Global Entrepreneurship Monitor: Le rapport

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Global Entrepreneurship Monitor: Le rapport
Global Entrepreneurship Monitor:
Le rapport canadien 2003
par
Nathaly Riverin, Louis-Jacques Fillion,
Daniel Musyka et Ilan Verstinsky
Cahier de recherche no 2004-12
Décembre 2004
ISSN : 0840-853X
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Copyright © 2004 – HEC Montréal.
Tous droits réservés pour tous pays. Toute traduction ou toute reproduction sous quelque forme que ce soit est interdite.
Les textes publiés dans la série des cahiers de recherche de la Chaire d’entrepreneurship Maclean Hunter n’engagent que la responsabilité de leurs
auteurs.
Global Entrepreneurship Monitor: Le rapport canadien 2003
Résumé :
Pour la sixième année consécutive, nous présentons les résultats canadiens du GEM (Global
Entrepreneurship Monitor), un projet de recherche international en entrepreneuriat regroupant
plus 150 chercheurs dans le monde. Nous dressons un portrait des activités entrepreneuriales au
Canada par comparaison aux 35 pays participants en 2003 et distinguons ces mêmes activités en
fonction de différents variables socio-économiques tels le genre et l'âge et aussi selon les régions
canadiennes. Nous présentons l'analyse des résultats obtenus à partir d'entrevues et de sondage
auprés de 18 experts en entrepreneuriat évoluant dans l'un des neuf conditions cadres en
entrepreneuriat.
Abstract:
For the sixth consecutive year, we present the Canadian results from GEM (Global
Entrepreneurship Monitor), an international research project in the field of entrepreneurship that
links over 150 researchers around the world. We describe how entrepreneurial activities in
Canada compare to activities in the 35 countries that participated in 2003, and examine them on
the basis of various socioeconomic variables, such as the gender and age of the entrepreneurs,
and also by Canadian region. We analyse the results obtained from interviews and surveys of 18
entrepreneurship experts working on one of the nine entrepreneurial framework conditions.
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Global Entrepreneurship Monitor: Le rapport canadien 2003
Auteurs :
Nathaly Riverin, Louis-Jacques Fillion, Daniel Musyka et Ilan Verstinsky
Ce rapport canadien du GEM 2003 a été rendu possible grâce à la collaboration de Développement
économique Canada (DEC-Québec), de la Chaire d’entrepreneuriat Rogers-J.-A.-Bombardier et de la
collaboration de l’équipe de professeurs (Danial Musyka et Ilna Vertingsky) et d’étudiants au doctorat
(Aviva Li, d’Aviad Peer, de Joey Comeau et d’Oana Branzei) de la Sauder School of Business (UBC) de
Vancouver. Par ailleurs, l’équipe de recherche assume l'entière responsabilité des résultats et des
conclusions de ce rapport, ceux-ci n'étant pas nécessairement partagés par nos collaborateurs financiers.
Je tiens également à témoigner toute ma reconnaissance aux 2 000 personnes qui ont accepté de répondre
à l’enquête menée par Market Facts Canada. De plus, je remercie l’équipe de coordination du GEM de
Londres qui fait un travail exceptionnel en colligeant les données recueillies dans les 35 pays participants
en 2003 et en assurant la gestion de ce projet.
Enfin, je remercie Paul Reynolds pour son dévouement au projet GEM et à l’avancement du champ de
l’entrepreneuriat.
Nathaly Riverin, directrice du GEM CANADA/QUÉBEC
Chaire d’entrepreneuriat Rogers-J.-A.-Bombardier
HEC Montréal
3000, chemin de la Côte-Sainte-Catherine
Montréal (Québec)
H3T 2A7
Téléphone :
(514)344-9148 (domicile)
(514)340-6380 (chaire)
nriverin@videotron. ca
nathaly.riverin @hec.ca
Site internet du GEM
www.gemconsortium.org
W. Maurice Young Entrepreneurship and Venture Capital Research Center
Ce texte à été traduit de l’anglais par traduction Soho World.
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Sommaire
Global Entrepreneurship Monitor
™ Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) est un projet d’envergure internationale qui
évalue les activités entrepreneuriales à l’échelon mondial.
™ Le GEM a vu le jour il y a cinq ans et réunit 150 chercheurs répartis dans 31 pays.
™ Les membres de l’équipe de GEM Canada travaillent dans deux des écoles de commerce les
plus renommées du Canada : HEC Montréal et la Sauder School of Business de l’Université
de la Colombie-Britannique.
Activité entrepreneuriale
™ Avec 8 % de sa population adulte prenant part à des activités entrepreneuriales en 2003, le
Canada demeure l’une des nations les plus dynamiques du G7. Malheureusement, comme
l’indique le graphique 1 ci-dessous, les activités entrepreneuriales y sont à la baisse depuis
trois ans.
Graphique 1: Activités entrepreneuriales au Canada, 2000-2003
14
2000
2001
2002
2003
12.2
12
11.0
% des18-64 ans
10
8.8
8.0
7.6
8
7.4
7.0
6.7
6.6
5.9
6
5.6
5.1
3.9
4
3.6
3.8
3.0
2
1.1
1.0
0
TAE
Occasion
Nécessité
Entreprises en création
Jeunes entreprises
™ Au Canada, c’est davantage la perception d’une occasion favorable que la nécessité qui est
l’élément moteur de l’activité entrepreneuriale (contrairement à ce que l’on retrouve dans
nombre de pays en développement).
™ Environ 10,9 % des hommes d’âge adulte ont pris part à des activités entrepreneuriales,
contre seulement 5,1 % des femmes adultes.
™ La disparité entre les sexes dans la participation aux activités entrepreneuriales est plus
marquée chez les 25-34 ans et les 55-64 ans, avec près de trois fois plus d’hommes que de
femmes.
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™ Au Canada, les provinces des Prairies et la Colombie-Britannique se placent au premier rang
de l’entrepreneuriat, puisque respectivement 9,9 % et 9,6 % de leur population adulte
prennent part à des activités entrepreneuriales.
™ L’Ontario, le Québec et le Canada Atlantique se situent sous la moyenne nationale avec
respectivement 7,4 %, 7,3 % et 6,5 % de leur population adulte participant à des activités
entrepreneuriales.
™ L’immigration joue un rôle important dans l’entrepreneuriat au Canada, grâce aux gens
d’affaires immigrants qui contribuent au démarrage de nouvelles entreprises.
Capital de risque et investissement providentiel
™ ,Partout dans le monde, le capital de risque investi a diminué considérablement en
pourcentage du PIB en 2003, tout particulièrement au Canada et aux États-Unis, qui ont
connu les baisses les plus importantes.
™ En 2003, le montant moyen versé par entreprise qui reçoit un investissement en capital de
risque était de deux millions de dollars, alors qu’il se montait à trois millions de dollars
l’année précédente.
™ Le nombre d’entreprises qui ont obtenu un investissement en capital de risque a également
diminué, passant de 948 en 2002 à 724 en 2003.
™ En 2003, pour l’ensemble des pays du GEM, 2,7 % de la population adulte a investi dans une
société tierce. Ce taux a été légèrement plus élevé au Canada, atteignant 3,1 %.
Point de vue des experts
™ Les experts considèrent les politiques gouvernementales et la réglementation comme les
principales faiblesses du cadre entrepreneurial au Canada.
™ Les programmes gouvernementaux de soutien à la jeune et petite entreprise ont été identifiés
comme étant des secteurs à améliorer.
™ Environ 15 % des experts interrogés considèrent l’accès à des ressources financières au
Canada comme un obstacle. Par contre 8 % d’entre eux estiment qu’il est favorable aux
entrepreneurs. Les capitaux disponibles au Canada étaient supérieurs à ceux de la moyenne
du GEM, mais inférieurs à ceux des États-Unis.
™ Vingt pour cent des experts sont d’avis que l’éducation et la formation visant à développer
l’entrepreneuriat au Canada doivent être améliorées.
™ Vingt-six pour cent des experts estiment que le milieu culturel et social du Canada n’est pas
favorable à l’entrepreneuriat. Par contre, le degré d’acceptation sociale de l’entrepreneuriat
progresse.
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Recommandations et conclusion
™ Il faut améliorer l’accès aux programmes gouvernementaux de soutien à l’entrepreneuriat.
™ Il faut accroître la portée et la qualité des programmes gouvernementaux de soutien aux
entreprises en création.
™ Il faut renforcer l’éducation en entrepreneuriat afin de rendre les activités entrepreneuriales
mieux acceptées et plus souhaitables socialement.
™ Il faut élargir les programmes de formation en gestion destinés aux entrepreneurs émergents
et aux dirigeants d’entreprises nouvellement lancées.
