Accompagner vers l`emploi les personnes les plus vulnérables

Transcription

Accompagner vers l`emploi les personnes les plus vulnérables
Accompagner vers l’emploi les personnes les
plus vulnérables
Programme de formation
Participants
Travailleurs sociaux au sein des structures d’hébergement (CHRS) et encadrants techniques et CIP
au sein des structures d’insertion.
Dates
La formation est organisée sur 3 jours les 23, 24 et 25 avril 2013
Horaires : 9 h 00/12 h 30 - 13 h 30/17h00
Coût :
Adhérent : 450 €
non adhérent : 520 €
Problématique
Aborder la question de l'accompagnement vers l'emploi des personnes les plus vulnérables suppose
une analyse à plusieurs niveaux qu'il s'agit d'articuler :
Publics vulnérables : de qui parle t-on ?
Il s'agit tout d'abord de préciser ce que l'on entend par personnes les plus vulnérables. En effet,
l'évolution actuelle de la situation économique et ses conséquences sur l'emploi génèrent un
sentiment d'inquiétude largement partagé par une population qui ne présente plus les mêmes
caractéristiques que les publics appelés autrefois vulnérables. Comme si la notion de vulnérabilité
s'étendait progressivement à des personnes jusqu'alors plutôt protégées. Définir la notion de
vulnérabilité, cela suppose également un choix de type éthique assez fondamental : renoncer à un
étiquetage de personnes "qualifiées définitivement" de vulnérables et reconnaître que la vulnérabilité
est un processus plus qu'un état, qu'elle est par définition complexe et qu'elle est la conséquence d'un
cumul d'obstacles au moins autant contextuels, situationnels qu'intrinsèques à la personne.
Quelle évolution de la relation à l'emploi et au travail ?
Par ailleurs, cela nécessite de repérer à la fois les éléments structurels et opérationnels facilitant
l'accès à l'emploi (réduits parfois à des incitations ou aides à l'embauche pas toujours génératrices
de pérennité) et les éléments relatifs à la vitalité des bassins d'emploi et à leur transformation. Mais
cela suppose également de porter un regard sur les évolutions de la relation à l'emploi et au travail et
sur les modalités d'accès de plus en plus difficiles au monde du travail. En somme, prendre une
distance réflexive pour mieux repérer la multiplicité des facteurs agissants, les freins objectifs mais
également subjectifs, liés aux représentations sociales et aux évolutions considérables de la société
sur de nombreux plans. Dans une situation sociale où la pression augmente, tant pour les personnes
accompagnées que pour les professionnels, il devient essentiel de se doter d’une lecture partagée
des situations et de construire des pratiques homogènes tout en étant respectueux de la singularité de
toutes les personnes accompagnées.
1
Accompagnement : de quoi parle t-on ?
Par ailleurs, si l’accompagnement vers l’emploi des personnes les plus vulnérables est un sujet
récurrent pour l’ensemble des travailleurs sociaux et les équipes permanentes des Structures
d’Insertion par l’Activité Economique, la notion même d’accompagnement est sujette à débat. De quoi
s’agit-il précisément ? Qu’est ce que vise le professionnel ? Qu’est-ce que cela permet chez la
personne accompagnée ? De quoi parle t-on ? La posture, si elle est souvent invoquée, n’est elle
même pas consensuelle. Quant aux moyens techniques mis en oeuvre par le professionnel, ils sont
parfois allusifs et très implicites. Comment aider les personnes à s’engager dans des parcours ?
Comment travailler à mobiliser le public quand les solutions sont rares ? Comment accompagner des
projets à long terme alors même que tout incite à se focaliser sur les échéances immédiates ?
Comment gérer le sentiment d'impuissance qui peut surgir à tout moment dans un processus par
nature turbulent et parfois décevant ?
