Palais de l`affiche

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Palais de l`affiche
Bien de savoir
Palais de l’affiche
Heidelberg News Team
Musée de l’affiche wilanów – Elles font dans la publicité de films, la critique sociale
ou la propagande électorale: les affiches véhiculent des messages de tout type et
reflètent les courants de la société de leur époque. À côté du Palais de Wilanów, à
Varsovie, le plus ancien musée de l’affiche au monde documente toutes les facettes
de ce support riche en tradition.
L
’apparence monumentale est trompeuse.
Derrière la façade Empire de l’ancienne
école d’équitation du palais royal de Varsovie, se cache une architecture pragmatique
des années 60. En passant le porche flanqué
de deux statues de chevaux, on entre dans
un sobre espace d’exposition qui, sur deux
étages, retient toute l’attention sur une
forme d’art qui attire l’oeil et transmet son
message en quelques secondes: l’affiche,
sous toutes ses formes ludiques et artistiques. Inauguré en 1968, le musée de l’affiche de Wilanów est le plus ancien au
monde dans son genre. Ses archives renferment plus de 60 000 oeuvres d’artistes polonais et internationaux de la fin du 19e siècle
à nos jours. Le musée possède trois autres
exemplaires de chaque titre. Le patrimoine
se monte ainsi à quelque 200 000 affiches,
ce qui en fait l’une des collections les plus
exhaustives et les plus réputées qui soit.
Parmi les plus anciennes et les plus précieuses richesses du musée, figure la première impression de l’affiche «Divan japonais» de Henri de Toulouse-Lautrec, datant
de 1892. Les titres purement commerciaux
n’ont pas leur place ici. En tant qu’annexe
du
Musée
national
de Varsovie, l’établissement collectionne
exclusivement les premières impressions
d’affiches de créateurs professionnels qui se
distinguent de la masse et méritent l’appellation d’ «art». Les tendances en ligne de
mire. «Les œuvres à la thématique intéressante sont pour nous celles qui présentent
un caractère historique ou qui complètent
notre collection d’affiches d’artistes »,
indique la directrice du musée, Maria Kurpik. «Les affiches font la publicité de films,
de pièces de théâtre et de concerts, elles
reflètent en outre les événements sociétaux
et politiques de leur époque. Ce qui en fait
également des objets particulièrement intéressants et précieux du point de vue documentaire.» Outre les pièces historiquement précieuses, l’établissement suit bien
entendu aussi de près les tendances
actuelles de l’art de l’affiche et achète des
travaux
d’avant-garde
représentatifs.
«C’est ainsi que, depuis dix ans environ, la
tendance est à l’affiche d’auteur. Il s’agit
d’œuvres que des graphistes créent d’euxmêmes, sans commande d’aucun client,
par exemple sur de vieux films ou des
questions sociales d’actualité», explique
Kurpik. On voit aussi de plus en plus des
travaux utilisant avec succès l’affiche
comme support de campagnes d’information sociopolitique. Pour compléter la collection, Maria Kurpik et son équipe font
appel aux sources d’information les plus
diverses. Ainsi, le musée est en étroit contact
avec des imprimeries de Varsovie et d’ailleurs couchant sur papier les nouveautés les
plus intéressantes. «Nous suivons de près ce
qui s’imprime actuellement. Il n’y a ainsi
pratiquement aucune publication nouvelle
qui nous échappe en Pologne», indique la
conser-vatrice. Le musée s’informe en outre
des tendances mondiales dans l’art de l’affiche par le biais de la «Biennale internationale de l’affiche», soutenue par la fédération
mondiale des arts graphiques et de la communication visuelle (Icograda). L’exposition, créée en 1966, est un rendezvous
importants du secteur. Graphistes, artistes
et créateurs du monde entier envoient une
sélection de leurs œuvres à Wilanów, où a
lieu depuis 1994 la Biennale. «Ainsi, notre
public et nous aussi voyons tous les deux
ans quelque 3 000 titres de premier plan»,
indique Kurpik. Et comme, par tradition,
les vainqueurs du concours laissent ensuite
leurs œuvres au musée, les archives
s’étoffent ainsi constamment. D’autres
sources d’approvisionnement sont les
échanges ciblés avec d’autres musées ou collectionneurs, les ventes aux enchères internationales ou les dons d’artistes. Le musée
de l’affiche complète sa collection d’environ
Michel Bouvet, «Macbeth», 2010
Krzysztof Iwanski, «Baikonur», 2011
Michał Kowalczyk, «Battleship Potiomkin», 2011
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700 nouveaux titres par an. «Mais nous
trouvons aussi beaucoup de belles oeuvres
dans la rue, sur les murs des villes que nous
traversons. Nous avons toujours les yeux
ouverts, c’est une maladie professionnelle»,
dit la conservatrice. Importance croissante
de l’affiche. L’histoire du musée est étroitement liée à celle de la «Biennale internationale de l’affiche». À l’occasion de la première de la manifestation, en 1966, l’annexe
dédiée à l’affiche venant alors d’être créée
au Musée national de Varsovie organisait
une exposition sur l’histoire de l’art de l’affiche. Elle faisait ainsi fureur à l’international, mais surtout aussi sur le plan national.
