L`affichage au service de la prévention
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L`affichage au service de la prévention
Communication L’affichage au service © Yves Cousson/INRS actu communication de la prévention Apparue dans les usines avec la « communication de masse », l’affiche de sécurité évolue. Au sein des Transports Bernis (1), l’affichage fait partie de la démarche de sécurité : cette filiale de Geodis implantée à Limoges y associe étroitement les membres de son CHSCT. S i l’activité de transport de marchandises facilite les échanges, cette mobilité peut parfois rendre la communication difficile, notamment auprès des chauffeurs. « L’agence de Limoges vient d’ouvrir un numéro d’ap pel avec boîte vocale accessible 24 heures sur 24 », souligne Richard Breton, son directeur. « Dans ce secteur d’activité, les chauffeurs sont seuls sur la route et les salariés séden taires évoluent généralement sur des sites logistiques éten dus. Ils sont tous exposés à des risques notables, explique 14 Travail & Sécurité 10 - 07 Alain Vandenberghe, contrôleur de sécurité de la CRAM Centre-Ouest chargé du suivi de l’établissement. Au risque routier s’ajoutent les risques de circulation dans les zones logis tiques, ceux liés aux manuten tions, aux déplacements ainsi qu’aux produits manipulés qui peuvent être des substances dangereuses. » Une étude menée par l’INRS « Partant de l’évaluation des ris ques, nous souhaitions mener des actions d’information, avec l’appui de la direction de l’entreprise, et en relation avec les démarches de prévention jugées prioritaires, rappelle Marie-Christine Aubreton, membre du CHSCT. La mise en place d’affiches sélectionnées par le CHSCT sur des thèmes précis correspondait bien à cette idée. » La recherche d’une formule d’affichage plus ciblée a coïncidé avec une étude engagée par l’INRS : « Pour mieux cer ner les pratiques d’affichage, explique Christian Davillerd, chargé d’études à l’INRS, au département Homme au tra- vail, nous avons sollicité les CRAM afin d’enquêter auprès des entreprises qui utilisaient le plus d’affiches. » L’objectif était de comprendre pourquoi les acteurs de terrain utilisent ou non ce média, de saisir son apport dans une démarche de prévention et, enfin, d’envisager des adaptations tenant compte des conditions d’utilisation (cf. encadré page sui vante). Le concours de la CRAM du Centre-Ouest s’est avéré très utile. « Notre service documen tation alimente une base de données qui facilite le suivi des quelque 20 000 affiches livrées Un média ancien, de nouvelles pratiques L ’affiche fait partie des plus anciens médias de communication destinés aux salariés. Comment se situe-telle parmi les autres moyens de prévention ? Comment est-elle utilisé ? Quelle est son efficacité ? Existe-il des lieux propices à son exposition ? Tous les fonctionnels de la prévention dans l’entreprise se posent ces questions. Pour y répondre, l’INRS mène actuellement une étude sur le thème « L’affiche de sécurité, attentes pratiques, contextes d’utilisation ». Ce travail est fondé sur deux enquêtes complémentaires. L’une, par téléphone, touche les relais d’entreprises. L’autre, par courrier, s’adresse exclusivement aux utilisateurs tous les ans, précise Monique Sireix, documentaliste à la CRAM. Cet outil permet éga lement aux contrôleurs de sécurité de la caisse régionale d’accompagner la livraison des lots d’affiches choisies sur cata logue. » Au moment de l’enquête, le catalogue de l’INRS ne proposait pas d’affiche répondant à la demande des Transports Bernis. Une lacune comblée en 2007. Les Transports Bernis ont participé à l’étude de l’INRS, en y associant le CHSCT. Le groupe de travail « agir en prévention par l’affichage » constitué à cette occasion, incluant la CRAM et l’INRS, s’est donné pour objectif de mettre en place des supports de communication permettant d’informer tous les salariés du site dans les meilleurs délais. Des emplacements ont été déterminés, en fonction de d’affiches INRS. Un travail plus approfondi mené au sein des entreprises en relation avec les agents des CRAM est en cours. Ce volet doit permettre de préciser les attentes des relais de prévention et vise cerner les pratiques dans le cadre rénové des politiques de prévention des entreprises qui s’appuient à l’heure actuelle sur l’évaluation des risques et le plan de prévention. « Il est important de favoriser le retour d’expériences en actions de communication pour diffuser les pratiques innovantes, nous sommes attentifs à leur recueil et souhaitons élargir le travail engagé », souligne Christian Davillerd. Quelques-unes des affiches que l’INRS vient d’éditer sur le thème du risque routier. Elles sont diffusées par les CRAM ou les CGSS. ([email protected]) leur fréquentation, et dix supports répartis en six lieux d’affi chage ont ainsi été retenus : les entrées des parkings du personnel, du vestiaire ainsi que les espaces de détente, du service administratif de l’agence et du sas des chauffeurs affectés à la distribution. Pour la première campagne, lancée pendant quinze jours en septembre 2006, le CHSCT a retenu le thème des dangers de la route, relayant ainsi une campagne de