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui n’allait pas pour que tant de
personnes perdent la vie sans nécessité et il devient difficile de ne pas en conclure qu’hier, notre pays
était vraiment un autres pays !
Et pourtant la même année où nous avons adopté notre constitution, Amnesty International écrivait
ceci :
« 500 personnes au moins ont été tuées dans le cadre de violences politiques continues au KwazoulouNatal ; Certaines personnes semblent avoir fait l’objet d’exécutions sommaires. Les rapports sur la
torture et les mauvais traitements des détenus par la police n’ont pas cessé. Quatre personnes ont été
tuées par des membres de l’opposition d’extrême droite. Par le biais des procédures judiciaires et des
auditions de la Commission Vérité et Réconciliation, les preuves de l’implication officielle de l’ancien
gouvernement dans les violations des droits de l’homme ont continué à être mises au jour. »
Il y a quinze ans, la communauté internationale exprimait sa vive préoccupation devant les éléments
qui menaçaient de faire dérailler le processus destiné à mettre fin, dans notre pays, à un gouvernement
par une minorité blanche, y compris à la violence qui tuait tant. Elle a jugé nécessaire d’en appeler à
tout notre peuple afin que nous agissions de concert pour éradiquer l’apartheid et reconstruire notre
pays,
Les peuples du monde entier auraient pu réitérer leur préoccupation au regard de la violence politique
qui régnait encore dans notre pays cinq ans plus tard, au moment même où nous nous apprêtions à
franchir le pas de géant qui consistait à adopter notre constitution.
Nous sommes heureusement parvenus à nous libérer à temps de l’incertitude qui pesait sur notre avenir
et qui s’est tragiquement chiffrée par de grands nombres de tués de 1990 à 1996, au temps où nous
étions engagés dans les négociations visant à instaurer l’ordre démocratique en Afrique du Sud.
Cette année a débuté avec la bonne nouvelle que notre peuple était très optimiste sur son avenir et sur
l’avenir du pays, nous rangeant ainsi à la huitième place dans le monde pour ce qui est de l’indice
d’optimisme. L’institut de sondages Gallup International qui a publié ce rapport a dit que l’Afrique du
Sud comptait trois fois plus d’optimistes que de pessimistes et que les chiffres concernant les
optimistes avaient même doublé depuis 2002.
Ces chiffres doivent être comparés avec ceux de 1993, lorsque notre pays était encore en proie à la
crise qui avait tant préoccupé la communauté internationale. Cette année-là, notre pays comptait plus
de pessimistes que d’optimistes, ce qui signifie que régnait alors le désespoir causé en partie par
l’assassinat de sang-froid de l’un de nos plus grands dirigeants, Chris Hani.
Les résultats obtenus par l’institut de sondages Gallup International ont été confirmés par une enquête
récemment réalisée au niveau national par Markinor. Selon cette enquête, 65% des Sud-Africains
croient que le pays va dans la bonne direction. 84% pensent que notre pays offre un bon avenir à tous
les groupes raciaux et 71% pensent que le gouvernement obtient de bons résultats.
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En ce qui concerne notre économie, à la fin du mois dernier, l’enquête réalisée sur les propriétaires de
sociétés par Grant Thornton International a révélé que 84% des propriétaires de sociétés sont optimistes
sur l’année à venir, ce qui les place au troisième rang mondial en matière d’optimisme. Le mois dernier
encore, la First National Bank et le Bureau de la Recherche Economique ont rapporté que l’indice de
confiance à la consommation avait atteint son plus haut niveau en 25 ans.
Tous ces chiffres montrent que notre peuple est fortement convaincu que notre pays est entré dans l’Ere
de l’Espoir. Il est convaincu que nous avons créé les conditions favorables pour progresser plus
rapidement vers la réalisation de ses rêves. Il est certain que notre nation est une nation gagnante.
Grâce à notre Effort National, il peut voir à quel point notre situation correspond à celle dans laquelle
Dieu accorde ses bénédictions dans le Livre du Prophète Isaïe :
« Car tu iras dans la joie
et tu seras conduit dans la paix ;
Montagnes et collines se mettront à chanter devant toi,
Et tous les arbres du champ applaudiront.
A la place de l’épine poussera le cyprès,
Et à la place de la bruyère poussera la myrte… »
Cette perspective exaltante de l’avenir, un sentiment partagé par la majorité d’entre nous, vient tout
d’abord du fait que notre pays est parvenu à surmonter les obstacles qui se trouvaient sur son chemin
vers la liberté avant 1994. Elle vient ensuite des progrès réalisés depuis lors pour consolider notre
démocratie, tout en promouvant le non racisme et le non sexisme, et pour réduire la pauvreté qui touche
des millions d’entre nous. Elle vient aussi des grandes mesures que nous avons prises pour développer
et moderniser notre économie.
Nous devons ces remarquables résultats aux magnifiques efforts accomplis par les Sud-Africains de
tous horizons. A ce moment de mon discours, je voudrais saluer et remercier tout notre peuple car il a
répondu à l’appel lancé par Nelson Mandela en 1994 de cette même estrade, lorsqu’il a dit : «c’est à la
fois poussés par notre fardeau historique et indépendamment de ce dernier que nous devons saisir
l’occasion qui nous est maintenant donnée de définir par nous-mêmes ce que nous voulons faire de
notre destinée commune.»
