Concours Scénarios contre les discriminations

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Concours Scénarios contre les discriminations
Concours
Scénarios contre les discriminations
5 scénarios aquitains retenus parmi les 300 premiers…
Pour un discours citoyen autour de la lutte contre les discriminations, le CRIPS (Centre Régional d’Information et Prévention
Sida) Ile-de-France et le GEPS (Groupement d’Etudes et de Prévention du Suicide) ont lancé du 5 octobre 2006 au 28 février
2007 un concours d’idées de courts métrages intitulé « Scénarios contre les discriminations »
e http://www.contrelesdiscriminations.fr/index.asp
Les participants ont été appelés à présenter des idées originales de scénarios pour réaliser des films de 2 à 4 minutes
maximum chacun. Ces films sont destinés à être diffusés sur les chaînes de télévision et dans les salles de cinéma. Les idées de
scénarios pouvaient être présentées à titre individuel ou en équipe.
Les scénarios ont été soumis à l’appréciation d’un jury composé de partenaires, de personnalités, de professionnels de la
prévention, de la culture, de l’audiovisuel et de la communication ainsi que de personnes de la société civile.
Fin avril 2007, des comités de lecture se sont réunis pour sélectionner 300 idées de scénarios parmi les 2534 reçues. Parmi
les 20 premières idées de scénarios sélectionnées, 10 ont donné lieu à la production de courts métrages. Les films sont
actuellement diffusés sur le site du CRIS Ile-de-France : e http://www.contrelesdiscriminations.fr/resultats.asp
Le CRAES-CRIPS Aquitaine a souhaité promouvoir 5 scénarios d’auteurs résidant en Aquitaine, arrivés parmi les 300 premiers lors de ce concours.
A sa place
Myriam CUBILIER (Gradignan)
Discrimination contre les personnes obèses
23 élèves de la classe de 5e 5 de Vérac (Gironde) :
Raphaël BELLUYE, Colin BEN SAFI, Emeric BLANC, Arnaud BLOCH, Maxime BOURLIER, Amandine CARBONNEL,
Mégane DEBIAIS, Laura DESCARPENTRIES, Claire DUBOSCQ, Laila EL ISSAOUI, Julie FLORES, Kathleen LAMOUREUX, Nattie LANNELUC,Vincent LASSALLE, Emmanuelle LECOMTE, Paul MEFIANT, Benjamin PAILLET, Dulce
PAULO, Kimberley PERODEAU, Christopher SICOT, Adeline TAUZIN, Margaux VERITE, Arthur WANIN
Enseignant encadrant : Godwyn PETER
Homme, femme, nos capacités sont les mêmes
Sophie CAMBORDE (élève de 2nde 2 du Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole de Montardon)
Enseignant et documentalistes encadrants : Cyril LEMASSON, Céline BRUT et Fran LUCE
Le compteur dans la tête
Sylvie BERTRAND (Bordeaux)
Les préjugés vous rendent aveugles
Julien FERAY (élève de 2nde 2 du Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole de Montardon)
Enseignant et documentalistes encadrants : Cyril LEMASSON, Céline BRUT et Fran LUCE
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
A sa place
INTERIEUR JOUR.
Une salle de pause dans une entreprise. Quatre hommes autour d’une grande table, un cinquième devant le distributeur de
sandwichs.
ANTOINE
Marc s’il te plait passe-moi le journal. (S’adressant à l’assistance) Elle est à quelle heure la réunion ?
MARC
Quatorze heures, si Madame nous fait pas un malaise ! (Rires étouffés)
Jérôme compatissant les rejoint à table.
JEROME
Vous poussez un peu les gars…Elle est enceinte.
ANTOINE
Ce n’est pas ce qu’on lui reproche…
JEROME
Ce que tu lui reproches c’est d’être une femme !
MARC (agacé)
Oui aussi ! Non franchement l’industrie auto ce n’est pas un métier pour les gonzesses merde !
CHRISTOPHE
C’est clair que je les vois plus à la maison à torcher les marmots. D’ailleurs bientôt elle va pouvoir tenter l’expérience.
JEROME
Ca t’arrange…hein ? Ca t’arrange. Tu vas pouvoir faire le lèche-cul devant Vidal pour lui piquer sa place !
Jérôme se lève, énervé, prend son cartable et s’apprête à quitter la salle. Sandrine l’assistante de l’employée enceinte entre
dans la salle avec un carton assez lourd. Jérôme revient sur ses pas. Les autres autour de la table ne daignent même pas se
lever pour aider Sandrine. Une chape de plomb s’installe dans la salle.
SANDRINE
Non mais surtout ne vous bousculez pas pour m’aider.
