La transcription - Atelier des Sciences du Langage

Transcription

La transcription - Atelier des Sciences du Langage
Christelle Dodane – Phonétique 2010-2011
La transcription
I) Distinction entre phonétique et phonologie
1. Origine de cette distinction
Troubetzkoï1 est le père de la distinction entre la phonétique qu’il envisage comme la
« science de la face matérielle des sons du langage humain, la science des sons de la parole »
et la phonologie qu’il envisage comme la « science des sons de la langue ». Pour lui, « les
sons du phonéticien et les unités du phonologue ne se recouvrent pas. Le phonologue ne doit
envisager en fait de son que ce qui remplit une fonction déterminée dans la langue ».
2. L’analyse phonologique
L’analyse phonologique d’une langue a donc pour objectif de décrire le système par lequel
une langue donnée structure les sons afin de différencier deux énoncés. Décrire signifie ici,
donner la liste des unités distinctives, ou phonèmes. En phonologie, la méthode de
délimitation des phonèmes consiste à pratiquer le test de commutation ou test des paires
minimales. On compare deux séquences de sons ne différant que par un seul segment
phonique. Si le passage de l’un à l’autre provoque un changement de sens, alors on a une
paire minimale et les deux segments phoniques sont donc bien des unités linguistiques
distinctives, c’est-à-dire des phonèmes. Par exemple, dans le mot « beau », si on commute
en position initiale le phone [b] par le phone [p], on obtient un autre mot « peau », qui a un
sens différent : on obtient une paire minimale. /p/ et /b/ sont donc bien des unités distinctives
dans le système linguistique du français (ils sont en opposition).
Quelles sont les conséquences de la distinction
entre phonétique et phonologie pour la
transcription ?
3. Transcription phonétique et phonologique
Dans l’exemple précédant, vous avez sans doute remarqué l’utilisation des crochets, puis des
barres obliques. Quelles sont les raisons de cette alternance ? Au début, nous décrivons ce
que nous entendons : deux phones, [p] et [b]. Nous ne connaissons pas encore leur statut
dans la langue que nous étudions : nous faisons donc une description phonétique. Dès que
nous avons trouvé une paire minimale opposant ces deux sons, nous prouvons qu’ils
constituent deux unités distinctives en français. Nous utilisons donc les barres obliques qui
indiquent que /b/ et /p/ sont bien deux phonèmes du français. Nous venons d’en faire la
description phonologique.
Lorsque l’on fait une transcription phonologique (en anglais, on parle de « broad
transcription ») on travaille sur le système linguistique du français contemporain, c’est-àdire qu’on suit les règles de prononciation standard2, telles que les règles du // caduc, les
1
N.S. TROUBETSKOY (1949), Principes de Phonologie, Klincksieck (trad. franç. Cantineau).
Le terme de français standard n’a ici aucune connotation de valeur ; il correspond aux règles de
fonctionnement du français contemporain.
2
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règles concernant le timbre des voyelles et les règles concernant les semi-consonnes (qui vous
sont données plus loin). On transcrit entre barres obliques / /.
Lorsque l’on fait une transcription phonétique (en anglais, on parle de « narrow
transcription »), on transcrit ce que l’on entend. On ne tient donc plus du tout compte des
règles du français standard. On transcrit entre crochets [ ]. C’est une transcription fidèle de
la réalité, théoriquement débarrassée de toute intervention de la part du transcripteur. Elle est
pourtant la plus difficile à réaliser car nous réinterprètons la réalité en fonction de nos
habitudes linguistiques, fixées par l’usage. Ne perdons jamais de vue que la perception est une
reconstruction. En cas de litige, il sera donc nécessaire de faire une vérification instrumentale.
Une fois la distinction faite entre les deux types de
transcription, voici les principales règles qui vous
aideront à transcrire phonologiquement.
II) Quelques règles de transcription phonologique
1. Règles exprimant les tendances à la coupe syllabique
On peut indiquer les coupes syllabiques ou jonctures internes (mais cela reste facultatif : cela
charge trop la transcription) en insérant un tiret (on trouve également le signe +).