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Table des matières
Recommandations et conclusion............................................................................................ v
Table des matières................................................................................................................. vi
Liste des graphiques ............................................................................................................. vii
Liste des tableaux ................................................................................................................. vii
L’importance de l’entrepreneuriat.......................................................................................... 1
Le Global Entrepreneurship Monitor ..................................................................................... 1
Le modèle conceptuel du GEM.............................................................................................. 3
Recherche et méthodologie .................................................................................................... 5
Résultats de la recherche canadienne en 2003 ....................................................................... 6
Taux d’activité entrepreneuriale......................................................................................... 6
Entreprises en création et jeunes entreprises...................................................................... 9
Qui s’engage dans une activité entrepreneuriale? ............................................................ 17
Différences régionales...................................................................................................... 19
Immigration et entrepreneuriat......................................................................................... 20
Entrepreneuriat à haut rendement .................................................................................... 23
Diversification du TAE au Canada................................................................................... 25
Capital de risque classique et investissement providentiel ............................................. 26
Point de vue des experts ....................................................................................................... 30
Soutien financier .............................................................................................................. 30
Politiques gouvernementales............................................................................................ 32
Éducation et formation ..................................................................................................... 33
Normes culturelles et sociales .......................................................................................... 34
Programmes gouvernementaux ........................................................................................ 34
Transfert de recherche et développement (R&D) ............................................................ 35
Infrastructure commerciale et professionnelle ................................................................. 36
Ouverture du marché intérieur ......................................................................................... 36
Accès à l’infrastructure physique..................................................................................... 37
Conclusions et répercussions ............................................................................................... 38
Bibliographie........................................................................................................................ 39
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vi
Liste des graphiques
Graphique 1: Activités entrepreneuriales au Canada, 2000-2003 .............................................. iii
Graphique 2: Le modèle conceptuel du GEM............................................................................. 3
Graphique 3: Indice TAE par pays, 2000-2003, GEM 2003....................................................... 6
Graphique 4: Indice TAE par pays, GEM 2003 .......................................................................... 7
Graphique 5 : Les entreprises en création par pays, 2000-2003, GEM 2003 ........................... 10
Graphique 6 : Les entreprises en création par pays, GEM 2003............................................... 10
Graphique 7 : Les jeunes entreprises par pays, 2000-2003, GEM 2003................................... 11
Graphique 8: Les jeunes entreprises par pays, 2000-2003, GEM 2003 .................................... 12
Graphique 9 : TAE «par occasion» par pays, 2001-2003, GEM 2003...................................... 14
Graphique 10: TAE «par occasion» par pays, GEM 2003 ........................................................ 14
Graphique 11: TAE «par nécessité» par pays, 2001-2003 ........................................................ 15
Graphique 12 : TAE «par nécessité» par pays, GEM 2003....................................................... 16
Graphique 13: TAE par âge et sexe au Canada, GEM 2003 ..................................................... 17
Graphique 14 : TAE (par type de motivation) par âge et par sexe au Canada en 2003, GEM
2003........................................................................................................................................... 18
Graphique 15: Immigration par catégorie au Canada, 1999-2003, GEM 2003 ........................ 21
Graphique 16: Capital de risque classique intérieur investi en pourcentage du PIB par pays,
2002–2003................................................................................................................................. 26
Graphique 17: Montant en milliers de dollars du capital de risque classique national investi
par entreprise, par pays 2002–2003........................................................................................... 27
Graphique 18 : Nombre d’entreprises recevant du capital de risque classique national par
pays, 2002-2003 ........................................................................................................................ 28
Graphique 19 : Taux d’investissement providentiel par pays, 2000-2003 ................................ 29
Graphique 20 : Cadre entrepreneurial par pays en 2003, GEM 2003 ....................................... 31
Graphique 21: Cadre entrepreneurial au Canada, 1999-2003, GEM 2003 ............................... 32
Graphique 22: Cadre entrepreneurial - obstacles, facteurs propices et recommandations - au
Canada en 2003, GEM 2003 ..................................................................................................... 33
Liste des tableaux
Tableau 1– Comparaisons des indices TAE et AEE, 2003
8
Tableau 2– Activités entrepreneuriales par région en 2002 et 2003
20
Tableau 3– Immigration par région et par catégorie pour la période 2001-2002
22
Tableau 4– Pourcentage des nouvelles entreprises qui prévoient créer des emplois au cours
des cinq prochaines années, 2003.
23
Tableau 5 – Pourcentage des nouvelles entreprises qui prévoient l’expansion de marchés
existants, 2002-2003
24
Tableau 6– Pourcentage des entreprises qui envisagent exporter, 2002-2003
25
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L’importance de l’entrepreneuriat
L’entrepreneuriat est la capacité de créer et de bâtir quelque chose là où d’autres n'ont
pas vu l’occasion de le faire. Selon Jeffrey Timmons, du Babson College, l’entrepreneuriat est
« le fait d’être prêt à prendre des risques calculés sur le plan personnel et financier, et de mettre
tout en œuvre pour atteindre l’objectif que l’on s’est fixé. » L’entrepreneur qui prend des risques
peut avoir un effet considérable sur une économie.
Les entrepreneurs sont les principaux contributeurs et mobilisateurs de ressources dans
le développement d’entreprises commerciales au sein d’une économie. Parmi les avantages qui
découlent de leurs activités, on peut mentionner la création d’emplois et l’accroissement de la
production de biens et de services ainsi que l’amélioration des niveaux de compétence qui
assurent une croissance soutenue de l’industrie.
À titre d’employeurs, les entrepreneurs créent des occasions de carrière et offrent une
possibilité d’ascension sociale à un nombre sans cesse croissant de personnes au sein d’une
économie, permettant ainsi de mettre en place des assises solides pour des communautés
économiques saines et viables.
Le Global Entrepreneurship Monitor
Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) a été lancé en 1999 par un groupe de dix
pays. Aujourd’hui, ce projet d’envergure internationale qui en est à sa cinquième année, réunit
150 chercheurs répartis dans 31 pays. Le GEM est à l’heure actuelle le plus grand projet de
recherche du monde sur l’entrepreneuriat et offre aux pays impliqués de nombreux avantages en
termes d’analyse comparative.
Dès le départ, le GEM a été créé dans le but de répondre à trois questions primordiales :
1. Le niveau d’activité entrepreneuriale varie-t-il d’un pays à un autre, et si oui, dans quelles
proportions?
2. Les différences de niveau d’activité entrepreneuriale sont-elles liées à la croissance
économique des pays ?
3. Quelles sont les caractéristiques nationales associées aux différences d’activités
entrepreneuriales?
Ces questions fondamentales soulèvent toute une série d’autres questions :
•
•
•
•
les raisons qui motivent les gens à s’intéresser à l’entrepreneuriat;
le profil des personnes qui empruntent la voie de l’entrepreneuriat : leur âge, leur sexe,
leur niveau d’éducation, etc.;
les types d’entreprises créées;
les facteurs permettant de comprendre les différences d’activités entrepreneuriales entre
pays;
________________
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1
•
•
les conséquences des politiques gouvernementales et le rôle que peut jouer le
gouvernement afin de promouvoir l’entrepreneuriat;
les différences régionales d’activités entrepreneuriales au sein d’un même pays.
Les recherches du GEM informent annuellement les diverses communautés d’affaires ainsi
que les gouvernements provinciaux et nationaux du niveau d’activités entrepreneuriales de leur
pays. Elles peuvent également aider de deux façons les responsables de l’élaboration des
politiques confrontés au défi de rendre plus efficaces leurs efforts de soutien de l’entrepreneuriat
au sein de leur pays.
Tout d’abord, nombre des experts nationaux interrogés dans chaque pays ont fait des
suggestions précises quant aux façons de rendre les politiques gouvernementales plus efficaces
afin de soutenir les activités entrepreneuriales. Les rapports précédents du GEM révèlent plus de
500 recommandations différentes faites dans ce domaine spécifique par des experts nationaux. La
plupart des recommandations avaient trait aux points suivants:
•
•
•
amélioration de la fiscalité pour les nouvelles entreprises;
amélioration du contenu des politiques gouvernementales et de leur application; et
réduction et simplification de la bureaucratie pour les entreprises en création.
D’autre part, lorsque les recherches du GEM démontrent clairement que les entrepreneurs
consultés dans un pays donné ont confiance en certains aspects de la politique de leur
gouvernement ou que le programme gouvernemental fonctionne bien, les autres pays peuvent
s’en inspirer et, on peut l’espérer, mettre en place les meilleures pratiques de politique
gouvernementale favorable à l’entrepreneuriat. Ainsi, les points suivants semblent mériter un
examen plus approfondi de la part des pays qui souhaitent apporter des améliorations dans ces
secteurs :
•
•
•
situation fiscale et réglementation à Hong Kong;
façon dont les parcs scientifiques et les incubateurs d’entreprises soutiennent les
entreprises en France;
nature bienveillante de la législation sur la PI aux États-Unis, au Canada, à Hong Kong et
en Suisse, et efficacité de l’application de cette législation, en particulier aux États-Unis
(Global Report, 2002).
La croissance du GEM et son amélioration permettent de raffiner la vision de
l’interaction entre les processus entrepreneuriaux et les politiques gouvernementales, menant
ainsi à une meilleure compréhension de l’apport de l’entrepreneuriat au bien-être économique
national.
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2
Le modèle conceptuel du GEM1
Le programme de recherche du GEM repose sur un modèle conceptuel issu des grands
mécanismes qui déterminent la croissance économique nationale. Ce modèle comporte trois
caractéristiques principales. Tout d’abord, il cherche exclusivement à expliquer pourquoi
certaines économies nationales se développent plus rapidement que d’autres. Ensuite, il part du
principe que tous les processus économiques se développent dans un contexte politique, social et
historique relativement stable. Finalement, et c’est sans doute ce qui distingue le plus le GEM, il
considère l’existence de deux éléments distincts mais complémentaires qui représentent les
sources primordiales de développement économique national.
Graphique 2: Le modèle conceptuel du GEM
Conditions
structurelles nationales
d’ensemble
•
•
•
•
•
•
•
•
Ouverture
Gouvernement
Marchés financiers
Technologie et
R&D
Infrastructure
Gestion
Marchés de l’emploi
Institutions
Grandes entreprises
établies (économie
principale)
Micro, petites et
moyennes entreprises
(économie secondaire)
Contexte social,
culturel et politique
Cadre entrepreneurial
• Politiques
gouvernementales
• Programmes
gouvernementaux
• Éducation et
formation
• Transfert de
R&D
• Infrastructure
commerciale et
juridique
• Accès à
l’infrastructure
physique
• Normes culturelles
et sociales
Croissance
économique nationale
(PIB, emplois)
Occasions
entrepreneuriales
Émergence
d’entreprises
Capacité
entrepreneuriale
• Aptitudes
• Motivation
Source: Global Report, 2002
1
Le débat sur la méthodologie s’appuie en grande partie sur les rapports du GEM de 2002 et 2003.
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3
Le premier élément important qui apparaît à la partie supérieure du graphique 2 est le
reflet du rôle des grandes entreprises bien établies qui assurent une représentation nationale au
niveau du commerce international. L’hypothèse qui sous-tend cette partie du modèle est que, si
les conditions structurelles générales nationales sont développées convenablement, la situation
concurrentielle des grandes entreprises au niveau international s’en trouvera améliorée. Par la
suite, à mesure qu’elles gagnent en maturité et en taille, ces entreprises engendrent une demande
importante de biens et services dans leur économie nationale. Cette croissance de la demande
créera à son tour des débouchés pour nombre de micro, petites et moyennes entreprises. Ce
scénario est particulièrement solide lorsque les échanges internationaux se limitent à des produits
stables dont les marchés et la technologie de production subissent peu de variations.
Le deuxième élément important qui détermine la croissance économique, illustré dans la
partie inférieure du graphique 2, met l’accent sur le rôle que joue l’entrepreneuriat dans la
création et le développement de nouvelles entreprises. Selon cette partie du modèle, une autre
série de facteurs contextuels, désignés sous le nom de « cadre entrepreneurial », s’interposent
entre le contexte socioculturel et l’émergence et le développement de nouvelles entreprises.