Des millions de personnes ont vraiment saisi cette opportunité et, par leurs actes, ont défini notre
destinée commune comme étant celle d’une destinée de paix, de démocratie, de non racisme, de non
sexisme, de prospérité partagée et d’une vie meilleure pour tous. C’est en raison de ce que ces millions
de personnes ont fait que notre peuple sait par expérience qu’aujourd’hui est mieux qu’hier, tout
comme il est confiant que demain sera mieux qu’aujourd’hui.
Tandis que nous devons célébrer les hauts niveaux d’optimisme ressentis par notre peuple qui est
convaincu que notre pays est entré dans l’Ere de l’Espoir, nous devons aussi porter une attention toute
particulière à ce qu’impliquent ces hauts niveaux d’optimisme par rapport à ce que nous devons faire
ensemble pour atteindre l’objectif d’une vie meilleure pour tous. Nous devons répondre aux espoirs du
peuple en faisant tout notre possible pour satisfaire leurs attentes.
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Parmi ceux qui doivent répondre aux fortes attentes de notre peuple, j’inclus non seulement le
gouvernement, mais aussi le secteur privé, les syndicats, le reste de la société civile et tous ceux qui ont
la fibre patriotique.
Au cours de la période qui nous attend, nous devons continuer à fournir dans de nombreux domaines
cet effort national qui nous a permis de réaliser les progrès qui suscitent la si grande confiance de notre
peuple en un avenir meilleur. Au nom du gouvernement, je souhaite donc profiter de cette occasion qui
m’est donnée par le biais de cet événement important dans notre vie nationale pour réitérer l’appel
lancé par Nelson Mandela il y a douze ans : «C’est à la fois poussés par notre fardeau historique et
indépendamment de ce dernier que nous devons saisir l’occasion qui nous est maintenant donnée de
définir par nous-mêmes ce que nous voulons faire de notre destinée commune.»
J’ose dire que nous savons tous très bien ce que le peuple attend, ce qui confirme qu’ils n’ont pas tort
de conclure que notre pays est entré dans l’Ere de l’Espoir.
L’enquête faite par Markinor à laquelle nous nous sommes référés un peu plus haut met en avant
quelques-unes des préoccupations de notre peuple. Tandis que, comme nous l’avons mentionné, 71%
des personnes interrogées pensent que le gouvernement a dans l’ensemble de bons résultats, seulement
56% d’entre elles pensent que le gouvernement répond bien aux défis économiques qui sont les nôtres,
ces chiffres chutant même à 54% pour ce qui est du groupe de fonctions de la justice.
Il convient également de noter que les taux d’approbation de l’action gouvernementale en matière de
mesures économiques varient en fonction du niveau de revenus. Il est significatif de constater que 72%
approuvent les efforts du gouvernement dans les divers domaines de l’action sociale. Par contraste,
seulement 45% sont satisfaits de l’action du gouvernement local.
Les honorables membres de cette assemblée seront heureux d’apprendre qu’une enquête réalisée par le
Système d’Information et de Communication du gouvernement révèle que 90% de la population
éprouve de la fierté pour son pays, son drapeau et son hymne national, tandis que 60% considère que le
27 avril, la Journée de la Liberté, est notre fête nationale la plus importante.
Les résultats de ces enquêtes transmettent un message clair, à savoir que notre peuple attend que nous
mettions en œuvre les mesures suivantes :
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Entreprendre plus rapidement des actions visant à relever les défis que constituent la
pauvreté, le sous-développement et la marginalisation qu’affrontent ceux qui sont enfermés
dans l’économie informelle, de manière à assurer que les pauvres de notre pays puissent
partager notre prospérité croissante.
Prendre les mesures nécessaires au niveau de l’économie formelle pour accélérer les progrès
conduisant à de plus hauts niveaux de croissance économique et de développement, avec un
minimum de 6% par an.
Soutenir et améliorer l’efficacité de nos programmes sociaux de développement afin de
mieux venir en aide à ceux qui sont le plus exposés à la menace d’une pauvreté abjecte.
Agir plus agressivement vis-à-vis de notre système de justice pénale pour améliorer la
sécurité de notre peuple, et plus particulièrement en améliorant le fonctionnement de nos
tribunaux et en augmentant les taux de croyance selon laquelle le crime ne paie pas.
Assurer que les mécanismes gouvernementaux, tout spécialement au niveau local, assument
leurs responsabilités avec efficacité, selon les préceptes de Batho Pele (le peuple d’abord).
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•
Canaliser l’esprit fier des Sud-Africains dispersé parmi notre peuple afin de construire le
partenariat le plus solide possible entre toutes les couches de la population pour rendre plus
rapides nos progrès vers la réalisation de l’objectif important qui est celui de donner une vie
meilleure à tous.