1. Lorsqu'une consonne se trouve en position intervocalique, elle se rattache à la
voyelle qui suit comme dans « répéter » [e-pe-te] et « les amis » [le-za -mi].
2. Lorsque deux consonnes prononcées, dont la seconde n'est pas une sonante, se
trouvent en position intervocalique :
a) si elles sont situées à l'intérieur du mot, les consonnes appartiennent à
des syllabes différentes comme dans « rester » [es-te] et « respecter »
[es-pk-te].
b) si elles sont situées à la fin du mot (le mot suivant commençant par une
voyelle), elles appartiennent à des syllabes différentes (dans ce cas,
phénomène d'enchaînement) comme dans « un parc immense »
[œ-pa-ki-ms] et « une fresque admirable » [yn-fs-ka-dmi-abl].
c) si elle sont situées au début du mot, elles appartiennent à la même
syllabe comme dans « un studio » [œ-sty-djo], « c'est un scandale »
[s-tœ-sk-dal] « la spirale » [la-spi-al].
3. Lorsque deux consonnes dont la seconde est une sonante /lmnRwj/ sont en
position intervocalique, elles forment un groupe indivisible qui se rattache à la
voyelle suivante : « la patrie » [la-pa-ti], « une panoplie » [yn-pa-n-pli], « le
colombier » [l-k-l-bje], « abnégation » [a-bne-a-sj] « le patois »
[l-pa-twa], « la désuétude » [la-de-ze-tyd].
4. Lorsque deux sonantes en position intervocalique, il existe deux cas particuliers :
a) si la seconde sonante est /mnlR/ les deux sons appartiennent à des syllabes
différentes comme dans « normal » [n-mal], « parler », [pa-le],
« somnifère » [sm-ni-f] et « un sol rouge » [œ-sl-u].
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b) si la seconde est une semi-consonne /jw
jw/,
jw les deux sons se rattachent à
la voyelle qui suit : « le premier » [l-p-mje], « l'alouette » [la-lwt],
« la sinusoité » [la-si-no-zi-te], « la paroi » [a-pa-wa], « la mémoire »
[la-me-mwa], « saluer » [sa-le].
5. Lorsque nous avons en position intervocalique trois ou plus de trois consonnes,
il se trouve qu'une des règles mentionnées ci-dessus décide de la répartition
« électrique » [e-lk-tik], « abstraction » [abs-tak-sj]. Dans les deux cas, le
groupe consonantique [t] se rattache à la deuxième syllabe conformément à la règle n°3.
2. Groupe rythmique, groupe de souffle, accents et pauses
2.1. Le groupe rythmique est un groupe de syllabes formant une unité sonore, coïncidant
souvent avec le syntagme grammatical. Les mots perdent leur individualité dans le groupe
rythmique car l’accent de mot disparaît pour se reporter à la fin du groupe. Le rythme du
français standard est caractérisé par l’accentuation de la dernière syllabe prononcée. On
parle de rythme, car le rythme est créé par le retour de l’accent. En A.P.I., on transcrit
l’accent par une petite barre oblique placée devant la syllabe accentuée : //. Les deux énoncés
/laptitvwaty/ et /laptitvwat/ (énoncé produit si je suis interrompu) sont deux groupes
rythmiques. En français, il n’y a plus d’accent de mot, mais il subsiste une trace que l’on
appelle accent secondaire (noté / /), comme dans /l li pti!anwa/. En transcription, on
ne note généralement que les accents principaux, mais cela a des conséquences pour
l’allongement.
2.2. L’accent d’insistance est noté par le signe // devant la syllabe qu’il affecte :
/sfatastik/
2.3. Le groupe de souffle est un groupe de syllabes terminé par une pause audible. Il est
marqué par différents types de pauses :
- les pauses respiratoires, transcrites par une double barre (elles correspondent aux
points, aux double-points et aux points virgules) ;
- les pauses grammaticales, de durée plus courtes, transcrite par une barre simple |
(elles correspondent aux virgules).
Les pauses délimitent les groupes rythmiques. En français, avant une pause, on trouvera
donc toujours une syllabe accentuée. Dans l'exemple suivant, il y a un groupe de souffle et
trois groupes rythmiques :
« La pie niche haut, l’oie niche bas. Où niche le hibou ? » /lapinio|lwanibunilibu/
3. Les liaisons
La liaison n'apparaît qu'à l'intérieur du groupe rythmique.
