Carte postale de l`Uélé

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Carte postale de l`Uélé
ATELIER NATIONAL POUR ETABLIR LE
RAILS EN RD-CONGO
THEME : ACCES ET PARTAGE DE
L’INFORMATION AGRICOLE
Sous-thème : Carte postale de l’Uélé, Circulation
de l’information agricole et Attentes de la contrée
(Uélé) sur RAILS
Par
Grégoire MOMBI
Kinshasa, 30 novembre au 01 décembre 2009
0. Introduction
Nous prenons parole d’abord pour exprimer notre profonde reconnaissance
aux organisateurs de ces assises qui n’ont aménagé aucun effort pour associer
l’Université de l’Uélé que je représente à la participation de cet atelier qui
mettra en place le noyau dur du RAILS en RD-Congo.
Notre exposé s’articule sur trois points ci-après :
Carte postale de l’Uélé,
Circulation de l’information agricole et
Attentes de la contrée sur RAILS.
I. Carte postale de l’Uélé
I.1. Milieu physique
Dans sa configuration actuelle, l’Uélé a été délimité par la loi du 14 Août portant
création de la Province de l’Uélé. Elle est constituée de deux districts : le Bas et
le Haut Uélé et couvre une superficie totale de 238 013 km² habitée par
±2668475 populations, soit une densité moyenne de 11hab/km².
Située à l’extrême Nord de la RDC, la région de l’Uélé est bornée :
-
Au Nord par la République du Soudan et la République Centre –Africaine ;
-
A l’Est par le District de l’Ituri ;
-
Au Sud par les Districts de l’Ituri et de la Tshopo ;
-
A l’Ouest par la Province de l’Equateur.
Le relief de l’Uélé est dominé par les plateaux des Uélé, avec l’altitude
variant entre 500 et 800 m et les plateaux de Kibali- Ituri dans les territoires de
Faradje et Watsa
dont les altitudes varient entre 1000 et 1500 m. Il y règne le
climat des pays chauds avec deux grandes saisons : la saison de pluie, allant du
mois d’avril au mois de novembre, et la saison sèche, de décembre à mars. La
pluviométrie est caractérisée par des précipitations abondantes de 1500mm à
1800mm/an. La température moyenne annuelle est de 25°C.
La Végétation de l’Uélé est constituée de forêt qui alterne avec les
savanes. En effet, on rencontre la forêt du type équatorial au sud et, au Nord
de celle-ci, on trouve d’abord des forêt- galeries, puis la savane boisée qui
devient herbeuse avec quelques arbres au fur et à mesure que l’on remonte vers
le Nord ou vers l’Est.
La pédologie est dominée par les sols ferralitiques qui appartiennent à la
famille des sols tropicaux profondément décomposés, riches en fer et en
alumine. D’une manière générale, ce type de sol, en savane comme en forêt, est
favorable aussi bien aux cultures vivrières que pérennes des régions tropicales.
Sur le plan hydrographique, l’Uélé est drainé principalement par la rivière
Uélé, qui lui a d’ailleurs conféré son nom.
Celle-ci est née de la rencontre, à Dungu des rivières KIBALI et Dungu. Sa
longueur est estimée à 800 Kilomètres jusqu’à sa rencontre avec Mbomu dans la
Province de l’Equateur.
I.2. Productions agricoles, pastorales, piscicole et forestière
La diversité éco-climatique de la région de l’Uélé décrite toute à l’heure, lui
permet la pratique d’une gamme variée de cultures industrielles et vivrières ainsi
que l’élevage de gros et petit bétail ce qui lui confère une vocation agropastorale
et forestière. Le secteur traditionnel est caractérisé par une agriculture
itinérante sur brulis, de faibles superficies et à bas rendements, la carence en
intrants ainsi que l’usage des outils et techniques rudimentaires. Les principales
spéculations vivrières pratiquées sont : le riz, le maïs, l’arachide, le bananier, le
manioc, la patate douce, le haricot pendant que du côté des cultures industrielles
on note : le caféier, le palmier à huile, le cotonnier (dans le Bas Uélé), le hévéa, le
tabac (Faradje) ainsi que le cacaoyer et le jatropha récemment introduits par
Mr ALEFE. La plupart de ces spéculations industrielles étaient jadis
essentiellement exploitées par des sociétés agro-industrielles qui furent
prospères et jouèrent un rôle important dans l’économie de l’Uélé dont on
souligne particulièrement le café qui a valu à Isiro le titre de la capitale de « l’or
vert ».
