Le Guggenheim, musée mondial - Conservatoire de musique

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Le Guggenheim, musée mondial - Conservatoire de musique
LUNDI 20 AOÛT 2012 L’EXPRESS
MUSIQUE
SP
La plénitude trouvée
Après la naissance de son fils, la
chanteuse canadienne Alanis Morissette
revient avec un nouvel album «Havoc
And Bright Lights».
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LE MAG
CULTURE L’institution américaine multiplie les «filiales». Analyse d’un phénomène.
Le Guggenheim, musée mondial
VALÉRIE DUPONCHELLE
Guggenheim, le nom résonne
comme l’étendard de l’architecture moderne, comme l’art de
l’Amérique à faire valoir sa culture à l’étranger. A New York, le
Guggenheim de Frank Lloyd
Wright (1959) est le sanctuaire
de Kandinsky. Il a été, depuis, la
cathédrale du vidéaste Bill Viola
en 2002, le parfait terrain de jeu
en spirale de Matthew Barney, le
faune de l’art contemporain, en
2003, la rampe vers le succès du
Chinois Cai Guo-Qiang, avec sa
horde de loups en marche et son
mobile en mikado de vraies voitures, en 2009.
Le premier Guggenheim né à New York en 1959.
C’est un roman
américain
avec coups du sort
et conquête
de l’Ouest, argent,
goût du pouvoir...
A Bilbao, le Guggenheim de
Frank Gehry (1997) est une star
américaine, espagnole, basque,
européenne qui épate par son
éclat de titane et par son énergie
internationale jusqu’aux plus
sceptiques de la reconversion
post-industrielle. A qui l’idée?
C’est un roman américain avec
coups du sort et conquête de
l’Ouest, argent, goût du pouvoir,
rêves de grandeur, utopie et brutalité des faits.
Son personnage central s’appelle Thomas Krens, géant arrogant, mâle et brillant comme ses
études, né en 1946 à New York.
En vingt ans de règne au Guggenheim, de 1988 à 2008, ce manager culturel a transformé le bastion sélect d’un collectionneur
américain, Solomon R. Guggenheim (1861-1949), en entreprise
muséale bonne pour l’exportation. En vulgaire produit, dirent
ses détracteurs. Après New York
et Venise (la collection de Peggy
Guggenheim, nièce de Solomon)
projet capota, mais les plans et la
maquette furent montrés ensuite
à la Fondation Peggy Guggenheim à Venise. C’était la Biennale
de Venise 1990. Dans le flot des
nations de l’art, des visiteurs basques eurent l’idée de leur vie.
«Nous voulons un Guggenheim Bilbao, encore plus grand que celui de
Salzbourg, car Bilbao a besoin de
plus de culture!», dirent-ils à Tom
Krens. Le projet titanesque naquit peu après.
Un vaisseau de titane dessiné
par le Canadien Frank Gehry atterrit sur les berges de la Ria, au
milieu d’une immense friche industrielle de 345 000 m2. Une
décennie plus tard, il brillait au
cœur d’un paysage urbain
d’avant-garde.
«Une usine de la culture»
Celui de Venise au bord du Grand Canal.
A Bilbao, le phénoménal musée Guggenheim de Frank Gehry inauguré en 1997.
est venu le temps de Bilbao, en
1997. Puis de Berlin, en s’alliant à
la Deutsche Bank (mais le projet
est en suspens aujourd’hui). Puis
de Las Vegas qui s’est allié à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, exposant ses merveilleux Picasso cubistes au cœur du Venetian
Hotel, dans un écrin somptueux
de l’architecte de Rotterdam
Rem Koolhaas (l’expérience n’a
duré que de 2001 à 2003).
Le projet d’un Guggenheim
mexicain annoncé pour 2011 à
Guadalajara a été annulé en
2009. Comme celui d’Helsinki,
rejeté in extremis au printemps,
à deux doigts de sa signature officielle, un revirement politique fatal. Reste Abu Dhabi à la pointe
de l’île de Saadiyat. Malgré les rumeurs pessimistes, ce chantier
tout en cubes d’enfant et en cônes de lumière bleue de Frank
Gehry est bien sur les rails.
Avance pionnière
Avec le recul, on ne peut que reconnaître cette avance pionnière
du Guggenheim sur une culture
aujourd’hui en pleine mondialisation: le Louvre s’exporte à Abu
Dhabi, le Centre Pompidou se
dédouble à Metz et prospecte à
Et le projet d’Abu Dhabi signé Frank Gehry. KEYSTONE
Shanghai et à Hong-kong, la Tate
est à Liverpool comme à Londres. Question d’intuition forte
et de réaction immédiate? «J’ai
rencontré Tom Krens en 1989 à
New York. Il venait d’être nommé à
la tête du Guggenheim», se souvient le galeriste Thaddaeus Ropac, installé à Salzbourg et à Paris.