3.1. Elle est interdite lorsqu'elle marque une rupture :
− devant des unités à isoler, comme dans « il dit/oui », « les/onze »...
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− devant un h aspiré, comme dans « les/halles », « les/hérissons ».
− après la conjonction « et », comme dans « il va/il vient ».
− dans une locution figée, mais décomposable, comme dans « à tort/et à travers »,
« du riz/au lait », « du riz/au chocolat », « bon/à rien ».
3.2. Elle est obligatoire :
− lorsque le groupe nominal est composé de déterminants (articles définis ou
indéfinis ou adjectifs) + nom ou pronom, comme dans « les [z]amis », « un
[n]ami », « les [z]autres [z]amis », « che[z] eux », « grand[t] enfant », « dernier
[r]étage » où la cohérence du groupe est forte.
− dans le groupe verbal avec tous les satellites du verbe, les pronoms sujets et
les compléments adverbiaux, comme dans « Champs[z]-Elysées », « avant[t]hier », « pot[t]-au-feu ».
− elle tend à être obligatoire avec les formes monosyllabiques en position
inaccentuée, comme « en[n] effet », « rien[n] à dire ».
3.3. Elle est facultative
− entre deux formes verbales, comme dans « j'y suis[z] allé », « je vais[z]
écouter ».
− dans des formes de deux syllabes qui reçoivent un accent secondaire, comme
« devant[t] une porte », « depuis[z] un mois ».
4. Règles distributionnelles de l'allongement des voyelles
Pour marquer l’allongement, on utilise le signe //, comme dans /ilm/. Un seul point note
un demi-allongement, en syllabe portant l’accent secondaire, comme dans /ilno zpa/.
4.1. Dans une syllabe accentuée (dernière syllabe du groupe rythmique) ou portant l’accent
secondaire.
4.1.1. En finale absolue (syllabe terminée par une voyelle, c’est-à-dire ouverte), une
voyelle orale et nasale, placée en finale absolue est toujours brève. Il n’y a pas
d’exceptions (sauf dans les parlers régionaux). Exemples : « Est-ce que tu peux me
rapporter le pot à /o/ ? » ; « Tu viens au restaurant avec nous à /midi/ ».
4.1.2. En position antéconsonantique ou entravée (syllabe terminée par une
consonne, c'est-à-dire fermée) :
- une voyelle orale placée en position antéconsonantique est longue si elle
est suivie d’une consonne allongeante /vz
vz/
v/.
vz et /v
v Dans tous les autres
cas, la voyelle est brève. Exemples : /iletkpltmiv/ /ilelvdep/ et
/sbjtolœdlapoz/.
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- les voyelles nasales et les voyelles //, /ø/ et /o/, placées en position
antéconsonantique sont toujours longues. Exemples : /stynvst/ mais
/stœvs/, /tayptl/ mais /tptaltl /.
4.2. Dans une syllabe inaccentuée, la durée n’est jamais allongée.
5. Règles distributionnelles du // caduc
5.1. En finale d’un groupe rythmique3, il ne se prononce pas. On dit : Je pens(e) ; Il y en a
quatr(e) sauf dans les mots : je, me, te, se, ce, le, parce que comme dans « Prends-le ».
5.2. A l’initiale d’un groupe rythmique, il est instable. Les groupes se prononcent de deux
façons : Je pars ou j’pars ; Regarde ou r’gard. On prononce le plus souvent le premier /ə/ et
on ne prononce pas le second, comme dans « Je le sais ! » /lse/. La langue cherche
cependant à éviter les groupes peu fréquents (ainsi on dira difficilement « qu(e)nelle »). On
n'est donc pas obligé de le transcrire sauf :
-
s’il est précédé de deux consonnes prononcées : Prenez-ça !
dans un pronom interrogatif : Que pensez-vous de ça ?
dans un mot comme « dehors », il permet de le distinguer de « dors ». Il permet
d’éviter la confusion phonologique.
