Latifa reste debout pour son fils, tué par Merah

Transcription

Latifa reste debout pour son fils, tué par Merah
Mardi 6 décembre 2016
reNcoNTre
TouT peuT arriver
Latifa reste debout pour son fils, tué par Merah
Bowie soigne Buzz Aldrin
Imad Ibn Ziaten a été la
première victime de
Mohammed Merah, en
mars 2012. Depuis, sa
mère, Latifa, témoigne
sans relâche pour
éviter que d’autres
jeunes se radicalisent.
Les attentats de Paris
et de Nice ont confirmé
l’importance de son
combat. D’élèves en
détenus, elle explique,
redonne espoir et
volonté à tous.
Le deuxième homme à avoir posé le
pied sur la Lune, Buzz Aldrin, 86 ans,
est hospitalisé depuis quelques jours
en Nouvelle-Zélande. Son médecin
se nomme… David Bowie. Savoureux
quand on sait que Space Oddity, le
tube du chanteur David Bowie racontant l’errance dans l’espace de Major
Tome, a accompagné, en 1969 sur la
BBC, l’alunissage d’Apollo11…
Boucle d’Or était ivre
Vendredi soir, une habitante de
Saint-Nazaire appelle la police :
« Quelqu’un dort dans mon lit ! »
En arrivant sur place, la patrouille découvre le voisin du dessus, 43 ans,
qui roupille comme un loir. Très fatigué (2,20 grammes d’alcool par litre
de sang), il s’est arrêté au premier
étage au lieu du second, où il réside.
Il a ouvert la porte, direction bannette, malgré les protestations de la
voisine. Il n’a pas goûté le réveil brutal, insultant les policiers. Il a fini sa
nuit sur le ciment de la geôle de dégrisement.
Latifa Ibn Ziaten n’a jamais eu l’intention d’arrêter son combat. Les derniers événements sont venus lui confirmer l’urgence d’une prise de conscience.
La salle se remplit progressivement.
Les élèves de 1re du lycée Saint-Joseph, à Châteaubriant, prennent
place. Sur la petite estrade, la FrancoMarocaine Latifa Ibn Ziaten patiente,
debout. Son intervention est calibrée.
Elle est arrivée la veille au soir, à la
demande de Jean-Paul Horhant, adjoint à la pastorale scolaire. L’intervention terminée, celle qui a perdu
son fils, tué par Mohammed Merah
en mars 2012 à Toulouse, repartira
vers la capitale. Après une semaine
passée devant des élèves, elle passera la suivante devant des détenus,
dans des maisons d’arrêt. C’est sa
vie, son devoir.
Avant d’en venir au jour où sa vie a
basculé, elle raconte son arrivée en
France à 17 ans et demi, ses difficultés à aller vers les autres, sa peur de
sortir, puis les gens qu’elle a croisés
qui l’ont aidée. L’impossibilité d’en
rester là, sa volonté d’apprendre à
lire, à écrire… Mais aussi à coudre,
à cuisiner grâce au centre social de
Rouen. « Je me suis mariée, j’ai eu
quatre garçons et une fille. J’ai fait
le ménage, j’ai travaillé en usine,
j’ai coupé des salades, j’ai fait des
marchés. J’ai tout fait pour que mes
enfants réussissent. » Jusqu’à quit-
ter son petit F2 trop ric-rac pour une
petite maison. Son seul objectif était
que ses enfants se sentent bien pour
avoir envie. Envie d’aller jusqu’au bac
+4 comme Imad, d’embrasser une
carrière militaire.
Imad Ibn Ziaten était même devenu
moniteur de parachutisme. Mais le
jour où il a voulu vendre sa moto, il
n’est pas tombé sur la bonne personne. « Je ne sais pas pourquoi
il a indiqué qu’il était militaire sur
l’annonce. Peut-être pour expliquer le kilométrage ? » C’est bien
ce qui a amené Mohammed Merah
à le prendre pour cible. Devant les
élèves, les larmes montent, l’émotion
est toujours vive et le restera à jamais.
