Suffit il d`etre certain pour etre dans le vrai

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Suffit il d`etre certain pour etre dans le vrai
Suffit-­‐il d’être certain pour être dans le vrai ? Conseils de méthode Analyse du sujet au brouillon : Il faut toujours analyser le sujet au brouillon avant de rédiger. Si vous avez bien appris votre cours, vous pouvez avoir la tentation de le réciter sans prendre en compte la spécificité du sujet… et écrire un hors-­‐sujet. Il faut vraiment faire un effort de réflexion personnelle pour adapter vos connaissances à un sujet différent de celui traité en cours. Pour analyser un sujet, il faut : 1) chercher les différentes définitions possibles des termes clefs en les distinguant des termes synonymes ; 2) interroger la relation entre ces termes clefs : si on les définit ainsi, s’opposent-­‐ils ou s’impliquent-­‐
ils ? 3) chercher un exemple concret qui peut amener une telle question. « Suffit-­‐il » -­‐> Il faut distinguer une condition nécessaire d’une condition suffisante. Une condition peut être nécessaire, sans être suffisante. Par exemple, il est nécessaire d’être majeur pour avoir son permis mais cela ne suffit pas. Inversement une condition peut être suffisante sans être nécessaire. Le sujet présuppose qu’être certain est nécessaire, mais ne suffit pas. La certitude -­‐> état d’esprit de celui qui pense détenir la vérité. Un énoncé est certain quand nous avons des raisons suffisantes pour le penser vrai. Mais quand l’énoncé est certain, c’est en fait nous qui sommes certains de sa vérité. La certitude est donc un état d’esprit, qui devrait être résulter du fait que l’esprit possède des raisons suffisamment fortes pour tenir quelque chose comme vrai. Mais est-­‐ce toujours le cas ? Distinction certitude/doute/opinion/conviction : La certitude s’oppose au doute. Elle s’oppose aussi à l’opinion. Quand je dis : « c’est mon opinion », j’ai conscience de son insuffisance objective, je n’en suis pas certain. Il faut aussi distinguer la certitude de la conviction : avoir une conviction, c’est être subjectivement persuadé de quelque chose en étant conscient d’être incapable de le prouver objectivement. Etre dans le vrai -­‐> ce n’est pas seulement dire quelque chose de vrai, c’est encore savoir que c’est vrai, être capable d’en rendre compte avec des arguments ou une démonstration. Recherche du plan : Le plus souvent, un sujet commençant par « suffit-­‐il » peut avoir un plan du type : 1. C’est nécessaire… 2. Mais cela ne suffit pas… 3. Il faut aussi…. Ou 1. Ce n’est pas suffisant… 2. Mais c’est tout de même nécessaire… 3. Il faut aussi… 1 Suffit-­‐il d’être certain pour être dans le vrai ? Accroche : amener le sujet en partant soit d’un exemple concret, soit de l’analyse d’expressions courantes. Analyse du sujet et problématisation en opposant deux réponses. L’analyse et la problématique doivent être liées : c’est en montrant le lien d’opposition ou d’implication des 2 notions qu’on formule les réponses. La première réponse (négative) est donnée en opposant les deux notions. J’oppose une 2e réponse, en montrant l’implcation des deux notions. Reformulation de la question sous forme d’alternative (en employant les termes mêmes du sujet pour éviter le hors-­‐
sujet). Annonce de plan sous forme de questions indirectes. Phrase en début de partie annonçant la thèse. Distinction entre opinion et connaissance. Référence développée et précise venant en milieu de partie. L’histoire des sciences est pleine de ces affirmations que l’on croyait certaines et se sont révélées fausses. Il semblait évident que la Terre était plate, que le Soleil tournait autour. Ce n’est pas seulement les croyances religieuses qui donnaient cette certitude, mais l’observation et la science de l’époque. Suffit-­‐il donc d’être certain pour être dans le vrai ? "Être dans le vrai", c’est connaître la vérité : c’est savoir que ce que l’on dit est vrai, car cela correspond à la réalité. Cela implique une forme d’objectivité. Or "être certain" est un état intérieur subjectif : c’est être persuadé de détenir la vérité sans en douter. Comment un sentiment, un état intérieur subjectif pourrait-­‐il garantir l’objectivité d’une affirmation ? N’est-­‐ce pas le fait de l’ignorant d’être sûr de lui-­‐même, ignorant sa propre ignorance ? Nous pouvons être certain de quelque chose pour de mauvaises raisons. N’est-­‐ce pas plutôt le doute qui caractérise la démarche scientifique ? Pourtant, si nous étions dans le doute perpétuel et dans l’incertitude, cela signifierait qu’il n’y a pas de science ni de vérité atteignable. Si la vérité est accessible, nous devons bien posséder un critère permettant de