«C’était un directeur jeune, dynamique, très impressionnant par son
ouverture et sa maîtrise. Le Guggenheim alors, c’était New York et
Venise, point.»
L’année suivante, un petit
groupe de Salzbourg l’invita dans
cette ville patrimoniale du
Saint Empire romain germanique. Il était allé à New York et
voulait un musée contemporain
du même acabit qui serait leur
Guggenheim européen. Tom
Krens rejeta net leur proposition
de châteaux ou de bâtisses historiques à réhabiliter, trop près de
l’Autriche de jadis. Il n’entendait
soutenir pareil défi qu’avec une
architecture radicalement nouvelle. Il obtint carte blanche. Où
poser pareil géant? «Tom se promena partout, refusa tout, puis s’arrêta: je veux le rocher de la montagne, juste derrière l’Opéra!»,
raconte Thaddaeus Ropac. Le
En 2007, pour ses dix ans fêtés
avec liesse, le Guggenheim Bilbao affichait un million de visiteurs par an, contribuait à hauteur de 1,57 milliard d’euros à
l’économie du Pays basque espagnol et avait généré 4500 emplois directs ou indirects sur la
période. Le Guggenheim a servi
de locomotive urbaine pour remodeler le paysage industriel «sinistré et déprimant» de la ville
portuaire. Certains dénoncèrent
«l’architecture-marketing». Elle
se visite aujourd’hui comme le
poisson argenté de Gehry.
Mince à l’extrême comme un
New-Yorkais, Juan Ignacio Vidarte dirige ce musée d’esprit
américain, mais espagnol et surtout basque, avec un succès qui
dépasse les frontières. «C’est une
usine de la culture», résume Juan
Ignacio Vidarte, Basque soucieux de transformer le «modèle Guggenheim» en «quelque
chose d’unique, lié au lieu et au
temps». Les échanges New
York-Bilbao sont constants. Ils
aboutissent à un vaste réseau
d’idées et d’œuvres, se concrétisent en expositions-phares.
«Anish Kapoor» après la Royal
Academy. «Serra-Brancusi»,
après la Fondation Beyeler à
Bâle. Le public vient de partout
pour les (re)voir. Le Figaro
LA CHAUX-DE-FONDS Deux récitals exceptionnels de l’Académie de cor les 23 et 25 août à la Salle Faller.
Une semaine de découvertes musicales
Dirigée par Bruno Schneider,
l’Académie de cor 2012 débute
aujourd’hui, au Conservatoire
de musique de La Chaux-deFonds. Ponctuée du récital des
professeurs le 23 août, l’académie se terminera samedi par le
concert des participants.
Y prennent part des étudiants
et étudiantes suisses et des quatre coins du monde. Professionnels en début de carrière, musiciens préparant des auditions
d’entrée dans les orchestres ou
visant des concours internatio-
naux, ils travailleront, alternativement, sous la direction de
trois maîtres de renom et accompagnés de pianistes professionnels.
Soliste de l’Orchestre du Festival de Lucerne, parmi d’autres
activités internationales, professeur à la HEM de Fribourgen-Brisgau et de Genève, Bruno Schneider a commencé
l’étude de son instrument avec
Robert Faller à La Chaux-deFonds. Un jour, il a imaginé
cette ville en capitale du cor.
Passant du rêve à la réalité, il
organise à La Chaux-de-Fonds,
tous les deux ans depuis 1997,
des masterclasses offrant la possibilité, à ceux et celles engagés
dans la carrière professionnelle, de bien s’y préparer.
Thomas Müller, spécialiste du
cor naturel, parmi les plus recherchés en Europe, professeur
à la Schola cantorum de Bâle et
Esa Tapani d’Helsinki, aujourd’hui professeur à l’académie de musique de Francfort,
bien connu du monde de la mu-
sique, captiveront les participants.
Les auditeurs, bienvenus, bénéficieront de leurs conseils.
Les cours ont lieu dès aujourd’hui et jusqu’à vendredi de
9h30 à 12h30 et de 14h à 17h,
entrée libre. DENISE DE CEUNINCK
+
INFO
La Chaux-de-Fonds:
Conservatoire de musique, Salle Faller,
le 23 août à 20h, concert
des professeurs; le 25 août à 18h,
cérémonie de clôture, entrée libre.
Bruno Schneider, artiste de renom et fondateur de l’académie. RICHARD LEUENBERGER

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