Naissance des colonies de vacances
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Naissance des colonies de vacances
Naissance des colonies de vacances Le mouvement des colonies de vacances s’enracine dans la France républicaine des années 1880. Trois grandes préoccupations en assurent le déploiement. L’une tient à l’éducation hors l’école : les colonies permettent de prémunir les « enfants du peuple » des menaces morales de la ville, que la suspension des classes exacerbe (oisiveté, mauvaises fréquentations, mauvaises habitudes, etc.). Une autre préoccupation tient dans la formulation de la question sociale : les colonies incarnent le souci d’assurer l’égalité entre les « vacances des enfants riches » et les « vacances des enfants pauvres ». Mais la principale raison relève de l’hygiénisme triomphant : les colonies entrent alors de plain-pied dans la lutte nationale contre la tuberculose ; en exposant les enfants au plein air, censé en prévenir les ravages, elles deviennent un moyen de « préservation de la race », comme on se plait à le dire en ces années. Du coup, l’emprise principale sur la colonie revient non pas aux pédagogues mais bien aux médecins : ils assurent le « triage » des enfants, sélectionnant ceux qui sont exposés à la tuberculose (sans être déjà malades) ; ils prescrivent les lieux et les formes de séjour adaptés au tempérament des enfants ; et, à l’aide de fiches où sont consignés les gains de poids, de taille et de périmètre thoracique, ils attestent les bienfaits de la colonie. Le succès est rapide. Des cercles protestants, où elle a pris corps en 1881, la mobilisation, soutenue par les municipalités, d’une part, et par la philanthropie privée, d’autre part (patronages protestants et catholiques, sociétés coopératives, etc.), s’étend vite à la plupart des milieux confessionnels et idéologiques. Les colonies essaiment à travers le pays. En 1906, on dénombre en France 43 œuvres municipales (20 à Paris, 23 en province) et 142 œuvres privées (61 à Paris, 81 en province). Et le nombre d’enfants pris en charge s’élève de façon impressionnante : 25 000 en 1906, 110 000 en 1913. De sorte que s’impose la nécessité d’une coordination des efforts. D’une part, sous la forme d’une circulation des savoirs : plusieurs congrès nationaux sont organisés à partir de 1900 ; et en 1906, se tient, à Bordeaux, le premier grand Congrès international des colonies de vacances. D’autre part, sous la forme de regroupements locaux (comme l’Amicale de la banlieue de Paris qui, en 1905, fédère les municipalités qui ne peuvent organiser elles-mêmes des colonies, pour faire appel à une société coopérative de Paris), et surtout, sous la forme de fédérations nationales : en 1912, les œuvres catholiques se groupent au sein de l’Union nationale des colonies de vacances (UNCV), dirigée par l’abbé Gosselin ; et les œuvres laïques au sein de la Fédération nationale des colonies de vacances (FNCV), dirigée par le pasteur Comte.