Elle laisse tomber le carton à côté du distributeur de sandwichs, se retourne vers la table.
SANDRINE (à l’assistance, ironique)
Merci les gars, c’est trop sympa.
MARC
C’est bon lâche-nous.
SANDRINE (sur le même ton)
Mais c’est déjà fait.
Elle quitte la salle accompagnée de Jérôme qui jette un dernier regard furieux à ses collègues. Il l’interpelle dans le couloir.
JEROME
Tu sais…faut pas faire attention à eux, on n’est pas tous comme ça dans la boîte.
SANDRINE
J’avais remarqué mais ces trois là n’oublient jamais de faire remarquer notre différence…
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
JEROME
Quelle différence ? Tu es une femme … (hésitant). Tu es un être humain… Heureusement qu’il y a des femmes ici…parce que les
conversations de vestiaires…moyen.
SANDRINE (en souriant)
Tu es gentil. Bon je te laisse à tout à l’heure.
JEROME
A tout à l’heure
Retour dans la salle de pause. Les quatre collègues s’apprêtent à quitter la table en la débarrassant, enfilant leur veste. Ils débattent du cas de Sabine.
MARC
En plus dans trois mois faudra la remplacer. D’ici qu’elle nous en ponde un deuxième dans deux ans. Elle coûte cher à la boîte.
FABIAN
Décidément tu n’aimes pas les femmes.
MARC (cynique)
Si quand elles sont à leur place.
Ils quittent la salle en ricanant.
INTERIEUR JOUR.
Bureau de Sabine (enceinte de cinq mois), scotchée devant l’ordinateur, une main sur la souris et l’autre sur le portable. Elle raccroche lorsque Sandrine entre dans le bureau.
SABINE
Alors tout est prêt pour la réunion ?
SANDRINE
Oui les tables sont installées et tous les dossiers sont là-bas, le rétroprojecteur est en place. Bref, la fosse aux lions t’attend.
SABINE
Oh ça va, t’exagères un peu là non ?
SANDRINE
Comment tu fais pour supporter cette ambiance ?
SABINE (blasée)
Surtout ne pas leur montrer que ça te fait mal. Puis au bout de quelques temps ils laissent tomber.
SANDRINE
Désolée je n’ai pas ton aplomb. On est tellement peu nombreuses dans l’entreprise et encore moins à avoir des responsabilités.
SABINE
…………….
Sabine se lève, passe son bras autour du cou de Sandrine. Celles-ci sortent du bureau bras dessus- bras dessous.
SABINE (confiante)
Allez c’est parti !
Sandrine se penche vers le ventre de Sabine.
SANDRINE
Pourvu que ce soit une fille !
Elles partent dans un éclat de rire.
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
Discrimination contre les personnes obèses
Personnages :
• Robert, la personne obèse
• Jacques, la personne qui se moque
• Chauffeur de bus
• Une vieille personne
• Une mère et son enfant
• D’autres personnes prenant le bus.
Dans une grande ville, un bus bondé repart de son arrêt. Robert, un gros monsieur, essaie de le rattraper en courant. Il s’essouffle. Jacques, un homme plutôt mince, regarde Robert depuis la fenêtre du bus. Pour se moquer il le montre du doigt, fait
des grimaces et l’imite.
JACQUES
Monsieur le chauffeur, arrêtez-vous, il y a Balou qui veut rentrer.
Le chauffeur reste indifférent et s’arrête. Robert rentre essoufflé et a du mal à monter les marches. Les passagers le regardent. Sur un ton essoufflé, il dit bonjour au chauffeur. Le bus repart et il reste debout. Jacques rejoint Robert parce qu’il a
envie de se moquer, tout en le mimant (il fait l’essoufflé et fait une caricature d’une personne grosse, avec ses bras et ses
joues). Les enfants rigolent mais une mère dit à son enfant.
MERE
Ne rigole pas, ce n’est pas bien de se moquer !
Cependant elle ne dit rien à Jacques. Une vielle dame chuchote.
VIELLE DAME
Quel malpoli !
Jacques, de manière sarcastique et arrogante parle à Robert.
JACQUES
Bravo ! Tu as perdu un gramme. La prochaine fois j’arrêterai le bus plus tard et tu perdras un kilo. Ne me remercie pas, entre
amis, c’est normal.
Tout à coup, le chauffeur freine d’un coup sec car il n’a pas vu qu’un feu passait au rouge. Jacques tombe. Il y a des rires
étouffés venant des passagers. Robert reste debout. Il s’adresse à Jacques.
ROBERT
Moi, au moins j’ai les pieds sur terre.
