cultures derobees polliniques, jacheres et prairies a flore variee
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cultures derobees polliniques, jacheres et prairies a flore variee
CULTURES DEROBEES POLLINIQUES, JACHERES ET PRAIRIES A FLORE VARIEE Pourquoi un travail sur les fleurs ? Cette démarche s’inscrit dans un travail partenarial initié dès 2007 avec le GAPS (Groupement des apiculteurs professionnels des Savoie) et l’ADARA (Association pour le développement de l’apiculture en Rhône-Alpes). Dans un 1er temps, des parcelles-tests ont été choisies chez 3 agriculteurs (Communes de Saint-Genixsur-Guiers, Châteauneuf et La Motte-Servolex). Les 3 pistes de travail explorées sont : - les cultures dérobées polliniques, - les jachères fleuries, - les prairies à flore variée. Les cultures dérobées polliniques Définition Il s’agit d’un couvert de plusieurs espèces à fort potentiel de production de pollen et de nectar (moutarde, phacélie, vesce, avoine, tournesol…), semé en juillet après la culture principale de l’année permettant d’obtenir une parcelle fleurie de fin août à l’entrée de l’hiver. Ces cultures peuvent être : - récoltées comme fourrage. Il faut noter cependant que la moutarde donne un goût néfaste au lait et est interdite par les AOC (appellations d’origine contrôlée) savoyardes, - détruites durant l’hiver ou, ce qui est préférable, avant le gel (soit de décembre à mars) pour permettre l’implantation de la culture de printemps suivante (maïs…). Le résultat de la destruction (par broyage le plus souvent) maintient le sol couvert en attendant la culture suivante. Une culture dérobée devient pollinique (ou mellifère) lorsque l’on utilise un mélange de semences d’espèces qui fleurissent en septembre et octobre et qui ont des propriétés dites mellifères : il s’agit la plupart du temps de la phacélie, de la moutarde, du trèfle de Perse, de la vesce commune. Les intérêts des cultures dérobées polliniques sont : • agronomiques (cf. tableau ci-contre), • apicoles : ces cultures participent aux ressources alimentaires (notamment protéiques) des abeilles à une période pauvre en fleurs (floraison du 15 août à fin octobre), • cynégétiques : elles offrent un couvert pour le gibier et un abri pour la petite faune sauvage, • paysagers : elles sont appréciées par le grand public. 78 Observatoire savoyard de l’environnement n°18 Les 9 intérêts agronomiques Intérêt Détail Intérêts non chiffrables 1) Ces cultures assurent une meilleure structure des sols grâce à l’effet décompactant des systèmes racinaires des espèces citées ci-contre. 2) Elles jouent un rôle de « piège à nitrates » : la culture Pour le sol « consomme » les reliquats d’azote et les fixe, permettant d’éviter qu’ils ne soient lessivés, et permet, par sa destruction, une augmentation du taux de matière organique. 3) Elles permettent la stimulation de l’activité biologique des sols. 4) Elles limitent l’érosion, entraînent une rupture de la rotation ce qui permet de réduire la pression des maladies. Sur ce point, la présence de la Chrysomèle doit inciter à pratiquer cette rotation des cultures qui empêche la reproduction de cet insecte nuisible Pour le au maïs). système 5) Elles offrent la possibilité éventuelle de surfaces d’exploitation supplémentaires dans le plan d’épandage. 6) La présence d’une culture implantée rapidement limite le développement des adventices et évite de réaliser un traitement herbicide. Pour 7) Elles ont un rôle paysager et offrent ainsi des paysages fleuris l’image de et des parcelles colorées. l’agriculture Intérêts chiffrables 8) Elles permettent la production de 3 à 4 tonnes de matières sèches/ha. Ce tonnage reste cependant théorique car : - l’affouragement, bien que possible, nécessite de bonnes Pour conditions agronomiques d’humidité pour récolter, l’autonomie - le pâturage de ces espèces est difficile sinon impossible, fourragère - les crucifères sont interdites pour la qualité « Lait de Savoie » et les AOC. Il faut donc trouver le compromis entre la suppression des fleurs et le besoin pollinique des abeilles à cette période. 9) Les reliquats d’éléments fertilisants . On estime en moyenne que les cultures dérobées une fois Pour détruites apportent pour la culture céréalière suivante : l’économie - ¼ des besoins en phosphore et potasse, d’engrais - de ¼ à ½ (ou +) des besoins d’azote (suivant le % de légumineuses présentes). Cette pratique constitue donc un vrai gain environnemental. Source : Chambre d’agriculture Savoie - Haute-Savoie En 2011, le GAPS et la Chambre d’agriculture 73-74 se sont donnés comme objectif de poursuivre leur développement dans les pays de Savoie, tous les secteurs comportant des cultures pouvant s’inscrire dans cette démarche. Cette action s’inscrit dans le cadre du programme régional de développement rural et du PEP1 apicole Rhône-Alpes : étude sur l’état des ruchers, impacts phytos, impact des cultures mellifères, etc… 1 Pôle d’expérimentation et de progrès. En 2010, 108 ha avait été implantés en Savoie (le graphique cidessous représente la répartition des différentes surfaces sur le département). CULTURES DEROBEES POLLINIQUES, JACHERES ET PRAIRIES A FLORE VARIEE LES SURFACES DE CULTURES DEROBEES POLLINIQUES Coeur de Savoie Cluse de Chambéry Avant-Pays savoyard et Chautagne Albanais 39,50 ha 33,50 ha 13,50 ha 22 ha Source : Chambre d’agriculture Savoie - Haute-Savoie En 2011, plus de 150 ha étaient programmés au début du printemps, mais, en raison de la sécheresse du mois d’avril, les cultures fourragères ont été privilégiées, afin de pouvoir compenser le manque d’herbe du début de saison (jusqu’à - 50% dans certaines situations). Finalement, une bonne centaine d’hectares ont été implantés en Savoie avec paradoxalement des réussites diverses dues à la pluie du mois de juillet. La répartition géographique était sensiblement la même. Les jachères fleuries Cette pratique apporte, entre le mois de juin et la fin de l’été, des sources de pollen différentes pour l’alimentation des abeilles et un milieu favorable pour le gibier. Destinée à rester en place au moins deux ans, cette pratique, bien qu’intéressante, n’a plus de raison économique d’exister car la jachère n’est plus obligatoire. Elle reste malgré tout un bon outil agronomique. Les prairies à flore variée La choix dans la flore d’une prairie varie selon l’utilisation de la prairie (date d’exploitation, alternance fauche-pâture, fréquence d’utilisation, fertilisation) et les conditions pédo-climatiques de la parcelle. Il s’agit généralement d’un mélange constitué de graminées et de légumineuses. Signalons également la pratique des mesures volontaires « Prairies Fleuries » qui s’est développée d’abord dans les Bauges puis dans d’autres secteurs, notamment en Tarentaise. Observatoire savoyard de l’environnement n°18 79