angers - Observatoire et Assises de l`Ubérisation
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angers - Observatoire et Assises de l`Ubérisation
Angers f Santé. Une mutuelle expose des objets connectés dans une agence pilote Harmonie Mutuelle inaugure aujourd’hui la première « agence digitalisée » de son réseau. Résultat du regroupement de deux précédentes adresses à Angers - centre commercial du Chapeau de Gendarme à La Roseraie et boulevard Foch - le nouveau local de 250 m2 occupé par Harmonie Mutuelle dans la rue Voltaire - il abritait auparavant une boutique de décoration - met en valeur des objets connectés liés à la santé. « Nous avons une conviction, celle que le numérique va prendre une importance croissante dans ce domaine, pour se soigner, prévenir les maladies ou aider au maintien à domicile des personnes âgées ou convalescentes. On tient à accompagner ce mouvement », justifie Lionel Fournier, directeur de la mutuelle dans la région « Atlantique ». Actionnaire de la Cité de l’objet connecté lancée il y a deux ans à Angers, cet opérateur de complémentaire santé, prévoyance et épargne présente à ses adhérents et visiteurs plusieurs objets intelligents, comme cet impédancemètre couplé à une balance. Mis au point à Marseille et vendu 225 €, cet appareil permet de calculer avec précision, en complément du poids, le taux de masse graisseuse, osseuse et musculaire par un simple contact des électrodes sur le talon d’Achille et la main. Le courant de faible intensité qui circule de bas en haut du corps est analysé sur smartphone via une application dédiée. Un guide des objets connectés Cet outil figure dans le Guide sur la santé connectée qu’édite également cette mutuelle. Consultable sur Internet (www.guide-santeconnectee.fr) et sur la table interactive mise à disposition dans son agence du centre-ville, ce répertoire est alimenté par son laboratoire d’innovation technologique basé près de Saint-Pierredes-Corps (Indre-et-Loire). Il a déjà passé sur le gril une quarantaine de références des principaux fabricants, en terme notamment de fiabilité et de respect de la vie privée. Cette agence de la rue Voltaire devrait aussi servir à terme de vitrine aux prototypes sortis tout droit de la Cité de l’objet connecté. Anthony PASCO Photo CO Angers, rue Voltaire, hier. Lionel Fournier, directeur régional d’Harmonie Mutuelle, avec un impédancemètre électronique exposé dans la boutique. Publi reportage Pierre & Terre Saumur et Angers D É C I B E L S P R O D U C T I O N S _ 491 422 97 8 R C S PA R I S _ L 2-1072 5 3 1 - L 3 -1072 5 32 | P H O T O _ YA N O R H A N | C R E AT I O N _ C L A R K | C O N C E P T I O N _ H . T H O M A S Pierre & Terre Saumur et Angers accompagnent votre projet de construction de maison sur mesure de sa conceptualisation jusqu’à sa concrétisation. Toutes nos compétences humaines (commerciales, administratives, juridiques et techniques) sont réunies au sein même de l’entreprise. Constructeur de maisons individuelles depuis 1989, Pierre et Terre est une entreprise familiale locale, s’appuyant sur un partenariat d’artisans sélectionnés selon des critères de qualité et d’expérience. Venez découvrir nos réalisations le samedi 30 avril et le dimanche 1er mai de 10h à 18h sur la commune de Corné, parcours fléchés. Nous nous ferons un plaisir d’échanger avec vous.” Ubérisation : « Trouver l’équilibre » Grégoire Leclercq, fondateur de l’Observatoire de l’ubérisation ainsi que de la Fédération nationale des autoentrepreneurs, intervenait mardi lors d’un débat organisé par la Chambre de commerce. C omment définissez-vous l’ubérisation de l’économie ? Grégoire Leclercq : « C’est un changement brutal des rapports de forces causé par le numérique. Trois leviers sont arrivés à maturation qui, ensemble, donnent une lame de fond d’une puissance inégalée : la montée en charge des indépendants, la montée en puissance du digital pour tous et la révolution de la consommation. On est devenu impatient, on demande de la simplicité, on n’accepte pas le taux d’effort. On préfère même un acteur tout jeune, même s’il n’est pas confirmé, à une banque qui aurait 100 ans d’existence. » En tant qu’auto-entrepreneur, que vous apportent tous ces nouveaux outils numériques ? « Globalement, les