communication nationale de la Sécurité routière. Sur douze affiches de la Sécurité routière, deux ont été sélectionnées par le groupe de travail. L’une centrée sur les dangers de l’utilisation du téléphone au volant. L’autre portant sur le trajet de tous les jours, faussement rassurant. « Nous souhaitions être percutants sans traumatiser, commente Marie-Christine Aubreton. Il fallait, en outre, que les affiches s’adressent à tous. » Retour d’enquête Pour mesurer l’effet de cette action de communication, l’INRS a élaboré un questionnaire. « L’évaluation réalisée par le recueil d’informations auprès d’une quarantaine de salariés s’est déroulée en deux temps, commente Christian Davillerd. Les premiers entretiens ont été réalisés deux jours après la mise en place des affiches, pour la mesure de l’impact immé diat. Afin d’appréhender une éventuelle évolution dans le temps, ils ont été suivis, quinze jours plus tard, d’une seconde série. » À cette occasion, les Transports Bernis ont complété l’affichage par la mise à disposition d’un dépliant reprenant les thèmes des affiches. L’action, limitée dans le temps, était organisée selon le modèle d’une campagne de communication jouant sur l’effet de surprise, la progression avec une relance et un rappel au moyen d’un dépliant. « Si l’impact général a été fort – les affiches ont été vues et les thèmes bien identi fiés –, l’affichage a cependant plus été perçu comme une “piqûre de rappel”, souligne le chargé d’études. Son impact semble insuffisant pour chan ger les comportements. Non pas par mauvaise volonté… Mais beaucoup parmi les des tinataires potentiels se deman dent comment vaincre les habitudes, surtout lorsqu’ils sont préoccupés par l’organisa tion de leur journée de travail. » Parmi les constats effectués à l’issue de cette première camTravail & Sécurité 10 - 07 15 actu communication . Autocars et poids lourds Sites routiers dangereux © © Yves Yves Cousson/INRS Cousson/INRS Mise en place d’une affiche « Au volant, je ne décroche pas », par MarieChristine Aubreton, membre du CHSCT. Le sas d’entrée du parking compte parmi les emplacements qui ont bénéficié du plus fort impact. pagne : les emplacements les plus favorables sont les entrées et sorties ; la campagne a également suscité des échanges entre collègues. Plus globalement, les salariés ont eu le sentiment que l’on s’occupait d‘eux. L’aspect professionnel de cette démarche cohérente a valorisé les messages de la campagne et ses initiateurs : la direction et le CHSCT sont bien identifiés et crédités de cette initiative presque à égalité. Richard Breton est satisfait de cette opération. « Je crois à ce type d’initiative mettant à contribution le CHSCT. Le climat propice ainsi créé renforce l’effi cacité de nos actions. Le dispo 16 Travail & Sécurité 10 - 07 sitif mis en place nous permet d’envisager une communica tion en situation de crise. » D’ores et déjà, les Transports Bernis réfléchissent à d’autres actions de sensibilisation à la prévention, relayées par le CHSCT. Prochains thèmes : la promotion du sauvetagesecourisme du travail et, plus tard, peut-être une action sur le stress. 1. Activité : transport international de marchandises, messagerie express, dépôt logistique. En 2007, le site de Limoges compte 190 personnes, dont 36 affectées aux quais et 43 chauffeurs de poids lourds. Jean-Paul Richez Photos : Yves Cousson en Isère, vient rappeler l’existence de zones à forte déclivité présentant un risque routier accru pour les véhicules de transport de personnes ou de marchandises. Le ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables en a recensé 53. Il publie sur internet la carte des sections du réseau routier national à forte pente présentant un danger pour les autocars et les poids lourds. Chaque lieu ciblé doit faire l’objet d’un audit des ingénieurs du Conseil général des Ponts et Chaussées, qui analyseront puis proposeront des solutions d’aménagement : renforcement de la signalisation, installation de portiques ou aménagement de lits d’arrêt... © Yves Cousson/INRS Le tragique accident de car ■ survenu le 22 juillet 2007 à Vizille, dans la côte de Laffrey www.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/SitesPbl_carsPL_31juil1_ cle013b47.pdf Étiquetage des produits chimiques Le projet de règlement avance… Le 27 juin 2007, ■ la Commission européenne a adopté la proposition de règlement visant à aligner le système européen de classification et d’étiquetage des produits chimiques sur le système général harmonisé (SGH) des Nations Unies. Ce dernier est destiné à faciliter le commerce international en proposant un système de communication des dangers, efficace et compris de tous. Il interviendra en complément du nouveau règlement Reach sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et la restriction des produits chimiques et aura notamment pour conséquence une modification de la classification et de l’étiquetage des substances chimiques et des mélanges. Le texte est actuellement soumis à l’examen du Parlement et du Conseil européen. Pour en savoir plus : http://ec.europa.eu/ enterprise/reach/ghs_en.htm À lire également le dossier internet : www.inrs.fr/dossiers/sgh. html