Bobby Fischer - L`échiquier pour jouer au jeux d`échecs
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Bobby Fischer - L`échiquier pour jouer au jeux d`échecs
Bobby Fischer - Meilleurs joueurs d’hier - Champions du monde Robert James Fischer Bobby Fischer à Leipzig en 1960 Surnom(s) Bobby Fischer Naissance 9 mars 1943 Chicago, États-Unis Décès 17 janvier 2008 (à 64 ans) Reykjavík, Islande Nationalité Islande États-Unis Profession(s) Joueur d’échecs Distinctions Champion du monde d’échecs Robert James Fischer dit Bobby Fischer, né le 9 mars 1943 à Chicago et mort le 17 janvier 2008 à Reykjavík, est un joueur d’échecs américain naturalisé islandais en 2005. Champion des États-Unis à quatorze ans en 1957-1958, il est devenu Champion du monde en 1972 en remportant, sur fond de guerre froide, le « match du siècle » à Reykjavík, contre le Soviétique Boris Spassky. Garry Kasparov a déclaré en 2008 que « Fischer peut tout simplement être considéré comme le fondateur des échecs professionnels et sa domination, bien que de très courte durée, a fait de lui le plus grand joueur d’échecs de tous les temps ». Fischer a contribué de façon décisive, par ses revendications lors des tournois, à l’amélioration des conditions financières et matérielles des joueurs d’échecs professionnels. Après s’être retiré de toutes les compétitions en 1972, Fischer a disputé en 1992, à Belgrade, un match revanche contre son adversaire de 1972, Boris Spassky, en violation de l’embargo proclamé par le département d’État américain. Menacé de poursuites par son propre pays, Fischer a terminé sa vie en exil au Japon puis en Islande. Il y a multiplié les déclarations antisémites et anti-américaines. Sommaire 1 Biographie et carrière 1.1 Famille et enfance (1943-1949) 1.2 Débuts aux échecs (1949-1955) 1.3 Champion des États-Unis à quatorze ans (1956 – 1958) 1.4 Grand maître à quinze ans (1958-1959) 1.5 Succès internationaux (1960–1961) 1.6 Échec à Curaçao (1962) 1.7 Retrait des compétitions internationales (1963-1965) 1.8 Retour avorté dans le circuit des tournois (1965-1968) 1.9 La conquête du championnat du monde (1970-1972) 1.10 Retraite (1973-1991) 1.11 Match revanche contre Spassky (1992) 1.12 Exil et clandestinité (1993-2003) 1.13 Arrestation au Japon et asile politique en Islande (2004-2008) 2 Palmarès 2.1 1955 – 1957 : championnats des États-Unis et compétitions nord-américaines 2.2 1958 – 1962 : premières compétitions internationales 2.3 1963 – 1972 et 1992 : l’ascension vers le championnat du monde 2.4 Championnats des États-Unis (1957 – 1967) 2.5 Olympiades d’échecs 2.6 Résultats cumulés contre les meilleurs joueurs des années 1960 3 Style échiquéen 4 Ouvertures favorites de Fischer et exemples de parties 4.1 Ouvertures avec les Noirs 4.1.1 Défense est-indienne 4.1.2 Défense Grünfeld 4.1.3 Défense Najdorf, variante du pion empoisonné 4.2 Ouvertures avec les Blancs Biographie et carrière Famille et enfance (1943-1949) Bobby Fischer est né à Chicago en 1943. Les parents de Bobby, Gerhardt Fischer, biophysicien allemand né à Berlin en 1909, et Regina Wender, divorcèrent en 1945 deux ans après la naissance de leur fils. Regina Wender (1913 – 1997), américaine d’ascendance juive allemande, était née hors des États-Unis, en Suisse, et avait été éduquée à Saint-Louis. À 19 ans, en 1932, elle avait rejoint son frère à Berlin pour étudier. La même année, elle y fit la connaissance de Gerhard. En 1933, ils quittèrent l’Allemagne nazie et partirent à Moscou, où ils se marièrent en 1938. En 1939, Régina retourna aux États-Unis avec leur fille née en 1938, mais sans son mari. En 2002, une enquête menée par deux journalistes du Philadelphia Enquirer a montré qu’il était probable que le père biologique de Fischer fût en réalité le physicien juif hongrois Paul Nemenyi qui avait émigré aux États-Unis la même année que Regina Fischer, en 1939. Quand Nemenyi participait au projet Manhattan en tant qu’ingénieur à Washington, le FBI soupçonna Nemenyi d’être communiste et Regina d’être une espionne russe. En effet, Regina avait étudié à la faculté de médecine de Moscou, en 1933, où elle avait passé cinq ans avant d’émigrer aux États-Unis après son mariage. Le FBI tint un dossier sur Regina. Elle avait fait la connaissance de Nemenyi au Colorado en 1942, et après la naissance de Bobby, le physicien lui envoya chaque mois une somme d’argent. Les versement continuèrent jusqu’à la mort de Nemenyi, en 