Jusque là, l’affiche artistique polonaise
vivait dans l’ombre dans le pays, alors
qu’elle jouissait d’une excellente réputation
à l’international, surtout à partir des années
50. L’ «école polonaise de l’art de l’affiche»,
en parti-culier, avec des aritistes comme
Henryk Tomaszewski, Roman Cieslewicz,
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n
Lenica, Waldemar Swierzy et bien d’autres,
était et est encore très estimée dans le
monde en raison de son style pictural et de
son double langage graphique, symbolique
et riche en métaphores. C’est le succès de
cette exposition qui donna l’idée d’un
musée autonome de l’affiche, inauguré le 4
juin 1968 à Wilanów. Pour la première fois,
les artistes de l’école polonaise de l’affiche
avaient ainsi un forum dans leur pays et la
reconnaissance officielle qu’ils méritaient.
L’établissement
réussit
en outre à promouvoir l’affiche au rang
d’oeuvre d’art – un mérite qui lui a valu de
se voir décerner, en 1983, la médaille Ernst
Litfaß de l’association allemande pour la
publicité extérieure. Première adresse internationale. Aujourd’hui, le musée de l’affiche
fait partie des premières adresses au monde
pour les amateurs d’art. Il travaille en étroite
coopération avec les facultés de l’École des
beaux arts de Varsovie et peut ainsi faire état
d’une expertise appréciée dans le monde
entier dans l’art de l’affiche. Le musée documente l’évolution du support, lance de
nombreux projets de recherche et met au
point, en collaboration avec la filière universitaire de conservation, de nouvelles techniques d’entretien et de restauration. Organisant lui-même une dizaine d’expositions
Zsuzsanna Ilijin, «Where are the flying cars?», 2010
Wiktor Górka, «Hunting in Poland», 1961
Àgée de 57 ans, Maria Kurpik est depuis 1997
conservatrice du musée de Wilanów dont la
collection comprend quelque 240 000 affiches. Elle a
enseigné dans des universités à Varsovie et en Asie
et est considérée comme une grande experte
mondiale de l’art de l’affiche. Avec ses dix
expositions annuelles et de nombreuses autres dans
par an, le musée de l’affiche attire plusieurs
milliers de visiteurs à Wilanów, dont près
de la moitié de l’étranger. Il fait en outre la
publicité de l’art de l’affiche polonais dans
le monde entier par de nombreuses autres
expositions dans des galeries et musées
étrangers. Maria Kurpik se réjouit particulièrement de voir que beaucoup de jeunes
s’intéressent à l’art de l’affiche. « Nous
vivons tous aujourd’hui dans une culture
visuelle avec sans cesse les mêmes images
qui nous interpellent peu. L’affiche artistique dans la rue se démarque de cette
masse, suscite l’intérêt et émet des impulsions, ce qui explique que les jeunes se
sentent interpellés par cette forme artistique d’une énorme vitalité », indique la
directrice du musée. «Découvrir ces exemplaires hors du commun, les montrer aux
gens d’aujourd’hui et les conserver pour les
générations futures – telle est notre mission.»
des galeries et musées du monde entier, le musée
attire chaque années plusieurs milliers de visiteurs.
www.ch.heidelberg.com
www.heidelberg-news.com
Musée de L’Affiche Wilanów
www.postermuseum.pl
Stefan Norblin, «Poland.Zakopane», 1928
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