Latifa Ibn Ziaten raconte en détail ce
que le terroriste a dit et fait à son fils :
« Je suis venu pour te tuer. » « Pourquoi ? » « Parce que tu tues mes
frères en Afghanistan. » Mais ce
qu’elle retient, c’est que son fils a refusé de se mettre à genoux : « Il est
mort debout. C’était un signe, un
message qu’il me laissait. »
Quarante jours après son décès,
elle se dit qu’elle ne peut pas rester là, les bras croisés, noyée dans
son chagrin qui risque de l’emporter. Il n’y a qu’une chose à faire : res-
ter debout elle aussi. Aller à la rencontre de ceux qui pourraient un
jour se radicaliser. Expliquer, raconter, témoigner, éclairer… Mais aussi
soutenir, aider. Pour Latifa Ibn Ziaten, la question est là : « Quel amour
donne-t-on à nos enfants ? Certains
parents me disent qu’ils ont donné
tout ce qu’ils avaient, mais leur ontils dit : « Je t’aime » ? Y avait-il des
échanges autour de la table, des
explications ? Le rôle des parents
est primordial. L’école commence
à la maison. »
« La laïcité
nous protège »
Viennent ensuite les enseignants.
« Si la maman doit savoir se faire
prof, la maîtresse doit savoir se
faire maman. » Si ce travail-là avait
été fait, « Mohammed Merah et mon
enfant seraient là aujourd’hui ».
Depuis quatre ans, elle ne lâche
pas son bâton de pèlerin. Au
contraire. Les attentats de Paris et
Nice sont venus confirmer l’urgence
d’un changement. « Quand j’ai ap-
pris pour les journalistes de Charlie
Hebdo, j’étais effondrée. »
Au fil de ses interventions, elle a
rencontré des jeunes en souffrance :
« Certains pleurent lorsque je raconte mon histoire. Ce n’est pas
pour ce que je dis, mais parce
que je suis venue toucher quelque
chose en eux. » Cette empathie, Latifa Ibn Ziaten l’a toujours eue en elle.
En 2008, elle remarque qu’un jeune
homme se glisse régulièrement dans
la voiture d’un de ses fils pour dormir la nuit. Le lendemain, alors qu’il
fait des allées et venues dans le froid
pour se réchauffer, elle va le chercher
et lui propose l’hospitalité. « Ça fait
huit ans qu’il est avec nous… »
Latifa Ibn Ziaten constate : « La
France est devenue individualiste. »
Son message tranche : il faut regarder son prochain, l’aider, être tolérant. La laïcité ? Une loi indispensable : « Elle nous protège. » Le respect ? Une règle à double sens. La
religion (l’islam pour Latifa Ibn Ziaten) ? « Une affaire entre Dieu et
soi. » La réussite ? Un aboutissement
qui n’arrive que grâce à « son propre
moteur ».
Quand certains jeunes l’interpellent
sur ce que la République fait pour
eux, elle rétorque : « Et vous, que
faites-vous pour la République ?
Vous avez des diplômes ? Vous
avez cherché une issue ? Vous êtes
sortis du quartier pour voir ce qu’il
se passe à l’extérieur ? La République ne vous a pas oubliés, elle
est là pour vous protéger, vous guider. » Si elle est convaincue que c’est
à chacun de se prendre en main, elle
connaît aussi les difficultés. Alors,
avec son association Imad Ibn Ziaten
pour la jeunesse et la paix, elle aide
ces jeunes, leurs parents. Elle leur fait
voir du pays. Les voyages forment la
jeunesse.
Déjà chevalier de la Légion d’honneur, Latifa Ibn Ziaten a reçu le prix
de la Démocratie de l’Institut MarcSangnier, début novembre. Un juste
retour des choses : « La République
est dans mon cœur, je la défends. »
Qu’importe les gardes du corps qui
ne la quittent plus, les semaines sur
les routes : « Mon fils grandit avec
l’association (qui porte son nom),
la vie continue, mais le manque est
toujours là ». Un vide qu’elle comble
en restant debout.