Notre gouvernement s’est engagé à relever, avec tout le sérieux et la détermination nécessaires, tous
ces défis et à jouer le rôle qui est le sien pour donner un nouveau contenu à cet Ere de l’Espoir. J’ai
l’honneur de saisir l’opportunité qui m’est donnée ici aujourd’hui pour annoncer quelques-uns des
éléments du programme mis au point par notre gouvernement pour honorer cet engagement.
Les honorables membres de cette assemblée et le pays dans son ensemble savent bien que, sous la
direction de la Vice-Présidente, Madame Phumzile Mlambo-Ngcuka, les trois niveaux
gouvernementaux travaillent ensemble depuis plusieurs mois afin d’élaborer des interventions
spécifiques qui assureront que l’Initiative de Croissance Partagée et Accélérée de l’Afrique du Sud
(ASGISA) atteigne ses objectifs, parmi lesquels figure la réduction du taux de chômage.
A cet égard, je voudrais remercier les membres du secteur privé, les syndicats, les femmes, les jeunes et
la société civile qui ont participé à ce processus, apportant une précieuse contribution à cette initiative
importante qui doit être contrôlée et mise en œuvre par notre peuple tout entier.
Permettez-moi également de souligner qu’ASGISA n’a pas pour objectif de couvrir tous les éléments
d’un programme de développement global. Il consiste plutôt à proposer un train limité de mesures
destinées à servir de catalyseurs à un développement et une croissance partagés et accélérés.
Toutefois, nous continuerons à demander l’engagement de la nation et de tous les partenaires sociaux
pour traiter les autres domaines d’un plan de développement global visant à améliorer les programmes
actuels, ainsi que d’autres questions, comme celle de la politique industrielle globale, toujours en
gardant présent dans notre esprit l’objectif qui vise à réduire de moitié la pauvreté et le sousdéveloppement avant 2014.
Notre gouvernement a la conviction que les conditions sont réunies pour que nous parvenions à cette
croissance accélérée et partagée que nous nous sommes donnés pour objectif. C’est ainsi que, le 3
janvier 2005, le journal Business Day a dit :
« En Afrique du Sud, cette période pourrait être l’aube d’un âge d’or de la croissance… Nous avons
depuis cinq ans une croissance soutenue – une courbe vers le haut qui dure plus longtemps que celle
que nous avons connue dans les années 60 et qui dure certainement plus que toute autre période de
l’après-guerre… Nous récoltons les bénéfices résultant des années de politique monétaire et fiscale
saine et de réformes structurelles de notre économie.
« Nous sommes dans une situation bien meilleure que celle que nous avons connue depuis des
décennies et cette situation nous place en position d’élever le taux de croissance de manière continue.
Le problème vient du fait que nous ne contrôlons pas tout car beaucoup dépend des caprices des
marchés mondiaux et de l’économie mondiale…
« Toutefois, ne vous méprenez pas, notre économie et notre marché commencent à devenir très
différents de ce à quoi nous étions habitués. Mais cette différence est une bonne différence, et non pas
une mauvaise. »
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Nous sommes pleinement d’accord avec ces observations et nous voudrions préciser que cette « bonne
différence » inclut des créations significatives d’emploi, tendance que nous cherchons à renforcer
encore plus par le biais d’ASGISA et de nos autres programmes de développement.
Pour faire fonctionner l’ASGISA, les entreprises publiques et le secteur privé, travaillant dans certains
cas par le biais de partenariats publics/privés, investiront beaucoup dans divers secteurs pour :
•
satisfaire la demande en électricité
•
créer une infrastructure logistique efficace et compétitive
•
étendre et moderniser les structures de télécommunications
•
satisfaire la demande en eau.
Le secteur public accélèrera aussi les investissements en infrastructures dans les zones urbaines et
rurales sous-développées de notre pays par le biais de la Bourse Municipale pour les Infrastructures,
l’Elargissement du Programme des Travaux Publics et autres fonds pour les infrastructures en vue
d’améliorer la création de services dans les zones d’économie informelle.
On peut citer les domaines suivants :
•
les routes et voies ferrées
•
l’eau
•
l’énergie
•
l’habitat, les écoles et les dispensaires
•
des locaux pour des commerces et des centres de soutien aux affaires
•
des équipements sportifs
•
des centres polyvalents de services gouvernementaux, y compris des commissariats et des
tribunaux.
372 milliards de rands seront ainsi débloqués pour ces deux programmes au cours des trois prochaines
années.
Comme les honorables membres de cette assemblée s’y attendent certainement, nous continuerons à
porter une attention toute particulière à l’Elargissement du Programme des Travaux Publics que nous
considérons comme une sorte de pont entre les deux économies et comme faisant significativement
partie de notre programme de réduction de la pauvreté. De plus, les ressources pour les programmes
des travaux publics seront regroupées de manière à créer le plus fort impact à la fois en termes de
produits livrés et d’opportunités en matière d’emploi et de développement de compétences.
Nous introduirons une meilleure supervision des projets d’infrastructure mis en œuvre par le
gouvernement pour que les budgets d’investissement soient employés sans refinancement, que les
méthodes à forte main-d’œuvre reçoivent la priorité et qu’une formation pour les ouvriers soit mise en
place afin que ces derniers deviennent mieux qualifiés.