Par ailleurs, le modèle spécifie deux caractéristiques cruciales du processus
entrepreneurial : l’émergence ou la présence d’occasions de marché et la capacité (la motivation
et l’aptitude) des gens à démarrer de nouvelles entreprises en cherchant à saisir ces occasions. Le
processus entrepreneurial est particulièrement efficace dans le cadre d’un marché dynamique où
le succès est déterminé par des niveaux plus élevés de créativité, d’innovation et de rapidité
d’accès au marché.
La valeur la plus importante du modèle GEM réside fort probablement dans la nature
complémentaire de ces éléments, qui ont tous deux été liés de façon empirique à la croissance de
l’économie nationale. En effet, les grandes entreprises bien établies offrent souvent des occasions
aux nouvelles firmes grâce aux retombées technologiques, à l’essaimage d’entreprises et à
l’accroissement de la demande de biens et services. Quant aux sociétés entrepreneuriales, elles
fournissent un avantage concurrentiel dans le marché mondial aux entreprises déjà établies, qui
sont d’ailleurs leurs principaux clients, en leur offrant une réduction des coûts et une accélération
du développement technologique. Même si les résultats précédents des recherches du GEM ont
confirmé cette complémentarité, il est bien clair que ces processus sont extrêmement complexes.
Le modèle du GEM continuera de s’adapter dans le but d’intégrer les enseignements de la
recherche afin de mieux comprendre les effets de ces mécanismes sur la croissance économique.
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4
Recherche et méthodologie
Les données recueillies pour chaque pays participant proviennent de trois sources principales :
1. Enquête auprès de la population adulte
2. Entrevues avec des experts
3. Données économiques standardisées
Enquête auprès de la population adulte
Par une enquête téléphonique, une entreprise de marketing indépendante a réalisé un
sondage auprès d’un échantillon de 1 664 adultes pris au hasard âgés de 18 à 64 ans. Leurs
réponses à une série de questions pouvant aller jusqu’à quarante ont servi à mesurer les activités
entrepreneuriales et les attitudes de leur population respective afin de fournir une référence
objective de comparaison internationale.
Entrevues avec des experts
La deuxième méthode de collecte de données comportait des entrevues approfondies
avec 18 experts nationaux en entrepreneuriat et une enquête par questionnaire auprès de 36
experts en économie de chacun des pays participants. Ces experts viennent de plusieurs
catégories professionnelles dans lesquelles ils ont acquis une connaissance approfondie des
activités entrepreneuriales. Neuf domaines de compétence ont été sélectionnés : les finances, la
politique, les programmes gouvernementaux, l’éducation et la formation, le transfert
technologique, l’infrastructure de soutien et d’autres domaines plus vastes touchant la société et
la culture.
Données économiques standardisées
Les données économiques standardisées ont été recueillies par Statistique Canada.
Limites de la recherche
Il est important de mentionner que les fluctuations dans la participation rendent difficile
l’utilisation de l’indice TAE du GEM pour établir des classements internationaux dans le temps.
À titre d’exemple, le nombre de pays participants s’élevait à 37 en 2002 et à 31 en 2003.
Plusieurs pays n’ont pas participé en 2003, alors que d’autres en étaient à leur première
participation. Néanmoins, malgré la variation des données, le TAE demeure le seul indice
internationalement accepté jusqu’à maintenant et la seule mesure d’entrepreneuriat qui fournit
des comparaisons fiables entre les pays participants.
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5
Résultats de la recherche canadienne en 2003
Taux d’activité entrepreneuriale
L’indice du taux d’activité entrepreneuriale (TAE) donne le pourcentage de la
population adulte engagée dans des activités entrepreneuriales. En 2003, l’indice TAE indiquait
que, pour la troisième année consécutive, le Canada connaissait une diminution importante du
taux d’activités entrepreneuriales. Le graphique 3 montre que le taux a connu une importante
baisse au Canada, chutant de 12,2 % en 2000 à 11 % en 2001, 8,8% en 2002 et 8 % en 2003.
L’écart entre le Canada et les États-Unis en ce qui concerne les activités
entrepreneuriales a légèrement augmenté. Ainsi, l’indice TAE des États-Unis est passé de 10,5 %
en 2002 à 11,9 % en 2003. Par contre, la moyenne du G7 n’est que de 5,6 % et elle a légèrement
diminué au cours de la dernière année. Néanmoins, la moyenne du GEM a augmenté pour
atteindre 8,8 %, ce qui donne à penser qu’un certain nombre de pays qui ne font pas partie du G7
ont effectivement connu une reprise.
Graphique 3: Indice TAE par pays, 2000-2003, GEM 2003
18
16.7
2000
2001
2002
2003
% des 18-64 ans
16
14
12.2
11.7
12
11.9
11.0
10.5
10.2
10
8.8
8
4
7.17.0
6.9
6.4
6
8.0
7.7
7.2
7.2
6.4
5.4
5.1
3.2
1.6
5.8
5.6
5.25.2
3.2
2.8
2
8.8
8.0
5.9
5.4
9.5
8.8
8.8
8.5
1.8
0
France
Japon
Royaume
Allemagne
Italie
Canada
États-Unis
G7
GEM
Uni
Le graphique 4 indique que le classement des pays les plus entrepreneuriaux a changé de
manière importante au cours de la dernière année, l’Ouganda et le Venezuela apparaissant
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6
comme les pays les plus entrepreneuriaux avec un indice TAE respectif de 29,2 % et 27,3 %.2 La
France, la Croatie et le Japon sont les pays les moins entrepreneuriaux avec un indice TAE
respectif de 1,6 %, 2,6 % et 2,8 %. Le Canada occupe le 12ème rang sur un total de 31 pays, ce qui
représente une légère amélioration par rapport à l’année dernière, alors qu’il occupait le 13ème
rang.
Graphique 4: Indice TAE par pays, GEM 2003
35
29,2
30
27,3
% des 18 à 64 ans
25
19,7
20
16,9
15
12,9
11,2
13,6
11,611,6 11,9
10
3,9 4,0 4,1 4,3
3,2 3,2 3,6
2,6 2,8
5
4,9 5,2
5,9
6,8 6,9
6,4 6,8
7,4 7,5
8,8
8,0 8,1
5,6
1,6
Fr
an
c
C e
ro
at
Ja i
po
n
Ho Ita
ng lie
K
Pa on
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lg
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Sl que
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Ch
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Et tra
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N
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G
7
G
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0
Malgré la diminution marquée de ses activités entrepreneuriales au cours des trois
dernières années, le Canada demeure un des pays industrialisés les plus dynamiques en ce qui a
trait à l’activité entrepreneuriale. L’extrapolation de l’indice TAE révèle qu’il y aurait 286
millions d’adultes âgés entre 16 et 64 ans qui exercent des activités entrepreneuriales dans les
pays participant au GEM. Pour le Canada, ceci représente 1 665 098 adultes qui ont récemment
démarré une entreprise ou qui en consolident une nouvelle.
Le rapport 2003 du GEM tente de déterminer le pays le plus entrepreneurial à l’aide de
deux mesures qui indiquent les efforts déployés pour démarrer de nouvelles entreprises et le
degré d’innovation et de croissance que manifestent les entreprises déjà existantes. Ainsi, en plus
2
L’Ouganda et le Venezuela présentent les niveaux d’activités entrepreneuriales totales les plus élevés parmi les 31
pays faisant partie du GEM en 2003. Cependant, ils ont également la plus grande erreur normalisée, ce qui démontre
le plus haut degré de variabilité de leurs moyennes d’échantillon.
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7
de l’indice TAE, le GEM a développé l’indice d’activité entrepreneuriale des entreprises (AEE)
qui représente la valeur combinée de la taille moyenne des entreprises et de la proportion de
création d’emplois. Le tableau 1 situe le Canada dans le groupe intermédiaire avec l’Argentine,
l’Australie, le Danemark, Hong Kong, la Hongrie, l’Islande, l’Irlande, la Slovénie, l’Espagne,
Singapour, la Thaïlande, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ceci indique que le Canada se situe
dans la moyenne tant en ce qui concerne l’indice TAE que l’indice AEE. Bien que le Canada ne
soit pas le pays le plus entrepreneurial de l’échantillon, il n’occupe cependant pas le dernier rang.
Tableau 1– Comparaisons des indices TAE et AEE, 2003
Indice
moyen
d’entrepreneuriat
des entreprises
Finlande [3,8; 2,24]
Belgique [3,4; 2,21]
Italie [4,6; 2,05]
Suède [4,1; 1,88]
Singapour [5,4; 2,35]
É.-U. [11,3; 2,36]
Canada [8,5; 2,33]
Danemark [6,2; 2,26]
Islande [11,3; 2,19]
Royaume-Uni[6,0; 2,10]
Espagne [6,3; 1,90]
Irlande [8,6; 1,86]
Australie [9,9; 1,86]
Hongrie [6,6; 1,82]
Brésil [13,2; 1,87]
Inde [17,9; 1,78]
Indice
faible
d’entrepreneuriat
des entreprises
Pays-Bas [4,1; 1,46]
France [2,6; 1,08]
Taipei chinois [4,3; 1,11]
Russie [2,5; 1,05]*
Croatie [3,1; 1,15]*
Japon [2,29; 1,43]
Pologne [4,4; 0,46]
Allemagne [5,2; 1,48]
Israël [7,1; ,39]
Suisse [7,3; 1,32]
Norvège [8,1; 1,27]
Grèce [6,8; 1,29]
Afrique du S. [5,7; 1,14]
Argentine [17,0; 1,40]
Thaïlande [18,9; 1,19]
Indice TAE faible
Indice TAE moyen
Indice TAE élevé
Note (1) : Le premier chiffre de la parenthèse est l’indice TAE; le deuxième est l’indice AAE. Les données représentent
une moyenne pour 2002 et 2003.
Note (2) : * = Indique moins de 100 propriétaires échantillon, soit une estimation très approximative.
Source : Global Report, 2003
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Entreprises en création et jeunes entreprises
Le TAE est l’agrégat des deux indicateurs suivants et identifie les personnes y
participant :3
Entreprises en création : les gens qui prennent une part active aux entreprises en création sont
ceux qui ont, au cours de la dernière année, contribué au démarrage d’une entreprise définie
comme étant active et dont ils ont l’intention d’être propriétaire unique ou copropriétaire. Aucun
salaire ni rémunération d’aucune forme n’a été versé depuis au moins trois mois.