1952. Bobby ne vit jamais Gerhard Fischer, puisque ses parents étaient séparés à sa naissance, selon le dossier que tenait le FBI. Pendant et après la guerre, Regina exerça plusieurs métiers, dont celui de soudeuse dans les chantiers navals de Portland. En 1948, Regina, qui avait trouvé un emploi d’institutrice, et ses deux enfants déménagèrent d’abord dans le sud de Los Angeles, puis à Phoenix et à Mobile dans l’Arizona, une ville isolée au milieu du désert. C’est la mère de Bobby Fischer qui s’occupait de son éducation et de celle de Joan, son aînée de six ans ainsi que de sept autres élèves venus des ranchs alentours. Les Fischer s’installèrent un an plus tard à Brooklyn où Régina voulait terminer ses études de médecine à l’université de New York et obtenir un diplôme d’infirmière. Débuts aux échecs (1949-1955) Un jour de 1949, Joan, pour distraire son petit frère, lui acheta un Monopoly, un jacquet, et un jeu d’échecs au bazar du coin. Les deux enfants apprirent seuls les règles à l’aide du feuillet joint au jeu. Ce n’était au début qu’un jeu comme les autres pour Bobby. Néanmoins, la lecture d’un livre contenant des parties d’échecs pendant les vacances changea la donne. Regina, sa mère, a raconté que lorsqu’il lisait ce livre, il était inutile d’essayer de lui adresser la parole. En 1950, la mère de Bobby chercha des adversaires pour son fils, et Hermann Helms l’invita à affronter Max Pavey lors d’une séance de partie simultanée en janvier 1951. Bobby Fischer raconta plus tard que sa défaite le motiva beaucoup. Par la suite, Regina inscrivit Bobby au Brooklyn Chess Club où il vint tous les vendredis soir, multipliant les parties. Il participa à son premier championnat du Brooklyn Chess Club à l’âge de dix ans. Il termina cinquième en 1953, et troisième-cinquième ex æquo en 1954 ou 1955. En mai 1955, il finit trente-deuxième au championnat amateur des États-Unis, puis en juillet, lors du championnat junior des États-Unis 1955, il se classa dixième-vingtième ex æquo avec deux victoires, deux défaites et six parties nulles. À la différence de José Raúl Capablanca et Samuel Reshevsky, Fischer ne fut donc pas un enfant prodige. En revanche, ses progrès furent très rapides. À l’été 1955, Bobby, n’ayant plus de rivaux dignes de ce nom dans le club de Brooklyn, s’inscrivit alors au Manhattan Chess Club, fréquenté par les meilleurs joueurs du pays et qui organisa par la suite le championnat des États-Unis. Champion des États-Unis à quatorze ans (1956 – 1958) Bobby Fischer jouant contre son entraineur John William Collins, vers 1958. En 1956, Bobby Fischer fait la connaissance de son entraineur John William (Jack) Collins. Il remporte, du 9 au 15 juillet 1956, le championnat junior des États-Unis à Philadelphie à sa deuxième tentative, ce qui constitue son premier réel succès. Puis, du 16 au 28 juillet, il s’essaye au championnat open adulte des États-Unis à Oklahoma City et se classe quatrième ex æquo avec trois autres joueurs, sans perdre une seule partie. Au mois d’octobre, il est invité au plus fort tournoi américain de l’année 1956 : le troisième trophée Rosenwald (Lessing Rosenwald était le sponsor de la fédération américaine). Il termine huitième (+2 -4 = 5) de ce tournoi remporté par Samuel Reshevsky. Sa victoire spectaculaire contre Donald Byrne lors la huitième ronde fit le tour du monde et attira l’attention des journalistes sur lui. Lors des vacances de Thanksgiving, en novembre 1956, il termina deuxième ex æquo du tournoi open des états de l’est ( Eastern states open) à Washington sans concéder la moindre défaite. L’année suivante, en mars 1957, Fischer affronta l’ancien champion du monde Max Euwe dans un match exhibition ; Fischer perdit 0,5 à 1,5 (une partie nulle et une défaite). En juillet, il conserva son titre de champion national junior en ne concédant qu’une partie nulle mais la fédération américaine décida d’envoyer William Lombardy au championnat du monde junior 1957 qui se tiendrait à Toronto. En août 1957, Fischer réussit à conquérir le championnat open des États-Unis à Cleveland sans perdre une partie, devançant grâce à un meilleur départage Arthur Bisguier ; puis il finit ses vacances scolaires en devenant le champion de l’état du New-Jersey (fin août-début septembre) en ne concédant qu’une seule partie nulle, marquant 6,5 points sur 7. À la fin de l’année 1957, Fischer fut invité au quatrième trophée Rosenwald organisé du 17 décembre au 