5.3. A l’intérieur d’un groupe rythmique
-
s’il est précédé d’une seule consonne prononcée, il tombe : la p(e)tit(e), trois
s(e)main(e)s, six f(e)nêtr(e)s.
s’il est précédé de plus d’une consonne prononcée, il est maintenu : un(e)
petit(e) ; trent(e) semain(e)s ; sept fenêtr(e)s ; des arbr(e)s indistincts.
En poésie, le // ne se prononce pas devant une voyelle, ni en finale, mais se prononce
toujours devant une consonne /npalepa|npsej/.
On peut retenir qu’en général, le /
/ caduc est maintenu s’il est précédé de deux consonnes et
tombe s’il est précédé d’une seule consonne.
6. Le timbre de la voyelle
Les voyelles nasales et les voyelles fermées /i/ /y/ /u/ n'ont qu'un seul timbre (fermé) dans
toutes les positions. En revanche, les voyelles à double timbre /e/ et //, /œ/ et /ø/, // et /o/
suivent la loi de la distribution complémentaire en syllabe accentuée (voyelle ouverte en
syllabe fermée) et cette loi est sans exception.
3
Le groupe rythmique est un groupe de syllabes formant une unité sonore, coïncidant souvent avec le
syntagme grammatical. Les mots perdent leur individualité dans le groupe rythmique car l’accent de mot
disparaît pour se reporter à la fin du groupe. Le rythme du français standard est caractérisé par
l’accentuation de la dernière syllabe prononcée. On parle de rythme, car le rythme est créé par le retour de
l’accent.
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6.1. En syllabe accentuée
Dans une syllabe accentuée entravée (fermée), c’est-à-dire terminée par une consonne, le
timbre de la voyelle est ouvert, comme dans /pl/ /bl/ /sœl/. Dans le détail :
•
•
•
•
Les phonèmes /a/ et // sont transcrits par /a/ et // comme dans « patte » et « pâte »,
« là » et « las » et c'est la graphie qui détermine cette répartion.
Les phonèmes /o/ et // se réalisent en syllabe fermée accentuable dans « sotte » et
« saute », « hotte » et « haute » et leur répartition obéit à des contraintes graphiques,
quelle que soit la consonne qui suit, comme dans « faute » et « rôle ». L'archiphonème
/O/ en syllabe fermée accentuable est réalisé /o/ devant /z/ et // devant // // et /n/.
L'archiphonème /E/ se réalise comme la voyelle ouverte // en syllabe fermée (dans
toutes les positions).
Les phonèmes /œ/ et /ø/ se réalisent en syllabe fermée accentuable devant /l/ /n/ et //
comme dans « veulent » et « veule », « jeune » et « jeûne ».
Dans une syllabe accentuée libre (ouverte), le timbre de la voyelle est fermé, comme dans
/tablo/, /fø/ et /po/. C’est la loi de distribution complémentaire, appelée par les
phonéticiens depuis PASSY et DELATTRE, la loi de position. Dans le détail :
•
•
En syllabe ouverte accentuable, le phonème // apparaît en fonction de la graphie
(« les » et « lait », « poignée » et « poignet »). La voyelle ouverte correspond aux
graphique « ais, aid, ait, aient, aix, aie, è, ê, et, ey, ai » comme dans « dais, laid, était,
paix, peupleraie, exprès, forêt, poignet, balai ». Partout ailleurs, c'est le /e/ qui
apparaît.
En syllabe ouverte accentuable, le phonème est réalisé /o/ comme dans « chaud »,
« matelot ».
6.2. En syllabe inaccentuée, le timbre de la voyelle ne change pas. Dans les cas suivants :
•
•
•
Pour les voyelles /e/ et // en syllabe ouverte non accentuable, c'est la graphie qui est
déterminante « e + rr, ei, ey, ai, ay » se prononcent //. Hormis ces cas, c'est la voyelle
fermée /e/ qui est utilisée de façon massive.
Pour les voyelles /œ/ et /ø/, c'est la voyelle /œ/ qui apparaît en syllabe fermée
inaccentuée. En syllabe ouverte d'un dérivé, il garde son timbre primitif, « cueillir »
qui correspond à « cueille » garde un /œ/ ouvert ; « neutraliser » qui correspond à
« neutre » conserve un /ø/ fermé.
