Belles éveillées - Brigitte Aubignac

Transcription

Belles éveillées - Brigitte Aubignac
Frédéric Léglise: China Girl with flowers 2013, Huile et feuilles d'aluminium sur toile, 116 x 89 cm
Brigitte Aubignac: Sans titre (série Maquillage), 2014, Diptyque, huile sur toile, 41,5x20cm
Belles éveillées
Brigitte Aubignac, Frédéric Léglise
Interprètent la figure féminine
A cura di Dominique Stella
Institut français Milano, Palazzo delle Stelline
Corso Magenta 63, 20123 Milano
Inaugurazione martedí 24 maggio
Exposition : 25 maggio – 20 luglio 2016
D’abord il s’agit de peinture. Peindre et qui plus est à l’huile sur toile, aujourd’hui, relève de
l’obstination, tant le medium fut déclassé et établi au rang de procédé désuet. L’exposition
déroge donc à la présentation d’un art consensuel pour affirmer haut et fort que des peintres
oeuvrent encore et imposent même leur « vision » idéale dans un monde d’un matérialisme
désespérant. Cette peinture là, loin de relever d’une gestuelle archaïque nous révèle un plaisir,
une ardeur toujours aussi vive, demeurés intacts à travers les vicissitudes du temps, n’en
déplaise au tenants forcené d’une contemporanéité déconnectée des sources et de l’histoire.
Autour du thème du portrait et du corps féminin, l’exposition propose la rencontre de deux
interprètes magistraux de ces thématiques éternelles. Brigitte Aubignac et Frédéric Léglise
nous montrent, l’un et l’autre, deux aspects actuels d’un travail sur le visage et le corps de la
femme dans une quotidienneté à la fois intime et transgressive. Les deux artistes s’expriment
ici librement, sans contrainte, ni volonté académique, projetant leur vision non-conformiste du
visage et du corps féminins dans une actualité sensible à la question de la femme et de son
positionnement dans le monde d’aujourd’hui. La femme représente un idéal permettant toute
interprétation symbolique ou idéologique, pouvant varier selon l'époque et le lieu. La peindre,
surtout selon des critères figuratifs, comme le font Brigitte Aubignac et Frédéric Léglise,
relève d’une prise de position significative dans une société où le visage et le corps féminins
font débat.
Le titre de l’exposition suggère donc un état de conscience qui s’opposerait à l’inconscience
des « Belles endormies » de Kawabata qui subissent leur destin dans la volupté d’un sommeil
trompeur. Ces figures peintes par Brigitte Aubignac dévoilent sans pudeur des visages tendus
vers un idéal de beauté, alors que les corps et portraits de Frédéric Léglise offrent une version
presque impudique, libérée de l’emprise de la morale, conservant cependant l’esthétique de la
retenue et de la subtile pudeur. Ces femmes éveillées regardent le monde, participent au
monde avec une désinvolture presque provocante tout en imposant leur infinie beauté. Leurs
regards fiers et presque provocateurs pour les modèles de Frédéric Léglise, plus concentrés et
focalisés sur l’instant du maquillage pour les portraits de Brigitte Aubignac, nous entraînent
quoi qu’il en soit dans l’univers sans tabou mais pas sans mystère de ces belles éveillées.
Dans les deux cas la présence de ces femmes s’affirme par l’expression de regards qui savent
nous rendre captifs.