Un système complexe
Par ailleurs, la multiplicité des structures et des intervenants impliqués dans la question de l'accès à
l'emploi (Pôle Emploi, Missions Locales, PLIE, Cap Emploi…) des publics dits vulnérables pose la
question de l'articulation des acteurs, de leur complémentarité voire des modalités coopératives
possibles dans un champ où une concurrence implicite existe aussi.
Quels indicateurs ?
De plus, si la demande sociale, tant individuelle qu’institutionnelle se multiplie sur le champ de
l’accompagnement, les pratiques elles-mêmes n’ont jamais été autant questionnées. Les
prescripteurs ou les financeurs introduisent des clauses de résultats en terme d’insertion alors que les
professionnels se sentent parfois démunis face à des publics pouvant cumuler des obstacles dans
l’accès à l’emploi. Cela pose le problème des indicateurs de réussite de ce travail mais également des
outils et méthodes mis en oeuvre. Comment naviguer entre les contraintes organisationnelles
incontournables et une nécessaire adaptation aux situations singulières ?
Mobiliser ?
Au-delà de la formule séduisante et consensuelle de « Citoyen acteur », la réalité est moins facile. On
peut insister sur l’importance d’une appropriation du travail proposé en accompagnement et
également d’un engagement conscient dans l’action, mais tout cela ne se décrète pas. Sur quoi se
fonde l'engagement ? Qu'est ce qui fait que l'on persévère ? Quelles ressources mobiliser pour éviter
le fatalisme ? Les approches par la mobilisation du pouvoir agir ("Empowerment"), investies
initialement dans d'autres champs que les métiers de l'accompagnement, prennent une importance
nouvelle au regard des changements de paradigme auxquels nous assistons.
Modalités d’intervention
Tout au long de ces trois journées de formation, nous veillerons à :
- Eviter les simplifications de processus complexes et multifactoriels.
- Avoir toujours à l'esprit que parler de personnes vulnérables peut vite nous amener à des
catégorisations fixistes caractérisant des individus.
- Considérer que si la vulnérabilité est un processus complexe, le prendre en compte dans toutes ses
dimensions suppose une position éthique forte : la présomption de compétences des personnes et
la croyance dans la réversibilité des situations.
- Penser la question dans une approche élargie et systémique où il s’agit de coordonner les initiatives
et de valoriser et modéliser les réussites.
- Questionner certains présupposés qui ont fondés nos approches des dernières décennies.
2
Objectifs de la formation
Le dispositif de formation proposé aux participants doit leur permettre de :
1- Appréhender la réalité actuelle de l’accès à l’emploi, dans ses aspects individuels (gestion de
l’incertitude, insécurité professionnelle, risque d'abandons) collectifs (rapports au travail, nomadisme
professionnel, idéalisations, pression des commanditaires, acteurs impliqués, dispositifs initiés),
objectifs (données chiffrées, évolutions et tendances) et subjectifs (représentations sociales).
2- De préciser la notion de "personnes vulnérables" en montrant la complexité du processus, la
variété des situations, les obstacles à prendre en compte et les leviers d'action à utiliser.
3- De clarifier le processus d’accompagnement vers l'emploi en repérant ses objectifs, ses
principes, ses limites et le positionnement professionnel le plus adéquate (objectifs, modalités
concrètes de contractualisation, indicateurs…), au regard notamment des autres intervenants.
4- S'approprier les approches relatives à la mobilisation du pouvoir d'agir : éléments théoriques,
conditions nécessaires, principes d'intervention, outils et méthodes
5- Formaliser et mettre en oeuvre des méthodologies d'accompagnement vers l'emploi et initier des
pratiques source de mobilisation et de persévérance pour les personnes accompagnées.
Modalités pédagogiques – La dimension collaborative sera privilégiée
Il ne s’agit pas uniquement d’une formation ayant pour but la présentation de démarches ou d’outils
mais bien d’un travail collectif favorisant la réflexion, l’échange et l’appropriation des problématiques.
- La formation doit permettre à la fois une interrogation et un enrichissement des pratiques par des
apports historiques, théoriques et méthodologiques mais elle suppose également une réflexion sur
ces pratiques et une prise de distance.