8 janvier. Ce tournoi était également le championnat des États-Unis 1957-1958, ainsi que le tournoi zonal qualificatif pour le tournoi interzonal, tournoi de sélection pour championnat du monde d’échecs. Il le remporte à quatorze ans sans perdre une partie, avec huit victoires et cinq nulles. Grand maître à quinze ans (1958-1959) Fischer (à droite) avec Bill Lombardy (à gauche) et leur entraîneur, Jack Collins. En janvier 1958, Fischer est devenu champion des États-Unis (adultes) à l’âge de 14 ans. Grâce à ce titre, il est qualifié pour participer au tournoi interzonal qui constitue l’étape obligatoire vers le titre de champion du monde. Cependant, personne n’est prêt à parier sur la qualification du jeune Fischer (les six premiers du tournoi interzonal étant qualifiés pour le tournoi des candidats). C’est donc une surprise lorsqu’il termine cinquième ex æquo de cette compétition, ce qui lui permet de se voir conférer le titre de grand maître international. Ce record de précocité ne fut battu qu’en 1991, par Judit Polgár. En décembre 1958–janvier 1959, Fischer remporta pour la deuxième fois le championnat des États-Unis. En mars 1959, dès qu’il eut seize ans, il quitta l’école secondaire. Plus tard, il déclarerait que le moment qu’il préférait à l’école était la sonnerie qui indiquait la fin des cours. Dans une interview donnée en août 1961, il dit : « On n’apprend rien à l’école. C’est juste une perte de temps. (…) Ils donnent trop de devoirs scolaires. On ne devrait pas avoir de devoirs à faire. Cela n’intéresse personne. Les professeurs sont stupides. Il ne devrait pas y avoir de femmes. Elles ne savent pas enseigner. Et on ne devrait obliger personne à aller à l’école. Si tu ne veux pas y aller, tu n’y vas pas, c’est tout. C’est ridicule. Je ne me souviens de rien que j’aie appris à l’école. (…) J’ai gaspillé deux années et demi à Erasmus High . Je n’ai rien aimé. Tu dois te mêler avec tous ces enfants stupides. Les professeurs sont même plus idiots que les enfants. Ils parlent de haut aux enfants. La moitié d’entre eux sont fous. S’il m’avaient laissé choisir, je serais parti avant d’avoir eu seize ans. » Cette interview fit beaucoup de tort à l’image de Fischer dans les médias lorsqu’elle parut, en janvier 1962. En avril 1959, il partit en Argentine et au Chili pour disputer deux tournois. Lors du tournoi de Zurich de mai 1959, il battit pour la première fois un joueur soviétique, le grand maître Paul Keres, et finit 3e ex æquo avec Keres derrière Tal et Gligoric. En septembre et octobre, il prit comme secondant Bent Larsen lors du tournoi des candidats au championnat du monde de Bled, Zagreb et Belgrade, et termina premier joueur non soviétique à la cinquième place ex æquo avec Glogoric, derrière les quatre joueurs soviétiques Tal, Keres, Petrossian et Smyslov, mais devant Olafsson et Benko. Il marqua : 0 / 4 contre le futur champion du monde Tal ; 1 / 4 contre le futur champion du monde Petrossian (+0 –2 =2) ; 2 / 4 contre Kéres (+2 –2 =0), Smyslov (+1 –1 =2) et Gligoric (+1 –1 =2) ; 2,5 / 4 contre Olafsson (+2 –1 =1) ; 3 / 4 contre Benko (+2 –0 =2). Succès internationaux (1960–1961) Bobby Fischer à l’olympiade de Leipzig, en 1960. En 1960, après son troisième titre de champion des États-Unis (1959-1960), Fischer remporta ses deux premiers tournois internationaux : Reykjavik, et, ex æquo avec Boris Spassky, le tournoi de Mar del Plata (au printemps). À partir de 1960, les relations entre Bobby Fischer et sa mère se dégradèrent. À seize ans, il avait quitté l’école contre l’avis de sa mère qui pensait qu’il consacrait trop de temps aux échecs. Regina Fischer s’était inscrite au Comité pour l’action non violente (CNVA), un mouvement pour la paix. Elle participa à une marche pour la paix de huit mois, prévue en décembre 1960, qui devait aller de San Francisco à Moscou. Elle rencontra un professeur d’Anglais et partit s’installer avec lui en Angleterre. Elle ne réapparut dans la vie de son fils qu’en 1972, et mourut en 1997. À l’automne 1960, Fischer remporta la médaille de bronze au premier échiquier avec l’équipe des État-Unis à l’ olympiade de Leipzig. En janvier 1961, il remporta son quatrième titre de champion des États-Unis, toujours sans perdre de partie. Pendant l’été (en juillet-août), il disputa un match contre l’ancien prodige américain Samuel Reshevsky. Le match fut interrompu sur un score d’égalité (+2 –2 =7) suite à un désaccord : la