Jacques sort du bus sans dire un mot, vexé, la tête basse.
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
Homme, femme, nos capacités sont les mêmes
En centre ville, dans une rue piétonne, un bâtiment est en construction.
On peut voir les maçons au travail. Il n’y a que des hommes sur le chantier. Tout le monde passe devant sans y prêter la moindre
attention.
Le chantier avance petit à petit, le nouveau bâtiment commence peu à peu à prendre forme. On a une vue globale sur l’ensemble
: on peut voir le chantier et la rue piétonne. Tout se passe normalement. Les gens continuent de passer devant sans regarder.
Le bâtiment est enfin terminé, il est magnifique, tout neuf. Il y a un gros plan sur celui-ci et les maçons qui le regardent d’un air
satisfait en buvant une bière. On voit ensuite les passants également en train de le regarder avec satisfaction.
Il y a un noir…
On revoit ensuite le même endroit (la caméra surplombe la rue), pareil qu’au début, avec au bord de la rue, un périmètre délimité
muni d’un panneau annonçant la construction d’un nouveau bâtiment sur ce terrain qui est en fait l’emplacement du précédent
nouveau bâtiment (la caméra s’est rapprochée petit à petit pour ensuite faire un plan sur le terrain en question).
Vue seulement sur la rue et les passants. On a l’impression que l’on recommence la même histoire qu’au début mais seulement
cette fois-ci, on ne voit pas de suite l’intégralité du chantier. Le plan est surtout cadré sur les gens qui passent car on se rend
compte qu’ils regardent le chantier d’un air étonné.
Quelques-uns un d’entre eux, notamment deux hommes, (déjà aperçus en tant que tel dans la scène précédente) s’arrêtent
même et disent tout fort en regardant le chantier (gros plan sur ceux-ci) :
- Regardes-les ! Elles sont ridicules ! Les métiers du bâtiment ne sont pas faits pour elles, ce sont des métiers pour les hommes
ça les vrais !
- De toute façon, je suis sûr qu’elles n’arriveront pas à le terminer, ou alors, il ne sera pas aussi bien fait et aussi solide qu’un
autre fait par des hommes. Des femmes sont incapables de faire des métiers comme ceux-là, ils sont réservés aux hommes !
Et on les voit partir en riant.
Finalement, il y a un gros plan sur le chantier qui nous montre que ce sont effectivement des femmes qui travaillent sur le chantier afin de construire un bâtiment. Nul homme n’est présent sur les lieux. La caméra met en évidence les femmes au travail et au
premier coup d’œil, on peut remarquer que celles-ci sont très motivées et qu’elles aiment ce qu’elles font. La caméra se recule
ensuite afin de nous montrer la surprise et l’étonnement général qui se lit sur le visage de quasiment la totalité des passants.
Quelques temps après, le bâtiment avance, les murs et la charpente sont montés. De nombreuses baies vitrées ont été installées
et l’une d’entre elles a été ouverte. A l’intérieur, (gros plan sur la baie vitrée) on pouvait voir les femmes travailler. La caméra se
recule ensuite et fait une vue d’ensemble sur le bâtiment et la rue. On aperçoit un groupe de quatre jeunes hommes d’une vingtaine d’années s’approcher et s’arrêter ensuite devant le chantier. Sourire aux lèvres, ils se moquent ouvertement des femmes :
- Mesdames, repartez aux fourneaux, construire des bâtiments, c’est pas fait pour vous !
- Mais oui, votre semblant de bâtiment-là, il ne tiendra jamais, dans deux jours, il sera déjà par terre !
- Vous les femmes, votre truc, c’est de faire la cuisine et de vous occuper des gosses. Repartez dans vos maisons et laissez faire ce
travail-là à des vrais hommes. Mais c’est gentil d’avoir essayé !
Tout le groupe rigole et les jeunes hommes s’éloignent.
Plan sur les femmes au travail qui nous prouve que celles-ci continuent de travailler comme si de rien n’était, sans relever ces
remarques désobligeantes.
Il y a un noir mais celui-ci est plus bref que l’autre.
Pour finir, gros plan sur le nouveau bâtiment une fois ce dernier entièrement achevé. C’est exactement le même gros plan que
l’on a fait à la fin de la première scène, une fois le bâtiment terminé par les hommes (flash-back qui remontre les hommes devant
leur bâtiment, lorsqu’ils buvaient une bière). Sans hésitation, on remarque que les deux bâtiments sont semblables, à aucun détail
près.
Dernier plan des femmes, fièvres et souriantes, devant le bâtiment en compagnie de l’architecte qui leur dit :
- Mes félicitations mesdames, vous avez fait un travail exemplaire, vous pouvez être fières de vous !
