Les soucis d`une flotte mixte
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Les soucis d`une flotte mixte
F&B162_22_corner_fr_fash 25/02/08 FLEET-OWNERS 9:57 Page 34 CORNER Les soucis d'une flotte mixte Il y a véhicules de tourisme et véhicules utilitaires, et la différence est importante, surtout pour un gestionnaire de flotte mixte. En quoi l'approche des conducteurs est-elle différente ? L'aspect écologique est-il aussi important pour ces deux groupes ? Deux questions parmi d'autres auxquelles nous aimerions obtenir une réponse. Nous avons donc réuni deux Fleet Managers de flotte mixte : David Gaudissart (ThyssenKrupp) et Isabelle Briké (SA SPIE Belgium). En guise de boutade, on pourrait dire que vous êtes responsables d'une flotte ‘hybride’ comportant à la fois des voitures de tourisme et des utilitaires. Pouvez-vous éclairer notre lanterne ? David Gaudissart : « Dans notre cas, le rapport est de 80/20, soit 20 % de véhicules de tourisme et 80% de véhicules utilitaires, pour un total de 240 véhicules. Qui sont ces 20 % ? Eh bien, certains collaborateurs exerçant des fonctions commerciales, des cadres et des membres de la direction. Cela dépend en fait de leur tâche précise au sein de l'entreprise. Selon Fleet&business I 162 I FEVRIER-MARS 2008 I I 34 le niveau de fonction, ils disposent d'un choix plus ou moins limité – plus leur fonction est élevée, plus ce choix est large – ou d'un budget libre pour les fonctions les plus élevées. Il en va tout autrement pour les véhicules utilitaires qui sont étroitement liés à la fonction exercée, le choix de la marque et du modèle étant exclusivement effectué par l'entreprise. Evidemment, certains éléments interviennent, notamment la fiabilité, l'image de la société, etc. Et cela ne veut pas dire que l'on ne consulte pas les salariés. En définitive, ce sont bien eux qui conduiront tous les jours le véhicule retenu. S'ils sont satisfaits de leur matériel, cela ne peut que nous être bénéfique. Il s'agit donc d'un instrument essentiel dans le cadre d'une politique HR au sens large. Un mot encore : pour simplifier les choses, nous avons opté pour le leasing opérationnel pour toute notre flotte. Les seules exceptions résultent d'héritages du passé et sont systématiquement résorbées. » Isabelle Briké : « Le cadre esquissé par David me paraît familier. Chez nous, les proportions sont légèrement différentes : sur une flotte de 500 véhicules, la répartition est de 50/50. Nous avons aussi exclu- ISABELLE BRIKÉ DAVID GAUDISSART SPIE BELGIUM THYSSENKRUPP F&B162_22_corner_fr_fash 25/02/08 9:57 Page 35 ISABELLE BRIKÉ VOTRE CARRIÈRE Fonction : Fleet Manager Véhicule : Renault Mégane (« pas voiture de fonction ») Flotte : 500 Forme de financement : leasing opérationnel Supérieur hiérarchique direct : Purchase Manager VOTRE CHOIX Voiture de rêve : Aston Martin Vacances : Italie Boisson préférée : champagne UNE COLONNE DISTINCTE POUR LES ÉMISSIONS DE CO2 « Nous faisons référence dans notre short-list aux émissions de CO2 et ce, depuis de nombreuses années. Par le passé, cela nous a souvent valu des regards interrogateurs, mais les temps changent. Nos conducteurs sont désormais habitués à ce terme. Ils savent de quoi il s'agit et en comprennent l'intérêt. Il est important que tous les éléments jouant un rôle lors du choix du véhicule soient bien expliqués. L'aspect vert ne fait pas exception à cette règle. Il s'agit en définitive d'une matière très sensible qui a chez nous un impact direct sur le budget véhicules. » LE CONSEIL AUX COLLÈGUES FLEET-OWNERS « Soyez surtout bien clairs lors de la rédaction d'une car policy. C'est la seule vraie manière d'éviter toute déconvenue ultérieure. » L'aspect vert C'est un peu devenu la questionbateau, mais quel rôle joue l'aspect écologique dans la gestion de vos flottes ? Quelque chose me dit que c'est