Comptes Rendus

Transcription

Comptes Rendus
Annales de géographie
http://www.necplus.eu/AGO
Additional services for Annales
de géographie:
Email alerts: Click here
Subscriptions: Click here
Commercial reprints: Click here
Terms of use : Click here
Comptes Rendus
Annales de géographie / Volume 2013 / Issue 692 / July 2013, pp 480 - 480
DOI: 10.3917/ag.692.0480, Published online: 23 December 2013
Link to this article: http://www.necplus.eu/abstract_S0003401013692065
How to cite this article:
(2013). Comptes Rendus. Annales de géographie, 2013, pp 480-480 doi:10.3917/ag.692.0480
Request Permissions : Click here
Downloaded from http://www.necplus.eu/AGO, IP address: 78.47.27.170 on 17 Feb 2017
✐
✐
“Annales_692” (Col. : Revue de géographie) — 2013/7/22 — 20:38 — page 480 — #112
✐
✐
COMPTES RENDUS
❏ TÖDT Daniel
Vom Planeten Mars. Rap in
Marseille und das Imaginäre der
Stadt
Berlin, LIT Verlag, 2012.
Ce bref ouvrage en langue allemande
de 128 pages, intitulé De la planète Mars.
Le rap à Marseille et l’imaginaire de la cité,
a été écrit par un ethno-musicologue, mais
l’auteur, Daniel Tödt, pourrait très bien
être également qualifié d’ethnogéographe,
tant son intérêt pour l’espace est grand. En
effet, le projet de l’auteur n’est pas seulement de donner au lecteur un aperçu de
la riche scène marseillaise – à commencer
par son groupe phare depuis deux décennies, IAM – mais aussi de décrypter les
relations entre une certaine forme musicale (le rap) et un certain terreau urbain
(le bitume des cités, celles des quartiers
Nord et des quartiers populaires du centreville). Quels sont les espaces centraux du
rap marseillais ? Quelles images renvoientils de la cité phocéenne dans les textes
de leurs chansons ? Telles sont les deux
principales questions posées par ce livre.
Mais au-delà, comme son titre l’indique, il
s’agit, à travers le mouvement rap, de tenter de saisir ce qui fait « l’imaginaire de la
cité ». Le jeune auteur se réfère par cette
formule à des penseurs aussi prestigieux
et aussi différents que Walter Benjamin,
Kevin Lynch ou Marcel Roncayolo (NB :
dont le magnifique livre L’imaginaire de
la cité : Marseille, longtemps épuisé, s’apprête à renaître dans une édition électronique).
Le livre est original à plus d’un titre.
Ainsi, il se compose de sept chapitres, qui
ne sont pas de simples édifices à la pierre
de la démonstration mais qui suivent la carrière et les principaux albums du groupe
IAM ainsi que ses représentations géographiques (« New York, Naples et Alger »),
tout en les rattachant à des thèmes plus
généraux : la géographie du rap à Marseille
dans les années 1990, sa naissance dans
les années 1980, ses courants, ses principaux quartiers (Belsunce, Bellevue/Félix
Pyat et les quartiers Nord), ses origines
revendiquées (New York et la Méditerranée), son rejet de Paris (cf. la rivalité
notoire avec le groupe phare de la scène
francilienne, NTM), ou encore la montée du Front national à Marseille dans
les années 1980-1990, qui aiguise les tensions sociales et radicalise les paroles des
rappeurs. Daniel Tödt se réfère avec bonheur aux textes de nombreuses chansons
pour en tirer une « topographie du rap
marseillais » marquée du sceau de l’opposition : IAM, et avec lui toute la scène rap
phocéenne, s’est construit dans l’opposition aux quartiers Sud – les quartiers riches
–, à Aix-en-Provence – ville bourgeoise –
et plus que tout à Paris – ville honnie, symbole du pouvoir central et des privilèges
de la classe possédante. La démonstration
est séduisante.
La conclusion du livre, qui fait le lien
entre ce que l’auteur appelle la « texture
musicale » et la « texture urbaine », laisse
entrevoir des pistes intéressantes. Au total,
on est séduit par ce petit livre intelligent
et bien écrit, original dans sa démarche
comme dans son propos, agrémenté de
photos des groupes, des lieux, des couvertures d’albums et des affiches, doté enfin
d’une solide bibliographie comportant également des renvois vers le cinéma et la littérature. On regrettera simplement l’absence
de cartes qui auraient permis au lecteur
de mieux situer les quartiers marseillais
dans l’agglomération, et l’absence d’entretiens avec les acteurs de la scène rap, qui
auraient donné plus de corps à la démonstration.
Boris Grésillon
Ann. Géo., n° 692, 2013, pages 480-480,  Armand Colin
✐
✐
✐
✐