Ces unités de production essentiellement à capitaux étrangers pratiquaient des
systèmes modernes d’exploitation. A la suite de la « zaïrianisation » intervenue
en 1973, la majorité de ces entreprises firent faillite, c’est ainsi que beaucoup
de plantations de caféier, d’hévéa et de palmier à huile ont été abandonnées.
Du côté de la pêche, l’Uélé se limite à une production d’autoconsommation qui est
essentiellement effectuée sur le long de la rivière Uélé ainsi que de ses
affluents. La pisciculture est moins développée. Du côté de l’élevage, les
principales espèces élevées sont : les porcins, les ovins, les caprins, les bovins et
les volailles.
En ce qui concerne l’exploitation forestière, le Bassin de l’Uélé dispose également
de
nombreuses
essences
exploitables
susceptibles
de
contribuer
considérablement à l’émergence de son économie. Les essences exploitées
artisanalement sont : l’ébène, l’okoumé, le bois vert, le liboyo, le kofo, l’arbre à
encens (ou safoutier sauvage).
I.3. Environnement et tourisme
Sur le plan de la conservation de l’environnement et tourisme, l’Uélé dispose du
parc national de la Garamba, de deux antennes de la réserve de faune à Okapi et
de six domaines de chasse qui abritent des espèces rares telles que les
rhinocéros blancs, l’okapi, les gorilles, les lions, les léopards, les girafes, les
antilopes, les chimpanzés, les paons congolais, etc. En outre, on compte d’autres
sites tels que le centre de l’Afrique à Niangara, le château de Dungu, le
sanctuaire national de la Bienheureuse Anuarite, etc.
I.4. Mines et Energie
Les ressources minières exploitées dans l’Uélé sont constituées de l’or, de
diamant, du coltan et de fer (en prospection). Ses conditions éco-climatiques
sont favorables à la culture des oléagineux en vue de la production des
biocarburants dont déjà le jatropha. A partir de son hydrographie, l’Uélé dispose
d’énormes potentialités hydroélectriques. En effet, en plus des centrales
hydroélectriques de Nzoro et de Rungu ainsi que la centrale thermique de la
SNEL à Isiro actuellement opérationnelles; plusieurs sites ont déjà été
identifiés pour la construction de nouvelles centrales hydroélectriques. On peut
citer : la rivière Nepoko (puissance 10 MW) et la rivière Uélé (puissance 1,2
MW). Il existe des centrales en panne sur lesquelles on ne saura revenir dans le
cadre de cet exposé.
I.5. Economie, industrie et IPMEA
Dans ce secteur, l’Uélé dispose de certaines industries de transformation des
produits agricoles et d’exploitation minière. Actuellement, l’économie du Bassin
de l’Uélé est grandement soutenue par les secteurs de petites, moyennes
entreprises et artisanat, fonctionnant pour la plupart dans l’informel.
I.6 Infrastructures routières, aéroportuaires et ferroviaires.
Le Bassin de l’Uélé dispose de plus de 1500 Km de routes d’intérêt national, plus
de 3000 km de routes d’intérêt provincial, 25000 km de routes de dessertes
agricoles, de 2 aéroports nationaux, de 1.026 Km de réseau ferroviaire
non
opérationnel. A noter que les aéroports ne sont ni balisés, ni équipés et les
routes dans un état de délabrement avancé.