douzième partie avait été avancée à onze heure le dimanche matin pour satisfaire le mécène du match, Mme Piatigorsky. Opposé à cet aménagement, Fischer ne se présenta pas à la rencontre et fut déclaré perdant par forfait. Il refusa de disputer une treizième partie si la douzième n’était pas rejouée. Reshevsky fut déclaré vainqueur du match et Fischer poursuivit la fédération américaine devant le tribunal. L’affaire se termina par un non-lieu mais le scandale fut relayé dans les médias (presse, radio et télévision) et ternit l’image de Fischer. En septembre 1961, Fischer marqua 3,5 points sur 4 contre les quatre joueurs soviétiques qui participaient au tournoi de Bled (Slovénie) : il battit pour la première fois Mikhaïl Tal, Tigran Petrossian et Efim Geller, et annula contre Paul Keres. Seul l’ancien champion du monde Tal le devança au tableau final. À la fin de l’année, Fischer ne participa pas au championnat de 1961-1962 mais resta en Europe pour se préparer au tournoi interzonal qui devait avoir lieu à Stockholm de janvier à mars 1962. Échec à Curaçao (1962) En mars 1962, Fischer remporta le tournoi interzonal de Stockholm avec 17,5 points sur 22 et deux points et demi d’avance sur les soviétiques Petrossian, Geller et Kortchnoï. Fischer était le premier joueur à devancer les Soviétiques dans un tournoi majeur d’échecs depuis 1946. Fischer avait été, dès l’âge de 16 ans, candidat au titre mondial. Lors de sa deuxième tentative au tournoi des candidats de mai et juin 1962, il n’eut pas la réussite escomptée. À Curaçao, il finit quatrième avec seulement 14 points sur 27. Il marqua : 1,5 / 4 contre le futur champion du monde Petrossian (+0 –1 =3), contre Geller (+1 –2 =1) et Kortchnoï (+1 –2 =1) ; 2 / 4 contre Kéres (+1 –1 =2) ; 2,5 / 4 contre Benko (+2 –1 =1) ; 2 / 3 contre l’ancien champion du monde Tal (+1 –0 =2) qui avait abandonné lors du dernier tour du tournoi ; 3 / 4 contre Filip (+2 –0 =2). Après le tournoi, il dénonça la collusion entre les trois premiers du tournoi, Tigran Petrossian, Paul Keres et Efim Geller, qui auraient conclu de courtes parties nulles entre eux pour préserver leur énergie contre lui. En 1965, la FIDE changea les règles du cycle de qualification en organisant des matches par élimination directe plutôt qu’un tournoi toutes rondes. Retrait des compétitions internationales (1963-1965) Après son échec au tournoi des candidats en 1962, Fischer accusa les soviétiques de complot pour conserver le titre de champion du monde et écarter les joueurs des autres nations. Il décida de boycotter les compétitions internationales organisées par la Fédération internationale — tournoi interzonal et olympiade d’échecs — en 1964. Le seul tournoi de haut niveau qu’il disputa entre février 1963 et août 1965 fut le championnat des États-Unis 1963-1964, qu’il remporta en marquant 100 % des points (ne concédant aucune partie nulle et aucune défaite, avec 11 points marqués sur 11). Il n’y eut pas de championnat des États-Unis en 1964-1965. Retour avorté dans le circuit des tournois (1965-1968) La FIDE répondit aux accusations de Fischer en remplaçant le tournoi des candidats par des matchs éliminatoires. En août–septembre 1965, Fischer effectua son retour dans les tournois internationaux, disputant le tournoi mémorial Capablanca de La Havane par télex depuis New York. En 1967, après avoir remporté le championnat des États-Unis pour la huitième fois, Fischer revint en Europe et termina premier des tournois de Skopje et de Monaco. Il se retira du tournoi de qualification de Sousse en Tunisie, qu’il dominait largement (sept victoires et trois parties nulles), parce qu’il refusait d’affronter consécutivement plusieurs joueurs soviétiques sans avoir de jour de repos, et parce qu’il demandait à ne pas disputer de parties le samedi, selon les préceptes de l’Église adventiste du septième jour. Brouillé par les conditions de son exclusion, il ne participa qu’à deux tournois en 1968 (Natanya en Israël et Vinkovci en Croatie). En 1968, Fischer quitta New York et déménagea à Los Angeles. En 1969, l’éditeur Simon et Schuster publia son recueil de parties My Sixty memorable Games , mais Fischer ne disputa aucune compétition. La conquête du championnat du monde (1970-1972) feuille de la partie Fischer-Najdorf, disputée à l’olympiade de Siegen en 1970. En mars 1970, Fischer revint à la compétition pour disputer le match URSS– Reste du monde, qui avait lieu à Belgrade. Il