Tout le monde se met à rire et il y a ensuite un arrêt sur image.
Voix off qui dit : Décidément, les hommes n’acceptent pas que les femmes puissent être aussi compétentes qu’eux.
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
Le compteur dans la tête
1 : INT. APPARTEMENT LOLA / SALLE A MANGER SALON -- JOUR
[ Décor contemporain. Table dressée pour six personnes. Un canapé et deux fauteuils. ]
[ LA MERE – LOLA]
[ La mère – manteau coloré à boutons, jean, col roulé, bottillons, chapeau excentrique]
[ Lola – robe originale, pantalon, chaussures montantes, manteau coloré à fermeture à glissière]
ON PREND LE RISQUE DE SE MONTRER.
LA MERE
(Décidée, déjà vêtue, portant le manteau de Lola) Entre dans la pièce et dépose sur la table un euro cinquante. Regarde Lola
Lola ?
Lola est assise sur le canapé. Lola n’exprimera jamais la moindre émotion au cours du scénario.
LA MERE
Nous allons acheter du pain. Toutes les deux. Nous allons mettre nos manteaux parce qu’il fait froid.
La mère prend Lola par le bras, lui met son manteau, ferme la fermeture à glissière. Lola regarde la fermeture se fermer. Elle
la rouvre. La mère sourit. Lola attend. La mère prend les pièces de monnaie, les met dans sa poche et referme la fermeture.
Lola la rouvre.
2 : EXT. TROTTOIR DE RUE COMMERÇANTE-- JOUR
[ LA MERE – LOLA]
Lola et la mère sont arrêtées sur le trottoir. La fermeture est ouverte. Lola attend. La mère referme. Elles se mettent à marcher, main dans la main. Mère, sourire en suspens, attend le bruit de la fermeture. Lola rouvre. La mère rit en s’arrêtant.
LA MERE
(se baisse, pour remonter la fermeture)
Tu sais qu’on se croirait dans un terrain de camping à force d’entendre le bruit de la fermeture ? C’est presque beau comme
une nuit d’été !
La mère et Lola se remettent à marcher sur le modèle précédent jusqu’à « en s’arrêtant ».
LA MERE
C’est bien Lola. Tu as bien marché. Tu vois ? On arrive !
3 : INT. LA BOULANGERIE --JOUR
[ Au fond, droit devant soi, la caisse. Derrière la caisse, dans des présentoirs, différentes sortes de pain. ]
[ UNE DIZAINE DE CLIENTS – LA MERE – LOLA- LA BOULANGERE]
[Clients - vêtus chaudement.]
[ Boulangère – blouse blanche. Cheveux noués]
[ Des baguettes. Assortiment de gâteaux . Des boîtes de gâteaux de différentes grandeurs]
La mère regarde alternativement Lola et les clients qui sont devant elles. Lola fixe la file.
ON EST VU.
LA BOULANGERE
Bonjour Monsieur.
LE CLIENT 1
Bonjour, je désire trois baguettes pas trop cuites s’il vous plaît.
LOLA (chuchoté)
Bonjour je …
La mère regarde Lola, s’interroge. Lui tire la main. Lola continue.
LOLA
désire trois baguettes pas trop cuites s’il vous plaît. (part en crescendo jusqu’à la déclamation publique) Onze ! Onze !
ONZE !…
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
La mère soupire et sourit. Lola continue de clamer son onze. Les clients observent, s’interrogent, ne comprennent pas.
LA BOULANGERE
Deux euros vingt-cinq.
LOLA (murmure)
Deux eur…
LE CLIENT 1
Merci. Bonne journée
LA BOULANGERE
Merci, à vous aussi.
LOLA
(Toutes les répliques de Lola seront ainsi : murmurées pour les mots nouveaux et les nombres répétés se feront en crescendo
jusqu’à la déclamation publique)
Merci à vous aussi, quatre. Quatre !Quatre !…
Le client 1 sort en lorgnant Lola et la mère. La mère soupire en amorçant un sourire entendu. Elle sait qu’il va falloir expliquer la
règle !
LOLA
QUATRE !…
LA BOULANGERE
Bonjour Madame.Vous désirez ?
LOLA
Bonj…
LA CLIENTE 2
Je désire des gâteaux
LOLA
Je désire des gâteaux. Quatre ! Quatre ! QUA… !
La boulangère se dirige vers les gâteaux.
LA CLIENTE 3
(se tournant vers Lola, excédée par ce qu’elle ne parvient pas à identifier).
Non, pas quatre, il m’en faut huit.