ASGISA a également identifié des secteurs particuliers de notre économie qui doivent faire l’objet de
croissance accélérée, en s’appuyant sur le travail déjà accompli au sein du Programme de Réforme
Microéconomique déjà existant. On y trouve les secteurs suivants :
•
la sous-traitance des affaires
•
le tourisme
•
les produits chimiques
•
les carburants bios
•
les métaux et la métallurgie
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•
•
•
•
le bois, la pulpe et le papier
l’agriculture
les industries créatives
l’habillement et le textile.
A cet égard, le travail avance rapidement pour pouvoir mieux relever des défis tels que le coût des
télécommunications et la fixation d’un prix de parité à l’importation pour l’acier et les produits
chimiques. Nous sommes déjà parvenus à un accord avec la République Populaire de Chine pour
protéger l’industrie sud-africaine du textile et de l’habillement. Le deuxième opérateur national de
télécommunications devrait être opérationnel dans le courant de l’année.
Pour qu’ASGISA réussisse, il faut que l’Etat et plus particulièrement le gouvernement local
fonctionnent efficacement. Au cours de l’année passée, notre gouvernement a entrepris une évaluation
détaillée afin d’identifier ce que nous devions faire pour améliorer les capacités de notre système de
gouvernement local.
Comme nous l’avons annoncé l’année dernière, nous sommes en train d’évaluer la capacité du
gouvernement à assumer ses responsabilités pour aider à accélérer le processus de transformation
sociale. Partant du particulier au général, l’audit d’un certain nombre de services nationaux est
maintenant terminé.
Ces services sont chargés de domaines tels que le logement, la santé, l’éducation, le commerce et
l’industrie. Communes à toutes ces questions sont celles relatives aux qualifications, aux vacances de
poste, aux délégations de responsabilités aux directeurs d’agences de services et aux relations entre les
services nationaux et provinciaux qui sont apparues comme des domaines essentiels méritant toute
notre attention. L’évaluation des autres services va aussi être faite.
Le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour pouvoir apporter des réponses aux questions
soulevées par ces évaluations, étant donné le rôle essentiel qu’il doit jouer en tant qu’un des acteurs
principaux du développement du pays. Nous ne pouvons permettre que des services gouvernementaux
soient des obstacles à l’objectif d’une vie meilleure pour tous que nous nous sommes fixés, à cause de
l’insuffisante attention portée à la question capitale des services qui doivent être rendus rapidement et
efficacement.
Dans ce contexte, nous continuerons à œuvrer pour la création d’un seul service public dans tous les
domaines relevant du gouvernement qui est pleinement conscient de la complexité que revêt cette
affaire et du besoin qui existe d’avoir l’accord de toutes les parties prenantes. Nous continuerons aussi
à porter toute l’attention nécessaire aux questions importantes de la participation des femmes et des
handicapés aux différents niveaux de prise de décision du service public.
Tout ce que nous avons dit jusqu’ici concernant ASGISA met en avant une conclusion à laquelle on ne
peut échapper qui est que, pour atteindre nos objectifs, nous devrons porter une attention toute
particulière à la question de la rareté des ressources qui affectera négativement la capacité des secteurs
public et privé pour atteindre les objectifs fixés par ASGISA.
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A cet égard, je voudrais donc assurer les honorables membres de cette assemblée et le pays tout entier
que, ensemble avec nos partenaires sociaux, nous nous sommes mis d’accord sur un programme
d’acquisition et de développement de compétences énergique et étendu pour surmonter les difficultés
que nous pourrions rencontrer.
Nous nous sommes déjà mis d’accord pour créer d’ici quelques semaines un groupe comprenant de
nombreux acteurs : l’Initiative Conjointe en Matière d’Acquisition de Compétences Prioritaires, le
JIPSA, à travers lequel le gouvernement, le milieu des affaires, les travailleurs et la société civile
oeuvreront ensemble pour relever le défi des compétences de la manière la plus pratique possible.
Je voudrais exprimer les vifs remerciements de notre Vice-Présidente et du gouvernement dans son
ensemble au Front de la Liberté, aux autres formations et aux individus qui ont répondu à notre appel
pour que les Sud-Africains dotés des compétences requises se rendent disponibles et mettent leur
savoir-faire au service de la gestion de projets et autres domaines.
Le premier groupe de 90 personnes déjà identifiées et évaluées occuperont leurs nouveaux postes en
mai.
Nous interviendrons également bien sûr dans le domaine de l’éducation et de la formation. Notre action
portera sur la suppression des frais à acquitter par les plus pauvres dans les écoles primaires. Elle
ciblera aussi 529 écoles afin de doubler le nombre de diplômés en maths et sciences, pour pouvoir
atteindre 50 000 en 2008. Elle portera aussi sur le rééquipement et le financement des collèges de
formation et d’enseignement post-scolaire.