justement l'élément utilitaire qui complique la réponse à cette question… IB : « Exactement ! Mais permettez-moi tout d'abord de formuler une remarque générale : lorsque la taxe CO2 a été instaurée voici quelques années, nous avons commencé à réfléchir au niveau interne. Il est vite devenu évident que ce n'était qu'un début. Anticipant les futures mesures, nous avons donc adapté nos I budgets. Quant à savoir si cela joue autant pour les utilitaires que pour les voitures de tourisme, c'est autre chose. Nous avons en tout cas tenté d'introduire cet aspect ‘vert’ dans ce segment. Si l'on peut par ex. raisonnablement se contenter d'une motorisation inférieure, on le fera. Le fait est que ceux qui négligent actuellement cette question en ressentiront à l'avenir les conséquences fiscales. » DG : « Comme notre flotte est davantage axée sur l'utilitaire, il s'avère assez difficile de lui conférer un cachet vert. Il faut aussi d'abord penser aux tâches spécifiques de ces véhicules et pour les utilitaires, c'est sensiblement plus complexe que pour les véhicules de tourisme. » F&B : Peut-on en conclure, indépendamment de votre cas personnel, qu'il s'agit là d'une problématique qui va s'amplifier dans le cadre de la gestion d'une flotte ? DG : « J'en suis convaincu. J'essaie toujours d'acheter des véhicules particuliers en pensant à l'aspect écologique. On constate aussi sur le terrain que chez la plupart des gens, les avantages psychologiques s'estompent. » I IB : « Le tout est de leur faire comprendre qu'il existe certains avantages très concrets. C'est une situation gagnantgagnant pour tous. Je fais en outre tester aux gens un maximum de modèles. Un moteur 1.6 litre actuel n'a plus rien à voir avec ceux d'il y a quelques années. » Pratique I Comment gérez-vous votre flotte utilitaire au quotidien ? Tous les véhicules doivent-ils par ex. revenir chaque soir sur le parking de l'entreprise ? DG : « Chez nous, non. Chaque véhicule a son propre chauffeur et celui-ci rentre chez lui avec. Le véhicule reste également chez lui le week-end. L'important est que pendant ces deux jours, on ne peut en aucun cas l'utiliser. Il s'agit d'un outil de travail et il doit donc être utilisé comme tel. On constate que ces règles sont parfaitement suivies. » IB : « Nous connaissons les deux situations, pour une raison évidente : seuls 20 % ont un chauffeur fixe. Les autres sont ce que l'on appelle des véhicules de chantier. C'est d'ailleurs dans cette catégorie que l'on rencontre des problèmes. On constate une tendance accrue Fleet&business I 162 I FEVRIER-MARS 2008 I sivement opté pour le leasing opérationnel même si, ici encore pour des raisons historiques, cela ne concerne pas 10 % de notre flotte. Pour les véhicules particuliers, nous recourons à plusieurs catégories - 5 au total. Pour les 3 catégories inférieures, je procède deux fois par an à une sélection des véhicules qui seront proposés. Pour les catégories supérieures, les conducteurs peuvent faire leur propre shopping. Attention : les budgets sont les budgets et il ne saurait être question de les dépasser. » 35 F&B162_22_corner_fr_fash 25/02/08 9:57 Page 36 DAVID GAUDISSART VOTRE CARRIÈRE Fonction : Fleet Manager Véhicule : SEAT Leon (« pas voiture de fonction ») Flotte : 240 Forme de financement : leasing opérationnel Supérieur hiérarchique direct : responsable HR VOTRE CHOIX Véhicule de rêve : « Sportif, sans être extravagant » Vacances : « Essentiellement des minitrips » Boisson préférée : vin LE CONSEIL AUX COLLÈGUES FLEET-OWNERS « L'écologie est essentielle et va encore gagner en importance – tenez-en compte. » Fleet&business I 162 I FEVRIER-MARS 2008 I à ‘refiler’ certains problèmes – une déclaration d'accident par ex. – à l'utilisateur suivant. Le même problème survient aussi pour les entretiens. Pour bien gérer ces situations, nous comptons sur