Texte : Alexandra BOURCIER.
Photo : Philippe RENAULT.
L’ÉvÉNeMeNT
Fine la bretonne, égérie du Salon de l’agriculture
La petite Fine n’a pas l’air d’avoir un
caractère facile : elle ne se laisse pas
facilement photographier. Ou alors
elle est déjà lassée de ces bipèdes
qui viennent la mitrailler depuis des
semaines, dans son champ, à la
ferme des Sept Chemins, au Dresny,
près de Redon (Ille-et-Vilaine). 4 000
photos déjà ! Et une demi-douzaine
de vidéos… Fine est une vraie star.
Elle a été choisie pour être l’égérie
du prochain Salon de l’agriculture de
Paris, en février.
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détendre au
coin du feu !
Ouest-France
« C’est un chef »
Devant elle, viendront défiler les futurs candidats à la présidentielle…
Pas de quoi impressionner « la plus
petite vache de France » : 1,17 m au
garrot ! Fine va représenter la race
bretonne pie noir, l’une des plus
vieilles de France. Et si elle a été choisie parmi les quelque 2 000 vaches
de cette race de l’Ouest, c’est qu’elle
présente bien. Ses cornes en forme
de lyre dressées vers le ciel, elle
semble toiser son troupeau. « C’est
vrai, elle a un port de tête particulier. Parce que c’est un chef. Elle
est bienveillante, mais autoritaire »,
glisse Cédric Briand, l’un des trois
associés du Gaec des Sept-Chemins
(propriétaire de la bête) et porte-parole de l’Union des éleveurs de bretonne pie noir.
MAGAZINE
Fine, en compagnie de Cédric Briand, de la ferme des Sept Chemins, au Dresny.
Lui est un habitué du salon : il y
a emmené quatre fois Délicate, la
grand-tante de Fine. Mais cette fois,
la bretonne pie noir va être sous les
projecteurs. « C’est une belle occasion d’expliquer combien elle nous
rend heureux. » Fine et ses copines
permettent à leurs propriétaires de
travailler comme ils le souhaitaient,
comme des producteurs locaux.
Peu exigeantes, elles se contentent
d’herbe et font leur veau facilement :
« On dit qu’elles les pondent ! »
La bretonne pie noir a un lait très
riche, propice à la fabrication fromagère, mais elle donne aussi une excellente viande. « On fait tout à la
ferme, on fabrique et on vend, on
rencontre des gens… C’est exactement comme ça qu’on voyait notre
métier… Cette vache, c’est presque
un guide pour l’agroécologie. »
Christelle GARREAU.
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Champion cathodique
TF1
Philippe Renault
Juste une balle perdue…
Samedi, des habitants de Renage
(Isère) ont découvert une balle encastrée dans l’un des murs de la
chambre de leur fillette de 3 ans, cinquante centimètres au-dessus du lit.
La famille habite en lisière d’une forêt. Jeudi, une battue au gros gibier y
était organisée ; une habitude. Selon
le président de l’association communale de chasse, les règles de tir ont
été respectées, la balle aurait ricoché. La famille se dit « traumatisée ».
Christian et Jean-Luc Reichmann.
Christian, 53 ans, est devenu hier
le plus grand champion de l’histoire
des jeux télévisés en France. Candidat des 12 coups de midi, jeu animé
par Jean-Luc Reichmann sur TF1, il
a participé à sa 154e émission. Il détrône Julien, qui avait remporté 152
victoires sur 153 participations au jeu
Tout le monde veut prendre sa place,
animé par Nagui sur France 2. L’objectif de Christian désormais : gagner
plus d’un million d’euros et dépasser
ainsi la seule candidate à avoir remporté cette somme, dans l’émission
Qui veut gagner des millions ? de
TF1.