travailleurs indépendants ont un très bien savoir-faire mais ont du mal à se faire connaître. Ces plates-formes sont devenues de formidables référenceurs d’indépendants capables de réaliser des petites missions : transport des derniers kilomètres, garde d’enfants, service à la personne. Finalement, il suffit d’être un bon prestataire, bien noté sur une plate-forme pour s’assurer au moins 50 % du chiffre d’affaires. C’est en cela que l’auto-entreprise vit son âge d’or dans l’ubérisation. Les plates-formes d’ubérisation sont devenues le meilleur commercial de tous ces indépendants. » Pourquoi avez-vous fondé cet observatoire de l’ubérisation en juin 2015 ? « Quand on a vu apparaître le mot d’ubérisation, je me suis dit : ce sera l’âge d’or de l’auto-entreprise mais il faut créer un observatoire pour nettoyer ce qui pouvait être dit d’incorrect. On a aussi mis en place en place un comité avec des élus, des syndicalistes, des économistes pour essayer de gommer les imperfections comme la précarisation des travailleurs indépendants et les problématiques des modèles économiques traditionnels. Par ailleurs, ces platesformes accumulent des données très personnelles, très précises, parfois revendables. Cela pose des questions d’éthique et de transparence. » Les hôteliers estiment qu’Airbnb est une concurrence déloyale puisque les utilisateurs ne sont pas astreints aux mêmes charges sociales et fiscales. « Il y a toujours eu des gens qui prêtaient leurs appartements ou qui avaient des chambres d’hôtes. Ce qui est nouveau c’est qu’avec Airbnb, on Angers, Cité de l’objet connecté, mardi. Grégoire Leclerq a lancé la Fédération des auto-entrepreneurs en 2009 alors qu’il avait 26 ans. Photo CO - Laurent COMBET arrive sur des marchés de masse qui brassent des milliards d’euros. Ceci dit, des études montrent que les acteurs traditionnels gardent leur clientèle et que c’est plutôt un nouveau marché qui émerge. » Ces plates-formes concentrent beaucoup de richesses sans prendre de risques. « Tous ces modèles sont empreints d’une forte dose de capitalisme effréné et de volonté de spéculation. Cela pose un problème éthique puisqu’on aura à terme des monopoles très forts. Ce sont par ailleurs des plates-formes qui n’ont aucun actif. Airbnb n’a pas une chambre d’hôtel, pas une femme de chambre. Mais il est plus valorisé que des groupes hôteliers énormes qui ont des dizaines de milliers de chambres. En même temps cela pose la question de notre responsabilité environnementale. Le luxe ultime des ânes 90, c’était chacun sa voiture. Maintenant on se dit : à quoi cela sert si je m’en sers une fois par semaine ? Peut-être sera-t-on dans une société qui sera plus dans le partage. » L’ubérisation de l’économie va-telle entraîner la perte du statut de salarié ? « Le statut de salariés reste Quand la SNCF fait du covoiturage Photo CO - Laurent COMBET Agence Angers 1, rue René Bremont www.pierre-et-terre.fr Agence Saumur 4, rue du Maréchal Leclerc - 02 41 50 83 00 DECIBELS PRODUCTIONS PRESENTE Angers, mardi. Frédérique Ville participait aussi au débat sur l’ubérisation. ANGERS - ARENA LOIRE TRÉLAZÉ - 5 AVRIL 2017 TICKETMASTER.FR - FNAC.COM - DIGITICK.COM - DECIBELSPROD.COM - OSPECTACLES.FR & POINTS DE VENTE HABITUELS Ubérisation de l’économie ? Pour ce qui concerne le site iDVROOM, dont le siège est basé à Angers, le terme paraît un peu impropre. Cette plateforme de covoiturage rachetée par la SNCF en 2013 - alors elle s’appelait Ecolutis - cherche bien évidemment à occuper le marché. Mais elle prend ses marges en facilitant les rapports entre des covoitureurs qui voyagent ensemble régulièrement. « Blablacar organise des trajets de loisirs longue distance. Nous, nous proposons des trajets de courte distance réguliers, essentiellement domicile-travail dans des secteurs où les transports publics ne sont pas adaptés, précise Frédérique Ville, la directrice générale. La moyenne se situe autour de 3540 kilomètres. Nous visons le marché du grand public mais aussi des entreprises et des collectivités ». iDVROOM a peaufiné sa plate-forme numérique depuis ses locaux hébergés chez Weforge rue Lenepveu. « On a une application pour que les utilisateurs se préviennent d’un clic s’ils ont du retard, ou pour équilibrer les