En syllabe inaccentuée, le phonème est réalisé // sauf lorsqu'il est suivi du son /z/ ou
représente le /o/ d'un dérivé comme « groseille », « beauté » venant de « beau ».
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Syllabes accentuables
Syllabes inaccentuables initiales et
intérieures
Fermées
ouvertes
// [] pour graphiesâ, ase, asse (et quelques monosyllabes en -as).
/A/
[a] sauf graphie â et formesdérivées de la
forme simple comportant un // qui se
prononce []
/a/ [a] ailleurs
Réalisations la plus fréquente : [a] (8,1 %)
/E/
// pour ait, aient, aix, aie, è, ê, et,
ey, ai, aid, ais, []
[] en syllabe fermée
[] en syllabe ouverte si graphies e+rr, ei, ey, ai, ay
[e] ailleurs
/e/ ailleurs [e]
Réalisations la plus fréquente : [e] (6,5 %)
/'/
/ø/ [ø] et /œ/ [œ] devant /l n g/
/'/ → /ø/ devant /z t d k Z/
→ [œ] devant /r j f v p/
[ø] en syllabe ouverte
[œ] en syllabe fermée (sauf cas d'un
dérivé qui garde son timbre [2] initial).
/'/ [ø]
Réalisations la plus fréquente : [2] (O,6 %)
/O/
/O/→ [o] devant /z/
→ [] devant /r g N/
[o] suivi de z ou en cas de dérivé qui garde ailleurs /o/ [o] pour graphies au, ô
son timbre
// [] dans les autres cas
[] ailleurs
/O/ [o]
Réalisations la plus fréquente : [o] (2,21 %)
6.3. L’harmonisation vocalique
Lorsque les voyelles //, /
/ et /œ
œ/ se trouvent en position inaccentuée, pré-tonique et en
syllabe ouverte (en position faible), elles se ferment sous l’influence des voyelles fermées
/i/, /y/ ou /e/ placées en position accentuée. Par exemple, dans « la brebis bêle », transcrit
/labbibl/, le // se trouve dans la syllabe accentuée ; il n’y a donc pas de changement de
timbre. Par contre, dans “ la brebis a bêlé ”, il y a harmonisation vocalique, car c’est le /e/ qui
se trouve en position accentuée. Le /e/ étant une voyelle fermée, il va fermer le //. On
transcrira donc : /labbiabele/.
// : /e/
/
/ : /o/
/œ
œ/ : /2/
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7. L’assimilation consonantique
Elle résulte de la loi du moindre effort, qui est une tendance à l’économie articulatoire.
- lorsque les deux consonnes se trouvent dans la même syllabe, dans les groupes
consonne + R ou L, la sourde qui est toujours plus forte /ptkfsʃ/, dévoise alors la
sonore /bdgvs/. Par exemple, /kl(e/ /t(/ où /l/ et // sont dévoisés.
- lorsque les deux consonnes sont en contact dans deux syllabes séparées, ce n’est
plus la nature, mais la position du phonème qui compte. C’est la seconde (à l’initiale
de la syllabe, donc en position explosive, forte) qui assimile la première (en finale de
syllabe, donc en position implosive, faible). Par exemple, dans /izbrg/ le /s/ sourd
devient sonore, donc /z/. Dans /angdt/, le /k/ devient sonore, donc //.
La consonne assimilée ne l’est pas toujours totalement. Dans ce cas, on utilise les diacritiques
suivants : pour indiquer l’assourdissement (ou dévoisement) d’un phonème, on souscrit / ( /.
Pour indiquer la sonorisation (ou voisement) d’un phonème, on souscrit / /.
8. Les semi-consonnes
8.1. Description articulatoire et acoustique
D’un point de vue articulatoire, les semi-consonnes rappellent les voyelles /i/ /y/ et /u/, mais il
s’ajoute une faible source de bruit due au rapprochement de la langue vers le palais.
Puisqu’elles n’apparaissent jamais seules, contrairement aux voyelles, on choisira de les
appeler semi-consonnes. Acoustiquement, elles sont caractérisées par leur brièveté et par des
transitions rapides.
