Les stations scientifiques en miLieu poLaire :
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Les stations scientifiques en miLieu poLaire :
Éco no m ie FICHE n°12 Hi st o i r e Géo g r a phie Langues Phy s i q u e C him ie B i o l o gie SVT Tech no l o gie Les Stations scientifiques en milieu polaire : L’épopée à travers l’Arctique et l’Antarctique Malgré leur aspect désolé, les régions polaires jouent à l’évidence un rôle primordial de véritable “laboratoire scientifique”, à la fois hors norme et irremplaçable, pour tenter de comprendre les caprices actuels du climat. Cet écrin de glace, incroyablement riche, mais également extrêmement fragile face aux menaces des changements climatiques, s’avère donc être un rouage essentiel pour tenter de cerner la complexité de la machine climatique mondiale. Actuellement, c’est donc toute une batterie de disciplines qui s’attelle sans relâche pour exploiter tout ce matériel offert par les régions polaires. Cela implique inévitablement l’installation, souvent techniquement difficile et périlleuse, de stations scientifiques dans ces lointaines contrées englacées. I N T E R N AT I O N A L P O L A R F O U N D AT I O N Figure 1 6 Localisation des principales stations scientifiques en région arctique. 1 Station de Ny-Alesund dans l’archipel du Svalbard (Norvège). L’île la plus importante est le Spitzberg. 1 2 Station scientifique du Zackenberg au Groenland (Danemark). 3 2 Base aérienne américaine de Thulé au Groenland (Danemark). 3 4 Centre de recherche de Resolute Bay (Canada). 5 4 5 Ville de Fairbanks en Alaska (USA), important centre de recherche en biologie et sciences marines. 6 Station biologique William Barents (Russie). 1) Epopée des stations dérivantes dans l’Arctique et la mise en place de stations terrestres : L’origine de la plupart des stations de l’Arctique est due à un fait précis : la banquise qui recouvre l’océan Arctique est loin d’être immobile. Sous l’action combinée des vents et des courants marins de surface, ce chaos de plaques de glace enchevêtrées est animé par un vaste mouvement de dérive appelé la “dérive des glaces”. Sa vitesse moyenne peut atteindre quelques kilomètres par jour en période de dégel ! Le moteur de cette dérive est à chercher dans l’existence de courants atmosphériques ou maritimes à la surface de l’océan Arctique. Toutefois, il existe une légère différence entre la direction théorique, résultant de ces deux effets et la direction réelle, observée en surface. Celle-ci est due à l’effet de Coriolis qui est une conséquence du mouvement de rotation terrestre autour de l’axe des pôles. Cet effet fut mit en évidence dès le 19è siècle par un français, nommé Gaspard Coriolis. En 1895, le Norvégien Nansen est le premier à réussir une dérive à travers les glaces de l’Arctique, prouvant ainsi l’existence du courant transpolaire. Plus tard, dès 1930, une solide compétition s’installe entre les Etats-Unis et la Russie pour le contrôle de l’Arctique. Les Russes dominent dans un premier temps, grâce à la mise en place de moyens I N T E R N AT I O N A L P O L A R F O U N D AT I O N scientifiques et économiques considérables. Après la seconde guerre mondiale, l’armée américaine se lance dans une vaste opération de repérage de gigantesques icebergs, des “îles flottantes”, propices à l’installation des bases dérivantes. Elle est largement aidée dans cette tâche par la télédétection qui se développe à cette époque. C’est le début de la guerre froide entre ces deux grandes nations, où l’Arctique est perçu par chacun des deux blocs comme une ligne de défense aérienne contre les éventuels assauts de l’adversaire. C’est en février 1951 qu’est inaugurée la première base dérivante, à 200km au nord l’Alaska. L’URSS reste toutefois dans la course car dès 1950-51, la chaîne montagneuse sous-marine de Lomonossov, baptisée en l’honneur du grand homme de science russe M. Lomonossov, est découverte. Ainsi, pour l’Année Géophysique Internationale (seconde année polaire de 1957-1958), le bloc soviétique possède plus de cinquante stations et bouées dérivantes. Les progrès réalisés dans les régions polaires, en océanographie, météorologie, cartographie, etc., sont colossaux. Chacun des pays voisins de l’Arctique se met alors à vouloir, sinon posséder, tout au moins collaborer à la mise en place d’une ou plusieurs base(s) scientifique(s) dans l’Arctique. Impossible donc d’en dresser une liste exhaustive : certaines stations terrestres figurent toutefois parmi les plus Figure 2 Localisation des principales stations scientifiques en région antarctique. 1 Base Amundsen-Scott (USA), pile sur le pôle Sud. 2 Base de Vostok (Russie), spécialisée dans les forages de glace. 3 1 Base Concordia Dôme C (France/Italie) qui abrite le forage européen EPICA. 2 4 3 Base Dumont-d’Urville (France). 5 5 Base de Mac Murdo (USA). 4 importantes en terme de moyens logistiques et de concentration de chercheurs (voir figure 1). Parmi celles-ci, citons par exemple, les bases de Resolute Bay au Canada, de Thulé au Groenland ainsi que le pôle de recherche de Fairbanks (Alaska) pour les Etats-Unis, de William Barents pour la Russie et enfin la base de Ny-Alesund au Svalbard (Norvège), où les instituts allemand Alfred Wegener (AWI) et français Paul-Emile Victor (IPEV) sont également présents depuis 2003. 