Jeunes entreprises : les gens qui gèrent ou sont propriétaires d’une entreprise établie depuis une
période maximale de 42 mois au cours de laquelle des salaires ou rémunérations ont été versés.
Entreprises en création
Le taux d’entreprises en création au Canada poursuit sa baisse pour une deuxième année
consécutive. Le graphique 5 indique que le taux d’entreprises en création est passé de 7 % en
2001 à 5,9 % en 2002, puis à 5,1 % en 2003. Tandis que certains pays se sont remis de la
diminution mondiale du nombre d’entreprises en création, le graphique 6 montre que le Canada a
légèrement baissé, mais demeure néanmoins dans le premier tiers, soit au 11ème rang sur 31 pays
recensés en 2003, légèrement au-dessous de la moyenne du GEM. Par contre, le Canada demeure
au deuxième rang des économies nationales du G7, après les États-Unis; il se situe donc
beaucoup plus haut que la moyenne du G7. Cette position permet d’identifier le Canada comme
un des pays industrialisés qui a le taux d’activité entrepreneuriale émergente le plus élevé.
3
Les personnes participant aux deux activités ne sont comptées qu’une seule fois.
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Graphique 5 : Les entreprises en création par pays, 2000-2003, GEM 2003
12
2000
2001
2002
2003
9.8
% des 18-64 ans
10
8.2
8.1
7.8
8
7.1
7.0
6.7
6.4
6.2
5.9
6
5.2
4.9
3.7
4
3.4
3.5
3.4
2.7
5.1
4.8
4.4
6.1
5.2
5.1
4.8
4.7
4.3
3.7
3.5
3.5 3.5
2.5
2.4
2.0
2
1.4
0.9
0.9
0
France
Italie
Royaume
Allemagne
Japon
Canada
États-Unis
G7
GEM
Uni
Graphique 6 : Les entreprises en création par pays, GEM 2003
30
25,7
25
23,1
% de 18-64 ans
20
16,0
15
13,1
11,7
11,2
9,6 10,0
10
7,6
8,2
6,5
5
2,0 2,0 2,1 2,4
1,3 1,4 1,6 1,7
4,4
3,8 3,9 4,0 4,0 4,1 4,2
3,3 3,5 3,7
2,9 3,2
5,1
3,8
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10
Jeunes entreprises
Au Canada, la présence de jeunes entreprises a connu une légère augmentation de 0,2 %,
passant de 3 6 % en 2002 à 3 8 % en 2003, comme l’indique le graphique 7. Malgré cette
augmentation, le Canada s’est placé légèrement sous la moyenne des 31 pays du GEM, qui se
situait à 4,1 % en 2003. Néanmoins, en ce qui a trait au classement, le graphique 8 montre que le
Canada est passé du 16e rang en 2002 au 13e rang en 2003. Ce taux se situe au-dessus de la
moyenne du G7, qui est de 2,5 %, ce qui place une fois de plus le Canada au deuxième rang des
économies nationales du G7 après les États-Unis.
Graphique 7 : Les jeunes entreprises par pays, 2000-2003, GEM 2003
8
2000
2001
2002
2003
6.9
% des 8-64 ans
7
6
5.5
4.9
5
4.6
4
3.8
3.6
3.3
3
2.7
2.7
4.0
3.9
3.8
3.7
4.1
3.7
3.4
3.5
3.2
3.1
2.7
2.32.4
2.2
2.12.1
2.3
2.5 2.5
2
1.5
1.3
1.2
1
1.0
0.8
0.90.9
0.7
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Japon
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Allemagne
Royaume
Uni
Italie
Canada
États-Unis
G7
GEM
11
Graphique 8: Les jeunes entreprises par pays, 2000-2003, GEM 2003
Figure 8 - Entrepreneurial Activity [New Firms] By Country,
GEM 2003
18
16.9
% Adult Population [18-64 Years Old]
16
14
12
9.7
10
8.5
8
7.4
6.9 7.1
6
4.4
4
2
3.1 3.2 3.3
1.5 1.6
1.1 1.2 1.3
0.7 0.9
4.9
5.2 5.4
4.1
3.7 3.8 3.8 3.9 3.9
2.5
2.3 2.4 2.5
1.9 2.0 2.1
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GEM Mean
Uganda
G7 Mean
Agentina
Venezuela
Chile
China
Brazil
Australia
New Zealand
Iceland
United States
Greece
Norway
Ireland
Canada
Denmark
Switzerland
United Kingdom
Spain
Finland
Sweden
Germany
Singapore
South Africa
Hong Kong
Netherlands
Italy
Japan
Belgium
Slovenia
France
Croatia
0
12
Raisons qui motivent l’activité entrepreneuriale
Depuis 2001, le GEM fait la distinction entre deux raisons principales qui incitent les gens
à s’impliquer dans des activités entrepreneuriales. Selon les recherches du GEM effectuées en
2002, 97 % des individus engagés dans de telles activités peuvent être considérés comme
entrepreneurs «par occasion» ou entrepreneurs «par nécessité ».
•
Les entrepreneurs «par occasion» sont ceux qui cherchent à saisir des occasions
d’affaires. Ces entrepreneurs ont d’autres possibilités mais font ce choix par préférence
personnelle. Ce type d’entrepreneuriat est appelé entrepreneuriat « par occasion » en
raison de la nature volontaire qui le caractérise.
•
Les entrepreneurs «par nécessité» sont ceux qui se lancent dans l’entrepreneuriat parce
qu’ils n’ont pas de meilleur choix d’emploi. Le terme «nécessité» indique que la
personne a besoin de travailler et ne prend pas volontairement la décision de démarrer une
entreprise.
Dans l’ensemble des nations qui participent au GEM, on retrouve environ deux tiers
d’entrepreneurs «par occasion» et un tiers d’entrepreneurs «par nécessité». En analysant les
raisons qui poussent à s’engager dans une activité entrepreneuriale, on est capable d’établir dans
quelle mesure les types d’entreprises créées par les entrepreneurs «par occasion» diffèrent
systématiquement de celles créées par les entrepreneurs «par nécessité». Cette recherche
engendre une question importante : « Les raisons qui ont motivé l’entrepreneur à démarrer une
entreprise affectent-elles le potentiel de l’entreprise à contribuer considérablement à une
économie? » La réponse proposée dans le rapport 2002 du GEM est que les entrepreneurs «par
occasion» et ceux «par nécessité» ont tous le même potentiel de démarrer des entreprises à forte
croissance, axées sur l’exportation et la création de nouveaux marchés. Néanmoins, le rapport
2002 du GEM indique que les entrepreneurs «par occasion» ont de plus grandes aspirations en ce
qui concerne l’effet considérable qu’ils pourront avoir sur l’économie.
Par comparaison avec les autres nations qui participent au GEM, on remarque que la
stabilité sociale et économique relative du Canada engendre plus d’entrepreneurs «par occasion»
que d’entrepreneurs «par nécessité». On constate une diminution de la perception des occasions,
comme l’indique le graphique 9, le taux passant de 7,4 % de la population adulte en 2002 à 6,7 %
en 2003. On pense que cette baisse de l’entrepreneuriat émergent est fonction de la perception
des occasions, ce qui est cohérent avec le fait que les taux sont tous deux à la baisse cette année.
Néanmoins, lorsque l’on compare le Canada aux autres pays, on remarque que le taux de
motivation «par occasion» est relativement élevé. Dans le classement représenté au graphique 10,
on constate que le Canada est un des pays industrialisés ayant un taux de perception des
occasions le plus élevé, bien plus élevé que la moyenne du G7, et se classe au 11ième rang des 31
pays du GEM. Le fait que certains pays, tels que l’Ouganda, le Venezuela et l’Argentine, ont un
taux de motivation «par occasion» plus élevé peut être attribué en partie aux différentes
interprétations que donnent les adultes interrogés sur les concepts d’entrepreneuriat «par
occasion» ou «par nécessité».
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13
Graphique 9 : TAE «par occasion» par pays, 2001-2003, GEM 2003
]
12
2001
2002
2003
10.4
10
9.1 9.1
8
% des 18-64 ans
7.6
7.8
7.4
6.7
6.4
6.3
5.9
6
5.6
5.3
5.0
4.8
4.6 4.4
4.4
3.9
3.8
4
3.7
3.3
2.9
2.8
2.3
2.0
2
1.2
1.1
0
Japon
France
Allemagne
Royaume
Uni
Canada
Italie
États-Unis
G7
GEM
Graphique 10: TAE «par occasion» par pays, GEM 2003
18
16,9
16,1
16
14,2
14
12
11,5
% des 18-64
10,5
9,9
10
9,1
9,4
8,1
8
6
5,3 5,3 5,5
4
2
2,9 2,9 3,0 3,1
1,7
3,3
3,7 3,7 3,9
5,8
6,1
6,3 6,4 6,5
6,9
4,2
6,4
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2,0 2,2
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0
14
Le graphique 11 indique que le TAE «par nécessité» est demeuré plutôt bas au Canada
en 2003 avec un taux de 1 %, soit un léger recul par rapport au taux de 1,1 % en 2002.
Comparativement aux autres pays, le Canada offre de nombreuses possibilités d’emploi et un
meilleur filet de sécurité sociale. C’est pourquoi on y retrouve plus d’entrepreneurs «par
occasion» que d’entrepreneurs «par nécessité». Bien que le graphique 12 place le Canada au 15e
rang du classement international, la différence entre nations industrialisées est négligeable, le
taux d’entrepreneuriat «par nécessité» n’étant significatif que pour l’Ouganda, le Venezuela,
l’Argentine, le Chili, le Brésil, la Chine et la Grèce.
Graphique 11: TAE «par nécessité» par pays, 2001-2003
4
2001
2002
2003
3.0
% des 18-64 ans
3
3
2.4
2.4
2.1
2
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1.9
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1.8
1.7
2
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1.3
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1.1
1.2
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1
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0.7
0.5 0.5
1
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O ue
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% des 18-64 ans
Graphique 12 : TAE «par nécessité» par pays, GEM 2003
16
13,4
11,6
10
7,5
5,5 5,5
5,9
4
1,5 1,5 1,7 1,7
2,6
2,3
0,9
0
16
Qui s’engage dans une activité entrepreneuriale?