L’année dernière, nous avons fini de comptabiliser le nombre de diplômés au chômage, notre base de
données en comptant plus de 60 000. Nous souhaitons remercier les nombreuses sociétés qui, en
décembre dernier, se sont engagées à employer certains de ces diplômés. Une campagne intensive
visant à mettre en liaison ces diplômés avec ces société ou bien d’autres commencera cette année.
Au cours de l’année, lorsque nous célèbrerons le 90ème anniversaire de la création de l’Université de
Fort Hare, nous continuerons à engager la direction de nos institutions supérieures à travailler à nos
côtés pour répondre aux attentes de la nation en matière d’enseignement et de recherche. Le
gouvernement quant à lui est déterminé à augmenter les ressources allouées à la recherche, au
développement et à l’innovation et aussi à accroître le pool des jeunes chercheurs.
ASGISA a identifié d’autres obstacles à la croissance et au développement, outre les questions de
compétences, du coût pour faire des affaires et aussi du coût élevé injustifié des intermédiaires. Les
efforts pour éliminer ces obstacles, y compris les questions financières et monétaires et celle d’un
marché national limité, se poursuivent.
ASGISA a une fois de plus confirmé la nécessité qui est la nôtre d’accroître le secteur des petites et
moyennes entreprises, en portant une attention toute particulière à l’élargissement de la
responsabilisation économique des Noirs et au développement des femmes et des jeunes.
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Par conséquent, nous prendrons les mesures qui s’imposent pour assurer l’efficacité de programmes
tels que le Fonds Apex (pour les micro-crédits), MAFISA (pour le développement agricole), SEDA
(l’agence de développement des petites entreprises), Khula, le Fonds Msobomvu pour la Jeunesse,
l’Initiative d’IDC pour les petites entreprises, etc… Nous renforcerons également notre engagement de
signataire de la Charte des Services Financiers pour aider à générer les ressources nécessaires au
développement du secteur des petites et moyennes entreprises.
Notre expérience par rapport au développement de ce secteur montre que nous devons porter une
attention toute particulière aux questions de l’accès au capital, de la formation des chefs d’entreprise,
de l’assistance à la commercialisation et du développement des coopératives. En outre, pour contribuer
à la croissance du secteur des petites et moyennes entreprises, le gouvernement réformera son
programme relatif aux marchés publics pour que les petites et moyennes entreprises puissent avoir
accès à certains biens et services et pour que le gouvernement règle rapidement les achats qu’il fait.
Nous accélèrerons aussi les consultations pour savoir quelles mesures nous devons prendre afin
d’améliorer les réglementations qui entravent l’expansion de ce secteur. Notre intervention fera partie
d’un programme global destiné à mettre en place un système d’évaluation de l’impact des règlements
pour permettre au gouvernement de vérifier régulièrement l’impact de ses politiques sur l’activité
économique de notre pays.
Les années de liberté ont eu un effet positif sur les affaires. Je pense que cela devrait avoir suffi à
convaincre les investisseurs que, dans leurs propres intérêts et pour soutenir l’Effort National, ils
doivent investir dans l’expansion de cette liberté, en contribuant activement et consciemment à la
poursuite de l’objectif qui est de réduire la pauvreté et le chômage de moitié avant 2014.
ASGISA, qui s’appuie sur les résultats du Sommet sur le Développement et la Croissance, offre aux
investisseurs une excellente opportunité de relever ce défi, de manière logique et volontaire, dans leurs
propres intérêts.
De la même façon, et aussi pour soutenir l’Effort National, les syndicats et la société civile dans son
entier se retrouvent face au défi de traduire en acte l’engagement qu’ils ont pris avec les autres
partenaires sociaux lors de ce même Sommet « d’une vision commune permettant de promouvoir des
niveaux plus élevés de croissance, d’investissement, de création d’emplois et de développement à
visage humain ».
ASGISA offre aux partenaires sociaux l’opportunité en or d’entreprendre en collaboration l’action dont
ils avaient la vision lors du Sommet sur le Développement et la Croissance et qui est centrée sur la
« promotion et la mobilisation des investissements et la création d’emplois décents pour tous ».
Les taux de croissance impressionnants auxquels notre économie est actuellement parvenue sont, en
grande partie, le résultat d’une forte demande des consommateurs, financée pour beaucoup par du
crédit. Il en a résulté une hausse de nos importations plutôt qu’une hausse de nos exportations. Malgré
des prix de matières premières élevées, le déficit de la balance des paiements qui en a résulté a été
financé par les flux de capitaux étrangers.
Par le biais d’ASGISA, nous augmenterons l’importance des moteurs de notre croissance fondés sur
l’offre, le corollaire étant, bien sûr, que nous devrons assurer, au niveau international, la compétitivité
des biens et services que nous produisons.
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C’est là une référence directe à l’objectif commun sur lequel les partenaires sociaux sont tombés
d’accord, à savoir «promouvoir des niveaux plus élevés de croissance, d’investissement, de création
d’emplois et de développement à visage humain ».
Comme mentionné plus haut, pour réaliser nos objectifs de développement, qui doivent répondre aux
fortes attentes de notre peuple, nous porterons une attention toute particulière à la tâche essentielle qui
est celle du renforcement du gouvernement local.