2) Une présence française au pôle Sud. La présence de stations scientifiques en Antarctique est nettement plus récente que dans l’Arctique car le continent est longtemps resté isolé. En fait, il a fallu attendre l’Année Géophysique Internationale (AGI) et l’élan de collaboration et de mobilisation général de la communauté scientifique pour que naissent de nombreuses stations sur ce continent. Celles-ci furent implantées tantôt sur la côte, comme la base française Charcot, rebaptisée depuis du nom de Dumont d’Urville ou encore la station américaine de Mac Murdo, tantôt au centre de l’inlandsis comme la station russe de Vostok ou la station franco-italienne de Concordia, spécialisée en carottage dans la glace. 2.1) La base Dumont d’Urville : Montée en 1956, en préparation à l’AGI, la base Dumont d’Urville est spécialisée dans les domaines de la biologie et des sciences de la I Nwww.educapoles.org T E R N AT I O N A L P O L A R F O U N D AT I O N Terre (magnétisme et géodésie). Elle est occupée à l’année par des équipes de chercheurs français qui s’y relayent pour des missions de quelques mois. Pendant l’hivernage, l’effectif se réduit à une trentaine de personnes seulement, mais en période estivale, de novembre à mars, une centaine de personnes peuvent y cohabiter. Ceux-ci se répartissent entre les services généraux (technique, logistique, restauration, etc.) et la recherche scientifique (biologie marine, écologie, océanographie, climatologie, etc.). 2.2) La station Concordia au Dôme C : Installée au cœur du continent, c’est-à-dire là où la calotte polaire est la plus épaisse, cette base franco-italienne est née d’un accord entre l’IPEV et l’agence italienne pour l’énergie et l’environnement (ENEA), signé en mars 1993. Elle est spécialisée dans le forage glaciaire. En janvier 2005, les glaciologues y ont atteint la profondeur de 3270 m, ce qui permet de remonter à plus de 800.000 ans dans l’histoire climatique de notre planète. Par ailleurs, conçue pour résister aux conditions climatiques les plus extrêmes et fonctionner en parfaite autonomie durant neuf mois complets, la base Concordia du Dôme C est ravitaillée par convois terrestres, depuis la station de Dumont d’Urville en une dizaine de jours à peine. FICHE n°12 Glossaire : Chaîne montagneuse sous-marine de Lomonosov : Longue dorsale sous-marine passant plus ou moins sous le pôle Nord en s’étirant depuis les marges continentales sibériennes (mer des Laptev) jusqu’à l’île d’Ellesmere au Canada. Ses dimensions sont les suivantes : 1800km de long pour 130km de large en moyenne, avec des sommets qui culminent à environ 1000 mètres de profondeur. Dérive des glaces : n.f. Océano. - Déplacement de la banquise sous l’effet conjugué des vents et des courants marins dominants. Principalement étudié dans l’Arctique où se loge un anticyclone quasi-permanent en région polaire, trois principaux “courants de dérive” ont été identifiés ; le courant de Beaufort, le courant transpolaire et le courant groenlandais. Effet de Coriolis : n.m. - Un corps en mouvement dans un référentiel (ici, la Terre), lui-même en rotation, est soumis à une force perpendiculaire à la direction du mouvement. Ainsi, en raison de cette force fictive, les vents ou les courants marins de surface sont déviés de leur mouvement original vers la droite dans l’hémisphère Nord et vers la gauche dans l’hémisphère Sud. Cet effet est maximum à l’équateur et diminue progressivement en allant vers les pôles. Guerre froide : Période de climat politique tendu entre les deux blocs protagonistes de l’URSS et des Etats-Unis. Elle s’installe après la seconde guerre mondiale et culmine en 1961-1962, lors de la crise des missiles nucléaires, terrible bras de fer en- tre Kennedy et Khrouchtchev, alors au pouvoir à l’époque. Le Monde retient son souffle car on est à deux doigts d’un troisième conflit armé, mais la diplomatie l’emportera finalement. Îles flottantes ou icebergs tabulaires : n.f. Glaciol. - Gigantesques blocs de glace à l’aspect plat, dérivant au gré des courants marins présents en région polaire (océans Arctique ou Austral). Leur superficie s’étend habituellement sur plusieurs centaines de km². Nansen, Fridtjof - Zoologiste et explorateur norvégien, c’est le premier à réussir une dérive à travers les glaces de l’Arctique. Pour ce faire, Nansen et ses hommes d’équipage décident de se laisser volontairement emprisonner dans les glaces à bord de leur bateau, le “Fram” pour y dériver lentement. Ils passeront trois hivers prisonniers des glaces, depuis le nord de la Sibérie jusqu’au Cap Nord en Norvège, où leur bateau sera finalement libéré de la banquise. Télédétection : n.f. - Observation et/ou détection d’un phénomène réalisées à distance, depuis l’atmosphère terrestre pour les avions (photographie aérienne et radar embarqué) ou depuis l’espace pour les satellites. L’usage de ces derniers l’emporte de plus en plus. URSS : Acronyme désignant le bloc soviétique avant sa chute en 1989 qui signifie “Union des Républiques Soviétiques Socialistes”. Cette fiche n°12 fait référence aux fiches suivantes : 1 5 10 11 WEB : Découvrez les vidéos “Qu’est-ce que cela signifie d’être scientifique en région polaire?” et “A quoi cela sert-il d’étudier les pôles ?” ainsi que les dossiers pédagogiques “Les régions polaires”, “Les s c i e n c e s p o l a i r e s ” e t “ L’ a v e n t u r e d e s h o m m e s d a n s l e s r é g i o n s p o l a i r e s ” s u r E DUCAPOL E S , l e s i t e éducatif de la fondation polaire internationale (IPF) http://www.educapoles.org L e s i t e d e L’ I P E V q u i p r é s e n t e l e s i n f r a s t r u c t u r e s à d i s p o s i t i o n e n m i l i e u p o l a i r e http://www.institut-polaire.fr/ipev/infrastructures_et_moyens