savoir que nous l’avons atteint : or il ne semble pas existe d’autres critères que le sentiment de certitude qu’engendre un raisonnement bien conduit. La certitude est-­‐elle donc un critère suffisant pour être dans le vrai ou existe-­‐t-­‐il d’autres critères permettant de vérifier le bien fondé de cette certitude ? Nous nous demanderons d’abord, dans un premier temps, si la certitude n’est pas une condition au moins nécessaire, à défaut d’être suffisante, pour être dans le vrai. Pourtant nous questionnerons sa valeur en montrant les limites d’une telle certitude dans un deuxième temps. Ce qui nous amènera à nous demander quelles sont les conditions pour que la certitude soit vraiment garante d’être dans le vrai. Dans cette partie, nous montrerons que la certitude est une condition nécessaire pour être vrai, car c’est bien la certitude que recherche le scientifique. En effet, si nous étions dans l’incertitude permanente, cela signifierait qu’aucune vérité n’est atteignable. A l’inverse "être dans le vrai", c'est détenir une connaissance. Or la différence entre la connaissance et l’opinion tient dans cette certitude. Une opinion peut certes être vraie, mais elle n’est pas certaine, au contraire de la connaissance. La certitude semble donc accompagner la connaissance véritable : elle en serait la condition nécessaire. Mais suffit-­‐elle à garantir la vérité de ce qui est tenu pour vrai : en est-­‐elle la condition suffisante ? Comment savoir ce que l’on est dans le vrai sinon par ce sentiment de certitude ? Quel autre critère donner à la vérité ? Descartes dans Les Méditations Métaphysiques, a entrepris de remettre en doute toutes ses connaissances pour voir si l’un d’elle pouvait résister à toute forme de doute. Les sens nous trompent quelques fois et ne sont donc pas fiables. L’existence du monde pourrait être un rêve. Un malin génie, suppose même Descartes, pourrait chercher à nous tromper en permanence dans nos raisonnements. Pourtant, Descartes en vient à la conclusion que si l’on peut douter de tout, on ne peut pas douter que si l’on doute, c’est qu’on existe. Cette certitude, appelée le cogito cartésien (« je pense donc je suis ») est une vérité indubitable. Or comment le sais-­‐je ? Par l’évidence avec laquelle elle apparaît à mon esprit, par la 2 Suffit-­‐il d’être certain pour être dans le vrai ? Transition (une phrase faisant le bilan de la partie précédente, une phrase relançant la réflexion). Phrase en début de partie annonçant la thèse. Distinction vérités a priori et a posteriori. La méthode expérimentale. La transition entre la 2e et la 3e partie consiste souvent à repose le problème, comme en certitude donc qu’elle engendre. Cette évidence se retrouvera partagée par tout être doué de raison. C’est donc l’évidence qui s’impose à mon esprit, même si elle est un état subjectif, qui est donc la garantie de l’objectivité de mon propos. Spinoza disait que la vérité est sa propre marque, qu’elle s’indique elle-­‐même : si mon raisonnement est bien mené, mon esprit voit cette vérité avec évidence. En géométrie, qui est la science la plus certaine, c’est d’évidence en évidence que l’on avance lors d’une démonstration géométrique, sans nul besoin d’avoir recours à une expérience extérieure pour vérifier. Par exemple, des affirmations comme "deux quantités égales à une même troisième sont égales entre elles" ont un caractère de certitude immédiate qui justifie qu'on les tiennent pour vraies. Cependant, Descartes donne des critères pour que cette évidence ne soit pas confondue avec de fausses évidences. Il faut d’abord qu’elle découle d’idées claires et distinctes ; il faut ensuite que l’esprit avance avec méthode, sans précipitation et sans préjugé, d’une idée claire et distincte à une autre, en faisant attention de n’omettre aucune étape. La véritable certitude semble donc être la marque et le critère de la vérité. Mais peut-­‐on vraiment toujours distinguer la certitude intellectuelle des rationalistes de la simple conviction subjective ? Dans cette deuxième partie, nous interrogerons les limites de la certitude comme seul critère de la vérité. En effet, si la certitude est une condition nécessaire pour être dans le vrai, elle n'en est pas une condition suffisante. Nos certitudes sont pour la plupart des opinions reçues que nous n’avons pas encore questionnées. C’est d’ailleurs cette démarche de questionnement qu’entreprend Descartes. La fausse certitude peut donc être un obstacle à la recherche de la vérité : croire que l’on sait empêche de savoir. Quand l’Oracle de Delphes a affirmé que Socrate était l’homme le plus sage d’Athènes, d’après ce que rapporte L’Apologie de Socrate de Platon, Socrate