Rapport - al9ahira
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Rapport - al9ahira
EPREUVE DE COMPOSITION FRANCAISE Guy de Maupassant publie en 1883 dans le journal « Le Gaulois » une virulente critique de la guerre. Il écrit notamment : « Un artiste habile en cette partie, un massacreur de génie, M. de Moltke*, a répondu, voici deux ans, aux délégués de la paix, les étranges paroles que voici : « La guerre est sainte, d’institution divine ; c’est une des lois sacrées du monde ; elle entretient chez les hommes tous les grands, les nobles sentiments, l’honneur, le désintéressement, la vertu, le courage et les empêche en un mot de tomber dans le plus hideux matérialisme ! » En quoi les trois œuvres d’Eschyle, de Clausewitz et de Barbusse font-elles écho aux propos de Maupassant ? * Le feldmaréchal Helmuth von Moltke (1800-1891) conduisit les opérations des armées prussiennes durant la guerre de 1870. Analyse du sujet : Le sujet se présente sous la forme d’une triple énonciation : 1 - La contextualisation de l’article de Maupassant : « Guy de Maupassant publie en 1883 dans le journal « Le Gaulois » une virulente critique de la guerre. Il écrit notamment : » 2 - L’éloge paradoxal de Maupassant rapportant les propos tenus par le feldmaréchal Moltke dans le contexte précis du congrès de la paix et qui consiste en une ironie de mention (citer en faisant semblant d’approuver.) « Un artiste habile en cette partie, un massacreur de génie, M. de Moltke*, a répondu, voici deux ans, aux délégués de la paix, les étranges paroles que voici : » 3 - L’éloge de la guerre fait par Moltke au congrès de la Paix : « : « La guerre est sainte, d’institution divine ; c’est une des lois sacrées du monde ; elle entretient chez les hommes tous les grands, les nobles sentiments, l’honneur, le désintéressement, la vertu, le courage et les empêche en un mot de tomber dans le plus hideux matérialisme ! ». En prenant le contre-pied de la morale en usage et des habitudes de pensée, en faisant semblant de trouver bon ce qui est de toute évidence absurde ou monstrueux, voire « étrange(s) », Maupassant choque le confort intellectuel du lecteur du journal « Le Gaulois » et l’oblige à reconsidérer les propos de Moltke, à exercer son esprit critique, dans l’espoir de créer chez le lecteur de bonne foi le choc qui l’amènera à s’interroger sur les normes morales et idéologiques ainsi que sur les conventions sociales dont procède l’éloge de la guerre fait par Moltke. La contextualisation de l’article de Maupassant publié en 1883 et qui met en cause dans un journal bien français, un éminent général prussien artisan de la victoire de 1870, contribue à lever toute l’ambiguïté de l’éloge paradoxal. L’éloge paradoxal est constitué de deux énoncés : Maupassant journaliste et homme de lettres pacifiste cite et dénonce sur le mode satirique le point de vue belliciste et spiritualiste du militaire prussien Moltke. Si le ton de Maupassant est tout à fait caustique, celui de Moltke est tout à fait sérieux. Le point de vue de Moltke est enchâssé dans celui de Maupassant et il s’agit de bien distinguer la nature emboitée des deux propos. Maupassant fustige avec ironie premièrement une idéologie belliciste qui voue un culte sacré à la guerre et deuxièmement une vision spiritualiste (idéaliste) de l’homme et de la société. Si Moltke met son talent d’artiste au service d’une œuvre, il s’agit d’une œuvre de mort. L’ironie qui est le ressort du propos de Maupassant est donc 38/66 potentiellement subversive et polémique : Il invite le lecteur à démystifier à sa suite le culte de la guerre et les discours méprisants avec lesquels ses plus ardents défenseurs en font l’éloge. On peut alors souligner l’enjeu important de la première phrase qui permet d’envisager le rôle que tient l’écrivain, l’artiste vrai, dans la démystification des idéologies bellicistes : il s’érige en arbitre et en juge entre les partisans de la guerre et les défenseurs de la paix. Remarques des correcteurs : « - dans le développement la double discussion qu’implique le sujet, avec Moltke et Maupassant, est trop souvent oubliée et trop de compositions s’apparentent à un exposé sur les « avantages » et « inconvénients » de la guerre, plutôt qu’à la dissertation (discussion et démonstration) attendue … » - trop de problématiques sont très maladroitement binaires ou contradictoires ou se transforment en un catalogue de questions dans lesquelles on se perd d’emblée. » « La plupart des candidats connaissent les fondamentaux de la dissertation, et rédigent de façon acceptable, mais la plupart construisent une problématique trop peu fine, et trop peu spécifique au sujet. On ne discute pas assez avec les termes du sujet, et on écrit de longs développements de cours sans prise directe avec le sujet. L'ironie est comprise une fois sur deux, mais quand elle est comprise, elle est aussitôt congédiée; on n'en fait rien. » « Bien des copies ignorent ou ne comprennent pas le point de vue férocement ironique de Maupassant et se contentent de réfléchir au propos de Moltke sans tenir compte de la visée de sa citation en 1883 … Ce me semble un grave défaut de compréhension du sujet.» « L'expression est dans l'ensemble correcte, à l'exception de quelques copies truffées de fautes d'orthographe. » Recommandations : Nous soulignons l'importance de l'introduction, comme moment de compréhension et d'analyse des spécificités du sujet, ainsi que la nécessité d'analyser les termes du sujet tout au long de la dissertation et ainsi que la nécessité de reprendre les termes dans un souci de discussion au sein du développement. L'introduction est trop souvent composée du sujet cité en entier et d'une question qui surgit juste après. Il faut problématiser le sujet et cette étape consiste à analyser le sujet, à en explorer la complexité, avant d'être en mesure de proposer une problématique. L’analyse précise des mots clefs permet d’éviter bien des confusions et les fausses pistes. Ainsi « sacré" ne signifie pas "religieux», "sainte" ne signifie pas "juste, le matérialisme n'est pas le réalisme etc. La problématique ne peut se réduire à une liste de questions, trois questions reprenant chaque phrase du sujet, une question simplifiant le sujet à l'extrême (la guerre est-elle bénéfique, avantages et inconvénients de la guerre). -les citations doivent certes illustrer l'argumentation, mais ne sauraient la remplacer; ni consister en un catalogue sans rapport avec les arguments, ni avec le sujet. Enfin un paragraphe argumentatif, c'est un argument suivi d'un exemple par oeuvre, non pour les superposer, mais pour être capable de nuancer ce que l'on avance. Il s’agit bien de confronter les œuvres entre elles. Une mise en page rigoureuse, faisant apparaitre clairement les transitions, contribue fortement à la lisibilité de la copie. La maîtrise de l’orthographe est un atout majeur qui contribue à l’appréciation favorable d’une copie. 39/66