Saunière - Trésor de la langue française au Québec
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Saunière - Trésor de la langue française au Québec
SAUNIERE, Paul, A travers l'Atlantique. Journal de bord de la Nubienne dans son voyage au Canada et aux États-Unis rédigé jour par jour, Paris, E. Dentu, 1884, 352 p. Romancier et journaliste français, Paul Saunière est né à Paris en 1827. Dans sa jeunesse, il a été le secrétaire d'Alexandre Dumas. C'est à bord du luxueux yacht la Nubienne de l'industriel Edmond Blanc que Saunière entreprend son voyage «à travers l'Atlantique». Comme le titre le précise, il s'agit du journal que Saunière rédigeait jour après jour. Dans une note au lecteur au début du volume, il mentionne qu'il livre ses impressions de voyage comme il les a recueillies, c'est-à-dire sans les modifier pour en améliorer le style.1 « Lundi, 23 juin. Il fait grand jour, il est 3 h. 1/2 et toujours pas de pilote! Le capitaine prend le parti de retourner en arrière, contourne l'île Bicquette,2 siffle à toute vapeur et finit par trouver dans la petite passe une goëlette au mouillage. Un homme se montre d'abord, puis disparaît. Le capitaine se décidait à accoster le navire pour en obtenir au moins quelques renseignements, lorsqu'un autre homme monte sur le pont, saute dans un canot et se dirige vers la Nubienne. C'était bien un bateau-pilote que cette goëlette; sa voile portait même le no 5, mais ceux qui la montaient s'étaient tranquillement endormis et ne nous avaient pas vus passer la veille. L'homme qui prend son poste sur la passerelle, et que nous allons tous examiner curieusement, a cinquante-deux ou trois ans; il grisonne, il est court, replet, et s'exprime couramment en français avec un accent normand très prononcé. [...] » (pp. 79-80) [23 juin] « Depuis que nous avons franchi l'île Bicquette, nous rencontrons des quantités de trois-mâts et de bateaux à vapeur, à roues et à pompe, fort vilains de forme, mais très pittoresques d'aspect. On les appelle ici des toueurs. » (pp. 81-82) [25 juin] « Infiniment plus jolie et plus grande que Québec, qui est l'ancienne capitale du Canada et la capitale actuelle du Bas-Canada, Montréal a pris une grande importance, si bien qu'elle a fini, vers 1843, par3 décapitaliser sa rivale à son profit. 1 Larousse 1928; SAUNIÈRE, À travers l'Atlantique..., page préliminaire; YON, Le Canada vu de France : 18301914, p. 140. 2 L'île Bicquette est située au nord-ouest de l'île du Bic, près de Rimouski. (cf. Noms et lieux du Québec, p. 64, s. Bicquette, île). 3 On lit pour dans le texte. La raison en est toute simple. Beaucoup plus avancée dans les terres que Québec, elle est en relations bien plus directes avec les États-Unis. L'aspect de la ville se ressent, du reste, énormément de ce voisinage; il est beaucoup plus anglais et américain qu'à Québec. Les enseignes, les noms des marchands, sont presque tous écrits en anglais, quoique la langue française continue à y être l'idiome le plus usité. Il est facile de se convaincre en outre que Montréal est plus jeune et que son accroissement est beaucoup plus récent. On n'y trouve que fort peu de monuments, parmi lesquels les églises occupent naturellement la plus large place. J'en ai compté quatre sur le même carrefour. » (pp. 102-103)