Notre gouvernement voit cette tâche comme tout spécialement importante, au stade où nous en sommes
de notre évolution. Après les élections des membres du gouvernement local qui auront lieu le 1er mars,
les trois niveaux de gouvernement continueront donc à travailler ensemble pour assurer que chaque
district et municipalité soient à même d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis du peuple.
Cela veut tout particulièrement dire que chacune de ces municipalités a un plan de développement
intégré réaliste, un programme de développement économique local crédible, les ressources humaines
et matérielles suffisantes et la gestion et les systèmes opérationnels nécessaires pour mettre en place un
tel programme et un tel plan.
Lors du prochain mandat du gouvernement local, notre programme se centrera surtout sur l’intégration
de la planification et la mise en œuvre aux différents niveaux gouvernementaux. Nous nous appuierons
pour cela sur la loi-cadre régissant les relations intergouvernementales.
Nous devons, dans la pratique, respecter le système de gouvernance en coopération et, dans ce
contexte, assurer que nous donnions au gouvernement local les moyens d’assumer son développement
et ses obligations de service, en tirant les leçons de la campagne « Projet Consolidation ».
Comme beaucoup d’entre nous le savent déjà, la campagne « Projet Consolidation » a identifié de
grave déficiences de moyens dans un grand nombre de municipalités dues aux manques de directeurs
vraiment qualifiés et de personnel professionnel et technique. Nous avons pris les décisions nécessaires
pour régler ce problème urgent.
Afin d’améliorer les capacités, et tout particulièrement celles du gouvernement local, permettant de
répondre aux besoins de la population avant le mois de mars cette année, nous aurons déployé 3000
Travailleurs pour le Développement de la Communauté.
Alors même que nous mettons en place des programmes pour une croissance partagée et accélérée, en
mettant l’accent sur l’élément important qui est la création d’emplois, nous ne pouvons oublier que les
allocations sociales jouent un rôle vital dans nos efforts soutenus pour lutter contre la pauvreté.
Permettez-moi de donner quelques exemples : 7 millions d’enfants reçoivent maintenant des bourses de
soutien à l’enfance. Dix millions de Sud-Africains bénéficient d’une aide sociale. Les dépenses sociales
réelles par personne ont augmenté de 60% entre 1983 et 2003. Les preuves détaillées que l’on trouve
dans l’enquête conduite par Harron Bhorat, Prakash Naidoo et Carlene Van der Westhuizen montrent
que les ménages les plus démunis ont fait l’objet de dépenses croissantes.
Pour améliorer les choses plus encore dans ce domaine, nous continuerons d’appliquer notre stratégie
globale anti-fraude. Un grand nombre de ceux qui recevaient indûment ces aides sociales ont déjà dû
rendre des comptes. Ces résultats s’amélioreront encore lorsque l’Agence Nationale de la Sécurité
Sociale aura été mise en place.
13
En matière de santé, plus de 1300 dispensaires ont bénéficié d’un programme de modernisation et plus
encore ont reçu du matériel supplémentaire. Le programme pour revitaliser les hôpitaux avance bien.
L’élargissement du Service Communautaire aux professionnels de santé a permis que plus de 2000
professionnels dans cette branche puissent à tout moment être mis à disposition des institutions de santé
publique. Dans nos programmes futurs en la matière figurent l’extension des infrastructures de santé, la
rénovation des dispensaires et hôpitaux déjà existants et la réouverture des écoles de soins infirmiers
afin de pouvoir augmenter le nombre de professionnels dans ce domaine.
En vue d’améliorer les services rendus par les hôpitaux, nous nous assurerons avant le mois de
septembre que les directeurs d’hôpitaux aient bien l’autorité nécessaire et soient tenus responsables
pour le fonctionnement de leurs établissements, les questions politiques concernant la formation,
l’évaluation et la responsabilité étant gérées par les directions pour la santé au niveau provincial qui
auront elles-mêmes besoin d’être convenablement restructurées pour pouvoir jouer leur rôle.
Le Programme Opérationnel de Traitement et de Prévention du VIH/Sida s’est traduit par la rénovation
de centaines de centres de soins. Aujourd’hui, plus de 100 000 patients reçoivent un traitement
antirétroviral, et, en comptant les patients du secteur privé, l’Afrique du Sud a mis en place l’un des
plus vastes programmes de traitement de cette sorte dans le monde.
Au cours de cette année, outre le programme d’accélération d’expansion de la construction de
logements pour répondre aux besoins des sans-abris, nous prendrons des mesures concrètes pour que la
construction de logements contribue à éliminer les différences de lieux de vie existant entre les
personnes du fait de l’apartheid.
L’association du Ministère du Logement et du gouvernement local est déjà parvenue à un accord sur la
vente de terrains à des fins de construction de logements. Grâce à cet accord, les municipalités
alloueront des terrains proches de centres commerciaux à la construction de logements pour les
personnes à revenus moyens et modestes.
En outre, dans le cadre de notre effort pour aider les pauvres à avoir accès au financement pour un
logement, la Société Nationale de Financement pour le Logement deviendra la Société du Logement
qui apportera un financement aux couches de la population à revenus moyens ou modestes.
Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que le Ministre du Logement et la direction des institutions
financières parviennent à un accord final sans délai sur les modalités d’utilisation des 42 milliards de
rands mis de côté par les institutions financières pour la construction de logements pour les couches de
la population à revenus moyens ou modestes, contribuant ainsi à Effort National.
Il est capital pour nous de pouvoir créer une société sans groupements d’abris précaires, dans laquelle
chacun de nous aura un logement décent. Permettez-moi ici de souligner que le gouvernement a décidé
que nous devions mettre complètement fin, dans ces abris précaires, avant 2007, aux toilettes encore
indignes.
La réforme agraire et la restitution des terres sont vitales pour la transformation de notre société. En
conséquence, l’Etat jouera un rôle encore plus central dans le programme de réforme agraire pour que
les restitutions soient accélérées, contribuant encore plus ainsi à la responsabilisation économique des
pauvres, et tout particulièrement dans les zones rurales.
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Le Ministre de l’agriculture et des Affaires Foncières prendra en 2006 les mesures suivantes :
•
il révisera la politique du vendeur consentant et de l’acheteur consentant
•
il révisera les modèles d’acquisition de la terre et permettra des interventions sur les prix
•
il régira les conditions à partir desquelles les étrangers peuvent acheter des terres.
Tout cela se fera en harmonie avec les normes et pratiques internationales.
De plus, le Ministre et le Ministère s’assureront que le programme de redistribution des terres soit en
accord avec les Stratégies Provinciales de Croissance et de Développement et avec les Programmes de
Développement Intégrés des municipalités. Ils veilleront aussi à une bonne utilisation des fonds mis à
disposition pour une utilisation productive de la terre.
Lorsque nous parlons de la question de la terre, nous ne devons pas oublier que nous commémorerons
cette année le centenaire du soulèvement Bambata qui a eu lieu dans ce qui est aujourd’hui le
Kwazoulou-Natal. Ce soulèvement avait été causé par l’imposition d’une taxe visant à faire partir les
gens de leurs terres, les forçant ainsi à grossir les rangs du prolétariat.
Cette année qui est aussi le 30ème anniversaire du soulèvement de Soweto, nous nous assurerons que
l’accent est bien mis sur le développement des jeunes à tous les niveaux du gouvernement. Au cours de
la prochaine année financière, nous créerons, entre autres choses, cent nouveaux centres de conseil
pour les jeunes, nous embaucherons au moins 10 000 jeunes au titre du Programme National du Service
des Jeunes et 5 000 volontaires qui serviront de tuteurs à des enfants vulnérables.
Nous élargirons aussi la portée de notre système de soutien aux affaires pour les jeunes et intensifierons
le Programme de Coopératives pour Jeunes. Nous suivrons de très près l’impact des programmes que
nous consacrons aux jeunes en matière de développement des compétences et de responsabilisation aux
affaires et qui font partie de notre Effort National.
ASGISA nous a également beaucoup aidés en nous informant des préoccupations des femmes sur leurs
perspectives économiques. Les femmes ont, entre autres choses, souligné la nécessité pour nous de
réfléchir aux questions de leur accès au financement et de développement de coopératives, en formant
rapidement des femmes artisans et en réservant des places aux femmes dans les programmes d’achats
du gouvernement et des entreprises publiques.
Je pense que le fait même que nous célébrions cette année le 50ème anniversaire de la Marche des
Femmes met l’accent sur le besoin qui est le nôtre de faire en sorte que ces questions reçoivent toute
l’attention qu’elles méritent dans la mise en œuvre de nos programmes de développement.
Le gouvernement continuera d’œuvrer à l’amélioration de notre système de justice pénale. Nous nous
concentrerons, entre autres choses, sur les opérations intégrées d’application de la loi dans les domaines
prioritaires, en réduisant le nombre d’armes à feu illégales et en assurant un meilleur traitement des
demandes d’autorisation d’armes à feu, en luttant contre le trafic de drogue ou autres substances, ainsi
qu’en mettant en œuvre des mesures sociales de prévention de la criminalité.
Nous veillerons à améliorer la gestion de la charge de travail de nos tribunaux en construisant quatre
centres correctionnels supplémentaires. Nous réduirons le nombre d’enfants en prison et mettrons en
application les recommandations de la commission Jali.
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Parmi d’autres questions importantes figurent la gestion post-Commission Vérité et Réconciliation des
cas relevant du passé, le traitement de la législation sur les affaires relevant de la rationalisation des
tribunaux, la prise en compte des recommandations de la Commission Khampepe sur la Direction des
Opérations Spéciales et le renforcement de nos structures de renseignement afin d’aider les agences
chargées de l’application de la loi et d’assurer la sécurité de l’Etat et de ses citoyens.
Nul besoin de souligner que le gouvernement continuera sa lutte contre la corruption à la fois dans le
secteur public et aussi dans la société dans son ensemble. Nous intensifierons notre effort dans ce
domaine, pleinement conscients du fait que bien des choses se produisant dans notre société ne font que
renforcer un système de valeurs fondé sur l’enrichissement personnel à tous moyens et à tous prix.