accepta de jouer au deuxième échiquier et battit l’ancien champion du monde Tigran Petrossian : 3–1 (+2 –0 =2). Il enchaîna en remportant le tournoi blitz de Herceg Novi, puis les tournois de Rovinj–Zagreb (tournoi de la paix) et de Buenos-Aires, devançant à chaque fois largement tous ses adversaires. À la fin de l’année, Fischer, qui n’avait pas disputé le championnat des États-Unis qualificatif pour le championnat du monde, fut repêché grâce au désistement de dernière minute de son compatriote Pal Benko, pour disputer le tournoi de qualification interzonal de Palma de Majorque qui se tenait du 9 novembre au 12 décembre. Après un très bon départ, il subit une petite baisse de régime, mais se ressaisit sur la fin en remportant ses 7 dernières parties (dont l’ultime par forfait) pour gagner le tournoi avec 3,5 points d’avance sur ses plus proches poursuivants. Fischer renouvela sa performance du tournoi de Bled 1961 en marquant 3,5 points sur 4 contre les quatre participants soviétiques de l’interzonal : seul Polougaïevski parvint à annuler sa partie, tandis que Smyslov, Geller et Taïmanov perdirent contre Fischer. Par la suite, lors des matchs éliminatoires pour le Championnat du monde, il écrase le Soviétique Mark Taimanov par le score de 6 à 0 au mois de mai 1971, à Vancouver au Canada, puis il écrase le Danois Bent Larsen sur le même score de 6 à 0, malgré la conviction du maître danois de sa victoire en juillet 1971, à Denver, aux États-Unis. Le match de qualification suivant l’oppose à Tigran Petrossian, joueur réputé pour sa solidité en défense, à Buenos Aires, au mois de septembre 1971. Après une défaite de chaque côté et trois parties nulles, Fischer aligne quatre gains et vainc l’ancien champion du monde par 6,5 à 2,5. Avant de perdre une partie contre Petrossian, Fischer avait établi une série de 20 victoires consécutives contre des GMI (sans aucune partie nulle) en parties officielles, un record à ce niveau. Le Championnat du monde d’échecs 1972. À l’issue d’un match mémorable en Islande, surnommé le match du siècle, qui tint le public en haleine autant pour les parties que pour les péripéties hors compétition (menace de Fischer de ne pas participer, forfait lors de la deuxième partie, ses exigences sur le placement des caméras ou l’absence de contact avec le public, etc.), il devient champion du monde à l’été 1972, en battant finalement assez facilement le Russe Boris Spassky, champion du monde sortant. Ce succès, largement médiatisé, met temporairement fin à 24 ans d’hégémonie soviétique sur le monde des échecs, et est un tournant dans la compétition entre les États-Unis et l’URSS, en pleine guerre froide à l’époque. Retraite (1973-1991) Fischer ne disputa plus aucune partie officielle (tournoi ou match) après qu’il eut conquit ce titre mondial. En 1975, il perdit son titre par forfait pour avoir refusé les conditions du match dont le but était de remettre son titre en jeu contre son adversaire désigné, le jeune Soviétique Anatoli Karpov (contre qui il n’aura jamais disputé la moindre partie). Depuis 1975 et l’abandon de son titre, sa personnalité a basculé dans une paranoïa grandissante, notamment contre les Juifs et les États-Unis qu’il accuse de comploter contre lui. Dans un de ses articles, Steve A. Furman a attribué le comportement de Bobby Fischer à un trouble psychiatrique, le syndrome d’Asperger, mais le joueur d’échecs et psychiatre islandais Magnus Skulason, qui connaissait le joueur, n’est pas d’accord avec ce diagnostic. Lors d’une audience du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, le Dr Louis Morissette cita Fischer comme exemple de schizophrénie paranoïde. En 1989, il avait déposé un brevet pour une pendule d’échecs qui ajoutait un certain temps supplémentaire pour chaque coup joué, afin d’éviter le « Zeitnot ». La « cadence Fischer » a été depuis adoptée par la Fédération internationale des échecs et est souvent pratiquée en tournoi dans la dernière phase de jeu. En 1996, il créa une variante du jeu d’échecs : les échecs aléatoires Fischer (Fischer Random Chess) ; il a refusé depuis de jouer une partie qui ne se déroulerait pas selon ces règles. Match revanche contre Spassky (1992) Bobby Fischer avait disparu complètement du monde échiquéen pour ne réapparaître qu’en 1992, pour un match revanche contre Boris Spassky, match que les organisateurs et Fischer ont qualifié abusivement de « championnat du monde », Fischer