I.7 Les ethnies présentes dans l’Uélé
L’Uélé est constitué des principaux groupes ethniques suivants :
1°) Les populations de souche soudanaise (majoritaires) :
2°) Les populations de souche bantoue :
3°) Les nilotiques : les Kakwa.
4°) Les Pygmées ou Bambuti :
I.8. Infrastructures sociales
I.8.1 Santé
Les problèmes sanitaires du Bassin de l’Uélé peuvent se résumer en ceci : faible
couverture sanitaire en centres de santé fonctionnels; insuffisance en personnel
de santé qualifié; morbidité élevée due aux paludismes, maladies diarrhéiques,
rougeole, lèpre, tuberculose, rupture fréquente des stocks en médicaments dans
les centres de santé.
I.8.2 Education
La région de l’Uélé compte la plus grande province éducationnelle de l’EPSP en
RDC. Cependant, elle est caractérisée par un faible taux de réussite et un
taux élevé de déperdition faute du pouvoir d’achat de la population. En effet,
le taux de scolarisation au primaire dépasse difficilement 60%. Le taux
d’alphabétisation des adultes est de plus ou moins 55 %. L’Uélé compte pour
l’instant de nombreux instituts supérieurs techniques et pédagogiques et
deux universités dont l’Université de l’Uélé qui est venue répondre à un besoin
réel de la population du Bassin de l’Uélé en général et, en particulier celui de
la jeunesse qui est l’espoir de demain, en ouvrant ses portes depuis le 29
octobre 2001. Outre ses missions traditionnelles : les enseignements, la
recherche et les services
à rendre à la communauté, elle s’implique d’une
manière concrète dans le processus du développement du Bassin de l’Uélé
par la formation de la jeunesse, par la création d’un espace cogitatif où les
idées s’affrontent en matière de développement, par la création des emplois
et autres éventualités.
En d’autres termes, l’Université de l’Uélé, en sa qualité de fer de lance de la
reprise des activités de développement dans la région de l’Uélé, se fait de
plus en plus remarquer par un certain nombre d’activités d’autopromotion. Elle
compte à présent cinq facultés opérationnelles sur les sept pour lesquelles
elle a obtenu son agrément.
I.8.3. Associations et organisations paysannes
La présentation de l’Uélé révèle qu’il est une région à vocation agropastorale.
Malheureusement, depuis plus d’une décennie les cultures pérennes dont
principalement le café dans le Haut Uélé et le coton dans le Bas-Uélé sont en
baisse pendant que les cultures vivrières accusent une faible croissance.
L’encadrement des paysans par les moniteurs agricoles a complètement disparu,
les semences améliorées ainsi que des produits phytosanitaires sont assez rares,
les nouvelles techniques culturales sont très mal connues, etc. Cette situation
affecte négativement la vie socioéconomique des fils et filles du Bassin de l’Uélé
qui ne vivent essentiellement que de l’agriculture. C’est dans ce cadre, qu’il y a eu
éclosion des mouvements associatifs et paysans presque dans tous les coins de la
région. S’agissant des associations, elles se présentent plus sous formes d’ONG
et sont rassemblées sous un bureau appelé « Collectif des ONG ». Certaines ne
se limitent qu’à la formation et sensibilisation de la population sur les techniques
culturales, le calendrier agricole et l’élevage, alors que d’autres en plus des
activités précitées, s’efforcent de les appliquer elles-mêmes sur des champs
d’expérimentation.
essentiellement
Ces
de
associations
techniciens
comprennent
celles
constituées
agrovétérinaires,
celles
constituées
exclusivement de cultivateurs qui sont paysannes et celles qui rassemblent aussi
bien des techniciens que des cultivateurs. À part le FAO, aucun autre organisme
international ou national n’accorde une importance réelle aux activités des agents
sociaux de ce secteur.
II.