La recherche effectuée par le GEM indique que le sexe et l’âge des personnes jouent un
rôle important sur la participation aux activités entrepreneuriales. Dans l’ensemble, le ratio
hommes-femmes chez les entrepreneurs révèle une présence deux fois plus élevée d’hommes que
de femmes. Cet écart est encore plus marqué dans la catégorie des 25-34 ans, où les hommes
canadiens sont presque trois fois plus entrepreneurs que les femmes du même âge. Le graphique
13 montre qu’hommes et femmes atteignent l’apogée de leur activité entrepreneuriale dans cette
catégorie d’âge, mais, tandis que le taux d’implication des femmes demeure relativement stable
de 25 à 54 ans, celui des hommes atteint rapidement le sommet pour ensuite retomber
considérablement et finalement se stabiliser au même niveau que celui des femmes dans la
catégorie des 45-54 ans. Néanmoins, dans la catégorie des 55-64 ans, les hommes entrepreneurs
sont plus nombreux que les femmes dans une proportion de 2,8 hommes pour chaque femme.
Graphique 13: TAE par âge et sexe au Canada, GEM 2003
18
17.0
Hommes
Femmes
16
Canada
% des 18- 64 ans
14
11.9
12
12.0
10.6
10
9.2
8.3
8
8.0
7.2
6.4
6.2
5.7
6
6.3
5.4
5.9
5.6
5.3
3.9
4
3.0
2
0
18-24 ans
25-34 ans
35-44 ans
45-54 ans
55-64 ans
18-64 ans
La catégorie d’âge devient particulièrement importante lorsqu’on tient compte des
raisons qui motivent la personne à s’engager dans des activités entrepreneuriales. Le graphique
14 montre que l’activité entrepreneuriale motivée par l’occasion et celle motivée par la nécessité
sont particulièrement significatives chez les hommes de 25 à 34 ans, avec un taux respectif de
15,8 % et de 2,8 %. Ce taux de participation en fonction de la motivation supérieur à la moyenne
dépend en partie de facteurs tels que le fait d’intégrer ou non le marché du travail. Le premier cas
leur offre des occasions, tandis que l’autre les force à travailler à leur compte. Chez les femmes
de cette catégorie d’âge, l’activité entrepreneuriale motivée par l’occasion est également
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supérieure à la moyenne pour la même raison que chez les hommes, mais, chose étonnante,
l’activité entrepreneuriale motivée par la nécessité est négligeable et ne devient significative que
dans la catégorie des 45-54 ans.
Graphique 14 : TAE (par type de motivation) par âge et par sexe au Canada en 2003, GEM
2003
18.0
% 18 à 64 ans
16.0
14.0
12.0
10.0
8.0
6.0
4.0
2.0
0.0
Occasions
Nécessité
Occasions
Hommes
Nécessité
Occasions
Femmes
Nécessité
Canada
18-24
6.3
1.1
1.4
0.8
3.9
0.9
25-34
15.8
2.8
6.6
0.0
11.2
1.4
35-44
10.1
1.2
5.4
0.5
7.8
0.8
45-54
4.9
1.4
3.6
2.1
4.2
1.7
55-64
7.7
0.0
2.0
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4.8
0.0
18 -64
9.2
1.4
4.1
0.7
6.7
1.0
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Différences régionales
Aux fins de ce rapport, le Canada a été divisé en régions : Colombie-Britannique,
Ontario, Québec, Canada Atlantique (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-PrinceÉdouard et Terre-Neuve-et-Labrador) et provinces des Prairies (Alberta, Manitoba et
Saskatchewan).
On remarque des différences importantes de niveau d’activité entrepreneuriale entre les
diverses régions du Canada. Le tableau 2 présente l’activité entrepreneuriale par région pour le
Canada en 2003. Les provinces des Prairies et la Colombie-Britannique se situent au premier rang
avec un indice TAE respectif de 9,9 % et de 9,6 %, avec cependant des écarts au niveau de la
motivation «par occasion» et «par nécessité», des entreprises en création et des jeune entreprises.
Par rapport aux autres régions, on remarque que les provinces des Prairies ont le taux de
motivation «par occasion» le plus élevé. Cependant, ce qui est le plus étonnant en ce qui
concerne cette région est son taux d’entreprises en création de 8,8 %, de loin supérieur à la
moyenne nationale de 5,1 %, et nettement plus élevé que celui de la Colombie-Britannique ou de
l’Ontario. Ceci diffère grandement du faible taux (1,5 %) de s entreprises dans la région, ce qui
laisse à penser que les politiques du gouvernement ou encore la perception des occasions ont eu
un effet bénéfique au cours de la dernière année. Le fait que le taux de survie des petites et
moyennes entreprises soit plus faible dans cette région est une autre raison qui peut expliquer le
taux d’entreprises en création si élevé par rapport au taux de jeune entreprises. Le taux de survie
de ces entreprises est affecté par des facteurs tels que l’évolution du marché, le nombre et la taille
des concurrents et les nouveaux arrivants, ainsi que les conditions économiques générales.
En 2003, l’indice TAE de l’Ontario, du Québec et du Canada Atlantique est inférieur à
la moyenne nationale. Ces trois régions possèdent un taux peu élevé de motivation «par
occasion» à s’engager sur la voie de l’entrepreneuriat, et les taux relativement faibles
d’entreprises en création le démontrent. En 2002, le rapport du GEM pour le Canada identifiait
des variables régionales expliquant en partie une activité entrepreneuriale faible au Québec et
dans le Canada Atlantique, à savoir le niveau de confiance que montrent ces provinces dans leur
capacité et leur aptitude à démarrer une entreprise ou à concevoir de meilleurs modèles
entrepreneuriaux. Bien qu’il demeure faible, l’indice TAE a augmenté de manière significative au
Québec et dans le Canada Atlantique entre 2002 et 2003, tandis qu’il a connu la baisse la plus
importante en Ontario, passant de 10,3 % en 2002 à 7,4 % en 2003.
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19
Tableau 2– Activités entrepreneuriales par région en 2002 et 2003
TAE
ColombieBritannique
Provinces des
Prairies
Ontario
Québec
Canada
Atlantique
Canada
Opportunité
Nécessité
2002
12,1
2003
9,6
2002
10,4
2003
8,1
2002
1,2
2003
1,0
Entreprises
en création
2002 2003
9,8
6,7
Jeune
entreprises
2002 2003
4,1
4,8
9,7
9,9
7,7
9,2
1,5
0,7
6,4
8,8
3,6
1,5
10,3
6,2
3,2
7,4
7,3
6,5
9,0
4,8
1,6
6,0
6,1
4,1
1,1
1,0
1,1
0,8
1,2
1,6
6,3
4,0
2,1
3,8
4,2
4,1
4,7
2,4
0,5
4,6
3,5
3,3
8,8
8,0
7,4
6,7
1,1
1,0
5,9
5,1
3,6
3,8
Immigration et entrepreneuriat
Le graphique 15 donne la courbe du nombre d’immigrants accueillis au Canada. Les
deux principaux courants, la classe familiale et la classe économique, - incluant les ouvriers
qualifiés et les gens d’affaires immigrants -, ont atteint leur apogée en 2001. En fonction de
l'indice TAE et des données sur l’immigration de 1999 à 2003, les corrélations démontrent une
association favorable entre la classe économique et les taux d'entreprises en création. Comme on
peut s'y attendre, les gens d'affaires immigrants, spécialement sélectionnés pour soutenir le
développement d’une économie forte et prospère, ont contribué au démarrage de nouvelles
entreprises au Canada. Puisque le Canada accueille trois types de gens d'affaires immigrants
(investisseurs, entrepreneurs et travailleurs autonomes), on s’attend à ce que ces immigrants
fassent des investissements menant au développement économique et à la création d’emplois
pour les citoyens canadiens et les résidents permanents, ou encore à ce qu’ils contribuent de
façon significative à des activités économiques spécifiques.
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20
Graphique 15: Immigration par catégorie au Canada, 1999-2003, GEM 2003
300,000
1999
2000
2001
2002
2003 Plan
Nombre d’immigrants
250,000
200,000
150,000
100,000
50,000
0
Famille
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Réfugiés
Travailleurs qualifiés
Pour affaires
Total
21
Les données relatives à l'immigration par région apparaissant au tableau 3 indiquent que
l’Ontario est la région la plus attirante, bien que la Colombie-Britannique et le Québec comptent
également un nombre important d’immigrants. Cette situation peut expliquer en partie les
différences régionales d'activité entrepreneuriale, puisqu’il semble y avoir une corrélation
favorable entre les immigrants et le taux de nouvelles entreprises. L'Ontario et la ColombieBritannique attirent le plus de gens d'affaires et d'ouvriers qualifiés immigrants, ce qui explique
pourquoi l'indice TAE de nouvelles entreprises est relativement élevé dans ces provinces. Il faut
mentionner que l’immigration au Canada se concentre essentiellement dans trois villes
principales, Montréal (Québec), Toronto (Ontario) et Vancouver (Colombie-Britannique).
Tableau 3– Immigration par région et par catégorie pour la période 2001-2002
Familles
ColombieBritannique
Provinces
des Prairies
Ontario
Québec
Canada Atlantique
Canada
2001
11 758
2002
11 871
2001
2 188
2002
2 113
2001
3 728
2002
3 659
Ouvriers
qualifiés
2001
2002
19 750
15 620
6 454
6 306
3 629
3 370
888
641
9 938
8 544
39 060
8 474
767
66 713
38 378
7 938
723
65 277
14 236
7 150
703
27 910
12 618
6 438
569
25 122
5 129
4 520
316
14 588
4 084
2 459
190
11 041
89 131
17 128
1 143
137 169
77 555
20 597
999
123 379
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Réfugiés
Gens d’affaires
22
Entrepreneuriat à haut rendement
La diversité des questions associées à l’entrepreneuriat est remarquable et, pour
comprendre la relation entre l’activité entrepreneuriale et la croissance économique, la recherche
du GEM a tenté d’identifier les entreprises à potentiel élevé. Ces entreprises prometteuses et
innovatrices sont rares et les identifier demeure un défi. Le rapport 2002 du GEM a identifié trois
critères qui favorisent l’identification des entreprises en création ayant du potentiel pour
contribuer grandement à l’économie nationale. Ces trois critères sont 1) l’attente de créer des
emplois,2) l’attente de développer des marchés déjà existants et 3) l’attente d’exporter.
