Rapport de mission Jardin Botanique Université de l`Uélé à Isiro

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Rapport de mission Jardin Botanique Université de l`Uélé à Isiro
Rapport de mission
Jardin Botanique
Université de l'Uélé à Isiro
Juillet 2010
1.
Introduction
L'université de l'Uélé à Isiro, RDC (Uniuélé) a demandé à Ex-Change une mission
d'expert pour la planification d'un Jardin Botanique.
Ce Jardin Botanique devra servir de lieu de formation pour les étudiants de
l'Université; il est repris dans le plan quinquennal 2008-2013 de l'Université.
La mission s'est déroulée du 29/05/2010 au 25/06/2010.
Un rapport sur la création du Jardin Botanique a été préparé et discuté avec les
autorités académiques de l'université.
2.
La mission
La première semaine du séjour de l'expert a été consacrée à des cours de
biogéographie/phytosociologie complétés par des séances de travaux pratiques, destinés
aux étudiants et assistants.
Par la suite, notre expert a pu visiter les divers sites de l'Université (Tayi et
Gossamu) et a pu discuter avec quelques personnes impliquées dans la gestion de
l'Université ainsi qu'avec de jeunes coopérants français actifs sur place.
Figure 1. Champs expérimentaux à Gossamu
Figure 2. Enclos à Tayi
Figure 3. L'Université (à gauche le cinéma, à droite l'entrepôt)
Figure 4. Le grand auditoire
Figure 5. Etudiants (en TP)
Figure 6. Le groupe électrogène et la cafétéria pour les étudiants en construction près
du groupe
Sur le site de Gossamu, site définitif de l'Université, on a commencé à rassembler
les matériaux nécessaires à la construction et près des parcelles expérimentales on fait
des briques.
Figure 7. Le front d'exploitation pour les briques (et la presse) et les briques crues en
séchage, à l'avant plan un four terminé
Figure 8. Les fours à briques
Figure 9. Esquisse du plan de la nouvelle Université
Il y a donc une réelle volonté de progresser et de créer une université de valeur.
Le but de la mission est de fournir les éléments concrets permettant la création d'un
Jardin Botanique au sein de l'Université de l'Uélé à Isiro, Haut Uélé, République
Démocratique du Congo.
L'expression Jardin Botanique recouvre deux volets complémentaires et non
exclusifs: d'une part un jardin au sens propre où on rassemble une collection de plantes
d'origines diverses afin de créer une collection vivante pour la recherche, mais aussi
pour le public; et d'autre part une institution scientifique qui étudie les plantes sous
divers aspects (systématique, écologie, utilisation,...)
La suite de la discussion considère la création d'un jardin Botanique comme
Institution scientifique et Jardin collection de plantes vivantes. L'institution scientifique
comprend elle-même une partie orientée systématique, essentiellement la création d'un
herbier 1 et son utilisation, et une partie proprement recherche botanique, qui peut porter
sur les herbiers (études taxonomiques).
3.
Exigences
Chacune des trois activités, jardin, herbier et recherche, a des exigences
primordiales pour la réussite:
Jardin: entretien régulier des plantes, contrôle des proliférations et introduction
surveillée de nouvelles plantes, organisation du jardin pour répondre à ses buts;
Herbier: contrôle strict des atteintes à l'intégrité des planches d'herbier pour éviter
leur dégradation, c'est-à-dire gestion des parasites, de la température et de l'humidité;
leur rangement et maintenance correcte;
Recherche: présence des chercheurs, leur disponibilité (conflit possible avec une
charge éventuelle d'enseignement) et régularité.
4.
Planification
Le Jardin Botanique est considéré et prévu comme outil pédagogique et
relativement peu comme outil scientifique. On pourrait donc n'envisager que le volet
« Jardin ». Cependant, la nouvelle Faculté de Minéralogie, domaine scientifique, est
aussi incluse dans le Volet social.
Mais par ailleurs, l'Uniuélé, voulant être au service de la population, envisage
l'étude et le soutien des pratiques agricoles et agro-forestières des habitants de la région;
elle envisage aussi une étude des pratiques médicales locales et notamment de l'usage
des plantes médicinales. Ces activités sont nettement plus scientifiques et plaident en
faveur du développement scientifique du Jardin Botanique.
L'Université désire aussi participer activement au développement de la région en
tant que centre d'expertise dans le domaine de l'Environnement; cela implique une
dimension scientifique forte dans les domaines de celui-ci.
5.
