Chapitre 3_une grand-mère au gd coeur
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Chapitre 3_une grand-mère au gd coeur
UNEGRANDMEREAUGRANDCŒUR Chapitre3–Grand-mèreprendracine Lelendemain,aprèslepetitdéjeuner,alorsquejem'habillaispourpartiràl'école, Grand-mèreaenfilésonmanteau.Jeluiaidemandé: -Tuvasoù,Grand-mère? Toutenajustantsonchapeaudevantlemiroir,ellearépondu: -Jevaisàl'écoleavectoi. Aïe! Peut-être Grand-mère voulait-elle rencontrer ma maîtresse ou encore monsieur Brown, le directeur? Mais pourquoiprendrelapoussettedumarché? Inutile que je questionne Grand-mère parce que qu'elle n'en dirait pas plus. Nous avons marché côte à côte.Surlechemin,j'aicroisédescopainsquin'ontpasosés'approcher.IlfautdirequeGrand-mèreavaitunairsi sévèrequecen'étaitpastrèsaccueillant.Ellem'aaccompagnéjusqu'àl'entréedelacourdesgrands.J'ailancé: -Bye,Grand-mère. En classe, madame Smith n'a fait aucune allusion à mon absence d'hier et j'ai su que j'avais manqué le montageducircuitélectrique,enleçondesciences. Enfin, la récréation est arrivée. Une fois dehors, on s'est mis à courir et tout juste avantdecommencer notrepartiedebasket-ball,uncopainm'apousséducoudeenmefaisantsignederegarderducôtédelarue.Jeme suisretournéetj'aivuGrand-mère,àl'entréedel'école,exactementaumêmeendroitquecematin! Elle était assise sur son petit siège pliant à trois pieds, celui qu'elle prend l'été pour aller voir les feux d'artificesurlepontdeBrooklyn.Jen'enrevenaispas.Elleétaitencorelà!Ellem'aregardésansfairedesigne.Tous lescopainssesonttournésverselleetjelesaientendusricaner: -Tagrand-mèreaprisracine! -Elleneveutpasquittersonpetitdesyeux,commec'estmignon! Toutàcoup,j'aicompris.Grand-mèrerestaitlàpourm'empêcherdequitterl'école!Jemesuissentibizarre,unpeu honteux.Jenesavaispasquoifaire.Çaneservaitàriend'allerlavoiretdeluidirederentreràlamaison. Les copains ont commencé la partie de basket. Moi, je n'avais pas le cœur à jouer. J'ai raté plusieurs passes.Pourlapremièrefoisdemavie,j'aiétésoulagéd'entendrelaclochesonnerlafindelarécréation. A midi, je n'avais pas d'appétit. Je n'avais pas non plus envie de chahuter avec les autres autour de la table.Jen'avaisqu'unequestionentête:"Grand-mèreest-elleencorelà?" Lerepasterminé,jemesuisfaitbousculerparcequejen'avançaispasassezvite.J'osaisàpeinetournerle regard vers la rue...Grand-mère était toujours là, sur son petit siège. Je me sentais vraiment mal. J'avais besoin d'êtreseuletjesuisrestéaccroupilelongdumur. Mikem'arepéréils'estavancéversmoi,l'airmoqueur: -Alors,onnepeutplussesauver,Ti-cul! Jenelesupportepas,celui-là.Iln'avraimentpasdeleçonsàdonner.Luiquiarriveenretardàl'écoleunmatinsur deux...Heureusement,ilnes'estpasattardé.Cen'étaitvraimentpaslemomentdedéclencherunebagarre. Enfin,l'après-midis'estachevé.J'airetrouvéGrand-mèreàlagrille.Ellearepliésonpetitsiège.Elleavaitl'airfatigué. Sansunmot,noussommesrentrésàlamaison. Sitôtarrivé,jel'aiimplorée: -Grand-mère...J'aicompris.Pasbesoindereveniràl'école.Jeneleferaiplus. Elles'estretournéeet,devinantmeslarmes,elleaouvertgrandsesbrasetm'aserréfortContreelle.Oh,queça faisaitdubien!Commejereniflais,elleafouillédanssapocheetm'aprêtésongrandmouchoirdetissu.Meserrant ànouveaudanssesbras,ellem'adit: -Unjour,ti-moune,jetemontrerailetrésordetongrand-pèreDieudonné... Le trésor de grand-père? Je ne comprenais pas. Il y a longtemps que mon grand-père est parti pour le pays sans chapeau,commeditGrand-mère.Maisjesentaislachaleurdesesbrasautourdemoietj'étaisbien.