Le potentiel de création d’emplois
Une récente étude menée par la CIBC en 2003 prévoit que d'ici la fin de la décennie un
travailleur sur cinq deviendra son propre patron. Une autre étude démontre la tendance
grandissante des petites entreprises à croissance rapide à utiliser l’essaimage (Filion, Luc, Fortin,
2003). L’importance du travail autonome au Canada était autrefois présentée comme un des
éléments caractéristiques de l’entrepreneuriat. Et effectivement, le Canada est un des pays où le
travail autonome, chiffré à 20 % des emplois, atteint un des pourcentages les plus élevés de
l'OCDE (Statistique Canada, 2001). Par ailleurs, l’entrepreneuriat ne représente pas seulement
une possibilité d’emplois autonomes, mais constitue également un catalyseur pour la création de
nouveaux emplois.
Comme l’indique le tableau 4, les possibilités de création d’emplois par les nouvelles
entreprises canadiennes ont légèrement augmenté en 2003 par rapport à l’année précédente. En
2003, au niveau des prévisions de création d’emplois, 82 % des nouvelles entreprises canadiennes
ont exprimé l’intention d’embaucher un ou plusieurs employés au cours des cinq prochaines
années. Ce chiffre est donc plus élevé que le taux de 78 % constaté en 2002. Par contre, le
pourcentage des entreprises qui ne prévoient pas de création d’emplois au cours des cinq années
suivantes a diminué, passant de 23 % à 19 %. Néanmoins, la baisse prévue de la création
d’emplois par les nouvelles entreprises est évidente du fait que la catégorie de un à cinq
nouveaux emplois au cours des cinq années à venir augmente de cinq points au niveau du
pourcentage en 2003. Ce chiffre dépasse l’augmentation de 1 % que l’on retrouve dans la
catégorie création de 6 à 19 emplois, alors que les prévisions de création de 20 emplois ou plus
ont diminué de 2 % depuis 2002.
Tableau 4– Pourcentage des nouvelles entreprises qui prévoient créer des emplois au cours
des cinq prochaines années, 2003.
%
Aucun emploi
1 à 5 emplois
6 à 19 emplois
20 emplois et plus
Tout emploi
2002
23
37
18
23
78
2003
19
42
19
21
82
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23
Le potentiel de création de marchés
Trois critères ont été adoptés pour identifier les entreprises qui envisagent l’expansion
de marchés existants et qui prévoient contribuer à la création de nouveaux secteurs,: l’absence de
concurrence, le faible taux de connaissance du produit chez les consommateurs et l’emploi de
nouvelles technologies. Ces critères pourront servir à identifier les entreprises qui ont un potentiel
d’expansion de marché significatif ou élevé. L’objectif est de déterminer si les stratégies mises en
œuvre par les entrepreneurs visent la création d’un nouveau créneau ou la reproduction
d’activités et de marchés existants au moyen de technologies déjà existantes.
Comme l'indique le tableau 5, 45 % des nouvelles entreprises au Canada prévoyaient
accroître un marché déjà existant en 2003, soit une diminution de 10 % par rapport au niveau de
2002, qui atteignait 55 %. Après coup, cette baisse donne à penser que les nouvelles entreprises
canadiennes estiment être en mesure de développer des nouveaux marchés, mais seulement
jusqu’à un certain point, ce qui pourrait s’expliquer très vraisemblablement par le fait qu’elles
manquent de technologie de pointe.
Tableau 5 – Pourcentage des nouvelles entreprises qui prévoient l’expansion de marchés
existants, 2002-2003
%
Aucune
expansion
Peu
Moyenne
Maximale
Quelconque
2002
46
43
6
6
55
2003
55
35
7
3
45
Exportation
Le Canada est un pays exportateur par nature, où les stratégies d’entreprises axées sur
l’exportation sont profondément ancrées tant chez les nouveaux entrepreneurs que dans les
entreprises établies. Le tableau 6 indique le pourcentage des entreprises en création et des
nouvelles entreprises qui envisagent avoir des clients à l’étranger. En 2003, 76 % des entreprises
en création ou des nouvelles entreprises au Canada s’attendaient à exporter, soit une
augmentation par rapport à 2002 alors que 73 % d’entre elles avaient les mêmes aspirations. Les
entreprises canadiennes voient l’exportation comme un élément important de l’ensemble de leurs
affaires.
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24
Tableau 6– Pourcentage des entreprises qui envisagent exporter, 2002-2003
%
Aucune
Exportations
de 1 % à 24 %
Exportations de
25 % à 49 %
Exportations de
50 % à 74 %
2002
27
49
3
20
2003
24
49
13
Exportations de
75 % à 100 %
14
Diversification du TAE au Canada
Tout comme dans les autres pays, les services aux consommateurs représentent la
majeure partie du taux d’activité entrepreneuriale (TAE) du Canada. Néanmoins, le TAE
canadien se répartit de façon relativement symétrique entre les différents secteurs d’activités, soit
le secteur de la transformation, celui des services aux entreprises et celui des services aux
consommateurs. Le tableau 7 indique clairement qu’en 2003, les services aux consommateurs
représentaient plus d’un tiers du taux d’activité entrepreneuriale au Canada. Cela comprend les
secteurs de la vente au détail, de l’automobile, de l’hébergement, de la restauration, des services
personnels, de la santé, de l’éducation, des services sociaux et des loisirs. Les services aux
entreprises, qui comprennent les services financiers, les assurances, l’immobilier et tous les autres
services aux entreprises, occupent le deuxième rang avec 30,6 % du TAE. Les secteurs de
transformation représentent 28,3 % du TAE, et comprennent les secteurs suivants de l’économie :
la construction, la fabrication, les transports, les communications, les services publics et la vente
en gros. Les secteurs d’extraction, caractéristiques du secteur primaire, occupent le dernier rang
de l’économie canadienne avec un TAE de 6,9 %. On y retrouve l’agriculture, la sylviculture, la
pêche, et toutes les activités minières.
Tableau 7 – Types d’entreprises, 2003
Extraction
Transformation
Services aux
entreprises
Services aux
consommateurs
Canada
6,9
28,3
30,6
34,2
É.-U.
3,4
24,8
22,3
49,5
GEM 2003
7,4
25,6
22,3
44,8
Moyenne
du G7
6,6
20,2
20,5
52,8
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25
Capital de risque classique et investissement providentiel 4
Au sein du G7, le Canada a un des taux d’investissements en capital de risque classique
les plus élevés en pourcentage du PIB. Cependant, étant donné que le Canada a connu une
diminution du nombre des nouvelles entreprises, les demandes de financement ont également
diminué. Comme l’indique le graphique 16, on a enregistré une baisse à l’échelle mondiale du
capital de risque classique national investi en pourcentage du PIB par pays Le Canada et les
États-Unis ont enregistré les réductions les plus importantes, se plaçant respectivement à 0,21 %
et 0,20 %, mais occupent malgré tout une position relativement supérieure à celle des nations qui
participent aux GEM et à la moyenne du G7. L’industrie du capital de risque étant reconnue
comme étant cyclique, il est préférable d’accorder plus d’importance aux comparaisons entre
pays qu’aux tendances de l’industrie.
Graphique 16: Capital de risque classique intérieur investi en pourcentage du PIB par pays,
2002–2003.
0.45
0.40
Capital de risqué en % du PNB
0.40
0.41
2002
2003
0.35
0.30
0.25
0.20
0.21
0.20
0.18
0.17
0.15
0.10
0.09
0.10
0.070.07
0.05
0.10
0.09
0.09
0.080.07
0.05
0.04
0.03
0.00
Japon
Italie
France
Royaume Allemagne
-Uni
États-Unis Canada
G7
GEM
En 2003, une des tendances nationales de l’investissement en capital de risque les plus
démoralisantes pour les entrepreneurs a été la baisse marquée du montant d’argent investi par
entreprise et du nombre d’entreprises qui ont bénéficié d’un investissement. Le graphique 17
montre qu’en termes de montants investis par entreprise, le Canada a enregistré une baisse
importante, passant de trois millions de dollars en 2002 à environ deux millions de dollars en
2003. Le Canada se plaçait juste derrière l’Italie en 2002, mais tandis que l’Italie enregistrait une
4
Le capital de risque classique comprend les investissements faits par les institutions et les entreprises de capital de
risque classique en capitaux d’amorçage, dans le démarrage de nouvelles entreprises et dans les entreprises en
croissance.
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26
remarquable augmentation en 2003, le Canada connaissait une baisse, ce qui eût un effet négatif
sur les secteurs de la nouvelle économie, tels que les industries liées à la technologie.
Graphique 17: Montant en milliers de dollars du capital de risque classique national investi
par entreprise, par pays 2002–2003
12,000
10,695
2002
2003
10,000
US $1,000 par entreprise
8,442
8,000
6,000
5,375
4,000
3,021
2,220
2,000
627 510
3,066
3,079
2,794
2,094
2,023
1,548
1,373
1,141
890
1,031
625
France
Allemagne
0
Japon
Royaume
-Uni
Canada
Italie
États-Unis
G7
GEM
Le graphique 18 montre que seulement 724 entreprises ont reçu un investissement en
capital de risque en 2003 par rapport à 948 en 2002. Ainsi, non seulement constate-t-on une
baisse du montant investi dans chaque entreprise, mais le nombre d’entre elles qui ont reçu des
fonds industriels a également diminué. En conséquence, le Canada s’est placé au 6e rang des
nations du G7 en ce qui a trait au nombre d’entreprises ayant reçu du capital de risque en 2003.
En revanche, bien que l’industrie canadienne du capital de risque n’ait pas obtenu de bons
résultats au cours de la dernière année, une revue du capital de risque effectuée par l’OCDE en
2002 démontre qu’une bonne partie de cette baisse a été compensée par des investisseurs
étrangers, surtout américains, qui jouent un rôle important et dirigent leur financement vers les
nouvelles entreprises à contenu technologique.