- Le travail prend appui sur des situations d’accompagnement dans le respect de chacun et l'absence
de jugements.
- Les apports théoriques ou les outils proposés ont pour but d'éclairer des pratiques, de favoriser la
créativité individuelle et non d'apporter des modèles figés.
- Des documents de travail seront transmis aux participants reprenant les concepts et méthodes
évoqués.
Déroulement
1er jour : mardi 23 avril 2013
Thème de travail : Définir et prendre en compte la vulnérabilité
Personnes vulnérables : de qui parle t-on ?
- Analyser la vulnérabilité, le processus et ses effets
- Appréhender la diversité des situations
Le contexte actuel, les évolutions de l'emploi et de la relation au travail
-
Analyse des caractéristiques et des exigences du système social et économique actuel
Analyse des dispositifs existants, de leurs objectifs et présupposés
Les conséquences en terme de représentation et de stratégie pour le public
Les conséquences en terme d'ingénierie des dispositifs d'accompagnement
3
Les obstacles et leviers d'action
- Question de place, d'identité et de confiance
- Le risque du fatalisme
- Soutien social
2ème jour : mercredi 24 avril 2013
Thème de travail : Revisiter les pratiques d'accompagnement vers l'emploi
Les différents paramètres en jeu dans l’accompagnement vers l'emploi
- La relation d’accompagnement : objectifs, modalités, limites, obstacles,
- La motivation des publics et le pouvoir d’action de l’individu dans la gestion de son évolution
professionnelle,
- Les résistances au changement et les risques d'abandon,
- Les marges de manoeuvre et les leviers d’intervention du professionnel dans le champ de
l’accompagnement (dispositif, posture professionnelle, partenariat…).
Les méthodologies d’intervention
-
Les techniques de diagnostic partagé de situation,
Les outils de travail sur les représentations professionnelles,
La place et les limites du projet, les approches stratégiques et l'entrée par les scénarios
Les théories de la mobilisation du pouvoir d'agir (Empowerment) et leurs déclinaisons dans la
pratique d'accompagnement,
- Place et posture de l’usager : un modèle d’analyse (entre soumission, accord et engagement),
- Exemples de dispositifs d'accompagnement inspirés de ces approches.
3ème jour : jeudi 25 avril 2013
Thème de travail : Pratiques collaboratives et prise en compte des contextes
Une approche systémique et coopérative des problématiques
- La connaissance du marché du travail, de ses évolutions, des contextes et des acteurs
- Le travail partagé sur les représentations limitantes vis à vis du public
- Les modalités de travail collaboratives impliquant les usagers
- Une modélisation des réussites
Une formalisation des conditions de réussite
- La question de la confiance et de la présomption de compétence
- La question du soutien social
- Le passage d'une logique d'articulation des rôles à une réelle coopération entre acteurs
- L'importance des expérimentations avec les entreprises
- Le recours aux dispositifs d'immersion ou d'essai sur le terrain
- L'importance du développement du pouvoir d'agir collectif
Intervenant
André Chauvet -Consultant, Directeur d’André Chauvet Conseil
André Chauvet intervient depuis plus de 25 ans autour des questions d'accompagnement, d’orientation et
d’ingénierie des compétences.
Il anime régulièrement des sessions d’analyse de pratiques et travaille sur l’accompagnement de démarches
qualité dans les services au public. Par ailleurs il a développé les approches expérientielles et stratégiques dans
l’accompagnement individualisé et formalisé ces méthodologies dans un dispositif spécifique, Altéostratège,
fondé sur le développement du pouvoir d’agir. Très impliqué dans les débats actuels sur l’orientation et la
formation tout au long de la vie, il termine actuellement un ouvrage sur les pratiques d’accompagnement aux
trajectoires professionnelles et poursuit ses recherches sur la mobilisation du pouvoir d’agir dans le cadre d’un
projet Européen Léonardo.
4