Circulation de l’information agricole dans la contrée
Trois principaux canaux de transmission peuvent être retenus :
II.1. Séminaires de formation et conférence : à travers des journées de
sensibilisation ou de séminaires de formation ; les ONG, les confessions
religieuses, l’Université de l’Uélé forment et encadrent quelques cultivateurs
lorsque le besoin se fait sentir et qu’elles disposent des moyens. C’est le cas de
la culture de manioc introduite par le FAO avec ses boutures améliorées et du
riz aquatique. C’est également dans ce cadre que se sont inscrites les grandes
journées de sensibilisation sur la relance de la culture caféière organisée par la
Solidarité pour le Développement du Bassin de l’Uélé (SODEBU) en collaboration
avec l’Université de l’Uélé du 09 au 10 septembre 2009 à laquelle 246 personnes
avaient pris part, en plus de la délégation de Kinshasa qui comprenait le PCA de
l’INERA, le Conseiller scientifique au Ministère de la recherche scientifique,
Consultant chez café Africa, etc. Du côté de la base, une vingtaine des chefs
coutumiers, des ONG locales opérant dans ce secteur, des cultivateurs du
caféier et opérateurs économiques avaient réfléchi et dégagé des pistes des
solutions et stratégies pour relancer la culture caféière.
II.2. Pouvoirs coutumiers
Dans chaque collectivité, il y a au moins un moniteur agricole qui suit les
cultivateurs en dépit du faible si pas absence de motivation. En effet, non
seulement les chefs coutumiers ont le pouvoir sur ces agents agricoles, mais ils
disposent aussi d’une grande facilité de mobiliser la population pour quelle
qu’activité que ce soit. Ils sont donc des voies obligées en milieu rural où se
pratique l’agriculture.
II.3. Medias
Sur place à Isiro, on compte quatre stations radiodiffusées en plus de cinq
installées à l’intérieur du District du Haut Uélé. En effet, sur les antennes de
ces stations, les structures citées toute à l’heure achètent des tranches
d’émission pour animer des émissions en rapport avec l’agriculture et l’élevage.
Le problème qui se pose en amont est celui de savoir l’origine, la qualité et la
quantité des informations que détiennent ces structures qui, parfois peuvent
poser problème ; s’il n’y en a pas à ce niveau là, c’est au niveau des moyens
techniques, matériels et financiers pour faciliter la diffusion des fruits de la
recherche qu’il faut les rencontrer. C’est ce qui nous amène à formuler nos
attentes par rapport au RAILS conformément à ses objectifs.
III. Attentes de la contrée sur le RAILS
Création d’un point focal de l’équipe nationale d’apprentissage à Isiro,
Chef-lieu du District du Haut Uélé, en vue de moderniser et renforcer le
système traditionnel actuel de circulation d’informations agricoles. En
clair, ce point focal devra être doté d’une antenne internet, d’au moins
deux ordinateurs, une imprimante, une photocopieuse et un groupe
électrogène
permettant d’une part, au bureau de puiser toutes les
informations agricoles en vue d’en assurer une large diffusion par les
canaux précités et, d’autre part, aux ONG et Associations paysannes de
rechercher elles-mêmes les informations dont elles ont besoin sur
internet. Ce qui leur offre également la possibilité de chercher le
débouché et d’intégrer le marché international pour leurs produits ;
Il faudra également faciliter au point focal l’accès aux trois canaux
précités pour rediffuser les informations. En effet, les séminaires de
formation et conférences requièrent un financement périodique alors que
du côté des pouvoirs coutumiers, la descente sur le terrain nécessite un
matériel roulant (une moto, par exemple compte tenu de l’état actuel des
infrastructures de communication), du côté du média, enfin, il faudra
financer les ONG ou associations qui animent déjà des émissions dans le
domaine agropastoral.
Rendre disponibles et accessibles les semences améliorées et produits
phytosanitaires au bureau du point focal d’ENA en vue de les vendre aux
cultivateurs. Au besoin, cultiver un champ expérimental et d’apprentissage
qui pourra servir d’exemple. L’Université de l’Uélé s’engage, pour ce faire,
à céder une partie de sa concession et un local qui pourra abriter le
bureau.
J’ai dit et vous remercie pour votre attention soutenue

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