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27
Graphique 18 : Nombre d’entreprises recevant du capital de risque classique national par
pays, 2002-2003
4,000
3,798
2002
2003
3,500
Nombre d’entreprises
3,000
2,514
2,500
2,328
1,964
2,000
1,627
1,525
1,430
1,500
1,261
1,137
1,129
948
1,000
916
724
646
589
445
500
255
144
0
Italie
Royaume
-Uni
Canada
France
Allemagne
Japon
États-Unis
G7
GEM
Dans l’ensemble des pays participant au GEM, 2,7 % de la population adulte ont investi
dans une entreprise tierce au cours des trois dernières années. Comme l’indique le graphique 19,
le taux est demeuré relativement stable au Canada l’an dernier avec une légère augmentation,
passant de 3 % en 2002 à 3,1 % en 2003. Le Canada se classe ainsi au deuxième rang, derrière les
États-Unis, et bien au-dessus des moyennes enregistrées par les pays du GEM et du G7. Par
contre, on estime encore que le Canada devrait présenter un taux d’investissement providentiel
plus élevé compte tenu de son activité entrepreneuriale relativement importante. Comme le
démontre le rapport 2002 du GEM, le taux élevé de corrélation entre les variables donne à penser
que ce résultat peut être dû au fort degré d’institutionnalisation du financement de
l’entrepreneuriat.
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28
Graphique 19 : Taux d’investissement providentiel par pays, 2000-2003
8.0
2000
2001
2002
2003
6.9
7.0
6.0
5.3
5.0
4.64.6
4.2
4.0
3.6
3.5
3.5
3.1
3.0
2.8
3.0
2.5
2.9
2.9
3.0
3.0
2.32.2
2.0
1.81.7
1.4
1.1
1.0
2.3
1.9
1.9
1.6
1.5
1.51.5
1.0
2.72.7
2.6
1.2
1.0
0.6
0.0
Japon
France
Italie
Canada
Royaume Allemagne
-Uni
États-Unis
G7
GEM
La prochaine section donne un aperçu de la perception des experts en ce qui a trait à
l’entrepreneuriat au Canada, tel que présenté dans les pages précédentes.
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Point de vue des experts
Depuis 1999, le GEM a eu recours à une évaluation approfondie du cadre entrepreneurial afin de
mieux comprendre les ressemblances et les différences dans l’activité entrepreneuriale entre pays.
Ce point de vue riche et complet résulte d’un certain nombre d’entrevues semi-structurées et
directes réalisées auprès d’experts de l’entrepreneuriat dans chaque pays. Le modèle GEM donne
un aperçu des neuf éléments du cadre entrepreneurial qui favorisent l’activité entrepreneuriale
d’un pays, à savoir 1) le soutien financier, 2) les politiques gouvernementales, 3) l’éducation et la
formation, 4) les normes culturelles et sociales, 5) les programmes gouvernementaux, 6) les
transferts de recherche et développement, 7) l’infrastructure commerciale et professionnelle, 8)
les barrières d’accès/l’ouverture du marché intérieur, et 9) l’accès à l’infrastructure physique.
Soutien financier
Un des obstacles les plus importants à l’effort entrepreneurial est le manque de sources
adéquates de capital de risque. Le soutien financier fait référence à la disponibilité de ressources
financières : capitaux engagés, endettement pour les nouvelles entreprises et pour celles en
croissance, ainsi que diverses formes de subventions. Les résultats obtenus par les nouvelles
entreprises dépendent en grande partie d’une capitalisation adéquate.
Parmi les experts interrogés au Canada, 15 % d’entre eux considèrent que l’accès au
capital sous forme de capital engagé, d’endettement, de subventions gouvernementales, de capital
de risque et d’autres types de financement, représente un obstacle à l’épanouissement de l’activité
entrepreneuriale canadienne. Par contre, 8 % d’entre eux le considèrent comme un facteur
propice, et seulement 11 % des experts consultés recommandent une amélioration rapide du
soutien financier.
Le graphique 20 indique que le Canada se situe au-dessus de la moyenne du GEM, bien
que loin derrière les États-Unis, en ce qui a trait à un soutien financier convenable. Mais le
graphique 21 indique qu’au cours des trois dernières années, de plus en plus d’experts estiment
que le soutien financier offert par le Canada n’est pas adéquat.
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Graphique 20 : Cadre entrepreneurial par pays en 2003, GEM 2003
2
2
Level of Agreement
1
1
0
-1
-1
Support
Financier
Accès aux
Normes
Politique Programmes
Infrastructure
Éducation et Transfert de
Ouverture
s
infrastructure culturelles et
gouverneme gouverneme
formation
la R&D
aux marchés
commerciale
s physiques
sociales
ntale
ntaux
CA 2003
0,13
-0,40
-0,15
-0,07
0,22
0,75
-0,37
1,59
0,40
GEM 2003
-0,39
-0,47
-0,38
-0,58
-0,51
0,23
-0,23
0,95
-0,24
US 2003
0,57
0,13
0,18
0,29
0,47
1,21
0,24
1,65
1,59
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31
Graphique 21: Cadre entrepreneurial au Canada, 1999-2003, GEM 2003
2
Level of Agreement
2
1
1
0
-1
-1
Support
Financier
Politique
Programmes
Infrastructure
Accès aux
Normes
Éducation et Transfert de
Ouverture
gouverneme gouverneme
s
infrastructure culturelles et
formation
la R&D
aux marchés
ntale
ntaux
commerciale
s physiques
sociales
CA 1999
0,33
-0,45
-0,38
-0,28
-0,12
0,60
-0,60
1,56
0,15
CA 2000
0,58
-0,13
-0,08
-0,09
0,09
0,82
0,06
1,46
-0,14
CA 2002
0,40
-0,21
0,35
0,07
0,49
1,21
0,23
1,79
CA 2003
0,13
-0,40
-0,15
-0,07
0,22
0,75
-0,37
1,59
0,40
Politiques gouvernementales
Le fardeau de la réglementation des politiques gouvernementales en ce qui a trait au
démarrage et à la croissance des nouvelles entreprises est une préoccupation majeure dans
beaucoup de pays. Le rapport 2002 du GEM mentionnait que le point le plus inquiétant des
politiques gouvernementales de tous les pays est le fardeau administratif provoqué par les
règlements. La réglementation représente pour les nouvelles entreprises une charge lourde en
termes de temps et de coût, un niveau excessif d’intrusion dans les affaires personnelles et
commerciales et une courbe d’apprentissage extrêmement abrupte pour comprendre les politiques
qui s’appliquent à leur contexte commercial et comment s’y conformer sur le plan administratif.
Les experts considèrent les politiques gouvernementales comme une des principales
faiblesses du cadre entrepreneurial au Canada. Le graphique 22 démontre que parmi les experts
interrogés, 21 % estiment que les politiques gouvernementales et la réglementation fiscale à
l’égard des nouvelles entreprises et des entreprises en croissance sont un frein à l’activité
entrepreneuriale, contrairement à 13 % d’entre eux qui considèrent que les politiques
gouvernementales mises en place à ce jour ont contribué à favoriser l’activité entrepreneuriale.
Par ailleurs, 26 % des experts s’accordent pour dire que la réforme de la politique
gouvernementale est la priorité première.
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32
Graphique 22: Cadre entrepreneurial - obstacles, facteurs propices et recommandations au Canada en 2003, GEM 2003
Support Financier
Politique gouvernementale
Programmes gouvernementaux
Education et formation
Transfert de la R & D
Limites
Ouverture aux marchés
Accès aux infrastructures physiques
Normes culturelles et sociales
Support financier
Contribution
Politique gouvernementale
Programmes gouvernementaux
Education et formation
Transfert de la R&D
Accès aux infrastructures commerciales et professionnelles
Ouverture aux marchés
Normes culturelles et sociales
Support financier
Politique gouvernementales
Programmes gouvernementaux
Éducation et formation
Recommandations
Transfert de la R & D
Ouverture des marchés
Normes culturelles et sociales
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
% Mentioned
Lorsque l’on compare le point de vue des experts canadiens sur les politiques
gouvernementales à celui des experts des autres nations qui participent au GEM, on découvre que
le Canada est loin d’être performant. Le graphique 20 indique que les experts canadiens ne sont
pas satisfaits des politiques gouvernementales actuelles et, même si les résultats sont légèrement
supérieurs à la moyenne du GEM, le Canada arrive loin derrière les États-Unis. De plus, le
graphique 21 indique une baisse de confiance dans les politiques gouvernementales au cours des
deux dernières années, et le point de vue des experts atteint son niveau de confiance le plus bas
depuis 1999.
Éducation et formation
Pour les besoins du présent rapport, l’éducation et la formation font référence au degré
auquel la formation en création ou en gestion de petites entreprises, d’entreprises nouvelles ou
d’entreprises en croissance est intégrée dans les systèmes de formation scolaire et de formation
pratique à tous les niveaux. On estime généralement que l’éducation et la formation sont
directement liées à la capacité non seulement de démarrer une entreprise, mais également d’en
assurer sa croissance.
En 2000, parmi les pays participant au GEM, le Canada occupait le premier rang en
matière d’éducation et de formation. Néanmoins, l’évaluation n’a jamais été très bonne,
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atteignant tout juste le niveau neutre. Le graphique 22 montre que les experts ne s’entendent pas
sur le fait de savoir si l’éducation du niveau primaire au niveau universitaire assure une bonne
préparation pour le travail autonome, puisque 13 % d’entre eux estiment qu’il s’agit là d’un frein
tandis que 13 % le perçoivent comme un facteur propice. Malgré l’absence d’un consensus à ce
sujet, 20 % des experts considèrent que l’éducation et la formation au Canada pourraient être
améliorées. Parmi les éléments identifiés par les experts comme exigeant une amélioration,
l’éducation et la formation occupaient le deuxième rang.
En ce qui a trait à l’éducation et à la formation, on constate dans le graphique 20 que le
Canada se place bien au-dessus de la moyenne du GEM, mais au-dessous des États-Unis.
Néanmoins, le graphique 21 montre que le point de vue des experts à ce sujet a peu changé au
cours des trois dernières années.
Normes culturelles et sociales
Le rapport 2001 du GEM démontrait que l’attitude générale du public à l’égard de
l’entrepreneuriat est l’enjeu le plus important au niveau des normes culturelles et sociales. Ceci
comprend l’attitude face au soutien de l’entrepreneuriat et la compréhension de son importance
au sein de la société. La légitimité sociale de l’entrepreneuriat, la valeur que la société accorde au
travail autonome et la récompense de l’individualisme sont identifiés comme étant des facteurs
particulièrement importants.