8.2. Statut phonologique des semi-consonnes
Il existe deux théories concernant la valeur phonologique des semi-consonnes en français.
Pour la première théorie, les semi-consonnes n’ont pas de valeur phonologique car on peut les
remplacer par la voyelle à laquelle elles correspondent. Elles n’en sont que des variantes
distributionnelles. Il existe trois semi-consonnes :
•
•
•
Le yod /jj/ : il remplace le /i/ devant une voyelle ; /j/ correspond à /i/ : « hier » /j/,
« scier » /sje/, « paille » /paj/, « Lyon » /lj/, « crayon » /kj/…
Le ué /
/ : il remplace le /y/ dans les mêmes distributions // ; correspond à /y/ :
« lui » /li/, « suer » /se/, « nuage » /na/, « essuyer » /esije/, « nuit »,
/ni/…
Le oué /w
w/ : il remplace le /u/ dans les mêmes conditions ; /w/ correspond à /u/ :
« Louis » /lwi/, « souhait » /sw/, « bouée » /bwe/, « nouer » /nwe/…
Le principal argument des partisans de la première théorie est qu’il n’existe que deux paires
minimales opposant des semi-consonnes : « abeille » /abj/ et « abbaye » /abei/ et
« paye », /pj/ et « pays » /pei/ où /j/ s’oppose à /i/. Cela ne suffit donc pas à leur accorder
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un véritable statut phonologique. Pour les partisans de l’autre théorie, deux paires minimales
sont suffisantes pour leur accorder une valeur phonologique. Comme c’est la théorie la plus
largement admise, elles sont pratiquement toujours transcrites. Pour bien les placer, il suffit de
tenir compte de la coupe syllabique (que nous transcrivons par un tiret).
8.3. Transcription des semi-consonnes
Lorsque deux voyelles sont précédées de deux consonnes, on fait une coupe syllabique
entre les deux voyelles : dans des mots comme « trouer » /tu-e/, « cruel » /ky-l/ et
« truand » /ty-/, la coupe syllabique tombe entre les deux voyelles ; on ne met donc pas
de semi-consonne.
Par contre, dans un mot comme « instruit » /s-ti/, /ti/ forme une seule syllabe. On
transcrit donc la semi-consonne, suivie de la voyelle. C’est le cas également pour des mots
comme « bruit » /bi/, « pluie » /pli/, « trois » /twa/.
En conclusion…
Quelques sites internet dédiés à la phonétique et à l'Alphabet Phonétique International :
-
Site de l’Université de Lausanne : excellente présentation de tous les symboles
de
l’A.P.I.,
avec
coupes
sagittales
et
sons
correspondants.
http://www.unil.ch/ling/page12580.html
-
Site du laboratoire de phonétique de l'UCLA http://www.phonetics.ucla.edu/
-
Site de l’I.P.A. (International Phonetic Association) : à partir de ce site, vous
pourrez télécharger le tableau de l’A.P.I., ainsi que des polices phonétiques pour
traitement de texte. http://www2.arts.gla.ac.uk/IPA/ipa.html
-
Site de l’Université de Laval au Québec : très bon site réalisé par Pierre Martin
http://www.lli.ulaval.ca/labo2256/contenu.htm
-
Pour
une
version
de
l’alphabet
phonétique
en
braille
:
http://clauchau.free.fr/L/phonalph.html
Bibliographie sommaire
Capelle, Guy (1966). Manuel programmé d’introduction à la phonétique et à la phonologie du français. Tome I /
Transcription phonétique (à l’usage des profs de FLE) ; 2ème partie : articulation ; 3ème partie : phonologie et
application fautes de prononciation avec correction.
Germain-Rutherford, Aline (). Petit Manuel d’Introduction à la Transcription Phonétique. Canadian Scholar
Press.
Léon, Pierre (1966), Prononciation du Français Standard, Aide-Mémoire d’Orthoépie, Didier.
Léon, Pierre (1998), Phonétisme et Prononciation du Français, Nathan Université, nouvelle éd.
Pullum, Geoffrey K. et Ladusaw, William, A. (1986). Phonetic Symbol Guide. Chicago : The University of
Chicago Press.

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