frais entre eux, explique la dirigeante. Parfois, ils n’osent pas demander une somme due à d’autres utilisateurs. C’est nous qui la calculons pour eux en fonction des frais réels et du planning. On est un peu le juge de paix ». iDVROOM compte à ce jour 110 000 utilisateurs actifs. Ce n’est pas le razde-marée Blablacar mais c’est un capital qui a l’avantage d’être stable. « 18 000 voitures partent chaque matin », indique encore Frédérique Ville. A Angers, la société emploie 19 salariés. Jeudi 28 avril 2016 extrêmement majoritaire en France, beaucoup plus que les autres pays d’Europe. En France on n’a que 7 % des actifs indépendants contre 12 % en Angleterre et 44 % aux EtatsUnis. Evidemment, l’ubérisation va multiplier le nombre de ces indépendants : actuellement on est trois millions en France, peut-être on en aura un ou deux millions de plus d’ici 2020 mais on ne sera jamais à la destruction du modèle salarial. C’est un fantasme des ultralibéraux. » Mais ne va-t-on pas aboutir à une société du chacun pour soi ? « C’est une des craintes au sein de notre observatoire. Ces modèleslà, avec le système de notation, manquent d’humain. On choisit l’indépendant le mieux noté, le plus près de chez moi. On est dans la rationalisation dans le lissage du risque. Est-ce pour autant qu’on va tomber dans une société individualiste ? Il faut essayer de l’éviter. On essaie de faire des choses pour que ce soit un peu régulé. » Vous êtes pris entre deux discours : l’un libéral, l’autre social. « Cela paraît paradoxal mais je pense que la solution n’est ni dans l’ultralibéralisme ni dans « l’ultraprotectionnisme. On n’arrivera pas à faire une société économique où tout le monde sera à terme précarisé parce que la protection sociale n’est pas aboutie pour les indépendants. On n’arrivera pas non plus à faire une société si on bride toute innovation contestée par les acteurs traditionnels. Trouver le point d’équilibre est très complexe. » RepèRes L’étonnant parcours d’un fils d’artisan drômois Fils d’un artisan drômois, Grégoire Leclercq a eu son bac S à 16 ans. Il suit alors la filière royale math supmath spé, avant d’entrer à Saint-Cyr à 19 ans.Il rejoint alors la gendarmerie de montagne à Chambéry. Nouveau virage en 2008 : il intègre HEC, fleuron des écoles de commerce. Il en ressort en 2010. Entre-temps, il aura créé à Rambouillet son auto-entreprise de conseil tout en intégrant comme salarié une société de logiciels de gestion.Il a créé la Fédération des autoentrepreneurs en 2009. Elle compte à ce jour 82 000 membres. Les hôteliers « inquiets et remontés » François Taillandier, président départemental de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière, et gérant d’un établissement près de la gare, ne le cache pas : il est « très inquiet » de la montée en puissance de l’ubérisation dans la location de meublés entre particuliers. Et, d’abord, pour ne pas le nommer, d’Airbnb. « On voit bien que cela met en danger l’entreprise avec ses salariés au profit de personnes qui travaillent ponctuellement pour arrondir leurs fins de mois, dénonce-t-il. Ce sont des prestataires précaires qui ne cotisent à rien et n’ont pas droit à grand-chose. On assiste aussi à une forme de professionnalisation sur les meubles touristiques dans les villes. Ces gens-là ne participent pas au financement de la formation, ni de la taxe d’apprentissage, de la sécurité sociale et de la médecine du travail. Ils n’ont pas les mêmes obligations que nous. C’est une concurrence qui est déloyale ». Si on lui dit qu’Airbnb ne fait pas d’ombre aux professionnels de l’hôtellerie mais ne fait que générer de nouvelles consommations, il est sceptique. « Les grandes surfaces disaient aussi qu’elles ne voulaient pas concurrencer le petit commerce quand elles se sont créées, répond-il. Pourtant, ce commerce traditionnel a disparu ». Tout en essayant de sensibiliser les députés à leur argumentation, l’UMIH, « très remontée contre cette économie grise », interpelle aussi les élus locaux. « A Angers, précise encore François Taillandier, il y a 400 offres accessibles par Airbnb alors qu’à peine 30 loueurs se sont déclarés en mairie ». Archives CO - Josselin CLAIR Angers, octobre 2015. François Taillandier dans l’escalier de son établissement.