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Biographie de Wagner / Murcof
Wagner / Murcof, Wagner / Murcof
Murcof/ Wagner Statea
Par David Sanson
Pour être inhabituelle, la collaboration entre la pianiste française Vanessa
Wagner et le musicien Fernando Corona – plus connu, sous l'alias Murcof,
comme le parrain de la riche scène électro mexicaine – tombait sous le
sens. D'abord, parce que les artistes d'aujourd'hui n'ont plus ni œillères ni
frontières : la première n'a jamais fait mystère de son amour des musiques
d'aujourd'hui en général, et de la musique électronique en particulier ; le
second, quant à lui, a commencé par échantillonner les œuvres d'Arvo Pärt
et de Morton Feldman pour en faire la matière d'albums volontiers sombres
et très cinématographiques. Ensuite, parce que le minimalisme, musique de
la pulsation autant que de l'introspection, de la transe autant que de
l'immersion dans les délices du phénomène sonore, s’avère une passerelle
rêvée pour faire communiquer des univers musicaux encore trop
cloisonnés. Une musique où l'intensité des textures se conjugue à la
richesse des harmonies, où des rythmes hypnotiques peuvent émerger de
mondes sonores vertigineux.
Le projet est d'abord né sur scène, initié par la pianiste lors de sa carte
blanche à l'Arsenal de Metz. Vanessa Wagner nourrissait depuis longtemps
l'envie de collaborer avec un musicien qui la sorte du milieu classique, et
qui travaille sur la matière sonore. Le nom de Murcof, s'est imposé assez
naturellement. La musique éthérée, voire mystique, l'univers très intense et
très mélancolique de cet orfèvre extraordinairement intuitif garantissaient
contre toute dérive vers le crossover boum-boum. Assumant ce que le
résultat, novateur, peut avoir de provoquant, évoquant une envie de «
voyager d'un univers à l'autre », un « désir de porosité, de curiosité et
d'ouverture » qu'elle aimerait voir mieux partagé, Vanessa Wagner parle de
« tressage », de « tissage » pour décrire le fruit de cette rencontre où
chacun se garde d'empiéter sur l'univers de l'autre, et au cours de laquelle
elle reste finalement très à sa place : celle d'une interprète classique
contemporaine concentrée sur le texte, la partition (fût-elle celle d'April
14th d'Aphex Twin). InFiné, label amoureux des interprètes grand angle, de
Francesco Tristano à Gaspar Claus, de Bruce Brubaker à Bachar MarKhalifé, est heureux de présenter aujourd'hui le résultat discographique de
cette rencontre.
D'Érik Satie à Aphex Twin, donc, de l'Amérique (Philip Glass) à l'Ukraine
(Valentin Silvestrov), des paysages sonores de John Cage ou Morton
Feldman au groove lancinant de John Adams, Statea (« l'équilibre » en vieil
italien) témoigne d'une conception très étendue de ce minimalisme dans
lequel Vanessa Wagner voit « les racines de la musique techno d'aujourd'hui
». On y trouve en effet un mouvement de la Musica Ricercata de György
Ligeti (qui rappellera aux cinéphiles le Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick)
Management: Axelle de Calan, [email protected], +33 (0)6 17 58 32 42
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Biographie de Wagner / Murcof
aussi bien que le Spiegel im Spiegel d'Arvo Pärt (qui rappellera aux
cinéphiles le Gerry de Gus Van Sand). Répondant au piano, que ce soit pour
faire le lien entre les pièces ou pour les diffracter de l'intérieur, les boucles
et les textures déclenchées en temps réel par Murcof viennent offrir à ces
œuvres une profondeur de champ et une résonance inédites : en écho ou en
miroir, tour à tour ambient ou dansantes, elles agissent comme un
révélateur qui en démultiplie les perspectives. Sur disque comme sur scène,
cette fascinante partie de ping-pong produit la sensation rare d’un intense
voyage à l’intérieur du son, et à l’extérieur du temps. Un voyage en
cinémascope, pour oreilles grandes ouvertes.
A éditer avec la permission de l'agent. Aucune modification
ne doit être apportée sans son accord.
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