Dans cinq mois, l’Allemagne accueillera la Coupe du Monde de Football et, lorsque cette dernière sera
terminée, elle nous passera le relais. A partir de ce moment-là et jusqu’en 2010, le monde entier
gardera les yeux fixés sur nous pour voir si nous saurons nous montrer à la hauteur de ce prestigieux
tournoi en tant qu’hôte.
J’ai bien peur que notre prestation lors de la Coupe d’Afrique des Nations en Egypte n’ait pas
véritablement donné de nous le portrait d’une nation gagnante. Toutefois, à partir d’aujourd’hui, notre
nation doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour répondre aux attentes de la FIFA et du monde du
football, de manière à ce que nous accueillions la meilleure Coupe du Monde jamais organisée.
Tout en oeuvrant pour redonner au football dans notre pays sa pleine santé et préparer une équipe
nationale gagnante, nous devons tout faire pour que tout soit prêt à temps pour le plus grand succès de
la Coupe du Monde.
Je veux parler des stades, du matériel de retransmission, y compris la télévision haute définition, des
infrastructures nécessaires de transport et d’hôtels, de la sécurité, du soutien populaire au football et à
la Coupe du Monde et du dévouement total des organisateurs nationaux.
La Coupe du Monde de Football de 2010 contribuera grandement à notre effort pour accélérer nos
progrès pour une vie meilleure pour tous. De la même façon, en tant que Coupe du Monde de Football
qui se déroule en Afrique, elle donnera un élan supplémentaire à notre lutte pour la renaissance de
l’Afrique.
En échange de ces bienfaits irremplaçables, nous devons à la FIFA et au monde du football de bien
nous préparer pour 2010. Je suis convaincu que le monde du football sud-africain saura répondre à ce
défi avec tout le sérieux, engagement et patriotisme nécessaires.
En 2006, nous continuerons à nous mobiliser pour relever les défis africains, en nous concentrant sur la
paix et la démocratie en République Démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et au Soudan, sur le
renforcement de l’Union Africaine et l’accélération du processus de mise en œuvre des programmes du
Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD). Dans ce contexte, nous devons
réaliser avec succès le processus d’auto-évaluation au moment où nous préparons notre rapport national
pour le Mécanisme Africain de Révision par les Pairs.
Puisque nous assurons actuellement la présidence du G77 + la Chine, nous ferons tout ce qui est en
notre pouvoir pour promouvoir les intérêts des pays du Sud, y compris dans le contexte des
négociations actuelles de l’OMC, et pour faire avancer la réforme urgente des Nations Unies, y compris
celle du Conseil de Sécurité.
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Nous continuons notre active mobilisation pour aider à trouver des solutions aux diverses questions
touchant Israël et la Palestine et aussi l’Iran. A cet égard, nous nous engageons à rechercher des
accords négociés, en accord avec les opinions que nous avons depuis longtemps en faveur de la
formation d’un Etat palestinien, de la sécurité pour Israël, de la non prolifération des armes nucléaires
et de l’utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques.
Nous commémorerons cette année deux anniversaires qui serviront à mettre en valeur les liens qui nous
rattachent au reste du monde, je veux parler du Centenaire de Satyagraha, la lutte non violente que
Mahatma Gandhi a commencée dans notre pays en 1906 pour la continuer ensuite en Inde et du 20ème
anniversaire de la mort violente du Président Samora Machel dans notre pays en 1986, lors d’un
accident d’avion qui n’a toujours pas fait l’objet d’explications satisfaisantes.
La semaine prochaine, nous accueillerons la réunion du groupe sur la Gouvernance Progressiste qui
fera venir dans notre pays d’importants dirigeants des quatre coins du globe. Leur présence dans notre
pays enverra le message que nous ne pouvons pas et ne voulons pas fuir notre responsabilité
internationale qui est de participer à l’effort mondial pour créer un monde meilleur fait de paix et de
démocratie, un ordre mondial juste et pour engendrer la prospérité pour toutes les nations.
Il est clair que notre peuple dans son entier a la conviction que notre pays est entré dans l’Ere de
l’Espoir. Ils pensent que le pays qu’ils aiment, leur patrie, ne décevra pas leur attente d’un progrès
accéléré vers le jour où ils seront enfin libérés des tentacules étouffants du colonialisme et de
l’apartheid.
Ils ont la conviction que ce que notre pays a fait pour se libérer de son passé d’apartheid a créé les
bonnes conditions pour qu’ils puissent s’approprier la bénédiction que Dieu a donnée au Prophète
Isaïe :
« Car tu iras dans la joie
et tu seras conduit dans la paix ;
Montagnes et collines se mettront à chanter devant toi,
Et tous les arbres du champ applaudiront. »
Il est de notre devoir maintenant, par notre Effort National, de construire une nation gagnante, de faire
tout ce qui est en notre pouvoir pour que les montagnes et les collines de notre pays se mettent à
chanter devant notre peuple et que tous les arbres de ce champ applaudissent la saison de la joie dans
laquelle notre peuple sera entré.
Je vous remercie.
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