prétextant ne jamais avoir perdu son titre de 1972 sur l’échiquier. Ce championnat du monde non officiel se tint en Yougoslavie, alors en pleine guerre civile, et sous embargo des États-Unis. Fischer remporta à nouveau le duel, et empocha la somme de 3,35 millions de dollars. Il fut alors poursuivi dans son propre pays pour violation de l’embargo et fraude fiscale ; il risquait une peine concrète de dix ans d’emprisonnement. Exil et clandestinité (1993-2003) Poursuivi par les États-Unis depuis 1992, Fischer séjourna plus ou moins clandestinement dans divers pays, la Hongrie, les Philippines, l’Argentine et le Japon, aidé par ses sympathisants. Il y fit quelques brèves apparitions médiatiques, notamment pour des déclarations antisémites très controversées. Le 11 septembre 2001, quelques heures après les attentats de New York et de Washington, interrogé par Pablo Mercado, il s’emporte sur les ondes de Radio Bombo aux Philippines : « C’est une formidable nouvelle, il est temps que ces putains de juifs se fassent casser la tête. Il est temps d’en finir avec les États-Unis une bonne fois pour toutes. (…) Je dis : mort aux États-Unis ! Que les États-Unis aillent se faire foutre ! Que les juifs aillent se faire foutre ! Les juifs sont des criminels. (…) Ce sont les pires menteurs et salauds ! On récolte ce qu’on a semé. Ils ont enfin ce qu’ils méritent. C’est un jour merveilleux. » Arrestation au Japon et asile politique en Islande (2004-2008) Tombe de Bobby Fischer à Reykjavik. Le 13 juillet 2004, alors qu’il tente de s’envoler pour Manille, il se fait arrêter à l’aéroport de Tokyo-Narita parce que son passeport américain a été annulé à son insu ; il est placé pendant neuf mois dans le centre de détention pour étrangers d’Ushiku au nord-est de Tokyo en attendant son extradition. En décembre 2004, devant l’émoi international causé par sa détention, il demande l’asile politique à l’Islande, lieu de la conquête de son titre de champion du monde. Il obtient finalement la citoyenneté islandaise le 22 février 2005, et il peut rejoindre ce pays le 24 mars. Le département d’État américain se déclare alors déçu. En septembre 2004, il épouse Miyoko Watai, joueuse d’échecs amateur et présidente de la fédération japonaise avec qui il vivait depuis 2000 ; elle l’accompagne en Islande. Il décède à 64 ans en Islande, le 17 janvier 2008, des suites d’une défaillance rénale. À sa mort, l’ancien champion du monde Garry Kasparov a déclaré que « Fischer peut tout simplement être considéré comme le fondateur des échecs professionnels et sa domination, bien que de très courte durée, a fait de lui le plus grand de tous les temps ». Palmarès Sources : Les parties d’échecs de Bobby Fischer de Wade et O’Connell (1972) Bobby Fischer de Frank Brady (1973). 1958 – 1962 : premières compétitions internationales Après sa défaite contre Max Euwe, lors d’un match exhibition en 1957, les seules compétitions où Fischer termina avec un score négatif furent le tournoi des candidats de 1959 (12,5 points sur 28 et 0 à 4 contre Mikhaïl Tal) et le tournoi international de Buenos Aires 1960 où Fischer finit treizième-seizième ex æquo avec 8,5 points sur 19. 1963 – 1972 et 1992 : l’ascension vers le championnat du monde Après 1962, Fischer termina premier ou deuxième de toutes les compétitions auxquelles il participa. Championnats des États-Unis (1957 – 1967) Lorsque Fischer débuta sa carrière, il n’y avait pas eu de championnat des États-Unis organisé depuis 1955. En 1956, il termina 4e-8e du championnat open des États Unis, puis 8e-9e (+2 =5 -4) du troisième trophée Rosenwald qui rassemblait les meilleurs joueurs américains mais ne comptait pas encore comme championnat des États-Unis. L’année suivante, Fischer remporta le championnat open des États-Unis 1957 et le quatrième trophée Lessing-Rosenwald (1957-1958) organisé à New York, qui compta comme championnat des États-Unis. En 1957, ainsi que lors des éditions suivantes, Fischer gagna le titre avec au moins un point d’avance sur le deuxième. Fischer avait perdu contre le champion des États-Unis de 1954, Arthur Bisguier, lors de la première ronde du troisième trophée Rosenwald de 1956 ; par la suite, il annula leur partie lors du championnat open de 1957, puis il remporta les treize parties qu’ils disputèrent ensuite. Avant la dernière ronde du championnat de 1962-1963, Bisguier et Fischer étaient à égalité (avec 7 points sur 10), car lors de la