Au Canada, les normes culturelles et sociales apparaissent à la fois dans la catégorie des
obstacles et dans celle des facteurs propices. Le graphique 22 indique que 26 % des experts
estiment que le Canada n’offre pas un environnement social et culturel favorable à la poursuite
d’activités entrepreneuriales, tandis que 31 % d’entre eux considèrent qu’il offre, au contraire, un
environnement social et culturel bénéfique. Enfin, 15 % des experts suggèrent que les normes
culturelles et sociales canadiennes nécessitent une amélioration afin de promouvoir au moins
l’acceptation sociale des activités entrepreneuriales.
Les normes culturelles et sociales sont relativement plus saines au Canada que dans les
autres nations du GEM. Le graphique 20 montre que le Canada se situe une fois de plus audessus de la moyenne du GEM, mais bien au-dessous des États-Unis. On peut tenir pour acquis
que les Canadiens tendent plutôt à utiliser le cadre entrepreneurial américain comme point de
référence, ce qui amène de nombreux experts à considérer que le Canada éprouve des faiblesses
dans certains secteurs, comme celui des normes culturelles et sociales.
Programmes gouvernementaux
Les programmes gouvernementaux font référence à la présence et à l’efficacité des
programmes directs visant à financer les nouvelles entreprises et les entreprises en croissance à
tous les échelons du gouvernement. De nombreux pays ont adopté une politique visant à établir
des parcs scientifiques et des incubateurs d’entreprises comme moyen de soutien aux nouvelles
entreprises et aux entreprises en croissance. Néanmoins, comme le mentionnent les rapports du
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GEM de 2000 et 2002, les programmes de soutien et autres formes d’assistance constituent une
condition nécessaire, mais qui n’est pas en elle-même suffisante pour promouvoir
l’entrepreneuriat.
Au Canada, les experts ne sont pas unanimes quant à savoir si l’accessibilité et
l’efficacité des programmes gouvernementaux sont des obstacles ou, au contraire, des facteurs
propices. Le graphique 22 indique que 9 % des experts voient les programmes gouvernementaux
comme un obstacle tandis que 10 % d’entre eux les considèrent comme un facteur propice. Les
programmes gouvernementaux demeurent cependant un des grands points à corriger, puisque 20
% des experts recommandent qu’une amélioration y soit apportée.
Lorsque l’on compare les programmes gouvernementaux du Canada à ceux des autres
nations du GEM, les programmes canadiens font bonne figure. Le graphique 20 indique que le
Canada se place au-dessus de la moyenne du GEM et au-dessous des États-Unis. Le Canada
confirme donc son statut de nation pourvue de politiques gouvernementales concurrentielles. Le
graphique 21 montre que les points de vue des experts sont partagés en ce qui a trait aux
programmes gouvernementaux.
Transfert de recherche et développement (R&D)
Le transfert de R&D fait référence à la mesure dans laquelle la recherche et le
développement effectués au niveau national se traduisent en nouvelles occasions d’affaires et
également à la mesure dans laquelle ils sont accessibles aux nouvelles et petites entreprises et aux
entreprises en croissance. La commercialisation de la technologie à l’échelle mondiale exige un
financement important des efforts de recherche pour générer des entreprises innovatrices et des
possibilités d’emplois intéressantes et bien rémunérées.
Les experts interrogés n’ont que rarement mentionné cette condition structurelle à
l’entrepreneuriat. Le tableau 22 indique que seuls 6 % des experts interrogés ont placé
l’accessibilité aux programmes de R&D et la capacité de les financer dans le cadre des nouvelles
entreprises et des entreprises en croissance parmi les obstacles et que seulement 8 % étaient
d’avis contraire. En plus, seulement 4 % des experts ont recommandé que des améliorations
soient apportées aux initiatives de transfert de R&D.
En dépit de l’absence de préoccupation nationale au sujet du transfert de R&D, le
Canada tire son épingle du jeu dans les comparaisons avec les pays du GEM. Le graphique 20
révèle que le Canada se situe au-dessus de la moyenne du GEM, mais une fois de plus, audessous des États-Unis. De plus, comme l’indique le graphique 21, au cours de l’année écoulée, il
y a eu au Canada une diminution dans l’appréciation des programmes de R&D.
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Infrastructure commerciale et professionnelle
L’infrastructure professionnelle et commerciale a trait aux services commerciaux, aux
services comptables et aux autres services et institutions légales qui permettent ou favorisent
l’émergence des nouvelles et petites entreprises et des entreprises en croissance. Même si ces
infrastructures ne représentent pas un facteur primordial pour l’entrepreneuriat, elles n’en
demeurent pas moins importantes.
Au Canada, les experts ne se préoccupent guère de ce secteur et font peu de
commentaires sur la disponibilité et la qualité des infrastructures commerciales et
professionnelles au service de l’entrepreneuriat. Comme l’indique le graphique 22, 13 % des
experts considèrent ces infrastructures comme un facteur propice et 0 % comme un obstacle
exigeant une amélioration.
Une fois de plus, comme l’indique le graphique 20, le Canada se situe au-dessus de la
moyenne du GEM, mais au-dessous des États-Unis. Dans ce même graphique, on constate que la
moyenne canadienne est demeurée élevée au cours des quatre dernières années.
Ouverture du marché intérieur
L’ouverture du marché intérieur indique jusqu’à quel point on évite que les ententes
commerciales ne subissent des changements et des réorganisations constants qui empêcheraient
les nouvelles entreprises et les entreprises en croissance de concurrencer et de remplacer des
fournisseurs, des sous-traitants et des consultants déjà établis. En d’autres termes, ce point établit
dans quelle mesure il est facile de se lancer en affaires à l’intérieur du pays.
Au Canada, les experts interrogés n’accordent pas beaucoup d’importance à l’ouverture
des marchés internes. Seulement 9 % d’entre eux considèrent qu’il s’agit là d’un obstacle tandis
que 4 % y voient un facteur propice. Les experts ne pensent pas que ce secteur exige des
changements immédiats et seulement 4 % d’entre eux estiment que cette condition structurelle à
l’entrepreneuriat a besoin d'amélioration.
Comparativement aux autres nations du GEM, on remarque que le Canada se situe
derrière les États-Unis et au-dessous de la moyenne du GEM, ce qui suggère que la conjoncture
relative à l’ouverture du marché intérieur représente un obstacle pour l’activité entrepreneuriale.
Néanmoins, les points de vue des experts à ce propos ont considérablement fluctué au cours des
dernières années.
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Accès à l’infrastructure physique
L’accès à l’infrastructure physique désigne la facilité d’accès des nouvelles entreprises
et des entreprises en croissance à des ressources matérielles, telles que les communications, les
services publics, le transport, le terrain ou l’espace, à un prix qui n’est pas discriminatoire à leur
égard.
Le développement des infrastructures matérielles au Canada est à un tel point satisfaisant
que les experts en ont à peine fait mention. Seulement 2 % l’ont considéré comme un obstacle et
0 % comme un facteur propice. En plus, aucun des experts n’y a vu un besoin d’amélioration.
Par comparaison, l'infrastructure physique du Canada se situe parmi les meilleures. Le
Canada se place juste derrière les États-Unis et il est reconnu pour être supérieur aux autres
nations du GEM. Au cours des quatre dernières années, les infrastructures matérielles sont
considérées comme relativement solides, et elles devraient le rester au cours des années à venir.
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Conclusions et répercussions
Des données de ce rapport, on peut tirer un certain nombre de leçons sur l’activité
entrepreneuriale et sur l’idée que se font les experts de l’entrepreneuriat au Canada. Les rapports
canadiens antérieurs ont examiné de manière détaillée l’effet des structures de financement et de
capital de risque, ainsi que leurs faiblesses et leurs besoins. Pour 2003, cinq points importants ont
été retenus, dont un bref aperçu est donné ci-dessous.
♦ Pour la troisième année consécutive, il y a eu une réduction de l’activité entrepreneuriale
totale (TAE) au Canada. Néanmoins, en matière d’activité entrepreneuriale, le Canada occupe
le 12e rang parmi les 40 pays recensés dans le cadre de l’étude 2003 du GEM. On ne doit pas s’en
inquiéter pour le moment, mais il est important de souligner cette tendance puisqu’il faudra y
apporter des correctifs au cours des prochaines années.
♦ L’activité entrepreneuriale augmente d’est en ouest au Canada. La seule exception à cette
règle générale est l’Ontario. La Colombie-Britannique a enregistré le taux d’activité
entrepreneuriale le plus élevé et le Canada Atlantique le taux le plus faible. Certains facteurs
expliquent la situation de l’Ontario. Parmi ceux-ci, on compte la position centrale qu’il occupe
dans le pays, le fait qu’il accueille la majeure partie des activités du gouvernement fédéral, son
taux d’immigration élevé (plus de 40 % de la population torontoise est composée d’immigrants)
et la proximité des industries dynamiques du Midwest américain.
♦ L’immigration semble jouer un rôle important pour expliquer l’activité entrepreneuriale.
Les régions qui connaissent la plus forte densité d’immigration semblent générer le plus
d’activité entrepreneuriale. Cette règle vaut pour la Colombie-Britannique et l’Ontario. Il est
donc raisonnable de suggérer que la densité en activité entrepreneuriale reflète la densité en
immigration qui, au Canada, est concentrée dans les trois plus grandes villes : Vancouver,
Toronto, et Montréal.
♦ La place qu’occupent les femmes dans l’entrepreneuriat doit être améliorée. Cette
affirmation se vérifie dans tous les pays du monde et le Canada n’y fait pas exception. La place
occupée par les femmes dans le secteur de l’éducation a augmenté de manière significative au
cours des dernières décennies. Néanmoins, la reconnaissance de l’entrepreneuriat a besoin d’être
fortement valorisée parmi les femmes de tous âges.
♦ Il faut valoriser davantage l’entrepreneuriat et lui accorder plus de place dans le système
d’éducation. Le fléchissement de l’activité entrepreneuriale peut être la conséquence de
plusieurs facteurs dont celui d’une croissance économique plus forte que la normale. Néanmoins,
il demeure que l’activité entrepreneuriale est à long terme une source de prospérité et de création
de richesse. Si l’image de l’entrepreneuriat semble s’être grandement améliorée au Canada, sa
valeur a besoin d’être rehaussée, particulièrement auprès des plus jeunes. Une façon de s’y
prendre pourrait être de présenter de manière constructive l’entrepreneuriat comme option de
carrière.
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Bibliographie
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