Exploration

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Exploration
Exploration ! (EXTRAIT)
Pièce en 3 tableaux et en 3 époques et librement inspirée de A l’Ouest rien de nouveau,
de Erich Maria Remarque, 1928.
Personnages
Paul : 17 ans, soldat allemand durant la 1ere guerre mondiale, personnage principal du
Roman de Erich Maria Remarque, A l’Ouest rien de nouveau.
Alessandro : jeune Italien, 20 ans en 1980, voyageant à travers l’Europe avec une carte
Inter-rail.
Velibor : soldat bosniaque, fuyant la guerre dans son pays en 1992.
Un collégien.
Une collégienne
Un groupe de collégiens.
Prologue
(En 1914, Paul, un jeune soldat allemand, vient de poignarder un soldat français qui
s’était réfugié dans le même trou d’obus que lui pour se protéger des bombardements. Il
cherche à le réconforter… Après avoir agonisé toute la nuit, l’homme meurt dans l’aprèsmidi).
(La scène est plongée dans le noir. On entend dans le lointain des explosions d’obus. La
voix de Paul s’élève).
Paul : « Camarade, je ne voulais pas te tuer. Si, encore une fois, tu sautais dans ce trou,
je ne le ferais plus, à condition que toi aussi tu sois raisonnable. Mais d’abord, tu n’as
été pour moi qu’une idée, une combinaison née dans mon cerveau et qui a suscité une
résolution ; c’est cette combinaison que j’ai poignardée. A présent, je m’aperçois que tu
es un homme comme moi. J’ai pensé à ta baïonnette et à tes armes ; maintenant c’est ta
femme que je vois, ainsi que ton visage et ce qu’il y a en nous de commun. Pardonnemoi camarade. Nous voyons les choses toujours trop tard. Pourquoi ne nous dit-on pas
que vous êtes des pauvres chiens comme nous, que vos mères se tourmentent comme
les nôtres et que nous avons tous peur de la mort, la même façon de mourir et les
mêmes souffrances. Pardonne-moi, camarade ; comment as-tu pu être mon frère, tout
comme Kat et Albert. Prends vingt ans de ma vie, camarade et lève-toi ».
Erich Maria Remarque. Extrait de A l’Ouest rien de nouveau. 1928.
(Fracas d’obus. La voix se tait).
1er tableau
Lumière. Quand Paul reprend connaissance, il a été, sans le savoir, propulsé en 1980,
sur le bord d’une voie ferrée. Un jeune homme à l’accent italien passe par là. Vêtu d’un
bermuda, de chaussures de randonnées et d’un sac à dos et portant les écouteurs d’un
baladeur sur les oreilles. Il chantonne « Ma Quale idea » de Pino d’Angio.
Paul : (D’une faible voix qui s’élève d’un fossé) Au secours !
Alessandro : Hein ? Qui m’appelle ?
Paul : C’est moi ! Aidez-moi… Je vous en prie…
Alessandro : Ça ne va pas ? Que vous est-il arrivé ? Vous avez eu un accident ? (Il
distingue soudain le fusil de l’Allemand et esquisse un mouvement de recul).
Paul : Non, n’ayez pas peur… Je m’appelle Paul. Je ne vous veux pas de mal. Dites- moi,
que faites-vous ici dans cette tenue ? Quelle est votre corps d’armée ? Votre régiment ?
Alessandro : Mon corps d’armée ? Mon régiment ? Ah, je comprends, vous êtes militaire.
Pas moi, je ne suis pas militaire. Je fais un tour d’Europe !
Paul : Vraiment ? Mais vous n’avez pas peur de vous faire tuer ? Vous n’allez pas aller
loin comme ça…
Alessandro : (Il rigole). Pourquoi aurais-je peur de me faire tuer ? Ce n’est pas comme si
nous étions en guerre !
Paul : Mais nous sommes en pleine guerre, voyons, ce n’est pas le moment de
plaisanter !!
Alessandro : Enfin, ne soyez pas ridicule ! Vous me faites une blague ! Nous sommes en
1980 !
Paul : En 1980 ? (A part). Ce n’est pas possible ! Je rêve ! Je rêve que je voyage dans le
temps ! Ou est-ce la réalité ?
Alessandro : Voilà longtemps que la dernière guerre s’est achevée. Désormais nous
vivons en paix en Europe ! Regardez, j’arrive d’Italie, j’ai déjà traversé la Belgique, je
visite le nord de la France, la Marne, Verdun et le cimetière où sont enterrés tous ces
soldats morts pour défendre leur patrie et avec ce ticket inter-rail, je m’apprête à partir
pour l’Angleterre et ensuite la Suède … Oui, j’adore les blondes et quand je dis les
blondes ce n’est pas seulement la bière…
(Il s’interrompt soudain).
Ah… je comprends… Vous me faites une blague : vous êtes déguisé en soldat allemand
de la guerre de 14 parce que vous participez aux commémorations de la guerre de 14-18
qui auront lieu à l’automne prochain !
Paul : Mais qu’est-ce que vous me racontez-là ? La guerre s’est donc achevée en 1918 ?
Alessandro : (le regardant d’un œil suspect). Hmm… oui…
Paul : Et qui l’a gagnée ? Dites-moi ?
Alessandro : Eh bien la France et ses alliés … L’Allemagne a été défaite. L’Italie aussi
d’ailleurs…
Paul : (A part). Je ne peux pas y croire… (A son interlocuteur). Et les peuples se sont
réconciliés ?
Alessandro : Mais oui, et depuis longtemps. Nous vivons tous en bonne entente depuis.
Et cela grâce à cette géniale idée qu’on appelle l’Europe qui nous a protégés de
nouveaux conflits depuis des décennies ! Vive l’Europe !
Bon, heu… excusez-moi, sans vouloir vous vexer, je vous trouve un peu étrange et si je
ne veux pas rater mon train, je dois partir. Les petites anglaises m’attendent. Ensuite ce
sera le tour des petites suédoises ! Arrivederci !.
Paul : Non, attendez ! Ne partez pas ! Je ne comprends pas… attendez !
(A ce moment-là, le bruit assourdissant d’un obus se fait entendre avant d’exploser
Margaux BLANCHARD et Clément LEPHAY
3ème 2 Collège Manon Cormier de Bassens