Définitions des actions
5.1. Le Jardin botanique
Localisation : Il est naturel de créer le Jardin sur le site définitif de l'Université
à Gossamu, car une fois installé il ne pourra être déplacé; par ailleurs le site de
1
collection de plantes sèches servant d'objets d'étude et de référence pour les autres études
scientifiques et principalement les études permettant de nommer les plantes sans ambiguïté
Gossamu comprend une partie importante de forêts (en partie dégradée et en
partie préservée) autour desquelles on pourrait créer le Jardin;
Tracer le Jardin : Définir le plan du Jardin et la localisation de chaque section
en fonction de critères basés sur, par exemple, les familles végétales ou les milieux
écologiques ou les utilisations des plantes ou une combinaison de ces critères;
Zones d'introduction et pépinières : Pour l'introduction des nouvelles plantes
et pour contrôler leur état sanitaire, il convient d'avoir des zones plus ou moins
protégées de quarantaine; il est aussi intéressant de créer des pépinières pour
l'approvisionnement du Jardin en plantes (une partie pouvant être vendue, assurant ainsi
un revenu);
Collectes : Une fois la base du Jardin établie, il faudra alimenter les collections par
des campagnes de récolte sur le terrain, éventuellement en se concentrant d'abord sur les
plantes forestières (arbres), les plantes cultivées et les plantes médicinales;
l'augmentation des collections devra aussi se faire par échanges avec d'autres
organismes.
5.2. L'herbier
Établissement : Installer les locaux devant abriter les collections en veillant aux
conditions requises pour une conservation à très long terme;
Formation : Formation du personnel technique qui assurera la réception, la
vérification de salubrité, la préparation des feuilles d'herbier, leur rangement et leur
entretien;
Récolte : De toutes les plantes de la région de l'Uélé et leur détermination. Pour cela
il sera nécessaire d'entretenir des liens avec des institutions extérieures nationales et
internationales, assurer des échanges d'informations, de connaissances, d'échantillons.
Et ainsi constituer une collection de référence pour d'autres travaux de recherche.
5.3. La recherche
Il est difficile d'établir une liste d'actions pour la recherche: en effet la liste des
thèmes de recherche est quasi infinie et de nouvelles pistes apparaissent chaque jour.
Cependant les deux premières activités importantes seront d'établir une équipe de
travail et de faire la liste de toutes les plantes de la région (établir sa flore); cette liste
se ferra par le travail de prospection sur le terrain, mais aussi dans la littérature et les
herbiers existant tant au niveau national qu'au niveau international.
Cette activité rejoint l'activité scientifique principale de l'Herbier.
Ensuite nous citerons sans ordre particulier: création d'outils de détermination (aussi
appelés flores) en commençant par les arbres, les plantes utiles et les plantes
médicinales (ethno-botanique), analyses écologiques et de végétation et leur
cartographie, la palynologie et la pollinisation,...
Le choix des actions dépendra aussi de la manière de créer le jardin botanique.
6.
Expertise locale
À court ou moyen terme, le Jardin Botanique devrait être mené par des scientifiques
locaux, issus de la faculté des Sciences Agronomiques, la seule actuellement offrant une
formation proche de la botanique.
Ces experts locaux pourraient recevoir un complément de formation dans d'autres
institutions en RDC ou à l'étranger.
7.
Collaborations et aides extérieures
La réalisation du projet Jardin Botanique ne pourra se faire au début sans une aide
extérieure; à moyen et long termes, la Région et en particulier l'Université de l'Uélé
devront assurer, de façon autonome, son fonctionnement, son développement et l'apport
de personnel formé.
Certains organismes contactés se sont montrés prêts à aider Uniuélé dans la
réalisation de ce projet:
1. Jardin Botanique National de Belgique
Centre principal de la taxonomie botanique congolaise jusqu'à ce jour, c'est
l'institution qui possède les plus grandes collections, de connaissances et d'information
sur la flore du Congo.
2. Royal Botanic Gardens, Kew, Royaume Uni
C'est probablement l'herbier le plus grand au monde et en particulier sur
l'Afrique (surtout anglophone, mais aussi actuellement en RDC). Kew
pourrait utilement conseiller Uniuélé lors de la création du jardin, la
constitution de l'herbier et la pratique de la systématique.
3. Universités belges
Des scientifiques d'universités flamandes pourraient cependant être
intéressés.
4. Museum d'Histoire Naturelle, Paris, France
Le Museum, est un centre majeur de la taxonomie botanique et également
un herbier majeur.
Il y aurait cependant, sans doute comme pour toute autre collaboration, un
problème de financement.
5. Autres
D'autres organismes et institutions pourraient être contactés notamment dans
les pays actifs dans la coopération (Allemagne, pays nordiques, États Unis,
Japon!) ainsi qu'auprès de l'Union Européenne et des organisations des
Nations Unies (UNESCO, FAO.)
Une piste importante est le nouveau projet, UN-REDD, lancé par les
Nations Unies dans les cadres de la réduction des gaz à effet de serre par la
réduction des feux de forêts et de la protection de la biodiversité. La région
d'Isiro pourrait répondre aux critères permettant de participer aux travaux et
de bénéficier d'un appui pour cela.
6. Enfin, lorsque la prospection et le travail auront commencé, des firmes
industrielles pharmaceutiques ou dans la cosmétique pourraient utiliser le
Jardin Botanique comme centre de prospection et éventuellement de
production.
A. D. Juillet 2010

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