LOLA
Non, pas quatre, il m’en faut huit. Sept ! Sept ! SEPT !…
Les clients regardent tous Lola et la cliente 3, en silence. La mère regarde les clients, Lola, la boulangère.
LA BOULANGERE
(regardant la cliente 3, perdant patience)
Quatre, sept ou huit ?
LA CLIENTE
(se retournant vivement vers la boulangère)
Huit !
LOLA
Huit. Un ! Un ! UN !…
La cliente 3 est exaspérée, la boulangère ne sait plus où elle en est. Les clients parlent en tous sens. On se jauge, on s’interroge,
on se juge. Les deux camps sont en présence : Mère/Lola contre les autres. La mère écoute, est en inspiration.
LOLA
UN ! UN ! …
LA CLIENTE 3 (moraliste, à la mère)
Vous ne pourriez pas l’éduquer cette petite ?
LOLA
Vous ne pourriez pas l’éduquer cette petite. Sept ! Sept ! SEPT !…
LA CLIENTE 3 (à la cantonade)
C’est une honte !
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
LOLA
C’est une honte. Trois ! Trois ! TROIS !…
Les clients parlent en tous sens, se prennent à témoin.
QUELQUES CLIENTS (tour à tour)
C’est une honte !
ON EXPLIQUE LA REGLE DU « JE »
La mère prend son élan, respire, sourit.
LOLA
C’est une…
LA MERE (émue)
Lola n’est pas une honte. Elle est autiste. Elle se réfugie derrière des gestes, des nombres, des répétitions. Parfois elle cache,
parfois elle montre. Aujourd’hui, elle montre ! L’entrée dans le monde est compliquée pour Lola mais elle mérite qu’on lui
donne sa chance, comme nous tous.
Lola se tait, écoute figée dans un faible balancement à peine perceptible. La cliente 3 bouche bée regarde Lola et la mère
avec un œil neuf. Leur sourit.
LA MERE
Oui. Lola est un jeu difficile mais elle y arrivera.
LA CLIENTE 3
Vous voulez prendre mon tour ?
LA MERE
(souriant à son tour, prenant ses un euro cinquante au creux de la main droite, souffle )
Je veux bien. Pardon.
LA CLIENTE 3
Je vous en prie.
LA MERE
Deux baguettes s’il vous plaît.
La boulangère les lui donne, confuse, souriante, silencieuse.
LA MERE
(plaçant les baguettes sous le bras droit)
Merci.
LA BOULANGERE
Je vous en prie. Au revoir Madame.
LA MERE
Au revoir Madame.
La mère prend Lola à main gauche et marche vers la sortie quand elle s’aperçoit qu’elle a toujours son argent. Elle revient
vers la caisse.
LA MERE
J’ai oublié de payer
LA BOULANGERE
Pardon. Merci
La mère et Lola repartent alors vers la sortie.
DES CLIENTS
Au revoir Madame
La mère sourit en fermant les yeux.
LA MERE
Merci
ON A GAGNÉ LA RECONNAISSANCE.
ON NE RISQUAIT RIEN D’AUTRE !
Concours Scénarios contre les discriminations – Participants région Aquitaine
Les préjugés vous rendent aveugles
1ère scène
Caméra
La caméra filme une terrasse de café d’un plan d’ensemble.
Action
Les gens discutent, rient, en buvant leur verre. Tout ce qu’il y a de plus banal.
2 ème scène
Caméra
La caméra filme les couples qui rentrent et sortent du bar.
Action
Différents couples, jeunes, âgés, se lèvent de table et quittent le bar.
Les autres personnes n’y font pas attention.
3ème scène
Caméra
La caméra filme un couple d’homosexuels (reconnaissables car ils se tiennent par la taille) entrant dans le bar, prend du recul sur
l’ensemble de gens.
Action
Les gens les regardent du coin de l’œil, se retournent et reprennent calmement leurs discussions.
Pendant ce temps le couple d’homosexuels passe en évitant les regards et va s’installer à une table au fond du bar.
4ème scène
Caméra
La caméra zoome sur un homme accoudé au comptoir.
Action
L’homme accoudé au comptoir se retourne vers un homme étant à côté de lui et dit :
- Les homos sont des gens bizarres tout de même
(La caméra filme l’autre homme accoudé au comptoir également).
L’autre homme prolétaire ordinaire, habillé en tenue de travail répond :
- Et pourtant à l’instant où vous me parlez je vous semble tout à fait normal.
5ème scène
Caméra
La caméra finit par prendre du recul sur les deux hommes.
Action
Les deux hommes ne disent plus rien et boivent chacun dans leur verre.
Après quelques secondes un slogan apparaît
Slogan proposé : « Respectons les différences »
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