première ronde, Fischer avait subi sa première défaite en championnat depuis 1957. Cependant, les deux joueurs ne s’étaient pas encore rencontrés. Lors de la dernière ronde, Bisguier gâcha une position prometteuse, perdant à la fois la partie et le titre de champion des États-Unis. En 1963-1964, Fischer remporta toutes ses parties ; en 1965-1966, il en perdit deux ; puis, après la huitième victoire en 1966-1967, il considéra que le nombre de participants au championnat des États-Unis était insuffisant, et cessa de participer au championnat. Olympiades d’échecs Fischer face à Tal lors de l’olympiade de 1960. Lors des olympiades, Fischer a gagné deux médailles d’argent (en 1966 et 1970) et une médaille de bronze (en 1960) individuelles, et deux médailles d’argent par équipe (en 1960 et 1966). Ses affrontements contre le premier échiquier de l’équipe d’URSS représentaient à chaque fois l’attraction des olympiades. En 1960, il affrontait le nouveau champion du monde Mikhaïl Tal ; la partie fut une nulle très disputée. En 1962, Fischer affrontait Mikhaïl Botvinnik. Il gagna un pion lors de l’ouverture (une défense Grünfeld), mais laissa échapper le gain lors de l’ajournement. Cette partie est la seule que Fischer joua jamais contre Botvinnik. Les analyses de Fischer occupent 14 pages dans son ouvrage Mes soixante meilleures parties . Une armée d’analystes soviétiques s’est escrimée à prouver que Botvinnik tenait la nulle dans toutes les variantes d’une position très complexe (finale Tours et pions). En 1966, le champion du monde Tigran Petrossian se défila et laissa jouer Boris Spassky à sa place. La partie fut nulle. En 1970, Fischer rencontra le champion du monde Boris Spassky et utilisa une nouvelle fois la défense Grunfeld avec les Noirs ; il perdit la partie. Année Lieu Classement et médaille individuels 1960 Leipzig Troisième 1962 Varna Huitième Score Classement de l’équipe des États-Unis Bronze 13 / +10 -2 Deuxième 18 =6 11 / +8 -3 17 =6 Quatrième En 1964, Fischer boycotta l’olympiade de Tel-Aviv. 1966 La Deuxième Argent 15 / +14 -1 Deuxième Havane 17 =2 En 1968, Fischer boycotta l’olympiade de Lugano. 1970 Siegen Deuxième 10 / +8 -1 Argent 13 =4 Quatrième Notes Médaille d’or remportée par Robatsch devant Tal. Reshevsky était absent. Fischer ne marqua que 5,5 sur 11 en finale. Médaille d’or remportée par Petrossian Fischer perdit contre Spassky. Médaille d’or remportée par Spassky. Fischer aura aussi affronté une fois les champions soviétiques Youri Averbakh, Mikhaïl Botvinnik, Lev Polougaïevski (parties terminées par la nulle) et Vladimir Toukmakov (une victoire) ; et deux fois David Bronstein (deux nulles), Ratmir Kholmov (une victoire et une défaite) et Leonid Stein (une victoire et une nulle). Mikhaïl Tal et Efim Geller furent les adversaires les plus difficiles à battre, pour Bobby Fischer. Avant le match de 1972, Spassky avait un score de trois victoires, deux parties nulles et aucune défaite contre lui. Style échiquéen Bobby Fischer reste célèbre pour son sens aigu d’analyse des variantes , comme l’atteste le texte (quasiment dépourvu de toute appréciation verbale) de son livre Mes soixante meilleures parties . Anthony Saidy a écrit qu’« une partie de Fischer est une construction logique où les moments tactiques découlent naturellement d’une stratégie exacte ». Saidy a ajouté que Fischer « traitait rationnellement le milieu de jeu, un peu dans le style de Capablanca jeune, et ses attaques étincelantes étaient celles d’un Alekhine ». Position avant 19. Tf6!! (Fischer – Pal Benko, New York, 1963) Le diagramme ci-contre (à gauche) montre un exemple de coup de tonnerre dans un ciel serein dont Fischer fit l’offrande au monde des échecs : dans sa partie contre Pal Benko du Championnat des Etats-Unis de 1963, à New York, Fischer joua : 19. Tf6!! pour bloquer le pion f7 des Noirs (si 19… Fxf6, le mat est inévitable après 20. e5). La partie se poursuivit par : 19…Rg8 20. e5 h6 21. Ce2 1-0. Fischer-Taïmanov, Vancouver, 1971 Fischer – Mark Taïmanov, match des Candidats au Championnat du Monde, Vancouver, 1971, 2e partie Dans cette position (diagramme de droite) très simplifiée, Fischer continua à jouer pour le gain, et l’obtint. Taïmanov, qui semblait croire la partie nulle déjà acquise, joua 81…Re4?, ce à quoi Ficher répliqua par 82. Fc8! (si 82…Cf3, alors 83. Fb7+ et si 82…Cd3, alors 83…Ff5+, et les Noirs ne peuvent plus empêcher que le pion blanc parvienne