La Grande mosquée de Kairouan lève le voile de la nuit

Transcription

La Grande mosquée de Kairouan lève le voile de la nuit
lumières EXTÉRIEURES
Photo Jean-Marc Charles
La Grande mosquée
de Kairouan lève
le voile de la nuit
Six mois après la mise en service d’une
première séquence d’animation, la Grande
mosquée de Kairouan, en Tunisie, s’enrichit
depuis le début de l’été d’une seconde séquence
intitulée “l’appel du minaret”. Une réalisation
exemplaire, puisque pour la première fois un édifice
religieux musulman fait l’objet d’une telle mise en
lumière. Les concepteurs expliquent leur démarche.
la cité. Une lumière blanche et froide
(4 200 K) venue de l’est éclaire toutes
les nuits le minaret et les deux coupoles
de la salle de prières. Côté ouest, ce sera
une lumière chaude (3 000 K), prolongeant ainsi la caresse du soleil qui viendra les illuminer. Notre sélection d’effets
s’est donc portée sur une lumière qui
enveloppe et non qui repeigne la Grande
mosquée. »
Aux mains de l’imam
De simples lampes à incandescence
donnent du flux au pied de l’enceinte,
tandis que des dichroïques valorisent
les arches. Des encastrés de sol
animent l’enceinte extérieure.
Des projecteurs sont placés dans
les creux du dôme afin d’en souligner
les reliefs, quatre projecteurs
convergent sur les trois sphères qui
surmontent le minaret. Des dichroïques
soulignent les caractéristiques du dôme.
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LUX n° 214 - Septembre/Octobre 2001
a mise en lumière de la mosquée ne pouvait être que
symbolique et non figurative,
car éclairer un tel édifice religieux est
dans son principe un contresens »,
explique Jean-François Arnaud, directeur artistique des Nocturnales de
Kairouan.
Au milieu de la steppe du Sud, au centre
de la Tunisie, la Grande mosquée de
Kairouan, 4e ville sainte de l’Islam, dresse
sa silhouette au-dessus de la ville. De son
minaret, cinq fois par jour, depuis treize
siècles, l’appel à la prière se répand dans
Kairouan, la ville sainte. Construite par la
volonté du grand Okba Ibn Nafaa pour
installer la cité dans son rôle lumineux de
capitale de l’empire aghlabide, la Grande
mosquée est l’un des principaux chefsd’œuvre de l’art religieux musulman.
« Dans la pénombre de la nuit propice
au merveilleux et à la méditation, la
lumière artificielle doit nous donner une
autre lecture que celle de l’architecture :
celle du rôle de la Grande mosquée dans
cette ville sainte, commente encore JeanFrançois Arnaud. C’est pourquoi, il nous
a paru indispensable de réaffirmer le
rôle tutélaire de la Grande mosquée sur
“L
C’est dans cet esprit qu’a été conçu le
premier programme d’illumination de la
mosquée de Kairouan, lancé à l’initiative de l’Agence nationale de mise en
valeur du patrimoine et de promotion
culturelle de Tunisie, avec l’aide effective de la Fondation EDF, qui a participé
à l’étude initiale. Un projet ambitieux et
unique, puisqu’il s’agissait d’une première. « Jamais auparavant un édifice
religieux musulman n’avait fait l’objet
d’une telle démarche artistique », précisent Clarisse Deneuve et Jean-François
Arnaud (qui travaillaient alors pour
Citélum) dont le projet a été retenu.
Avec justesse, ils se sont efforcés, pour
élaborer leur première animation inaugurée en novembre 2000, de respecter la
cohérence architecturale de ce magnifique bâtiment, l’une des plus belles
mosquées du monde musulman, ainsi
que les rites religieux, la mosquée étant
ouverte aux fidèles.
Ainsi, non seulement la lumière artificielle accompagne-t-elle les prières
depuis le crépuscule jusqu’à l’aube,
mais c’est l’imam lui-même qui garde la
main, en quelque sorte, puisqu’il est le
seul habilité à éclairer (ou non) chaque
soir la mosquée en appuyant sur la télécommande qui pilote tout le système
informatique du programme. Cette automatisation des séquences était voulue
dans le projet, afin de simplifier au
maximum la mise en lumière.
L’installation de base a ainsi été constituée d’une trentaine de circuits (un circuit étant un câble alimentant un ou plusieurs projecteurs) et d’un système de
pilotage informatique PILS (pilotage du
son et de la lumière), qu’il s’agisse des
allumages/extinctions ou des montées
graduelles de l’éclairage. Les concep-
Photo Jean-Marc Charles
lumières EXTÉRIEURES
teurs ont utilisé le principe KSL antifroid et anti-humidité ainsi qu’un décodeur d’ordres.
Une seconde animation
> Maître d’ouvrage : Agence nationale
les intervenants
De gauche à droite :
Clarisse Deneuve,
Frédéric Mourre,
Thierry Arnaud, Abdel
Wahebhattad, Heidi
Lahmar, Heidi Bouali,
Jean-François Arnaud,
Taouf Ik, Hechmi
del Fredj.
La première animation, d’une durée de
vingt minutes, avait pour titre “le cycle
solaire”. La séquence, qui se répétait pendant deux heures avant de se figer jusqu’à
une heure du matin, se décomposait en
quatre parties et s’efforçait de faire apparaître et disparaître les volumes et l’architecture sur le thème de la course du soleil
et de l’arrivée de la nuit. Quatre types
d’éclairages étaient prévus pour les jours
de fêtes, les soirs de ramadan, l’éclairage
de soirée et un éclairage de veille.
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En juin dernier, un second programme
est venu enrichir le premier : il a pour
titre “l’appel du minaret”, et ne dure que
neuf minutes, chaque heure.
La séquence vise à créer un vaste
contre-jour avec effet de ciel bleu pour la
vision nord-ouest. Apparaissent simultanément les couleurs plus orangées du
coucher du soleil, sur la façade ouest du
minaret, alors que la nuit (bleus très
doux) s’installe au nord et à l’est. La
mise en valeur des détails d’architecture
viennent se superposer sur les effets
d’ambiances. A la fin du cycle, l’arrivée
d’une lumière plus intense et pluri-angulaire, de tonalité blanc-chaud, fait rayonner l’ensemble du minaret.
PH.G.
de mise en valeur du patrimoine
et de promotion culturelle de Tunisie
(avec la Fondation EDF)
> Réalisation et mise en scène :
Clarisse Deneuve et Jean-François Arnaud
(Citelum/ECA-Poissy)
> Direction technique :
Lofti Bouzouhita et Heidi Bouali (APPC)
> Moyens informatiques : Pils Multim
> Projecteurs :
Philips Éclairage, Thorn Europhane
> Gradateurs : système KSL RVE

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