le sens des responsabilités du chef de chantier concerné. » 36 I La discipline des conducteurs estelle différente lorsqu'il s'agit de véhicules de tourisme ? IB : « Un véhicule utilitaire reste tout de même très différent d'un véhicule particulier, c'est évident. Au sein du groupe des véhicules de société, on se montre moins négligent avec les voitures de tourisme, d'autant plus que nous avons ici instauré un outil bien particulier. Pour déterminer les dommages en fin de contrat, les conducteurs peuvent en effet recourir à un expert indépendant. Cela évite non seulement pas mal de discussions mais apprend aussi aux conducteurs ce que l'on peut vraiment qualifier d'usure normale d'un véhicule. Cette possibilité existe depuis près de 5 ans et nous en récoltons désormais de plus en plus les fruits. Nous partons aussi du principe que les conducteurs reçoivent un montant fixe de COLLABORER AVEC UNE SOCIÉTÉ DE LEASING PROACTIVE « Au départ, nous collaborions avec plusieurs sociétés de leasing, pour ensuite ramener leur nombre à 3. Puis, suite à une reprise, elles sont de fait devenues 2. Ce choix a été mûrement réfléchi : c'est un nombre suffisant pour que la concurrence joue pleinement, tout en permettant de garder une vue globale et claire. On leur demande en fait, comme à tout autre partenaire, de faire correctement leur travail. L'informatique permet beaucoup de choses, mais il ne faut pas en abuser pour se soustraire à ses responsabilités. J'aimerais parfois bien disposer plus rapidement d'un papier, d'un document ou d'un e-mail. J'entretiens aussi de nombreux contacts avec mes partenaires de la société de leasing. Le fait que ceux-ci fonctionnent de manière proactive s'avère essentiel pour une gestion efficace. » l'entreprise. Si les dommages sont supérieurs, ils doivent payer la différence. Ces informations figurent clairement dans notre car policy, sur l'intranet. Il suffit de les consulter. » DG : « Il est important que nos chauffeurs comprennent que nous ne leur demandons pas l'impossible. Je comprends fort bien que l'utilisation d'un véhicule utilitaire ne soit pas toujours évidente. Nos collaborateurs travaillent souvent avec des huiles et d'autres produits, et l'on ne peut pas demander que tous ces véhicules soient toujours dans un état de propreté irréprochable. Mais il m'arrive de leur en parler. Ils peuvent aller au car-wash deux fois par mois et ils doivent donc le faire. » Réseaux Quel rôle le salon de l'auto joue-t-il pour vous ? DG : « Le Salon de l'Auto de Bruxelles est important car il permet de se faire une idée des modèles disponibles et de vérifier quelles marques offrent les meilleurs produits. C'est alors que l'on peut découvrir ce qu'il y a de mieux pour notre personnel, qu'il s'agisse de voitures de tourisme ou de véhicules utilitaires. » I IB : « Certes, mais les choses sont tout de même un rien différentes pour les véhicules particuliers. Il y a toujours bien une promotion en cours, quel que soit le moment de l'année. Ce n'est pas pour cela que j'attends chaque année le salon. Ce qui m'intéresse, ce sont les réseaux. Je profite aussi de cette période pour examiner une nouvelle fois soigneusement les conditions de l'année à venir. » Question subsidiaire : comment voyez-vous l'avenir de votre flotte ? Souhaitez-vous mettre l'accent sur de nouveaux éléments ? Bref, quelle direction faut-il prendre ? IB : « Il est important que notre flotte s'élargisse de façon systématique. Je souhaite à l'avenir continuer à insister sur l'aspect écologique et viser autant que possible la déductibilité de 75 %. » DG : « Notre flotte a progressé de 10 % par rapport à l'an dernier et nous suivons donc aussi cette tendance. Je pense que plus une flotte augmente, mieux l'on peut évaluer les effets de certaines mesures et, si nécessaire, corriger le tir. » I Michaël VANDAMME