en h5). Il suivit : 82…Rf4 83. h4 Cf3 84. h5 Cg5 85. Ff5 Cf3 86. h6 Cg5 87. Rg6 Cf3 88. h7 Ce5+ 89. Rf6 1-0. Fischer était toujours prêt à jouer des heures et des heures en plus pour arriver au gain plutôt qu’à la partie nulle. Ouvertures favorites de Fischer et exemples de parties Ouvertures avec les Noirs Avec les Noirs, contre d4, les parties ci-dessous montrent la prédilection de Fischer pour la défense estindienne et la défense Grünfeld, soit deux ouvertures tendues où les Noirs jouent pour la contre-attaque. Ces deux lignes de jeu impliquent un important travail préparatoire, ce en quoi Fischer fut un pionnier: il jouait peu d’ouvertures, mais il les connaissait à fond. Il en va de même pour sa défense de prédilection face à 1. e4: la variante du pion empoisonné de la Sicilienne Najdorf. Cette ligne de jeu entraîne une lutte à couteaux tirés, où la moindre inexactitude peut être synonyme de défaite. Défense est-indienne Viktor Kortchnoï – Fischer, tournoi blitz de Herceg Novi, 1970, défense est-indienne Kortchnoï, qui était un spécialiste de la défense est-indienne avec les Blancs, fut le seul joueur à remporter une partie contre Fischer dans le tournoi de Herceg Novi, joué immédiatement après le match URSS–Reste du monde, et qui fut considéré comme un championnat du monde Blitz malgré l’absence de Spassky. 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 Fg7 4. e4 d6 5. Fe2 0-0 6. Cf3 e5 7. O-O Cc6 8. d5 Ce7 9. Cd2 c5 10. a3 Ce8 11. b4 b6 12. Tb1 f5 (les Noirs sont prêts pour lancer l’attaque côté roi.) 13. f3 f4 14. a4 g5 15. a5 Tf6 ! 16. bxc5 ? bxc5 17. Cb3 Tg6 18. Fd2 Cf6 (ou …h5!) 19. Rh1 g4 (ou 19…h5) 20. fxg4 (forcé à cause de la menace 20…g3 et si 21. h3 Fxh3 etc.) Cxg4 21. Tf3 ? (21. Ff3!) Th6 22. h3 Cg6 23. Rg1 Cf6 24. Fe1 Ch8 !! 25. Td3 Cf7 26. Ff3 Cg5 27. De2 Tg6 28. Rf1 (si 28 Rh2 Dd7 menace 29…Cxh3 etc.) Cxh3 29. gxh3 Fxh3+ 30. Rf2 Cg4+ 31. Fxg4 Fxg4 32. abandon. Il n’y a rien à faire contre la menace double 31…Fxe2 et 32… Dh4+. René Letelier – Fischer, Olympiade d’échecs de 1960, Leipzig, défense est-indienne 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 Fg7 4. e4 0-0!? 5. e5?! Ce8 6. f4 d6 7. Fe3 c5! 8. dxc5 Cc6 9. cxd6? exd6 10. Ce4?! Ff5! 11. Cg3?! Fe6 12. Cf3 Dc7 13. Db1 dxe5 14. f5 e4! 15. fxe6 exf3 16. gxf3 f5! 17. f4 Cf6 18. Fe2 Tfe8 19. Rf2 Txe6 20. Te1 Tae8 21. Ff3? Txe3! 22. Txe3 Txe3 23. Rxe3 Df4+! 24. abandon (24. Rxf4 est impossible car le Roi Blanc est mat après Fh6, et Fischer avait analysé la suite : 24. Rf2 Cg4+ 25. Rg2 Ce3+ 26. Rf2 Cd4 27. Dh1 Cg4+ 28. Rf1 Cf3 qui gagne). Cette partie est révélatrice de la personnalité de Fischer: il jouait toujours pour le gain, quitte à venir « chercher l’adversaire sur son propre terrain » ; Fischer avait d’ailleurs en horreur les nulles de salon. Défense Grünfeld Donald Byrne – Fischer, trophée Rosenwald 1956, défense Grünfeld La « Partie du siècle ». Défense Najdorf, variante du pion empoisonné Georgi Tringov – Fischer, La Havane, 1965, Sicilienne Najdorf, Variante du pion empoisonné 1. e4 c5 2. Cf3 d6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 Cf6 5. Cc3 a6 6. Fg5 e6 7. f4 Db6 8. Dd2 Dxb2 9. Tb1 Da3 10. e5 dxe5 11. fxe5 Cfd7 12. Fc4 Fb4 13. Tb3 Da5 14. 0-0 0-0 15. Cxe6 fxe6 16. Fxe6+ Rh8 17. Txf8+ Fxf8 18. Df4 Cc6!! 19. Df7 Dc5+ 20. Rh1 Cf6!! 21. Fxc8 Cxe5! 22. De6 Ceg4! 0-1. Ouvertures avec les Blancs Avec les Blancs, à l’exception du Championnat du monde d’échecs de 1972, Fischer ouvrit presque toujours par 1. e4, qu’il jugeait « supérieur à tout autre coup, comme la pratique le démontre ». Il était un maître de la partie espagnole, aussi bien sous sa forme classique, qu’avec l’échange du Fou b5 contre le Cavalier c6. Contre la défense sicilienne, Fischer avait une prédilection pour le développement de son Fou f1 en c4, ce en quoi il n’a pas véritablement eu d’héritier au plus haut niveau. Il a été encore moins suivi dans son usage de l’attaque est-indienne. En résumé, si sur le plan des ouvertures Bobby Fischer peut dans une certaine mesure être comparé à Garry Kasparov à son époque (qui jouait lui aussi la défense est-indienne et la défense Grünfeld), ce dernier a laissé un héritage plus conséquent pour le monde des échecs, d’autant plus que Fischer s’est retiré très tôt des compétitions internationales. Le monde des échecs attendait monts et merveilles de Fischer après son titre de Champion du monde, et il fut un peu frustré par sa retraite anticipée.