a découvert que ce n’était pas à cause de l’étendue son savoir, mais parce qu’il savait qu’il ne savait rien, au contraire de tous ceux qui ignorent leur ignorance. La démarche scientifique implique la capacité à se remettre en question et même à se défier de ses propres pensées. Pour être dans le vrai, il faut pouvoir prouver ce que l'on avance. Quelle preuve suffit pour être dans le vrai ? Cela dépend de ce que l'on veut prouver : l’évidence suffit dans les raisonnements purement formels, reposant sur la logique pure et les vérités a priori. Mais il n’en est pas de même des vérités a posteriori, qui ne peuvent pas être déduites par logique, mais sont connues par l’expérience. En ce qui concerne donc les sciences expérimentales, la certitude subjective ne suffit pas. Il faut recourir à l’expérience, laquelle n’est pas une simple observation passive. Elle est au contraire provoquée volontairement, dans des conditions artificielles pour tester l’hypothèse théorique. Il s’agit alors de mettre en place des conditions artificielles, en limitant les paramètres, afin d’obtenir une réponse univoque à la question que l’on se pose. Ce processus doit être reproductible, de sorte que la communauté scientifique puisse reproduire les mêmes étapes et arriver au même résultat. C’est la rigueur de cette démarche qui crée la certitude. La certitude ne semble donc pas être un critère suffisant pour établir la vérité d’une proposition. Pourtant si nous n’étions certain de rien, il n’y aurait plus aucune vérité. 3 Suffit-­‐il d’être certain pour être dans le vrai ? intro, en opposant les thèses des parties 1 et 2. Phrase en début de partie annonçant la thèse. Chiasme. Géométries non euclidiennes. Concept de réfutabilité. Référence précise et développée en milieu de partie. Conclusion Comment alors sauvegarder l’idée de vérité et de science, si elle ne repose pas sur le critère de la certitude ? Dans cette partie, nous verrons que le critère de la vérité ne repose pas sur la seule certitude mais sur la rigueur de la démarche scientifique. La certitude n’est pas un critère en soi. Elle n’est valable que si elle résulte d’une démarche véritablement scientifique et rigoureuse, comme celle de l’expérimentation scientifique décrite par Claude Bernard. La certitude est engendrée par la satisfaction de critères de vérité (la cohérence du raisonnement, la rigueur de la démarche, le test de l’expérience), mais elle n'est pas elle-­‐même le critère de vérité. La certitude accompagne nécessairement la preuve, mais n'en tient pas lieu. Si on a la preuve, on est certain, mais l'inverse n'est pas vrai : il ne suffit pas d'être certain pour avoir la preuve. Par ailleurs, certaines vérités que l’on pensait être évidentes ont été remises en cause. La géométrie euclidienne a vu apparaître à ses côtés la géométrie non-­‐
euclidienne, ce qui ne semblait pas être possible auparavant. En géométrie, actuellement, on ne considère plus les axiomes comme des certitudes évidentes, mais comme des hypothèses admises conventionnellement. Il faut à la fois se méfier du relativisme facile, qui ruine toute idée de la science et de la vérité, et le dogmatisme qui s’oppose à la démarche de recherche et de critique. Le scientifique n’acceptera pas de relativiser la science au point de dire que tout peut être remis en cause et que toutes les affirmations se valent. Pourtant, il ne tiendra pas ses théories pour des vérités absolues non plus. Mais plutôt comme des hypothèses tenues pour vraies jusqu’à preuve du contraire. Ainsi, Karl Popper soutient que le propre d’un énoncé scientifique n’est pas d’être certain, mais « réfutable », c’est-­‐à-­‐dire formulé de telle manière qu’on soit capable de dire quel contre-­‐exemple le réfuterait s’il apparaissait. La théorie sera tenue pour vraie tant qu’un tel contre-­‐exemple n’apparaît pas. Une théorie scientifique est « réfutable » dans le sens où elle doit pouvoir être confrontée à l’expérience, où l’on doit pouvoir faire une expérience pour la tester, pour chercher à la réfuter. A la question de savoir s’il suffit, donc, d’être certain pour être dans le vrai, nous pouvons désormais répondre que non. En effet, la certitude n’est pas en elle-­‐même un critère suffisant de vérité. Par contre, la certitude accompagne la vérité, quand elle est le résultat dans notre esprit d’une démarche scientifique rigoureuse. Mais cette certitude doit être critique : toute théorie demeure une hypothèse ; sans sombrer dans le relativisme : certaines hypothèses demeurent mieux fondées que d’autres, entre autres parce qu’elles peuvent être éprouvées par l’expérience. 4 

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